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Santa s Peppermint 日本語訳: 性能 39% Chance to block 500 damage 182 Damage 55% Cold Resistance +6% Shield Block +500 Health +2.0 Health Regeneration per second +2.0 Energy Regeneration per second Required Player Level 35 解説
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Chaosbane 日本語訳:カオスベイン 性能 63 Armor 20% 生命力ダメージ耐性(AE) 54% Reduction in Energy Leech Duration +15 Dexterity +20 Offensive Ability +14% Attack Speed 「ゲベル ジャウティ」セットの一つ Part of the Gebel Tjauti item set. Required Level 17 Required Strength 193 解説\ Rog用のGebel Tjautiセットアイテム。 レジがついてない以外は、まあ普通に使えるレベルの装備品。 どのビルドで使ってもさほど強力ではないし、 Rogの場合はShroud of the NightとGarb of the Scorpion KingでRogSkill+2。 セット3-4つ目のボーナスはそれほど重要ではないので、 毒マニアの人以外は上記二つで止めておいた方が無難。
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ACTE II Premier Tableau (La scène représente un carrefour au bas de la butte Montmartre. À gauche, au fond de la scène, un escalier descendant; plus à gauche, une ruelle puis un hangar; à droite, une maison et un cabaret; au fond, à droite, un escalier montant, plus à droite une ruelle; au loin, à droite, la Butte; à gauche le faubourg) Scène Première (Au lever du rideau, sous le hangar, une laitière prépare son étalage et allume son feu; près d elle, sur une table à la terrasse d un marchand de vin, une fillette (17 ans) plie les journaux du matin. A droite, près d une poubelle renversée, une petite chiffonnière travaille hâtivement; à côté d elle une glaneuse de charbon et, plus loin, un bricoleur fouillent les ordures. Des ménagères vont aux provisions. Cinq heures du matin, en avril. Un léger brouillard enveloppe la ville) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (à la glaneuse) Dir qu en c moment y a des femmes qui dorment dans de la soie! ▼LA GLANEUSE DE CHARBON▲ Bah! les draps de soie s usent plus vite que les autres. ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ Oui, parce qu on y dort plus longtemps! ▼LA GLANEUSE▲ Grande bête! ton tour viendra… (Un noctambule paraît) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ Mon tour? si c était vrai! (Le noctambule s approche de la plieuse) ▼LE NOCTAMBULE▲ Si jolie, si matin… (il tourne autour de la fillette) Malice du destin, qui revêt de satin et de robes d aurore les guetteuses de nuit aux rides inclémentes et cache au libertin, sous des voiles de nuit les fillettes d aurore que le désir tourmente. (à la plieuse) Un baiser? ▼LA PLIEUSE▲ Passez vot chemin! ▼LE NOCTAMBULE▲ (riant) Mon chemin, je le cherche… me tendras-tu la perche? (avec afféterie) Sans les lanternes de tes jolis yeux, je risque fort de me perdre! tu veux?… (La fillette lui tourne le dos) ▼LA GLANEUSE▲ (s étirant) Ah! ▼LE BRICOLEUR▲ (geignant) Ah! ▼LE NOCTAMBULE▲ (regardant autour de lui) En ce froid carrefour où gémit la souffrance, je me sens mal à l aise, (à la fillette) et sans ta jeune chair il me semblerait choir au seuil du sombre enfer où le Dante écrivit Ici point d espérance! Le son de ma voix éveille-t-il en toi une vague souvenance… que tu restes songeuse?… ou bien un frais désir fait-il bondir ton coeur d amoureuse? ▼LA PLIEUSE▲ (riant) Vous êtes fou! ▼LA LAITIÈRE▲ (riant) Sa folie n est pas dangereuse!… (le noctambule fait une pirouette) Qui êtes-vous ? ▼LE NOCTAMBULE▲ (rejetant son manteau sur l épaule et apparaissant séduisant, tout à fait joli dans un costume de printemps auquel sont piqués quelques grelots de folie) Je suis le Plaisir de Paris! (Les deux femmes font un geste d étonnement admiratif. La petite chiffonnière, la glaneuse, le bricoleur interrompent leur travail et s approchent. D autres figures de souffrance, sorties de l ombre, se groupent derrière eux. Le noctambule pirouette de nouveau) ▼LA LAITIÈRE▲ Où allez-vous? ▼LE NOCTAMBULE▲ Je vais vers les Amantes que le Désir tourmente! Je vais cherchant les coeurs qu oublia le bonheur. (montrant la ville) Là-bas glanant le Rire, ici semant l Envie, prêchant partout le droit de tous à la folie Je suis le Procureur de la grande Cité! Ton humble serviteur… ou ton maître! ▼LA LAITIÈRE▲ (le menaçant de son balai) Effronté! (Il s enfuit en riant) ▼LE NOCTAMBULE▲ Ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! (Au coin de la rue, il heurte violemment le chiffonnier et disparaît) ▼LE CHIFFONNIER▲ Hé! fait attention! butor! (le chiffonnier chancelle et tombe) ▼LE NOCTAMBULE▲ (déjà loin) Je suis le Procureur de la grande Cité! (Le bricoleur s avance vers le chiffonnier; il le débarrasse de sa hotte, puis le relève) ▼LE CHIFFONNIER▲ (à part) Ah!… je le connais… le misérable! ce n est pas la première fois qu il se trouve sur mon chemin! (au bricoleur) Un soir, il y a longtemps, je m en souviens comme si c était hier… ici, au même endroit, il m est apparu… (La plieuse fait un paquet de ses journaux et s en va) hélas! il n était pas seul ce jour-là… une fillette lui donnait la main et souriait à sa chanson… c était ma fille! (dramatique) Je l avais laissée là, au travail… il est venu, il lui a soufflé à l oreille ses tentations mauvaises… (douloureux) et la coquette l a écouté… ell l a suivi… en s enfuyant, ell m a heurté… comme aujourd hui… je suis tombé! Ah! ah! ah! ah! (Il sanglote et se met au travail) ▼LA GLANEUSE, LA CHIFFONIERE▲ Pauvre homme! ▼LE BRICOLEUR▲ Bah! dans toutes les familles, c est la même chose! Moi, j en avais trois, je n ai pu les tenir! Faut pas leur en vouloir si elles préfèr à notre vie d enfer le paradis qui les appelle là-bas… ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (à part) Est-c que les bons lits, les belles robes, comme le soleil, (elle tend les bras vers le soleil dont les premiers rayons éclairent la Butte) ne devraient pas être à tout le monde! Scène Seconde (Deux gardiens de la paix traversent lentement la scène et s approchent de la laitière. Le carrefour s anime. Une balayeuse apparaît au fond et s avance vers le groupe) ▼PREMIER GARDIEN▲ (à la laitière) Belle journée! ▼LA LAITIÈRE▲ Voici le printemps. ▼PREMIER GARDIEN▲ La saison des amours… ▼LA LAITIÈRE▲ Pour ceux qui ont vingt ans! ▼DEUXIÈME GARDIEN▲ Bah! chacun son tour… ▼LA LAITIÈRE▲ J attends encore le mien! ▼PREMIER GARDIEN▲ Vous n avez jamais aimé? (Un gavroche s approche de l éventaire et se chauffe les mains au fourneau) ▼LA LAITIÈRE▲ (simplement) Je n ai pas eu le temps! (Les gardiens rient) ▼LA GAVROCHE▲ (à la laitière) Un p tit noir? ▼LA BALAYEUSE▲ (fanfaronne) Moi, j ai eu ch vaux et voitures… Y a vingt ans (triomphante) j étais la reine de Paris! (comique) quell dégringolade! hein? mais je ne regrette rien… je me suis tant amusée… (sentimentale) Ah! la belle vie! le joyeux, le tendre, l inoubliable paradis! (Le gavroche, qui l a écoutée, hausse les épaules, puis s approche d elle, la tire par la manche) ▼LE GAVROCHE▲ (avec une naïveté feinte) Dites donnez-moi l adresse… ▼LA BALAYEUSE▲ Quelle adresse? ▼LE GAVROCHE▲ (goguenard) L adresse… de vot paradis! ▼LA BALAYEUSE▲ Mais, mon petit, (montrant la ville, tendre) c est Paris! ▼LE GAVROCHE▲ (jouant l étonnement) Paris… (il regarde la ville) c est étonnant! depuis que j suis au monde j m en étais pas encore aperçu! ▼PREMIER GARDIEN▲ (bourru) Allons, circule! ▼LE GAVROCHE▲ (narquois, froidement) De quoi… on n peut pas s instruire?… ▼PREMIER GARDIEN▲ (brutal) Va travailler! (Il le pousse. Le gavroche immobile, toise le gardien, puis d une pirouette nonchalante il lui tourne le dos et s en va lentement arrivé au coin de la rue, il se retourne) ▼LE GAVROCHE▲ (criant, ses mains en porte-voix) Y en a donc que pour les femm s, dans vot paradis! (geste menaçant des gardiens; le gamin s enfuit; les gardiens s éloignent du même côté. La petite chiffonnière s en va d un autre côté, courbée sous le poids d un sac de chiffons. La balayeuse reprend son travail et disparaît dans la rue voisine. La glaneuse s approche de la laitière) ▼LA PETITE CHIFFONNIÈRE▲ (avec amertume) Y en a qu pour les femmes!… (Le chiffonnier et le bricoleur montent l escalier. Julien paraît au fond de la scène; il fait un geste à ses amis) Scène Troisième (Les bohèmes paraissent en haut de l escalier et s avancent, comiquement, avec des allures de conspirateurs) ▼LE PEINTRE▲ (à Julien) C est ici? ▼LE SCULPTEUR▲ C est là qu elle travaille? (la glaneuse s éloigne) ▼JULIEN▲ (indiquant la maison) Sa mère l accompagnera jusqu à cette porte… sitôt disparue, je m élance… je rattrape Louise… (rageusement) et, si ses parents refusent… ▼LE PEINTRE▲ Tu l enlèves! (Julien approuve) ▼TOUS▲ (entourant Julien) Bravo! bravo! bravo! ▼LE CHANSONNIER▲ Mais, consentira-t-elle? ▼JULIEN▲ Je la déciderai! (Ils se répandent sur la place à droite, le sculpteur, le peintre et le jeune poète; à gauche, Julien, l étudiant, les philosophes et le chansonnier. Les autres inspectent silencieusement les alentours) ▼LE PEINTRE▲ (à Julien) Nous en ferons notre Muse! ▼LE SCULPTEUR▲ (au poète) Le coin est joli… ▼LE CHANSONNIER▲ (à Julien) Muse des Bohèmes! ▼LE PEINTRE▲ (au sculpteur) Un vrai carrefour à sérénades… ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ (avec dédain) Une muse? ▼LE SCULPTEUR▲ (au peintre) Nous aurions dû prendre nos instruments… ▼LE CHANSONNIER▲ (au philosophe) On la couronnera! (Des têtes de bonnes paraissent aux fenêtres de la maison) ▼LE SCULPTEUR▲ Nous reviendrons. ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Les Muses sont mortes! ▼LE CHANSONNIER▲ (enthousiaste) On les ressuscitera! ▼LE PEINTRE▲ (lorgnant les fenêtres) Les jolies filles! ▼LE SCULPTEUR▲ Mesdemoiselles? ▼LE CHANSONNIER▲ Elles sont charmantes! ▼LE JEUNE POETE▲ Ravissantes! (D autres têtes paraissent à d autres fenêtres. Les bohèmes envoient des baisers et saluent; d autres font les clowns. Le chansonnier, grattant sa canne ainsi qu une guitare, se met en évidence. À l écart dissertent les philosophes) ▼LE CHANSONNIER▲ Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime! Toujours gais et pimpants, Les femm s nous trouvent séduisants… ▼DEUXIEME PHILOSOPHE▲ (à l autre) Pourquoi refuseraient-ils? ▼LE CHANSONNIER▲ Quoiqu sans argents! