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ACTE IV (Même décor qu au premier acte. La maison et la terrasse de Julien ont disparu et l on voit, au loin, Paris. Neuf heures du soir. En été) Scène Première (Le père est assis près de la table. La mère, dans la cuisine, fait la lessive. A travers la porte vitrée, on aperçoit Louise dans sa chambre; elle travaille près de la fenêtre ouverte. La mère paraît à la porte de la cuisine et s avance; elle pose près du père un bol de tisane, l invite timidement à boire; puis va vers la fenêtre qu elle ouvre. Celui-ci les yeux fixés sur Louise ne semble pas le voir) ▼LA MÈRE▲ (cherchant à l égayer; doucement) Tu devrais te rapprocher de la fenêtre… il y fait si bon depuis que les démolisseurs ont balayé le vieux faubourg… et ouvert à Paris le chemin de notre chambre. Ah! On respire maintenant! (cherchant à intéresser le père, immobile et sombre) Vois la belle trouée d air, de lumière et de vie! ▼LE PÈRE▲ (après un silence, bas, suivant des pensées) Oui, une fameuse trouée… (hochant la tête) Où sont disparues bien des choses… ▼LA MÈRE▲ (entre les dents) Bien des gens! ▼LE PÈRE▲ (lointain) Et du bonheur! (La mère revient lentement vers la table. Elle s assied en face du Père; lui tend le bol l invitant à boire; il obéit) ▼LA MÈRE▲ (affectueusement) Tu as peut-être eu tort de travailler aujourd hui… ▼LE PÈRE▲ (déclamé, avec rondeur) Après vingt jours de paresse, j ai dû faire un effort pour m y remettre mais maintenant, c est fini et je suis d aplomb… Le coffre est encore solide et peut lutter longtemps! La fatigue me fait du bien… Et j ai pris l habitude du chagrin… (La mère fait un geste de pitié et de tendresse) Les pauvres gens peuvent-ils être heureux? A qui le bon Dieu donnerait-il son ciel s il n y avait sur la terre que des gens heureux? (plus énergique) Bête de somme que je suis, que tous nous sommes, sous le joug pesant de la Fatalité! Tristes serfs d une besogne qui ne cesse jamais! Piteux jouets aux mains de l injustice dans un monde où tout n est que misère et déception!… Où choses et gens sont nos ennemis; où les enfants même, dans l égoïsme de l amour, nous martyrisent, et nous disent (âprement) «Vous avez assez vécu! Place! Place! Nous n avons plus besoin de vous! Nous ne voulons plus de maîtres!» (regardant Louise douloureusement) Et, si l on veut lutter contre leur folie, ces êtres d orgueil, narguant notre tendresse, ajoutent leur haine à toutes nos détresses, et, silencieux, implacables, impatients, ils attendent que la mort les délivre… (avec grandeur) … de ceux qui voudraient mourir pour eux! (Louise se lève lentement, s accoude au mur, puis ouvre la fenêtre de sa chambre et regarde mélancoliquement dans la nuit. Le père la suit des yeux. Dans les théâtres ou la disposition de la scène ne permet pas que la geste de Louise soit vu par tous les spectateurs, elle sortira de sa chambre et ira s accouder au balcon. Plus tard, lorsque la Mère l appellera, elle ira directement du balcon à la cuisine. Le Père, regardant Louise, avec un sentiment différent de ce qui précède; sans tristesse ni rancune, tels doivent s évoquer ces souvenirs heureux) Voir naître une enfant, la fleurir de caresses, guider ses premiers pas, sourire à son premier sourire! (La mère s avance, s arrête, et regarde tristement le père. Louise pleure; le père la contemple avec une émotion croissante) Les fatigues, les tourments, rien ne coûte c est pour elle, qu elle soit toujours plus belle… (La mère s avance encore, s arrête à quelques pas du père) L enfant grandit, c est maintenant une jolie demoiselle vers laquelle s empressent les galants! (Louise ferme sa fenêtre et se rassied) Tout en elle est ravissant; ils sont fiers les vieux parents, car la fille de leur sang est pour tous un modèle d honneur et de sagesse. (Il se lève, la mère s éloigne) Puis, un jour, un inconnu qui passe d un regard enjôleur séduit la pure fille, (s animant) et chasse le passé de son coeur; s empare de sa pensée et détruit à jamais notre bonheur. Ah! Soit maudit le voleur d amour! Qui de notre fille fit pour nous une étrangère; le ravisseur dont le caprice d un jour nous causa tant de larmes et changea le foyer de calme et de joie en enfer de discorde et de haine! (Silence) ▼LA MÈRE▲ (de la cuisine) Louise! (Elle s approche de la porte. Grave) Louise! ▼LOUISE▲ Quoi? ▼LA MÈRE▲ Viens m aider! (Louise se lève, range son ouvrage, éteint sa lampe, puis ouvre la porte; le père se tourne vers elle, lui tends les bras; elle passe sans le voir, se dirige vers la cuisine et disparaît. Les deux femmes dans la cuisine, à la cantonade) ▼LA MÈRE▲ Auras-tu bientôt fini de bouder? Tu n as donc pas pitié de ton père? (le père écoute avidement) Tu supposes peut-être qu on va te laisser retourner chez ton amoureux? ▼LOUISE▲ (vivement) Vous l aviez promis! ▼LA MÈRE▲ Tu sais bien qu c est impossible, on n peut pas te laisser r commencer un vie pareille; tu la connais maintenant la vie de bohème, tu sais ce que c est de la misère en chansons! (Louise s éloigne au fond de la cuisine) voyons, sois raisonnable… (Sa mère la suit) sois bonne pour nous (émue) ton pauvre père souffre tant! (Mimique expressive du père il se lève et s approche de la cuisine où les deux femmes continuent la discussion à voix basse) ▼LOUISE▲ (dont la voix s élève; éclatant) L amour libre! ▼LA MÈRE▲ (moqueuse) L amour libre! L amour libre! En prônant aujourd hui ce qu il appelle l amour libre, il n a qu un but esquiver le mariage!