約 3,518,997 件
https://w.atwiki.jp/nostradamus/pages/794.html
『1562年向けの新たなる占筮』(Pronostication nouvelle pour l'an MDLXII.)は、1561年にリヨンのジャン・ブロトーが出版したというノストラダムスの暦書。偽版、もしくは記録ミスの可能性が高い。 伝えられている正式名 Pronostication nouvelle pour l'an MDLXII. Composée par maistre Michel Nostradamus. 1562年向けの新たなる占筮。ミシェル・ノストラダムス師により構成された書 内容 24ページの文献だという。 所蔵先 現存しない。1761年に作成された『海軍出納長であった故ド・セル氏の蔵書目録』(*1)で言及されているという。 ロベール・ブナズラによると、クローダン(A. Claudin)という人物はArchives du Bibliophile, Avril 1892の中でこの暦書を偽物と推測しているという(*2)。 ジャン・ブロトーは1561年5月以前に歿していた。このことからすると、息子ピエール・ブロトーが出版した『1562年向けの新たなる占筮』の記録ミスの可能性もあるのではないだろうか。 名前 コメント
https://w.atwiki.jp/yurina0106/pages/3596.html
タグ 作品名D Doop Advance 曲名 歌手名 作詞 作曲 ジャンル カラオケ ED LAST IN BLUE MELL MELL 中沢伴行 かっこいい
https://w.atwiki.jp/oper/pages/721.html
このテンプレはポリウト方式で作成されています。 こちらの役名一覧に和訳を記載して管理人までお知らせください。 ACTE PREMIER (L'emplacement du camp abandonné des Grècs dans la plaine de Troie. A gauche du spectateur et à quelque distance dans l'intérieur de Troie, la Citadelle. A droite, le Simoïs et sur l'un des bords un tumulus, le tombeau d'Achille. Au loin les sommets du mont Ida. Un autel champêtre sur l'avant-scène et près de l'autel un trône élevé.) N° 1 – Chœur de la populace troyenne (Le peuple troyen se répandant joyeusement dans la plaine. Soldats, citoyens, femmes, et enfants. Danses, jeux divers. Trois bergers jouent de la double flûte au sommet du tombeau d'Achille.) ▼CHŒUR▲ Ha! ha! Après dix ans passés dans nos murailles, Ah! quel bonheur de respirer L'air pur des champs, que le cri des batailles Ne va plus déchirer. (Jeunes garçons et enfants accourant avec des débris d'armes à la main) Que de débris! – Un fer de lance! Je trouve un casque! – Et moi, deux javelots! Voyez, ce bouclier immense! Il porterait un homme sur les flots. Quels poltrons que ces Grecs! ▼UN SOLDAT▲ Savez-vous quelle tente En ce lieu même s'élevait? ▼CHŒUR▲ Non! Dites-le… C'était? ▼LE SOLDAT▲ Celle d'Achille. ▼CHŒUR▲ (se reculant avec terreur) Dieux! ▼LE SOLDAT▲ Restez, troupe vaillante! Achille est mort, vous pouvez voir ici Sa tombe, la voici. ▼CHŒUR▲ C'est vrai ; de ce monstre homicide Pâris nous délivra. – Connais-tu le cheval De bois, qu'avant de partir pour l'Aulide Construisirent les Grecs? – Ce cheval colossal, Leur offrande à Pallas, dans ses vastes entrailles Tiendrait un bataillon. On abat les murailles. Dans la ville, ce soir, nous allons le traîner; On dit que le roi vient tantôt l'examiner! Où donc est-il? – Sur le bord du Scamandre! Il faut le voir sans plus attendre! Courons! courons! Le cheval! le cheval! (Ils sortent en tumulte) N° 2 – Récitatif et air (Pendant la fin de la scène précédente, Cassandre a paru au milieu des groupes, parcourant la plaine avec agitation. Son regard est inquiet et égaré.) ▼CASSANDRE▲ Les Grecs ont disparu!… mais quel dessein fatal Cache de ce départ l'étrange promptitude? Tout vient justifier ma sombre inquiétude! J'ai vu l'ombre d'Hector parcourir nos remparts Comme un veilleur de nuit, j'ai vu ses noirs regards Interroger au loin le détroit de Sigée… Malheur! dans la folie et l'ivresse plongée La foule sort des murs, et Priam la conduit! Malheureux Roi! dans l'éternelle nuit, C'en est donc fait, tu vas descendre! Tu ne m'écoutes pas, tu ne veux rien comprendre, Malheureux peuple, à l'horreur qui me suit! Chorèbe, hélas, oui, Chorèbe lui-même Croit ma raison perdue!… A ce nom mon effroi Redouble! Ô Dieux! Chorèbe! il m'aime! Il est aimé! mais plus d'hymen pour moi. Plus d'amour, de chants d'allégresse, Plus de doux rêves de tendresse! De l'affreux destin qui m'oppresse Il faut subir l'inexorable loi! (Elle tombe dans une tendre rêverie) Chorèbe!