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Ils préfèrent sans doute en faire la femme d un bourgeois! ▼LE CHANSONNIER▲ Presqu indigents! ▼DEUXIEME PHILOSOPHE▲ (ironique) Mais, les ouvriers méprisent les bourgeois! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Ah! ah! tu crois ça! ▼LE CHANSONNIER▲ Mais nous somm s très intelligents! (Cris et bravos; des fenêtres on jette des sous. Les bohèmes saluent ironiquement) ▼LE PEINTRE▲ (saluant) Aimez-vous la peinture? ▼LE SCULPTEUR▲ (de même) La sculpture? ▼LE CHANSONNIER▲ (de même) La musique? ▼LE JEUNE POETE▲ Je suis un grand poète! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ Mon cher, l idéal des ouvriers c est d être des bourgeois. (tous approuvent) le désir des bourgeois être des grands seigneurs… (nouvelle approbation plus nourrie. Ironique) et le rêve des grands seigneurs (attention générale ironique. Emphatique) devenir des artistes! (rires) ▼LE PEINTRE▲ Et le rêve des artistes! ▼PREMIER PHILOSOPHE▲ (avec emphase) Être des dieux! ▼TOUS▲ Bravo! ▼LES BOHÈMES▲ Oui, des dieux! ▼L APPRENTI▲ (traversant la scène, passant dans le fond) Allez donc travailler, tas d feignants! (Les bohèmes esquissent une poursuite, puis ils descendent l escalier en chantant. Le philosophe, le chansonnier, le peintre et l étudiant vont dire adieu à Julien) ▼LES BOHÈMES▲ Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime. Toujours gais et pimpants, les femm s nous trouvent séduisants… ▼JULIEN▲ (à ses amis, fiévreusement) Voici l heure, laissez-moi. ▼LES BOHÈMES▲ Quoiqu sans argents! ▼LE PREMIER PHILOSOPHE▲ (à Julien) Allons, bonne chance… ▼LE CHANSONNIER▲ (l excitant) Enlève la redoute!… ▼LES BOHÈMES▲ (déjà loin) Presqu indigents! ▼LE PEINTRE▲ (avec mystère) Sois éloquent! ▼L ETUDIANT▲ (donnant une accolade à Julien) A tout à l heure… (ils s éloignent) ▼LES BOHÈMES▲ (très loin) Mais nous somm s très intelligents! (cris lointains des bohèmes) Scène Quatrième ▼JULIEN▲ (dans une agitation douloureuse) Elle va paraître, ma joie, mon tourment, ma vie! Voudra-t-elle me suivre? Voudra-t-elle qu aujourd hui notre amour soit vainqueur! Que dois-je lui dire? Comment la décider? (avec angoisse) Qui viendrait à mon aide?… ▼LA REMPAILLEUSE▲ (lointaine) La caneus , racc modeus de chais s!… (Julien fait un geste de surprise) ▼MARCHAND DE CHIFFONS▲ (lointain) Marchand d chiffons, ferraille à vendr !… (Il écoute avec émoi croissant; les chants qui se rapprochent) ▼LA REMPAILLEUSE▲ (plus près) la caneus , racc modeus de chais s!… ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (lointaine) artichauts, des gros artichauts! ▼LE MARCHAND DE CAROTTES▲ v là d la carott , elle est bell , v là d la carott ! d la carott ! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ A la tendress , la verduress ! ▼LE MARCHAND DE CAROTTES▲ (très loin) D la carott ! ▼LA MARCHANDE DE MOURON▲ (près de la scène) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (se rapprochant) Et à un sou, vert et tendre, et à un sou! (flûte du chevrier lointain) ▼LA MARCHANDE DE MOURON▲ (près de la scène) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼LA MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ En v là des gros, des bien beaux! ▼MARCHANDS DE TONNEAUX▲ Tonneaux, tonneaux, v la l marchand d tonneaux! ▼MARCHANDS DE BALAIS▲ Ach tez des balais, v la l marchand d balais; c est papa, qui les fait, c est maman qui les vend, c est moi qui mang l argent! ▼MARCHANDS DE POMMES DE TERRES▲ Pomm s terr , pomm s terr , oh les pomm s terre, au boisseau, trois sous l quart, c est d la holland ! ▼MARCHANDS DE POIS VERTS▲ Pois verts, pois verts, dix sous l boisseau! ▼JULIEN▲ (avec enthousiasme) Ah! chanson de Paris, où vibre et palpite mon âme! ▼MARCHANDS ET MARCHANDES▲ (lointain) Pois verts! pois verts! ▼JULIEN▲ Naïf et vieux refrain du faubourg qui s éveille, aube sonore qui réjouit mon oreille! Cris de Paris… voix de la rue Êtes-vous le chant de victoire de notre amour triomphant?… (Des ouvrières paraissent au fond. Julien se cache sous le hangar, épiant, anxieux) Scène Cinquième ▼BLANCHE▲ Bonjour! ▼MARGUERITE▲ Bonjour! ▼BLANCHE▲ Comment vas-tu? (Elles disparaissent à l entrée de la maison. Une autre paraît faisant un geste à une quatrième qui s avance) ▼SUZANNE▲ Nous sommes en avance? ▼GERTRUDE▲ Il est huit heures… ▼SUZANNE▲ Ah! (Elles entrent dans la maison. Deux autres s avancent en caquetant) ▼IRMA▲ Eh! bien, tu t es amusée, hier? ▼CAMILLE▲ Ah! c que j ai ri! ▼IRMA▲ Tu sais… le grand Léon… (elle lui parle à l oreille) ▼CAMILLE▲ Vrai? ▼IRMA▲ En mariage, ma chère! (elles disparaissent) ▼JULIEN▲ Viendra-t-elle? (impatient, il sort de sa cachette; trois ouvrières entrent et le regardent gesticuler) ▼L APPRENTIE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ▼ÉLISE▲ Qu il est beau! ▼MADELEINE▲ Eh! l artiste! ▼L APPRENTIE▲ Il attend sa belle! ▼MADELEINE, MARGUERITE▲ Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ▼L APPRENTIE, MADELEINE, MARGUERITE▲ C te tête! (Elles s enfuient en riant. Julien les regarde entrer dans la maison, il reste pensif, puis il va vers la rue. Julien, apercevant enfin Louise et sa mère, manifeste sa joie; il revient en courant, va se cacher dans le hangar et guette. Étonné de ne pas les voir, il regarde; il les aperçoit et se dissimule vivement) Scène Sixième (La mère et Louise entrent; elles s avancent lentement; elles s arrêtent) ▼LA MÈRE▲ (bougonnant) Pourquoi te retourner? Il nous suit, sans doute… suffit! Je d mand rai à ton père que dorénavant tu travailles chez nous. (Louise lève les yeux au ciel. Mimique de Julien qui, n y pouvant tenir, se montre à Louise) Ah! t as beau faire les gros yeux!… (Louise, voyant Julien, porte la main sur son coeur) On changera ta mauvaise tête, Il faudra bien que Louise reste une fille honnête!… Allons, au revoir! (Louise, froidement, lui tend la joue; la mère l embrasse avec tendresse. Louise entre dans la maison, la mère s éloigne lentement, surveille un instant les fenêtres de l atelier; arrivée près de la rue, elle guette de tous côtés, méfiante, puis disparaît. Julien se risque timidement, s enhardit, hésite, puis s élance dans la maison) ▼MARCHAND DE LA RUE▲ (lointain) V là d la carotte elle est bell ! V là d la carott ! d la carott ! d la carott ! Scène Septième (Julien reparaît, entraînant Louise) ▼LOUISE▲ (affolée, se débattant) Laissez-moi… ah! de grâce! (Julien l entraîne dans le hangar) ▼JULIEN▲ Alors, ils ont refusé? (Louise se débat et veut fuir) ▼LOUISE▲ Je vous en prie! si ma mère revenait… ▼JULIEN▲ Ils ont refusé? ▼LOUISE▲ Vous me faites mourir de peur! ▼JULIEN▲ Et tu supportes cette chose! tu ne te révoltes pas? ▼LOUISE▲ Que puis-je faire? ▼JULIEN▲ Tu le demandes! ▼LOUISE▲ Ils sont les maîtres! ▼JULIEN▲ Pourquoi, les maîtres? Parce qu ils t on fait naître, se croient-ils le droit d emprisonner ta jeunesse adorable? ▼LOUISE▲ Julien!… ▼JULIEN▲ D asservir ta vie! ▼LOUISE▲ (suppliante) Ah! par pitié! ▼JULIEN▲ De la murer pour leur plaisir! ▼LOUISE▲ Laissez-moi partir! ▼JULIEN▲ Ta volonté, désormais, est celle d une femme et vaut la leur tu es femme, tu peux, tu dois vouloir! ▼LOUISE▲ (ne sachant que répondre) Ah! je vais être en retard… (suppliante) laissez-moi partir. (Julien, fâché de son indifférence, la laisse partir. Elle fait quelques pas, puis revient, souriante, espiègle) ▼JULIEN▲ Tu ne m aimes plus! ▼LOUISE▲ (naïvement) Ce n est pas vrai! (Les cris de la rue reparaissent, lointains) ▼JULIEN▲ Si tu m aimais, oublierais-tu ta promesse? (Louise, troublée, se détourne) ▼UNE MARCHANDE DE LA RUE▲ (lointaine) V là du cresson d fontain , la santé du corps! ▼JULIEN▲ Écrivez encore à mon père, s il refuse votre demande je promets de fuir avec vous. ▼UNE MARCHANDE▲ (lointaine) Mouron pour les p tits oiseaux! ▼UN MARCHAND▲ (lointain) Pois verts! pois verts! ▼LOUISE▲ (presque parlé) Ah! si je pouvais… (flûte du chevrier) si mon père… ▼JULIEN▲ Ton père te pardonnerait! ▼LOUISE▲ Jamais! ▼JULIEN▲ Plus tard, quand ton bonheur… ▼LOUISE▲ Mon abandon le tuerait et je l aime mon père, autant que je t aime… ▼JULIEN▲ (la serrant dans ses bras) Ah!… ah! Louise, si tu m aimes, partons de suite au Pays (montrant la Butte ensoleillée) où vivent libres les Amants! Viens, je te choierai tant, et toute ta vie! (De la rue voisine viennent des cris et des rires) Viens vers la Joie, le Plaisir! (Entendant des rires, Louise, troublée, veut fuir, Julien la retient. Quatre ouvrières traversent la scène en riant et entrent dans la maison) ▼JULIEN▲ (plus pressant) Si tu m aimes, Louise, Viens, fuyons de suite, si tu m aimes, n attends pas plus longtemps! Tiens ta promesse dès maintenant, Louise! Louise! (il veut l entraîner) ▼LOUISE▲ (éperdue, se débattant) Julien! ▼JULIEN▲ Viens! ▼LOUISE▲ Ah! je deviens folle… ▼JULIEN▲ Vers le plaisir!… ▼LOUISE▲ (affolée) Je ne sais que faire… laissez-moi partir! Demain… plus tard… (avec tendresse) Je serai ta femme! Julien!. mon bien-aimé!… (Flûte lointaine du chevrier. Louise se jette à son cou, ils s embrassent; puis Louise se dégage et s éloigne vers la maison; sur le seuil de la porte, elle envoie un baiser. Julien répond avec tristesse. - Louise disparaît) Scène Huitième ▼UN MARCHAND D HABITS▲ (descendant l escalier) Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ? (il interroge les fenêtres) Marchand d habits!… (il se tourne de l autre côté) avez-vous des habits à vendr ? (Mélancoliquement il s éloigne. Julien, accablé, s achemine tristement vers la Ville) Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ? (Julien, sur le seuil de l escalier, près de la rue, fait un dernier geste de désespoir, descend lentement et disparaît. Le rideau tombe très lentement) ▼MARCHANDE DE MOURON▲ (Enfant. Très loin) Mouron pour les p tits oiseaux!