… (marmottant, entre ses dents) l amour libre!… En voilà une histoire! (elle rit railleusement) Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! (Lentement, le père va se rasseoir) ▼LOUISE▲ Rira bien qui rira la dernière! ▼LA MÈRE▲ C est c que nous verrons… en attendant, va dormir, c est l heure; et n oublie pas de dire bonsoir à ton père. (Louise paraît à la porte; elle s avance lentement, s arrêtant par instants, et se dirige vers le père, qui la sent venir avec émotion) Scène Seconde ▼LOUISE▲ Bonsoir, père. (Elle lui présente son front. Le père la saisit avec violence, la serre contre lui et l embrasse longuement. Sans lui rendre son baiser, Louise se dégage et s éloigne froidement. Le père tend vers elle ses bras, puis s élance) ▼LE PÈRE▲ Louise! (suppliant) Louise! (Il l attire à lui, et la ramène près de la table. Brusque) Regarde-moi! (tendre) Ne suis-je plus ton père? N es-tu plus l enfant (doux) qu autrefois j ai bercée dans mes bras? (avec passion) N es-tu plus la fille de mon sang? (Il l assied sur ses genoux et la berce comme un enfant) Reste… repose-toi… comme jadis toute petite… (Louise cherche à s évader, la retenant) Reste… ah! Souviens-toi des beaux jours d autrefois! (Louise essaie doucement de se dégager) Pourquoi veux-tu partir? Est-il donc pour toi un refuge sur la terre plus doux que le coeur de ton père? (la berçant) «L enfant dormira bientôt… L enfant dormira bientôt…» (la cajolant) Comme autrefois, endors-toi! (s efforçant de sourire) «Si la p tite enfant est sage, elle aura un belle image… do-do, l enfant do» (Louise lève la tête) ▼LOUISE▲ (comme en rêvant) L enfant serait sage, tout à fait sage, si son père voulait lui faire moins de peine et comprendre que la douleur est mauvaise conseillère… ▼LE PÈRE▲ Pourquoi parler de peine et parler de douleur… (avec reproche) Quand un père, une mère t aiment et ne vivent que pour ton bonheur? ▼LOUISE▲ (avec amertume) Mon bonheur?… (avec feu) Vous n avez qu un signe à faire (Elle interroge avidement le Père. Avec détresse) pour que revienne le bonheur. (il détourne la tête; gentiment enfantin, mais toujours triste) La belle image que l enfant désire, (à son tour elle cajole le Père) la grâce qu elle vous demande, (plus déclamé, s animant peu à peu) c est de n être plus, comme un oiseau mis en cage, (elle se lève) privée de liberté… et emprisonnée par votre aveugle tendresse qui s imagine que je puisse être heureuse à vivre ainsi qu une captive dans l âge où, sans la liberté, la vie (rageuse) est pire que la mort! (La mère sort de la cuisine et s approche) ▼LE PÈRE▲ Si tu veux être libre, laisse là ton rêve de folie?… ▼LOUISE▲ (à part; rêveuse) Mon rêve de folie!… (au père; ardente) Vous voulez que j abandonne tout espoir, (triste) et que je mente à mes serments… (regardant la mère; provocante) comme vous mentîtes (avec feu) à vos promesses! (La mère fait un pas vers Louise comme pour la frapper. Le père l arrête de la main) ▼LA MÈRE▲ Insolente! ▼LOUISE▲ (imitant sa mère) «Oh! Elle sera libre maintenant ce que nous demandons c est l avoir un peu, (avec une sensibilité feinte) car nous l aimons depuis plus longtemps que vous; elle nous aimait avant de vous connaître» (se tournant vers sa mère) Vous nous reconnaissiez alors le droit de nous aimer et de nous le dire! ▼LA MÈRE▲ (outrée) Nous vous reconnaissions le droit de vous marier, pas autre chose! Tant pis pour toi (sarcastique) si ton galant, satisfait, réclame maintenant (emphatique, ironiquement) l amour libre… (brutale) tu n as que c que tu mérites! ▼LOUISE▲ (indignée) Comment!… Comment!… (à la mère) tu oses le nier!… N est-il pas vrai que tu m avais promis de me laisser libre? (la Mère va répondre, mais le Père se lève, il fixe gravement Louise) ▼LE PÈRE▲ La liberté que tu demandes, c est la liberté de courir les rues… (sombre) la liberté de nous déshonorer! (Louise fait le geste d aller vers sa chambre. Le père l arrête au passage. Il prend Louise dans ses bras. Avec détresse) Louise! Ô mon enfant! Qui m aurait dit qu un jour tu renierais ma tendresse, et que, loin de moi, tu demanderais à vivre, ô Louise! Reviens à toi,… (Il la reprend et l assied sur ses genoux) comme autrefois, dans mes bras, ah! N est-ce plus mon enfant, ma Louise chérie, que je presse en mes bras tremblants? (Il l interroge ardemment. Louise, songeuse, semble ne pas le voir) ▼LOUISE▲ (hochant la tête avec amertume, un peu récitante) Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté. ▼LE PÈRE▲ Les misères, les tourments, tout s oublie auprès d elle, elle est si bonne, si aimante, si belle! ▼LOUISE▲ (avec mélancolie, sans regarder son père) Pourquoi serais-je belle, si ce n est pour être aimée! (Elle s échappe des bras du père) ▼LE PÈRE▲ (la suivant) Ah! N est-ce pas t aimer que te donner notre vie?… ▼LOUISE▲ Vous prenez la mienne!… ▼LE PÈRE▲ N est-ce pas t aimer que t avoir pardonné?