… il faut qu'il parte et quitte la Troade. N° 3 – Duo (Chorèbe s'avance vivement) ▼CASSANDRE▲ C'est lui! ▼CHORÈBE▲ Quand Troie éclate en transports jusqu'aux cieux Vous fuyez les palais joyeux Pour les bois et les champs, pensive Hamadryade! De vous on s'inquiète… ▼CASSANDRE▲ Ah! je cache à vos yeux Le trouble affreux dont mon âme est remplie! ▼CHORÈBE▲ Cassandre! ▼CASSANDRE▲ Quitte-moi! ▼CHORÈBE▲ Viens! ▼CASSANDRE▲ Pars, je t'en supplie! ▼CHORÈBE▲ Moi, partir! Te quitter quand le plus saint des nœuds… ▼CASSANDRE▲ C'est le temps de mourir et non pas d'être heureux. ▼CHORÈBE▲ Reviens à toi, vierge adorée! Cesse de craindre en cessant de prévoir; Lève vers la voûte azurée L'œil de ton âme rassurée. Laisse entrer dans ton cœur un doux rayon d'espoir. ▼CASSANDRE▲ Tout est menace au ciel! Crois en ma voix qu'inspire Le barbare dieu même à nous perdre acharné. Au livre du destin mon regard a su lire, Je vois l'essaim de maux sur nous tous déchaîné! Il va tomber sur Troie! A sa fureur en proie, Le peuple va rugir Et de son sang rougir Le pavé de nos rues; Les vierges demi-nues, Aux bras des ravisseurs, Vont pousser des clameurs A déchirer les nues! Déjà le noir vautour, Sur la plus haute tour A chanté le carnage! Tout s'écroule! tout nage Sur un fleuve de sang, Et dans ton flanc Le fer d'un Grec!… Ah! (Chorèbe soutient un instant dans ses bras Cassandre à demi évanouie) ▼CHORÈBE▲ Pauvre âme égarée! Reviens à toi, vierge adorée! Cesse de craindre en cessant de prévoir; Lève vers la voûte azurée L'œil de ton âme rassurée. Laisse entrer dans ton cœur un doux rayon d'espoir. ▼CASSANDRE▲ La mort déjà plane dans l'air… Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Si tu m'aimes, va-t'en Pars !… va rendre à ton père Un appui nécessaire A ses vieux ans, Inutile pour nous. ▼CHORÈBE▲ Eh, de quel œil, si de tel maux sur nous Devaient tomber, chère insensée, Mon père me reverrait-il Fuyant ma fiancée Au moment du péril? Mais le ciel et la terre, Oublieux de la guerre Proclament ton erreur. Cette tiède douceur Du souffle de la brise Et cette mer qui brise Si mollement ses flots Aux caps de Ténédos; Sur la plaine ondoyante Ces tranquilles troupeaux, Ce pâtre heureux qui chante Et ces joyeux oiseaux Semblent ne faire entendre, Sous le céleste dais, Et partout ne répandre Que l'hymne de la paix. ▼CASSANDRE▲ Signes trompeurs! calme perfide! La mort déjà plane dans l'air, Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Quitte-nous dès ce soir, Entends-moi, je t'implore, Dans nos murs que l'aurore Ne puisse te revoir! D'épouvante j'expire Et mon cœur se déchire! Pars ce soir, pars ce soir! ▼CHORÈBE▲ Te quitter, dès ce soir! Cassandre! et je t'adore! Sauve-moi, je t'implore, D'un affreux désespoir. Tu veux donc que j'expire? Sans pitié peux-tu dire Pars ce soir, pars ce soir! ▼CASSANDRE▲ Si de ton noble amour, Chorèbe, Tu me crus digne un jour, tu partiras! ▼CHORÈBE▲ Au nom des dieux du ciel et de l'Érèbe, Cassandre, tu m'écouteras! A tes genoux, je tombe Cassandre! ▼CASSANDRE▲ A tant de douleurs je succombe! Ô dieux cruels! ▼CHORÈBE▲ Te quitter, dès ce soir! Cassandre! et je t'adore! Sauve-moi, je t'implore, D'un affreux désespoir. Tu veux donc que j'expire? Sans pitié peux-tu dire Pars ce soir, pars ce soir! Cassandre! Ô désespoir! ▼CASSANDRE▲ Entends-moi, je t'implore Dans nos murs que l'aurore Ne puisse te revoir! D'épouvante j'expire Et mon cœur se déchire! Pars ce soir, pars ce soir! Aveugle et sourd comme eux! Tu persévères A t'immoler à ton funeste amour? ▼CHORÈBE▲ Je ne te quitte pas! ▼CASSANDRE▲ L'épouvantable jour Te verra donc combattre avec mes frères? ▼CHORÈBE▲ Je ne te quitte pas! ▼CASSANDRE▲ Eh bien ! voilà ma main Et mon chaste baiser