… (flûte du chevrier) ▼MARCHANDE D ARTICHAUTS▲ (très lointaine) A la tendress (s éloignant) la verduress !… Interlude Deuxième Tableau (Rideau. Rire des ouvrières. Un atelier de couture; les ouvrières, autour des tables, travaillent en caquetant et chantant; quelques-unes bavardent; près du mannequin, deux ouvrières plissent une jupe; l apprentie, couchée à terre, ramasse les épingles; une ouvrière travaille à la machine. Louise, un peu séparée des autres, garde le silence. Durant les conversations, des ouvrières chantent) Scène Première (Première table côté jardin Irma, Camille, 4 coryphées; deuxième table Blanche, Madeleine, puis Élise et Suzanne, 2 coryphées; troisième table Louise, Gertrude, Marguerite; près du mannequin Suzanne, Élise; l apprentie, la première, la mécaniceienne; autres tables jeunes et vieilles ouvrières) La la la la la la la la ▼SUZANNE▲ (près du mannequin, faisant les plis d une jupe) C est énervant! je n peux pas y arriver… ▼L APPRENTIE▲ (accroupie devant la table; à Gertrude) Passez-moi vos ciseaux… ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la ▼GERTRUDE▲ (Gertrude doit avoir les cheveux gris et jouer en vieille fille sentimentale et prétentieuse) Et les tiens? ▼ÉLISE▲ Quell mauvaise étoffe! ▼L APPRENTIE▲ perdus!… ▼ÉLISE▲ Les plis n marquent pas… ▼GERTRUDE▲ J en ai assez d les prêter. ▼L APPRENTIE▲ Un minute? (Élise prend la jupe, la montre à la première, puis va s asseoir à la deuxième table) ▼GERTRUDE▲ Tu n as qu à t en payer! (Elle se lève et va essayer un corsage sur le mannequin) ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la ! ▼IRMA▲ Moi, j ai vu «l Pré aux Clércs et Mignon» (Blanche se lève et va causer à Marguerite) ▼CAMILLE▲ Moi, j ai vu Manon. ▼BLANCHE▲ (à Marguerite, à mi-voix) Voudrais-tu m montrer à baleiner? ▼IRMA▲ Cest beau? ▼CAMILLE▲ Très beau, surtout quand ell meurt. ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la la!… ▼GERTRUDE▲ (avec impatience) J peux pas arriver à finir c corsage! ▼MARGUERITE▲ (à Blanche) Tu prends ton ruban comm ceci… ▼GERTRUDE▲ Sur l mann quin, c est bien, mais sur la femme! ▼MARGUERITE▲ Tu commenc s par en bas, tu l fais sout nir très peu… ▼IRMA▲ C est pour qui? ▼JEUNES OUVRIERES▲ La la la la la la la!… ▼GERTRUDE▲ Pour la duchesse… ▼CAMILLE▲ (moqueuse) En effet, j vois ça d ici! (Élise va s asseoir près de Blanche à la deuxièmee table) ▼GERTRUDE▲ (riant) Faut lui mett du crin sous les bras… ▼CAMILLE▲ (riant) Faut lui fair des hanches… ▼IRMA▲ (riant) Un vrai rembourrage, quoi! ▼L APPRENTIE▲ (en gavroche) C qui y a des clientes, tout d même! (Rires) Ah! ah! ah! ah! ah!… (Blanche reprend sa place) ▼OUVRIERES, IRMA, CAMILLE▲ La la la la la!… ▼BLANCHE▲ (à Irma) Moi, j vais m faire une robe pour le Grand Prix… ▼LA PREMIERE▲ (à Louise) N oubliez pas le sachet d héliotrope?… ▼BLANCHE▲ J ai vu un modèl , ma chère (la dispute, bien en dehors) ▼ÉLISE▲ (à Suzanne qui lui donne des conseils) Ah! laiss -moi tranquille, tu m ennuies! ▼VIEILLES OUVRIERES▲ La la la la la la la la!… ▼SUZANNE▲ C est pas comm ça qu on s y prend… ▼ÉLISE▲ Tu veux toujours en savoir plus qu les autres! ▼SUZANNE▲ P tite imbécile! tu n vois pas qu ça craqu sous l aiguille? ▼ÉLISE▲ Oh! la! la! quel cauch mar! ▼SUZANNE▲ T en as un caractère! ▼ÉLISE▲ Tu n t es pas r gardée! ▼SUZANNE▲ Va donc hé! bouffie! ▼JEUNES ET VIEILLES OUVRIERES▲ La la la la la la la!… (Élise lance une pelote à la tête de Suzanne; les autres s interposent. Toutes rient avec éclats. La première se lève) ▼LA PREMIERE▲ Mesd moiselles, un peu d silence… nous n sommes pas au marché… (Silence relatif. La première va causer avec Gertrude. Geste de Louise, songeant à Julien) ▼CAMILLE▲ (bas à ses voisines) Voyez Louise, quell drôl de tête elle fait aujourd hui… ▼ÉLISE, SUZANNE▲ C est vrai! ▼IRMA▲ C est vrai! on dirait qu elle a pleuré. ▼GERTRUDE▲ Elle a peut-être des ennuis de famille… ▼CAMILLE▲ Ses parents sont très durs pour elle… (Les ouvrières se groupent et jettent des regards sur Louise qui semble ne rien voir) ▼IRMA▲ Ell n a pas la vie belle… ▼CAMILLE▲ Sa mèr la frappe encore… ▼BLANCHE, SUZANNE▲ (indignées) Ah! ▼ÉLISE▲ Ce n est pas moi qui me laisserais battre! ▼SUZANNE▲ Moi non plus! ▼BLANCHE▲ Et moi, c que j les plaqu rais! ▼L APPRENTIE▲ Moi, quand le pèr veut m battre, j lui dis cogn sur maman, (emphatique) y a plus d largeur! (rires. Louise baisse la tête, écoute, et reprend son attitude indifférente) ▼IRMA▲ (regardant ironiquement Louise) Non; je crois que Louise est amoureuse. ▼GERTRUDE▲ (étonnée) Amoureuse! Louise… (elle rit) ▼CAMILLE▲ Pourquoi Louise serait-ell pas amoureuse? ▼ÉLISE▲ Amoureuse, Louise… (elle hausse les épaules) ▼L APPRENTIE▲ (à part) Amoureuse! ▼SUZANNE, MADELEINE▲ Amoureuse! ▼GERTRUDE, MARGUERITE▲ Amoureuse! ▼BLANCHE, ÉLISE▲ Amoureuse! ▼IRMA, CAMILLE▲ Amoureuse! ▼BLANCHE, MARGUERITE, GERTRUDE, SUZANNE, MADELEINE, ÉLISE, IRMA, CAMILLE, BLANCHE▲ Louise, entends-tu? on dit que tu es amoureuse… ▼LOUISE▲ (troublée) Moi? ▼IRMA, CAMILLE▲ Est-ce vrai? ▼LOUISE▲ (avec colère) Vous êtes folles… ▼GERTRUDE▲ (reprend sa place près de Louise) Un amoureux à ton âge, ce n est pas un péché, et tu peux l avouer… A moins que tu ne veuilles garder le secret de tes aventures. (orgue de barbarie lointain) ▼ÉLISE, SUZANNE▲ Louise, raconte-nous… ▼LOUISE▲ (simplement) Je n ai pas d aventure. ▼GERTRUDE▲ (avec un lyrisme comique contenu) Que c est charmant une aventure! (Derrière elle, l apprentie, avec des gestes de gavroche, mime ironiquement les paroles sentimentales de la chanson de la vieille fille) Un garçon de jolie figure qui vous aime et vous le prouve à tout moment! C est le rêve d or des jeunes filles… rêve auquel on pense tout enfant. Pour le baiser d un jeune amant, (avec feu) je donnerais sans regret le restant de ma vie. (pâmée; orgue de barbarie lointain) ▼CAMILLE▲ (naivement) D où vient ce sentiment qui nous attire constamment vers les hommes? D où vient qu à leur approche nos coeurs chavirent? (pétulante) On a beau nous dire (avec mystère) «Prenez garde» Qu apparaisse le prédestiné, les scrupules s envolent. À son regard, on rougit; à sa parole, on sourit; dans l enthousiasme du baiser, on s ouvre au dieu malin; c est un bonnet de plus qu on accroche au moulin (Rires étouffés. Peu à peu les ouvrières reprennent leur travail et causent à voix basse) ▼L APPRENTIE▲ (agenouillée devant Louise) Louise, raconte-nous tes aventures… ▼LOUISE▲ (avec impatience) Je n ai pas d aventure. (Louise hausse les épaules; l apprentie, dépitée, s éloigne en rampant sous les tables. Élise va s asseoir auprès de Gertrude) ▼IRMA▲ (à ses voisines, langoureusement) Oh! moi quand je suis dans la rue, tout mon etre prend comme feu; ▼ÉLISE▲ (à Marguerite) C est un beau brun… ▼IRMA▲ Sous les rayons ardents ▼MARGUERITE▲ Tu l aimes? ▼IRMA▲ … des yeux qui me désirent, ▼ÉLISE▲ J en suis toquée ▼IRMA▲ Je vais radieuse! ▼MARGUERITE▲ Grande folle! (Élise reprend sa place; Suzanne va ``essayer au mannequin) ▼LA PREMIERE▲ (à Madeleine) Voyez la longueur des manches ▼IRMA▲ Les frôlements, les appels, ▼GERTRUDE▲ Dieu, qu il fait chaud! ouvrez la f nêtre… (l apprentie va ouvrir une fenêtre) ▼BLANCHE▲ (à Élise) C est tordant! ▼IRMA▲ … les flatteries… ▼SUZANNE▲ (à Madeleine) Tu viens avec moi, ce soir? ▼IRMA▲ … m attisent et me grisent! ▼ÉLISE▲ Louise, chante-nous quelque chose?… ▼LA PREMIERE▲ (à Marguerite) Laissez-la donc tranquille!… ▼IRMA▲ Il me semble… ▼L APPRENTIE▲ (à la mécanicienne) J ai rendez-vous à huit heures… ▼IRMA▲ … être en voyage… ▼ÉLISE▲ (à Blanche) Il t a fait la cour? ▼IRMA▲ … alors… ▼LA PREMIERE▲ A qui l corsage? ▼IRMA▲ … que paysages… ▼ÉLISE▲ C est à moi. ▼IRMA▲ … et maisons tourbillonnent… ▼LA PREMIERE▲ Dépêchez-vous, il le faut pour ce soir. ▼IRMA▲ …en ronde folle autour du wagon! ▼SUZANNE, BLANCHE, ÉLISE, MADELEINE▲ (riant bruyamment) ah! ah! ah! ah! ah!… ▼CAMILLE, GERTRUDE▲ Chut! (La première va dans la chambre voisine) ▼L APPRENTIE▲ Écoutez! ▼IRMA▲ (L apprentie, accroupie près d Irma, l écoute avec admiration) Une voix mystérieuse, prometteuse de bonheur, parmi les bruissements de la rue amoureuse, me poursuit et m enjôle… C est la voix de Paris! C est l appel au plaisir, à l amour! Et, peu à peu, l ivresse me gagne… dans un frisson délicieux, à tous les yeux, je livre mes yeux. Et mon coeur bat la campagne et succombe aux désirs de tous les coeurs. ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ C est la voix de Paris… ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! (fanfare dans la coulisse) ▼TOUTES▲ (diversement) Ah! la musique! Scène Seconde (Irma, Camille, Marguerite, Élise, Madeleine et l apprentie vont aux fenêtres et regardent curieusement dans la cour) ▼UNE VOIX▲ (dans la coulisse, en colère, semblant marquer la mesure) Un! ▼BLANCHE▲ (se levant et courant vers la fenêtre) Quell drôl de fanfare! ▼IRMA▲ Ils accompagn nt un chanteur… ▼CAMILLE▲ Il est bien, c lui-là. ▼SUZANNE▲ (pouffant) Tu trouves! ▼ÉLISE▲ (à Madeleine) On dirait l artist de tout à l heure! (Élise, Madeleine, l apprentie, croyant que Julien va chanter pour elles, se moquent de Camille qui le trouve à son goût; pendant la première partie de la sérénade, elles échangent des signes d intelligence, envoient des baisers au chanteur et semblent très excitées) ▼L APPRENTIE▲ Il nous r garde! ▼CAMILLE▲ Louise! viens voir… il est très bien. ▼L APPRENTIE▲ Très bien! (Louise semble ne pas entendre. Guitare dans la coulisse) ▼JULIEN▲ (dans la coulisse) Dans la cité lointaine, Au bleu pays d espoir, Je sais, loin de la peine, Un joyeux reposoir, Qui, pour fêter ma reine, Se fleurit chaque soir. ▼LES OUVRIERES▲ Quelle jolie voix! Quelle jolie voix! Ah ma chère, quelle jolie voix! ▼LOUISE▲ (à part) C est lui! c est Julien! (Camille vient prendre le bouquet qu Irma a laissé sur la table pour le jeter au chanteur. Irma veut l empêcher et la pousse. Suzanne se lève, tout en continuant à coudre, elle passe devant les tables, s arrête près de la fenêtre, écoute, ravie, pâmée) ▼JULIEN▲ Les fleurs du beau Domaine S avivent chaque soir; Mais l insensible reine Dédaigne leur espoir; (Ne daigne s émouvoir.) (comme en ritornelle) Quand viendras-tu, dis-moi, la belle, Au reposoir d ivresse éternelle? L Aube t appelle et te sourit, voici le jour!