… ▼LOUISE▲ Pour m emprisonner mieux qu autrefois! ▼LE PÈRE▲ Ah! N est-ce pas t aimer que te supplier, (plus durement) quand j aurais le droit (plus près de Louise, menaçant) de te commander! (Louise fait un geste de révolte, puis, reprenant son calme, elle se détourne lentement du bras qui la menace. A ses lèvres montent les souvenirs des protestations apprises. Un lourd silence fige les attitudes, fait prévoir l inéluctable dénouement) ▼LOUISE▲ (avec une grandeur tragique, mais sans emphase, un peu hésitante, toujours récitante) Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! (Comme frappé de stupeur, le père laisse retomber son bras. La mère hausse les épaules) Aveugle celui qui veut garrotter l originale et fière volonté (le père fait un geste de découragement; il s éloigne vers la table) d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, (extasiée) sa part d amour! (Rayon de lune sur la fenêtre) ▼LE PÈRE▲ (découragé; d une voix lointaine) Ah! Ce n est pas toi, non, ce n est pas toi qui parles par ta bouche méchante! (Louise demeure immobile mais son visage exprime qu elle n est pas insensible à la tragique lamentation) Non! Ce n est pas toi… c est une étrangère! Une ennemie impitoyable. Ah! Ce n est pas ma fille! Mon seul bien! mon espoir! Ma jolie! ▼VOIX LOINTAINES▲ Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie, Jolie, Jolie, Jolie, Jolie! ▼LOUISE▲ (avec ravissement) Paris! Paris m appelle! Ô la magique, la chère musique de la grande ville! ▼VOIX LOINTAINES▲ Ah! Jolie, Jolie, Jolie, Jolie! ▼LE PÈRE▲ (avec haine, entre ses dents) Paris! ▼LOUISE▲ Ô l attirante promesse! ▼LE PÈRE▲ (de même) Paris! ▼LOUISE▲ L inoubliable, l affolant vertige!… Au secours de la Fille, la Ville viendrait-elle! (de plus en plus exalté) Paris! Paris! Paris! (Par la fenêtre on aperçoit la ville qui peu à peu s éclaire davantage) Paris! Paris! Fête éternelle du plaisir! Paris! Paris! Splendeur de mes désirs! Paris, ô Paris! Secours ma détresse, fais revivre l ivresse des hymnes d allégresse! Que s écroulent les murs de la triste prison! Sonne, cloche de joie des libres épousailles! (avec charme mais fiévreusement) Fais revivre le charme de l heure où mon coeur battait contre son coeur! ▼LE PÈRE▲ (dont la colère augmente) Ah! ▼LOUISE▲ Vers sa demeure, asile des rêves, ville maternelle, porte-moi d un coup d aile! ▼LE PÈRE▲ Tais-toi! ▼LOUISE▲ Encore un jour d amour! Encore un jour d amour! ▼LE PÈRE▲ Tais-toi! Tais-toi! (Le Père s élance et ferme la fenêtre) ▼LA MÈRE▲ (indignée, mais inquiète) Elle devient folle! (Louise revient au milieu de la chambre) ▼LOUISE▲ (hardiment, à toute volée) Qu il vienne vite, vite, mon bien-aimé, pareil aux hardis chevaliers (poétique) des contes bleus de la Légende. ▼LA MÈRE▲ Que dit-elle? ▼LOUISE▲ A mon appel va-t-il accourir, le Prince Charmant, dont la caresse (pétulant) éveilla la petite Montmartroise au coeur dormant! ▼LE PÈRE▲ (hors de lui) Tu n as pas honte! ▼LOUISE▲ Qu il vienne donc le poète, dont la tendresse triomphante fit une muse de la pauvre recluse! ▼LA MÈRE▲ Veux-tu te taire! ▼LOUISE▲ (rageuse) Ce n est plus la petite fille au coeur timide et craintif. C est une femme au coeur de flamme qui veut reprendre son amant! (Elle s élance vers la porte. Le père lui barre le passage) ▼LE PÈRE▲ Tu ne passeras pas! (Louise revient sur ses pas, son visage n exprime plus qu un invincible amour) ▼LOUISE▲ (tournant dans la chambre comme une hallucinée, et défiant ses parents) La la la la la la La la la la la la Ah! Il va venir bientôt! La la la la la la La la la la la la Ah! Je vais revoir les yeux du bien-aimé! Je vais entendre sa parole! Et mes lèvres vont pouvoir se griser de son ardent baiser toute l éternité! (Affolée d amour, tournant sur elle-même) Julien! À moi!… Julien! À moi!… Julien! Pour toujours, prends-moi! ▼LE PÈRE▲ (Au paroxysme de la colère, il s élance sur elle comme pour la frapper, puis se ravise et furieusement ouvre la porte. Louise effrayée se réfugie au bout de la chambre; la mère s interpose, suppliante) Ah! Misérable! va-t en! Va-t en le retrouver! (ouvrant la porte) Dans la ville qui t appelle, va donc t amuser! (Il marche sur Louise, retenu par la mère) c est plus gai qu ici, là-bas… Allons, dépêche-toi! Voici la fête qui s allume! Ah! Ah! Toutes les filles sont là, on les entend crier «Que la danse commence!» Et brûlent les lampions!… Et ronfle la musique! (Le père repousse violemment la mère et saisit aux mains Louise effrayée. Montrant Paris) «Voilà l Plaisir, mesdam s!» On danse à crever, on rit à pleurer. (D un geste éperdu Louise se dégage; elle recule vers la porte) «Voilà l Plaisir, mesdam s!» (La mère se jette au devant du père, s attache à lui) On n attend plus que toi… allons va! Mais va donc! ▼LA MÈRE▲ Pierre! ▼LOUISE▲ Ah! ▼LA MÈRE▲ (s accrochant au père) Laisse-là! (Louise, tremblante, apeurée, hésitant à sortir maintenant que son père la chasse, court autour de la chambre) ▼LOUISE▲ (Râles suppliants) Hâ! Hâ! ▼LE PÈRE▲ Dépêche-toi! ▼LA MÈRE▲ Laisse-la, je t en prie! ▼LE PÈRE▲ M entends-tu? ▼LOUISE▲ Hâ! ▼LA MÈRE▲ Pierre! ▼LOUISE▲ Hâ! ▼LE PÈRE▲ (presque hurlé) Vas-tu t en aller! ▼LOUISE, LA MERE▲ Hâ! ▼LE PÈRE▲ Ou je te jette à la porte! (Effrayant de colère, il saisit une chaise il fait le geste de la lancer vers Louise. mais déjà il regrette et la chaise retombe) ▼LA MÈRE▲ (tombant; cri) Ah! ▼LOUISE▲ (affolée, s enfuit; cri) Ah! Scène Troisième (Les clartés de la ville s éteignent subitement. Louise partie, le père regarde autour de lui. Sa colère tombe. Il regrette et s élance dans l escalier. On l entend qui appelle) ▼LE PÈRE▲ Louise!… Louise!