d'épouse! Reste! La mort jalouse Prépare notre lit nuptial pour demain. ▼CHORÈBE▲ Viens! Viens! (Il l'entraîne éperdue) N° 4 – Marche et hymne (Entrent Ascagne à la tête des enfants, Hécube et les princesses, Énée à la tête des guerriers troyens, Priam et les prêtres.) ▼CHŒUR▲ Dieux protecteurs de la ville éternelle, Recevez notre encens; Et du bonheur de son peuple fidèle Entendez les accents! Ô vous! divins auteurs de notre délivrance. Dieu de l'Olympe! Dieu des mers! Régulateurs de l'univers, Acceptez les présents de la reconnaissance. N° 5 – Combat de ceste – Pas de lutteurs (Danses et jeux populaires) N° 6 – Pantomime (Andromaque entre à pas lents, tenant par la main Astyanax. Ils sont en deuil – vêtus de blanc – tous les deux.) ▼CHŒUR▲ Andromaque et son fils! Ô destin! Ces clameurs de la publique allégresse… (Astyanax dépose une corbeille de fleurs au pied de l'autel. Andromaque s'agenouille à côté de lui et prie pendant quelques instants) Et cette immense tristesse, Ce deuil profond, (Andromaque se lève et conduit son fils devant le trône de Priam.) Ces muettes douleurs! (Elle présente l'enfant au roi et à la reine. Elle attire Astyanax contre son sein et l'embrasse avec une tendresse convulsive) Les épouses, les mères pleurent à leur aspect… (Priam se lève et bénit l'enfant. Hécube le bénit à son tour. Le roi et la reine reprennent place sur leurs trônes. Astyanax intimidé revient se réfugier auprès de sa mère. L'émotion douloureuse d'Andromaque augmente.) ▼CASSANDRE▲ (passant au fond du théâtre) Hélas! garde tes pleurs, Veuve d'Hector… (Andromaque abaisse son voile) A de prochains malheurs Tu dois bien des larmes amères… (Les larmes la gagnant, Andromaque reprend la main d'Astyanax et passe devant les divers groupes du peuple pour se retirer. La foule s'écarte devant les deux personnages. Plusieurs femmes troyennes pleurant, cachent leur visage sur l'épaule des hommes qui sont auprès d'elles. Les deux personnages s'éloignent à pas lents.) ▼CHŒUR▲ Ah! N° 6 bis – Scène de Sinon (coupé par Berlioz) ▼CHŒUR▲ Un traître, un espion! Pour lui, la flagellation! Sans doute c'est un Grec! qu'on l'immole à Neptune! A mort le Grec, à mort le Grec, à mort, à mort! ▼PRIAM▲ Pour cette humble infortune Ayez plus de pitié! Laissez jusques à moi Venir ce malheureux. ▼CHŒUR▲ Oui, qu'il réponde au roi, Qu'il parle! ▼PRIAM▲ Quel est-tu? Pourquoi dans ces campagnes Te trouvons-nous errant? ▼SINON▲ Pardonne au suppliant, grand roi! Je l'avouerai, je naquis aux montagnes Du royaume d'Ithaque. ▼CHŒUR▲ Ah ! c'est un Grec! ▼PRIAM▲ Ton nom? ▼CHŒUR▲ Qu'on le brûle vivant! ▼SINON▲ On me nomme Sinon. Objet de la haine d'Ulysse Je fus pour être offert en sacrifice Désigné par ce chef d'accord avec Calchas. Les dieux exigeaient mon trépas Pour nous rendre le vent au retour favorable. J'allais subir mon sort; Mais l'horreur de la mort M'ouvrit l'asile impénétrable D'un fétide marais; j'y dérobai ma fuite, Des sacrificateurs je trompai la poursuite, Caché dans les roseaux Jusqu'au départ de nos vaisseaux. Depuis ce temps, en proie à la faim dévorante J'erre éperdu, tremblant à l'idée effrayante, Après m'être soustrait à la haine des miens, De ne point éviter la fureur des Troyens. Telle est la vérité. (Depuis quelque temps Cassandre est entrée avec Chorèbe et examine Sinon d'un regard soupçonneux.) ▼CASSANDRE▲ Tout n'est que perfidie dans la bouche d'un Grec! (apaisant la foule d'un geste) ▼CHŒUR▲ Oui, Cassandre a raison! Entraînons-le! ▼PRIAM▲ Sinon, je t'accorde la vie Si tu veux me répondre en toute vérité. ▼SINON▲ Soyez témoins, ô dieux, de ma sincérité! ▼PRIAM▲ Quel est l'objet de l'œuvre merveilleuse Que l'art des