約 4,153,954 件
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3170.html
ACTE II Premier Tableau (La scène représente un carrefour au bas de la butte Montmartre. À gauche, au fond de la scène, un escalier descendant; plus à gauche, une ruelle puis un hangar; à droite, une maison et un cabaret; au fond, à droite, un escalier montant, plus à droite une ruelle; au loin, à droite, la Butte; à gauche le faubourg) Scène Première (Au lever du rideau, sous le hangar, une laitière prépare son étalage et allume son feu; près d elle, sur une table à la terrasse d un marchand de vin, une fillette (17 ans) plie les journaux du matin. A droite, près d une poubelle renversée, une petite chiffonnière travaille hâtivement; à côté d elle une glaneuse de charbon et, plus loin, un bricoleur fouillent les ordures. Des ménagères vont aux provisions. Cinq heures du matin, en avril. Un léger brouillard enveloppe la ville) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (à la glaneuse) Dir qu en c moment y a des femmes qui dorment dans de la soie! ▼LA GLANEUSE DE CHARBON▲ Bah! les draps de soie s usent plus vite que les autres. ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ Oui, parce qu on y dort plus longtemps! ▼LA GLANEUSE▲ Grande bête! ton tour viendra… (Un noctambule paraît) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ Mon tour? si c était vrai! (Le noctambule s approche de la plieuse) ▼LE NOCTAMBULE▲ Si jolie, si matin… (il tourne autour de la fillette) Malice du destin, qui revêt de satin et de robes d aurore les guetteuses de nuit aux rides inclémentes et cache au libertin, sous des voiles de nuit les fillettes d aurore que le désir tourmente. (à la plieuse) Un baiser? ▼LA PLIEUSE▲ Passez vot chemin! ▼LE NOCTAMBULE▲ (riant) Mon chemin, je le cherche… me tendras-tu la perche? (avec afféterie) Sans les lanternes de tes jolis yeux, je risque fort de me perdre! tu veux?… (La fillette lui tourne le dos) ▼LA GLANEUSE▲ (s étirant) Ah! ▼LE BRICOLEUR▲ (geignant) Ah! ▼LE NOCTAMBULE▲ (regardant autour de lui) En ce froid carrefour où gémit la souffrance, je me sens mal à l aise, (à la fillette) et sans ta jeune chair il me semblerait choir au seuil du sombre enfer où le Dante écrivit Ici point d espérance! Le son de ma voix éveille-t-il en toi une vague souvenance… que tu restes songeuse?… ou bien un frais désir fait-il bondir ton coeur d amoureuse? ▼LA PLIEUSE▲ (riant) Vous êtes fou! ▼LA LAITIÈRE▲ (riant) Sa folie n est pas dangereuse!… (le noctambule fait une pirouette) Qui êtes-vous ? ▼LE NOCTAMBULE▲ (rejetant son manteau sur l épaule et apparaissant séduisant, tout à fait joli dans un costume de printemps auquel sont piqués quelques grelots de folie) Je suis le Plaisir de Paris! (Les deux femmes font un geste d étonnement admiratif. La petite chiffonnière, la glaneuse, le bricoleur interrompent leur travail et s approchent. D autres figures de souffrance, sorties de l ombre, se groupent derrière eux. Le noctambule pirouette de nouveau) ▼LA LAITIÈRE▲ Où allez-vous? ▼LE NOCTAMBULE▲ Je vais vers les Amantes que le Désir tourmente! Je vais cherchant les coeurs qu oublia le bonheur. (montrant la ville) Là-bas glanant le Rire, ici semant l Envie, prêchant partout le droit de tous à la folie Je suis le Procureur de la grande Cité! Ton humble serviteur… ou ton maître! ▼LA LAITIÈRE▲ (le menaçant de son balai) Effronté! (Il s enfuit en riant) ▼LE NOCTAMBULE▲ Ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! (Au coin de la rue, il heurte violemment le chiffonnier et disparaît) ▼LE CHIFFONNIER▲ Hé! fait attention! butor! (le chiffonnier chancelle et tombe) ▼LE NOCTAMBULE▲ (déjà loin) Je suis le Procureur de la grande Cité! (Le bricoleur s avance vers le chiffonnier; il le débarrasse de sa hotte, puis le relève) ▼LE CHIFFONNIER▲ (à part) Ah!… je le connais… le misérable! ce n est pas la première fois qu il se trouve sur mon chemin! (au bricoleur) Un soir, il y a longtemps, je m en souviens comme si c était hier… ici, au même endroit, il m est apparu… (La plieuse fait un paquet de ses journaux et s en va) hélas! il n était pas seul ce jour-là… une fillette lui donnait la main et souriait à sa chanson… c était ma fille! (dramatique) Je l avais laissée là, au travail… il est venu, il lui a soufflé à l oreille ses tentations mauvaises… (douloureux) et la coquette l a écouté… ell l a suivi… en s enfuyant, ell m a heurté… comme aujourd hui… je suis tombé! Ah! ah! ah! ah! (Il sanglote et se met au travail) ▼LA GLANEUSE, LA CHIFFONIERE▲ Pauvre homme! ▼LE BRICOLEUR▲ Bah! dans toutes les familles, c est la même chose! Moi, j en avais trois, je n ai pu les tenir! Faut pas leur en vouloir si elles préfèr à notre vie d enfer le paradis qui les appelle là-bas… ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (à part) Est-c que les bons lits, les belles robes, comme le soleil, (elle tend les bras vers le soleil dont les premiers rayons éclairent la Butte) ne devraient pas être à tout le monde! Scène Seconde (Deux gardiens de la paix traversent lentement la scène et s approchent de la laitière. Le carrefour s anime. Une balayeuse apparaît au fond et s avance vers le groupe) ▼PREMIER GARDIEN▲ (à la laitière) Belle journée! ▼LA LAITIÈRE▲ Voici le printemps. ▼PREMIER GARDIEN▲ La saison des amours… ▼LA LAITIÈRE▲ Pour ceux qui ont vingt ans! ▼DEUXIÈME GARDIEN▲ Bah! chacun son tour… ▼LA LAITIÈRE▲ J attends encore le mien! ▼PREMIER GARDIEN▲ Vous n avez jamais aimé? (Un gavroche s approche de l éventaire et se chauffe les mains au fourneau) ▼LA LAITIÈRE▲ (simplement) Je n ai pas eu le temps! (Les gardiens rient) ▼LA GAVROCHE▲ (à la laitière) Un p tit noir? ▼LA BALAYEUSE▲ (fanfaronne) Moi, j ai eu ch vaux et voitures… Y a vingt ans (triomphante) j étais la reine de Paris! (comique) quell dégringolade! hein? mais je ne regrette rien… je me suis tant amusée… (sentimentale) Ah! la belle vie! le joyeux, le tendre, l inoubliable paradis! (Le gavroche, qui l a écoutée, hausse les épaules, puis s approche d elle, la tire par la manche) ▼LE GAVROCHE▲ (avec une naïveté feinte) Dites donnez-moi l adresse… ▼LA BALAYEUSE▲ Quelle adresse? ▼LE GAVROCHE▲ (goguenard) L adresse… de vot paradis! ▼LA BALAYEUSE▲ Mais, mon petit, (montrant la ville, tendre) c est Paris! ▼LE GAVROCHE▲ (jouant l étonnement) Paris… (il regarde la ville) c est étonnant! depuis que j suis au monde j m en étais pas encore aperçu! ▼PREMIER GARDIEN▲ (bourru) Allons, circule! ▼LE GAVROCHE▲ (narquois, froidement) De quoi… on n peut pas s instruire?… ▼PREMIER GARDIEN▲ (brutal) Va travailler! (Il le pousse. Le gavroche immobile, toise le gardien, puis d une pirouette nonchalante il lui tourne le dos et s en va lentement arrivé au coin de la rue, il se retourne) ▼LE GAVROCHE▲ (criant, ses mains en porte-voix) Y en a donc que pour les femm s, dans vot paradis! (geste menaçant des gardiens; le gamin s enfuit; les gardiens s éloignent du même côté. La petite chiffonnière s en va d un autre côté, courbée sous le poids d un sac de chiffons. La balayeuse reprend son travail et disparaît dans la rue voisine. La glaneuse s approche de la laitière) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (avec amertume) Y en a qu pour les femmes!… (Le chiffonnier et le bricoleur montent l escalier. Julien paraît au fond de la scène; il fait un geste à ses amis) Scène Troisième (Les bohèmes paraissent en haut de l escalier et s avancent, comiquement, avec des allures de conspirateurs) ▼LE PEINTRE▲ (à Julien) C est ici? ▼LE SCULPTEUR▲ C est là qu elle travaille? (la glaneuse s éloigne) ▼JULIEN▲ (indiquant la maison) Sa mère l accompagnera jusqu à cette porte… sitôt disparue, je m élance… je rattrape Louise… (rageusement) et, si ses parents refusent… ▼LE PEINTRE▲ Tu l enlèves! (Julien approuve) ▼TOUS▲ (entourant Julien) Bravo! bravo! bravo! ▼LE CHANSONNIER▲ Mais, consentira-t-elle? ▼JULIEN▲ Je la déciderai! (Ils se répandent sur la place à droite, le sculpteur, le peintre et le jeune poète; à gauche, Julien, l étudiant, les philosophes et le chansonnier. Les autres inspectent silencieusement les alentours) ▼LE PEINTRE▲ (à Julien) Nous en ferons notre Muse! ▼LE SCULPTEUR▲ (au poète) Le coin est joli… ▼LE CHANSONNIER▲ (à Julien) Muse des Bohèmes! ▼LE PEINTRE▲ (au sculpteur) Un vrai carrefour à sérénades… ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ (avec dédain) Une muse? ▼LE SCULPTEUR▲ (au peintre) Nous aurions dû prendre nos instruments… ▼LE CHANSONNIER▲ (au philosophe) On la couronnera! (Des têtes de bonnes paraissent aux fenêtres de la maison) ▼LE SCULPTEUR▲ Nous reviendrons. ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Les Muses sont mortes! ▼LE CHANSONNIER▲ (enthousiaste) On les ressuscitera! ▼LE PEINTRE▲ (lorgnant les fenêtres) Les jolies filles! ▼LE SCULPTEUR▲ Mesdemoiselles? ▼LE CHANSONNIER▲ Elles sont charmantes! ▼LE JEUNE POETE▲ Ravissantes! (D autres têtes paraissent à d autres fenêtres. Les bohèmes envoient des baisers et saluent; d autres font les clowns. Le chansonnier, grattant sa canne ainsi qu une guitare, se met en évidence. À l écart dissertent les philosophes) ▼LE CHANSONNIER▲ Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime! Toujours gais et pimpants, Les femm s nous trouvent séduisants… ▼DEUXIEME PHILOSOPHE▲ (à l autre) Pourquoi refuseraient-ils? ▼LE CHANSONNIER▲ Quoiqu sans argents! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Ils préfèrent sans doute en faire la femme d un bourgeois! ▼LE CHANSONNIER▲ Presqu indigents! ▼DEUXIEME PHILOSOPHE▲ (ironique) Mais, les ouvriers méprisent les bourgeois! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Ah! ah! tu crois ça! ▼LE CHANSONNIER▲ Mais nous somm s très intelligents! (Cris et bravos; des fenêtres on jette des sous. Les bohèmes saluent ironiquement) ▼LE PEINTRE▲ (saluant) Aimez-vous la peinture? ▼LE SCULPTEUR▲ (de même) La sculpture? ▼LE CHANSONNIER▲ (de même) La musique? ▼LE JEUNE POETE▲ Je suis un grand poète! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Mon cher, l idéal des ouvriers c est d être des bourgeois. (tous approuvent) le désir des bourgeois être des grands seigneurs… (nouvelle approbation plus nourrie. Ironique) et le rêve des grands seigneurs (attention générale ironique. Emphatique) devenir des artistes! (rires) ▼LE PEINTRE▲ Et le rêve des artistes! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ (avec emphase) Être des dieux! ▼TOUS▲ Bravo! ▼LES BOHÈMES▲ Oui, des dieux! ▼L APPRENTI▲ (traversant la scène, passant dans le fond) Allez donc travailler, tas d feignants! (Les bohèmes esquissent une poursuite, puis ils descendent l escalier en chantant. Le philosophe, le chansonnier, le peintre et l étudiant vont dire adieu à Julien) ▼LES BOHÈMES▲ Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime. Toujours gais et pimpants, les femm s nous trouvent séduisants… ▼JULIEN▲ (à ses amis, fiévreusement) Voici l heure, laissez-moi. ▼LES BOHÈMES▲ Quoiqu sans argents! ▼LE PREMIER PHILOSOPHE▲ (à Julien) Allons, bonne chance… ▼LE CHANSONNIER▲ (l excitant) Enlève la redoute!… ▼LES BOHÈMES▲ (déjà loin) Presqu indigents! ▼LE PEINTRE▲ (avec mystère) Sois éloquent! ▼L ETUDIANT▲ (donnant une accolade à Julien) A tout à l heure… (ils s éloignent) ▼LES BOHÈMES▲ (très loin) Mais nous somm s très intelligents! (cris lointains des bohèmes) Scène Quatrième ▼JULIEN▲ (dans une agitation douloureuse) Elle va paraître, ma joie, mon tourment, ma vie! Voudra-t-elle me suivre? Voudra-t-elle qu aujourd hui notre amour soit vainqueur! Que dois-je lui dire? Comment la décider? (avec angoisse) Qui viendrait à mon aide?… ▼LA REMPAILLEUSE▲ (lointaine) La caneus , racc modeus de chais s!… (Julien fait un geste de surprise) ▼MARCHAND DE CHIFFONS▲ (lointain) Marchand d chiffons, ferraille à vendr !… (Il écoute avec émoi croissant; les chants qui se rapprochent) ▼LA REMPAILLEUSE▲ (plus près) la caneus , racc modeus de chais s!… ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (lointaine) artichauts, des gros artichauts! ▼LE MARCHAND DE CAROTTES▲ v là d la carott , elle est bell , v là d la carott ! d la carott ! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ A la tendress , la verduress ! ▼LE MARCHAND DE CAROTTES▲ (très loin) D la carott ! ▼LA MARCHANDE DE MOURON▲ (près de la scène) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (se rapprochant) Et à un sou, vert et tendre, et à un sou! (flûte du chevrier lointain) ▼LA MARCHANDE DE MOURON▲ (près de la scène) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ En v là des gros, des bien beaux! ▼MARCHANDS DE TONNEAUX▲ Tonneaux, tonneaux, v la l marchand d tonneaux! ▼MARCHANDS DE BALAIS▲ Ach tez des balais, v la l marchand d balais; c est papa, qui les fait, c est maman qui les vend, c est moi qui mang l argent! ▼MARCHANDS DE POMMES DE TERRES▲ Pomm s terr , pomm s terr , oh les pomm s terre, au boisseau, trois sous l quart, c est d la holland ! ▼MARCHANDS DE POIS VERTS▲ Pois verts, pois verts, dix sous l boisseau! ▼JULIEN▲ (avec enthousiasme) Ah! chanson de Paris, où vibre et palpite mon âme! ▼MARCHANDS ET MARCHANDES▲ (lointain) Pois verts! pois verts! ▼JULIEN▲ Naïf et vieux refrain du faubourg qui s éveille, aube sonore qui réjouit mon oreille! Cris de Paris… voix de la rue Êtes-vous le chant de victoire de notre amour triomphant?… (Des ouvrières paraissent au fond. Julien se cache sous le hangar, épiant, anxieux) Scène Cinquième ▼BLANCHE▲ Bonjour! ▼MARGUERITE▲ Bonjour! ▼BLANCHE▲ Comment vas-tu? (Elles disparaissent à l entrée de la maison. Une autre paraît faisant un geste à une quatrième qui s avance) ▼SUZANNE▲ Nous sommes en avance? ▼GERTRUDE▲ Il est huit heures… ▼SUZANNE▲ Ah! (Elles entrent dans la maison. Deux autres s avancent en caquetant) ▼IRMA▲ Eh! bien, tu t es amusée, hier? ▼CAMILLE▲ Ah! c que j ai ri! ▼IRMA▲ Tu sais… le grand Léon… (elle lui parle à l oreille) ▼CAMILLE▲ Vrai? ▼IRMA▲ En mariage, ma chère! (elles disparaissent) ▼JULIEN▲ Viendra-t-elle? (impatient, il sort de sa cachette; trois ouvrières entrent et le regardent gesticuler) ▼L APPRENTIE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ▼ÉLISE▲ Qu il est beau! ▼MADELEINE▲ Eh! l artiste! ▼L APPRENTIE▲ Il attend sa belle! ▼MADELEINE, MARGUERITE▲ Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ▼L APPRENTIE, MADELEINE, MARGUERITE▲ C te tête! (Elles s enfuient en riant. Julien les regarde entrer dans la maison, il reste pensif, puis il va vers la rue. Julien, apercevant enfin Louise et sa mère, manifeste sa joie; il revient en courant, va se cacher dans le hangar et guette. Étonné de ne pas les voir, il regarde; il les aperçoit et se dissimule vivement) Scène Sixième (La mère et Louise entrent; elles s avancent lentement; elles s arrêtent) ▼LA MÈRE▲ (bougonnant) Pourquoi te retourner? Il nous suit, sans doute… suffit! Je d mand rai à ton père que dorénavant tu travailles chez nous. (Louise lève les yeux au ciel. Mimique de Julien qui, n y pouvant tenir, se montre à Louise) Ah! t as beau faire les gros yeux!… (Louise, voyant Julien, porte la main sur son coeur) On changera ta mauvaise tête, Il faudra bien que Louise reste une fille honnête!