… (La mère se relève, court à la fenêtre qu elle ouvre et regarde dans la nuit. Le père reparaît. Il reste un moment sur le seuil, comme terrassé par la douleur; il s avance lentement, titubant, s accrochant aux meubles,… croyant entendre revenir Louise, il fait un geste vers la porte. Il écoute les bruits du dehors, fixe, haineusement la ville dont les lueurs lointaines reparaissent vacillantes) ▼LE PÈRE▲ (tendant le poing vers la ville, avec haine et douleur) Ô Paris! ACTE IV Même décor qu au premier acte. La maison et la terrasse de Julien ont disparu et l on voit, au loin, Paris. Neuf heures du soir. En été Scène Première Le père est assis près de la table. La mère, dans la cuisine, fait la lessive. A travers la porte vitrée, on aperçoit Louise dans sa chambre; elle travaille près de la fenêtre ouverte. La mère paraît à la porte de la cuisine et s avance; elle pose près du père un bol de tisane, l invite timidement à boire; puis va vers la fenêtre qu elle ouvre. Celui-ci les yeux fixés sur Louise ne semble pas le voir LA MÈRE cherchant à l égayer; doucement Tu devrais te rapprocher de la fenêtre… il y fait si bon depuis que les démolisseurs ont balayé le vieux faubourg… et ouvert à Paris le chemin de notre chambre. Ah! On respire maintenant! cherchant à intéresser le père, immobile et sombre Vois la belle trouée d air, de lumière et de vie! LE PÈRE après un silence, bas, suivant des pensées Oui, une fameuse trouée… hochant la tête Où sont disparues bien des choses… LA MÈRE entre les dents Bien des gens! LE PÈRE lointain Et du bonheur! La mère revient lentement vers la table. Elle s assied en face du Père; lui tend le bol l invitant à boire; il obéit LA MÈRE affectueusement Tu as peut-être eu tort de travailler aujourd hui… LE PÈRE déclamé, avec rondeur Après vingt jours de paresse, j ai dû faire un effort pour m y remettre mais maintenant, c est fini et je suis d aplomb… Le coffre est encore solide et peut lutter longtemps! La fatigue me fait du bien… Et j ai pris l habitude du chagrin… La mère fait un geste de pitié et de tendresse Les pauvres gens peuvent-ils être heureux? A qui le bon Dieu donnerait-il son ciel s il n y avait sur la terre que des gens heureux? plus énergique Bête de somme que je suis, que tous nous sommes, sous le joug pesant de la Fatalité! Tristes serfs d une besogne qui ne cesse jamais! Piteux jouets aux mains de l injustice dans un monde où tout n est que misère et déception!… Où choses et gens sont nos ennemis; où les enfants même, dans l égoïsme de l amour, nous martyrisent, et nous disent âprement «Vous avez assez vécu! Place! Place! Nous n avons plus besoin de vous! Nous ne voulons plus de maîtres!» regardant Louise douloureusement Et, si l on veut lutter contre leur folie, ces êtres d orgueil, narguant notre tendresse, ajoutent leur haine à toutes nos détresses, et, silencieux, implacables, impatients, ils attendent que la mort les délivre… avec grandeur … de ceux qui voudraient mourir pour eux! Louise se lève lentement, s accoude au mur, puis ouvre la fenêtre de sa chambre et regarde mélancoliquement dans la nuit. Le père la suit des yeux. Dans les théâtres ou la disposition de la scène ne permet pas que la geste de Louise soit vu par tous les spectateurs, elle sortira de sa chambre et ira s accouder au balcon. Plus tard, lorsque la Mère l appellera, elle ira directement du balcon à la cuisine. Le Père, regardant Louise, avec un sentiment différent de ce qui précède; sans tristesse ni rancune, tels doivent s évoquer ces souvenirs heureux Voir naître une enfant, la fleurir de caresses, guider ses premiers pas, sourire à son premier sourire! La mère s avance, s arrête, et regarde tristement le père. Louise pleure; le père la contemple avec une émotion croissante Les fatigues, les tourments, rien ne coûte c est pour elle, qu elle soit toujours plus belle… La mère s avance encore, s arrête à quelques pas du père L enfant grandit, c est maintenant une jolie demoiselle vers laquelle s empressent les galants! Louise ferme sa fenêtre et se rassied Tout en elle est ravissant; ils sont fiers les vieux parents, car la fille de leur sang est pour tous un modèle d honneur et de sagesse. Il se lève, la mère s éloigne Puis, un jour, un inconnu qui passe d un regard enjôleur séduit la pure fille, s animant et chasse le passé de son coeur; s empare de sa pensée et détruit à jamais notre bonheur. Ah! Soit maudit le voleur d amour! Qui de notre fille fit pour nous une étrangère; le ravisseur dont le caprice d un jour nous causa tant de larmes et changea le foyer de calme et de joie en enfer de discorde et de haine! Silence LA MÈRE de la cuisine Louise! Elle s approche de la porte. Grave Louise! LOUISE Quoi? LA MÈRE Viens m aider! Louise se lève, range son ouvrage, éteint sa lampe, puis ouvre la porte; le père se tourne vers elle, lui tends les bras; elle passe sans le voir, se dirige vers la cuisine et disparaît. Les deux femmes dans la cuisine, à la cantonade LA MÈRE Auras-tu bientôt fini de bouder? Tu n as donc pas pitié de ton père? le père écoute avidement Tu supposes peut-être qu on va te laisser retourner chez ton amoureux? LOUISE vivement Vous l aviez promis! LA MÈRE Tu sais bien qu c est impossible, on n peut pas te laisser r commencer un vie pareille; tu la connais maintenant la vie de bohème, tu sais ce que c est de la misère en chansons! Louise s éloigne au fond de la cuisine voyons, sois raisonnable… Sa mère la suit sois bonne pour nous émue ton pauvre père souffre tant! Mimique expressive du père il se lève et s approche de la cuisine où les deux femmes continuent la discussion à voix basse LOUISE dont la voix s élève; éclatant L amour libre! LA MÈRE moqueuse L amour libre! L amour libre! En prônant aujourd hui ce qu il appelle l amour libre, il n a qu un but esquiver le mariage!