Grecs au bord du Scamandre éleva? Fut-ce offrande pieuse Ou machine? ▼SINON▲ Ô Priam, Ulysse l'acheva Pour être offerte à Pallas offensée; Et la déesse courroucée Par le sacrilège qu'un jour Diomède commit sur sa divine image, A ce prix seul permit notre retour. Mais Calchas ordonna que d'étage en étage Le cheval s'élevant, devint si monstrueux Que ce présent prodigieux Ne put être introduit dans la ville troyenne. Car… oui, je l'avouerai pour moi quoi qu'il advienne, Si dans votre Ilion il parvenait jamais, Victorieuse désormais, La race de Priam ferait trembler la terre Et jusqu'aux murs d'Argos irait porter la guerre. ▼CHŒUR▲ Quoi! nous irons à notre tour Piller les Argiens? ▼CASSANDRE▲ Il ment! ▼CHŒUR▲ Quelle bataille! Quel incendie! ▼CASSANDRE▲ Il ment! ▼PRIAM▲ (descend de son trône) Qu'on abatte la tour De la porte de Scée, et qu'un pan de muraille Tombe! Allez! et malgré la ruse de Calchas Installez dans nos murs cette offrande à Pallas. ▼CHŒUR▲ A l'œuvre! obéissons! ▼CASSANDRE▲ Dieux éternels! Qu'entends-je? Par ta fille… par toi… mon père! quel étrange Dessein! je crains les Grecs jusques dans leurs présents! Révoque l'ordre! ô dieux ! ▼PRIAM▲ Reprends tes sens, chère fille! ▼CHŒUR▲ Elle est folle! allons! ▼PRIAM▲ Laisse à ton père Le soin de protéger son peuple et ses états. (Plusieurs hommes sortent comme pour aller exécuter l'ordre de Priam.) ▼CASSANDRE▲ Ah! c'est le dernier coup! ▼CHORÈBE▲ Elle me désespère! N° 7 – Récit ▼ÉNÉE▲ (accourant) Du peuple et des soldats, ô roi! la foule S'enfuit et roule Comme un torrent; on ne peut l'arrêter! Un prodige inouï vient de l'épouvanter Laocoon, voyant quelque trame perfide Dans l'ouvrage des Grecs, a d'un bras intrépide Lancé son javelot sur ce bois, excitant Le peuple indécis et flottant A le brûler. Alors, gonflés de rage, Deux serpents monstrueux s'avancent vers la plage, S'élancent sur le prêtre, en leurs terribles nœuds L'enlacent, le brûlant de leur haleine ardente, Et le couvrant d'une bave sanglante, Le dévorent à nos yeux. N° 8 – Ottetto et double chœur ▼PRIAM, PANTHÉE, CHORÈBE, ÉNÉE, HELENUS, CASSANDRE, ASCAGNE, HÉCUBE, LE PEUPLE▲ Châtiment effroyable! Mystérieuse horreur! A ce récit (cet aspect) épouvantable Le sang s'est glacé dans mon cœur. Un frisson de terreur Ébranle tout mon être! Laocoon! un prêtre! Objet de la fureur des dieux, Dévoré palpitant par ces monstres hideux! Horreur! ▼CASSANDRE▲ Ô peuple déplorable! Mystérieuse horreur! A ce récit épouvantable Le sang s'est glacé dans mon cœur. N° 9 – Récitatif et chœur ▼ÉNÉE▲ Que la déesse nous protège, Conjurons ce nouveau danger! Il est trop vrai, Pallas vient de venger Un affreux sacrilège. ▼PRIAM▲ Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard. ▼ÉNÉE▲ Déjà sur des rouleaux disposés avec art, Le cheval est placé, que chacun le conduise, Vers le Palladium en pompe l'introduise! A cet objet sacré formez cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ▼ENSEMBLE▲ A cet objet sacré formez (formons) cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez (couvrons) de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos / nos chants! ▼CASSANDRE▲ (parcourant la scène avec égarement) Malheur! ▼PRIAM, HÉCUBE, ÉNÉE, PANTHÉE, CHORÈBE, HELENUS▲ Pallas, pardonne à Troie! (Ils sortent. Cassandre reste seul sur l'avant-scène. Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle rentre brusquement) N° 9 – Récitatif et chœur (version tenant compte de la scène de Sinon) ▼PRIAM▲ Que la déesse nous protège, Conjurons ce nouveau danger ! Sinon dit vrai, Pallas vient de venger Un affreux sacrilège. Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard. Que sur des rouleaux disposés avec art, Le cheval soit placé, que chacun le conduise, Avec solennité le traîne et l'introduise! A cet objet sacré formez cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ▼ENSEMBLE▲ A cet objet sacré formez / formons cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez / couvrons de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos / nos chants! ▼CASSANDRE▲ (parcourant la scène avec égarement) Malheur! ▼PRIAM, HÉCUBE, ÉNÉE, PANTHÉE, CHORÈBE, HELENUS▲ Pallas, pardonne à Troie! ▼SINON▲ Grande Junon, tu me livres donc Troie! (Ils sortent. Cassandre reste seul sur l'avant-scène. Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle rentre brusquement.) N° 10 – Air ▼CASSANDRE▲ Non, je ne verrai pas la déplorable fête Où s'enivre, en espoir d'un brillant avenir, Ce peuple condamné, que rien, hélas! n'arrête Sur la pente du gouffre. Ô cruel souvenir! Gloire de la Patrie!… Et voir s'évanouir Du bonheur le plus pur la séduisante image! Ô Chorèbe! Ô Priam!… Vains efforts de courage, Des pleurs d'angoisse inondent mon visage! N° 11 – Final Marche troyenne (On entend le cortège dans un grand éloignement.) ▼CASSANDRE▲ De mes sens éperdus… est-ce une illusion? Les chœurs sacrés d'Ilion! ▼CHŒUR▲ Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, A nos destins sois favorable, Rends Ilion inébranlable, Belle Pallas, protège-nous. ▼CASSANDRE▲ Quoi, déjà le cortège!… Au loin je l'aperçois! L'ennemi vient et la ville est ouverte!… Ce peuple fou qui se rue à sa perte Semble avoir devancé les ordres de son Roi! (On entend le cortège plus près) ▼CHŒUR▲ Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, Entends nos voix, vierge sublime, Aux sons des flûtes de Dindyme Se mêler au plus haut des airs. Que la trompette phrygienne Unie à la lyre troyenne Te porte nos pieux concerts! ▼CASSANDRE▲ L'éclat des chants augmente! L'énorme machine roulant S'avance!… la voici! ▼CHŒUR▲ (entrant en scène) Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, Souriante guirlande, A l'entour de l'offrande Dansez, heureux enfants ! Semez sur la ramée La neige parfumée Des muguets du printemps. Pallas! protège-nous! (Les chants cessent brusquement. Le chœur s'agite en divers sens; quelques femmes sortent comme pour aller voir ce qui se passe hors de la scène et reviennent presque aussitôt.) ▼QUELQUES HOMMES DU PEUPLE▲ Qu'est-ce donc? et pourquoi ce mouvement d'alarmes? ▼CASSANDRE▲ Jupiter! on hésite! Et la foule s'agite! ▼LES FEMMES▲ Dans les flancs du colosse on entend un bruit d'armes… ▼CASSANDRE▲ On s'arrête… Ô dieux! Si… ▼LES HOMMES▲ Présage heureux! chantez, enfants! (Les chants reprennent avec plus d'éclat qu'auparavant.) ▼TOUT LE CHŒUR▲ Fiers sommets de Pergame, D'une joyeuse flamme Rayonnez triomphants! (Le chœur reprend la suite du cortège et sort.) ▼CASSANDRE▲ Arrêtez! arrêtez! Oui, la flamme, la hache! Fouillez le flanc du monstrueux cheval! Laocoon!… les Grecs!… il cache Un piège infernal… Ma voix se perd!… plus d'espérance! Vous êtes sans pitié, grands dieux, Pour ce peuple en démence! Ô digne emploi de la toute-puissance, Le conduire à l'abîme en lui fermant les yeux! (Elle écoute les derniers sons de la marche triomphale qu'on distingue encore et qui s'éteignent tout d'un coup.) Ils entrent, c'en est fait, le destin tient sa proie! Sœur d'Hector, va mourir sous les débris de Troie! (Elle sort.) ACTE PREMIER L'emplacement du camp abandonné des Grècs dans la plaine de Troie. A gauche du spectateur et à quelque distance dans l'intérieur de Troie, la Citadelle. A droite, le Simoïs et sur l'un des bords un tumulus, le tombeau d'Achille. Au loin les sommets du mont Ida. Un autel champêtre sur l'avant-scène