… Veux-tu que je te mène en ce riant séjour, A l amour! ▼LES OUVRIERES▲ Bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo! (fanfare des bohèmes dans la coulisse) ▼CAMILLE▲ (ravie) Il va chanter encore! ▼LOUISE▲ Quel supplice! Quel affreux tourment! ▼JULIEN▲ Jadis tu me contais un magique voyage «Tous deux, me disais-tu, dès notre mariage, libres, nous partirons au Pays adoré, loin de ce monde où nous avons pleuré» Voici le jour sacré de tenir ta promesse et l heure du départ, l heure d allégresse, l heure sonne et carillonne et chante à ton coeur les désirs de mon coeur!… Quand partons-nous, dis-moi, la belle, pour le pays d ivresse éternelle? ▼LES OUVRIERES▲ (mystérieusement) Quelle caresse! Aux accents de sa tendresse, mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Quelle ivresse! à ses accents mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Ah quel doux chant de tendresse… Quelle jolie voix! quelle jolie voix! ah! ah! Ah! Ah! quelle caresse! quel doux chant de tendresse! Ah! ah! mon coeur s abandonne! ▼CAMILLE▲ Comme il nous regarde! ▼IRMA▲ On dirait qu il s adresse à l une de nous… (Élise fait à Madeleine un geste d intelligence) ▼L APPRENTIE▲ C est vrai! ▼LOUISE▲ (à part) Pauvre Julien! ▼ÉLISE▲ Il n a pas l air content… ▼BLANCHE▲ Jetons-lui des sous! ▼CAMILLE▲ Et des baisers! (elles jettent des sous et envoient des baisers au chanteur) ▼LOUISE▲ (peut-être jalouse) Ah! j aurais dû partir tout à l heure (Julien gratte avec rage les cordes de sa guitare) ▼GERTRUDE▲ Qu est-c qu il a? ▼L APRENTIE▲ Il devient fou? (Rires. Louise se lève, frémissante, puis se rassied. A partir de ce moment, les ouvrières trouvant la chanson moins jolie, ennuyeuse même, échangent des gestes de lassitude, de moquerie. Élise et Madeleine, déçues dans leur espoir, raillent et sifflent impitoyablement le chanteur) ▼JULIEN▲ (avec émotion) Si ton âme, oubliant les serments d autrefois, S est détournée de moi; Si tes voeux sont de vivre sans lumière et sans joie… ▼GERTRUDE▲ Que chante-t-il? ▼ÉLISE▲ C est assommant! ▼JULIEN▲ … coeur infidèle… ▼MADELEINE▲ (riant) Ah! ah! ah!… ▼JULIEN▲ (avec emphase) … va plus loin battre de l aile ▼ÉLISE▲ (agacée) Ah! ▼CAMILLE▲ Il nous ennuie! ▼GERTRUDE▲ (geignant, avec ennuie) Ah! ▼JULIEN▲ Moi, le renonce à vivre car la vie est sans excuse quand l adorée, la seule aimée, à mes appels se refuse! ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ Ah! ▼ÉLISE▲ Dieu, qu il m énerve! ▼SUZANNE, MADELEINE▲ Que chante-t-il? ▼IRMA, CAMILLE▲ A-t-il bientôt fini? ▼GERTRUDE▲ C est rasant! ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ C est assommant! ▼LES OUVRIERES▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ (criant) Une autre! ▼L APPRENTIE▲ (criant) Une autre! ▼IRMA, CAMILLE, GERTRUDE▲ (criant) Une autre! BLANCHEs, MARGUERITE, ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ (criant) Une autre! ▼TOUTES▲ (auf Louise) Une autre! (Durant cette dernière strophe, Louise se lève, frémissante. L apprentie, juchée sur une chaise, fait la manivelle avec le coin de son tablier roulé imitant comiquement le jouer d orgue) ▼JULIEN▲ Le temps passe et tu ne réponds pas… ▼ÉLISE▲ Ah! quel malheur! ▼JULIEN▲ Je ne sais plus que te dire!… ▼GERTRUDE▲ Pauvre petit! ▼JULIEN▲ Faut-il que tu m aies menti jadis!… ▼SUZANNE▲ Quel raseur! ▼L APPRENTIE▲ Oh! la! la! quell scie! ▼ÉLISE▲ Va chez l coiffeur! ▼JULIEN▲ Faut-il que tu m aies menti! ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ (criant) Menti! ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ A-t-il bientôt fini? (L apprentie court ramasser des chiffons et les jette dans la cour) ▼JULIEN▲ Sois maudite! Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼IRMA, CAMILLE▲ (riant) Ah! ah! ah!… ▼JULIEN▲ Assez! assez! (lui répondant par la fenêtre) Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼GERTRUDE▲ (riant) Ah! ah! ah!… J en pleure! c est tordant! Quell scie! (criant) Ferme ça ▼BLANCHE, MARGUERITE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! C te tête! quel type! Voyez-le donc… il est fou! il est fou! (criant) Music! ▼ÉLISE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Il est fou! il est saoûl! (Élise ramasse des chiffons et les jette dans le cour) A Charenton! quel cauch mar! oh! la, la! ▼SUZANNE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Il est saoûl! il est fou! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl! (criant) Music! ▼MADELEINE▲ (riant) Ah! ah! ah! ah! ah! Assez! quell scie! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl! (criant) Music! ▼L APPRENTIE▲ (criant, les mains en porte-voix) Ta bouche! Il est fou! (faisant des gestes à la fenêtre) Music! ▼LES JEUNES OUVRIERES▲ (ironiquement) Bravo! bravo! bravo! (imitant le chanteur) Fille sans coeur! Ame sans foi! ▼LES VIEILLES OUVRIERES▲ (criant) Assez! assez! assez! (cri plaintif) Ah! A-t-il bientôt fini! (Élise et Camille se rasseyent) ▼IRMA, CAMILLE, ÉLISE, L APPRENTIE, JEUNES OUVRIERES▲ (criant) Music! ▼TOUTES▲ (criant) Music! Music! Music! (Les musiciens de la cour obéissent et jouent. Charivari. Les ouvrières dansent et chahutent. Louise se lève. Son visage exprime l angoisse; elle hésite un moment, puis elle va prendre son chapeau et se dispose à sortir) ▼IRMA, CAMILLE, ÉLISE, SUZANNE▲ La la la la la la la la La la la la ▼LES AUTRES OUVRIERES▲ La la la la la la la La la la la ▼TOUTES▲ (rires) Ah! ah! ah! ah! ah!… ▼GERTRUDE▲ (s apercevant du trouble de Louise; à Louise) Louise, qu avez-vous? Êtes-vous souffrante? (d autres ouvrières s approchent) ▼L APPRENTIE▲ (regardant par la fenêtre) Il s en va! ▼LOUISE▲ (avec embarras) Oui… je ne suis pas bien… J étouffe… je suis tout étourdie… (Elle se lève, fiévreuse) Je ne puis rester! ▼CAMILLE▲ Tu veux partir? (Louise, indécise, semble écouter au loin) ▼LOUISE▲ (décidée) Oui, je préfèr rentrer chez nous. (à Gertrude) Vous direz à Madame que j ai dû m en aller… (Elle prend son chapeau et va vers la porte. Quelques ouvrières l entourent) ▼IRMA▲ (affectueusement) Louise, qu as-tu? (Louise, embarrassée, ne sait que répondre) ▼CAMILLE▲ (de même) Tu souffres? ▼IRMA▲ Veux-tu que je t accompagne? ▼LOUISE▲ Non, laissez-moi… (elle ouvre la porte; bas avec effort) Adieu! (Elle disparaît. La fanfare s éloigne. Les ouvrières, étonnées, se regardent) Scène Troisième ▼ÉLISE▲ Qu est-c qui lui prend? ▼CAMILLE▲ Qu est-c que ça veut dire? ▼IRMA▲ (prenant la défense de Louise) Elle était malade! ▼SUZANNE▲ (ironique) Comm vous et moi! ▼L APPRENTIE▲ (criant) C est la faute au chanteur! ▼ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE▲ Voyons! ▼IRMA, BLANCHE, MARGUERITE▲ Voyons! (Elles se précipitent aux fenêtres) ▼CAMILLE▲ La voici! ▼GERTRUDE▲ (restée assise; criant) Eh bien! que fait-elle? ▼ÉLISE, SUZANNE▲ Parfait! ▼IRMA, CAMILLE▲ C est bien ça! (Les ouvrières restées assises, se lèvent et courent aux fenêtres) ▼TOUTES▲ (avec stupéfaction) Ah!… (Gertrude et la première joignent les mains avec épouvante) ▼L APPRENTIE▲ (avec transport, criant) Ils part nt en prom nade! (Elle se roule à terre) ▼TOUTES▲ (riant aux éclats) Ah! ah! ah! (Rideau vivement) ACTE II Premier TableauLa scène représente un carrefour au bas de la butte Montmartre. À gauche, au fond de la scène, un escalier descendant; plus à gauche, une ruelle puis un hangar; à droite, une maison et un cabaret; au fond, à droite, un escalier montant, plus à droite une ruelle; au loin, à droite, la Butte; à gauche le faubourg Scène PremièreAu lever du rideau, sous le hangar, une laitière prépare son étalage et allume son feu; près d elle, sur une table à la terrasse d un marchand de vin, une fillette 17 ans plie les journaux du matin. A droite, près d une poubelle renversée, une petite chiffonnière travaille hâtivement; à côté d elle une glaneuse de charbon et, plus loin, un bricoleur fouillent les ordures. Des ménagères vont aux provisions. Cinq heures du matin, en avril. Un léger brouillard enveloppe la ville LA PETITE CHIFFONNIÈREà la glaneuse Dir qu en c moment y a des femmes qui dorment dans de la soie! LA GLANEUSE DE CHARBON Bah! les draps de soie s usent plus vite que les autres. LA PETITE CHIFFONNIÈRE Oui, parce qu on y dort plus longtemps! LA GLANEUSE Grande bête! ton tour viendra…Un noctambule paraît LA PETITE CHIFFONNIÈRE Mon tour? si c était vrai!Le noctambule s approche de la plieuse LE NOCTAMBULE Si jolie, si matin…il tourne autour de la fillette Malice du destin, qui revêt de satin et de robes d aurore les guetteuses de nuit aux rides inclémentes et cache au libertin, sous des voiles de nuit les fillettes d aurore que le désir tourmente.à la plieuse Un baiser? LA PLIEUSE Passez vot chemin! LE NOCTAMBULEriant Mon chemin, je le cherche… me tendras-tu la perche?avec afféterie Sans les lanternes de tes jolis yeux, je risque fort de me perdre! tu veux?…La fillette lui tourne le dos LA GLANEUSEs étirant Ah! LE BRICOLEURgeignant Ah! LE NOCTAMBULEregardant autour de lui En ce froid carrefour où gémit la souffrance, je me sens mal à l aise,à la fillette et sans ta jeune chair il me semblerait choir au seuil du sombre enfer où le Dante écrivit Ici point d espérance! Le son de ma voix éveille-t-il en toi une vague souvenance… que tu restes songeuse?… ou bien un frais désir fait-il bondir ton coeur d amoureuse? LA PLIEUSEriant Vous êtes fou! LA LAITIÈREriant Sa folie n est pas dangereuse!