… Allons, au revoir! (Louise, froidement, lui tend la joue; la mère l embrasse avec tendresse. Louise entre dans la maison, la mère s éloigne lentement, surveille un instant les fenêtres de l atelier; arrivée près de la rue, elle guette de tous côtés, méfiante, puis disparaît. Julien se risque timidement, s enhardit, hésite, puis s élance dans la maison) ▼MARCHAND DE LA RUE▲ (lointain) V là d la carotte elle est bell ! V là d la carott ! d la carott ! d la carott ! Scène Septième (Julien reparaît, entraînant Louise) ▼LOUISE▲ (affolée, se débattant) Laissez-moi… ah! de grâce! (Julien l entraîne dans le hangar) ▼JULIEN▲ Alors, ils ont refusé? (Louise se débat et veut fuir) ▼LOUISE▲ Je vous en prie! si ma mère revenait… ▼JULIEN▲ Ils ont refusé? ▼LOUISE▲ Vous me faites mourir de peur! ▼JULIEN▲ Et tu supportes cette chose! tu ne te révoltes pas? ▼LOUISE▲ Que puis-je faire? ▼JULIEN▲ Tu le demandes! ▼LOUISE▲ Ils sont les maîtres! ▼JULIEN▲ Pourquoi, les maîtres? Parce qu ils t on fait naître, se croient-ils le droit d emprisonner ta jeunesse adorable? ▼LOUISE▲ Julien!… ▼JULIEN▲ D asservir ta vie! ▼LOUISE▲ (suppliante) Ah! par pitié! ▼JULIEN▲ De la murer pour leur plaisir! ▼LOUISE▲ Laissez-moi partir! ▼JULIEN▲ Ta volonté, désormais, est celle d une femme et vaut la leur tu es femme, tu peux, tu dois vouloir! ▼LOUISE▲ (ne sachant que répondre) Ah! je vais être en retard… (suppliante) laissez-moi partir. (Julien, fâché de son indifférence, la laisse partir. Elle fait quelques pas, puis revient, souriante, espiègle) ▼JULIEN▲ Tu ne m aimes plus! ▼LOUISE▲ (naïvement) Ce n est pas vrai! (Les cris de la rue reparaissent, lointains) ▼JULIEN▲ Si tu m aimais, oublierais-tu ta promesse? (Louise, troublée, se détourne) ▼UNE MARCHANDE DE LA RUE▲ (lointaine) V là du cresson d fontain , la santé du corps! ▼JULIEN▲ Écrivez encore à mon père, s il refuse votre demande je promets de fuir avec vous. ▼UNE MARCHANDE▲ (lointaine) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼UN MARCHAND▲ (lointain) Pois verts! pois verts! ▼LOUISE▲ (presque parlé) Ah! si je pouvais… (flûte du chevrier) si mon père… ▼JULIEN▲ Ton père te pardonnerait! ▼LOUISE▲ Jamais! ▼JULIEN▲ Plus tard, quand ton bonheur… ▼LOUISE▲ Mon abandon le tuerait et je l aime mon père, autant que je t aime… ▼JULIEN▲ (la serrant dans ses bras) Ah!… ah! Louise, si tu m aimes, partons de suite au Pays (montrant la Butte ensoleillée) où vivent libres les Amants! Viens, je te choierai tant, et toute ta vie! (De la rue voisine viennent des cris et des rires) Viens vers la Joie, le Plaisir! (Entendant des rires, Louise, troublée, veut fuir, Julien la retient. Quatre ouvrières traversent la scène en riant et entrent dans la maison) ▼JULIEN▲ (plus pressant) Si tu m aimes, Louise, Viens, fuyons de suite, si tu m aimes, n attends pas plus longtemps! Tiens ta promesse dès maintenant, Louise! Louise! (il veut l entraîner) ▼LOUISE▲ (éperdue, se débattant) Julien! ▼JULIEN▲ Viens! ▼LOUISE▲ Ah! je deviens folle… ▼JULIEN▲ Vers le plaisir!… ▼LOUISE▲ (affolée) Je ne sais que faire… laissez-moi partir! Demain… plus tard… (avec tendresse) Je serai ta femme! Julien!. mon bien-aimé!… (Flûte lointaine du chevrier. Louise se jette à son cou, ils s embrassent; puis Louise se dégage et s éloigne vers la maison; sur le seuil de la porte, elle envoie un baiser. Julien répond avec tristesse. - Louise disparaît) Scène Huitième ▼UN MARCHAND D HABITS▲ (descendant l escalier) Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ? (il interroge les fenêtres) Marchand d habits!… (il se tourne de l autre côté) avez-vous des habits à vendr ? (Mélancoliquement il s éloigne. Julien, accablé, s achemine tristement vers la Ville) Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ? (Julien, sur le seuil de l escalier, près de la rue, fait un dernier geste de désespoir, descend lentement et disparaît. Le rideau tombe très lentement) ▼MARCHANDE DE MOURON▲ (Enfant. Très loin) Mouron pour les p tits oiseaux!… (flûte du chevrier) ▼MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (très lointaine) A la tendress (s éloignant) la verduress !… Interlude Deuxième Tableau (Rideau. Rire des ouvrières. Un atelier de couture; les ouvrières, autour des tables, travaillent en caquetant et chantant; quelques-unes bavardent; près du mannequin, deux ouvrières plissent une jupe; l apprentie, couchée à terre, ramasse les épingles; une ouvrière travaille à la machine. Louise, un peu séparée des autres, garde le silence. Durant les conversations, des ouvrières chantent) Scène Première (Première table côté jardin Irma, Camille, 4 coryphées; deuxième table Blanche, Madeleine, puis Élise et Suzanne, 2 coryphées; troisième table Louise, Gertrude, Marguerite; près du mannequin Suzanne, Élise; l apprentie, la première, la mécaniceienne; autres tables jeunes et vieilles ouvrières) La la la la la la la la ▼SUZANNE▲ (près du mannequin, faisant les plis d une jupe) C est énervant! je n peux pas y arriver… ▼L APPRENTIE▲ (accroupie devant la table; à Gertrude) Passez-moi vos ciseaux… ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la ▼GERTRUDE▲ (Gertrude doit avoir les cheveux gris et jouer en vieille fille sentimentale et prétentieuse) Et les tiens? ▼ÉLISE▲ Quell mauvaise étoffe! ▼L APPRENTIE▲ perdus!… ▼ÉLISE▲ Les plis n marquent pas… ▼GERTRUDE▲ J en ai assez d les prêter. ▼L APPRENTIE▲ Un minute? (Élise prend la jupe, la montre à la première, puis va s asseoir à la deuxième table) ▼GERTRUDE▲ Tu n as qu à t en payer! (Elle se lève et va essayer un corsage sur le mannequin) ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la ! ▼IRMA▲ Moi, j ai vu «l Pré aux Clércs et Mignon» (Blanche se lève et va causer à Marguerite) ▼CAMILLE▲ Moi, j ai vu Manon. ▼BLANCHE▲ (à Marguerite, à mi-voix) Voudrais-tu m montrer à baleiner? ▼IRMA▲ Cest beau? ▼CAMILLE▲ Très beau, surtout quand ell meurt. ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la!… ▼GERTRUDE▲ (avec impatience) J peux pas arriver à finir c corsage! ▼MARGUERITE▲ (à Blanche) Tu prends ton ruban comm ceci… ▼GERTRUDE▲ Sur l mann quin, c est bien, mais sur la femme! ▼MARGUERITE▲ Tu commenc s par en bas, tu l fais sout nir très peu… ▼IRMA▲ C est pour qui? ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la!… ▼GERTRUDE▲ Pour la duchesse… ▼CAMILLE▲ (moqueuse) En effet, j vois ça d ici! (Élise va s asseoir près de Blanche à la deuxièmee table) ▼GERTRUDE▲ (riant) Faut lui mett du crin sous les bras… ▼CAMILLE▲ (riant) Faut lui fair des hanches… ▼IRMA▲ (riant) Un vrai rembourrage, quoi! ▼L APPRENTIE▲ (en gavroche) C qui y a des clientes, tout d même! (Rires) Ah! ah! ah! ah! ah!… (Blanche reprend sa place) ▼OUVRIERES, IRMA, CAMILLE▲ La la la la la!… ▼BLANCHE▲ (à Irma) Moi, j vais m faire une robe pour le Grand Prix… ▼LA PREMIERE▲ (à Louise) N oubliez pas le sachet d héliotrope?… ▼BLANCHE▲ J ai vu un modèl , ma chère (la dispute, bien en dehors) ▼ÉLISE▲ (à Suzanne qui lui donne des conseils) Ah! laiss -moi tranquille, tu m ennuies! ▼VIEILLES OUVRIERES▲ La la la la la la la la!… ▼SUZANNE▲ C est pas comm ça qu on s y prend… ▼ÉLISE▲ Tu veux toujours en savoir plus qu les autres! ▼SUZANNE▲ P tite imbécile! tu n vois pas qu ça craqu sous l aiguille? ▼ÉLISE▲ Oh! la! la! quel cauch mar! ▼SUZANNE▲ T en as un caractère! ▼ÉLISE▲ Tu n t es pas r gardée! ▼SUZANNE▲ Va donc hé! bouffie! ▼JEUNES ET VIEILLES OUVRIERES▲ La la la la la la la!… (Élise lance une pelote à la tête de Suzanne; les autres s interposent. Toutes rient avec éclats. La première se lève) ▼LA PREMIERE▲ Mesd moiselles, un peu d silence… nous n sommes pas au marché… (Silence relatif. La première va causer avec Gertrude. Geste de Louise, songeant à Julien) ▼CAMILLE▲ (bas à ses voisines) Voyez Louise, quell drôl de tête elle fait aujourd hui… ▼ÉLISE, SUZANNE▲ C est vrai! ▼IRMA▲ C est vrai! on dirait qu elle a pleuré. ▼GERTRUDE▲ Elle a peut-être des ennuis de famille… ▼CAMILLE▲ Ses parents sont très durs pour elle… (Les ouvrières se groupent et jettent des regards sur Louise qui semble ne rien voir) ▼IRMA▲ Ell n a pas la vie belle… ▼CAMILLE▲ Sa mèr la frappe encore… ▼BLANCHE, SUZANNE▲ (indignées) Ah! ▼ÉLISE▲ Ce n est pas moi qui me laisserais battre! ▼SUZANNE▲ Moi non plus! ▼BLANCHE▲ Et moi, c que j les plaqu rais! ▼L APPRENTIE▲ Moi, quand le pèr veut m battre, j lui dis cogn sur maman, (emphatique) y a plus d largeur! (rires. Louise baisse la tête, écoute, et reprend son attitude indifférente) ▼IRMA▲ (regardant ironiquement Louise) Non; je crois que Louise est amoureuse. ▼GERTRUDE▲ (étonnée) Amoureuse! Louise… (elle rit) ▼CAMILLE▲ Pourquoi Louise serait-ell pas amoureuse? ▼ÉLISE▲ Amoureuse, Louise… (elle hausse les épaules) ▼L APPRENTIE▲ (à part) Amoureuse! ▼SUZANNE, MADELEINE▲ Amoureuse! ▼GERTRUDE, MARGUERITE▲ Amoureuse! ▼BLANCHE, ÉLISE▲ Amoureuse! ▼IRMA, CAMILLE▲ Amoureuse! ▼BLANCHE, MARGUERITE, GERTRUDE, SUZANNE, MADELEINE, ÉLISE, IRMA, CAMILLE, BLANCHE▲ Louise, entends-tu? on dit que tu es amoureuse… ▼LOUISE▲ (troublée) Moi? ▼IRMA, CAMILLE▲ Est-ce vrai? ▼LOUISE▲ (avec colère) Vous êtes folles… ▼GERTRUDE▲ (reprend sa place près de Louise) Un amoureux à ton âge, ce n est pas un péché, et tu peux l avouer… A moins que tu ne veuilles garder le secret de tes aventures. (orgue de barbarie lointain) ▼ÉLISE, SUZANNE▲ Louise, raconte-nous… ▼LOUISE▲ (simplement) Je n ai pas d aventure. ▼GERTRUDE▲ (avec un lyrisme comique contenu) Que c est charmant une aventure! (Derrière elle, l apprentie, avec des gestes de gavroche, mime ironiquement les paroles sentimentales de la chanson de la vieille fille) Un garçon de jolie figure qui vous aime et vous le prouve à tout moment! C est le rêve d or des jeunes filles… rêve auquel on pense tout enfant. Pour le baiser d un jeune amant, (avec feu) je donnerais sans regret le restant de ma vie. (pâmée; orgue de barbarie lointain) ▼CAMILLE▲ (naivement) D où vient ce sentiment qui nous attire constamment vers les hommes? D où vient qu à leur approche nos coeurs chavirent? (pétulante) On a beau nous dire (avec mystère) «Prenez garde» Qu apparaisse le prédestiné, les scrupules s envolent. À son regard, on rougit; à sa parole, on sourit; dans l enthousiasme du baiser, on s ouvre au dieu malin; c est un bonnet de plus qu on accroche au moulin (Rires étouffés. Peu à peu les ouvrières reprennent leur travail et causent à voix basse) ▼L APPRENTIE▲ (agenouillée devant Louise) Louise, raconte-nous tes aventures… ▼LOUISE▲ (avec impatience) Je n ai pas d aventure. (Louise hausse les épaules; l apprentie, dépitée, s éloigne en rampant sous les tables. Élise va s asseoir auprès de Gertrude) ▼IRMA▲ (à ses voisines, langoureusement) Oh! moi quand je suis dans la rue, tout mon etre prend comme feu; ▼ÉLISE▲ (à Marguerite) C est un beau brun… ▼IRMA▲ Sous les rayons ardents ▼MARGUERITE▲ Tu l aimes? ▼IRMA▲ … des yeux qui me désirent, ▼ÉLISE▲ J en suis toquée ▼IRMA▲ Je vais radieuse! ▼MARGUERITE▲ Grande folle! (Élise reprend sa place; Suzanne va ``essayer au mannequin) ▼LA PREMIERE▲ (à Madeleine) Voyez la longueur des manches ▼IRMA▲ Les frôlements, les appels, ▼GERTRUDE▲ Dieu, qu il fait chaud! ouvrez la f nêtre… (l apprentie va ouvrir une fenêtre) ▼BLANCHE▲ (à Élise) C est tordant! ▼IRMA▲ … les flatteries… ▼SUZANNE▲ (à Madeleine) Tu viens avec moi, ce soir? ▼IRMA▲ … m attisent et me grisent! ▼ÉLISE▲ Louise, chante-nous quelque chose?… ▼LA PREMIERE▲ (à Marguerite) Laissez-la donc tranquille!… ▼IRMA▲ Il me semble… ▼L APPRENTIE▲ (à la mécanicienne) J ai rendez-vous à huit heures… ▼IRMA▲ … être en voyage… ▼ÉLISE▲ (à Blanche) Il t a fait la cour? ▼IRMA▲ … alors… ▼LA PREMIERE▲ A qui l corsage? ▼IRMA▲ … que paysages… ▼ÉLISE▲ C est à moi. ▼IRMA▲ … et maisons tourbillonnent… ▼LA PREMIERE▲ Dépêchez-vous, il le faut pour ce soir. ▼IRMA▲ …en ronde folle autour du wagon! ▼SUZANNE, BLANCHE, ÉLISE, MADELEINE▲ (riant bruyamment) ah! ah! ah! ah! ah!… ▼CAMILLE, GERTRUDE▲ Chut! (La première va dans la chambre voisine) ▼L APPRENTIE▲ Écoutez! ▼IRMA▲ (L apprentie, accroupie près d Irma, l écoute avec admiration) Une voix mystérieuse, prometteuse de bonheur, parmi les bruissements de la rue amoureuse, me poursuit et m enjôle… C est la voix de Paris! C est l appel au plaisir, à l amour! Et, peu à peu, l ivresse me gagne… dans un frisson délicieux, à tous les yeux, je livre mes yeux. Et mon coeur bat la campagne et succombe aux désirs de tous les coeurs. ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ C est la voix de Paris… ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! (fanfare dans la coulisse) ▼TOUTES▲ (diversement) Ah! la musique! Scène Seconde (Irma, Camille, Marguerite, Élise, Madeleine et l apprentie vont aux fenêtres et regardent curieusement dans la cour) ▼UNE VOIX▲ (dans la coulisse, en colère, semblant marquer la mesure) Un! ▼BLANCHE▲ (se levant et courant vers la fenêtre) Quell drôl de fanfare! ▼IRMA▲ Ils accompagn nt un chanteur… ▼CAMILLE▲ Il est bien, c lui-là. ▼SUZANNE▲ (pouffant) Tu trouves! ▼ÉLISE▲ (à Madeleine) On dirait l artist de tout à l heure! (Élise, Madeleine, l apprentie, croyant que Julien va chanter pour elles, se moquent de Camille qui le trouve à son goût; pendant la première partie de la sérénade, elles échangent des signes d intelligence, envoient des baisers au chanteur et semblent très excitées) ▼L APPRENTIE▲ Il nous r garde! ▼CAMILLE▲ Louise! viens voir… il est très bien. ▼L APPRENTIE▲ Très bien! (Louise semble ne pas entendre. Guitare dans la coulisse) ▼JULIEN▲ (dans la coulisse) Dans la cité lointaine, Au bleu pays d espoir, Je sais, loin de la peine, Un joyeux reposoir, Qui, pour fêter ma reine, Se fleurit chaque soir. ▼LES OUVRIERES▲ Quelle jolie voix! Quelle jolie voix! Ah ma chère, quelle jolie voix! ▼LOUISE▲ (à part) C est lui! c est Julien! (Camille vient prendre le bouquet qu Irma a laissé sur la table pour le jeter au chanteur. Irma veut l empêcher et la pousse. Suzanne se lève, tout en continuant à coudre, elle passe devant les tables, s arrête près de la fenêtre, écoute, ravie, pâmée) ▼JULIEN▲ Les fleurs du beau Domaine S avivent chaque soir; Mais l insensible reine Dédaigne leur espoir; (Ne daigne s émouvoir.) (comme en ritornelle) Quand viendras-tu, dis-moi, la belle, Au reposoir d ivresse éternelle? L Aube t appelle et te sourit, voici le jour!… Veux-tu que je te mène en ce riant séjour, A l amour! ▼LES OUVRIERES▲ Bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo! (fanfare des bohèmes dans la coulisse) ▼CAMILLE▲ (ravie) Il va chanter encore! ▼LOUISE▲ Quel supplice! Quel affreux tourment! ▼JULIEN▲ Jadis tu me contais un magique voyage «Tous deux, me disais-tu, dès notre mariage, libres, nous partirons au Pays adoré, loin de ce monde où nous avons pleuré» Voici le jour sacré de tenir ta promesse et l heure du départ, l heure d allégresse, l heure sonne et carillonne et chante à ton coeur les désirs de mon coeur!