約 3,518,800 件
https://w.atwiki.jp/gtavi_gta6/pages/1751.html
バインウッド最後の土産(Vinewood Souvenirs - The Last Act) バインウッド最後の土産(Vinewood Souvenirs - The Last Act)概要 ミッション攻略 ゴールドメダル獲得条件 余談 動画 概要 アル・ディ・ナポリを殺害もしくは解放する。 ミッション攻略 ナイジェルの車に乗り目的地へ向かうか、車をとめて彼を解放すればミッション完了。 【殺害】 目的地の線路まで向かう。 線路まで来たら、鉄橋を越えるまで速度を上げて速く走ること。 ※鉄橋上には脱出できるスペースがないため素早く通り抜ける。 鉄橋を越えたら速度を緩め、タイミングを見極めて△ボタンを押し車を乗り捨てる。 ※車の速度が出過ぎていると脱出時の衝撃で死亡することがあるため注意。車をゆっくり遅いスピードで走らせておくと脱出タイミングの見極めがしやすい。 車が列車にぶつかって爆発するとミッションクリア。 【解放】 目的地へ向かう途中、アルが助けてくれと懇願してくる。 無視してそのまま運転していると、郊外の風力発電用の風車が見える辺りまで来たところで「今すぐ1万ドル払う」と言う。 このセリフを聞いてから車を停めてトランクに近づくとアルから1万ドルを受け取った上でのミッションクリアとなる。 ゴールドメダル獲得条件 危機一髪列車が衝突する寸前に車を降りる。 人身事故列車を使用してアル・ディ・ナポリを殺害する。 余談 ネットニュース 本日の最新ニュース アル・ディ・ナポリ、悲惨な最期 ロスサントス・メテオ、ロビンワーク パーマー・テイラー発電所近くの線路上で発見された死体は、アル・ディ・ナポリと確認さ れた。事故処理作業員は、現在も見つかっていない死体の一部の捜索を続けている。特徴 的な大きい前歯によって辛うじて身元が確認できたという。遺族に心からのお悔みを申し上 げたい。誘拐事件の発生以降、最悪の結末を覚悟していた事と思われるが、貨物列車に引 き裂かれるのは最悪の創造をも超えていたことだろう。もし、彼らがこの事を予想していたな ら、何か警察に話さねばならない事があるはずだ。 動画
https://w.atwiki.jp/jubeat/pages/397.html
隠密Dancers ?id=95.jpg BASIC ADVANCED EXTREME Level 3 5 7 Notes 168 355 462 BPM 154 Time - Artist ニンジャマンジャパン Version plus 動画 譜面動画 YouTube 譜面動画 (EXTREME)(シャッター+ハンドクラップ+数字) ニコニコ動画 譜面動画 (BASIC)(フラワー) 譜面動画 (ADVANCED)(フラワー) 譜面動画 (EXTREME)(フラワー) プレイ動画 ニコニコ動画 プレイ動画 (EXTREME) 攻略・コメント 遅ズレに注意。特にBSCは悲惨 -- 名無しさん (2011-08-04 00 05 17) 名前 コメント
https://w.atwiki.jp/sdvx/pages/1249.html
concon (picom'n'bass rmx)/ kamome sano ( 試聴・採用コメント ) SOUND VOLTEX II -infinite infection-制作決定記念 リミックスコンテストの第1回配信楽曲 jubeat knit APPENDからのリミックス楽曲 ?plugin=ref serial=853?plugin=ref serial=853?plugin=ref serial=853 Lv CHAIN 譜面属性 BPM TIME Version Genre Illustrator Effect NOVICE 04 0550 194 II01 FLOOR /BEMANI もとこ TEK-A-RHYTHM ADVANCED 10 0861 EXHAUST 13 1171 +難易度投票 NOVICE 選択肢 投票数 投票 詐称 0 強 0 中 0 弱 0 逆詐称 0 ADVANCED 選択肢 投票数 投票 詐称 0 強 0 中 0 弱 0 逆詐称 0 EXHAUST 選択肢 投票数 投票 詐称 0 強 0 中 1 弱 2 逆詐称 0 攻略・解説 譜面・楽曲の攻略についてはこちらへどうぞ 見辛さ解消の為に改行や文頭の編集、不適切なコメントを削除することがあります 名前 コメント ※文頭に[ bgcolor(#aaf){NOV}]、[ bgcolor(#ffa){ADV}]、[ bgcolor(#faa){EXH}]をコピー ペーストすると見やすくなります コメント 楽曲やイラストなどのコメントについてはこちらへどうぞ 右下の圧倒的存在感 ところでわたあめの隣のお馬さんってなんだっけ -- (名無しさん) 2013-06-24 18 33 58 お馬さんはレトロスペクティビリー・メリーゴーランドのかと -- (名無しさん) 2013-06-27 13 59 01 名前 コメント すべてのコメントを見る
https://w.atwiki.jp/oper/pages/2825.html
LE RETOUR DES PLAISIRS PROLOGUE. Le théâtre représente le palais et les jardins des Tuileries; la Nymphe de la Seine paraît appuyée sur une urne au milieu d’une allée dont les arbres sont séparés par des fontaines. LA NYMPHE DE LA SEINE Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? On n’entend plus d’oiseau qui chante, On ne voit plus de fleurs qui naissent sous nos pas. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? L’herbe naissante Paraît mourante, Tout languit avec moi dans ces lieux pleins d’appas. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Quel bruit de guerre m’épouvante? Quelle Divinité va descendre ici-bas? La Gloire paraît au milieu d’un palais brillant qui descend au bruit d’une harmonie guerrière. LA NYMPHE DE LA SEINE Hélas! superbe Gloire, hélas! Ne dois-tu point être contente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Il ne te suit que trop dans l’horreur des combats; Laisse en paix un moment sa Valeur triomphante. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? LA GLOIRE Pourquoi tant murmurer? Nymphe, ta plainte est vaine, Tu ne peux voir sans moi le Héros que tu sers; Si son éloignement te coûte tant de peine, Il récompense assez les douceurs que tu perds; Vois ce qu’il fait pour toi quand la Gloire l’emmène; Vois comme sa Valeur a soumis à la Seine Le fleuve le plus fier qui soit dans l’Univers. LA NYMPHE DE LA SEINE On ne voit plus ici paraître Que des Ornements imparfaits; Ah! rends-nous notre Auguste Maître, Tu nous rendras tous nos attraits. LA GLOIRE Il revient, et tu dois m’en croire; Je lui sers de guide avec soin; Puisque tu vois la Gloire, Ton Héros n’est pas loin. Il laisse respirer tout le monde qui tremble; Soyons ici d’accord pour combler ses désirs. LA GLOIRE et LA NYMPHE DE LA SEINE Qu’il est doux d’accorder ensemble La Gloire et les Plaisirs. LA NYMPHE DE LA SEINE Naïades, Dieux des bois, Nymphes, que tout s’assemble. Qu’on entende nos chants après tant de soupirs. La Nymphe des Tuileries s’avance avec une troupe de Nymphes qui dansent, les arbres s’ouvrent et font voir les Divinités Champêtres qui jouent de différents instruments, et les fontaines se changent en Naïades qui chantent. LE CHŒUR Qu’il est doux d’accorder ensemble La Gloire et les Plaisirs. LA NYMPHE DES TUILERIES L’Art d’accord avec la Nature Sert l’Amour dans ces lieux charmants; Ces eaux qui font rêver par un si doux murmure, Ces tapis où les fleurs forment tant d’ornements, Ces gazons, ces lits de verdure, Tout n’est fait que pour les amants. La Nymphe de la Marne, compagne de la Seine, vient chanter au milieu d’une troupe de Divinités de Fleuves, qui témoignent leur joie par leur danse. LA NYMPHE DE LA MARNE L’onde se presse D’aller sans cesse Jusqu’au bout de son cours; S’il faut qu’un cœur suive une pente, En est-il qui soit plus charmante Que le doux penchant des Amours? LA GLOIRE et LA NYMPHE DE LA SEINE Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. LA NYMPHE DES TUILERIES Que tout fleurisse Dans nos jardins et dans nos bois. LA NYMPHE DE LA MARNE Que le chant des oiseaux s’unisse Avec le doux son des hautbois. TOUS ENSEMBLE Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. Que le chant des oiseaux s’unisse Avec le doux son des hautbois. Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. Les Divinités de Fleuves et les Nymphes forment une danse générale, tandis que tous les instruments et toutes les voix s’unissent. TOUS ENSEMBLE Quel Cœur sauvage Ici ne s’engage? Quel Cœur sauvage Ne sent point l’amour? Nous allons voir les Plaisirs de retour; Ne manquons pas d’en faire un doux usage. Pour rire un peu, l’on n’est pas moins sage. Ah quel dommage De fuir ce rivage! Ah quel dommage De perdre un beau jour! Nous allons voir les Plaisirs de retour; Ne manquons pas d’en faire un doux usage. Pour rire un peu, l’on n’est pas moins sage. Revenez, Plaisirs exilés; Volez de toutes parts, volez. Les Plaisirs volent, et viennent préparer des divertissements. Fin du Prologue. ACTE PREMIER La scène est dans la ville d’Iolcos en Thessalie. Le théâtre représente un port de mer, où l’on voit un grand vaisseau orné et préparé pour une Fête galante au milieu de plusieurs vaisseaux de guerre. SCENE PREMIERE LE CHŒUR DES THESSALIENS, ALCIDE, LYCHAS LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Votre ami le plus cher épouse la Princesse La plus charmante de la Grèce; Lorsque chacun les suit, Seigneur, les fuyez-vous? LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Vous paraissez troublé des cris qui retentissent? Quand deux amants heureux s’unissent Le cœur du grand Alcide en serait-il jaloux? LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Seigneur, vous soupirez, et gardez le silence? ALCIDE Ah Lychas, laisse-moi partir en diligence. LYCHAS Quoi? dès ce même jour presser votre départ? ALCIDE J’aurai beau me presser, je partirai trop tard. Ce n’est point avec toi que je prétends me taire; Alceste est trop aimable, elle a trop su me plaire; Un autre en est aimé, rien ne flatte mes vœux, C’en est fait, Admète l’épouse, Et c’est dans ce moment qu’on les unit tous deux. Ah qu’une âme jalouse Éprouve un tourment rigoureux! J’ai peine à l’exprimer moi-même Figure-toi, si tu le peux, Quelle est l’horreur extrême De voir ce que l’on aime Au pouvoir d’un rival heureux. LYCHAS L’Amour est-il plus fort qu’un Héros indomptable? L’Univers n’a point eu de monstre redoutable Que vous n’ayez pu surmonter. ALCIDE Eh, crois-tu que l’Amour soit moins à redouter? Le plus grand Cœur a sa faiblesse. Je ne puis me sauver de l’ardeur qui me presse Qu’en quittant ce fatal séjour. Contre d’aimables charmes La Valeur est sans armes, Et ce n’est qu’en fuyant qu’on peut vaincre l’Amour. LYCHAS Vous devez vous forcer, au moins, à voir la Fête Qui déjà dans ce port vous paraît toute prête. Votre fuite à présent ferait un trop grand bruit; Différez jusques à la nuit. ALCIDE Ah, Lychas! quelle nuit! ah, quelle nuit funeste! LYCHAS Tout le reste du jour voyez encore Alceste. ALCIDE La voir encore? ... hé bien, différons mon départ. Je te l’avais bien dit, je partirai trop tard. Je vais la voir aimer un époux qui l’adore, Je verrai dans leurs yeux un tendre empressement. Que je vais payer chèrement Le plaisir de la voir encore! SCENE SECONDE ALCIDE, STRATON et LYCHAS ensemble L’Amour a bien des maux, mais le plus grand de tous C’est le tourment d’être jaloux. SCENE TROISIEME STRATON, LYCHAS STRATON Lychas, j’ai deux mots à te dire. LYCHAS Que veux-tu? parle; je t’entends. STRATON Nous sommes amis de tout temps; Céphise, tu le sais, me tient sous son Empire. Tu suis partout ses pas qu’est-ce que tu prétends? LYCHAS Je prétends rire. STRATON Pourquoi veux-tu troubler deux cœurs qui sont contents? LYCHAS Je prétends rire. Tu peux à ton gré t’enflammer; Chacun a sa façon d’aimer; Qui voudra soupirer, soupire, Je prétends rire. STRATON J’aime, et je suis aimé; laisse en paix nos amours. LYCHAS Rien ne doit t’alarmer s’il est bien vrai qu’on t’aime; Un rival rebuté donne un plaisir extrême. STRATON Un rival quel qu’il soit importune toujours. LYCHAS Je vois ton amour sans colère, Tu devrais en user ainsi; Puisque Céphise t’a su plaire, Pourquoi ne veux-tu pas qu’elle me plaise aussi? STRATON A quoi sert-il d’aimer ce qu’il faut que l’on quitte? Tu ne peux demeurer longtemps dans cette Cour. LYCHAS Moins on a de moments à donner à l’Amour Et plus il faut qu’on en profite. STRATON J’aime depuis deux ans avec fidélité. Je puis croire, sans vanité, Que tu ne dois pas être un rival qui m’alarme. LYCHAS J’ai pour moi la nouveauté, En amour c’est un grand charme. STRATON Céphise m’a promis un cœur tendre, et constant. LYCHAS Céphise m’en promet autant. STRATON Ah, si je le croyais!... Mais tu n’es pas croyable. LYCHAS Crois-moi, fais ton profit d’un reste d’amitié, Sers-toi d’un avis charitable Que je te donne par pitié. STRATON Le mépris d’une volage Doit être un assez grand mal, Et c’est un nouvel outrage Que la pitié d’un rival. Elle vient, l’infidèle, Pour chanter dans les Jeux dont je prends soin ici. LYCHAS Je te laisse avec elle, Il ne tiendra qu’à toi d’être mieux éclairci. SCENE QUATRIEME CÉPHISE, STRATON CÉPHISE Dans ce beau jour, quelle humeur sombre Fais-tu voir à contretemps? STRATON C’est que je ne suis pas du nombre Des amants