…le noctambule fait une pirouette Qui êtes-vous ? LE NOCTAMBULErejetant son manteau sur l épaule et apparaissant séduisant, tout à fait joli dans un costume de printemps auquel sont piqués quelques grelots de folie Je suis le Plaisir de Paris!Les deux femmes font un geste d étonnement admiratif. La petite chiffonnière, la glaneuse, le bricoleur interrompent leur travail et s approchent. D autres figures de souffrance, sorties de l ombre, se groupent derrière eux. Le noctambule pirouette de nouveau LA LAITIÈRE Où allez-vous? LE NOCTAMBULE Je vais vers les Amantes que le Désir tourmente! Je vais cherchant les coeurs qu oublia le bonheur.montrant la ville Là-bas glanant le Rire, ici semant l Envie, prêchant partout le droit de tous à la folie Je suis le Procureur de la grande Cité! Ton humble serviteur… ou ton maître! LA LAITIÈREle menaçant de son balai Effronté!Il s enfuit en riant LE NOCTAMBULE Ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha! ha!Au coin de la rue, il heurte violemment le chiffonnier et disparaît LE CHIFFONNIER Hé! fait attention! butor!le chiffonnier chancelle et tombe LE NOCTAMBULEdéjà loin Je suis le Procureur de la grande Cité!Le bricoleur s avance vers le chiffonnier; il le débarrasse de sa hotte, puis le relève LE CHIFFONNIERà part Ah!… je le connais… le misérable! ce n est pas la première fois qu il se trouve sur mon chemin!au bricoleur Un soir, il y a longtemps, je m en souviens comme si c était hier… ici, au même endroit, il m est apparu…La plieuse fait un paquet de ses journaux et s en va hélas! il n était pas seul ce jour-là… une fillette lui donnait la main et souriait à sa chanson… c était ma fille!dramatique Je l avais laissée là, au travail… il est venu, il lui a soufflé à l oreille ses tentations mauvaises…douloureux et la coquette l a écouté… ell l a suivi… en s enfuyant, ell m a heurté… comme aujourd hui… je suis tombé! Ah! ah! ah! ah!Il sanglote et se met au travail LA GLANEUSE, LA CHIFFONIERE Pauvre homme! LE BRICOLEUR Bah! dans toutes les familles, c est la même chose! Moi, j en avais trois, je n ai pu les tenir! Faut pas leur en vouloir si elles préfèr à notre vie d enfer le paradis qui les appelle là-bas… LA PETITE CHIFFONNIÈREà part Est-c que les bons lits, les belles robes, comme le soleil,elle tend les bras vers le soleil dont les premiers rayons éclairent la Butte ne devraient pas être à tout le monde! Scène SecondeDeux gardiens de la paix traversent lentement la scène et s approchent de la laitière. Le carrefour s anime. Une balayeuse apparaît au fond et s avance vers le groupe PREMIER GARDIENà la laitière Belle journée! LA LAITIÈRE Voici le printemps. PREMIER GARDIEN La saison des amours… LA LAITIÈRE Pour ceux qui ont vingt ans! DEUXIÈME GARDIEN Bah! chacun son tour… LA LAITIÈRE J attends encore le mien! PREMIER GARDIEN Vous n avez jamais aimé?Un gavroche s approche de l éventaire et se chauffe les mains au fourneau LA LAITIÈREsimplement Je n ai pas eu le temps!Les gardiens rient LA GAVROCHEà la laitière Un p tit noir? LA BALAYEUSEfanfaronne Moi, j ai eu ch vaux et voitures… Y a vingt anstriomphante j étais la reine de Paris!comique quell dégringolade! hein? mais je ne regrette rien… je me suis tant amusée…sentimentale Ah! la belle vie! le joyeux, le tendre, l inoubliable paradis!Le gavroche, qui l a écoutée, hausse les épaules, puis s approche d elle, la tire par la manche LE GAVROCHEavec une naïveté feinte Dites donnez-moi l adresse… LA BALAYEUSE Quelle adresse? LE GAVROCHEgoguenard L adresse… de vot paradis! LA BALAYEUSE Mais, mon petit,montrant la ville, tendre c est Paris! LE GAVROCHEjouant l étonnement Paris…il regarde la ville c est étonnant! depuis que j suis au monde j m en étais pas encore aperçu! PREMIER GARDIENbourru Allons, circule! LE GAVROCHEnarquois, froidement De quoi… on n peut pas s instruire?… PREMIER GARDIENbrutal Va travailler!Il le pousse. Le gavroche immobile, toise le gardien, puis d une pirouette nonchalante il lui tourne le dos et s en va lentement arrivé au coin de la rue, il se retourne LE GAVROCHEcriant, ses mains en porte-voix Y en a donc que pour les femm s, dans vot paradis!geste menaçant des gardiens; le gamin s enfuit; les gardiens s éloignent du même côté. La petite chiffonnière s en va d un autre côté, courbée sous le poids d un sac de chiffons. La balayeuse reprend son travail et disparaît dans la rue voisine. La glaneuse s approche de la laitière LA PETITE CHIFFONNIÈREavec amertume Y en a qu pour les femmes!…Le chiffonnier et le bricoleur montent l escalier. Julien paraît au fond de la scène; il fait un geste à ses amis Scène TroisièmeLes bohèmes paraissent en haut de l escalier et s avancent, comiquement, avec des allures de conspirateurs LE PEINTREà Julien C est ici? LE SCULPTEUR C est là qu elle travaille?la glaneuse s éloigne JULIENindiquant la maison Sa mère l accompagnera jusqu à cette porte… sitôt disparue, je m élance… je rattrape Louise…rageusement et, si ses parents refusent… LE PEINTRE Tu l enlèves!Julien approuve TOUSentourant Julien Bravo! bravo! bravo! LE CHANSONNIER Mais, consentira-t-elle? JULIEN Je la déciderai!Ils se répandent sur la place à droite, le sculpteur, le peintre et le jeune poète; à gauche, Julien, l étudiant, les philosophes et le chansonnier. Les autres inspectent silencieusement les alentours LE PEINTREà Julien Nous en ferons notre Muse! LE SCULPTEURau poète Le coin est joli… LE CHANSONNIERà Julien Muse des Bohèmes! LE PEINTREau sculpteur Un vrai carrefour à sérénades… PREMIER PHILOSOPHEavec dédain Une muse? LE SCULPTEURau peintre Nous aurions dû prendre nos instruments… LE CHANSONNIERau philosophe On la couronnera!Des têtes de bonnes paraissent aux fenêtres de la maison LE SCULPTEUR Nous reviendrons. PREMIER PHILOSOPHE Les Muses sont mortes! LE CHANSONNIERenthousiaste On les ressuscitera! LE PEINTRElorgnant les fenêtres Les jolies filles! LE SCULPTEUR Mesdemoiselles? LE CHANSONNIER Elles sont charmantes! LE JEUNE POETE Ravissantes!D autres têtes paraissent à d autres fenêtres. Les bohèmes envoient des baisers et saluent; d autres font les clowns. Le chansonnier, grattant sa canne ainsi qu une guitare, se met en évidence. À l écart dissertent les philosophes LE CHANSONNIER Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime! Toujours gais et pimpants, Les femm s nous trouvent séduisants… DEUXIEME PHILOSOPHEà l autre Pourquoi refuseraient-ils? LE CHANSONNIER Quoiqu sans argents! PREMIER PHILOSOPHE Ils préfèrent sans doute en faire la femme d un bourgeois! LE CHANSONNIER Presqu indigents! DEUXIEME PHILOSOPHEironique Mais, les ouvriers méprisent les bourgeois! PREMIER PHILOSOPHE Ah! ah! tu crois ça! LE CHANSONNIER Mais nous somm s très intelligents!Cris et bravos; des fenêtres on jette des sous. Les bohèmes saluent ironiquement LE PEINTREsaluant Aimez-vous la peinture? LE SCULPTEURde même La sculpture? LE CHANSONNIERde même La musique? LE JEUNE POETE Je suis un grand poète! PREMIER PHILOSOPHE Mon cher, l idéal des ouvriers c est d être des bourgeois.tous approuvent le désir des bourgeois être des grands seigneurs…nouvelle approbation plus nourrie. Ironique et le rêve des grands seigneurs attention générale ironique. Emphatique devenir des artistes!rires LE PEINTRE Et le rêve des artistes! PREMIER PHILOSOPHEavec emphase Être des dieux! TOUS Bravo! LES BOHÈMES Oui, des dieux! L APPRENTItraversant la scène, passant dans le fond Allez donc travailler, tas d feignants!Les bohèmes esquissent une poursuite, puis ils descendent l escalier en chantant. Le philosophe, le chansonnier, le peintre et l étudiant vont dire adieu à Julien LES BOHÈMES Enfants de la bohème, Nous aimons qui nous aime. Toujours gais et pimpants, les femm s nous trouvent séduisants… JULIENà ses amis, fiévreusement Voici l heure, laissez-moi. LES BOHÈMES Quoiqu sans argents! LE PREMIER PHILOSOPHEà Julien Allons, bonne chance… LE CHANSONNIERl excitant Enlève la redoute!… LES BOHÈMESdéjà loin Presqu indigents! LE PEINTREavec mystère Sois éloquent! L ETUDIANTdonnant une accolade à Julien A tout à l heure…ils s éloignent LES BOHÈMEStrès loin Mais nous somm s très intelligents!cris lointains des bohèmes Scène Quatrième JULIENdans une agitation douloureuse Elle va paraître, ma joie, mon tourment, ma vie! Voudra-t-elle me suivre? Voudra-t-elle qu aujourd hui notre amour soit vainqueur! Que dois-je lui dire? Comment la décider?avec angoisse Qui viendrait à mon aide?… LA REMPAILLEUSElointaine La caneus , racc modeus de chais s!…Julien fait un geste de surprise MARCHAND DE CHIFFONSlointain Marchand d chiffons, ferraille à vendr !…Il écoute avec émoi croissant; les chants qui se rapprochent LA REMPAILLEUSEplus près la caneus , racc modeus de chais s!… LA MARCHANDE D ARTICHAUTSlointaine artichauts, des gros artichauts! LE MARCHAND DE CAROTTES v là d la carott , elle est bell , v là d la carott ! d la carott ! LA MARCHANDE D ARTICHAUTS A la tendress , la verduress ! LE MARCHAND DE CAROTTEStrès loin D la carott ! LA MARCHANDE DE MOURONprès de la scène Mouron pour les p tits oiseaux! LA MARCHANDE D ARTICHAUTSse rapprochant Et à un sou, vert et tendre, et à un sou!flûte du chevrier lointain LA MARCHANDE DE MOURONprès de la scène Mouron pour les p tits oiseaux! LA MARCHANDE D ARTICHAUTS En v là des gros, des bien beaux! MARCHANDS DE TONNEAUX Tonneaux, tonneaux, v la l marchand d tonneaux! MARCHANDS DE BALAIS Ach tez des balais, v la l marchand d balais; c est papa, qui les fait, c est maman qui les vend, c est moi qui mang l argent! MARCHANDS DE POMMES DE TERRES Pomm s terr , pomm s terr , oh les pomm s terre, au boisseau, trois sous l quart, c est d la holland ! MARCHANDS DE POIS VERTS Pois verts, pois verts, dix sous l boisseau! JULIENavec enthousiasme Ah! chanson de Paris, où vibre et palpite mon âme! MARCHANDS ET MARCHANDESlointain Pois verts! pois verts! JULIEN Naïf et vieux refrain du faubourg qui s éveille, aube sonore qui réjouit mon oreille! Cris de Paris… voix de la rue Êtes-vous le chant de victoire de notre amour triomphant?