… Quand partons-nous, dis-moi, la belle, pour le pays d ivresse éternelle? ▼LES OUVRIERES▲ (mystérieusement) Quelle caresse! Aux accents de sa tendresse, mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Quelle ivresse! à ses accents mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Ah quel doux chant de tendresse… Quelle jolie voix! quelle jolie voix! ah! ah! Ah! Ah! quelle caresse! quel doux chant de tendresse! Ah! ah! mon coeur s abandonne! ▼CAMILLE▲ Comme il nous regarde! ▼IRMA▲ On dirait qu il s adresse à l une de nous… (Élise fait à Madeleine un geste d intelligence) ▼L APPRENTIE▲ C est vrai! ▼LOUISE▲ (à part) Pauvre Julien! ▼ÉLISE▲ Il n a pas l air content… ▼BLANCHE▲ Jetons-lui des sous! ▼CAMILLE▲ Et des baisers! (elles jettent des sous et envoient des baisers au chanteur) ▼LOUISE▲ (peut-être jalouse) Ah! j aurais dû partir tout à l heure (Julien gratte avec rage les cordes de sa guitare) ▼GERTRUDE▲ Qu est-c qu il a? ▼L APRENTIE▲ Il devient fou? (Rires. Louise se lève, frémissante, puis se rassied. A partir de ce moment, les ouvrières trouvant la chanson moins jolie, ennuyeuse même, échangent des gestes de lassitude, de moquerie. Élise et Madeleine, déçues dans leur espoir, raillent et sifflent impitoyablement le chanteur) ▼JULIEN▲ (avec émotion) Si ton âme, oubliant les serments d autrefois, S est détournée de moi; Si tes voeux sont de vivre sans lumière et sans joie… ▼GERTRUDE▲ Que chante-t-il? ▼ÉLISE▲ C est assommant! ▼JULIEN▲ … coeur infidèle… ▼MADELEINE▲ (riant) Ah! ah! ah!… ▼JULIEN▲ (avec emphase) … va plus loin battre de l aile ▼ÉLISE▲ (agacée) Ah! ▼CAMILLE▲ Il nous ennuie! ▼GERTRUDE▲ (geignant, avec ennuie) Ah! ▼JULIEN▲ Moi, le renonce à vivre car la vie est sans excuse quand l adorée, la seule aimée, à mes appels se refuse! ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ Ah! ▼ÉLISE▲ Dieu, qu il m énerve! ▼SUZANNE, MADELEINE▲ Que chante-t-il? ▼IRMA, CAMILLE▲ A-t-il bientôt fini? ▼GERTRUDE▲ C est rasant! ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ C est assommant! ▼LES OUVRIERES▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ (criant) Une autre! ▼L APPRENTIE▲ (criant) Une autre! ▼IRMA, CAMILLE, GERTRUDE▲ (criant) Une autre! BLANCHEs, MARGUERITE, ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ (criant) Une autre! ▼TOUTES▲ (auf Louise) Une autre! (Durant cette dernière strophe, Louise se lève, frémissante. L apprentie, juchée sur une chaise, fait la manivelle avec le coin de son tablier roulé imitant comiquement le jouer d orgue) ▼JULIEN▲ Le temps passe et tu ne réponds pas… ▼ÉLISE▲ Ah! quel malheur! ▼JULIEN▲ Je ne sais plus que te dire!… ▼GERTRUDE▲ Pauvre petit! ▼JULIEN▲ Faut-il que tu m aies menti jadis!… ▼SUZANNE▲ Quel raseur! ▼L APPRENTIE▲ Oh! la! la! quell scie! ▼ÉLISE▲ Va chez l coiffeur! ▼JULIEN▲ Faut-il que tu m aies menti! ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ (criant) Menti! ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ A-t-il bientôt fini? (L apprentie court ramasser des chiffons et les jette dans la cour) ▼JULIEN▲ Sois maudite! Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼IRMA, CAMILLE▲ (riant) Ah! ah! ah!… ▼JULIEN▲ Assez! assez! (lui répondant par la fenêtre) Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼GERTRUDE▲ (riant) Ah! ah! ah!… J en pleure! c est tordant! Quell scie! (criant) Ferme ça ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! C te tête! quel type! Voyez-le donc… il est fou! il est fou! (criant) Music! ▼ÉLISE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Il est fou! il est saoûl! (Élise ramasse des chiffons et les jette dans le cour) A Charenton! quel cauch mar! oh! la, la! ▼SUZANNE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Il est saoûl! il est fou! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl! (criant) Music! ▼MADELEINE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Assez! quell scie! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl! (criant) Music! ▼L APPRENTIE▲ (criant, les mains en porte-voix) Ta bouche! Il est fou! (faisant des gestes à la fenêtre) Music! ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ (ironiquement) Bravo! bravo! bravo! (imitant le chanteur) Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ (criant) Assez! assez! assez! (cri plaintif) Ah! A-t-il bientôt fini! (Élise et Camille se rasseyent) ▼IRMA, CAMILLE, ÉLISE, L APPRENTIE, JEUNES OUVRIERES▲ (criant) Music! ▼TOUTES▲ (criant) Music! Music! Music! (Les musiciens de la cour obéissent et jouent. Charivari. Les ouvrières dansent et chahutent. Louise se lève. Son visage exprime l angoisse; elle hésite un moment, puis elle va prendre son chapeau et se dispose à sortir) ▼IRMA, CAMILLE, ÉLISE, SUZANNE▲ La la la la la la la la La la la la ▼LES AUTRES OUVRIERES▲ La la la la la la la La la la la ▼TOUTES▲ (rires) Ah! ah! ah! ah! ah!… ▼GERTRUDE▲ (s apercevant du trouble de Louise; à Louise) Louise, qu avez-vous? Êtes-vous souffrante? (d autres ouvrières s approchent) ▼L APPRENTIE▲ (regardant par la fenêtre) Il s en va! ▼LOUISE▲ (avec embarras) Oui… je ne suis pas bien… J étouffe… je suis tout étourdie… (Elle se lève, fiévreuse) Je ne puis rester! ▼CAMILLE▲ Tu veux partir? (Louise, indécise, semble écouter au loin) ▼LOUISE▲ (décidée) Oui, je préfèr rentrer chez nous. (à Gertrude) Vous direz à Madame que j ai dû m en aller… (Elle prend son chapeau et va vers la porte. Quelques ouvrières l entourent) ▼IRMA▲ (affectueusement) Louise, qu as-tu? (Louise, embarrassée, ne sait que répondre) ▼CAMILLE▲ (de même) Tu souffres? ▼IRMA▲ Veux-tu que je t accompagne? ▼LOUISE▲ Non, laissez-moi… (elle ouvre la porte; bas avec effort) Adieu! (Elle disparaît. La fanfare s éloigne. Les ouvrières, étonnées, se regardent) Scène Troisième ▼ÉLISE▲ Qu est-c qui lui prend? ▼CAMILLE▲ Qu est-c que ça veut dire? ▼IRMA▲ (prenant la défense de Louise) Elle était malade! ▼SUZANNE▲ (ironique) Comm vous et moi! ▼L APPRENTIE▲ (criant) C est la faute au chanteur! ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ Voyons! ▼IRMA, BLANCHE, MARGUERITE▲ Voyons! (Elles se précipitent aux fenêtres) ▼CAMILLE▲ La voici! ▼GERTRUDE▲ (restée assise; criant) Eh bien! que fait-elle? ▼ÉLISE, SUZANNE▲ Parfait! ▼IRMA, CAMILLE▲ C est bien ça! (Les ouvrières restées assises, se lèvent et courent aux fenêtres) ▼TOUTES▲ (avec stupéfaction) Ah!… (Gertrude et la première joignent les mains avec épouvante) ▼L APPRENTIE▲ (avec transport, criant) Ils part nt en prom nade! (Elle se roule à terre) ▼TOUTES▲ (riant aux éclats) Ah! ah! ah! (Rideau vivement) ACTE II Premier TableauLa scène représente un carrefour au bas de la butte Montmartre. À gauche, au fond de la scène, un escalier descendant; plus à gauche, une ruelle puis un hangar; à droite, une maison et un cabaret; au fond, à droite, un escalier montant, plus à droite une ruelle; au loin, à droite, la Butte; à gauche le faubourg Scène PremièreAu lever du rideau, sous le hangar, une laitière prépare son étalage et allume son feu; près d elle, sur une table à la terrasse d un marchand de vin, une fillette 17 ans plie les journaux du matin. A droite, près d une poubelle renversée, une petite chiffonnière travaille hâtivement; à côté d elle une glaneuse de charbon et, plus loin, un bricoleur fouillent les ordures. Des ménagères vont aux provisions. Cinq heures du matin, en avril. Un léger brouillard enveloppe la ville LA PETITE CHIFFONNIÈREà la glaneuse Dir qu en c moment y a des femmes qui dorment dans de la soie! LA GLANEUSE DE CHARBON Bah! les draps de soie s usent plus vite que les autres. LA PETITE CHIFFONNIÈRE Oui, parce qu on y dort plus longtemps! LA GLANEUSE Grande bête! ton tour viendra…Un noctambule paraît LA PETITE CHIFFONNIÈRE Mon tour? si c était vrai!Le noctambule s approche de la plieuse LE NOCTAMBULE Si jolie, si matin…il tourne autour de la fillette Malice du destin, qui revêt de satin et de robes d aurore les guetteuses de nuit aux rides inclémentes et cache au libertin, sous des voiles de nuit les fillettes d aurore que le désir tourmente.à la plieuse Un baiser? LA PLIEUSE Passez vot chemin! LE NOCTAMBULEriant Mon chemin, je le cherche… me tendras-tu la perche?avec afféterie Sans les lanternes de tes jolis yeux, je risque fort de me perdre! tu veux?…La fillette lui tourne le dos LA GLANEUSEs étirant Ah! LE BRICOLEURgeignant Ah! LE NOCTAMBULEregardant autour de lui En ce froid carrefour où gémit la souffrance, je me sens mal à l aise,à la fillette et sans ta jeune chair il me semblerait choir au seuil du sombre enfer où le Dante écrivit Ici point d espérance! Le son de ma voix éveille-t-il en toi une vague souvenance… que tu restes songeuse?… ou bien un frais désir fait-il bondir ton coeur d amoureuse? LA PLIEUSEriant Vous êtes fou! LA LAITIÈREriant Sa folie n est pas dangereuse!…le noctambule fait une pirouette Qui êtes-vous ? LE NOCTAMBULErejetant son manteau sur l épaule et apparaissant séduisant, tout à fait joli dans un costume de printemps auquel sont piqués quelques grelots de folie Je suis le Plaisir de Paris!Les deux femmes font un geste d étonnement admiratif. La petite chiffonnière, la glaneuse, le bricoleur interrompent leur travail et s approchent. D autres figures de souffrance, sorties de l ombre, se groupent derrière eux. Le noctambule pirouette de nouveau LA LAITIÈRE Où allez-vous? LE NOCTAMBULE Je vais vers les Amantes que le Désir tourmente! Je vais cherchant les coeurs qu oublia le bonheur.montrant la ville Là-bas glanant le Rire, ici semant l Envie, prêchant partout le droit de tous à la folie Je suis le Procureur de la grande Cité! Ton humble serviteur… ou ton maître! LA LAITIÈREle menaçant de son balai Effronté!Il s enfuit en riant LE NOCTAMBULE Ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!Au coin de la rue, il heurte violemment le chiffonnier et disparaît LE CHIFFONNIER Hé! fait attention! butor!le chiffonnier chancelle et tombe LE NOCTAMBULEdéjà loin Je suis le Procureur de la grande Cité!Le bricoleur s avance vers le chiffonnier; il le débarrasse de sa hotte, puis le relève LE CHIFFONNIERà part Ah!… je le connais… le misérable! ce n est pas la première fois qu il se trouve sur mon chemin!au bricoleur Un soir, il y a longtemps, je m en souviens comme si c était hier… ici, au même endroit, il m est apparu…La plieuse fait un paquet de ses journaux et s en va hélas! il n était pas seul ce jour-là… une fillette lui donnait la main et souriait à sa chanson… c était ma fille!dramatique Je l avais laissée là, au travail… il est venu, il lui a soufflé à l oreille ses tentations mauvaises…douloureux et la coquette l a écouté… ell l a suivi… en s enfuyant, ell m a heurté… comme aujourd hui… je suis tombé! Ah! ah! ah! ah!Il sanglote et se met au travail LA GLANEUSE, LA CHIFFONIERE Pauvre homme! LE BRICOLEUR Bah! dans toutes les familles, c est la même chose! Moi, j en avais trois, je n ai pu les tenir! Faut pas leur en vouloir si elles préfèr à notre vie d enfer le paradis qui les appelle là-bas… LA PETITE CHIFFONNIÈREà part Est-c que les bons lits, les belles robes, comme le soleil,elle tend les bras vers le soleil dont les premiers rayons éclairent la Butte ne devraient pas être à tout le monde! Scène SecondeDeux gardiens de la paix traversent lentement la scène et s approchent de la laitière. Le carrefour s anime. Une balayeuse apparaît au fond et s avance vers le groupe PREMIER GARDIENà la laitière Belle journée! LA LAITIÈRE Voici le printemps. PREMIER GARDIEN La saison des amours… LA LAITIÈRE Pour ceux qui ont vingt ans! DEUXIÈME GARDIEN Bah! chacun son tour… LA LAITIÈRE J attends encore le mien! PREMIER GARDIEN Vous n avez jamais aimé?Un gavroche s approche de l éventaire et se chauffe les mains au fourneau LA LAITIÈREsimplement Je n ai pas eu le temps!Les gardiens rient LA GAVROCHEà la laitière Un p tit noir? LA BALAYEUSEfanfaronne Moi, j ai eu ch vaux et voitures… Y a vingt anstriomphante j étais la reine de Paris!comique quell dégringolade! hein? mais je ne regrette rien… je me suis tant amusée…sentimentale Ah! la belle vie! le joyeux, le tendre, l inoubliable paradis!Le gavroche, qui l a écoutée, hausse les épaules, puis s approche d elle, la tire par la manche LE GAVROCHEavec une naïveté feinte Dites donnez-moi l adresse… LA BALAYEUSE Quelle adresse? LE GAVROCHEgoguenard L adresse… de vot paradis! LA BALAYEUSE Mais, mon petit,montrant la ville, tendre c est Paris! LE GAVROCHEjouant l étonnement Paris…il regarde la ville c est étonnant! depuis que j suis au monde j m en étais pas encore aperçu! PREMIER GARDIENbourru Allons, circule! LE GAVROCHEnarquois, froidement De quoi… on n peut pas s instruire?… PREMIER GARDIENbrutal Va travailler!Il le pousse. Le gavroche immobile, toise le gardien, puis d une pirouette nonchalante il lui tourne le dos et s en va lentement arrivé au coin de la rue, il se retourne LE GAVROCHEcriant, ses mains en porte-voix Y en a donc que pour les femm s, dans vot paradis!geste menaçant des gardiens; le gamin s enfuit; les gardiens s éloignent du même côté. La petite chiffonnière s en va d un autre côté, courbée sous le poids d un sac de chiffons. La balayeuse reprend son travail et disparaît dans la rue voisine. La glaneuse s approche de la laitière LA PETITE CHIFFONNIÈREavec amertume Y en a qu pour les femmes!…Le chiffonnier et le bricoleur montent l escalier. Julien paraît au fond de la scène; il fait un geste à ses amis Scène TroisièmeLes bohèmes paraissent en haut de l escalier et s avancent, comiquement, avec des allures de conspirateurs LE PEINTREà Julien C est ici? LE SCULPTEUR C est là qu elle travaille?la glaneuse s éloigne JULIENindiquant la maison Sa mère l accompagnera jusqu à cette porte… sitôt disparue, je m élance… je rattrape Louise…rageusement et, si ses parents refusent… LE PEINTRE Tu l enlèves!Julien approuve TOUSentourant Julien Bravo! bravo! bravo! LE CHANSONNIER Mais, consentira-t-elle? JULIEN Je la déciderai!Ils se répandent sur la place à droite, le sculpteur, le peintre et le jeune poète; à gauche, Julien, l étudiant, les philosophes et le chansonnier. Les autres inspectent silencieusement les alentours LE PEINTREà Julien Nous en ferons notre Muse! LE SCULPTEURau poète Le coin est joli… LE CHANSONNIERà Julien Muse des Bohèmes! LE PEINTREau sculpteur Un vrai carrefour à sérénades… PREMIER PHILOSOPHEavec dédain Une muse? LE SCULPTEURau peintre Nous aurions dû prendre nos instruments… LE CHANSONNIERau philosophe On la couronnera!Des têtes de bonnes paraissent aux fenêtres de la maison LE SCULPTEUR Nous reviendrons. PREMIER PHILOSOPHE Les Muses sont mortes! LE CHANSONNIERenthousiaste On les ressuscitera! LE PEINTRElorgnant les fenêtres Les jolies filles! LE SCULPTEUR Mesdemoiselles? LE CHANSONNIER Elles sont charmantes! LE JEUNE POETE Ravissantes!D autres têtes paraissent à d autres fenêtres. Les bohèmes envoient des baisers et saluent; d autres font les clowns. Le chansonnier, grattant sa canne ainsi qu une guitare, se met en évidence. À l écart dissertent les philosophes LE CHANSONNIER Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime! Toujours gais et pimpants, Les femm s nous trouvent séduisants… DEUXIEME PHILOSOPHEà l autre Pourquoi refuseraient-ils? LE CHANSONNIER Quoiqu sans argents! PREMIER PHILOSOPHE Ils préfèrent sans doute en faire la femme d un bourgeois! LE CHANSONNIER Presqu indigents! DEUXIEME PHILOSOPHEironique Mais, les ouvriers méprisent les bourgeois! PREMIER PHILOSOPHE Ah! ah! tu crois ça! LE CHANSONNIER Mais nous somm s très intelligents!Cris et bravos; des fenêtres on jette des sous. Les bohèmes saluent ironiquement LE PEINTREsaluant Aimez-vous la peinture? LE SCULPTEURde même La sculpture? LE CHANSONNIERde même La musique? LE JEUNE POETE Je suis un grand poète! PREMIER PHILOSOPHE Mon cher, l idéal des ouvriers c est d être des bourgeois.tous approuvent le désir des bourgeois être des grands seigneurs…nouvelle approbation plus nourrie. Ironique et le rêve des grands seigneurs attention générale ironique. Emphatique devenir des artistes!rires LE PEINTRE Et le rêve des artistes! PREMIER PHILOSOPHEavec emphase Être des dieux! TOUS Bravo! LES BOHÈMES Oui, des dieux! L APPRENTItraversant la scène, passant dans le fond Allez donc travailler, tas d feignants!Les bohèmes esquissent une poursuite, puis ils descendent l escalier en chantant. Le philosophe, le chansonnier, le peintre et l étudiant vont dire adieu à Julien LES BOHÈMES Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime. Toujours gais et pimpants, les femm s nous trouvent séduisants… JULIENà ses amis, fiévreusement Voici l heure, laissez-moi. LES BOHÈMES Quoiqu sans argents! LE PREMIER PHILOSOPHEà Julien Allons, bonne chance… LE CHANSONNIERl excitant Enlève la redoute!