qui sont contents. CÉPHISE Un ton grondeur et sévère N’est pas un grand agrément; Le chagrin n’avance guère Les affaires d’un amant. STRATON Lychas vient de me faire entendre Que je n’ai plus ton cœur, qu’il doit seul y prétendre, Et que tu ne vois plus mon amour qu’à regret. CÉPHISE Lychas est peu discret... STRATON Ah, je m’en doutais bien qu’il voulait me surprendre. CÉPHISE Lychas est peu discret D’avoir dit mon secret. STRATON Comment! il est donc vrai! tu n’en fais point d’excuse? Tu me trahis ainsi sans en être confuse? CÉPHISE Tu te plains sans raison; Est-ce une trahison Quand on te désabuse? STRATON Que je suis étonné de voir ton changement! CÉPHISE Si je change d’amant Qu’y trouves-tu d’étrange? Est-ce un sujet d’étonnement De voir une fille qui change? STRATON Après deux ans passés dans un si doux lien, Devais-tu jamais prendre une chaîne nouvelle? CÉPHISE Ne comptes-tu pour rien D’être deux ans fidèle? STRATON Par un espoir doux, et trompeur, Pourquoi m’engageais-tu dans un amour si tendre? Fallait-il me donner ton cœur Puisque tu voulais le reprendre? CÉPHISE Quand je t’offrais mon cœur, c’était de bonne foi; Que n’empêches-tu qu’on te l’ôte? Est-ce ma faute Si Lychas me plaît plus que toi? STRATON Ingrate, est-ce le prix de ma persévérance? CÉPHISE Essaie un peu de l’inconstance. C’est toi qui le premier m’appris à m’engager; Pour récompense Je te veux apprendre à changer. STRATON et CÉPHISE Il faut {aimer} {changer} toujours. Les plus douces amours Sont les amours {fidèles} {nouvelles}. Il faut {aimer} {changer} toujours. SCENE CINQUIEME LYCOMÈDE, STRATON, CÉPHISE LYCOMÈDE Straton, donne ordre qu’on s’apprête Pour commencer la Fête. Straton se retire, et Lycomède parle à Céphise. Enfin, grâce au dépit, je goûte la douceur De sentir le repos de retour dans mon cœur. J’étais à préférer au Roi de Thessalie; Et si pour sa gloire on publie Qu’Apollon autrefois lui servit de Pasteur , Je suis Roi de Scyros, et Thétis est ma sœur. J’ai su me consoler d’un hymen qui m’outrage, J’en ordonne les Jeux avec tranquillité. Qu’aisément le dépit dégage Des fers d’une ingrate Beauté! Et qu’après un long esclavage Il est doux d’être en liberté! CÉPHISE Il n’est pas sûr toujours de croire l’apparence. Un cœur bien pris, et bien touché, N’est pas aisément détaché, Ni si tôt guéri que l’on pense; Et l’Amour est souvent caché Sous une feinte indifférence. LYCOMÈDE Quand on est sans espérance, On est bientôt sans amour. Mon rival a la préférence, Ce que j’aime est en sa puissance, Je perds tout espoir en ce jour; Quand on est sans espérance, On est bientôt sans amour. Voici l’heure qu’il faut que la Fête commence. Chacun s’avance. Préparons-nous. SCENE SIXIEME LE CHŒUR, ADMÈTE, ALCESTE, PHÉRÈS, ALCIDE, LYCHAS, CÉPHISE, et STRATON LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. PHÉRÈS Jouissez des douceurs du nœud qui vous assemble. ADMÈTE et ALCESTE Quand l’Hymen et l’Amour sont bien d’accord ensemble, Que les nœuds qu’ils forment sont doux! LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. SCENE SEPTIEME Des Nymphes de la Mer et des Tritons viennent faire une Fête marine, où se mêlent des matelots et des pêcheurs. DEUX TRITONS Malgré tant d’orages, Et tant de naufrages, Chacun à son tour S’embarque avec l’Amour. Partout où l’on mène Les cœurs amoureux, On voit la mer pleine D’écueils dangereux, Mais sans quelque peine On n’est jamais heureux; Une âme constante, Après la tourmente Espère un beau jour. Malgré tant d’orages, Et tant de naufrages, Chacun à son tour S’embarque avec l’Amour. Un cœur qui diffère D’entrer en affaire S’expose à manquer Le temps de s’embarquer. Une âme commune S’étonne d’abord, Le soin l’importune, Le calme l’endort, Mais quelle fortune Fait-on sans quelque effort? Est-il un commerce Exempt de traverse? Chacun doit risquer. Un cœur qui diffère D’entrer en affaire S’expose à manquer Le temps de s’embarquer. Céphise, vêtue en Nymphe de la Mer, chante au milieu des Divinités marines qui lui répondent. Jeunes cœurs, laissez-vous prendre, Le péril est grand d’attendre. Vous perdez d’heureux moments En cherchant à vous défendre; Si l’Amour a des tourments C’est la faute des amants. Une Nymphe de la Mer chante avec Céphise. Plus les âmes sont rebelles, Plus leurs peines sont cruelles, Les plaisirs doux et charmants Sont le prix des cœurs fidèles; Si l’Amour a des tourments C’est la faute des amants. LYCOMÈDE à Alceste On vous apprête Dans mon vaisseau Un divertissement nouveau. LYCOMÈDE et STRATON Venez voir ce que notre Fête Doit avoir de plus beau. Lycomède conduit Alceste dans son vaisseau, Straton y mène Céphise, et dans le temps qu’Admète et Alcide y veulent passer, le pont s’enfonce dans la mer. ADMÈTE et ALCIDE Dieux! le pont s’abîme dans l’eau. LE CHŒUR DES THESSALIENS Ah! quelle trahison funeste! ALCESTE et CÉPHISE Au secours, au secours! ALCIDE Perfide... ADMÈTE Alceste... ALCIDE et ADMÈTE Laissons les vains discours. Au secours, au secours! Les Thessaliens courent s’embarquer pour suivre Lycomède. LE CHŒUR DES THESSALIENS Au secours, au secours! SCENE HUITIEME THÉTIS, ADMÈTE THÉTIS sortant de la mer Époux infortuné, redoute ma colère, Tu vas hâter l’instant qui doit finir tes jours; C’est Thétis, que la mer révère, Que tu vois contre toi du parti de son frère; Et c’est à la mort que tu cours. ADMÈTE courant s’embarquer Au secours, au secours! THÉTIS Puisqu’on méprise ma puissance, Que les vents déchaînés, Que les flots mutinés S’arment pour ma vengeance. Thétis rentre dans la mer, et les Aquilons excitent une tempête qui agite les vaisseaux qui s’efforcent de poursuivre Lycomède. SCENE NEUVIEME ÉOLE, LES AQUILONS, LES ZÉPHYRS ÉOLE Le Ciel protège les Héros. Allez Admète, allez Alcide; Le Dieu qui sur les Dieux préside M’ordonne de calmer les flots. Allez, poursuivez un perfide. Retirez-vous, Vents en courroux, Rentrez dans vos prisons profondes, Et laissez régner sur les ondes Les Zéphyrs les plus doux. L’orage cesse, les Zéphyrs volent et font fuir les Aquilons qui tombent dans la mer avec les nuages qu’ils en avaient élevés, et les vaisseaux d’Alcide et d’Admète poursuivent Lycomède. Fin du premier Acte. LE RETOUR DES PLAISIRS PROLOGUE. Le théâtre représente le palais et les jardins des Tuileries; la Nymphe de la Seine paraît appuyée sur une urne au milieu d’une allée dont les arbres sont séparés par des fontaines. LA NYMPHE DE LA SEINE Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? On n’entend plus d’oiseau qui chante, On ne voit plus de fleurs qui naissent sous nos pas. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? L’herbe naissante Paraît mourante, Tout languit avec moi dans ces lieux pleins d’appas. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Quel bruit de guerre m’épouvante? Quelle Divinité va descendre ici-bas? La Gloire paraît au milieu d’un palais brillant qui descend au bruit d’une harmonie guerrière. LA NYMPHE DE LA SEINE Hélas! superbe Gloire, hélas! Ne dois-tu point être contente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Il ne te suit que trop dans l’horreur des combats; Laisse en paix un moment sa Valeur triomphante. Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? Serai-je toujours languissante Dans une si cruelle attente? Le Héros que j’attends ne reviendra-t-il pas? LA GLOIRE Pourquoi tant murmurer? Nymphe, ta plainte est vaine, Tu ne peux voir sans moi le Héros que tu sers; Si son éloignement te coûte tant de peine, Il récompense assez les douceurs que tu perds; Vois ce qu’il fait pour toi quand la Gloire l’emmène; Vois comme sa Valeur a soumis à la Seine Le fleuve le plus fier qui soit dans l’Univers. LA NYMPHE DE LA SEINE On ne voit plus ici paraître Que des Ornements imparfaits; Ah! rends-nous notre Auguste Maître, Tu nous rendras tous nos attraits. LA GLOIRE Il revient, et tu dois m’en croire; Je lui sers de guide avec soin; Puisque tu vois la Gloire, Ton Héros n’est pas loin. Il laisse respirer tout le monde qui tremble; Soyons ici d’accord pour combler ses désirs. LA GLOIRE et LA NYMPHE DE LA SEINE Qu’il est doux d’accorder ensemble La Gloire et les Plaisirs. LA NYMPHE DE LA SEINE Naïades, Dieux des bois, Nymphes, que tout s’assemble. Qu’on entende nos chants après tant de soupirs. La Nymphe des Tuileries s’avance avec une troupe de Nymphes qui dansent, les arbres s’ouvrent et font voir les Divinités Champêtres qui jouent de différents instruments, et les fontaines se changent en Naïades qui chantent. LE CHŒUR Qu’il est doux d’accorder ensemble La Gloire et les Plaisirs. LA NYMPHE DES TUILERIES L’Art d’accord avec la Nature Sert l’Amour dans ces lieux charmants; Ces eaux qui font rêver par un si doux murmure, Ces tapis où les fleurs forment tant d’ornements, Ces gazons, ces lits de verdure, Tout n’est fait que pour les amants. La Nymphe de la Marne, compagne de la Seine, vient chanter au milieu d’une troupe de Divinités de Fleuves, qui témoignent leur joie par leur danse. LA NYMPHE DE LA MARNE L’onde se presse D’aller sans cesse Jusqu’au bout de son cours; S’il faut qu’un cœur suive une pente, En est-il qui soit plus charmante Que le doux penchant des Amours? LA GLOIRE et LA NYMPHE DE LA SEINE Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. LA NYMPHE DES TUILERIES Que tout fleurisse Dans nos jardins et dans nos bois. LA NYMPHE DE LA MARNE Que le chant des oiseaux s’unisse Avec le doux son des hautbois. TOUS ENSEMBLE Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. Que le chant des oiseaux s’unisse Avec le doux son des hautbois. Que tout retentisse, Que tout réponde à nos voix. Les Divinités de Fleuves et les Nymphes forment une danse générale, tandis que tous les instruments et toutes les voix s’unissent. TOUS ENSEMBLE Quel Cœur sauvage Ici ne s’engage? Quel Cœur sauvage Ne sent point l’amour? Nous allons voir les Plaisirs de retour; Ne manquons pas d’en faire un doux usage. Pour rire un peu, l’on n’est pas moins sage. Ah quel dommage De fuir ce rivage! Ah quel dommage De perdre un beau jour! Nous allons voir les Plaisirs de retour; Ne manquons pas d’en faire un doux usage. Pour rire un peu, l’on n’est pas moins sage. Revenez, Plaisirs exilés; Volez de toutes parts, volez. Les Plaisirs volent, et viennent préparer des divertissements. Fin du Prologue. ACTE PREMIER La scène est dans la ville d’Iolcos en Thessalie. Le théâtre représente un port de mer, où l’on voit un grand vaisseau orné et préparé pour une Fête galante au milieu de plusieurs vaisseaux de guerre. SCENE PREMIERE LE CHŒUR DES THESSALIENS, ALCIDE, LYCHAS LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Votre