et près de l'autel un trône élevé. N° 1 – Chœur de la populace troyenne Le peuple troyen se répandant joyeusement dans la plaine. Soldats, citoyens, femmes, et enfants. Danses, jeux divers. Trois bergers jouent de la double flûte au sommet du tombeau d'Achille. CHŒUR Ha! ha! Après dix ans passés dans nos murailles, Ah! quel bonheur de respirer L'air pur des champs, que le cri des batailles Ne va plus déchirer. Jeunes garçons et enfants accourant avec des débris d'armes à la main Que de débris! – Un fer de lance! Je trouve un casque! – Et moi, deux javelots! Voyez, ce bouclier immense! Il porterait un homme sur les flots. Quels poltrons que ces Grecs! UN SOLDAT Savez-vous quelle tente En ce lieu même s'élevait? CHŒUR Non! Dites-le… C'était? LE SOLDAT Celle d'Achille. CHŒUR se reculant avec terreur Dieux! LE SOLDAT Restez, troupe vaillante! Achille est mort, vous pouvez voir ici Sa tombe, la voici. CHŒUR C'est vrai ; de ce monstre homicide Pâris nous délivra. – Connais-tu le cheval De bois, qu'avant de partir pour l'Aulide Construisirent les Grecs? – Ce cheval colossal, Leur offrande à Pallas, dans ses vastes entrailles Tiendrait un bataillon. On abat les murailles. Dans la ville, ce soir, nous allons le traîner; On dit que le roi vient tantôt l'examiner! Où donc est-il? – Sur le bord du Scamandre! Il faut le voir sans plus attendre! Courons! courons! Le cheval! le cheval! Ils sortent en tumulte N° 2 – Récitatif et air Pendant la fin de la scène précédente, Cassandre a paru au milieu des groupes, parcourant la plaine avec agitation. Son regard est inquiet et égaré. CASSANDRE Les Grecs ont disparu!… mais quel dessein fatal Cache de ce départ l'étrange promptitude? Tout vient justifier ma sombre inquiétude! J'ai vu l'ombre d'Hector parcourir nos remparts Comme un veilleur de nuit, j'ai vu ses noirs regards Interroger au loin le détroit de Sigée… Malheur! dans la folie et l'ivresse plongée La foule sort des murs, et Priam la conduit! Malheureux Roi! dans l'éternelle nuit, C'en est donc fait, tu vas descendre! Tu ne m'écoutes pas, tu ne veux rien comprendre, Malheureux peuple, à l'horreur qui me suit! Chorèbe, hélas, oui, Chorèbe lui-même Croit ma raison perdue!… A ce nom mon effroi Redouble! Ô Dieux! Chorèbe! il m'aime! Il est aimé! mais plus d'hymen pour moi. Plus d'amour, de chants d'allégresse, Plus de doux rêves de tendresse! De l'affreux destin qui m'oppresse Il faut subir l'inexorable loi! Elle tombe dans une tendre rêverie Chorèbe!… il faut qu'il parte et quitte la Troade. N° 3 – Duo Chorèbe s'avance vivement CASSANDRE C'est lui! CHORÈBE Quand Troie éclate en transports jusqu'aux cieux Vous fuyez les palais joyeux Pour les bois et les champs, pensive Hamadryade! De vous on s'inquiète… CASSANDRE Ah! je cache à vos yeux Le trouble affreux dont mon âme est remplie! CHORÈBE Cassandre! CASSANDRE Quitte-moi! CHORÈBE Viens! CASSANDRE Pars, je t'en supplie! CHORÈBE Moi, partir! Te quitter quand le plus saint des nœuds… CASSANDRE C'est le temps de mourir et non pas d'être heureux. CHORÈBE Reviens à toi, vierge adorée! Cesse de craindre en cessant de prévoir; Lève vers la voûte azurée L'œil de ton âme rassurée. Laisse entrer dans ton cœur un doux rayon d'espoir. CASSANDRE Tout est menace au ciel! Crois en ma voix qu'inspire Le barbare dieu même à nous perdre acharné. Au livre du destin mon regard a su lire, Je vois l'essaim de maux sur nous tous déchaîné! Il va tomber sur Troie! A sa fureur en proie, Le peuple va rugir Et de son sang rougir Le pavé de nos rues; Les vierges demi-nues, Aux bras des ravisseurs, Vont pousser des clameurs A déchirer les nues! Déjà le noir vautour, Sur la plus haute tour A chanté le carnage! Tout s'écroule! tout nage Sur un fleuve de sang, Et dans ton flanc Le fer d'un Grec!