… LES BOHÈMESdéjà loin Presqu indigents! LE PEINTREavec mystère Sois éloquent! L ETUDIANTdonnant une accolade à Julien A tout à l heure…ils s éloignent LES BOHÈMEStrès loin Mais nous somm s très intelligents!cris lointains des bohèmes Scène Quatrième JULIENdans une agitation douloureuse Elle va paraître, ma joie, mon tourment, ma vie! Voudra-t-elle me suivre? Voudra-t-elle qu aujourd hui notre amour soit vainqueur! Que dois-je lui dire? Comment la décider?avec angoisse Qui viendrait à mon aide?… LA REMPAILLEUSElointaine La caneus , racc modeus de chais s!…Julien fait un geste de surprise MARCHAND DE CHIFFONSlointain Marchand d chiffons, ferraille à vendr !…Il écoute avec émoi croissant; les chants qui se rapprochent LA REMPAILLEUSEplus près la caneus , racc modeus de chais s!… LA MARCHANDE D ARTICHAUTSlointaine artichauts, des gros artichauts! LE MARCHAND DE CAROTTES v là d la carott , elle est bell , v là d la carott ! d la carott ! LA MARCHANDE D ARTICHAUTS A la tendress , la verduress ! LE MARCHAND DE CAROTTEStrès loin D la carott ! LA MARCHANDE DE MOURONprès de la scène Mouron pour les p tits oiseaux! LA MARCHANDE D ARTICHAUTSse rapprochant Et à un sou, vert et tendre, et à un sou!flûte du chevrier lointain LA MARCHANDE DE MOURONprès de la scène Mouron pour les p tits oiseaux! LA MARCHANDE D ARTICHAUTS En v là des gros, des bien beaux! MARCHANDS DE TONNEAUX Tonneaux, tonneaux, v la l marchand d tonneaux! MARCHANDS DE BALAIS Ach tez des balais, v la l marchand d balais; c est papa, qui les fait, c est maman qui les vend, c est moi qui mang l argent! MARCHANDS DE POMMES DE TERRES Pomm s terr , pomm s terr , oh les pomm s terre, au boisseau, trois sous l quart, c est d la holland ! MARCHANDS DE POIS VERTS Pois verts, pois verts, dix sous l boisseau! JULIENavec enthousiasme Ah! chanson de Paris, où vibre et palpite mon âme! MARCHANDS ET MARCHANDESlointain Pois verts! pois verts! JULIEN Naïf et vieux refrain du faubourg qui s éveille, aube sonore qui réjouit mon oreille! Cris de Paris… voix de la rue Êtes-vous le chant de victoire de notre amour triomphant?…Des ouvrières paraissent au fond. Julien se cache sous le hangar, épiant, anxieux Scène Cinquième BLANCHE Bonjour! MARGUERITE Bonjour! BLANCHE Comment vas-tu?Elles disparaissent à l entrée de la maison. Une autre paraît faisant un geste à une quatrième qui s avance SUZANNE Nous sommes en avance? GERTRUDE Il est huit heures… SUZANNE Ah!Elles entrent dans la maison. Deux autres s avancent en caquetant IRMA Eh! bien, tu t es amusée, hier? CAMILLE Ah! c que j ai ri! IRMA Tu sais… le grand Léon…elle lui parle à l oreille CAMILLE Vrai? IRMA En mariage, ma chère!elles disparaissent JULIEN Viendra-t-elle?impatient, il sort de sa cachette; trois ouvrières entrent et le regardent gesticuler L APPRENTIEriant Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ÉLISE Qu il est beau! MADELEINE Eh! l artiste! L APPRENTIE Il attend sa belle! MADELEINE, MARGUERITE Ah! ah! ah! ah! ah! ah! L APPRENTIE, MADELEINE, MARGUERITE C te tête!Elles s enfuient en riant. Julien les regarde entrer dans la maison, il reste pensif, puis il va vers la rue. Julien, apercevant enfin Louise et sa mère, manifeste sa joie; il revient en courant, va se cacher dans le hangar et guette. Étonné de ne pas les voir, il regarde; il les aperçoit et se dissimule vivement Scène SixièmeLa mère et Louise entrent; elles s avancent lentement; elles s arrêtent LA MÈREbougonnant Pourquoi te retourner? Il nous suit, sans doute… suffit! Je d mand rai à ton père que dorénavant tu travailles chez nous.Louise lève les yeux au ciel. Mimique de Julien qui, n y pouvant tenir, se montre à Louise Ah! t as beau faire les gros yeux!…Louise, voyant Julien, porte la main sur son coeur On changera ta mauvaise tête, Il faudra bien que Louise reste une fille honnête!… Allons, au revoir!Louise, froidement, lui tend la joue; la mère l embrasse avec tendresse. Louise entre dans la maison, la mère s éloigne lentement, surveille un instant les fenêtres de l atelier; arrivée près de la rue, elle guette de tous côtés, méfiante, puis disparaît. Julien se risque timidement, s enhardit, hésite, puis s élance dans la maison MARCHAND DE LA RUElointain V là d la carotte elle est bell ! V là d la carott ! d la carott ! d la carott ! Scène SeptièmeJulien reparaît, entraînant Louise LOUISEaffolée, se débattant Laissez-moi… ah! de grâce!Julien l entraîne dans le hangar JULIEN Alors, ils ont refusé?Louise se débat et veut fuir LOUISE Je vous en prie! si ma mère revenait… JULIEN Ils ont refusé? LOUISE Vous me faites mourir de peur! JULIEN Et tu supportes cette chose! tu ne te révoltes pas? LOUISE Que puis-je faire? JULIEN Tu le demandes! LOUISE Ils sont les maîtres! JULIEN Pourquoi, les maîtres? Parce qu ils t on fait naître, se croient-ils le droit d emprisonner ta jeunesse adorable? LOUISE Julien!… JULIEN D asservir ta vie! LOUISEsuppliante Ah! par pitié! JULIEN De la murer pour leur plaisir! LOUISE Laissez-moi partir! JULIEN Ta volonté, désormais, est celle d une femme et vaut la leur tu es femme, tu peux, tu dois vouloir! LOUISEne sachant que répondre Ah! je vais être en retard…suppliante laissez-moi partir.Julien, fâché de son indifférence, la laisse partir. Elle fait quelques pas, puis revient, souriante, espiègle JULIEN Tu ne m aimes plus! LOUISEnaïvement Ce n est pas vrai!Les cris de la rue reparaissent, lointains JULIEN Si tu m aimais, oublierais-tu ta promesse?Louise, troublée, se détourne UNE MARCHANDE DE LA RUElointaine V là du cresson d fontain , la santé du corps! JULIEN Écrivez encore à mon père, s il refuse votre demande je promets de fuir avec vous. UNE MARCHANDElointaine Mouron pour les p tits oiseaux! UN MARCHANDlointain Pois verts! pois verts! LOUISEpresque parlé Ah! si je pouvais…flûte du chevrier si mon père… JULIEN Ton père te pardonnerait! LOUISE Jamais! JULIEN Plus tard, quand ton bonheur… LOUISE Mon abandon le tuerait et je l aime mon père, autant que je t aime… JULIENla serrant dans ses bras Ah!… ah! Louise, si tu m aimes, partons de suite au Paysmontrant la Butte ensoleillée où vivent libres les Amants! Viens, je te choierai tant, et toute ta vie!De la rue voisine viennent des cris et des rires Viens vers la Joie, le Plaisir!Entendant des rires, Louise, troublée, veut fuir, Julien la retient. Quatre ouvrières traversent la scène en riant et entrent dans la maison JULIENplus pressant Si tu m aimes, Louise, Viens, fuyons de suite, si tu m aimes, n attends pas plus longtemps! Tiens ta promesse dès maintenant, Louise! Louise!il veut l entraîner LOUISEéperdue, se débattant Julien! JULIEN Viens! LOUISE Ah! je deviens folle… JULIEN Vers le plaisir!… LOUISEaffolée Je ne sais que faire… laissez-moi partir! Demain… plus tard…avec tendresse Je serai ta femme! Julien!. mon bien-aimé!…Flûte lointaine du chevrier. Louise se jette à son cou, ils s embrassent; puis Louise se dégage et s éloigne vers la maison; sur le seuil de la porte, elle envoie un baiser. Julien répond avec tristesse. - Louise disparaît Scène Huitième UN MARCHAND D HABITSdescendant l escalier Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ?il interroge les fenêtres Marchand d habits!…il se tourne de l autre côté avez-vous des habits à vendr ?Mélancoliquement il s éloigne. Julien, accablé, s achemine tristement vers la Ville Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ?Julien, sur le seuil de l escalier, près de la rue, fait un dernier geste de désespoir, descend lentement et disparaît. Le rideau tombe très lentement MARCHANDE DE MOURONEnfant. Très loin Mouron pour les p tits oiseaux!…flûte du chevrier MARCHANDE D ARTICHAUTStrès lointaine A la tendress s éloignant la verduress !… Interlude Deuxième TableauRideau. Rire des ouvrières. Un atelier de couture; les ouvrières, autour des tables, travaillent en caquetant et chantant; quelques-unes bavardent; près du mannequin, deux ouvrières plissent une jupe; l apprentie, couchée à terre, ramasse les épingles; une ouvrière travaille à la machine. Louise, un peu séparée des autres, garde le silence. Durant les conversations, des ouvrières chantent Scène PremièrePremière table côté jardin Irma, Camille, 4 coryphées; deuxième table Blanche, Madeleine, puis Élise et Suzanne, 2 coryphées; troisième table Louise, Gertrude, Marguerite; près du mannequin Suzanne, Élise; l apprentie, la première, la mécaniceienne; autres tables jeunes et vieilles ouvrières La la la la la la la la SUZANNEprès du mannequin, faisant les plis d une jupe C est énervant! je n peux pas y arriver… L APPRENTIEaccroupie devant la table; à Gertrude Passez-moi vos ciseaux… JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la GERTRUDEGertrude doit avoir les cheveux gris et jouer en vieille fille sentimentale et prétentieuse Et les tiens? ÉLISE Quell mauvaise étoffe! L APPRENTIE perdus!… ÉLISE Les plis n marquent pas… GERTRUDE J en ai assez d les prêter. L APPRENTIE Un minute?Élise prend la jupe, la montre à la première, puis va s asseoir à la deuxième table GERTRUDE Tu n as qu à t en payer!Elle se lève et va essayer un corsage sur le mannequin JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la ! IRMA Moi, j ai vu «l Pré aux Clércs et Mignon»Blanche se lève et va causer à Marguerite CAMILLE Moi, j ai vu Manon. BLANCHEà Marguerite, à mi-voix Voudrais-tu m montrer à baleiner? IRMA Cest beau? CAMILLE Très beau, surtout quand ell meurt. JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la!… GERTRUDEavec impatience J peux pas arriver à finir c corsage! MARGUERITEà Blanche Tu prends ton ruban comm ceci… GERTRUDE Sur l mann quin, c est bien, mais sur la femme! MARGUERITE Tu commenc s par en bas, tu l fais sout nir très peu… IRMA C est pour qui? JEUNES OUVRIERES La la la la la la la!… GERTRUDE Pour la duchesse… CAMILLEmoqueuse En effet, j vois ça d ici!Élise va s asseoir près de Blanche à la deuxièmee table GERTRUDEriant Faut lui mett du crin sous les bras… CAMILLEriant Faut lui fair des hanches… IRMAriant Un vrai rembourrage, quoi! L APPRENTIEen gavroche C qui y a des clientes, tout d même!Rires Ah! ah! ah! ah! ah!…Blanche reprend sa place OUVRIERES, IRMA, CAMILLE La la la la la!… BLANCHEà Irma Moi, j vais m faire une robe pour le Grand Prix… LA PREMIEREà Louise N oubliez pas le sachet d héliotrope?… BLANCHE J ai vu un modèl , ma chèrela dispute, bien en dehors ÉLISEà Suzanne qui lui donne des conseils Ah! laiss -moi tranquille, tu m ennuies! VIEILLES OUVRIERES La la la la la la la la!… SUZANNE C est pas comm ça qu on s y prend… ÉLISE Tu veux toujours en savoir plus qu les autres! SUZANNE P tite imbécile! tu n vois pas qu ça craqu sous l aiguille? ÉLISE Oh! la! la! quel cauch mar! SUZANNE T en as un caractère! ÉLISE Tu n t es pas r gardée! SUZANNE Va donc hé! bouffie! JEUNES ET VIEILLES OUVRIERES La la la la la la la!…Élise lance une pelote à la tête de Suzanne; les autres s interposent. Toutes rient avec éclats. La première se lève LA PREMIERE Mesd moiselles, un peu d silence… nous n sommes pas au marché…Silence relatif. La première va causer avec Gertrude. Geste de Louise, songeant à Julien CAMILLEbas à ses voisines Voyez Louise, quell drôl de tête elle fait aujourd hui… ÉLISE, SUZANNE C est vrai! IRMA C est vrai! on dirait qu elle a pleuré. GERTRUDE Elle a peut-être des ennuis de famille… CAMILLE Ses parents sont très durs pour elle…Les ouvrières se groupent et jettent des regards sur Louise qui semble ne rien voir IRMA Ell n a pas la vie belle… CAMILLE Sa mèr la frappe encore… BLANCHE, SUZANNEindignées Ah! ÉLISE Ce n est pas moi qui me laisserais battre! SUZANNE Moi non plus! BLANCHE Et moi, c que j les plaqu rais! L APPRENTIE Moi, quand le pèr veut m battre, j lui dis cogn sur maman,emphatique y a plus d largeur!rires. Louise baisse la tête, écoute, et reprend son attitude indifférente IRMAregardant ironiquement Louise Non; je crois que Louise est amoureuse. GERTRUDEétonnée Amoureuse! Louise…elle rit CAMILLE Pourquoi Louise serait-ell pas amoureuse? ÉLISE Amoureuse, Louise…elle hausse les épaules L APPRENTIEà part Amoureuse! SUZANNE, MADELEINE Amoureuse! GERTRUDE, MARGUERITE Amoureuse! BLANCHE, ÉLISE Amoureuse! IRMA, CAMILLE Amoureuse! BLANCHE, MARGUERITE, GERTRUDE, SUZANNE, MADELEINE, ÉLISE, IRMA, CAMILLE, BLANCHE Louise, entends-tu? on dit que tu es amoureuse… LOUISEtroublée Moi? IRMA, CAMILLE Est-ce vrai? LOUISEavec colère Vous êtes folles… GERTRUDEreprend sa place près de Louise Un amoureux à ton âge, ce n est pas un péché, et tu peux l avouer… A moins que tu ne veuilles garder le secret de tes aventures.orgue de barbarie lointain ÉLISE, SUZANNE Louise, raconte-nous… LOUISEsimplement Je n ai pas d aventure. GERTRUDEavec un lyrisme comique contenu Que c est charmant une aventure!Derrière elle, l apprentie, avec des gestes de gavroche, mime ironiquement les paroles sentimentales de la chanson de la vieille fille Un garçon de jolie figure qui vous aime et vous le prouve à tout moment! C est le rêve d or des jeunes filles… rêve auquel on pense tout enfant. Pour le baiser d un jeune amant,avec feu je donnerais sans regret le restant de ma vie.pâmée; orgue de barbarie lointain CAMILLEnaivement D où vient ce sentiment qui nous attire constamment vers les hommes? D où vient qu à leur approche nos coeurs chavirent?pétulante On a beau nous dire avec mystère «Prenez garde» Qu apparaisse le prédestiné, les scrupules s envolent. À son regard, on rougit; à sa parole, on sourit; dans l enthousiasme du baiser, on s ouvre au dieu malin; c est un bonnet de plus qu on accroche au moulinRires étouffés. Peu à peu les ouvrières reprennent leur travail et causent à voix basse L APPRENTIEagenouillée devant Louise Louise, raconte-nous tes aventures… LOUISEavec impatience Je n ai pas d aventure.Louise hausse les épaules; l apprentie, dépitée, s éloigne en rampant sous les tables. Élise va s asseoir auprès de Gertrude IRMAà ses voisines, langoureusement Oh! moi quand je suis dans la rue, tout mon etre prend comme feu; ÉLISEà Marguerite C est un beau brun… IRMA Sous les rayons ardents MARGUERITE Tu l aimes? IRMA … des yeux qui me désirent, ÉLISE J en suis toquée IRMA Je vais radieuse! MARGUERITE Grande folle!