ami le plus cher épouse la Princesse La plus charmante de la Grèce; Lorsque chacun les suit, Seigneur, les fuyez-vous? LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Vous paraissez troublé des cris qui retentissent? Quand deux amants heureux s’unissent Le cœur du grand Alcide en serait-il jaloux? LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. LYCHAS Seigneur, vous soupirez, et gardez le silence? ALCIDE Ah Lychas, laisse-moi partir en diligence. LYCHAS Quoi? dès ce même jour presser votre départ? ALCIDE J’aurai beau me presser, je partirai trop tard. Ce n’est point avec toi que je prétends me taire; Alceste est trop aimable, elle a trop su me plaire; Un autre en est aimé, rien ne flatte mes vœux, C’en est fait, Admète l’épouse, Et c’est dans ce moment qu’on les unit tous deux. Ah qu’une âme jalouse Éprouve un tourment rigoureux! J’ai peine à l’exprimer moi-même Figure-toi, si tu le peux, Quelle est l’horreur extrême De voir ce que l’on aime Au pouvoir d’un rival heureux. LYCHAS L’Amour est-il plus fort qu’un Héros indomptable? L’Univers n’a point eu de monstre redoutable Que vous n’ayez pu surmonter. ALCIDE Eh, crois-tu que l’Amour soit moins à redouter? Le plus grand Cœur a sa faiblesse. Je ne puis me sauver de l’ardeur qui me presse Qu’en quittant ce fatal séjour. Contre d’aimables charmes La Valeur est sans armes, Et ce n’est qu’en fuyant qu’on peut vaincre l’Amour. LYCHAS Vous devez vous forcer, au moins, à voir la Fête Qui déjà dans ce port vous paraît toute prête. Votre fuite à présent ferait un trop grand bruit; Différez jusques à la nuit. ALCIDE Ah, Lychas! quelle nuit! ah, quelle nuit funeste! LYCHAS Tout le reste du jour voyez encore Alceste. ALCIDE La voir encore? ... hé bien, différons mon départ. Je te l’avais bien dit, je partirai trop tard. Je vais la voir aimer un époux qui l’adore, Je verrai dans leurs yeux un tendre empressement. Que je vais payer chèrement Le plaisir de la voir encore! SCENE SECONDE ALCIDE, STRATON et LYCHAS ensemble L’Amour a bien des maux, mais le plus grand de tous C’est le tourment d’être jaloux. SCENE TROISIEME STRATON, LYCHAS STRATON Lychas, j’ai deux mots à te dire. LYCHAS Que veux-tu? parle; je t’entends. STRATON Nous sommes amis de tout temps; Céphise, tu le sais, me tient sous son Empire. Tu suis partout ses pas qu’est-ce que tu prétends? LYCHAS Je prétends rire. STRATON Pourquoi veux-tu troubler deux cœurs qui sont contents? LYCHAS Je prétends rire. Tu peux à ton gré t’enflammer; Chacun a sa façon d’aimer; Qui voudra soupirer, soupire, Je prétends rire. STRATON J’aime, et je suis aimé; laisse en paix nos amours. LYCHAS Rien ne doit t’alarmer s’il est bien vrai qu’on t’aime; Un rival rebuté donne un plaisir extrême. STRATON Un rival quel qu’il soit importune toujours. LYCHAS Je vois ton amour sans colère, Tu devrais en user ainsi; Puisque Céphise t’a su plaire, Pourquoi ne veux-tu pas qu’elle me plaise aussi? STRATON A quoi sert-il d’aimer ce qu’il faut que l’on quitte? Tu ne peux demeurer longtemps dans cette Cour. LYCHAS Moins on a de moments à donner à l’Amour Et plus il faut qu’on en profite. STRATON J’aime depuis deux ans avec fidélité. Je puis croire, sans vanité, Que tu ne dois pas être un rival qui m’alarme. LYCHAS J’ai pour moi la nouveauté, En amour c’est un grand charme. STRATON Céphise m’a promis un cœur tendre, et constant. LYCHAS Céphise m’en promet autant. STRATON Ah, si je le croyais!... Mais tu n’es pas croyable. LYCHAS Crois-moi, fais ton profit d’un reste d’amitié, Sers-toi d’un avis charitable Que je te donne par pitié. STRATON Le mépris d’une volage Doit être un assez grand mal, Et c’est un nouvel outrage Que la pitié d’un rival. Elle vient, l’infidèle, Pour chanter dans les Jeux dont je prends soin ici. LYCHAS Je te laisse avec elle, Il ne tiendra qu’à toi d’être mieux éclairci. SCENE QUATRIEME CÉPHISE, STRATON CÉPHISE Dans ce beau jour, quelle humeur sombre Fais-tu voir à contretemps? STRATON C’est que je ne suis pas du nombre Des amants qui sont contents. CÉPHISE Un ton grondeur et sévère N’est pas un grand agrément; Le chagrin n’avance guère Les affaires d’un amant. STRATON Lychas vient de me faire entendre Que je n’ai plus ton cœur, qu’il doit seul y prétendre, Et que tu ne vois plus mon amour qu’à regret. CÉPHISE Lychas est peu discret... STRATON Ah, je m’en doutais bien qu’il voulait me surprendre. CÉPHISE Lychas est peu discret D’avoir dit mon secret. STRATON Comment! il est donc vrai! tu n’en fais point d’excuse? Tu me trahis ainsi sans en être confuse? CÉPHISE Tu te plains sans raison; Est-ce une trahison Quand on te désabuse? STRATON Que je suis étonné de voir ton changement! CÉPHISE Si je change d’amant Qu’y trouves-tu d’étrange? Est-ce un sujet d’étonnement De voir une fille qui change? STRATON Après deux ans passés dans un si doux lien, Devais-tu jamais prendre une chaîne nouvelle? CÉPHISE Ne comptes-tu pour rien D’être deux ans fidèle? STRATON Par un espoir doux, et trompeur, Pourquoi m’engageais-tu dans un amour si tendre? Fallait-il me donner ton cœur Puisque tu voulais le reprendre? CÉPHISE Quand je t’offrais mon cœur, c’était de bonne foi; Que n’empêches-tu qu’on te l’ôte? Est-ce ma faute Si Lychas me plaît plus que toi? STRATON Ingrate, est-ce le prix de ma persévérance? CÉPHISE Essaie un peu de l’inconstance. C’est toi qui le premier m’appris à m’engager; Pour récompense Je te veux apprendre à changer. STRATON et CÉPHISE Il faut {aimer} {changer} toujours. Les plus douces amours Sont les amours {fidèles} {nouvelles}. Il faut {aimer} {changer} toujours. SCENE CINQUIEME LYCOMÈDE, STRATON, CÉPHISE LYCOMÈDE Straton, donne ordre qu’on s’apprête Pour commencer la Fête. Straton se retire, et Lycomède parle à Céphise. Enfin, grâce au dépit, je goûte la douceur De sentir le repos de retour dans mon cœur. J’étais à préférer au Roi de Thessalie; Et si pour sa gloire on publie Qu’Apollon autrefois lui servit de Pasteur , Je suis Roi de Scyros, et Thétis est ma sœur. J’ai su me consoler d’un hymen qui m’outrage, J’en ordonne les Jeux avec tranquillité. Qu’aisément le dépit dégage Des fers d’une ingrate Beauté! Et qu’après un long esclavage Il est doux d’être en liberté! CÉPHISE Il n’est pas sûr toujours de croire l’apparence. Un cœur bien pris, et bien touché, N’est pas aisément détaché, Ni si tôt guéri que l’on pense; Et l’Amour est souvent caché Sous une feinte indifférence. LYCOMÈDE Quand on est sans espérance, On est bientôt sans amour. Mon rival a la préférence, Ce que j’aime est en sa puissance, Je perds tout espoir en ce jour; Quand on est sans espérance, On est bientôt sans amour. Voici l’heure qu’il faut que la Fête commence. Chacun s’avance. Préparons-nous. SCENE SIXIEME LE CHŒUR, ADMÈTE, ALCESTE, PHÉRÈS, ALCIDE, LYCHAS, CÉPHISE, et STRATON LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. PHÉRÈS Jouissez des douceurs du nœud qui vous assemble. ADMÈTE et ALCESTE Quand l’Hymen et l’Amour sont bien d’accord ensemble, Que les nœuds qu’ils forment sont doux! LE CHŒUR Vivez, vivez, heureux époux. SCENE SEPTIEME Des Nymphes de la Mer et des Tritons viennent faire une Fête marine, où se mêlent des matelots et des pêcheurs. DEUX TRITONS Malgré tant d’orages, Et tant de naufrages, Chacun à son tour S’embarque avec l’Amour. Partout où l’on mène Les cœurs amoureux, On voit la mer pleine D’écueils dangereux, Mais sans quelque peine On n’est jamais heureux; Une âme constante, Après la tourmente Espère un beau jour. Malgré tant d’orages, Et tant de naufrages, Chacun à son tour S’embarque avec l’Amour. Un cœur qui diffère D’entrer en affaire S’expose à manquer Le temps de s’embarquer. Une âme commune S’étonne d’abord, Le soin l’importune, Le calme l’endort, Mais quelle fortune Fait-on sans quelque effort? Est-il un commerce Exempt de traverse? Chacun doit risquer. Un cœur qui diffère D’entrer en affaire S’expose à manquer Le temps de s’embarquer. Céphise, vêtue en Nymphe de la Mer, chante au milieu des Divinités marines qui lui répondent. Jeunes cœurs, laissez-vous prendre, Le péril est grand d’attendre. Vous perdez d’heureux moments En cherchant à vous défendre; Si l’Amour a des tourments C’est la faute des amants. Une Nymphe de la Mer chante avec Céphise. Plus les âmes sont rebelles, Plus leurs peines sont cruelles, Les plaisirs doux et charmants Sont le prix des cœurs fidèles; Si l’Amour a des tourments C’est la faute des amants. LYCOMÈDE à Alceste On vous apprête Dans mon vaisseau Un divertissement nouveau. LYCOMÈDE et STRATON Venez voir ce que notre Fête Doit avoir de plus beau. Lycomède conduit Alceste dans son vaisseau, Straton y mène Céphise, et dans le temps qu’Admète et Alcide y veulent passer, le pont s’enfonce dans la mer. ADMÈTE et ALCIDE Dieux! le pont s’abîme dans l’eau. LE CHŒUR DES THESSALIENS Ah! quelle trahison funeste! ALCESTE et CÉPHISE Au secours, au secours! ALCIDE Perfide... ADMÈTE Alceste... ALCIDE et ADMÈTE Laissons les vains discours. Au secours, au secours! Les Thessaliens courent s’embarquer pour suivre Lycomède. LE CHŒUR DES THESSALIENS Au secours, au secours! SCENE HUITIEME THÉTIS, ADMÈTE THÉTIS sortant de la mer Époux infortuné, redoute ma colère, Tu vas hâter l’instant qui doit finir tes jours; C’est Thétis, que la mer révère, Que tu vois contre toi du parti de son frère; Et c’est à la mort que tu cours. ADMÈTE courant s’embarquer Au secours, au secours! THÉTIS Puisqu’on méprise ma puissance, Que les vents déchaînés, Que les flots mutinés S’arment pour ma vengeance. Thétis rentre dans la mer, et les Aquilons excitent une tempête qui agite les vaisseaux qui s’efforcent de poursuivre Lycomède. SCENE NEUVIEME ÉOLE, LES AQUILONS, LES ZÉPHYRS ÉOLE Le Ciel protège les Héros. Allez Admète, allez Alcide; Le Dieu qui sur les Dieux préside M’ordonne de calmer les flots. Allez, poursuivez un perfide. Retirez-vous, Vents en courroux, Rentrez dans vos prisons profondes, Et laissez régner sur les ondes Les Zéphyrs les plus doux. L’orage cesse, les Zéphyrs volent et font fuir les Aquilons qui tombent dans la mer avec les nuages qu’ils en avaient élevés, et les vaisseaux d’Alcide et d’Admète poursuivent Lycomède. Fin du premier Acte. Lully,Jean-Baptiste/Alceste/II
https://w.atwiki.jp/francoise/pages/12.html