… Ah! Chorèbe soutient un instant dans ses bras Cassandre à demi évanouie CHORÈBE Pauvre âme égarée! Reviens à toi, vierge adorée! Cesse de craindre en cessant de prévoir; Lève vers la voûte azurée L'œil de ton âme rassurée. Laisse entrer dans ton cœur un doux rayon d'espoir. CASSANDRE La mort déjà plane dans l'air… Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Si tu m'aimes, va-t'en Pars !… va rendre à ton père Un appui nécessaire A ses vieux ans, Inutile pour nous. CHORÈBE Eh, de quel œil, si de tel maux sur nous Devaient tomber, chère insensée, Mon père me reverrait-il Fuyant ma fiancée Au moment du péril? Mais le ciel et la terre, Oublieux de la guerre Proclament ton erreur. Cette tiède douceur Du souffle de la brise Et cette mer qui brise Si mollement ses flots Aux caps de Ténédos; Sur la plaine ondoyante Ces tranquilles troupeaux, Ce pâtre heureux qui chante Et ces joyeux oiseaux Semblent ne faire entendre, Sous le céleste dais, Et partout ne répandre Que l'hymne de la paix. CASSANDRE Signes trompeurs! calme perfide! La mort déjà plane dans l'air, Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Quitte-nous dès ce soir, Entends-moi, je t'implore, Dans nos murs que l'aurore Ne puisse te revoir! D'épouvante j'expire Et mon cœur se déchire! Pars ce soir, pars ce soir! CHORÈBE Te quitter, dès ce soir! Cassandre! et je t'adore! Sauve-moi, je t'implore, D'un affreux désespoir. Tu veux donc que j'expire? Sans pitié peux-tu dire Pars ce soir, pars ce soir! CASSANDRE Si de ton noble amour, Chorèbe, Tu me crus digne un jour, tu partiras! CHORÈBE Au nom des dieux du ciel et de l'Érèbe, Cassandre, tu m'écouteras! A tes genoux, je tombe Cassandre! CASSANDRE A tant de douleurs je succombe! Ô dieux cruels! CHORÈBE Te quitter, dès ce soir! Cassandre! et je t'adore! Sauve-moi, je t'implore, D'un affreux désespoir. Tu veux donc que j'expire? Sans pitié peux-tu dire Pars ce soir, pars ce soir! Cassandre! Ô désespoir! CASSANDRE Entends-moi, je t'implore Dans nos murs que l'aurore Ne puisse te revoir! D'épouvante j'expire Et mon cœur se déchire! Pars ce soir, pars ce soir! Aveugle et sourd comme eux! Tu persévères A t'immoler à ton funeste amour? CHORÈBE Je ne te quitte pas! CASSANDRE L'épouvantable jour Te verra donc combattre avec mes frères? CHORÈBE Je ne te quitte pas! CASSANDRE Eh bien ! voilà ma main Et mon chaste baiser d'épouse! Reste! La mort jalouse Prépare notre lit nuptial pour demain. CHORÈBE Viens! Viens! Il l'entraîne éperdue N° 4 – Marche et hymne Entrent Ascagne à la tête des enfants, Hécube et les princesses, Énée à la tête des guerriers troyens, Priam et les prêtres. CHŒUR Dieux protecteurs de la ville éternelle, Recevez notre encens; Et du bonheur de son peuple fidèle Entendez les accents! Ô vous! divins auteurs de notre délivrance. Dieu de l'Olympe! Dieu des mers! Régulateurs de l'univers, Acceptez les présents de la reconnaissance. N° 5 – Combat de ceste – Pas de lutteurs Danses et jeux populaires N° 6 – Pantomime Andromaque entre à pas lents, tenant par la main Astyanax. Ils sont en deuil – vêtus de blanc – tous les deux. CHŒUR Andromaque et son fils! Ô destin! Ces clameurs de la publique allégresse… Astyanax dépose une corbeille de fleurs au pied de l'autel. Andromaque s'agenouille à côté de lui et prie pendant quelques instants Et cette immense tristesse, Ce deuil profond, Andromaque se lève et conduit son fils devant le trône de Priam. Ces muettes douleurs! Elle présente l'enfant au roi et à la reine. Elle attire Astyanax contre son sein et l'embrasse avec une tendresse convulsive