…Des ouvrières paraissent au fond. Julien se cache sous le hangar, épiant, anxieux Scène Cinquième BLANCHE Bonjour! MARGUERITE Bonjour! BLANCHE Comment vas-tu?Elles disparaissent à l entrée de la maison. Une autre paraît faisant un geste à une quatrième qui s avance SUZANNE Nous sommes en avance? GERTRUDE Il est huit heures… SUZANNE Ah!Elles entrent dans la maison. Deux autres s avancent en caquetant IRMA Eh! bien, tu t es amusée, hier? CAMILLE Ah! c que j ai ri! IRMA Tu sais… le grand Léon…elle lui parle à l oreille CAMILLE Vrai? IRMA En mariage, ma chère!elles disparaissent JULIEN Viendra-t-elle?impatient, il sort de sa cachette; trois ouvrières entrent et le regardent gesticuler L APPRENTIEriant Ah! ah! ah! ah! ah! ah! ÉLISE Qu il est beau! MADELEINE Eh! l artiste! L APPRENTIE Il attend sa belle! MADELEINE, MARGUERITE Ah! ah! ah! ah! ah! ah! L APPRENTIE, MADELEINE, MARGUERITE C te tête!Elles s enfuient en riant. Julien les regarde entrer dans la maison, il reste pensif, puis il va vers la rue. Julien, apercevant enfin Louise et sa mère, manifeste sa joie; il revient en courant, va se cacher dans le hangar et guette. Étonné de ne pas les voir, il regarde; il les aperçoit et se dissimule vivement Scène SixièmeLa mère et Louise entrent; elles s avancent lentement; elles s arrêtent LA MÈREbougonnant Pourquoi te retourner? Il nous suit, sans doute… suffit! Je d mand rai à ton père que dorénavant tu travailles chez nous.Louise lève les yeux au ciel. Mimique de Julien qui, n y pouvant tenir, se montre à Louise Ah! t as beau faire les gros yeux!…Louise, voyant Julien, porte la main sur son coeur On changera ta mauvaise tête, Il faudra bien que Louise reste une fille honnête!… Allons, au revoir!Louise, froidement, lui tend la joue; la mère l embrasse avec tendresse. Louise entre dans la maison, la mère s éloigne lentement, surveille un instant les fenêtres de l atelier; arrivée près de la rue, elle guette de tous côtés, méfiante, puis disparaît. Julien se risque timidement, s enhardit, hésite, puis s élance dans la maison MARCHAND DE LA RUElointain V là d la carotte elle est bell ! V là d la carott ! d la carott ! d la carott ! Scène SeptièmeJulien reparaît, entraînant Louise LOUISEaffolée, se débattant Laissez-moi… ah! de grâce!Julien l entraîne dans le hangar JULIEN Alors, ils ont refusé?Louise se débat et veut fuir LOUISE Je vous en prie! si ma mère revenait… JULIEN Ils ont refusé? LOUISE Vous me faites mourir de peur! JULIEN Et tu supportes cette chose! tu ne te révoltes pas? LOUISE Que puis-je faire? JULIEN Tu le demandes! LOUISE Ils sont les maîtres! JULIEN Pourquoi, les maîtres? Parce qu ils t on fait naître, se croient-ils le droit d emprisonner ta jeunesse adorable? LOUISE Julien!… JULIEN D asservir ta vie! LOUISEsuppliante Ah! par pitié! JULIEN De la murer pour leur plaisir! LOUISE Laissez-moi partir! JULIEN Ta volonté, désormais, est celle d une femme et vaut la leur tu es femme, tu peux, tu dois vouloir! LOUISEne sachant que répondre Ah! je vais être en retard…suppliante laissez-moi partir.Julien, fâché de son indifférence, la laisse partir. Elle fait quelques pas, puis revient, souriante, espiègle JULIEN Tu ne m aimes plus! LOUISEnaïvement Ce n est pas vrai!Les cris de la rue reparaissent, lointains JULIEN Si tu m aimais, oublierais-tu ta promesse?Louise, troublée, se détourne UNE MARCHANDE DE LA RUElointaine V là du cresson d fontain , la santé du corps! JULIEN Écrivez encore à mon père, s il refuse votre demande je promets de fuir avec vous. UNE MARCHANDElointaine Mouron pour les p tits oiseaux! UN MARCHANDlointain Pois verts! pois verts! LOUISEpresque parlé Ah! si je pouvais…flûte du chevrier si mon père… JULIEN Ton père te pardonnerait! LOUISE Jamais! JULIEN Plus tard, quand ton bonheur… LOUISE Mon abandon le tuerait et je l aime mon père, autant que je t aime… JULIENla serrant dans ses bras Ah!… ah! Louise, si tu m aimes, partons de suite au Paysmontrant la Butte ensoleillée où vivent libres les Amants! Viens, je te choierai tant, et toute ta vie!De la rue voisine viennent des cris et des rires Viens vers la Joie, le Plaisir!Entendant des rires, Louise, troublée, veut fuir, Julien la retient. Quatre ouvrières traversent la scène en riant et entrent dans la maison JULIENplus pressant Si tu m aimes, Louise, Viens, fuyons de suite, si tu m aimes, n attends pas plus longtemps! Tiens ta promesse dès maintenant, Louise! Louise!il veut l entraîner LOUISEéperdue, se débattant Julien! JULIEN Viens! LOUISE Ah! je deviens folle… JULIEN Vers le plaisir!… LOUISEaffolée Je ne sais que faire… laissez-moi partir! Demain… plus tard…avec tendresse Je serai ta femme! Julien!. mon bien-aimé!…Flûte lointaine du chevrier. Louise se jette à son cou, ils s embrassent; puis Louise se dégage et s éloigne vers la maison; sur le seuil de la porte, elle envoie un baiser. Julien répond avec tristesse. - Louise disparaît Scène Huitième UN MARCHAND D HABITSdescendant l escalier Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ?il interroge les fenêtres Marchand d habits!…il se tourne de l autre côté avez-vous des habits à vendr ?Mélancoliquement il s éloigne. Julien, accablé, s achemine tristement vers la Ville Marchand d habits!… Avez-vous des habits à vendr ?Julien, sur le seuil de l escalier, près de la rue, fait un dernier geste de désespoir, descend lentement et disparaît. Le rideau tombe très lentement MARCHANDE DE MOURONEnfant. Très loin Mouron pour les p tits oiseaux!…flûte du chevrier MARCHANDE D ARTICHAUTStrès lointaine A la tendress s éloignant la verduress !… Interlude Deuxième TableauRideau. Rire des ouvrières. Un atelier de couture; les ouvrières, autour des tables, travaillent en caquetant et chantant; quelques-unes bavardent; près du mannequin, deux ouvrières plissent une jupe; l apprentie, couchée à terre, ramasse les épingles; une ouvrière travaille à la machine. Louise, un peu séparée des autres, garde le silence. Durant les conversations, des ouvrières chantent Scène PremièrePremière table côté jardin Irma, Camille, 4 coryphées; deuxième table Blanche, Madeleine, puis Élise et Suzanne, 2 coryphées; troisième table Louise, Gertrude, Marguerite; près du mannequin Suzanne, Élise; l apprentie, la première, la mécaniceienne; autres tables jeunes et vieilles ouvrières La la la la la la la la SUZANNEprès du mannequin, faisant les plis d une jupe C est énervant! je n peux pas y arriver… L APPRENTIEaccroupie devant la table; à Gertrude Passez-moi vos ciseaux… JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la GERTRUDEGertrude doit avoir les cheveux gris et jouer en vieille fille sentimentale et prétentieuse Et les tiens? ÉLISE Quell mauvaise étoffe! L APPRENTIE perdus!… ÉLISE Les plis n marquent pas… GERTRUDE J en ai assez d les prêter. L APPRENTIE Un minute?Élise prend la jupe, la montre à la première, puis va s asseoir à la deuxième table GERTRUDE Tu n as qu à t en payer!Elle se lève et va essayer un corsage sur le mannequin JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la ! IRMA Moi, j ai vu «l Pré aux Clércs et Mignon»Blanche se lève et va causer à Marguerite CAMILLE Moi, j ai vu Manon. BLANCHEà Marguerite, à mi-voix Voudrais-tu m montrer à baleiner? IRMA Cest beau? CAMILLE Très beau, surtout quand ell meurt. JEUNES OUVRIERES La la la la la la la la!… GERTRUDEavec impatience J peux pas arriver à finir c corsage! MARGUERITEà Blanche Tu prends ton ruban comm ceci… GERTRUDE Sur l mann quin, c est bien, mais sur la femme! MARGUERITE Tu commenc s par en bas, tu l fais sout nir très peu… IRMA C est pour qui? JEUNES OUVRIERES La la la la la la la!… GERTRUDE Pour la duchesse… CAMILLEmoqueuse En effet, j vois ça d ici!Élise va s asseoir près de Blanche à la deuxièmee table GERTRUDEriant Faut lui mett du crin sous les bras… CAMILLEriant Faut lui fair des hanches… IRMAriant Un vrai rembourrage, quoi! L APPRENTIEen gavroche C qui y a des clientes, tout d même!Rires Ah! ah! ah! ah! ah!…Blanche reprend sa place OUVRIERES, IRMA, CAMILLE La la la la la!… BLANCHEà Irma Moi, j vais m faire une robe pour le Grand Prix… LA PREMIEREà Louise N oubliez pas le sachet d héliotrope?… BLANCHE J ai vu un modèl , ma chèrela dispute, bien en dehors ÉLISEà Suzanne qui lui donne des conseils Ah! laiss -moi tranquille, tu m ennuies! VIEILLES OUVRIERES La la la la la la la la!… SUZANNE C est pas comm ça qu on s y prend… ÉLISE Tu veux toujours en savoir plus qu les autres! SUZANNE P tite imbécile! tu n vois pas qu ça craqu sous l aiguille? ÉLISE Oh! la! la! quel cauch mar! SUZANNE T en as un caractère! ÉLISE Tu n t es pas r gardée! SUZANNE Va donc hé! bouffie! JEUNES ET VIEILLES OUVRIERES La la la la la la la!