Ⅰ -er規則動詞の活用 日本語の動詞は語尾が幾つかの形に決まっています。フランス語も同様に動詞(不定法)の語尾は-er, -ir, -oir, -reの4つしかありません。このうち今回は規則的な変化をする-er規則動詞の活用について学習します。 【参考】フランス語の動詞の種類 語尾 規則変化 不規則変化 er aller以外のすべての-er動詞 donner(与える)aimer(愛する)chanter(歌う)など aller(行く)のみ (終わる)(従う)など partir(出発する)sortir(出る)dormir(寝る)など venir(来る)tenir(取る)など ouvrir(開く)offrir(提供する)など re すべて不規則 être(~である)prendre(取る)boire(飲む)など oir すべて不規則 avoir(持つ)pouvoire(できる)、savoir(知る)など 1)-er規則動詞の活用 er規則動詞の活用は次のようになります。 単数 複数 1人称 語幹+ e発音しない 語幹+onsオン 2人称 語幹+es発音しない 語幹+ ez エ 3人称 語幹+e 発音しない 語幹+ent 発音しない 具体的に幾つかの動詞を使って説明しましょう。 donnerドネ(与える) passerパセ(渡す) chanterシャンテ(歌う)の場合 語幹はそれぞれの動詞不定法から-erをとった部分です。donn-, pass-, chant-, 単数 複数 1人称 Je donne Je passe Je chante Nous donnons Nous passons Nous chantons 2人称 Tu donnes Tu passes Tu chantes Vous donnez Vous passez Vous chantez 3人称 Il (elle) donne Il(elle) passe Il(elle)chante Ils(elles)donnent Ils(elles)passent Ils(elles)chantent 母音で始まる動詞については、Jeが主語の際、j’となります。 aimer愛する。écouter聴く oublier忘れる 単数 複数 1人称 J’aime J’écoute J’oublie Nous aimons Nous écoutons Nous oublions 2人称 Tu aimes Tu écoutes Tu oublies Vous aimez Vous écoutez Vous oubliez 3人称 Il (elle) aime Il(elle) écoute Il(elle)oublie Ils(elles)aiment Ils(elles)écoutent Ils(elles)oublient 問題1 次の仏文にある( )内部の動詞を適当に変化させなさい。 Nous (déssiner) un tableau. *déssier 絵を描く Vous (étudier) la littérature française. *étudier 研究する Pierre et Thomas (chercher) un livre. *chercher 探す Je m’appelle Hideki Hasegawa. Je (habiter) à Yokohama *habiter 住む Tu (adorer) Choi Jee-Woo. *adorer ファンである。猛烈に好む 2)否定文および疑問文 avoirやetreに同じく、-er規則動詞も①疑問文の場合は、ⅰ)語尾を上げる かⅱ)Est-ce queを肯定文の前におく かⅲ)主語と動詞を倒置し、ハイフンでつなぐか、します。 あなたはもう帰りますか? Vous rentrez déjà? *rentrer ラントレ 帰る déjà デジャ もう Est-ce que vous rentrez déjà? Rentrez-vous déjà? ②否定文の場合は ne+動詞+pasとなります。このとき、 ⅰ)動詞が母音で始まる場合は、前のneはn’となります。 ⅱ)動詞の後に不定冠詞(un, une,des)の目的語を伴う場合は、不定冠詞はすべてdeに代わります。ただし定冠詞(le, la, les)は変わりません。下の例文に注意してください。 私はチーズは好きではありません。Je n’aime pas le fromage. *fromageフロマージュ チーズ ⇒この場合の「チーズ」は、特定のチーズ(「私の家にある」、「そこのお店で売っている」という意味)ではなく、「チーズ」という種類全般を指しています。こういうときは定冠詞を使用します。 私たちはフランス語の辞書を探していません。 Nous ne cherchons pas de dictionnaire de la langue française. *dictionnaireディクショネール 辞書 langue française ラングフランセーズ 仏語 この場合、特定の辞書を探しているので、肯定文ではun dictionnaireとなる。これが否定文になるとde dictionnaireに変わるので注意 問題2 次の和文を仏訳しなさい。 私はヨウコに電話をしません。 *「~に」はàを、「電話する」はtéléphonerを使う。 あなたは東京に住んでいるのですか? アンヌはチョコレートが好きではない。 彼らは本を渡さない。 彼女たちは今、寝ていますか? *「寝る」はcoucher 「今」はmaintenant 注意 代名詞ではなく、特定の固有名詞や普通名詞を伴う疑問文は、代名詞を使って、固有名詞や普通名詞は文の最初か最後に移動させます。 太郎はフランス料理を味わっていますか? Taro goûte une cuisine française.(肯定文) cuisine料理(一皿ではなくフルコースとしての料理)、goûter味わう、賞味する Taro, goûte-il une cuisine française? Goûte-il une cuisine fraçaise, Taro? Ⅲ:形容詞の特殊性変化(3) 男性単数形が-alで終わる形容詞は、男性複数形になると-auxになります。 ただし、女性形単数は-ale、女性形複数は-ales となります 例 principal 重要な mondial 世界の 男性形 女性形 単数形 principal mondial principale mondiale 複数形 principaux mondiaux principales mondiales 同様の変化をする形容詞 national 国の général 一般的な、全般の oral 会話の 2)男性単数形が、-x,で終わるもの。 女性単数形にする場合は-seとなります。また、男性複数形は単数形におなじです(変化しません) 例 heureux 幸福な jaloux ねたみ深い 男性形 女性形 単数形 heureuse jalouse 複数形 heureuses jalouses 同様の変化をする形容詞は次の通りです。 généreux 寛大な sérieux まじめな 問題2 次のカッコ内の形容詞を性数一致させなさい。 フランス人の男女は平等です。Les hommes et les femmes en* France sont (égal) en「~で」「~に」女性形の固有名詞(国や地方)にのみ使用される。 cf. 私は中国に住んでいる。J’habite en Chine. ⇒中国la Chine マリーは悪い生徒である。彼女はまじめではない。 Marie est (mauvais)étudiante, elle n’est pas (sérieux). ③ 私は貴重な本を探している。Je cherche des livres (pieux) ④東京には国立の施設がたくさんある。Il y a beaucoup d’instituts (national) à Tokyo. Ⅲ:数字 1000以上の数字は次の通りです。 1000, mille 2000, deux mille, 3000 trois mille, 10000 dix mille, 100000 cent mille, 1000000 un million 2000000 deux millions milleには複数形はありません。 年号の場合は、mil となります。 私は1970年に生まれました。Je suis né en mil neuf cent soixante-dix Ⅳ:発音練習―chの発音 フランス語のchの発音は原則としては「シュ」と発音します。英語のshに近い音です。英語のch、すなわち「チ」にならないようにしてください。 事例 chemise シュミーズ(シャツ) chien シャン(犬) chanson シャンソン(シャンソン、小唄) chat(シャ)ネコ chômage ショマージュ(失業) choix ショワ(選択) chance シャンス(チャンス) chocolat ショコラ(チョコレート) chimique シミック(化学の) Chine シーヌ (中国) ただし、chのあとに「子音」がきた場合は「k」と発音します。またまれに、chの次に母音がきた場合でも[k]と発音する場合があります。 chrétien クレティエン(キリスト教徒) choeurクール(コーラス)
https://w.atwiki.jp/nalu/
俺のメモだ!!! MYSQL覚え書き gcc&gdb? svn emacs? Linux覚え書き freestyle 気になる ①コマンドプロンプトを起動 ②「rundll32 netplwiz.dll,UsersRunDll」と入力しEnter ③でてきたダイアログで「ユーザーがこのコンピュータを使うには、ユーザー名 とパスワードの入力が必要」のチェックをはずす。 ④OKボタンか適用ボタンを押すと、ログインユーザー名とパスワードの入力ダイ アログが開くのでそれぞれを入力しOKボタンをクリック。 ソースコードを読むための技術 http //i.loveruby.net/ja/misc/readingcode.html ソケットプログラムとかある http //hp.vector.co.jp/authors/VA003991/kouza/index.html しなじー。二台のPCをひとつのキーボード+マウスで。 http //synergy2.sourceforge.net/ ハードディスクの死期予測ソフト http //hachcege.dk/default.asp?page=news ゲームプログラムのwiki http //www.c3.club.kyutech.ac.jp/~sukiyaki/index.php?FrontPage ヴぉいすてきすとおもしろそう http //voice.pentax.co.jp/pentaxtts/index.html ゲームデザインについて http //www.vancouver.wsu.edu/fac/peabody/game-book/Coverpage.html プログラマ。未チェック http //www.jah.ne.jp/~naoyuki/Writings/Writings.html WinAPIのテクニックが激しくわかる http //rararahp.cool.ne.jp/vc/vctips/tipindex.htm 子供向け絵本検索 英語の勉強 http //www.icdlbooks.org/index.shtml まんがえいご http //www.9thelsewhere.com/ 「VC++の使い方」IEコンポーネントにビビる。 http //www.nitoyon.com/vc/ ミニマムノミック考案者 http //www.jaist.ac.jp/~m-hatake/bre.htm ruby開発環境RDE http //homepage2.nifty.com/sakazuki/rde/index.html Mac用の素敵ぽいアプリがある http //www.teatimelogic.com/ javaアプレットの物理教材 http //www.nep.chubu.ac.jp/~nepjava/applet.htm やられた http //www2.atwiki.jp/sound_planet/ ゲーム業界を取材するジャーナリストのコラム&ニュース http //gamersta.at.webry.info/ ろぼっとろぼっと http //www.robot-fan.net/modules/x_movie/ ウェイノ バーチャ5 http //www.watch.impress.co.jp/game/docs/20061025/3dvf5.htm オブジェクト指向高速学習 http //itpro.nikkeibp.co.jp/article/COLUMN/20060927/249181/ パケットモニタ http //masa.creek.ne.jp/library/software/PacketMonitor.Aspx http //hpcgi2.nifty.com/t-katochin/wiki/wiki.cgi?p=%BC%EA%BA%EE%A4%EA%A4%D7%A4%ED%A4%B0%A4%E9%A4%E0 ダイレクトXライブラリ DXUT せんけいほかん http //www.geocities.co.jp/Playtown-Spade/4804/biliner.htm http //wing.zero.ad.jp/hir/black/ 死体花とモノレール http //www7a.biglobe.ne.jp/~websabotenkonjaku/konjaku2kisoutengai2.html http //de.wikipedia.org/wiki/Bild Einschienerp.jpg タスクシステム http //codezine.jp/a/article.aspx?aid=297 p=1 ブログ http //blogpal.seesaa.net/ 読みきり http //plusd.itmedia.co.jp/games/articles/0602/02/news041.html
https://w.atwiki.jp/oper/pages/2828.html
ACTE QUATRIEME Le théâtre représente le fleuve Achéron et ses sombres rivages. SCENE PREMIERE CHARON, LES OMBRES CHARON ramant sa barque Il faut passer tôt ou tard, Il faut passer dans ma barque. On y vient jeune, ou vieillard, Ainsi qu’il plaît à la Parque; On y reçoit sans égard Le berger, et le monarque. Il faut passer tôt ou tard, Il faut passer dans ma barque. Vous qui voulez passer, venez, Mânes errants, Venez, avancez, tristes Ombres, Payez le tribut que je prends, Ou retournez errer sur ces rivages sombres. LES OMBRES Passe-moi, Charon, passe-moi. CHARON Il faut auparavant que l’on me satisfasse, On doit payer les soins d’un si pénible emploi. LES OMBRES Passe-moi, Charon, passe-moi. Charon fait entrer dans sa barque les Ombres qui ont de quoi le payer. CHARON Donne, passe, donne, passe, Demeure, toi. Tu n’as rien, il faut qu’on te chasse. UNE OMBRE rebutée Une Ombre tient si peu de place. CHARON Ou paie, ou tourne ailleurs tes pas. L’OMBRE De grâce, par pitié, ne me rebute pas. CHARON La pitié n’est point ici-bas, Et Charon ne fait point de grâce. L’OMBRE Hélas! Charon, hélas! hélas! CHARON Crie hélas! tant que tu voudras , Rien pour rien, en tous lieux est une loi suivie. Les mains vides sont sans appas, Et ce n’est point assez de payer dans la vie, Il faut encor payer au-delà du Trépas. L’OMBRE en se retirant Hélas! Charon, hélas! hélas! CHARON Il m’importe peu que l’on crie Hélas! Charon, hélas! hélas! Il faut encor payer au-delà du Trépas. SCENE SECONDE ALCIDE, CHARON, LES OMBRES ALCIDE sautant dans la barque Sortez, Ombres, faites-moi place, Vous passerez une autre fois. Les Ombres s’enfuient. CHARON Ah! ma barque ne peut souffrir un si grand poids! ALCIDE Allons, il faut que l’on me passe. CHARON Retire-toi d’ici, Mortel, qui que tu sois, Les Enfers irrités puniront ton audace. ALCIDE Passe-moi, sans tant de façons. CHARON L’eau nous gagne, ma barque crève. ALCIDE Allons, rame, dépêche, achève. CHARON Nous enfonçons. ALCIDE Passons, passons. SCENE TROISIEME Le théâtre change, et représente le Palais de Pluton. PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, Suivants de Pluton PLUTON sur son trône Reçois le juste prix de ton amour fidèle; Que ton Destin nouveau soit heureux à jamais. Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. SUIVANTS DE PLUTON Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. PROSERPINE à côté de PLUTON L’épouse de Pluton te retient auprès d’elle; Tous tes vœux seront satisfaits. SUIVANTS DE PLUTON Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. PLUTON et PROSERPINE En faveur d’une Ombre si belle, Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits. SUIVANTS DE PLUTON En faveur d’une Ombre si belle, Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits. Les Suivants de Pluton se réjouissent de la venue d’Alceste dans les Enfers, par une espèce de Fête. SUIVANTS DE PLUTON Tout mortel doit ici paraître, On ne peut naître Que pour mourir. De cent maux le Trépas délivre; Qui cherche à vivre Cherche à souffrir. Venez tous, sur nos sombres bords. Le Repos qu’on désire Ne tient son Empire Que dans le séjour des Morts. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. C’est pour tous une loi nécessaire; L’effort qu’on peut faire N’est qu’un vain effort. Est-on sage De fuir ce passage? C’est un orage Qui mène au port. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. Tous les charmes, Plaintes, cris, larmes, Tout est sans armes Contre la Mort. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. SCENE QUATRIEME ALECTON, PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, SUIVANTS DE PLUTON ALECTON Quittez, quittez les Jeux, songez à vous défendre, Contre un audacieux unissons nos efforts Le fils de Jupiter vient ici de descendre. Seul, il ose attaquer tout l’Empire des Morts. PLUTON Qu’on arrête ce téméraire, Armez-vous, amis, armez-vous, Qu’on déchaîne Cerbère, Courez tous, courez tous. On entend aboyer Cerbère. ALECTON Son bras abat tout ce qu’il frappe. Tout cède à ses horribles coups. Rien ne résiste, rien n’échappe. SCENE CINQUIEME ALCIDE, PLUTON, PROSERPINE, ALECTON, Suivants de Pluton PLUTON voyant Alcide qui enchaîne Cerbère Insolent, jusqu’ici braves-tu mon courroux? Quelle injuste audace t’engage A troubler la paix de ces lieux? ALCIDE Je suis né pour dompter la rage Des monstres les plus furieux. PLUTON Est-ce le Dieu jaloux qui lance le Tonnerre Qui t’oblige à porter la guerre Jusqu’au centre de l’Univers ? Il tient sous son pouvoir et le Ciel et la Terre, Veut-il encor ravir l’Empire des Enfers? ALCIDE Non, Pluton, règne en paix, jouis de ton partage; Je viens chercher Alceste en cet affreux séjour. Permets que je la rende au jour, Je ne veux point d’autre avantage. Si c’est te faire outrage D’entrer par force dans ta Cour, Pardonne à mon Courage Et fais grâce à l’Amour. PROSERPINE Un grand cœur peut tout quand il aime, Tout doit céder à son effort. C’est un arrêt du Sort, Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. PLUTON Les enfers, Pluton lui-même, Tout doit en être d’accord; Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. SUIVANTS DE PLUTON Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. PLUTON Que pour revoir le jour l’Ombre d’Alceste sorte; Pluton donne un coup de son Trident et fait sortir son char. Prenez place tous deux au char dont je me sers. Qu’au gré de vos vœux il vous porte; Partez, les chemins sont ouverts. Qu’une volante Escorte Vous conduise au travers Des noires vapeurs des Enfers. Alcide et l’Ombre d’Alceste se placent sur le Char de Pluton, qui les enlève sous la conduite d’une troupe volante de Suivants de Pluton. Fin du quatrième Acte. ACTE QUATRIEME Le théâtre représente le fleuve Achéron et ses sombres rivages. SCENE PREMIERE CHARON, LES OMBRES CHARON ramant sa barque Il faut passer tôt ou tard, Il faut passer dans ma barque. On y vient jeune, ou vieillard, Ainsi qu’il plaît à la Parque; On y reçoit sans égard Le berger, et le monarque. Il faut passer tôt ou tard, Il faut passer dans ma barque. Vous qui voulez passer, venez, Mânes errants, Venez, avancez, tristes Ombres, Payez le tribut que je prends, Ou retournez errer sur ces rivages sombres. LES OMBRES Passe-moi, Charon, passe-moi. CHARON Il faut auparavant que l’on me satisfasse, On doit payer les soins d’un si pénible emploi. LES OMBRES Passe-moi, Charon, passe-moi. Charon fait entrer dans sa barque les Ombres qui ont de quoi le payer. CHARON Donne, passe, donne, passe, Demeure, toi. Tu n’as rien, il faut qu’on te chasse. UNE OMBRE rebutée Une Ombre tient si peu de place. CHARON Ou paie, ou tourne ailleurs tes pas. L’OMBRE De grâce, par pitié, ne me rebute pas. CHARON La pitié n’est point ici-bas, Et Charon ne fait point de grâce. L’OMBRE Hélas! Charon, hélas! hélas! CHARON Crie hélas! tant que tu voudras , Rien pour rien, en tous lieux est une loi suivie. Les mains vides sont sans appas, Et ce n’est point assez de payer dans la vie, Il faut encor payer au-delà du Trépas. L’OMBRE en se retirant Hélas! Charon, hélas! hélas! CHARON Il m’importe peu que l’on crie Hélas! Charon, hélas! hélas! Il faut encor payer au-delà du Trépas. SCENE SECONDE ALCIDE, CHARON, LES OMBRES ALCIDE sautant dans la barque Sortez, Ombres, faites-moi place, Vous passerez une autre fois. Les Ombres s’enfuient. CHARON Ah! ma barque ne peut souffrir un si grand poids! ALCIDE Allons, il faut que l’on me passe. CHARON Retire-toi d’ici, Mortel, qui que tu sois, Les Enfers irrités puniront ton audace. ALCIDE Passe-moi, sans tant de façons. CHARON L’eau nous gagne, ma barque crève. ALCIDE Allons, rame, dépêche, achève. CHARON Nous enfonçons. ALCIDE Passons, passons. SCENE TROISIEME Le théâtre change, et représente le Palais de Pluton. PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, Suivants de Pluton PLUTON sur son trône Reçois le juste prix de ton amour fidèle; Que ton Destin nouveau soit heureux à jamais. Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. SUIVANTS DE PLUTON Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. PROSERPINE à côté de PLUTON L’épouse de Pluton te retient auprès d’elle; Tous tes vœux seront satisfaits. SUIVANTS DE PLUTON Commence de goûter la douceur éternelle D’une profonde paix. PLUTON et PROSERPINE En faveur d’une Ombre si belle, Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits. SUIVANTS DE PLUTON En faveur d’une Ombre si belle, Que l’Enfer fasse voir tout ce qu’il a d’attraits. Les Suivants de Pluton se réjouissent de la venue d’Alceste dans les Enfers, par une espèce de Fête. SUIVANTS DE PLUTON Tout mortel doit ici paraître, On ne peut naître Que pour mourir. De cent maux le Trépas délivre; Qui cherche à vivre Cherche à souffrir. Venez tous, sur nos sombres bords. Le Repos qu’on désire Ne tient son Empire Que dans le séjour des Morts. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. C’est pour tous une loi nécessaire; L’effort qu’on peut faire N’est qu’un vain effort. Est-on sage De fuir ce passage? C’est un orage Qui mène au port. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. Tous les charmes, Plaintes, cris, larmes, Tout est sans armes Contre la Mort. Chacun vient ici-bas prendre place, Sans cesse on y passe, Jamais on n’en sort. SCENE QUATRIEME ALECTON, PLUTON, PROSERPINE, L’OMBRE D’ALCESTE, SUIVANTS DE PLUTON ALECTON Quittez, quittez les Jeux, songez à vous défendre, Contre un audacieux unissons nos efforts Le fils de Jupiter vient ici de descendre. Seul, il ose attaquer tout l’Empire des Morts. PLUTON Qu’on arrête ce téméraire, Armez-vous, amis, armez-vous, Qu’on déchaîne Cerbère, Courez tous, courez tous. On entend aboyer Cerbère. ALECTON Son bras abat tout ce qu’il frappe. Tout cède à ses horribles coups. Rien ne résiste, rien n’échappe. SCENE CINQUIEME ALCIDE, PLUTON, PROSERPINE, ALECTON, Suivants de Pluton PLUTON voyant Alcide qui enchaîne Cerbère Insolent, jusqu’ici braves-tu mon courroux? Quelle injuste audace t’engage A troubler la paix de ces lieux? ALCIDE Je suis né pour dompter la rage Des monstres les plus furieux. PLUTON Est-ce le Dieu jaloux qui lance le Tonnerre Qui t’oblige à porter la guerre Jusqu’au centre de l’Univers ? Il tient sous son pouvoir et le Ciel et la Terre, Veut-il encor ravir l’Empire des Enfers? ALCIDE Non, Pluton, règne en paix, jouis de ton partage; Je viens chercher Alceste en cet affreux séjour. Permets que je la rende au jour, Je ne veux point d’autre avantage. Si c’est te faire outrage D’entrer par force dans ta Cour, Pardonne à mon Courage Et fais grâce à l’Amour. PROSERPINE Un grand cœur peut tout quand il aime, Tout doit céder à son effort. C’est un arrêt du Sort, Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. PLUTON Les enfers, Pluton lui-même, Tout doit en être d’accord; Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. SUIVANTS DE PLUTON Il faut que l’Amour extrême Soit plus fort Que la Mort. PLUTON Que pour revoir le jour l’Ombre d’Alceste sorte; Pluton donne un coup de son Trident et fait sortir son char. Prenez place tous deux au char dont je me sers. Qu’au gré de vos vœux il vous porte; Partez, les chemins sont ouverts. Qu’une volante Escorte Vous conduise au travers Des noires vapeurs des Enfers. Alcide et l’Ombre d’Alceste se placent sur le Char de Pluton, qui les enlève sous la conduite d’une troupe volante de Suivants de Pluton. Fin du quatrième Acte. Lully,Jean-Baptiste/Alceste/V
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3486.html
ACTE IV Septième Tableau (Dans la forêt des Ardennes; une clairière; grands arbres. A gauche, des rochers surmontés de plantations etdissimulant l entrée d une sombre caverne. Au fond,paysage ensoleillé. Des Sylvains et des Nymphes sontgroupés et étendus, au fond, sous les arbres; d autresdansent à l ombre de ces arbres. Appels de Trompettesau lointain et se rapprochant rapidement. Les Sylvainsétonnés arrêtent leurs danses et écoutent; bientôt paraissent à cheval quatre Hérauts sonnant de la trompette, un Porte-Étendard et un Héraut proclamantle tournoi) ▼LE HÉRAUT BYZANTIN▲ (à haute voix) Entendez tous ce que ma voix proclame, Vous tous que la gloire enflamme Au jour prescrit le tournoi dans Byzance Va rassembler les chefs, les preux au coeur vaillant! Et la main d Esclarmonde et la toute-puissance Appartiendront enfin au vainqueur triomphant! (Tous s éloignent; Les Sylvains et les Nymphes s avancent peu à peu,rassurés, ils reprennent leurs danses après les derniers appels detrompette se perdant dans les profondeurs de la forêt. Parseïs et leChevalier Énéas son entrés.Ils jettent autourd eux des regardsinquiets et semblent s être égarésdans la forêt; trompettes au loin) ▼LE CHEVALIER ÉNÉAS▲ (écoutant les appels de trompette qui résonnent au loin) Oui, le délai marqué s avance Et le tournoi prescrit se prépare à Byzance! ▼PARSÉIS▲ Mais celle qui doit en être le prix, Esclarmonde, ma soeur, qu est-elle devenue? Dans quelle contrée inconnue Est-elle au pouvoir des mauvais esprits? ▼ÉNÉAS▲ C est ici, Parséis, qu habite votre père, C est dans cette forêt qu il vint finir ses jours. Phorcas saura pénétrer ce mystère… ▼PARSÉIS▲ Ah! Je tremble en venant implorer sont secours! (à Énéas, tendrement) C est en vous que j espère, Vous seul avez suivi mes pas, Merci, cher, Énéas, Vous seul avez suivi mes pas, Je ne l oublierai pas! ▼ÉNÉAS▲ Ne dites pas merci, ô douce Parséis! En vous suivant j ai suivi mon espoir Et mon bonheur! J ai suivi mon bonheur mon espoir! ▼PARSÉIS▲ Merci, cher Énéas! Vous seul avez suivi mes pas, Je ne l oublierai pas! Merci, cher Énéas! je me l oublierai pas! (allant à la rencontre des Sylvains) Répondez, habitants de ce bois séculaire, No connaissez-vous pas, retiré dans ce lieu, Un vieillard vénérable étrange et solitaire… Un mortel il est vrai… mais presqu un Dieu! (Les Sylvains désignent la caverne et s enfuient effrayés) ▼ÉNÉAS▲ (désignant la caverne, avec effroi) Le voici! c est lui! ▼PARSÉIS▲ (émue) Je frémis! grand Dieu! (Énéas et Parséis restent un peu à l écart. Phorcas paraît, méditatif et sombre, sur le seuil de la caverne) ▼PHORCAS▲ (il semble rêver en marchant lentement) Les Temps vont s accomplir… Et bientôt le destin va donner un époux à ma fille Esclarmonde, Un maître au peuple byzantin… D où me vient malgré moi cette angoisse profonde? Sort mystérieux auquel j obéis, Voudrais-tu m infliger, m infliger une épreuve dernière? Épargne, hélas! épargne le coeur d un père! le coeur d un père! Mais qu ai-je à redouter? Que vois-je? Énéas! Parséis! Que m annonce ici votre présence? Mais parlez! Vous gardez le silence (avec inquiétude) Esclarmonde? ▼PARSÉIS▲ (confuse) Elle a quitté Byzance! ▼PHORCAS▲ (avec éclat et avec douleur) Ah! Mon coeur pressentait… malheur! malheur! sur nous! malheur sur nous! ▼ÉNÉAS, PARSÉIS▲ Grâce! pitié pour elle! pitié! (Tonnerre lointain) ▼PARSÉIS▲ Elle a voulu choisir elle-même un époux! Lorsque l ombre envahit la voûte constellée… Des Esprits que jamais je n ai vus qu en tremblant, Emportaient Esclarmonde inconnue et voilée… Auprès du chevalier Roland! ▼PHORCAS▲ (répétant) Le chevalier Roland? ▼PARSÉIS▲ (continuant sou récit) Chaque nuit l éloignait de moi… ▼PHORCAS▲ (interrogeant anxieusement) Chaque nuit? ▼PARSÉIS▲ Mais chaque aurore A mes soins empressés venait la rendre encore! ▼PHORCAS▲ (palpitant) Chaque aurore? ▼PARSÉIS▲ (avec des larmes) Hélas! de l imprudente, un jour, J ai vainement attendu le retour! Quel malheur l a frappée? Hélas! hélas! mon coeur désespère! mon coeur désespère! Voilà pourquoi je suis venue à vous, mon père! (suppliante) La triste Parséis se jette à vos genoux! Ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous! La triste Parséis se jette à vox genoux! Ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous. ▼ÉNÉAS▲ (suppliant) Phorcas, ayez pitié! Phorcas! pitié! ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous! ▼PHORCAS▲ (sévèrement) Non! non! pas de grâce! pas de pitié! Je devrais te punir, ô gardienne infidèle Qui n as pas su combattre un tel égarement… Mais plus que toi, ta soeur se montra criminelle… C est sur elle que va tomber le châtiment! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS▲ Grâce pour elle! grâce pour elle! pitié! pitié! ▼PHORCAS▲ Non! non! non! (Violents coups de tonnerre; éclairs; obscurité; Énéas et Parseïs épouvantés se retirent et se retirent à l entrée de la caverne) ▼PHORCAS▲ (avec autorité) Esprits de l air! Esprits de l onde! Esprits du feu! Hâtez-vous d accomplir mon voeu! En ma présence amenez Esclarmonde! (Tonnerre et éclairs; la terre s entrouvre; une fumée épaisse et des flammes s en échappent. Le nuage se dissipe. Le jour revient; Esclarmonde a paru) ▼ESCLARMONDE▲ (sans voir Phorcas; avec la lenteur et l étonnement d unepersonne qui s éveille) D une longue torpeur je sens que je m éveille… (s éveillant peu à peu davantage et avec un semblant d effroi d abord vaguement exprimé) Ah! je me souviens! Honte sans pareille! le Prêtre! les bourreaux! Roland perdu pour moi… Les Esprits à leurs mains cruelles m ont ravie… Me ramenant vers l île où je reçus sa foi! Puis d un profond sommeil je me suis endormie… Hélas! En retrouvant la vie et la pensée, Je te retrouve, ô souvenir D une félicité passée (très expressif) Qui ne doit plus jamais… revenir! (très déchirant) Ah! Plus notre hymen avait de charmes Plus je dois répandre de larmes Sur le bonheur que j ai perdu. Hélas! Hélas! En retrouvant la vie et la pensée, Je te retrouve, ô souvenir De la félicité passée… O souvenir! (vaguement et tristement) Où suis-je maintenant? Une forêt? (Apercevant Phorcas et reculant) Mon père! (tremblante) pardon! pardon! ▼PHORCAS▲ (d une voix contenue et sombre) Te pardonner? (à volonté et très déclamé) et comment le pourrais-je? ô fille sacrilège! (sévèrement) Toi qui, bravant le céleste courroux Et l arrêt du destin, Osas prendre un époux et te montrer à lui! ▼ESCLARMONDE▲ Grâce, mon père! grâce! ▼VOIX DES ESPRITS▲ (Choeur invisible) Non! ▼PHORCAS▲ (répétant) Non! Le Ciel a parlé! non! Le destin sévère Réclame un châtiment Pour la fille indocile et son coupable amant! ▼LES VOIX▲ Esclarmonde! ▼PHORCAS▲ (répétant) Esclarmonde! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS▲ (répétant) Esclarmonde! ▼LES VOIX▲ Ta désobéissance ▼PHORCAS▲ (de même) Ta désobéissance… ▼PARSÉIS, ÉNÉAS▲ (de même) Ta désobéissance… ▼LES VOIX, PHORCAS▲ Te fait perdre à jamais le trône et la puissance! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS▲ Tout est perdu pour toi! ▼ESCLARMONDE▲ (avec transport) Qu importe! nous aimons! ▼LES VOIX▲ Pour ton amant parjure… pour lui, la mort! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS▲ …pour lui, la mort! ▼ESCLARMONDE▲ (avec un cri de douleur) Ah! pour lui… la mort! ▼LES VOIX▲ Phorcas! ▼VOIX, PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS▲ Qu il meure de ta/sa/ma main… ▼LES VOIX▲ Si ta fille ne jure quelle renonce à lui! ▼LES VOIX, PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS▲ Qu il meure de ta/sa/ma main ▼ESCLARMONDE▲ Grâce! ▼LES VOIX▲ Non! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS▲ Obéis! Esclarmonde! à l inflexible loi! C est le salut pour Roland et pour toi! Obéis! Renonce à ton amant, tel est l arrêt du sort! Obéis, ou pour lui, c est la mort! la mort! c est la mort! ▼ESCLARMONDE▲ (avec la plus grand émotion; parlé, presque sans voix) Donc pour sauver la vie… à celui… qui j adore… Je dois… en ce funeste jour… cachant le feu qui me dévore… (très expressif et tendre) Lui jurer que mon coeur pour lui… n a plus d amour! ▼ÉNÉAS▲ (palpitant) Obéis! obéis! ▼PARSÉIS▲ (palpitant) Esclarmonde! obéis! ▼PHORCAS▲ …obéis! ▼ESCLARMONDE▲ Grands Dieux! si ma bouche fidèle à mentir se refuse… C est fait de lui! c est fait de lui! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS▲ C est l inflexible loi! ▼ESCLARMONDE▲ Mais si je me résigne au mensonge qui me dit, cher amant, que tu ne mourras pas de penser que tu n es plus aimé! Ah! qui me dit, cher amant, Cher amant que tu ne mourras pas de ma trahison feinte? (palpitant) Grands dieux! c est fait de lui! hélas! c est fait… de lui! Roland! pour toi la mort! C est fait de lui! ô mon Roland! ô mon Roland! non, tu ne mourras pas! Non! tu ne mourras pas! ▼ÉNÉAS▲ Résigne-toi! obéis! c est la loi! C est le salut pour Roland! Résigne-toi, Esclarmonde, c est la loi! Obéis! C est la toi! le salut… pour Roland! pour Roland et pour toi! obéis! par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! ▼PARSÉIS▲ Résigne-toi! c est le salut pour Roland! O ma soeur, résigne-toi! Par toi ne mourra pas! (suppliant) Obéis! Résigne-toi! ô ma soeur! Résigne-toi! c est le salut! Résigne-toi! obéis! Par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! ▼PHORCAS▲ Résigne-toi! c est le salut pour Roland! Résigne-toi! obéis c est la toi! Esclarmonde! obéis, c est la loi! C est la loi! le salut pour Roland Et pour toi! obéis! Par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! ▼ESCLARMONDE▲ (à son père, avec courage) J accomplira le sacrifice! (Phorcas, Énéas et Parséis se retirent. Avec émotion) Il vient! (douloureusement) Ah! quel supplice! (tendrement) Mais… je te sauverai, mon époux adoré! (résolument) Ensuite je mourrai! (Roland paraît; il entre comme un homme égaré, désespéré; regardant autour de lui, il reconnaît Esclarmonde) ▼ROLAND▲ C est elle! ma bien aimée! Ah! rends le bonheur à ton époux Donne-lui le pardon qu il implore à genoux! ▼ESCLARMONDE▲ (aussi calme et retenue que Roland est enfiévré) Mon pardon… je te le donne… Mais il faut que Roland… ▼ROLAND▲ (avec anxiété) Parle… ▼ESCLARMONDE▲ (s éloignant de Roland) M oublie et m abandonne! ▼ROLAND▲ Folie! Tu parles d abandon! tu veux que je t oublie! (avec âme et passion) Quand je t ai retrouvée Il me faudrait partir! Non! non! non! jamais! Je n y puis consentir!… ▼ESCLARMONDE▲ Il le faut! ▼ROLAND▲ …et pourquoi? ▼ESCLARMONDE▲ (triste et agitée) Jadis… j étais digne de toi! Un peuple obéisait à mon loi souveraine… Aux Esprits aux démons je commandais en reine! Hélas! ton imprudence a changé dans l instant En un funeste sort ce destin éclatant! fuis! laisse-moi! ▼ROLAND▲ (avec feu) Te quitter! ▼ESCLARMONDE▲ (doucement et avec des larmes) J ai perdu mon pouvoir! ▼ROLAND▲ Ne plus te voir! quand je t adore Malheureuse bien plus encore! Je te retrouve! Bénissons l heureux jour! Nous nous aimons et rien n est vrai que notre amour! Viens! viens! (palpitant et tendrement passionné; soutenu et bien chanté) Le bonheur que rien n achève Nous l aurons si tu le veux! ▼ESCLARMONDE▲ (passionné) Viens! viens! ▼ROLAND▲ Hâtons-nous! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! ▼ROLAND, ESCLARMONDE▲ Viens! ▼ROLAND▲ (bien chanté) Ne me parle pas de gloire! Ma gloire c est d être à toi! Te vaincre, c est ma victoire, Ton amour, ma seule loi! Je ne sais plus s il existe… ▼ESCLARMONDE▲ Viens! ▼ROLAND▲ Un chevalier glorieux! ▼ESCLARMONDE▲ Partons! ▼ROLAND▲ Mais je sais que je suis triste Si je vis loin de tes yeux! ▼ESCLARMONDE, ROLAND▲ Viens! Viens! Partons! ▼ESCLARMONDE▲ (avec ivresse) Ah! le beau rêve, si tu veux! Ah! qu importe! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! Toi, vaillant, moi, frêle et souple… Enlacés languissamment! Nous serons le couple éternel! moi, l amante, et toi, l amant! ▼ROLAND▲ Le bonheur que rien n achève Nous l aurons, si tu le veux! Ah! qu importe! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! Moi vaillant, toi, frêle et souple… Enlacés languissamment! Nous serons le couple éternel! Toi, l amante, et moi, l amant! (Esclarmonde et Roland vont fuir. La foudre éclate; le tonnerre gronde) ▼LES VOIX SOUTERRAINES▲ Renonce à ton amant, ou pour lui c est la mort! ▼ESCLARMONDE▲ (épouvantée s est détachée de Roland) Ah! Malheureuse! (très déclamé) au trépas… Roland! par moi livré! ▼ROLAND▲ (avec angoisse) Qu as-tu donc? ▼ESCLARMONDE▲ (hors d elle-même) Je dis que je ne puis te suivre… Je dis que je dois te quitter, À jamais vivre loin de toi… ▼ROLAND▲ (éperdu) Dis aussi que tu ne m aimes plus! ▼ESCLARMONDE▲ (désespérée. à part) Ne plus l aimer! quand je l adore… ▼ROLAND▲ Réponds! réponds! ▼ESCLARMONDE▲ Non! non! ▼ROLAND▲ Insensé que je fus de croire à tes serments! (avec désespoir) Réponds! ▼PHORCAS▲ (paraît) Réponds! ▼LES VOIX▲ Réponds! réponds! réponds! ▼ESCLARMONDE▲ (affolée, à Roland) Je ne veux plus t aimer! non! adieu! (Esclarmonde et Phorcas disparaissent dans la nuée qui les enveloppe) ▼LES VOIX▲ Le crime est expié! ▼ROLAND▲ (seul, comme sortant d un rêve) Disparue! (avec un sanglot) Maudite? (Il tombe anéanti, défaillant sur un rocher) Ah! mourir! (Le ciel s éclaircit à nouveau. Roland revenant à lui etreconnaissant les appels du Héraut; d abord, vaguement) Le tournoi! (plus accentué) Oui, j ai bien entendu… La mort… la mort digne de moi! O mort, je t appelais et tu m as répondu! (Il court au devant des chevaliers qui paraissent) ÉPILOGUE Huitième Tableau (À Byzance; Dans la basilique. Devant les portes du Saint Iconostase. L Empereur Phorcas, sur son trône, entouré des dignitaires, des guerriers et du peuple) ▼L EMPEREUR PHORCAS▲ (sur son trône) Dignitaires! Guerriers! Sous ces augustes voûtes Devant moi vous voici rassemblés! O peuple, qui m écoutes, Les temps sont accomplis ainsi que les Destins que je t ai révélés! (Phorcas descend de son trône se tournant vers l Iconostase) De l autel vénéré que la lumière inonde Ouvrez les portes d or! (Les portes du Saint Iconostase se sont ouvertes. Dans unnuage d encens Esclarmonde voilée paraît, tiare en tête,constellée de pierreries, ou dirait une idole Byzantine.Ses femmes l entourent, sa soeur Parseïs est à ses côtés. Gardes richement vêtus. Thuriféraires) ▼LA FOULE▲ O divine Esclarmonde! Ton trône resplendit plus brillant que le jour! Le destin à tes pieds met Byzance et le monde, Tout l univers t acclame en frémissant d amour! ▼PHORCAS▲ Auprès d elle amenez le vainqueur du tournoi! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, LA FOULE▲ Devant elle amenez le vainqueur du tournoi! (On introduit le chevalier Roland, casque en tête, la visière baissée) ▼ESCLARMONDE▲ (inquiète, à elle-même) Quel est ce vainqueur? malgré moi… je tremble! quel est-il? ▼PHORCAS▲ (à Roland) Fier chevalier, approche, et de tant de vaillance Viens recevoir le prix! Mais d abord, dis ton nom, Héros, qui d Esclarmonde as conquis la puissance La trône et la beauté! Tu ne réponds pas? (Roland relève la visière de son casque) ▼ROLAND▲ (avec fermeté) Non! ▼ESCLARMONDE▲ (avec émotion) Sa voix! c est lui! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE▲ Que dit il? quel est-il? ▼ROLAND▲ (avec tristesse et détachement) Qu importe que je me nomme! Mon nom est Désespoir! Je m appelle Douleur! (très expressif et accentué) Et je ne suis qu un homme Qui garde au fond du coeur Un remords éternel une affreuse souffrance! J étais venu chercher un glorieux trépas La mort trompe aujourd hui mon espérance! Trône! puissance! et céleste beauté! Ne charment pas mon coeur désenchanté; Tous ces biens… malgré moi conquis… Je les refuse! ▼ESCLARMONDE▲ (à part, avec ivresse) O joie! il refuse! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE▲ O folie! il refuse! quel délire! quelle démence! ▼PHORCAS▲ (à Roland) L objet de ton refus, insensé ne veux-tu pas au moins le connaître? ▼ROLAND▲ (se détournant) Non! un seul être Me possède et le reste n est rien! rien! ▼ESCLARMONDE▲ (à part, enivrée) C est lui! Roland! Roland! ▼PHORCAS▲ (avec solennité) Voiles, tombez! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE▲ O vainqueur! Vois les traits de l Impératrice Esclarmonde! (Toute la foule s incline) C est Esclarmonde! ▼ROLAND▲ (indifférent) Esclarmonde? (se retournant et la reconnaissant) O ciel! toi! c est toi que j adorais! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE▲ C est Esclarmonde! ▼ROLAND▲ (tendrement) Mon seul amour au monde! ▼ESCLARMONDE▲ (de même) Oui, mon amant, c est moi! Veux-tu toujours mourir? ▼ROLAND▲ (avec transport) Vivre! vivre avec toi! (avec âme) Chère épouse, ô chère maîtresse! O toi que tendrement sur mon coeur je tenais! Tu n as point révélé ton nom a ma tendresse… ▼ESCLARMONDE▲ Et maintenant ce nom tu le connais… (avec élan) Je m appelle l Adorée! (simplement et tendrement ému) Je m appelle le Bonheur! le Bonheur! ▼ROLAND▲ Tu t appelles l Adorée! Tu t appelles le Bonheur! le Bonheur! ▼PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE▲ O divine Esclarmonde! O valeureux Héros! L univers vous acclame en frémissant d amour! ACTE IV Septième Tableau (Dans la forêt des Ardennes; une clairière; grands arbres. A gauche, des rochers surmontés de plantations etdissimulant l entrée d une sombre caverne. Au fond,paysage ensoleillé. Des Sylvains et des Nymphes sontgroupés et étendus, au fond, sous les arbres; d autresdansent à l ombre de ces arbres. Appels de Trompettesau lointain et se rapprochant rapidement. Les Sylvainsétonnés arrêtent leurs danses et écoutent; bientôt paraissent à cheval quatre Hérauts sonnant de la trompette, un Porte-Étendard et un Héraut proclamantle tournoi) LE HÉRAUT BYZANTIN (à haute voix) Entendez tous ce que ma voix proclame, Vous tous que la gloire enflamme Au jour prescrit le tournoi dans Byzance Va rassembler les chefs, les preux au coeur vaillant! Et la main d Esclarmonde et la toute-puissance Appartiendront enfin au vainqueur triomphant! (Tous s éloignent; Les Sylvains et les Nymphes s avancent peu à peu,rassurés, ils reprennent leurs danses après les derniers appels detrompette se perdant dans les profondeurs de la forêt. Parseïs et leChevalier Énéas son entrés.Ils jettent autourd eux des regardsinquiets et semblent s être égarésdans la forêt; trompettes au loin) LE CHEVALIER ÉNÉAS (écoutant les appels de trompette qui résonnent au loin) Oui, le délai marqué s avance Et le tournoi prescrit se prépare à Byzance! PARSÉIS Mais celle qui doit en être le prix, Esclarmonde, ma soeur, qu est-elle devenue? Dans quelle contrée inconnue Est-elle au pouvoir des mauvais esprits? ÉNÉAS C est ici, Parséis, qu habite votre père, C est dans cette forêt qu il vint finir ses jours. Phorcas saura pénétrer ce mystère… PARSÉIS Ah! Je tremble en venant implorer sont secours! (à Énéas, tendrement) C est en vous que j espère, Vous seul avez suivi mes pas, Merci, cher, Énéas, Vous seul avez suivi mes pas, Je ne l oublierai pas! ÉNÉAS Ne dites pas merci, ô douce Parséis! En vous suivant j ai suivi mon espoir Et mon bonheur! J ai suivi mon bonheur mon espoir! PARSÉIS Merci, cher Énéas! Vous seul avez suivi mes pas, Je ne l oublierai pas! Merci, cher Énéas! je me l oublierai pas! (allant à la rencontre des Sylvains) Répondez, habitants de ce bois séculaire, No connaissez-vous pas, retiré dans ce lieu, Un vieillard vénérable étrange et solitaire… Un mortel il est vrai… mais presqu un Dieu! (Les Sylvains désignent la caverne et s enfuient effrayés) ÉNÉAS (désignant la caverne, avec effroi) Le voici! c est lui! PARSÉIS (émue) Je frémis! grand Dieu! (Énéas et Parséis restent un peu à l écart. Phorcas paraît, méditatif et sombre, sur le seuil de la caverne) PHORCAS (il semble rêver en marchant lentement) Les Temps vont s accomplir… Et bientôt le destin va donner un époux à ma fille Esclarmonde, Un maître au peuple byzantin… D où me vient malgré moi cette angoisse profonde? Sort mystérieux auquel j obéis, Voudrais-tu m infliger, m infliger une épreuve dernière? Épargne, hélas! épargne le coeur d un père! le coeur d un père! Mais qu ai-je à redouter? Que vois-je? Énéas! Parséis! Que m annonce ici votre présence? Mais parlez! Vous gardez le silence (avec inquiétude) Esclarmonde? PARSÉIS (confuse) Elle a quitté Byzance! PHORCAS (avec éclat et avec douleur) Ah! Mon coeur pressentait… malheur! malheur! sur nous! malheur sur nous! ÉNÉAS, PARSÉIS Grâce! pitié pour elle! pitié! (Tonnerre lointain) PARSÉIS Elle a voulu choisir elle-même un époux! Lorsque l ombre envahit la voûte constellée… Des Esprits que jamais je n ai vus qu en tremblant, Emportaient Esclarmonde inconnue et voilée… Auprès du chevalier Roland! PHORCAS (répétant) Le chevalier Roland? PARSÉIS (continuant sou récit) Chaque nuit l éloignait de moi… PHORCAS (interrogeant anxieusement) Chaque nuit? PARSÉIS Mais chaque aurore A mes soins empressés venait la rendre encore! PHORCAS (palpitant) Chaque aurore? PARSÉIS (avec des larmes) Hélas! de l imprudente, un jour, J ai vainement attendu le retour! Quel malheur l a frappée? Hélas! hélas! mon coeur désespère! mon coeur désespère! Voilà pourquoi je suis venue à vous, mon père! (suppliante) La triste Parséis se jette à vos genoux! Ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous! La triste Parséis se jette à vox genoux! Ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous. ÉNÉAS (suppliant) Phorcas, ayez pitié! Phorcas! pitié! ayez pitié! ayez pitié d Esclarmonde et de nous! PHORCAS (sévèrement) Non! non! pas de grâce! pas de pitié! Je devrais te punir, ô gardienne infidèle Qui n as pas su combattre un tel égarement… Mais plus que toi, ta soeur se montra criminelle… C est sur elle que va tomber le châtiment! PARSÉIS, ÉNÉAS Grâce pour elle! grâce pour elle! pitié! pitié! PHORCAS Non! non! non! (Violents coups de tonnerre; éclairs; obscurité; Énéas et Parseïs épouvantés se retirent et se retirent à l entrée de la caverne) PHORCAS (avec autorité) Esprits de l air! Esprits de l onde! Esprits du feu! Hâtez-vous d accomplir mon voeu! En ma présence amenez Esclarmonde! (Tonnerre et éclairs; la terre s entrouvre; une fumée épaisse et des flammes s en échappent. Le nuage se dissipe. Le jour revient; Esclarmonde a paru) ESCLARMONDE (sans voir Phorcas; avec la lenteur et l étonnement d unepersonne qui s éveille) D une longue torpeur je sens que je m éveille… (s éveillant peu à peu davantage et avec un semblant d effroi d abord vaguement exprimé) Ah! je me souviens! Honte sans pareille! le Prêtre! les bourreaux! Roland perdu pour moi… Les Esprits à leurs mains cruelles m ont ravie… Me ramenant vers l île où je reçus sa foi! Puis d un profond sommeil je me suis endormie… Hélas! En retrouvant la vie et la pensée, Je te retrouve, ô souvenir D une félicité passée (très expressif) Qui ne doit plus jamais… revenir! (très déchirant) Ah! Plus notre hymen avait de charmes Plus je dois répandre de larmes Sur le bonheur que j ai perdu. Hélas! Hélas! En retrouvant la vie et la pensée, Je te retrouve, ô souvenir De la félicité passée… O souvenir! (vaguement et tristement) Où suis-je maintenant? Une forêt? (Apercevant Phorcas et reculant) Mon père! (tremblante) pardon! pardon! PHORCAS (d une voix contenue et sombre) Te pardonner? (à volonté et très déclamé) et comment le pourrais-je? ô fille sacrilège! (sévèrement) Toi qui, bravant le céleste courroux Et l arrêt du destin, Osas prendre un époux et te montrer à lui! ESCLARMONDE Grâce, mon père! grâce! VOIX DES ESPRITS (Choeur invisible) Non! PHORCAS (répétant) Non! Le Ciel a parlé! non! Le destin sévère Réclame un châtiment Pour la fille indocile et son coupable amant! LES VOIX Esclarmonde! PHORCAS (répétant) Esclarmonde! PARSÉIS, ÉNÉAS (répétant) Esclarmonde! LES VOIX Ta désobéissance PHORCAS (de même) Ta désobéissance… PARSÉIS, ÉNÉAS (de même) Ta désobéissance… LES VOIX, PHORCAS Te fait perdre à jamais le trône et la puissance! PARSÉIS, ÉNÉAS Tout est perdu pour toi! ESCLARMONDE (avec transport) Qu importe! nous aimons! LES VOIX Pour ton amant parjure… pour lui, la mort! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS …pour lui, la mort! ESCLARMONDE (avec un cri de douleur) Ah! pour lui… la mort! LES VOIX Phorcas! VOIX, PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS Qu il meure de ta/sa/ma main… LES VOIX Si ta fille ne jure quelle renonce à lui! LES VOIX, PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS Qu il meure de ta/sa/ma main ESCLARMONDE Grâce! LES VOIX Non! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS Obéis! Esclarmonde! à l inflexible loi! C est le salut pour Roland et pour toi! Obéis! Renonce à ton amant, tel est l arrêt du sort! Obéis, ou pour lui, c est la mort! la mort! c est la mort! ESCLARMONDE (avec la plus grand émotion; parlé, presque sans voix) Donc pour sauver la vie… à celui… qui j adore… Je dois… en ce funeste jour… cachant le feu qui me dévore… (très expressif et tendre) Lui jurer que mon coeur pour lui… n a plus d amour! ÉNÉAS (palpitant) Obéis! obéis! PARSÉIS (palpitant) Esclarmonde! obéis! PHORCAS …obéis! ESCLARMONDE Grands Dieux! si ma bouche fidèle à mentir se refuse… C est fait de lui! c est fait de lui! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS C est l inflexible loi! ESCLARMONDE Mais si je me résigne au mensonge qui me dit, cher amant, que tu ne mourras pas de penser que tu n es plus aimé! Ah! qui me dit, cher amant, Cher amant que tu ne mourras pas de ma trahison feinte? (palpitant) Grands dieux! c est fait de lui! hélas! c est fait… de lui! Roland! pour toi la mort! C est fait de lui! ô mon Roland! ô mon Roland! non, tu ne mourras pas! Non! tu ne mourras pas! ÉNÉAS Résigne-toi! obéis! c est la loi! C est le salut pour Roland! Résigne-toi, Esclarmonde, c est la loi! Obéis! C est la toi! le salut… pour Roland! pour Roland et pour toi! obéis! par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! PARSÉIS Résigne-toi! c est le salut pour Roland! O ma soeur, résigne-toi! Par toi ne mourra pas! (suppliant) Obéis! Résigne-toi! ô ma soeur! Résigne-toi! c est le salut! Résigne-toi! obéis! Par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! PHORCAS Résigne-toi! c est le salut pour Roland! Résigne-toi! obéis c est la toi! Esclarmonde! obéis, c est la loi! C est la loi! le salut pour Roland Et pour toi! obéis! Par toi Roland ne mourra pas! Résigne-toi! c est la loi! ESCLARMONDE (à son père, avec courage) J accomplira le sacrifice! (Phorcas, Énéas et Parséis se retirent. Avec émotion) Il vient! (douloureusement) Ah! quel supplice! (tendrement) Mais… je te sauverai, mon époux adoré! (résolument) Ensuite je mourrai! (Roland paraît; il entre comme un homme égaré, désespéré; regardant autour de lui, il reconnaît Esclarmonde) ROLAND C est elle! ma bien aimée! Ah! rends le bonheur à ton époux Donne-lui le pardon qu il implore à genoux! ESCLARMONDE (aussi calme et retenue que Roland est enfiévré) Mon pardon… je te le donne… Mais il faut que Roland… ROLAND (avec anxiété) Parle… ESCLARMONDE (s éloignant de Roland) M oublie et m abandonne! ROLAND Folie! Tu parles d abandon! tu veux que je t oublie! (avec âme et passion) Quand je t ai retrouvée Il me faudrait partir! Non! non! non! jamais! Je n y puis consentir!… ESCLARMONDE Il le faut! ROLAND …et pourquoi? ESCLARMONDE (triste et agitée) Jadis… j étais digne de toi! Un peuple obéisait à mon loi souveraine… Aux Esprits aux démons je commandais en reine! Hélas! ton imprudence a changé dans l instant En un funeste sort ce destin éclatant! fuis! laisse-moi! ROLAND (avec feu) Te quitter! ESCLARMONDE (doucement et avec des larmes) J ai perdu mon pouvoir! ROLAND Ne plus te voir! quand je t adore Malheureuse bien plus encore! Je te retrouve! Bénissons l heureux jour! Nous nous aimons et rien n est vrai que notre amour! Viens! viens! (palpitant et tendrement passionné; soutenu et bien chanté) Le bonheur que rien n achève Nous l aurons si tu le veux! ESCLARMONDE (passionné) Viens! viens! ROLAND Hâtons-nous! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! ROLAND, ESCLARMONDE Viens! ROLAND (bien chanté) Ne me parle pas de gloire! Ma gloire c est d être à toi! Te vaincre, c est ma victoire, Ton amour, ma seule loi! Je ne sais plus s il existe… ESCLARMONDE Viens! ROLAND Un chevalier glorieux! ESCLARMONDE Partons! ROLAND Mais je sais que je suis triste Si je vis loin de tes yeux! ESCLARMONDE, ROLAND Viens! Viens! Partons! ESCLARMONDE (avec ivresse) Ah! le beau rêve, si tu veux! Ah! qu importe! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! Toi, vaillant, moi, frêle et souple… Enlacés languissamment! Nous serons le couple éternel! moi, l amante, et toi, l amant! ROLAND Le bonheur que rien n achève Nous l aurons, si tu le veux! Ah! qu importe! l heure est brève! Nous aimons, partons tous deux! Moi vaillant, toi, frêle et souple… Enlacés languissamment! Nous serons le couple éternel! Toi, l amante, et moi, l amant! (Esclarmonde et Roland vont fuir. La foudre éclate; le tonnerre gronde) LES VOIX SOUTERRAINES Renonce à ton amant, ou pour lui c est la mort! ESCLARMONDE (épouvantée s est détachée de Roland) Ah! Malheureuse! (très déclamé) au trépas… Roland! par moi livré! ROLAND (avec angoisse) Qu as-tu donc? ESCLARMONDE (hors d elle-même) Je dis que je ne puis te suivre… Je dis que je dois te quitter, À jamais vivre loin de toi… ROLAND (éperdu) Dis aussi que tu ne m aimes plus! ESCLARMONDE (désespérée. à part) Ne plus l aimer! quand je l adore… ROLAND Réponds! réponds! ESCLARMONDE Non! non! ROLAND Insensé que je fus de croire à tes serments! (avec désespoir) Réponds! PHORCAS (paraît) Réponds! LES VOIX Réponds! réponds! réponds! ESCLARMONDE (affolée, à Roland) Je ne veux plus t aimer! non! adieu! (Esclarmonde et Phorcas disparaissent dans la nuée qui les enveloppe) LES VOIX Le crime est expié! ROLAND (seul, comme sortant d un rêve) Disparue! (avec un sanglot) Maudite? (Il tombe anéanti, défaillant sur un rocher) Ah! mourir! (Le ciel s éclaircit à nouveau. Roland revenant à lui etreconnaissant les appels du Héraut; d abord, vaguement) Le tournoi! (plus accentué) Oui, j ai bien entendu… La mort… la mort digne de moi! O mort, je t appelais et tu m as répondu! (Il court au devant des chevaliers qui paraissent) ÉPILOGUE Huitième Tableau (À Byzance; Dans la basilique. Devant les portes du Saint Iconostase. L Empereur Phorcas, sur son trône, entouré des dignitaires, des guerriers et du peuple) L EMPEREUR PHORCAS (sur son trône) Dignitaires! Guerriers! Sous ces augustes voûtes Devant moi vous voici rassemblés! O peuple, qui m écoutes, Les temps sont accomplis ainsi que les Destins que je t ai révélés! (Phorcas descend de son trône se tournant vers l Iconostase) De l autel vénéré que la lumière inonde Ouvrez les portes d or! (Les portes du Saint Iconostase se sont ouvertes. Dans unnuage d encens Esclarmonde voilée paraît, tiare en tête,constellée de pierreries, ou dirait une idole Byzantine.Ses femmes l entourent, sa soeur Parseïs est à ses côtés. Gardes richement vêtus. Thuriféraires) LA FOULE O divine Esclarmonde! Ton trône resplendit plus brillant que le jour! Le destin à tes pieds met Byzance et le monde, Tout l univers t acclame en frémissant d amour! PHORCAS Auprès d elle amenez le vainqueur du tournoi! PARSÉIS, ÉNÉAS, LA FOULE Devant elle amenez le vainqueur du tournoi! (On introduit le chevalier Roland, casque en tête, la visière baissée) ESCLARMONDE (inquiète, à elle-même) Quel est ce vainqueur? malgré moi… je tremble! quel est-il? PHORCAS (à Roland) Fier chevalier, approche, et de tant de vaillance Viens recevoir le prix! Mais d abord, dis ton nom, Héros, qui d Esclarmonde as conquis la puissance La trône et la beauté! Tu ne réponds pas? (Roland relève la visière de son casque) ROLAND (avec fermeté) Non! ESCLARMONDE (avec émotion) Sa voix! c est lui! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE Que dit il? quel est-il? ROLAND (avec tristesse et détachement) Qu importe que je me nomme! Mon nom est Désespoir! Je m appelle Douleur! (très expressif et accentué) Et je ne suis qu un homme Qui garde au fond du coeur Un remords éternel une affreuse souffrance! J étais venu chercher un glorieux trépas La mort trompe aujourd hui mon espérance! Trône! puissance! et céleste beauté! Ne charment pas mon coeur désenchanté; Tous ces biens… malgré moi conquis… Je les refuse! ESCLARMONDE (à part, avec ivresse) O joie! il refuse! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE O folie! il refuse! quel délire! quelle démence! PHORCAS (à Roland) L objet de ton refus, insensé ne veux-tu pas au moins le connaître? ROLAND (se détournant) Non! un seul être Me possède et le reste n est rien! rien! ESCLARMONDE (à part, enivrée) C est lui! Roland! Roland! PHORCAS (avec solennité) Voiles, tombez! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE O vainqueur! Vois les traits de l Impératrice Esclarmonde! (Toute la foule s incline) C est Esclarmonde! ROLAND (indifférent) Esclarmonde? (se retournant et la reconnaissant) O ciel! toi! c est toi que j adorais! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE C est Esclarmonde! ROLAND (tendrement) Mon seul amour au monde! ESCLARMONDE (de même) Oui, mon amant, c est moi! Veux-tu toujours mourir? ROLAND (avec transport) Vivre! vivre avec toi! (avec âme) Chère épouse, ô chère maîtresse! O toi que tendrement sur mon coeur je tenais! Tu n as point révélé ton nom a ma tendresse… ESCLARMONDE Et maintenant ce nom tu le connais… (avec élan) Je m appelle l Adorée! (simplement et tendrement ému) Je m appelle le Bonheur! le Bonheur! ROLAND Tu t appelles l Adorée! Tu t appelles le Bonheur! le Bonheur! PARSÉIS, ÉNÉAS, PHORCAS, LA FOULE O divine Esclarmonde! O valeureux Héros! L univers vous acclame en frémissant d amour! Massenet,Jules/Esclarmonde
https://w.atwiki.jp/legendofnorrath/pages/203.html
Card List Scout Avatar Cyndra Quest Oathbound; Brewing Gindlin's Poison() Crafting Pine Scout Armor() Guise Of Horror() Job Of The White Rose() Recover The Tome Of Thunder() Replacing Grandmaster's Vials() Retrieve The Thieves' Message() Slaying The Moon Beasts() Forsworn; Ability Oathbound; Agonizing Wound(3) Assail(1) Backstab(4) Bleeder's Talent(2) Blinding Flash(4) Circle Attack(1) Counterattack(4) Dirty Tricks(1) Duelist(4) False Blade(3) Flamboyant Swathe(3) Flaming Arrow(3) Head Shot(2) Jolting Blades(2) Kidney Blow(3) Lethal Resolve(2) Lie Low(3) Sneak Attack(2) Strangling Throw(2) Thief's Vengeance(5) Thorny Trap(3) Deftdance(3) Forsworn; Tactic Oathbound; Assassin s Feint () Cheap Shot () Daggerfall () Disarming Thrust () Divert () Edged Swipe () False Bravado () Gouge () Hawk Eye () Honed Relfexes () Low Blow () Pick Off () Sap () Triple Shot () Vicious Flurry () Forsworn; Item Oathbound; Basilisk Poison () Boots Of The Slickfinger () Caress Of The Specter () Dagger Of The White Rose () Darkwood Shortbow () Dirk Of Nightfall () Gloves Of Agony () Guise Of The Deceiver () Rain Caller () Rancor Blade () Scoundrel s Dirk () Tunic Of Dark Reflection () Forsworn; Unit Scout専用Unitは現在ありません(Generic UnitはCard List Genericへどうぞ)。
https://w.atwiki.jp/galeos/pages/199.html
「概念」 扁平上皮癌の胸郭外浸潤によるもの。 「生理」 肺尖部の上に、C8、TH1 の神経根、 上腕神経叢、頚部交感神経節がある。 「症状」 反回神経の障害(嗄声) 交感神経節の障害(Horner 症候群) 上腕神経叢の障害(電撃痛、筋萎縮、知覚障害) ホルネル症候群 これの動物実験での発見者は18世紀のプチですし、より近代的な研究をしたのはパリのベルナール(Claude Bernard, 1813-1878)です(1851-1862年)。 だからフランスやイタリアではクロード・ベルナール・ホルネル症候群と呼んでます。 1869年、チューリッヒの眼科医ホルネル(Johann Friedrich Horner, 1831-1886)が40歳女性例を報告、病巣を明らかにはしていませんが、それまで知られていた交感神経の機能から、交感神経障害によると推理しました(Klin Monatsbl Augenheilk)。 それでドイツ語圏と英語圏ではこの人の名で呼びます。 なお肺尖部癌でもこれが起こる事を報告したのは、1932年、ペンシルバニア大の放射線科医、パンコースト(Henry Khunrath Pancoast, 1875-1939)です(JAMA)。