… marmottant, entre ses dents l amour libre!… En voilà une histoire! elle rit railleusement Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Lentement, le père va se rasseoir LOUISE Rira bien qui rira la dernière! LA MÈRE C est c que nous verrons… en attendant, va dormir, c est l heure; et n oublie pas de dire bonsoir à ton père. Louise paraît à la porte; elle s avance lentement, s arrêtant par instants, et se dirige vers le père, qui la sent venir avec émotion Scène Seconde LOUISE Bonsoir, père. Elle lui présente son front. Le père la saisit avec violence, la serre contre lui et l embrasse longuement. Sans lui rendre son baiser, Louise se dégage et s éloigne froidement. Le père tend vers elle ses bras, puis s élance LE PÈRE Louise! suppliant Louise! Il l attire à lui, et la ramène près de la table. Brusque Regarde-moi! tendre Ne suis-je plus ton père? N es-tu plus l enfant doux qu autrefois j ai bercée dans mes bras? avec passion N es-tu plus la fille de mon sang? Il l assied sur ses genoux et la berce comme un enfant Reste… repose-toi… comme jadis toute petite… Louise cherche à s évader, la retenant Reste… ah! Souviens-toi des beaux jours d autrefois! Louise essaie doucement de se dégager Pourquoi veux-tu partir? Est-il donc pour toi un refuge sur la terre plus doux que le coeur de ton père? la berçant «L enfant dormira bientôt… L enfant dormira bientôt…» la cajolant Comme autrefois, endors-toi! s efforçant de sourire «Si la p tite enfant est sage, elle aura un belle image… do-do, l enfant do» Louise lève la tête LOUISE comme en rêvant L enfant serait sage, tout à fait sage, si son père voulait lui faire moins de peine et comprendre que la douleur est mauvaise conseillère… LE PÈRE Pourquoi parler de peine et parler de douleur… avec reproche Quand un père, une mère t aiment et ne vivent que pour ton bonheur? LOUISE avec amertume Mon bonheur?… avec feu Vous n avez qu un signe à faire Elle interroge avidement le Père. Avec détresse pour que revienne le bonheur. il détourne la tête; gentiment enfantin, mais toujours triste La belle image que l enfant désire, à son tour elle cajole le Père la grâce qu elle vous demande, plus déclamé, s animant peu à peu c est de n être plus, comme un oiseau mis en cage, elle se lève privée de liberté… et emprisonnée par votre aveugle tendresse qui s imagine que je puisse être heureuse à vivre ainsi qu une captive dans l âge où, sans la liberté, la vie rageuse est pire que la mort! La mère sort de la cuisine et s approche LE PÈRE Si tu veux être libre, laisse là ton rêve de folie?… LOUISE à part; rêveuse Mon rêve de folie!… au père; ardente Vous voulez que j abandonne tout espoir, triste et que je mente à mes serments… regardant la mère; provocante comme vous mentîtes avec feu à vos promesses! La mère fait un pas vers Louise comme pour la frapper. Le père l arrête de la main LA MÈRE Insolente! LOUISE imitant sa mère «Oh! Elle sera libre maintenant ce que nous demandons c est l avoir un peu, avec une sensibilité feinte car nous l aimons depuis plus longtemps que vous; elle nous aimait avant de vous connaître» se tournant vers sa mère Vous nous reconnaissiez alors le droit de nous aimer et de nous le dire! LA MÈRE outrée Nous vous reconnaissions le droit de vous marier, pas autre chose! Tant pis pour toi sarcastique si ton galant, satisfait, réclame maintenant emphatique, ironiquement l amour libre… brutale tu n as que c que tu mérites! LOUISE indignée Comment!… Comment!… à la mère tu oses le nier!… N est-il pas vrai que tu m avais promis de me laisser libre? la Mère va répondre, mais le Père se lève, il fixe gravement Louise LE PÈRE La liberté que tu demandes, c est la liberté de courir les rues… sombre la liberté de nous déshonorer! Louise fait le geste d aller vers sa chambre. Le père l arrête au passage. Il prend Louise dans ses bras. Avec détresse Louise! Ô mon enfant! Qui m aurait dit qu un jour tu renierais ma tendresse, et que, loin de moi, tu demanderais à vivre, ô Louise! Reviens à toi,… Il la reprend et l assied sur ses genoux comme autrefois, dans mes bras, ah! N est-ce plus mon enfant, ma Louise chérie, que je presse en mes bras tremblants? Il l interroge ardemment. Louise, songeuse, semble ne pas le voir LOUISE hochant la tête avec amertume, un peu récitante Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté. LE PÈRE Les misères, les tourments, tout s oublie auprès d elle, elle est si bonne, si aimante, si belle! LOUISE avec mélancolie, sans regarder son père Pourquoi serais-je belle, si ce n est pour être aimée! Elle s échappe des bras du père LE PÈRE la suivant Ah! N est-ce pas t aimer que te donner notre vie?… LOUISE Vous prenez la mienne!… LE PÈRE N est-ce pas t aimer que t avoir pardonné?