…Élise lance une pelote à la tête de Suzanne; les autres s interposent. Toutes rient avec éclats. La première se lève LA PREMIERE Mesd moiselles, un peu d silence… nous n sommes pas au marché…Silence relatif. La première va causer avec Gertrude. Geste de Louise, songeant à Julien CAMILLEbas à ses voisines Voyez Louise, quell drôl de tête elle fait aujourd hui… ÉLISE, SUZANNE C est vrai! IRMA C est vrai! on dirait qu elle a pleuré. GERTRUDE Elle a peut-être des ennuis de famille… CAMILLE Ses parents sont très durs pour elle…Les ouvrières se groupent et jettent des regards sur Louise qui semble ne rien voir IRMA Ell n a pas la vie belle… CAMILLE Sa mèr la frappe encore… BLANCHE, SUZANNEindignées Ah! ÉLISE Ce n est pas moi qui me laisserais battre! SUZANNE Moi non plus! BLANCHE Et moi, c que j les plaqu rais! L APPRENTIE Moi, quand le pèr veut m battre, j lui dis cogn sur maman,emphatique y a plus d largeur!rires. Louise baisse la tête, écoute, et reprend son attitude indifférente IRMAregardant ironiquement Louise Non; je crois que Louise est amoureuse. GERTRUDEétonnée Amoureuse! Louise…elle rit CAMILLE Pourquoi Louise serait-ell pas amoureuse? ÉLISE Amoureuse, Louise…elle hausse les épaules L APPRENTIEà part Amoureuse! SUZANNE, MADELEINE Amoureuse! GERTRUDE, MARGUERITE Amoureuse! BLANCHE, ÉLISE Amoureuse! IRMA, CAMILLE Amoureuse! BLANCHE, MARGUERITE, GERTRUDE, SUZANNE, MADELEINE, ÉLISE, IRMA, CAMILLE, BLANCHE Louise, entends-tu? on dit que tu es amoureuse… LOUISEtroublée Moi? IRMA, CAMILLE Est-ce vrai? LOUISEavec colère Vous êtes folles… GERTRUDEreprend sa place près de Louise Un amoureux à ton âge, ce n est pas un péché, et tu peux l avouer… A moins que tu ne veuilles garder le secret de tes aventures.orgue de barbarie lointain ÉLISE, SUZANNE Louise, raconte-nous… LOUISEsimplement Je n ai pas d aventure. GERTRUDEavec un lyrisme comique contenu Que c est charmant une aventure!Derrière elle, l apprentie, avec des gestes de gavroche, mime ironiquement les paroles sentimentales de la chanson de la vieille fille Un garçon de jolie figure qui vous aime et vous le prouve à tout moment! C est le rêve d or des jeunes filles… rêve auquel on pense tout enfant. Pour le baiser d un jeune amant,avec feu je donnerais sans regret le restant de ma vie.pâmée; orgue de barbarie lointain CAMILLEnaivement D où vient ce sentiment qui nous attire constamment vers les hommes? D où vient qu à leur approche nos coeurs chavirent?pétulante On a beau nous dire avec mystère «Prenez garde» Qu apparaisse le prédestiné, les scrupules s envolent. À son regard, on rougit; à sa parole, on sourit; dans l enthousiasme du baiser, on s ouvre au dieu malin; c est un bonnet de plus qu on accroche au moulinRires étouffés. Peu à peu les ouvrières reprennent leur travail et causent à voix basse L APPRENTIEagenouillée devant Louise Louise, raconte-nous tes aventures… LOUISEavec impatience Je n ai pas d aventure.Louise hausse les épaules; l apprentie, dépitée, s éloigne en rampant sous les tables. Élise va s asseoir auprès de Gertrude IRMAà ses voisines, langoureusement Oh! moi quand je suis dans la rue, tout mon etre prend comme feu; ÉLISEà Marguerite C est un beau brun… IRMA Sous les rayons ardents MARGUERITE Tu l aimes? IRMA … des yeux qui me désirent, ÉLISE J en suis toquée IRMA Je vais radieuse! MARGUERITE Grande folle!Élise reprend sa place; Suzanne va ``essayer au mannequin LA PREMIEREà Madeleine Voyez la longueur des manches IRMA Les frôlements, les appels, GERTRUDE Dieu, qu il fait chaud! ouvrez la f nêtre…l apprentie va ouvrir une fenêtre BLANCHEà Élise C est tordant! IRMA … les flatteries… SUZANNEà Madeleine Tu viens avec moi, ce soir? IRMA … m attisent et me grisent! ÉLISE Louise, chante-nous quelque chose?… LA PREMIEREà Marguerite Laissez-la donc tranquille!… IRMA Il me semble… L APPRENTIEà la mécanicienne J ai rendez-vous à huit heures… IRMA … être en voyage… ÉLISEà Blanche Il t a fait la cour? IRMA … alors… LA PREMIERE A qui l corsage? IRMA … que paysages… ÉLISE C est à moi. IRMA … et maisons tourbillonnent… LA PREMIERE Dépêchez-vous, il le faut pour ce soir. IRMA …en ronde folle autour du wagon! SUZANNE, BLANCHE, ÉLISE, MADELEINEriant bruyamment ah! ah! ah! ah! ah!… CAMILLE, GERTRUDE Chut!La première va dans la chambre voisine L APPRENTIE Écoutez! IRMAL apprentie, accroupie près d Irma, l écoute avec admiration Une voix mystérieuse, prometteuse de bonheur, parmi les bruissements de la rue amoureuse, me poursuit et m enjôle… C est la voix de Paris! C est l appel au plaisir, à l amour! Et, peu à peu, l ivresse me gagne… dans un frisson délicieux, à tous les yeux, je livre mes yeux. Et mon coeur bat la campagne et succombe aux désirs de tous les coeurs. LES JEUNES OUVRIERES C est la voix de Paris… LES VIEILLES OUVRIERES Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir!fanfare dans la coulisse TOUTESdiversement Ah! la musique! Scène SecondeIrma, Camille, Marguerite, Élise, Madeleine et l apprentie vont aux fenêtres et regardent curieusement dans la cour UNE VOIXdans la coulisse, en colère, semblant marquer la mesure Un! BLANCHEse levant et courant vers la fenêtre Quell drôl de fanfare! IRMA Ils accompagn nt un chanteur… CAMILLE Il est bien, c lui-là. SUZANNEpouffant Tu trouves! ÉLISEà Madeleine On dirait l artist de tout à l heure!Élise, Madeleine, l apprentie, croyant que Julien va chanter pour elles, se moquent de Camille qui le trouve à son goût; pendant la première partie de la sérénade, elles échangent des signes d intelligence, envoient des baisers au chanteur et semblent très excitées L APPRENTIE Il nous r garde! CAMILLE Louise! viens voir… il est très bien. L APPRENTIE Très bien!Louise semble ne pas entendre. Guitare dans la coulisse JULIENdans la coulisse Dans la cité lointaine, Au bleu pays d espoir, Je sais, loin de la peine, Un joyeux reposoir, Qui, pour fêter ma reine, Se fleurit chaque soir. LES OUVRIERES Quelle jolie voix! Quelle jolie voix! Ah ma chère, quelle jolie voix! LOUISEà part C est lui! c est Julien!Camille vient prendre le bouquet qu Irma a laissé sur la table pour le jeter au chanteur. Irma veut l empêcher et la pousse. Suzanne se lève, tout en continuant à coudre, elle passe devant les tables, s arrête près de la fenêtre, écoute, ravie, pâmée JULIEN Les fleurs du beau Domaine S avivent chaque soir; Mais l insensible reine Dédaigne leur espoir;Ne daigne s émouvoir.comme en ritornelle Quand viendras-tu, dis-moi, la belle, Au reposoir d ivresse éternelle? L Aube t appelle et te sourit, voici le jour!… Veux-tu que je te mène en ce riant séjour, A l amour! LES OUVRIERES Bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo, bravo!fanfare des bohèmes dans la coulisse CAMILLEravie Il va chanter encore! LOUISE Quel supplice! Quel affreux tourment! JULIEN Jadis tu me contais un magique voyage «Tous deux, me disais-tu, dès notre mariage, libres, nous partirons au Pays adoré, loin de ce monde où nous avons pleuré» Voici le jour sacré de tenir ta promesse et l heure du départ, l heure d allégresse, l heure sonne et carillonne et chante à ton coeur les désirs de mon coeur!… Quand partons-nous, dis-moi, la belle, pour le pays d ivresse éternelle? LES OUVRIERESmystérieusement Quelle caresse! Aux accents de sa tendresse, mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Quelle ivresse! à ses accents mon coeur s abandonne… Quelle jolie voix! ah! ah! ah! Ah quel doux chant de tendresse… Quelle jolie voix! quelle jolie voix! ah! ah! Ah! Ah! quelle caresse! quel doux chant de tendresse! Ah! ah! mon coeur s abandonne! CAMILLE Comme il nous regarde! IRMA On dirait qu il s adresse à l une de nous…Élise fait à Madeleine un geste d intelligence L APPRENTIE C est vrai! LOUISEà part Pauvre Julien! ÉLISE Il n a pas l air content… BLANCHE Jetons-lui des sous! CAMILLE Et des baisers!elles jettent des sous et envoient des baisers au chanteur LOUISEpeut-être jalouse Ah! j aurais dû partir tout à l heureJulien gratte avec rage les cordes de sa guitare GERTRUDE Qu est-c qu il a? L APRENTIE Il devient fou?Rires. Louise se lève, frémissante, puis se rassied. A partir de ce moment, les ouvrières trouvant la chanson moins jolie, ennuyeuse même, échangent des gestes de lassitude, de moquerie. Élise et Madeleine, déçues dans leur espoir, raillent et sifflent impitoyablement le chanteur JULIENavec émotion Si ton âme, oubliant les serments d autrefois, S est détournée de moi; Si tes voeux sont de vivre sans lumière et sans joie… GERTRUDE Que chante-t-il? ÉLISE C est assommant! JULIEN … coeur infidèle… MADELEINEriant Ah! ah! ah!… JULIENavec emphase … va plus loin battre de l aile ÉLISEagacée Ah! CAMILLE Il nous ennuie! GERTRUDEgeignant, avec ennuie Ah! JULIEN Moi, le renonce à vivre car la vie est sans excuse quand l adorée, la seule aimée, à mes appels se refuse! BLANCHE, MARGUERITE Ah! ÉLISE Dieu, qu il m énerve! SUZANNE, MADELEINE Que chante-t-il? IRMA, CAMILLE A-t-il bientôt fini? GERTRUDE C est rasant! BLANCHE, MARGUERITE C est assommant! LES OUVRIERESriant Ah! ah! ah! ah! ah! ÉLISE, SUZANNE, MADELEINEcriant Une autre! L APPRENTIEcriant Une autre! IRMA, CAMILLE, GERTRUDEcriant Une autre! BLANCHEs, MARGUERITE,ÉLISE, SUZANNE, MADELEINEcriant Une autre! TOUTESauf Louise Une autre!Durant cette dernière strophe, Louise se lève, frémissante. L apprentie, juchée sur une chaise, fait la manivelle avec le coin de son tablier roulé imitant comiquement le jouer d orgue JULIEN Le temps passe et tu ne réponds pas… ÉLISE Ah! quel malheur! JULIEN Je ne sais plus que te dire!… GERTRUDE Pauvre petit! JULIEN Faut-il que tu m aies menti jadis!… SUZANNE Quel raseur! L APPRENTIE Oh! la! la! quell scie! ÉLISE Va chez l coiffeur! JULIEN Faut-il que tu m aies menti! LES JEUNES OUVRIEREScriant Menti! LES VIEILLES OUVRIERES A-t-il bientôt fini?L apprentie court ramasser des chiffons et les jette dans la cour JULIEN Sois maudite! Fille sans coeur! Ame sans foi! IRMA, CAMILLEriant Ah! ah! ah!… JULIEN Assez! assez!lui répondant par la fenêtre Fille sans coeur! Ame sans foi! GERTRUDEriant Ah! ah! ah!… J en pleure! c est tordant! Quell scie!criant Ferme ça BLANCHE, MARGUERITEriant Ah! ah! ah! ah! ah! C te tête! quel type! Voyez-le donc… il est fou! il est fou!criant Music! ÉLISEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Il est fou! il est saoûl!Élise ramasse des chiffons et les jette dans le cour A Charenton! quel cauch mar! oh! la, la! SUZANNEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Il est saoûl! il est fou! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl!criant Music! MADELEINEriant Ah! ah! ah! ah! ah! Assez! quell scie! Quel crampon! il est saoûl! il est saoûl!criant Music! L APPRENTIEcriant, les mains en porte-voix Ta bouche! Il est fou!faisant des gestes à la fenêtre Music! LES JEUNES OUVRIERESironiquement Bravo! bravo! bravo!imitant le chanteur Fille sans coeur! Ame sans foi! LES VIEILLES OUVRIEREScriant Assez! assez! assez!cri plaintif Ah! A-t-il bientôt fini!