Élise reprend sa place; Suzanne va ``essayer au mannequin LA PREMIEREà Madeleine Voyez la longueur des manches IRMA Les frôlements, les appels, GERTRUDE Dieu, qu il fait chaud! ouvrez la f nêtre…l apprentie va ouvrir une fenêtre BLANCHEà Élise C est tordant! IRMA … les flatteries… SUZANNEà Madeleine Tu viens avec moi, ce soir? IRMA … m attisent et me grisent! ÉLISE Louise, chante-nous quelque chose?… LA PREMIEREà Marguerite Laissez-la donc tranquille!… IRMA Il me semble… L APPRENTIEà la mécanicienne J ai rendez-vous à huit heures… IRMA … être en voyage… ÉLISEà Blanche Il t a fait la cour? IRMA … alors… LA PREMIERE A qui l corsage? IRMA … que paysages… ÉLISE C est à moi. IRMA … et maisons tourbillonnent… LA PREMIERE Dépêchez-vous, il le faut pour ce soir. IRMA …en ronde folle autour du wagon! SUZANNE, BLANCHE, ÉLISE, MADELEINEriant bruyamment ah! ah! ah! ah! ah!… CAMILLE, GERTRUDE Chut!La première va dans la chambre voisine L APPRENTIE Écoutez! IRMAL apprentie, accroupie près d Irma, l écoute avec admiration Une voix mystérieuse, prometteuse de bonheur, parmi les bruissements de la rue amoureuse, me poursuit et m enjôle… C est la voix de Paris! C est l appel au plaisir, à l amour! Et, peu à peu, l ivresse me gagne… dans un frisson délicieux, à tous les yeux, je livre mes yeux. Et mon coeur bat la campagne et succombe aux désirs de tous les coeurs. LES JEUNES OUVRIERES C est la voix de Paris… LES VIEILLES OUVRIERES Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir!fanfare dans la coulisse TOUTESdiversement Ah! la musique! Scène SecondeIrma, Camille, Marguerite, Élise, Madeleine et l apprentie vont aux fenêtres et regardent curieusement dans la cour UNE VOIXdans la coulisse, en colère, semblant marquer la mesure Un! BLANCHEse levant et courant vers la fenêtre Quell drôl de fanfare! IRMA Ils accompagn nt un chanteur… CAMILLE Il est bien, c lui-là. SUZANNEpouffant Tu trouves! ÉLISEà Madeleine On dirait l artist de tout à l heure!Élise, Madeleine, l apprentie, croyant que Julien va chanter pour elles, se moquent de Camille qui le trouve à son goût; pendant la première partie de la sérénade, elles échangent des signes d intelligence, envoient des baisers au chanteur et semblent très excitées L APPRENTIE Il nous r garde! CAMILLE Louise! viens voir… il est très bien. L APPRENTIE Très bien!Louise semble ne pas entendre. Guitare dans la coulisse JULIENdans la coulisse Dans la cité lointaine, Au bleu pays d espoir, Je sais, loin de la peine, Un joyeux reposoir, Qui, pour fêter ma reine, Se fleurit chaque soir. LES OUVRIERES Quelle jolie voix! Quelle jolie voix! Ah ma chère, quelle jolie voix! LOUISEà part C est lui! c est Julien!Camille vient prendre le bouquet qu Irma a laissé sur la table pour le jeter au chanteur. Irma veut l empêcher et la pousse. Suzanne se lève, tout en continuant à coudre, elle passe devant les tables, s arrête près de la fenêtre, écoute, ravie, pâmée JULIEN Les fleurs du beau Domaine S avivent chaque soir; Mais l insensible reine Dédaigne leur espoir;Ne daigne s émouvoir.comme en ritornelle Quand viendras-tu, dis-moi, la belle, Au reposoir d ivresse éternelle? L Aube t appelle et te sourit, voici le jour!… Veux-tu que je te mène en ce riant séjour, A l amour! LES OUVRIERES Bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo!fanfare des bohèmes dans la coulisse CAMILLEravie Il va chanter encore! LOUISE Quel supplice! Quel affreux tourment! JULIEN Jadis tu me contais un magique voyage «Tous deux, me disais-tu, dès notre mariage, libres, nous partirons au Pays adoré, loin de ce monde où nous avons pleuré» Voici le jour sacré de tenir ta promesse et l heure du départ, l heure d allégresse, l heure sonne et carillonne et chante à ton coeur les désirs de mon coeur!… Quand partons-nous, dis-moi, la belle, pour le pays d ivresse éternelle? LES OUVRIERESmystérieusement Quelle caresse! Aux accents de sa tendresse, mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Quelle ivresse! à ses accents mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Ah quel doux chant de tendresse… Quelle jolie voix! quelle jolie voix! ah! ah! Ah! Ah! quelle caresse! quel doux chant de tendresse! Ah! ah! mon coeur s abandonne! CAMILLE Comme il nous regarde! IRMA On dirait qu il s adresse à l une de nous…Élise fait à Madeleine un geste d intelligence L APPRENTIE C est vrai! LOUISEà part Pauvre Julien! ÉLISE Il n a pas l air content… BLANCHE Jetons-lui des sous! CAMILLE Et des baisers!elles jettent des sous et envoient des baisers au chanteur LOUISEpeut-être jalouse Ah! j aurais dû partir tout à l heureJulien gratte avec rage les cordes de sa guitare GERTRUDE Qu est-c qu il a? L APRENTIE Il devient fou?Rires. Louise se lève, frémissante, puis se rassied. A partir de ce moment, les ouvrières trouvant la chanson moins jolie, ennuyeuse même, échangent des gestes de lassitude, de moquerie. Élise et Madeleine, déçues dans leur espoir, raillent et sifflent impitoyablement le chanteur JULIENavec émotion Si ton âme, oubliant les serments d autrefois, S est détournée de moi; Si tes voeux sont de vivre sans lumière et sans joie… GERTRUDE Que chante-t-il? ÉLISE C est assommant! JULIEN … coeur infidèle… MADELEINEriant Ah! ah! ah!… JULIENavec emphase … va plus loin battre de l aile ÉLISEagacée Ah! CAMILLE Il nous ennuie! GERTRUDEgeignant, avec ennuie Ah! JULIEN Moi, le renonce à vivre car la vie est sans excuse quand l adorée, la seule aimée, à mes appels se refuse! BLANCHE, MARGUERITE Ah! ÉLISE Dieu, qu il m énerve! SUZANNE, MADELEINE Que chante-t-il? IRMA, CAMILLE A-t-il bientôt fini? GERTRUDE C est rasant! BLANCHE, MARGUERITE C est assommant! LES OUVRIERESriant Ah! ah! ah! ah! ah! ÉLISE, SUZANNE, MADELEINEcriant Une autre! L APPRENTIEcriant Une autre! IRMA, CAMILLE, GERTRUDEcriant Une autre! BLANCHEs, MARGUERITE,ÉLISE, SUZANNE, MADELEINEcriant Une autre! TOUTESauf Louise Une autre!Durant cette dernière strophe, Louise se lève, frémissante. L apprentie, juchée sur une chaise, fait la manivelle avec le coin de son tablier roulé imitant comiquement le jouer d orgue JULIEN Le temps passe et tu ne réponds pas… ÉLISE Ah! quel malheur! JULIEN Je ne sais plus que te dire!… GERTRUDE Pauvre petit! JULIEN Faut-il que tu m aies menti jadis!… SUZANNE Quel raseur! L APPRENTIE Oh! la! la! quell scie! ÉLISE Va chez l coiffeur! JULIEN Faut-il que tu m aies menti! LES JEUNES OUVRIEREScriant Menti! LES VIEILLES OUVRIERES A-t-il bientôt fini?L apprentie court ramasser des chiffons et les jette dans la cour JULIEN Sois maudite! Fille sans coeur! Ame sans foi! IRMA, CAMILLEriant Ah! ah! ah!… JULIEN Assez! assez!lui répondant par la fenêtre Fille sans coeur! Ame sans foi! GERTRUDEriant Ah! ah! ah!… J en pleure! c est tordant! Quell scie!criant Ferme ça BLANCHE, MARGUERITEriant Ah! ah! ah! ah! ah! C te tête! quel type! Voyez-le donc… il est fou! il est fou!criant Music! ÉLISEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Il est fou! il est saoûl!Élise ramasse des chiffons et les jette dans le cour A Charenton! quel cauch mar! oh! la, la! SUZANNEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Il est saoûl! il est fou! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl!criant Music! MADELEINEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Assez! quell scie! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl!criant Music! L APPRENTIEcriant, les mains en porte-voix Ta bouche! Il est fou!faisant des gestes à la fenêtre Music! LES JEUNES OUVRIERESironiquement Bravo! bravo! bravo!imitant le chanteur Fille sans coeur! Ame sans foi! LES VIEILLES OUVRIEREScriant Assez! assez! assez!cri plaintif Ah! A-t-il bientôt fini!Élise et Camille se rasseyent IRMA, CAMILLE, ÉLISE, L APPRENTIE, JEUNES OUVRIEREScriant Music! TOUTEScriant Music! Music! Music!Les musiciens de la cour obéissent et jouent. Charivari. Les ouvrières dansent et chahutent. Louise se lève. Son visage exprime l angoisse; elle hésite un moment, puis elle va prendre son chapeau et se dispose à sortir IRMA, CAMILLE, ÉLISE, SUZANNE La la la la la la la la La la la la LES AUTRES OUVRIERES La la la la la la la La la la la TOUTESrires Ah! ah! ah! ah! ah!… GERTRUDEs apercevant du trouble de Louise; à Louise Louise, qu avez-vous? Êtes-vous souffrante?d autres ouvrières s approchent L APPRENTIEregardant par la fenêtre Il s en va! LOUISEavec embarras Oui… je ne suis pas bien… J étouffe… je suis tout étourdie…Elle se lève, fiévreuse Je ne puis rester! CAMILLE Tu veux partir?Louise, indécise, semble écouter au loin LOUISEdécidée Oui, je préfèr rentrer chez nous.à Gertrude Vous direz à Madame que j ai dû m en aller…Elle prend son chapeau et va vers la porte. Quelques ouvrières l entourent IRMAaffectueusement Louise, qu as-tu?Louise, embarrassée, ne sait que répondre CAMILLEde même Tu souffres? IRMA Veux-tu que je t accompagne? LOUISE Non, laissez-moi…elle ouvre la porte; bas avec effort Adieu!Elle disparaît. La fanfare s éloigne. Les ouvrières, étonnées, se regardent Scène Troisième ÉLISE Qu est-c qui lui prend? CAMILLE Qu est-c que ça veut dire? IRMAprenant la défense de Louise Elle était malade! SUZANNEironique Comm vous et moi! L APPRENTIEcriant C est la faute au chanteur! ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE Voyons! IRMA, BLANCHE, MARGUERITE Voyons!Elles se précipitent aux fenêtres CAMILLE La voici! GERTRUDErestée assise; criant Eh bien! que fait-elle? ÉLISE, SUZANNE Parfait! IRMA, CAMILLE C est bien ça!Les ouvrières restées assises, se lèvent et courent aux fenêtres TOUTESavec stupéfaction Ah!…Gertrude et la première joignent les mains avec épouvante L APPRENTIEavec transport, criant Ils part nt en prom nade!Elle se roule à terre TOUTESriant aux éclats Ah! ah! ah!Rideau vivement Charpentier,Gustave/Louise/III
https://w.atwiki.jp/oper/pages/1514.html
AKT I W mieście, w domu Stolnika. Boczna sala. W głębi troje wysokich drzwi szklanych, wychodzących na ogród, po jednej stronie widzów widać uchylone drzwi do sali balowej, po drugiej stół, przy którym goście, ucztujący ze Stolnikiem; Dziemba, krzątając się napełnia puchary. Z sali balowej, rzęsiście oświetlonej, inni goście wychodzą w parach poloneza i krążą po scenie. SCENA 1 Stolnik, Dziemba i chór gości. Dziemba Niechaj żyje para młoda, Przy zaręczyn tych obrzędzie! Wieczna miłość, wieczna zgoda W młodem stadle niechaj będzie! Wszak ci to się dwa klejnoty, Starodawnej godła cnoty, W jedno godło dzisiaj wiążą Pomian, panie, z Odrowążą! Chór Wiwat, Wiwat! - Para młoda! Ciągła miłość, ciągła zgoda, Niechaj nie opuszcza cię! Starodawne dwa klejnoty, Godła męstwa, godła cnoty, Chlubnie dziś jednoczą się. Dziemba i chór Spojrzyj na nich, aż drży dusza, Jaka u nich godność równa! Jak stworzona dla Janusza, Nasza Zofia Stolnikówna! Kilku z gości A oboje równi stanem, Jak urodą, tak i wianem. Niech im szczęście pasmo wije! Niechaj żyją! Niechaj żyje Cny Odrowąż z cnym Pomianem! Stolnik Panom braciom dzięki nasze! Ich życzliwość dobrze znam, Górą czasze! Zdrowie wasze! Kochajmy się! Chór Szczęście wam! Dziemba z chórem odchodzą, krzycząc jeszcze Niech żyje! SCENA 2 Stolnik, Zofia i Janusz wchodząc z sali. Janusz Pobłogosław, ojcze panie! Bo już cię tak nazwać śmiem. Zofia Twoja dobroć to wybrała, Co ją pieszczę w sercu mem. razem Pobłogosław ojcze panie! Oto prośba nasza cała. Stolnik Już serc waszych związek błogi Dawno moja chęć uznała. Zofia i Janusz Pobłogosław, ojcze drogi! Stolnik błogosławiąc Niech więc wola Twoja Panie, Ojcze z niebios, stanie się! Słychać za sceną śpiew. Jako od wichru krzew połamany, Tak się duszyczka stargała. Zofia Co to za glos? śpiew za sceną Gdzieżeś, ach gdzieżeś wianku różany, Gdzie w nim lilijko ty biała? Zofia Jaki stroskany! Januszu! Czy nie znasz go? śpiew za sceną Zabrał mi wszystko Jaśko, mój sokół, Zabrał mnie całą niebogę... Janusz zmieszany do Zofii Nie znam, nie wiem... na stronie Biedna dziewka! Cóż przywiodło tutaj ją? śpiew za sceną A ja go szukam, szukam naokół, A ja go znaleźć nie mogę... Stolnik Czyjaż w mym ogrodzie śpiewka O tej porze? Dziwne to! Janusz na stronie To głos Halki. Skąd ta dziewka Tu się zjawia z śpiewką tą? Może znowu obłąkana... Zofia O Januszu! Co to znaczy Ten śpiew żalu, śpiew rozpaczy? Stolnik A to śmiałość niesłychana! Chce iść do ogrodu, Janusz go wstrzymuje. Janusz wzruszony, do Zofii O tak! Drogi mój aniele! Tej piosenki dźwięk powiada Gdy nam radość i wesele, Dla niej smutek, dla niej biada! Głos niedoli znam, Ja zobaczę sam! Zofia do siebie Jakaż radość i wesele, Jakiż urok sercem włada! Że on dobry, że tak wiele Go obchodzi ludzka biada. Głos niedoli tam, Co zatęsknił nam. Stolnik Tej śmiałości już za wiele! Ale gdy to jęczy, biada! Oto wesprzeć ją wypada, Słusznie, słusznie! Nam wesele, A niedola tam! Idź zobaczyć sam! Odchodzi z Zofią, która z uwielbieniem spogląda na Janusza. SCENA 3 Janusz sam smutny i niespokojny Skąd tu przybyła mimo mej woli? To piekło ją chyba gnało. Choć żal jej tak boli mnie, boli... Lecz już za późno, już się stało, I serce inną ukochało... Ha! A może łzy niedoli Gdy ją ujrzę, uspokoję... A potem precz! Precz! Jej łez się boję. Czemu mnie w chwilach samotnych owych, Gdy serce tęskni, gdy serce wre, Twarz jej zabłysła z warkoczów płowych, Uśmiech czarowny z ust koralowych, Spod rzęsów długich źrenice dwie? Czemu się dusza nagle wzburzyła, Jak rzeka, kiedy wicher u fal? Co mnie sierota biedna zrobiła, Aby ją rozpacz wieczna dręczyła, Bym ja zgryzotą, dzielił jej żal? SCENA 4 Janusz i Halka, wchodzi nie widząc go początkowo. Halka Jako od burzy krzew połamany, Tak się duszyczka stargała. Gdzieżeś, ach gdzieżeś, wianku różany, Gdzie w nim lilijko ty biała? Zabrał mi wszystko Jaśko mój sokół, Zabrał mnie całą niebogę. A ja go szukam, szukam naokół, A ja go znaleźć nie mogę. Gdzieżeś, ach gdzieżeś, o mój sokole, Gdzie moje słonko na jasnem niebie? Jak kłos, rzucony na puste pole, Tak zwiędnę, umrę bez ciebie. Odwraca się i spostrzegłszy go, z okrzykiem radości biegnie do niego i chwyta za rękę. O panie! Mnie Jontek mówił, Mnie Jontek smucił, Żeś ty mnie zgubił, Żeś mnie porzucił... A ja cię widzę! Ja głowę tulę Do twojej piersi. I ty tak czule, Jak dawniej na mnie spoglądasz się. O mój sokole, o słonko me! Janusz na stronie Przeklęta chwila! Ach! Jak tu kłamać, Gdy łza jej każda tak dręczy mnie! do Halki Próżne twe płacze, cierpienia twoje! Ja ciebie zgubić, ja cię porzucić? Tylko się oddal. Nie chciałbym stryja, Gdyby mnie z tobą ujrzał, zasmucić! Nie bój się, nie bój! Wola niczyja Z mojego serca nie wygna cię! Halka w uniesieniu O mój sokole, o słonko me! Janusz z lekka się odsuwa Uspokój się, uspokój się! Ja cię zapomnieć, ja cię porzucić! Opuszczaj prędzej te miejskie mury, Czekaj za miastem, nad Wisłą tam, Gdzie krzyż na drodze, koło figury, Ja przyjdę wraz, ja przyjdę