… LOUISE Pour m emprisonner mieux qu autrefois! LE PÈRE Ah! N est-ce pas t aimer que te supplier, plus durement quand j aurais le droit plus près de Louise, menaçant de te commander! Louise fait un geste de révolte, puis, reprenant son calme, elle se détourne lentement du bras qui la menace. A ses lèvres montent les souvenirs des protestations apprises. Un lourd silence fige les attitudes, fait prévoir l inéluctable dénouement LOUISE avec une grandeur tragique, mais sans emphase, un peu hésitante, toujours récitante Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! Comme frappé de stupeur, le père laisse retomber son bras. La mère hausse les épaules Aveugle celui qui veut garrotter l originale et fière volonté le père fait un geste de découragement; il s éloigne vers la table d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, extasiée sa part d amour! Rayon de lune sur la fenêtre LE PÈRE découragé; d une voix lointaine Ah! Ce n est pas toi, non, ce n est pas toi qui parles par ta bouche méchante! Louise demeure immobile mais son visage exprime qu elle n est pas insensible à la tragique lamentation Non! Ce n est pas toi… c est une étrangère! Une ennemie impitoyable. Ah! Ce n est pas ma fille! Mon seul bien! mon espoir! Ma jolie! VOIX LOINTAINES Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie, Jolie, Jolie, Jolie, Jolie! LOUISE avec ravissement Paris! Paris m appelle! Ô la magique, la chère musique de la grande ville! VOIX LOINTAINES Ah! Jolie, Jolie, Jolie, Jolie! LE PÈRE avec haine, entre ses dents Paris! LOUISE Ô l attirante promesse! LE PÈRE de même Paris! LOUISE L inoubliable, l affolant vertige!… Au secours de la Fille, la Ville viendrait-elle! de plus en plus exalté Paris! Paris! Paris! Par la fenêtre on aperçoit la ville qui peu à peu s éclaire davantage Paris! Paris! Fête éternelle du plaisir! Paris! Paris! Splendeur de mes désirs! Paris, ô Paris! Secours ma détresse, fais revivre l ivresse des hymnes d allégresse! Que s écroulent les murs de la triste prison! Sonne, cloche de joie des libres épousailles! avec charme mais fiévreusement Fais revivre le charme de l heure où mon coeur battait contre son coeur! LE PÈRE dont la colère augmente Ah! LOUISE Vers sa demeure, asile des rêves, ville maternelle, porte-moi d un coup d aile! LE PÈRE Tais-toi! LOUISE Encore un jour d amour! Encore un jour d amour! LE PÈRE Tais-toi! Tais-toi! Le Père s élance et ferme la fenêtre LA MÈRE indignée, mais inquiète Elle devient folle! Louise revient au milieu de la chambre LOUISE hardiment, à toute volée Qu il vienne vite, vite, mon bien-aimé, pareil aux hardis chevaliers poétique des contes bleus de la Légende. LA MÈRE Que dit-elle? LOUISE A mon appel va-t-il accourir, le Prince Charmant, dont la caresse pétulant éveilla la petite Montmartroise au coeur dormant! LE PÈRE hors de lui Tu n as pas honte! LOUISE Qu il vienne donc le poète, dont la tendresse triomphante fit une muse de la pauvre recluse! LA MÈRE Veux-tu te taire! LOUISE rageuse Ce n est plus la petite fille au coeur timide et craintif. C est une femme au coeur de flamme qui veut reprendre son amant! Elle s élance vers la porte. Le père lui barre le passage LE PÈRE Tu ne passeras pas! Louise revient sur ses pas, son visage n exprime plus qu un invincible amour LOUISE tournant dans la chambre comme une hallucinée, et défiant ses parents La la la la la la La la la la la la Ah! Il va venir bientôt! La la la la la la La la la la la la Ah! Je vais revoir les yeux du bien-aimé! Je vais entendre sa parole! Et mes lèvres vont pouvoir se griser de son ardent baiser toute l éternité! Affolée d amour, tournant sur elle-même Julien! À moi!… Julien! À moi!… Julien! Pour toujours, prends-moi! LE PÈRE Au paroxysme de la colère, il s élance sur elle comme pour la frapper, puis se ravise et furieusement ouvre la porte. Louise effrayée se réfugie au bout de la chambre; la mère s interpose, suppliante Ah! Misérable! va-t en! Va-t en le retrouver! ouvrant la porte Dans la ville qui t appelle, va donc t amuser! Il marche sur Louise, retenu par la mère c est plus gai qu ici, là-bas… Allons, dépêche-toi! Voici la fête qui s allume! Ah! Ah! Toutes les filles sont là, on les entend crier «Que la danse commence!» Et brûlent les lampions!… Et ronfle la musique! Le père repousse violemment la mère et saisit aux mains Louise effrayée. Montrant Paris «Voilà l Plaisir, mesdam s!» On danse à crever, on rit à pleurer. D un geste éperdu Louise se dégage; elle recule vers la porte «Voilà l Plaisir, mesdam s!» La mère se jette au devant du père, s attache à lui On n attend plus que toi… allons va! Mais va donc! LA MÈRE Pierre! LOUISE Ah! LA MÈRE s accrochant au père Laisse-là! Louise, tremblante, apeurée, hésitant à sortir maintenant que son père la chasse, court autour de la chambre LOUISE Râles suppliants Hâ! Hâ! LE PÈRE Dépêche-toi! LA MÈRE Laisse-la, je t en prie! LE PÈRE M entends-tu? LOUISE Hâ! LA MÈRE Pierre! LOUISE Hâ! LE PÈRE presque hurlé Vas-tu t en aller! LOUISE, LA MERE Hâ! LE PÈRE Ou je te jette à la porte! Effrayant de colère, il saisit une chaise il fait le geste de la lancer vers Louise. mais déjà il regrette et la chaise retombe LA MÈRE tombant; cri Ah! LOUISE affolée, s enfuit; cri Ah! Scène Troisième Les clartés de la ville s éteignent subitement. Louise partie, le père regarde autour de lui. Sa colère tombe. Il regrette et s élance dans l escalier. On l entend qui appelle LE PÈRE Louise!… Louise!… La mère se relève, court à la fenêtre qu elle ouvre et regarde dans la nuit. Le père reparaît. Il reste un moment sur le seuil, comme terrassé par la douleur; il s avance lentement, titubant, s accrochant aux meubles,… croyant entendre revenir Louise, il fait un geste vers la porte. Il écoute les bruits du dehors, fixe, haineusement la ville dont les lueurs lointaines reparaissent vacillantes LE PÈRE tendant le poing vers la ville, avec haine et douleur Ô Paris! Charpentier,Gustave/Louise
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ごあいさつです 先日のこと 仲間と喧嘩になっちゃって・・・ 気分が悪くなるのはしかたないけど 明るい話題を 綴っていくことにしました 意見などもお待ちしています http //lhupetmoo.sublimeblog.net/