Élise et Camille se rasseyent IRMA, CAMILLE, ÉLISE, L APPRENTIE, JEUNES OUVRIEREScriant Music! TOUTEScriant Music! Music! Music!Les musiciens de la cour obéissent et jouent. Charivari. Les ouvrières dansent et chahutent. Louise se lève. Son visage exprime l angoisse; elle hésite un moment, puis elle va prendre son chapeau et se dispose à sortir IRMA, CAMILLE, ÉLISE, SUZANNE La la la la la la la la La la la la LES AUTRES OUVRIERES La la la la la la la La la la la TOUTESrires Ah! ah! ah! ah! ah!… GERTRUDEs apercevant du trouble de Louise; à Louise Louise, qu avez-vous? Êtes-vous souffrante?d autres ouvrières s approchent L APPRENTIEregardant par la fenêtre Il s en va! LOUISEavec embarras Oui… je ne suis pas bien… J étouffe… je suis tout étourdie…Elle se lève, fiévreuse Je ne puis rester! CAMILLE Tu veux partir?Louise, indécise, semble écouter au loin LOUISEdécidée Oui, je préfèr rentrer chez nous.à Gertrude Vous direz à Madame que j ai dû m en aller…Elle prend son chapeau et va vers la porte. Quelques ouvrières l entourent IRMAaffectueusement Louise, qu as-tu?Louise, embarrassée, ne sait que répondre CAMILLEde même Tu souffres? IRMA Veux-tu que je t accompagne? LOUISE Non, laissez-moi…elle ouvre la porte; bas avec effort Adieu!Elle disparaît. La fanfare s éloigne. Les ouvrières, étonnées, se regardent Scène Troisième ÉLISE Qu est-c qui lui prend? CAMILLE Qu est-c que ça veut dire? IRMAprenant la défense de Louise Elle était malade! SUZANNEironique Comm vous et moi! L APPRENTIEcriant C est la faute au chanteur! ÉLISE, SUZANNE, MADELEINE Voyons! IRMA, BLANCHE, MARGUERITE Voyons!Elles se précipitent aux fenêtres CAMILLE La voici! GERTRUDErestée assise; criant Eh bien! que fait-elle? ÉLISE, SUZANNE Parfait! IRMA, CAMILLE C est bien ça!Les ouvrières restées assises, se lèvent et courent aux fenêtres TOUTESavec stupéfaction Ah!…Gertrude et la première joignent les mains avec épouvante L APPRENTIEavec transport, criant Ils part nt en prom nade!Elle se roule à terre TOUTESriant aux éclats Ah! ah! ah!Rideau vivement Charpentier,Gustave/Louise/III
https://w.atwiki.jp/titanquest/pages/729.html
Kuan Ti s Sorrow 日本語訳:クァンティ ソロウ 性能 攻撃速度 とても遅い(AE) Speed Slow +30% Elemental Damage Chance For One of the Following 154 Base Fire Damage 150-158 Base Cold Damage 118-190 Base Lightning Damage 25% Chance of 7% Reduction to Enemy s Health 38% Pierce Resistance 44% Fire Resistance +33 Intelligence +25 Dexterity +1.5 Energy Regeneration/Second +51 Offensive Ability ※AEでは廃止された +97 防御アビリティ(AE) +62 Defensive Ability +10% Attack Speed Required Level 46 Required Intelligence 500 解説:
https://w.atwiki.jp/megawalls/pages/24.html
現在未完成 Squid 敵の数が多い時最高の性能を発揮することができる、という非常に尖ったクラス。 周りに敵が一定以上いる時には、ゾンビ以上の回復+貫通範囲攻撃を同時に行うことができる。EPHもゾンビと同じ。 ここだけ聞くとただの化け物クラスだが、実際にその人数を相手にすることは少なく、1v1では回復力も火力もほとんど出ない。 Normalクラスに共通して言えることだが、しっかりと有利な状況を作るよう立ち回らないと何もできずにキルされてしまう。気を付けよう。 難易度 ● アビリティ:Squid Splash パッシブ1 Inner Ink パッシブ2 Rejuvenate 装備 鉄剣、ダイヤ足(プロテクション3,水中歩行2) 採掘スキル Luck of the Sea EPH 12 基本性能 一人で大人数を相手することが得意な一風変わったクラス。1v1での性能はRejuvenateのクールダウン中の場合Blazeにも劣る。(Blazeのスキルがたまっていることが前提。ダメージ計算済み。Blaze一撃2.66,Squid一撃2.64) アビリティでの回復は敵が多ければ多いほど強く、地下でトラップを作り敵をハメれば自分のHPをほぼ減らすことなく7v1に勝利することもできる。 一応水中歩行が付いているため、水を使った防衛をものともせずにラッシュをすることができる。ラッシュ中も防衛が多ければ多いほど生存力が上がるため、多くの敵が守っているところに攻めたい。 準備期間 Squidの採掘スキルはLuck of the Sea。金ハートが4つ付与されるポーションを一定確率でトレジャーチェストから入手することができる。 普通に準備をしても3,4個入手でき、味方に渡すことも可能であるため、誰かと通話をしながらプレイするときなどはいくつか渡しても良い。 その代わり、Squidは鉄剣+低火力スキルしか攻撃手段がないためラッシュをするかキルを狙うことが多いが、初期装備として持っているのが足のみ&鉄を入手するうえで役立つ採掘スキルではないことから、準備は非常に大変である。 装備8セットを作るのに必要な鉄は2st+32個であり、Shaman,Enderman,Spiderと並んで最大である。 また、上記の3つのクラスはどれも鉄や石炭を入手しやすい採掘スキルを持っているため、本当に大変なのはSquidだけである。 地上で鉄を焼き始める時間も遅く、焼く数も多いため、もたもたしているとかまど8個ですら間に合わない場合がある。 遅くとも残り6分までには地上に上がり、かまどを準備しよう。 収集アイテムの例 アイテム名 装備6セット 装備8セット 鉄鉱石 1st+56 2st+32 石炭 15 24 丸石(かまど個数x8) 64 64 原木 2st 1st+32 Faceoffでの立ち回り このクラスは比較的防御力が高く、非常に高い回復力を持っているため、鉄剣ではあるもののラッシュに適したクラス。 アビリティでは防衛が多いほど回復し、パッシブでhpが減っても1ラッシュ〜2ラッシュに1回は大きく回復。さらにポーションの回復量も多いため、長い時間ラッシュを続けることが出来る。いざと言う時は衝撃吸収ポーションも持っていこう。 相手のウィザーが落ちたら、まずは集団で地下に隠れている人たちを優先して攻撃しに行こう。上手く行けば全員倒すことができるかもしれない。 また、空芋をしている人を倒しに行く時は、アビリティで落とすことを狙ってみるのも良い。実はSquidのアビリティには吸引効果があり、敵を自分の方向へ引っ張ることが出来る。戦闘中エネルギーが溜まったら、自滅覚悟で空に飛び出してアビリティを使ってみよう。上手く行けば相手も空中に引っ張り、落とすことが出来るかもしれない。 ウィザーが落とされたら、地下を逃げよう。敵のウィザーが落ちるまで逃げ続けられたら、その頃には追いかけて来た敵が溜まっていることが多い。5人以上と同時に戦うことが出来たらSquidの圧倒的な回復力でまとめて倒すこともできるため、衝撃吸収ポーションを飲んで一気に決着をつけに行こう。ただし、いざと言う時の逃げ道は作っておくこと。敵が掘ってきた道を逃げ道としても良い。 また、デスマッチに限った話ではないが、1v1はできる限り避けること。殆ど何も出来ない上、場合によってはRejuvenateのクールダウンも無駄に作ってしまう。 Standardでの立ち回り Standardでするべき立ち回りについて文章で書く。主に書くこと↓(すべて書かなくても良い) 防衛するべきか、キルをとりに行くべきか ラッシュに行くべき状況 多対多における戦い方 ウィザーが落ちたチームに対する攻め方 ウィザーが落とされたときの動き やってはいけないこと デスマッチでの動き アビリティ Squid Splash 効果範囲内位にいる敵全てに貫通3ダメージを与え、合計ダメージ量の一定割合分自身のHPを回復する。回復量には上限が存在する。 敵が多いほど回復量が多くなる。最大回復量はゾンビを凌駕するうえ、範囲ダメージもあるため、地下で多数の敵と戦うときには非常に強い。ただし1v1ではほとんど回復しない上威力も雀の涙程度であるため、過度な期待は禁物。 ちなみに威力は強化しても変化しない。 強化をすることで吸収率が増加する。 +... レベル 回復する割合(%) 1 40 2 43.33 3 46.67 4 50 5 53.33 6 56.67 7 60 8 63.33 9 66.67 パッシブ1 スキル名 スキル説明 スキルの使いかた +... レベル 変わる性能(効果時間や、ポーション効果レベル、威力など) 1 数値 2 数値 3 数値 4 数値 5 数値 6 数値 7 数値 8 数値 9 数値 パッシブ2 スキル名 スキル説明 スキルの使いかた +... レベル 変わる性能(効果時間や、ポーション効果レベル、威力など) 1 数値 2 数値 3 数値 4 数値 5 数値 6 数値 7 数値 8 数値 9 数値 キット キットの特徴 +... レベル キットアイテム 1 最初のアイテムを書く 2 変化するアイテムを書く。追加は+、削除は-、レベルや個数の増減は→を使い、変化を書く。 3 同 4 同 5 同 6 同 7 同 8 同 9 同 採掘スキル スキル名 スキル説明 スキルの使いかた +... レベル 変わる性能(効果時間や、ポーション効果レベル、威力など) 1 数値 2 数値 3 数値 4 数値 5 数値 6 数値 7 数値 8 数値 9 数値
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Aphorismとは? Aphorism は、アフォリズムと読みます。 アフォw 「格言」という意味の英語です。 アフォがとても気に入った個人管理のページであり、 Clan Vanishing ART とは、無関係の お遊びページとご理解していただき、お付き合いくださいませ。 +孫子 フリー百科事典の 『 ウィキペディア(Wikipedia) 』 から孫子について調べました。 ↓抜粋です。 具体的には以下の「七計」によって判断する。 1.敵味方、どちらの君主が人心を把握しているか。 2.将軍はどちらが優秀な人材であるか。 3.天の利・地の利はどちらの軍に有利か。 4.軍規はどちらがより厳格に守られているか。 5.軍隊はどちらが強力か。 6.兵卒の訓練は、どちらがよりなされているか。 7.信賞必罰はどちらがより明確に守られているか。 以上のような要素を戦前に比較し、十分な勝算が見込めるときに兵を起こすべきとする。 A.V.Aのクラン戦にも通じるものが!? ということで、勝手に反省してみた。 1.マスターは、両軍の戦力把握を出来ているか。 2.指揮官は、どちらが優秀な人材であるか。 3.MAP・戦況を常に冷静に把握できているか。 4.「決め事」が守られているか。 5.個人レベルは?。 6.個人練習・連携練習は、されているか。 7.試合の内容&成績について、反省しているか。 名前 コメント 1
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Paths MODPaths用日本語化ファイル 特徴 コメント Paths MOD 注意 キャラクター作成時にはゲームを進行する前に、まず全ての難易度でセーブ→終了という作業を行うこと。 AE版に対応 STEAMのワークショップからダウンロードできます。 (「最もサブスクライブ」タブから上から2番目にあります。) Paths (Author ShadowLAnce ) http //www.titanquest.net/tq-forum/threads/32395-Information ダウンロードはこちら http //www.titanquest.net/tq-forum/threads/32397-News-amp-Downloads 人気マスタリー変更MODの一つ。Underlordがオリジナル・マスタリーの正統進化型とすれば、こちらはその対極に位置するようなmodで、オリジナルとは全く異なるレベル・システムになっています。最新版のv1.5では、敵の数は3倍固定で、歯応えのあるプレーが楽しめます。 Paths用日本語化ファイル 普通のmodと同様、マイ ドキュメント\My Games\Titan Quest - Immortal Throne\CustomMaps\Paths\resources にある text.arc を入れ替えてください。 Paths 1.5 用日本語化ファイル 2012/02/14 2012.02.14 更新:一部小さな変更 特徴 Paths (道) という名の完全に新たな「マスタリー」。 各道にある24の複雑なスキルで、216の全く新しいスキルを形成。さらに、隠されたスキル、ペットのスキルもある。 新たなグラフィック 新たな道の選択画面 ゲームプレーは、熟練者と練り上げたキャラクター・ビルドを念頭に設計。 ビルド設計はとてつもなく複雑になった。 各道は、基本的な長所と短所を持っている。 類似した力の道を揃えたり、短所を補う道を作り上げたりしよう。 道に合わせて、100以上のアイテムを大幅に、あるいは少し変更。 モンスター数は3倍、ボス数はそのままだが、オリジナルよりもタフ。 ゲーム内の方式の大部分を書き直し、編集した。以下はその例。 防具はより効果的に。 経験値の獲得は、オリジナルと比べ、弱いモンスターからはより少し、強いモンスターからはより多く。 攻撃アビリティは、様々な程度で、俊敏性、知性、腕力を使用。 防御アビリティは、様々な程度で、俊敏性と知性を使用。 中核となるゲームプレーを劇的に変更! スキルは非常に有用で、効力を持ち、他の欠点とのバランスを取っている。 従来のように、スペルキャスターが呪文を時たましか使わず、主要攻撃は杖というのではなく、少なくとも杖の代わりに常用できる呪文が一つはある。 幾つかのスペルキャスターは、杖を使う所で武器を使う。 道(マスタリー)のレベルは32の代わりに100に設定され、100に達した時にボーナスを受ける。 レベルキャップを100に引き上げた。 レベルごとのスキル・ポイントは3つではなく、4つとなった。 道(マスタリー)のレベルは、腕力・俊敏性・知性のような、属性の上昇をほとんど与えなくなった。代わりに、種々の免疫、特別な耐性・ボーナス、弱点、その他クラスが定義する特徴を得る。 レベルごとの属性獲得ポイントは 2 から16に(各属性ポイントは、属性を1づつ増やす)。 道のレベルが上がっても、ヘルスはほとんど上がらなくなった。 属性ポイントは、ヘルスとエナジーのポイントをより多く与えるようになった。 知性は、呪文の効力と無関係になった。 ポーションのクールダウン(次に飲めるまでの時間)は約30秒で、ノーマルよりもずっと長くなった。 ポーションのスタック数を20に増加。 「体勢」(Stances)は、クラス定義で可能。一回アクティブにするだけで、コスト無しで永久に続く。レベルポイントは最大で 1 。そのいくつかは、何の欠点もないが受ける利益も僅かで、他のものは受ける利益が大きい反面、欠点も大きい。 弓と杖の発射がずっと速くなり、弾道から外れなくした。近接系の武器は、そのようにはしてない。 ほとんどのスキルが、通常のTQよりも遥かに複雑になった。 (以上、フォーラム全体での作者解説より) コメント PathsMODにて1周目クリア後、2周目(epic)へキャラクターのデータの完全な引継ぎができませんでした。レベルや所持品は引き継げますが、スキルが引き継げません。スキルポイントが0で、何も覚えていない状態なのでかなりきついです。対処法ご存知の方いたらよろしくお願いします。 -- 名無しさん (2014-02-01 21 04 31) たしかエピックに行ったらすぐゲーム保存して一回終了しないといけなかったのでは?どこか説明書いてあった気がします -- 名無しさん (2014-02-01 21 27 31) そういう類の事は全てやってみました…Nomal時のSaveDataのコピーとか。けど無理だったので結局外部ツールでスキルポイントを戻しました。外部ツールには手を出したくなかったんですが。そういうツールが嫌いな方に手を出して欲しくないので、コメント残させて頂いたってのもあります(^^;) -- 名無しさん (2014-02-02 08 06 58) ごめんなさい。「全てやった」って表現はおかしいですね。何をもって「全て」なのかわからないし!「幾つかやってみました」に訂正。 -- 名無しさん (2014-02-02 12 34 24) LILITHみたいにキャラ作成してすぐにすべての難易度で一度セーブ終了をしないといけないんじゃなかった? -- 名無しさん (2014-07-16 07 21 04) たぶんそうだよ。自分も全部消えて大ショック!Defilerで作り直したけどなんかチートした気分でスッキリしない。 -- 名無しさん (2014-07-20 11 39 27) pathsの場合最初から全難易度の選択って不可能ではないでしょうか?ノーマル以外が暗転してて選択できなのですが。なので始めるのが非常に怖い・・・。 -- 名無しさん (2014-12-12 16 35 24) AE版のサブすくライブの日本語化って出来ないのかな -- 名無しさん (2017-02-10 19 37 19) 解決 スクライブの箇所につっこむだけだった -- 名無しさん (2017-02-12 05 19 47) 名前 コメント
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Life Bane 日本語訳:ライフ・ベイン 性能 18-25 Damage 10% Piercing Speed Fast 6-21 Life Leech Over 3 Seconds 10% Chance of +267% Life Leech 3-7 Vitality Damage +15 Offensive Ability Required Level 6 Required Dexterity 78 Required Strength 85 解説
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Iris Scintillating Robes 日本語訳:イリス シンティレイティング ローブ 性能 246 Armor 36% Elemental Resistance 30.0% Chance of 24-42 Elemental Retaliation +29% Elemental Damage +43 Intelligence +310 Health +198 Energy +62% Energy Regeneration +68 Defensive Ability Required Level 42 Required Dexterity 159 Required Intelligence 405 解説
https://w.atwiki.jp/titanquest/pages/829.html
Kwan Yin s Final Mercy 日本語訳:グァン・イン ファイナル マーシー 性能 211 ~ 229 Damage 30% Piercing Speed Very Slow 3.0% の確率で +123% 総合ダメージ(AE) 3.0% Chance of +123% Damage ※AEでは総合ダメージに変更された 154 エレメンタルダメージ(AE) 35 Elemental Damage 20.0% の確率で 50% 敵のヘルス減少(AE) 20.0% Chance of 13% Reduction to Enemy s Health 62% Life Leech Resistance 51% Energy Leech Resistance +30 Strength +65 Offensive Ability +20% Attack Speed Required Player Level 43 Required Strength 159 Required Dexterity 382 解説