sam... A potem wnet powrócić nam Do naszych gór. - Tam znowu nam Szczęście i raj... Halka Powtarza za nim radośnie. ...Do naszych gór i znowu nam Szczęście i raj! Janusz Z kim przyszłaś tu? Halka nie zważając O mój sokole! Janusz Z kim przyszłaś tu? Halka nie zważając, coraz radośniej O słonko moje! O dobry panie? Znowuś ten sam! Janusz nagląc Oddal się stąd! Ja przyjdę tam! Halka O panie! Janusz Oddal się stąd! Ja przyjdę sam! Halka O panie Dobry! Zawsze kochasz mnie... Janusz Uchodź stąd, błagam cię! Halka Prawda? Już mnie nie porzucisz! Wrócisz w nasze góry, wrócisz, Sokole mój! Nad rzeczułką ja usiędę I tak tęskno czekać będę Aż przylecisz wraz. Wtedy będziem zawsze społem, Zawsze z tobą, z mym sokołem, Chyba śmierć rozłączy nas! Janusz niespokojny Tak! Ja cię już nie porzucę, Wrócę w nasze góry, wrócę, Aniele mój! Nad rzeczułką ty usiędziesz, I tak czekać, czekać będziesz, Aż powrócę wraz. Wtedy będziem znowu społem, Znowu z tobą, z mym aniołem, Chyba śmierć rozłączy nas! Przycisnąwszy ją do serca, wyprowadza do ogrodu, zamyka wszystkie trzy podwoje i zadumany idzie do sali. Goście zatrzymują go we drzwiach. SCENA 5 Janusz i goście. Jedni Gdzieżeś, gdzieżeś, panie młody? Hulać trzeba, kiedy gody! Janusz z przymusem Służę wam, służę... Drudzy obstępując go, ciszej W czepkuś zrodzon, panie bracie, Cudna Zosia, jakby skra. Janusz zadumany, podając im rękę Dzięki, dzięki! Kilku Winszujecie, rozprawiacie, A kapela gra i gra... SCENA 6 Ciż, Stolnik. Trzyma Zofię pod rękę. Dziemba z dzbanem srebrnym i jeden z gości, który trzyma w ręku olbrzymi roztruchan Zygmuntowski. We drzwiach od sali ukazuje się kilka kobiet. Chór w ukłonach do Stolnika Oj Stolniku! Spocząć czas! Waszmość nic nam nie folguje. Karmi, poi, podejmuje Po królewsku nas. Jeden z gości Wychyliwszy roztruchan, oddaje go Dziembie. Przezacnego domu zdrowie! Chór Oj Stolniku! Spocząć czas! Waszmość nic nam nie folguje. Karmi, poi, podejmuje Po królewsku nas. Drugi z gości do którego pił poprzedzający I przezacnej koligacji!... Stolnik Wzruszony, puszcza rękę Zofii, kłaniając się wszystkim od serca czapką. O mościwi mi panowie! W istnej błąka alteracji Moich wdzięków przedsięwzięcie, Że was tylu w tym momencie Rzuca splendor na mój domek! ze łzami Żeście tak do serca wzięli, Iż jedyny ów potomek Mego rodu po kądzieli, W moim, panie, wdowim stanie, Wkrótce ojca osamotni, Gdy połączy się z Januszem... Janusz i Zofia Chylą mu się do nóg. Ojcze drogi! Stolnik Podnosi ich. Córko moja, moje dzieci! do gości weselej Więc waszmoście, gdy ochotni, Prosim dalej z animuszem! ChórWiwat! Wiwat! Stolnik ochoczo A z młodzieży, kto mi wierzy, Kto mnie kocha, hop w obcasy! Do różańca i do tańca! Jak bywało w dawne czasy. Chór Wiwat! Wiwat! Dziemba z cicha do Stolnika Cny Stolniku! A dyć w sali, Jakby w łaźni tak siarczyście! Gdyby i tu popląsali! Stolnik Mój Dziembuniu, oczywiście! Dobrą radę Waść udziela! Dziemba we drzwiach sali Z mazowiecka! Rżnij kapela! Słychać muzykę z sali, grającą mazura; wpadają tańczące pary. Dziemba obchodzi z dzbanem, który mu służba napełnia, i z kielichem. Po każdym toaście słychać wiwat! Stolnik z Zofią i kilku gośćmi siadają. Janusz za nimi stoi zadumany. Zasłona spada. AKT I W mieście, w domu Stolnika. Boczna sala. W głębi troje wysokich drzwi szklanych, wychodzących na ogród, po jednej stronie widzów widać uchylone drzwi do sali balowej, po drugiej stół, przy którym goście, ucztujący ze Stolnikiem; Dziemba, krzątając się napełnia puchary. Z sali balowej, rzęsiście oświetlonej, inni goście wychodzą w parach poloneza i krążą po scenie. SCENA 1 Stolnik, Dziemba i chór gości. Dziemba Niechaj żyje para młoda, Przy zaręczyn tych obrzędzie! Wieczna miłość, wieczna zgoda W młodem stadle niechaj będzie! Wszak ci to się dwa klejnoty, Starodawnej godła cnoty, W jedno godło dzisiaj wiążą Pomian, panie, z Odrowążą! Chór Wiwat, Wiwat! - Para młoda! Ciągła miłość, ciągła zgoda, Niechaj nie opuszcza cię! Starodawne dwa klejnoty, Godła męstwa, godła cnoty, Chlubnie dziś jednoczą się. Dziemba i chór Spojrzyj na nich, aż drży dusza, Jaka u nich godność równa! Jak stworzona dla Janusza, Nasza Zofia Stolnikówna! Kilku z gości A oboje równi stanem, Jak urodą, tak i wianem. Niech im szczęście pasmo wije! Niechaj żyją! Niechaj żyje Cny Odrowąż z cnym Pomianem! Stolnik Panom braciom dzięki nasze! Ich życzliwość dobrze znam, Górą czasze! Zdrowie wasze! Kochajmy się! Chór Szczęście wam! Dziemba z chórem odchodzą, krzycząc jeszcze Niech żyje! SCENA 2 Stolnik, Zofia i Janusz wchodząc z sali. Janusz Pobłogosław, ojcze panie! Bo już cię tak nazwać śmiem. Zofia Twoja dobroć to wybrała, Co ją pieszczę w sercu mem. razem Pobłogosław ojcze panie! Oto prośba nasza cała. Stolnik Już serc waszych związek błogi Dawno moja chęć uznała. Zofia i Janusz Pobłogosław, ojcze drogi! Stolnik błogosławiąc Niech więc wola Twoja Panie, Ojcze z niebios, stanie się! Słychać za sceną śpiew. Jako od wichru krzew połamany, Tak się duszyczka stargała. Zofia Co to za glos? śpiew za sceną Gdzieżeś, ach gdzieżeś wianku różany, Gdzie w nim lilijko ty biała? Zofia Jaki stroskany! Januszu! Czy nie znasz go? śpiew za sceną Zabrał mi wszystko Jaśko, mój sokół, Zabrał mnie całą niebogę... Janusz zmieszany do Zofii Nie znam, nie wiem... na stronie Biedna dziewka! Cóż przywiodło tutaj ją? śpiew za sceną A ja go szukam, szukam naokół, A ja go znaleźć nie mogę... Stolnik Czyjaż w mym ogrodzie śpiewka O tej porze? Dziwne to! Janusz na stronie To głos Halki. Skąd ta dziewka Tu się zjawia z śpiewką tą? Może znowu obłąkana... Zofia O Januszu! Co to znaczy Ten śpiew żalu, śpiew rozpaczy? Stolnik A to śmiałość niesłychana! Chce iść do ogrodu, Janusz go wstrzymuje. Janusz wzruszony, do Zofii O tak! Drogi mój aniele! Tej piosenki dźwięk powiada Gdy nam radość i wesele, Dla niej smutek, dla niej biada! Głos niedoli znam, Ja zobaczę sam! Zofia do siebie Jakaż radość i wesele, Jakiż urok sercem włada! Że on dobry, że tak wiele Go obchodzi ludzka biada. Głos niedoli tam, Co zatęsknił nam. Stolnik Tej śmiałości już za wiele! Ale gdy to jęczy, biada! Oto wesprzeć ją wypada, Słusznie, słusznie! Nam wesele, A niedola tam! Idź zobaczyć sam! Odchodzi z Zofią, która z uwielbieniem spogląda na Janusza. SCENA 3 Janusz sam smutny i niespokojny Skąd tu przybyła mimo mej woli? To piekło ją chyba gnało. Choć żal jej tak boli mnie, boli... Lecz już za późno, już się stało, I serce inną ukochało... Ha! A może łzy niedoli Gdy ją ujrzę, uspokoję... A potem precz! Precz! Jej łez się boję. Czemu mnie w chwilach samotnych owych, Gdy serce tęskni, gdy serce wre, Twarz jej zabłysła z warkoczów płowych, Uśmiech czarowny z ust koralowych, Spod rzęsów długich źrenice dwie? Czemu się dusza nagle wzburzyła, Jak rzeka, kiedy wicher u fal? Co mnie sierota biedna zrobiła, Aby ją rozpacz wieczna dręczyła, Bym ja zgryzotą, dzielił jej żal? SCENA 4 Janusz i Halka, wchodzi nie widząc go początkowo. Halka Jako od burzy krzew połamany, Tak się duszyczka stargała. Gdzieżeś, ach gdzieżeś, wianku różany, Gdzie w nim lilijko ty biała? Zabrał mi wszystko Jaśko mój sokół, Zabrał mnie całą niebogę. A ja go szukam, szukam naokół, A ja go znaleźć nie mogę. Gdzieżeś, ach gdzieżeś, o mój sokole, Gdzie moje słonko na jasnem niebie? Jak kłos, rzucony na puste pole, Tak zwiędnę, umrę bez ciebie. Odwraca się i spostrzegłszy go, z okrzykiem radości biegnie do niego i chwyta za rękę. O panie! Mnie Jontek mówił, Mnie Jontek smucił, Żeś ty mnie zgubił, Żeś mnie porzucił... A ja cię widzę! Ja głowę tulę Do twojej piersi. I ty tak czule, Jak dawniej na mnie spoglądasz się. O mój sokole, o słonko me! Janusz na stronie Przeklęta chwila! Ach! Jak tu kłamać, Gdy łza jej każda tak dręczy mnie! do Halki Próżne twe płacze, cierpienia twoje! Ja ciebie zgubić, ja cię porzucić? Tylko się oddal. Nie chciałbym stryja, Gdyby mnie z tobą ujrzał, zasmucić! Nie bój się, nie bój! Wola niczyja Z mojego serca nie wygna cię! Halka w uniesieniu O mój sokole, o słonko me! Janusz z lekka się odsuwa Uspokój się, uspokój się! Ja cię zapomnieć, ja cię porzucić! Opuszczaj prędzej te miejskie mury, Czekaj za miastem, nad Wisłą tam, Gdzie krzyż na drodze, koło figury, Ja przyjdę wraz, ja przyjdę sam... A potem wnet powrócić nam Do naszych gór. - Tam znowu nam Szczęście i raj... Halka Powtarza za nim radośnie. ...Do naszych gór i znowu nam Szczęście i raj! Janusz Z kim przyszłaś tu? Halka nie zważając O mój sokole! Janusz Z kim przyszłaś tu? Halka nie zważając, coraz radośniej O słonko moje! O dobry panie? Znowuś ten sam! Janusz nagląc Oddal się stąd! Ja przyjdę tam! Halka O panie! Janusz Oddal się stąd! Ja przyjdę sam! Halka O panie Dobry! Zawsze kochasz mnie... Janusz Uchodź stąd, błagam cię! Halka Prawda? Już mnie nie porzucisz! Wrócisz w nasze góry, wrócisz, Sokole mój! Nad rzeczułką ja usiędę I tak tęskno czekać będę Aż przylecisz wraz. Wtedy będziem zawsze społem, Zawsze z tobą, z mym sokołem, Chyba śmierć rozłączy nas! Janusz niespokojny Tak! Ja cię już nie porzucę, Wrócę w nasze góry, wrócę, Aniele mój! Nad rzeczułką ty usiędziesz, I tak czekać, czekać będziesz, Aż powrócę wraz. Wtedy będziem znowu społem, Znowu z tobą, z mym aniołem, Chyba śmierć rozłączy nas! Przycisnąwszy ją do serca, wyprowadza do ogrodu, zamyka wszystkie trzy podwoje i zadumany idzie do sali. Goście zatrzymują go we drzwiach. SCENA 5 Janusz i goście. Jedni Gdzieżeś, gdzieżeś, panie młody? Hulać trzeba, kiedy gody! Janusz z przymusem Służę wam, służę... Drudzy obstępując go, ciszej W czepkuś zrodzon, panie bracie, Cudna Zosia, jakby skra. Janusz zadumany, podając im rękę Dzięki, dzięki! Kilku Winszujecie, rozprawiacie, A kapela gra i gra... SCENA 6 Ciż, Stolnik. Trzyma Zofię pod rękę. Dziemba z dzbanem srebrnym i jeden z gości, który trzyma w ręku olbrzymi roztruchan Zygmuntowski. We drzwiach od sali ukazuje się kilka kobiet. Chór w ukłonach do Stolnika Oj Stolniku! Spocząć czas! Waszmość nic nam nie folguje. Karmi, poi, podejmuje Po królewsku nas. Jeden z gości Wychyliwszy roztruchan, oddaje go Dziembie. Przezacnego domu zdrowie! Chór Oj Stolniku! Spocząć czas! Waszmość nic nam nie folguje. Karmi, poi, podejmuje Po królewsku nas. Drugi z gości do którego pił poprzedzający I przezacnej koligacji!... Stolnik Wzruszony, puszcza rękę Zofii, kłaniając się wszystkim od serca czapką. O mościwi mi panowie! W istnej błąka alteracji Moich wdzięków przedsięwzięcie, Że was tylu w tym momencie Rzuca splendor na mój domek! ze łzami Żeście tak do serca wzięli, Iż jedyny ów potomek Mego rodu po kądzieli, W moim, panie, wdowim stanie, Wkrótce ojca osamotni, Gdy połączy się z Januszem... Janusz i Zofia Chylą mu się do nóg. Ojcze drogi! Stolnik Podnosi ich. Córko moja, moje dzieci! do gości weselej Więc waszmoście, gdy ochotni, Prosim dalej z animuszem! ChórWiwat! Wiwat! Stolnik ochoczo A z młodzieży, kto mi wierzy, Kto mnie kocha, hop w obcasy! Do różańca i do tańca! Jak bywało w dawne czasy. Chór Wiwat! Wiwat! Dziemba z cicha do Stolnika Cny Stolniku! A dyć w sali, Jakby w łaźni tak siarczyście! Gdyby i tu popląsali! Stolnik Mój Dziembuniu, oczywiście! Dobrą radę Waść udziela! Dziemba we drzwiach sali Z mazowiecka! Rżnij kapela! Słychać muzykę z sali, grającą mazura; wpadają tańczące pary. Dziemba obchodzi z dzbanem, który mu służba napełnia, i z kielichem. Po każdym toaście słychać wiwat! Stolnik z Zofią i kilku gośćmi siadają. Janusz za nimi stoi zadumany. Zasłona spada. Moniuszko,Stanisław/Halka/II
https://w.atwiki.jp/fallout_jp/pages/740.html
# (385) Leader of the Skulz gang in Junktown {1099}{}{?} {1199}{}{} # TRANSLATION NOTES # Vinnie is a gang leader, who is young and ruthless. He tries to sound tough # and is quite mean. He only respects people who are as ruthless and violent as # himself. #{100}{}{You see Vinnie from the Skulz gang.} #{101}{}{You see a young man with a tattoo and a bad attitude.} {100}{}{ ギ ャ ン グ 団 Skulz の Vinnie だ} {101}{}{ 墨 を 入 れ た 若 い 男 だ 。 態 度 が 悪 い} #{103}{}{You re on Skulz turf, stranger. You d better talk quick.} #{102}{}{I d like to join you guys.} #{104}{}{Sorry, wrong room.} #{105}{}{Skulz? Who are you guys?} #{106}{}{Urgh?} {103}{}{ 他所もんよ、ここはSkulzのシマだ。話があるならさっさと済ませ ろ。} {102}{}{ 仲間になりたいんだが。} {104}{}{ 失礼、部屋を間違えた。} {105}{}{ Skulz?一体何者だ?} {106}{}{ あうー?} #{107}{}{Yeah, you bet this is the wrong room!} {107}{}{ ああ、間違いなく違う部屋だな!} #{108}{}{We are the one and only Junktown gang. We have the run of the streets, # and we rule the city at night.} #{109}{}{Oh. Sorry. Bye.} #{110}{}{You couldn t run the schoolyard, Chromo.} #{111}{}{I thought this city was run by Gizmo after hours.} {108}{}{ Junktownでギャングと言やあ俺たちのことだ。ストリートを シメてんのも夜の街を支配してんのも俺たちだ。} {109}{}{ あー、これは失礼。それでは。} {110}{}{ 学校の校庭すら支配できそうにないがな、ドチンピラが。} {111}{}{ 夕方以降この街を支配しているのはGizmoじゃなかったか。} #{112}{}{Get out of here, you moron!} {112}{}{ さっさと出て行け、アホが!} #{113}{}{That slob can t even stand up by himself. We re the muscle in this town. # We take what we want.} #{114}{}{I see.} #{115}{}{You have some sort of deal with Killian?} {113}{}{ あのキモ男は自分で立つことすらできんじゃないか。この街で実際に 力を持っているのは俺たちだ。欲しい物は手に入れるしな。} {114}{}{ なるほど。} {115}{}{ Killianとの間で何かあるのか?} #{116}{}{What?! You ll pay for that remark!} {116}{}{ 何ぃ?!言った事を後悔させてやんよ!} #{117}{}{We don t bother Killian and he doesn t bother us as long as we keep it # low-key. You get me?} #{118}{}{Yeah. Bye.} #{119}{}{I get it, all right. You have to hide out from him.} {117}{}{ わざわざKillianの厄介にはならない。向こうだって、こっち が大人しくしてればちょっかいを出してきたりしない。分かったか?} {118}{}{ ああ。それじゃ。} {119}{}{ なるほど、そういうことか。身を隠さないとダメなわけか。} #{120}{}{We don t take that from anybody, least of all Killian! Just because # he thinks he s a glorified sheriff doesn t mean that he controls the Skulz!} #{121}{}{Sorry, didn t mean to get you all riled up.} #{122}{}{So, he cramps your style, eh? Mine, too. In fact, I m thinking of # whacking him. You want in?} {120}{}{ 他人のこんな仕打ちは我慢ならん。とりわけKillianにやられ るとな!一応保安官でございって理由だけじゃあ、Skulzを取り 締まっていいことにはならんだろうが!} {121}{}{ すまない、ムカつかせるつもりはなかった。} {122}{}{ ほう、好きなようにやらせて貰えないってか?こっちもなんだ。実 は奴をバラそうかと思っている。一緒にどうだ?} #{123}{}{You want to whack Killian? Man, you re crazy. Man, I don t know . . . # all right, I m in.} {123}{}{ Killianをバラすだと?ケッ、いかれてやがる。あのなあ、そ もそも・・・いいだろう。俺もやる。} #{124}{}{You loser, you said we were going to whack Killian. Get out of here.} #{125}{}{C mon, let s dust Killian.} {124}{}{ この意気地なしが。Killianをバラしに行くんじゃなかったの か。さっさと失せろ。} {125}{}{ 行こうぜ。Killianを消してやろう。} #{126}{}{What do you want now?} #{127}{}{Nothing. Sorry.} {126}{}{ 今度は何の用だ?} {127}{}{ 何でもない。悪いな。} #{128}{}{I m looking for someone to help me take out Killian. The Skulz seemed like # a good prospect.} #{129}{}{Damn, I didn t think you d do it! The Skulz rule this town now! Woo!} #{130}{}{We ve been down this road before. You didn t have the balls then, so get # the hell out of here!} {128}{}{ 一緒にKillianを始末してくれる奴を探している。Skul zなら協力してくれるかと思ったんだが。} {129}{}{ マジでやるとは思わなかった!Skulzがこの街の支配者だ!ウォー!} {130}{}{ 前にも同じことがあったな。その時は根性なかったくせに。さっさと ここから出て行け!} #{131}{}{You want to join us, huh? How do we know you re tough enough to be a # Skul?} #{132}{}{I ll show you tough enough, you son of a bitch!} #{133}{}{Let me prove myself to you.} #{134}{}{Trust me, I m tough enough.} {131}{}{ 仲間になりたいだぁ?