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編集する Pennies 価格 350円 Lite/Free版 無 シンプルさ 簡単 ☆★★★★ 複雑 難易度 易 ☆★★★★ 難 取引登録までの最短タップ数 2回 リンク 有料版 http //itunes.apple.com/ 無料版 http //itunes.apple.com/ 機能 対応 備考 締め日設定 × 複数アカウント × 資産移動 × 収入管理 × 予算管理 ○ カテゴリ別予算管理 × 入力時の計算機能 × カテゴリ設定 × 既存のカテゴリのみ利用できる サブカテゴリ設定 × テンプレート × 残高繰越 × メモ機能 ○ 登録時ではなく、登録後に履歴からメモ入力が可能 集計機能 × グラフ表示 × バックアップ ○ データインポート × データエクスポート ○ メールで入力データのエクスポートが可能。メールアドレスを入力する際にsendボタンがキーボードに隠れてしまって送れないように見えますが、キーボードとの隙間にギリギリ判定があるようで、何とか押す事ができます。 PCと同期 × 【備考】 とにかくシンプルで簡単。月々のお小遣いを設定して、あとは使った金額を日々入力していくだけ。 入金が登録できないので、収入があったら、単純に予算額を修正するしかない。 買ったその場でささっと入力できるので、ものぐさな人には向いてるかも。 かなり長期間アップデートされてないので、もしかしたら開発ストップという可能性も有。
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Blogs on Annie Dirkens #bf レパートリー 作曲家名(全角フルネーム)に置き換えてください [部分編集] 作曲家名(全角フルネーム)に置き換えてください 作品名(全角)に置き換えてください役名(全角)に置き換えてください Last Update 2011/01/30 04 43ページ先頭へ
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【武器名】 大 刀 片 双 槍 鑓 槌 軽 重 弓 笛 ─────────────────────── 【双雪猿】 × ○ × × × × ○ ● ● × × 【金獅子】 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ × 【四本鎌】 ○ × ○ × ○ × ○ × ● × ○ 【双魚竜】 ○ × ○ ○ × × ○ × ○ × × 【電白赤】 × × × × ○ × × ○ ○ × × 【双 壁】 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ × 【四本角】 ○ × ○ ○ ○ × ● × ● × × 【赤蒼竜】 × × × ○ × × × × ○ × × 【金桜竜】 ○ ○ × × × ○ × ● ○ ○ × 【銀蒼竜】 ○ × ○ × ○ × ○ × ○ ○ × 【岩山龍】 ○ ○ ○ ○ ○ ○ ○ △ ○ ○ △ 【砦蟹街】 ● × × × ○ × ○ × ● ○ × 【砦蟹砦】 ○ × × × × × ○ ○ ○ ○ × 【黒 龍】 × ○ ○ ○ × × ○ × ○ ○ × 【紅 龍】 × × × ○ × × × ○ ○ ○ × 【祖 龍】 × × ○ ○ × × ○ ○ ○ × × ─────────────────────── 【武器名】 大 刀 片 双 槍 鑓 槌 軽 重 弓 笛 △…撃退 □…捕獲 ○…討伐 ●…動画有 使わせていただきます。 双雪猿ライトが埋まり、埋めたいところが無くなったような気が するので、最後の更新になりそうな予感です。 使用したのは反動軽減+2&装填速度+1の火竜弩です。 ドドブランゴは大きな隙が少ないため、装填遅~反動小2発よりも 装填速~反動小1発の方が毒化しやすいように感じました。 装填「速い」でLv2毒が使用出来てLv2通常の装填数が9の火竜弩 だからこそ、それでいてこのスキルだからこそ出来たという気も しますが、今までも装備に頼りっきりだったので今更ですね。 不満な内容で47分両討伐、割と満足な内容で49分両討伐。 やっぱり運によるところが大きそうです。 ●で動画が残ってないものもあり、これからも減るかもしれないので ●…動画が有ったかもしれない としておきます。
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【Tags Miku minjta tF F】 Original Music title ファニバニ English music title Funny Bunny Romaji music title Fani Bani Music Lyrics written, Voice edited by minjta Music arranged by minjta Singer(s) 初音ミク (Hatsune Miku) Click here for the original Japanese Lyrics English Lyrics (translated by vgboy / vgperson): You and him, who fought yesterday Your eyes meet, amazed, and you turn away A couple that could be found anywhere, In the ordinary moment between past and future Dark nights are something a little scary, And the morning sun is something that rises after Today forth, let s be partners over those "things," With the strange emotions each feel On rare occasion, you scold; And on a whim, he praises Passing it off as commonplace, I let out a joyous sigh... Those words of love are worn; Exhausted from being smashed and repaired, but... You both love each other, you and him, And so you two spend the day laughing it off... Excitedly, he talked about a star, As you succumbed to drowsiness Of course, you forget the star s name, But you enjoyed it, for one reason or another A pure-white canvas is dirtied; The stain becomes a music note, gets entwined They re bad memories since you won t talk about them, but... Can t you laugh about it now? Being there at your side, From time to time, he can get a little scared In happiness he s not yet used to, He got a little shy, and clasped your hand Those words of love are worn; Exhausted from being smashed and repaired, but... You both love each other, you and him, And so, as you laugh it off... To leave a mark of those smiling days, You two would go anywhere at all "Hey..." "But first, let s get you some food, already," You grinned at me as I coaxed... You fought yesterday, and since then, You joke "see you," and you turn away A couple that could be found anywhere, And today, I m caught here in the middle Who do you love? [Translation notes] The song originally uses two different words for "you" to refer to the two "kimi" and "anata." I assumed "kimi" was the girl and the cat s owner - particularly since only the cat and the girl are shown in the PV - but it could be the other way around. Romaji lyrics (transliterated by vgboy / vgperson): Kinou kenka shita kimi to anata Akiregao de me o awaseru senaka Doko ni datte iru you na futari no Kore made to kore kara no aida no nichijou Kurai yoru ga chotto kowai koto Sono ato ni asahi ga noboru koto Sonna "koto" ni kyou kara nakamairi O-tagai ni motteru hen na kimochi Muzurashiku kimi ga shikattari Kimagure ni anata ga hometemitari Arifureteru nante kechitsukete Ureshisou ni tameiki tsuita Tsukaifurushita ai no kotoba wa Kowashicha naoshi de yatara boroboro demo Aishitanda kimi mo anata mo Kudaranai to warawaresou na kyou o Tokugi ni hoshi no hanashi o shite Kimi no nemuke o sasou anata Hoshi no namae wa kitto wasureteru Demo tanoshikatta no wa nantonaku Masshiro na kyanbasu yogoshitari Onpu ni natte karamattari Iwanai dake de iya na omoide mo aru kedo Ima wa mou warai hanashi desho? Kimi no tonari ni ireru koto ga Tokidoki chotto kowaku narunda nante Narenai shiawase no naka Sukoshi terete te o nigittanda Tsukaifurushita ai no kotoba ha Kowashicha naoshi de yatara boroboro demo Aishitanda kimi to anata wa Kudaranai to warainagara Egao no ano hi o mejirushi ni Futari doko datte ikerunda "Nee" Sore yori hayaku gohan ni shiyou tte Nedaru boku ni waraikaketa Kinou kenka shite sore kara "Mata ne" nante fuzakete iu senaka Doko ni demo iru you na futari ni Hasamarete boku wa kyou ni iru Aisareteru no wa dare?