お前がSkulzに相応しいタフな奴かなんて どうすれば分かるってんだ?} {132}{}{ この場で分からせてやるよ、このクソ野郎が!} {133}{}{ 証明する機会をくれ。} {134}{}{ 信用しろ。ばっちりタフだって。} #{135}{}{[Vinnie looks at you and laughs.] I don t think so.} #{136}{}{I ll prove it to you.} #{137}{}{That s it. Time for you to die.} #{138}{}{You re right, I ll be leaving now.} #{139}{}{What makes the Skulz so tough?} {135}{}{ [Vinnieは君を見て笑った]そうは見えんなぁ。} {136}{}{ 証明してみせよう。} {137}{}{ もういいから死ね。} {138}{}{ そうだな。そろそろ帰るとするよ。} {139}{}{ Skulzはどうしてそんなにタフなんだ?} #{140}{}{[Vinnie thinks for a second.] If you want to prove you belong in the Skulz, # I want you to steal that old bastard s wife s ashes. Heh. [Vinnie mumbles] # Let s make Neal suffer for his last couple of hours . . .} #{141}{}{All right, I ll do it.} #{142}{}{No way.} #{143}{}{Uh, I don t think I could do that.} #{144}{}{I already stole it.} #{145}{}{That won t be as tough as you might think. I already killed the bastard.} {140}{}{ [一瞬考えて]どうしてもSkulzの一員になりたいんなら、あの クソジジイの嫁の遺灰でもパクってきてもらおうか。ヘヘッ。[呟き 声で]残り少ない人生、せいぜいNealの野郎を苦しませてやろう じゃねえか。} {141}{}{ 分かった。やろう。} {142}{}{ お断りだ。} {143}{}{ あー、それはちょっとできないな。} {144}{}{ もう盗んである。} {145}{}{ そんなことタフでも何でもない。既にあの野郎は殺した。} #{146}{}{If you re hard enough to do that, mebbe you d make a Skul after all. # Bring it here once you ve got it.} {146}{}{ きっちりやればSkulzになれるかもなー。手に入れたらここに持 って来い。} #{147}{}{I knew you weren t Skulz material. Get the hell out of here.} {147}{}{ だと思った。お前はSkulzには向いてない。さっさとここから失 せろ。} #{148}{}{You got it?} #{149}{}{Yep.} #{150}{}{No.} #{151}{}{I had to kill Neal to get it. He cried like a little girl.} {148}{}{ 手に入ったか?} {149}{}{ ああ。} {150}{}{いや。} {151}{}{ Nealを殺らないと手に入れられなかった。女の子みたいに泣い てやがったよ。} #{152}{}{Ha ha! Let that old cock suffer until we off him tonight - are you in?} #{153}{}{I decided I d rather not have anything to do with scabs like you.} #{154}{}{Let s crush him.} #{155}{}{I ve got some other shit to do before then - I ll meet you there.} {152}{}{ ハハッ!年寄りのコックめ、いいザマだ。ま、それも今晩俺たちに殺 されるまでだがな――お前も来るか?} {153}{}{ お前らのようなゴロツキとは一切関わらないことにした。} {154}{}{ ぶっ殺してやろうぜ。} {155}{}{ その前に他にやっておく事がある。現地で落ち合おう。} #{156}{}{What are you wasting my time for?} {156}{}{ なぜ俺に無駄な時間を使わせる?} #{157}{}{That ll show that old fuck. Thanks for taking care of him for us. # [Vinnie gets a tear in his eye.] You re a Skul, now.} {157}{}{ これであのクソジジイも思い知っただろう。奴を片付けてくれてあり がとう。[Vinnieは目に涙を湛えている]これでお前もSku lzの仲間だ。} #{158}{}{Uh, all right . . . meet us later, but don t take too long.} {158}{}{ んー、分かった・・・また後でな。だがあまり長くは待たせるなよ。} # float #{159}{}{Soon, Neal gets his, huh?} {159}{}{ もうすぐだ。Nealもこれで、な?} # float #{160}{}{We said we d be back, you old fuck!} #{162}{}{Fuck you, cop!} {160}{}{ また来るって言っておいたよなぁ、このクソジジイが!} {162}{}{ ヤベェ、お巡りだ!} #{161}{}{There s a large collection of people arriving at the bar . . .} {161}{}{ バーにものすごい数の人が押し寄せている。} # ll #{163}{}{You gain 400 experience points for stealing Neal s urn. The dead shall # never rest in peace.} #{164}{}{You gain 300 experience points for puttin a cap in Neal s ass, you Skul.} {163}{}{ 経 験 値 400 ポ イ ン ト を 得 た 。 Neal の つ ぼ を 盗 ん だ 。 死 者 が 安 ら か に 眠 る こ と は 決 し て な い だ ろ う} {164}{}{ 経 験 値 300 ポ イ ン ト を 得 た 。 Neal の ケ ツ に 1 キ ャ ッ プ 突 っ 込 ん で や っ た 。 全 く 、 こ の Skulz 野 郎 は} #{165}{}{You ready to take out Neal?} #{166}{}{Yeah, let s ice the bastard.} #{167}{}{Nah, I got some more stuff to do.} #{168}{}{No way. I want out.} {165}{}{ 準備いいか?Nealを殺るぞ。} {166}{}{ ああ。殺ってやろうぜ。} {167}{}{ いや、他にやることがある。} {168}{}{ お断りだ。抜けさせてもらう。} #{169}{}{It s too late for that, slick. When you re out, you re way out.} {169}{}{ 今更だな。抜けられると思ってんなら大間違いだ。} # float #{170}{}{We rule this town.} #{171}{}{Hey, bro, we rule this town!} {170}{}{ 俺たちがこの街の支配者だ!} {171}{}{ いよう、兄弟。ここは俺たちの街だ!}
https://w.atwiki.jp/oper/pages/1508.html
SCENA 4. Miecznik, Hanna, Jadwiga, Damazy i Cześnikowa. Miecznik wprowadzając Cześnikową To niespodzianka! Pani Cześnikowa Choć raz do roku o życzliwych pamięta! Cześnikowa witając się Witaj Mieczniku, jak się macie dziewczęta! Damazy z ukłonem Wszystkich opatrzność w dobrym zdrowiu chowa! Cześnikowa A! Pan Damazy! Ogląda się. Ale oni, gdzież oni? Czy przyjechali, czy obadwa już są? Chciałam uprzedzić, nie żałowałam koni. Jak się wam podobali? Miecznik Lecz kto? Cześnikowa Nie wiecie kto? Stolnikowicze! Miecznik żywo Co? Stolnikowicze! Synowie przyjaciela, Jakże ich widzieć, jak uściskać życzę. Hanna i Jadwiga Pan Zbigniew i pan Stefan. Cześnikowa Dzisiaj Mieczniku, doznasz tego wesela. Miecznik Dzisiaj! dzisiaj! do córek Czy słyszycie! dziś przybędą, wyśmienicie! do Damzego wesoło Śmiałbym się, gdybyś zyskał dwóch rywali! Damazy Niech ich w drodze piorun spali! Cześnikowa Nic z tego! Bratankowie mili Nie chcą poznać co kochanie. Wróciwszy z wojska postanowili, Do grobu trwać w bezżennym stanie! Miecznik W bezżennym stanie? Hanna Proszę uniżenie! Damazy do Hanny głośno Bardzo rozsądne postanowienie! Cześnikowa A potem, wiem ci ja Mieczniku, Czego serce twe wymaga. U ciebie trzyma prym odwaga, Na łowach lub w bojowym szyku. A oni, ach! choć moi krewni, Jacyś nie po męsku rzewni. Ani podobni do swego protoplasty, Zabobonni, trwożliwi, istne dwie niewiasty! Miecznik Co słyszę! pomnę tacy mali Już na zuchów zakrawali. Cześnikowa Ale nie w obecnej chwili... Gdym ich nagliła, by tu przybyli, Nie chcieli jechać! Miecznik zdziwiony Czemu? przez Boga! Cześnikowa Bo na myśl, że w Kalinowie, Dwór się strasznym dworem zowie, Śmieszna obydwu przejmowała trwoga! Damazy ze śmiechem Ha! ha! śliczni mi rywale! Miecznik Trudno uwierzyć... Hanna do Jadwigi śmiejąc się Doskonale! Mam wyborny w głowie żart! Szepce do ucha Jadwigi, potem śmieją się obie. Cześnikowa Teraz łatwiej ich oddalę... Miecznik do dziewcząt Takich zięciów nie chcę wcale! Tchórz mężczyzna diabła wart! SCENA 5 Ci sami, Skołuba i chór myśliwych. Chór Traf szczególny ha! ha! ha! Próżne gniewy, próżny krzyk, Któż dowiedzie czyj ten dzik, Wszakże były strzały dwa! Skołuba Ja zwaliłem dzika, ja! Z bryki palnął jakiś smyk, Palnął prawda, ale dzik, Moją kulę we łbie ma! Miecznik i Damazy Hej panowie, cicho sza! Nie rozumiem, taki krzyk, Jak uważam poległ dzik, Lecz co znaczy sprzeczka ta? Skołuba Psy zagrały, dzik pomyka, Ponad drogą pędzi blisko. Wprost na moje stanowisko, Aż z radości człowiek zbladł! Wtem na drodze staje bryka, Dzik szoruje, i dwa strzały Z dwóch szturmaków wraz zagrzmiały I odyniec w śniegu padł. Psy do dzika, ja do dzika, Bom jest pewny mego strzału, A panowie drwią pomału Żem spudłował, dowieść chcą. Człek bolesne żarty łyka, Lecz ponieważ w owej bryce, Zajechali tu szlachcice Dojdziem prawdy - otóż są! Przy końcu arii Zbigniew i Stefan wchodzą na scenę z głębi, a z prawej, zaciekawione gwarem kobiety. SCENA 6 Hanna, Jadwiga, Cześnikowa, Miecznik, Zbigniew, Stefan, Damazy, Skołuba, myśliwi, sąsiadki i domownice, na ostatku Maciej. Miecznik po chwili niemego powitania wchodzących Zbigniewa i Stefana Oh! Drodzy goście, jakże mi pożądany Uścisk potomków tego, com go kochał jak brata! Rozszerzcież się mojego domku ściany! do Zbigniewa i Stefana A wy przyjmijcie czym chata bogata. przedstawiając Tu córki moje, tu drużyna życzliwa, Rozgośćcież się, każdy wam będzie rad. Na wasz widok sił przybywa, Ze wspomnieniem lepszych lat! Zbigniew i Stefan z daleka witają ukłonem przedstawione osoby i Cześnikową. Po recytatywie Hanna, Jadwiga, Cześnikowa, Miecznik, Zbigniew i Stefan zbliżają się naprzód, Damzego zaś Skołuba i myśliwi rozmawiając, gestami zatrzymują w głębi. Gdy wchodzi Maciej, wtedy razem ze śpiewem osób będących na przodzie sceny rozpoczyna się w głębi sprzeczka między myśliwymi, którzy Damazego biorą za sędziego sprawy o dzika. Miecznik do Stefana i Zbigniewa Czy to w radosnej czy w smętnej doli, Z waszym rodzicem duszą złączeni, W jednąśmy życia dążyli kolej, Złe, dobre, biorąc na wspólny karb. Gdym go utracił, niechże w zamęcie, W mego żywota chłodnej jesieni, Braterskich synów serca wiośniane, Wrócą mi starej przyjaźni skarb! Zbigniew i Stefan patrząc na Hannę i Jadwigę W dziecięcych latach swobodnej doli, Pomnę, jak w jedno grono złączeni, Niewinnych zabaw wiedliśmy kolej, Składając psoty na obcy karb. Dziś dwie dziewice, kwiaty wiośniane, Widok nasz miesza, trwoży, rumieni, Czyż nam rumieniec niosą w zamianę, Za miłych wspomnień uroczy skarb? Hanna i Jadwiga przyłączając się do Stefana i Zbigniewa W dziecięcych latach swobodnej doli, Pomnę, jak w jedno grono złączeni, Niewinnych zabaw wiedliśmy kolej, Składając psoty na obcy karb. W niebezpieczeństwa znane, nie znane, Zbigniew i Stefan nieustraszeni Biegli dla żartu, czyż wierzyć w zmianę, Że dziś stracili odwagi skarb? Cześnikowa patrząc kolejno na bratanków, Hannę i Jadwigę Strach mię ogarnia pomimo woli, Młodzież się wspólnie jakoś rumieni. Łatwo polecieć w miłosną kolej, Lśniącą urokiem tęczowych farb... Lecz Skarbnikowej gdy słowo dane, Żaden się z żadną tu nie ożeni, Silnym oporem w drodze im stanę, Niewczesnych uczuć ocalę skarb! Chór kobiet patrząc na młodych Wzrok dopatruje pomimo woli, Jako się młodzież wspólnie rumieni, Łatwo im pobiec w miłosną kolej, Lśniącą urokiem tęczowych farb. Widząc tych spojrzeń trwożną zamianę, Można by wnosić z oczu promieni, Że wkrótce serca niepokalane, Wzajemnych uczuć zamienią skarb. Skołuba w głębi, do wchodzącego Macieja Mam waści, mam, Gadajże nam, Który to z was, Jadąc przez las, Gdy zwierz pomyka, Zemsta to dzika, Na ochotnika, Wypalił wraz? Przeklęty traf, Tnie dzik a więc, Ja zaraz paf! Ten także pęc! To źle kolego, Ot żarty biega, Że ty do niego, Masz więcej praw! Maciej ze śmiechem Czy przeczyć mam, Że to ja sam, Jadąc przez las W obławy czas, Gdy zwierz pomyka Z waścią do dzika Na ochotnika Palnąłem wraz. Zabawny traf, Tnie dzik a więc Wy zaraz, paf! Ja także, pęc! Ależ kolego, Choć żarty biega, Do zabitego Nie roszczę praw! Chór myśliwych do Skołuby Kłam wasze, kłam! do Macieja Ty powiedz nam, Który to z was, Jadąc przez las, Gdy zwierz pomyka, Z starym do dzika Na ochotnika Wypalił wraz. do Damazego Wyborny traf! Tnie dzik a więc, Skołuba. Paf! Ten także pęc! Gdy sprzeczki biega Sądźże pan tego, Kto z nich do niego Ma więcej praw!? Damazy do otaczających go myśliwych Ot! to mi kram, Mnie pilniej tam, Najdroższy czas Ucieka w las! Trwoga przenika Współzalotnika Czuję wśród nas! Gdy taki traf... A więc... a więc... Wyrwę i paf!... On także, pęc!... Poznasz kolego, Że ja od niego Do serca tego Mam więcej praw! Po śpiewie pachołek wchodzi z prawej i z poszanowaniem przemawia parę słów po cichu do Miecznika. Miecznik wesoło do myśliwych Hej, panowie dosyć kłótni, Dość myśliwskiej bałamutni, Do weselszych was zapasów Przy wieczerzy, proszę tam! ukazuje na prawo, po czym odzywa się do wszystkich. Pierwszy toast, w szczerej chęci Wychylimy ku pamięci ukazując Zbigniewa i Stefana Ich rodzica i tych czasów, Które wspomnieć słodko nam! W czasie powyższego recitatiwu, gdy Miecznik odszedł w głąb, Zbigniew i Stefan zbliżają się do Cześnikowej, Jadwigi i Hanny. Dziewczęta na ich powitanie odpowiadają ukłonem. Damazy wyrywa się z koła myśliwych i zbliżywszy się na przód sceny, spogląda zazdrośnie na Stefana i Zbigniewa, rozmawiających z dziewczętami i Cześnikową. Miecznik do Zbigniewa i Stefana A był to dzielny zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło nam wspak, Wytrwale znosił burze! Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta, I wiem, że tak Wychował synów dwóch. Zbigniew i Stefan Nasz rodzic był to zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło mu wspak Wytrwale znosił burze. Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta, I tak, oh tak, Wychował synów dwóch. Hanna i Jadwiga spoglądając ukradkiem na Zbigniewa i Stefana Badając postać, ruch, O trwożnej ich naturze, Ja coś na wspak Stryjenki słowom wróżę... Czy w nich niewieści duch Rzecz ciekawości warta... Wiem już, wiem jak poznamy, który zuch. Cześnikową Ach! sprzeciwieństwa duch Gotuje dla mnie burzę, Ja tak, on wspak... Coś niedobrego wróżę! Swatanie moje w puch... Obmowa nic nie warta... Czym tu i jak, Zniechęcić braci dwóch? Damazy Więc mam rywali dwóch... Lecz jeśli oba tchórze, Wiem już, wiem jak Obydwóch stąd wykurzę... Gdy w nich niemęski duch, Uciekną stąd do czarta, Och! Tak, tak, tak, Ich zamiar pójdzie w puch. Maciej rozglądając się W tym strasznym dworze ruch, Dziwaczny w swej naturze, Oj tak... Och! tak... Ja tu coś złego wróżę. patrząc na Skołubę I ten myśliwy zuch, Zakrawa mi na czarta. Jak stąd... ach jak Paniczów wyrwać dwóch!? Skołuba nie patrząc na Macieja Ten wlazł mi jak zły duch Myśliwskiej twej naturze, Już wiem, wiem jak Wybornie się przysłużę. Upoję cię za dwóch, Gdy łeb zamąci kwarta, Bierz broń i tak Traf dzika jeśliś zuch! Chór kobiet i myśliwych Ich rodzic był to zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło mu wspak, Wytrwale znosił burze. Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta. I znać, że tak Wychował synów dwóch. Miecznik podaje rękę Cześnikowej, Stefan Hannie, Zbigniew Jadwidze. Inni goście także łączą się w pary i na prawo przechodzą do drugiej komnaty. Damazy zły, że Stefan uprzedził go w podaniu ręki jednej a Zbigniew drugiej pannie, bierze Skołubę na stronę i szepce mu do ucha. Skołuba z wielką uciechą okazuje gestami gotowość spełnienia tego, co żąda Damazy i ze śmiechem wygraża odchodzącym Stefanowi i Zbigniewowi oraz stojącemu w głębi Maciejowi, nie dostrzegającemu tej groźby. Damazy odchodzi za innymi na prawo. Zasłona opada. SCENA 4. Miecznik, Hanna, Jadwiga, Damazy i Cześnikowa. Miecznik wprowadzając Cześnikową To niespodzianka! Pani Cześnikowa Choć raz do roku o życzliwych pamięta! Cześnikowa witając się Witaj Mieczniku, jak się macie dziewczęta! Damazy z ukłonem Wszystkich opatrzność w dobrym zdrowiu chowa! Cześnikowa A! Pan Damazy! Ogląda się. Ale oni, gdzież oni? Czy przyjechali, czy obadwa już są? Chciałam uprzedzić, nie żałowałam koni. Jak się wam podobali? Miecznik Lecz kto? Cześnikowa Nie wiecie kto? Stolnikowicze! Miecznik żywo Co? Stolnikowicze! Synowie przyjaciela, Jakże ich widzieć, jak uściskać życzę. Hanna i Jadwiga Pan Zbigniew i pan Stefan. Cześnikowa Dzisiaj Mieczniku, doznasz tego wesela. Miecznik Dzisiaj! dzisiaj! do córek Czy słyszycie! dziś przybędą, wyśmienicie! do Damzego wesoło Śmiałbym się, gdybyś zyskał dwóch rywali! Damazy Niech ich w drodze piorun spali! Cześnikowa Nic z tego! Bratankowie mili Nie chcą poznać co kochanie. Wróciwszy z wojska postanowili, Do grobu trwać w bezżennym stanie! Miecznik W bezżennym stanie? Hanna Proszę uniżenie! Damazy do Hanny głośno Bardzo rozsądne postanowienie! Cześnikowa A potem, wiem ci ja Mieczniku, Czego serce twe wymaga. U ciebie trzyma prym odwaga, Na łowach lub w bojowym szyku. A oni, ach! choć moi krewni, Jacyś nie po męsku rzewni. Ani podobni do swego protoplasty, Zabobonni, trwożliwi, istne dwie niewiasty! Miecznik Co słyszę! pomnę tacy mali Już na zuchów zakrawali. Cześnikowa Ale nie w obecnej chwili... Gdym ich nagliła, by tu przybyli, Nie chcieli jechać! Miecznik zdziwiony Czemu? przez Boga! Cześnikowa Bo na myśl, że w Kalinowie, Dwór się strasznym dworem zowie, Śmieszna obydwu przejmowała trwoga! Damazy ze śmiechem Ha! ha! śliczni mi rywale! Miecznik Trudno uwierzyć... Hanna do Jadwigi śmiejąc się Doskonale! Mam wyborny w głowie żart! Szepce do ucha Jadwigi, potem śmieją się obie. Cześnikowa Teraz łatwiej ich oddalę... Miecznik do dziewcząt Takich zięciów nie chcę wcale! Tchórz mężczyzna diabła wart! SCENA 5 Ci sami, Skołuba i chór myśliwych. Chór Traf szczególny ha! ha! ha! Próżne gniewy, próżny krzyk, Któż dowiedzie czyj ten dzik, Wszakże były strzały dwa! Skołuba Ja zwaliłem dzika, ja! Z bryki palnął jakiś smyk, Palnął prawda, ale dzik, Moją kulę we łbie ma! Miecznik i Damazy Hej panowie, cicho sza! Nie rozumiem, taki krzyk, Jak uważam poległ dzik, Lecz co znaczy sprzeczka ta? Skołuba Psy zagrały, dzik pomyka, Ponad drogą pędzi blisko. Wprost na moje stanowisko, Aż z radości człowiek zbladł! Wtem na drodze staje bryka, Dzik szoruje, i dwa strzały Z dwóch szturmaków wraz zagrzmiały I odyniec w śniegu padł. Psy do dzika, ja do dzika, Bom jest pewny mego strzału, A panowie drwią pomału Żem spudłował, dowieść chcą. Człek bolesne żarty łyka, Lecz ponieważ w owej bryce, Zajechali tu szlachcice Dojdziem prawdy - otóż są! Przy końcu arii Zbigniew i Stefan wchodzą na scenę z głębi, a z prawej, zaciekawione gwarem kobiety. SCENA 6 Hanna, Jadwiga, Cześnikowa, Miecznik, Zbigniew, Stefan, Damazy, Skołuba, myśliwi, sąsiadki i domownice, na ostatku Maciej. Miecznik po chwili niemego powitania wchodzących Zbigniewa i Stefana Oh! Drodzy goście, jakże mi pożądany Uścisk potomków tego, com go kochał jak brata! Rozszerzcież się mojego domku ściany! do Zbigniewa i Stefana A wy przyjmijcie czym chata bogata. przedstawiając Tu córki moje, tu drużyna życzliwa, Rozgośćcież się, każdy wam będzie rad. Na wasz widok sił przybywa, Ze wspomnieniem lepszych lat! Zbigniew i Stefan z daleka witają ukłonem przedstawione osoby i Cześnikową. Po recytatywie Hanna, Jadwiga, Cześnikowa, Miecznik, Zbigniew i Stefan zbliżają się naprzód, Damzego zaś Skołuba i myśliwi rozmawiając, gestami zatrzymują w głębi. Gdy wchodzi Maciej, wtedy razem ze śpiewem osób będących na przodzie sceny rozpoczyna się w głębi sprzeczka między myśliwymi, którzy Damazego biorą za sędziego sprawy o dzika. Miecznik do Stefana i Zbigniewa Czy to w radosnej czy w smętnej doli, Z waszym rodzicem duszą złączeni, W jednąśmy życia dążyli kolej, Złe, dobre, biorąc na wspólny karb. Gdym go utracił, niechże w zamęcie, W mego żywota chłodnej jesieni, Braterskich synów serca wiośniane, Wrócą mi starej przyjaźni skarb! Zbigniew i Stefan patrząc na Hannę i Jadwigę W dziecięcych latach swobodnej doli, Pomnę, jak w jedno grono złączeni, Niewinnych zabaw wiedliśmy kolej, Składając psoty na obcy karb. Dziś dwie dziewice, kwiaty wiośniane, Widok nasz miesza, trwoży, rumieni, Czyż nam rumieniec niosą w zamianę, Za miłych wspomnień uroczy skarb? Hanna i Jadwiga przyłączając się do Stefana i Zbigniewa W dziecięcych latach swobodnej doli, Pomnę, jak w jedno grono złączeni, Niewinnych zabaw wiedliśmy kolej, Składając psoty na obcy karb. W niebezpieczeństwa znane, nie znane, Zbigniew i Stefan nieustraszeni Biegli dla żartu, czyż wierzyć w zmianę, Że dziś stracili odwagi skarb? Cześnikowa patrząc kolejno na bratanków, Hannę i Jadwigę Strach mię ogarnia pomimo woli, Młodzież się wspólnie jakoś rumieni. Łatwo polecieć w miłosną kolej, Lśniącą urokiem tęczowych farb... Lecz Skarbnikowej gdy słowo dane, Żaden się z żadną tu nie ożeni, Silnym oporem w drodze im stanę, Niewczesnych uczuć ocalę skarb! Chór kobiet patrząc na młodych Wzrok dopatruje pomimo woli, Jako się młodzież wspólnie rumieni, Łatwo im pobiec w miłosną kolej, Lśniącą urokiem tęczowych farb. Widząc tych spojrzeń trwożną zamianę, Można by wnosić z oczu promieni, Że wkrótce serca niepokalane, Wzajemnych uczuć zamienią skarb. Skołuba w głębi, do wchodzącego Macieja Mam waści, mam, Gadajże nam, Który to z was, Jadąc przez las, Gdy zwierz pomyka, Zemsta to dzika, Na ochotnika, Wypalił wraz? Przeklęty traf, Tnie dzik a więc, Ja zaraz paf! Ten także pęc! To źle kolego, Ot żarty biega, Że ty do niego, Masz więcej praw! Maciej ze śmiechem Czy przeczyć mam, Że to ja sam, Jadąc przez las W obławy czas, Gdy zwierz pomyka Z waścią do dzika Na ochotnika Palnąłem wraz. Zabawny traf, Tnie dzik a więc Wy zaraz, paf! Ja także, pęc! Ależ kolego, Choć żarty biega, Do zabitego Nie roszczę praw! Chór myśliwych do Skołuby Kłam wasze, kłam! do Macieja Ty powiedz nam, Który to z was, Jadąc przez las, Gdy zwierz pomyka, Z starym do dzika Na ochotnika Wypalił wraz. do Damazego Wyborny traf! Tnie dzik a więc, Skołuba. Paf! Ten także pęc! Gdy sprzeczki biega Sądźże pan tego, Kto z nich do niego Ma więcej praw!? Damazy do otaczających go myśliwych Ot! to mi kram, Mnie pilniej tam, Najdroższy czas Ucieka w las! Trwoga przenika Współzalotnika Czuję wśród nas! Gdy taki traf... A więc... a więc... Wyrwę i paf!... On także, pęc!... Poznasz kolego, Że ja od niego Do serca tego Mam więcej praw! Po śpiewie pachołek wchodzi z prawej i z poszanowaniem przemawia parę słów po cichu do Miecznika. Miecznik wesoło do myśliwych Hej, panowie dosyć kłótni, Dość myśliwskiej bałamutni, Do weselszych was zapasów Przy wieczerzy, proszę tam! ukazuje na prawo, po czym odzywa się do wszystkich. Pierwszy toast, w szczerej chęci Wychylimy ku pamięci ukazując Zbigniewa i Stefana Ich rodzica i tych czasów, Które wspomnieć słodko nam! W czasie powyższego recitatiwu, gdy Miecznik odszedł w głąb, Zbigniew i Stefan zbliżają się do Cześnikowej, Jadwigi i Hanny. Dziewczęta na ich powitanie odpowiadają ukłonem. Damazy wyrywa się z koła myśliwych i zbliżywszy się na przód sceny, spogląda zazdrośnie na Stefana i Zbigniewa, rozmawiających z dziewczętami i Cześnikową. Miecznik do Zbigniewa i Stefana A był to dzielny zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło nam wspak, Wytrwale znosił burze! Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta, I wiem, że tak Wychował synów dwóch. Zbigniew i Stefan Nasz rodzic był to zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło mu wspak Wytrwale znosił burze. Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta, I tak, oh tak, Wychował synów dwóch. Hanna i Jadwiga spoglądając ukradkiem na Zbigniewa i Stefana Badając postać, ruch, O trwożnej ich naturze, Ja coś na wspak Stryjenki słowom wróżę... Czy w nich niewieści duch Rzecz ciekawości warta... Wiem już, wiem jak poznamy, który zuch. Cześnikową Ach! sprzeciwieństwa duch Gotuje dla mnie burzę, Ja tak, on wspak... Coś niedobrego wróżę! Swatanie moje w puch... Obmowa nic nie warta... Czym tu i jak, Zniechęcić braci dwóch? Damazy Więc mam rywali dwóch... Lecz jeśli oba tchórze, Wiem już, wiem jak Obydwóch stąd wykurzę... Gdy w nich niemęski duch, Uciekną stąd do czarta, Och! Tak, tak, tak, Ich zamiar pójdzie w puch. Maciej rozglądając się W tym strasznym dworze ruch, Dziwaczny w swej naturze, Oj tak... Och! tak... Ja tu coś złego wróżę. patrząc na Skołubę I ten myśliwy zuch, Zakrawa mi na czarta. Jak stąd... ach jak Paniczów wyrwać dwóch!? Skołuba nie patrząc na Macieja Ten wlazł mi jak zły duch Myśliwskiej twej naturze, Już wiem, wiem jak Wybornie się przysłużę. Upoję cię za dwóch, Gdy łeb zamąci kwarta, Bierz broń i tak Traf dzika jeśliś zuch! Chór kobiet i myśliwych Ich rodzic był to zuch, Podobny lwiej naturze, Gdy szło mu wspak, Wytrwale znosił burze. Wśród boju rąbał w puch, Nie lękał się choć czarta. I znać, że tak Wychował synów dwóch. Miecznik podaje rękę Cześnikowej, Stefan Hannie, Zbigniew Jadwidze. Inni goście także łączą się w pary i na prawo przechodzą do drugiej komnaty. Damazy zły, że Stefan uprzedził go w podaniu ręki jednej a Zbigniew drugiej pannie, bierze Skołubę na stronę i szepce mu do ucha. Skołuba z wielką uciechą okazuje gestami gotowość spełnienia tego, co żąda Damazy i ze śmiechem wygraża odchodzącym Stefanowi i Zbigniewowi oraz stojącemu w głębi Maciejowi, nie dostrzegającemu tej groźby. Damazy odchodzi za innymi na prawo. Zasłona opada. Moniuszko,Stanisław/Straszny dwór/III-1
https://w.atwiki.jp/hmiku/pages/44958.html
【登録タグ O VOCALOID つきみぐー、 よぴー 初音ミク 曲 沢寄Sawaki】 作詞:つきみぐー、 作曲:つきみぐー、、沢寄Sawaki 編曲:つきみぐー、 唄:初音ミク 曲紹介 Oh, My Jennie 教えて Guitar:沢寄Sawaki Bass:sEven Drums:宇峰 Mix / Mastering / VOCALOID Edit YoP Illust / Movie : あわね アプリゲーム「ラブライブ!スクールアイドルフェスティバル」の登場キャラクターであるジェニファーがモチーフになっていると思われる。彼女について書いた曲であること、彼女の誕生日にMVを公開したことなどをツイートしている。 本人歌唱版も投稿されている。 歌詞 (動画より書き起こし) 柘榴色の空 重ねた手のひら 戸惑いながら平気装う 口から出たのは分かりづらい言葉 ほら 頭では気付いているのに 潤んだ瞳に吸い込まれそうで Oh, My Jennie 教えて 処方箋なんて効かない 広範囲に侵された僕の心 その理由と病名 断片的プロローグ 進行度は not Feel so good? アイデアルエピローグ 目指し描く 僕らの未来地図を 争い事の無い世界へ共に行こうか ほら ここからかなり歩くことは 明日は晴れかなんてくだらない台詞で誤魔化してる Oh, My Jennie 聞かせて あの日辿った奇跡を クエスチョンで伏せられた 澄みきったその唯一無二の声で 途切れたダイアログ 焦っては次を急ぐ 支離滅裂モノローグ それでいいさ ありのままでいいのさ Oh, My Jennie 教えて 処方箋なんて効かない 広範囲に侵された僕の心 その理由と病名 断片的プロローグ 進行度は not Feel so good? アイノアルエピローグ 目指し歩む 未来地図の彼方へ コメント 名前 コメント
https://w.atwiki.jp/thecockrockshockpop/pages/782.html
http //www.bonniepink.jp/ One Chain One 2009年5月13日 ( m01 ) 1. Won t Let You Go / 2. フューシャ フューシャ フューシャ / 3. Princess Incognito / 4. Joy / 5. 妄想 Lover / 6. 鐘を鳴らして / 7. One Last Time / 8. Rock You Till The Dawn / 9. Fed Up [ feat. Craig David ] / 10. Play Pause / 11. 秘密 / 12. Try Me Out / 13. Happy Ending / 14. Get On The Bus / 15. Ring A Bell [ bonus track ] Chain 2008年11月26日 1. Chain 2. Wonderful Christmas Time 3. I Saw Mommy Kissing Santa Claus 4. Let It Snow 5. Chain ~ The Birth Cry ~ 6. The Christmas Song ( with 渡辺香津美 ) produced by 冨田恵一 #1, 宮川弾 #2, Curly Giraff #3, 鈴木正人 #4, BONNIE PINK #5
https://w.atwiki.jp/utauta/pages/150.html
BonniePinkLast Kiss BONNIE PINKAnything For You BONNIE PINKA Perfect Sky BONNIE PINKSo Wonderful BONNIE PINKWater Me BonniePinkLast Kiss BONNIE PINKAnything For You BONNIE PINKA Perfect Sky BONNIE PINKSo Wonderful BONNIE PINKWater Me BonniePinkLast Kiss BONNIE PINKAnything For You BONNIE PINKA Perfect Sky BONNIE PINKSo Wonderful BONNIE PINKWater Me
https://w.atwiki.jp/mcmaster/pages/93.html
日本インター (NIEC) 日本インター製品のマーキングコード一覧です。 同社は2016年8月1日付けで京セラに吸収合併されました。 マーキングコードは同じでも製品型番が異なるものもありますので外形、特性などをデータシートで比べることをおすすめします。 メーカーのwebサイトなど(web site,etc) 京セラ ディスクリート製品 (Japanese) KYOCERA Discretes product(English) 日本インター マーキング仕様 2015年(Japanese/English)(Internet archive) Example EA60QC03LShottky barrier diode マーキングコードリスト MARKINGCODE PART No.Grade etc. MAKER PACKAGENAME MAKERPACKAGE NAME PINCOUNT etc. 1DQ04** 11DQ04 NIEC AXIAL AXIAL- 2 Schottky barrier diode (SBD).1A Avg,40V N **30Q03L EA30QS03L-F NIEC TO-252 Dpak 3(4) Schottky barrier diode3A avg.30V. N **60QC03L EA60QC03L-F NIEC TO-252 Dpak 3(4) Schottky barrier diode6A avg.30V. A4** EC10DA40 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Standard recovery diode.1A avg.400V. D1** EC10DS1 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Standard recovery diode.1A avg.100V. D2** EC10DS2 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Standard recovery diode.1A avg.200V. D4** EC10DS4 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Standard recovery diode.1A avg.400V. F2** EC11FS2 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 FRED.1A avg.200V. F4** EC11FS4 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 FRED.1A avg.400V. H3** EC30HA03L NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.30V. H4** EC30HA04 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.40V. L2** EC30LB02 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.20V. L3** EC10LA03 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.30V. M1** EC10UA20 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 FRED.1A avg.200V. M2** EC10UA40 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 FRED.1A avg.400V. P3** EC20QSA035 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.35V. P3** EC30QSA035 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.35V. P4** EC20QSA045 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.45V. P4** EC30QSA045 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.45V. P6** EC20QSA065 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.65V. P6** EC30QSA065 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.65V. S0** EC10QS10 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.100V. S3** EC10QS03L NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.30V. S4** EC10QS04 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.40V. S6** EC10QS06 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.60V. S9** EC10QS09 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.1A avg.90V. T1** EC31QS03L NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 3 Schottky barrier diode3A avg.30V. T1** EC21QS03L NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.30V. T2** EC21QS04 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.40V. T2** EC31QS04 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.40V. T3** EC21QS06 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.60V. T3** EC31QS06 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.60V. T4** EC21QS09 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.90V. T4** EC31QS09 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.90V. T5** EC21QS10 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.2A avg.100V. T5** EC31QS10 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.100V. U2** EC30LA02 NIEC - SMA(5.0 x 2.5 x 2.0) 2 Schottky barrier diode.3A avg.20V. リンク MARKING CODE一覧
https://w.atwiki.jp/whosemusic/pages/16.html
BENNIE K とりあえず、聴いてみようw 聴き終わったらなんか元気になってるから^^ しかしYUKIちゃんはイイ声出すなぁ~w BENNIE K - DREAMLAND Uploaded by asroma07
https://w.atwiki.jp/jpops/pages/1960.html
winnieをお気に入りに追加 winnieのリンク #bf Amazon.co.jp ウィジェット winnieの報道 東京駅の新名所!ディズニーグッズ専門ショップ by ベルメゾンでしか買えないものとは?|Mart(magacol) - Yahoo!ニュース - Yahoo!ニュース 黄金マスクのカーディ・Bや3冠受賞のBTS 2021年「AMAs」の注目ファッションを紹介(WWDJAPAN.com) - Yahoo!ニュース - Yahoo!ニュース BTS(防弾少年団)、ショーン・ストックマンら豪華スターと「AMAs」記念ショット続々!会場では大歓声も(Kstyle) - Yahoo!ニュース - Yahoo!ニュース ITS’DEMO「Winnie the Pooh」デザイン商品 -- 可愛い食器・文具がラインナップ!ホリデーシーズンのギフトにも - えんウチ 『Winnie the Pooh』HUNNY S CAFE in STRANGE DREAMS|レッツエンジョイ東京 - enjoytokyo.jp 銀座三越、9月15日より「DISNEY WINNIE THE POOH FESTIVAL」を初開催 「くまのプーさん」特別ショップがオープン(AMP[アンプ]) - Yahoo!ニュース - Yahoo!ニュース 銀座三越では初開催!くまのプーさん 原作デビュー95周年記念催事! - PR TIMES 今年もOH MY CAFEプロデュースの「はちみつカフェ」が登場!「くまのプーさん」原作デビュー95周年記念『Winnie the Pooh』HUNNY S Tea house期間限定オープン!! - PR TIMES 大人気「はちみつカフェ」が大阪・心斎橋に初登場!OH MY CAFEプロデュース『Winnie the Pooh』HUNNY S CAFE in STRANGE DREAMS期間限定オープン!! - PR TIMES 大人気「はちみつカフェ」が横浜に初登場!OH MY CAFEプロデュース『Winnie the Pooh』HUNNY S CAFE in STRANGE DREAMS期間限定オープン!! - PR TIMES 【Maison de FLEUR】大人気Disney Collection 『Winnie the Pooh』よりプーとピグレットの顏をモチーフとした愛らしいシリーズが登場! - PR TIMES 【ロフト】「Winnie the Pooh GOODS COLLECTION」開催!トレンドのチェック柄とプーのイラストデザインのロフト限定グッズなどを販売 - PR TIMES Smart Canvas『ムーミン谷の一日』2モデル、『Winnie the Pooh』3モデルを新発売! - PR TIMES winnie・okuji × TOTALFAT・Kuboty メタラー・ギタリスト2名による偏愛対談! - http //spice.eplus.jp/ くまのプーさんは女の子だった? 新しい絵本で秘密が明らかに。 - ハフィントンポスト ウィニー・ハーロウ──いま世界が最も注目するモデル - GQ JAPAN winnie、結成7年目にして初のフルアルバム登場 - BARKS winnieとは winnieはすべてやさしさで出来ています。 winnie@ウィキペディア winnie Amazon.co.jp ウィジェット 掲示板 名前(HN) カキコミ すべてのコメントを見る ページ先頭へ winnie このページについて このページはwinnieのインターネット上の情報を集めたリンク集のようなものです。ブックマークしておけば、日々更新されるwinnieに関連する最新情報にアクセスすることができます。 情報収集はプログラムで行っているため、名前が同じであるが異なるカテゴリーの情報が掲載される場合があります。ご了承ください。 リンク先の内容を保証するものではありません。ご自身の責任でクリックしてください。