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くまさんパンツ ょぅι”ょ OP 普通 Teemo ┝ - - - - ┿━━━━━┿━━━━━┥ ∩___∩ /) | ノ ヽ ( i ))) / ● ● | / / | ( _●_) |ノ / ここクマ――!! 彡、 |∪| ,/ /__ ヽノ /´ (___) /
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【Tags Miku Scop tL U】 Original Music title 嘘つきの世界 Liar s World English music title Liar s World Romaji music title Usotsuki no Sekai Music Lyrics written, Voice edited by すこっぷ (Scop) Music arranged by すこっぷ (Scop) Singer(s) 初音ミク (Hatsune Miku) Click here for the original Japanese Lyrics English Lyrics (translated by vgboy / vgperson): Long ago I heard a story, about a girl put to sleep, But in that delightful song, this and that were all lies... We hide the filthy things and set out all the pretty ones; Such black-as-night words are the only ones that spread... You and I, well, we seem similar enough, But why can t we understand each other...? Why...? In this liar s world we ve created, you have to force a smile, And since I can t know the truth, I m forced to keep wounding you with petty jokes... Demons are liars, and angels are honest, But people speak both lies and truths, so we re most troublesome of all I want desperately to know the things I m better off not; I have to know, have to, have to... We re wounded, yet to seem like we re not, we try to hide our lies, And every time we do, we re hurt again - aren t we humans such fragile fools? In your eyes... who am I? Since you re so kind to everyone, you endure the hardship and try to laugh, But I know you re hiding something - behind that, you re crying, crying, crying... Tell me the reason for your tears - don t try to act tough for me Though our world is ridden with liars, I believe in you, and... I want to shatter this awful world... Romaji lyrics (transliterated by vgboy / vgperson): Mukashi kiita hanashi nemuri ni tsuku shoujo o Yorokobaseta uta wa are mo kore mo uso dattanda Kitanai koto wa kakushi kirei-goto o narabete Sonna yoru mitai na kotoba bakari hiromattette Kimi to boku wa ne nitamono douji nano ni Wakariaenai no wa nande? Nande? Boku-tachi ga tsukutta usotsuki no sekai de kimi wa tsukuri-warai shite Hontou no koto mo shirazu ni boku wa tsumannai joudan de kimi o kizutsuketeku yo Akuma wa usotsuki de tenshi wa shoujikimono Hito wa uso mo hontou mo iu yo ichiman mendou nanda Shiranakute ii koto o shirisugite Shiranakya yokatta yo nante nante Kizutsuke kizutsuknai you ni to boku-tachi wa uso o tsuite kakushi Soushiteku tabi mata kizutsuite nante hito wa moroku manuke nan deshou Kimi no me ni utsuru boku wa dare nano? Kimi wa dare ni mo yasashiku suru kara tsuraku tatte waratte miseru kedo Kakushita tte wakaru yo ura dewa kimi wa naite naite naite Sono namida no riyuu o hanashite yo boku no mae dewa tsuyogaranaide yo Usotsuki darake no kono sekai de boku wa kimi o shinji soshite Tsumannai konna sekai kowashitainda [Sukoppu, Scop]
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Greenscale s Bliight Duke Letareus Health 1,804,564 槍下さい Abilities Unleash Wrath Furious Pursuitの前に使ってくるPB AoEで、このキャストが見えたらすぐ離れること。 Furious Pursuit このスキルを使ってる間はshmbler slimeを使ってDuke Letareusをslowさせる必要がある。DPSが充分なダメージを与えるまでこのスキルは続き、このスキルを使っている間TankはDukeをkiteし続けなければならない。Cleaveを振って来るのでDuke Letareusの前に立つと死ぬ。 Duke Letareusは以下のHPでFurious Pursuitを始めるか終わるかする。 85% Begins Furious Pursuit 75% Ends Furious Pursuit 60% Begins Furious Pursuit 50% Ends Furious Pursuit 35% Begins Furious Pursuit 25% Ends Furious Pursuit 10% Begins Furious Pursuit 0% LoL dies Enrage HPが10%を切ったら、Duke Letareusの移動速度と攻撃力は増加する。 Adds Spawned Slimy Shamblers Health 17,744 1コーナーに1匹ずつ、合計で4匹spawnする。kite phaseの間、Duke Letareusの足を遅くするためにShamblerは適切な位置で処理されなければならない。Shamblerは死んだ後10秒程度、slow効果のあるgooを広げる。 Devious Brownies Health 35,488 戦闘開始直後に6匹spawnし、その後Duke LetareusがFurious Pursuitを使うたびに前方に3匹、後方に匹spawnする。OT1はDevious BrowniesをRaid中央でTankし、DPSはAoEで彼らを処理しなくてはならない。Devious Browniesはスタックする被Heal量-5%のdebuffを付ける。 Fluttering Pixie Health 5,145 戦闘を通じspawnし、raidメンバーに対し1kダメージ程度の遠距離攻撃をしてくる。Ranged DPSが彼らを処理しなければならない。 Devious Faeries Health 70k Duke Latereusがおよそ60% healthになると2匹spawnする。Devious Faeriesは必ずinterruptされる必要がある。interruptに失敗したらraid全体に70%程のダメージを与える。 Strategy 弱いから後回し Pull The MT will charge in and tank Duck Leotard where he stands. OT#2 will pick up 2 shamblers and get them to shambler position #1. The rest of the raid will stack behind Duke Letareus at Position A, with the healers clumping on OT#1. The Fight After the pull, 6 adds will spawn that will be picked up by OT#1. OT#1 will tank the adds in position 3 so they do not melee the healers. The raid will AoE the adds when threat has been established. OT#1 will call out for this. After the adds are down, DPS will continue on the Duke. When Unleash Wrath begins to channel, melee will kill Shambler #1. He will then channel Furious Pursuit and chase the MT. At this point, the first shambler will need to be popped, with the other 3 popped in staggered 10-15 second increments. Melee DPS will focus on the shamblers, while ranged DPS will handle adds. Any free DPS time will be used to DPS the Duke. OT #2, will pick up one to two turtles at a time, and bring them down to low health. If needed, one ranged DPS will DPS a shambler so that it is low enough to be killed as soon as Duke channels Furious Pursuit. They will be marked and killed in order, in their respectful positions. During this time, the MT will be kiting Duke Retardicus from “goo” to “goo”, maintaining threat as best he can. It is extremely important that the tank never, EVER get within melee range of Duke Letarious, until his Furious Pursuit is up. This is rinse and repeat until the Devious Faeries spawn. At this point, two DPS warriors (or OT#1 and 1 DPS warrior) will each pick one up, and DPS will focus them down and interrupt any spells ASAP. DPS will kill the Faerie marked with #1 first. At 25% the add spawns escalate, and become almost unmanageable. OT#1 will pick up the brownies, and the DPS warriors will focus all their attention on interrupting the Devious Faeries. The rest of the raid will burn Letareus to 10%, then clear out the adds. Continue kiting him through slimy shamblers, and you are good to go. As long as the shamblers are down in the right spots, and the tank doesn t get caught, this fight is cake. Damage to Tanks Seemed low. The Duke himself seems to hit for about 3-4k a swing. OT#1 will most likely take the most damage when tanking the 6 Devious Brownies. Damage to Raid Also seemed low until later in the fight. There is assorted spike damage on single targets, and could get high if flying adds are not managed. Movie loot