Les épouses, les mères pleurent à leur aspect… Priam se lève et bénit l'enfant. Hécube le bénit à son tour. Le roi et la reine reprennent place sur leurs trônes. Astyanax intimidé revient se réfugier auprès de sa mère. L'émotion douloureuse d'Andromaque augmente. CASSANDRE passant au fond du théâtre Hélas! garde tes pleurs, Veuve d'Hector… Andromaque abaisse son voile A de prochains malheurs Tu dois bien des larmes amères… Les larmes la gagnant, Andromaque reprend la main d'Astyanax et passe devant les divers groupes du peuple pour se retirer. La foule s'écarte devant les deux personnages. Plusieurs femmes troyennes pleurant, cachent leur visage sur l'épaule des hommes qui sont auprès d'elles. Les deux personnages s'éloignent à pas lents. CHŒUR Ah! N° 6 bis – Scène de Sinon coupé par Berlioz CHŒUR Un traître, un espion! Pour lui, la flagellation! Sans doute c'est un Grec! qu'on l'immole à Neptune! A mort le Grec, à mort le Grec, à mort, à mort! PRIAM Pour cette humble infortune Ayez plus de pitié! Laissez jusques à moi Venir ce malheureux. CHŒUR Oui, qu'il réponde au roi, Qu'il parle! PRIAM Quel est-tu? Pourquoi dans ces campagnes Te trouvons-nous errant? SINON Pardonne au suppliant, grand roi! Je l'avouerai, je naquis aux montagnes Du royaume d'Ithaque. CHŒUR Ah ! c'est un Grec! PRIAM Ton nom? CHŒUR Qu'on le brûle vivant! SINON On me nomme Sinon. Objet de la haine d'Ulysse Je fus pour être offert en sacrifice Désigné par ce chef d'accord avec Calchas. Les dieux exigeaient mon trépas Pour nous rendre le vent au retour favorable. J'allais subir mon sort; Mais l'horreur de la mort M'ouvrit l'asile impénétrable D'un fétide marais; j'y dérobai ma fuite, Des sacrificateurs je trompai la poursuite, Caché dans les roseaux Jusqu'au départ de nos vaisseaux. Depuis ce temps, en proie à la faim dévorante J'erre éperdu, tremblant à l'idée effrayante, Après m'être soustrait à la haine des miens, De ne point éviter la fureur des Troyens. Telle est la vérité. Depuis quelque temps Cassandre est entrée avec Chorèbe et examine Sinon d'un regard soupçonneux. CASSANDRE Tout n'est que perfidie dans la bouche d'un Grec! apaisant la foule d'un geste CHŒUR Oui, Cassandre a raison! Entraînons-le! PRIAM Sinon, je t'accorde la vie Si tu veux me répondre en toute vérité. SINON Soyez témoins, ô dieux, de ma sincérité! PRIAM Quel est l'objet de l'œuvre merveilleuse Que l'art des Grecs au bord du Scamandre éleva? Fut-ce offrande pieuse Ou machine? SINON Ô Priam, Ulysse l'acheva Pour être offerte à Pallas offensée; Et la déesse courroucée Par le sacrilège qu'un jour Diomède commit sur sa divine image, A ce prix seul permit notre retour. Mais Calchas ordonna que d'étage en étage Le cheval s'élevant, devint si monstrueux Que ce présent prodigieux Ne put être introduit dans la ville troyenne. Car… oui, je l'avouerai pour moi quoi qu'il advienne, Si dans votre Ilion il parvenait jamais, Victorieuse désormais, La race de Priam ferait trembler la terre Et jusqu'aux murs d'Argos irait porter la guerre. CHŒUR Quoi! nous irons à notre tour Piller les Argiens? CASSANDRE Il ment! CHŒUR Quelle bataille! Quel incendie! CASSANDRE Il ment! PRIAM descend de son trône Qu'on abatte la tour De la porte de Scée, et qu'un pan de muraille Tombe! Allez! et malgré la ruse de Calchas Installez dans nos murs cette offrande à Pallas. CHŒUR A l'œuvre! obéissons! CASSANDRE Dieux éternels! Qu'entends-je? Par ta fille… par toi… mon père! quel étrange Dessein! je crains les Grecs jusques dans leurs présents! Révoque l'ordre! ô dieux ! PRIAM Reprends tes sens, chère fille! CHŒUR Elle est folle! allons! PRIAM Laisse à ton père Le soin de protéger son peuple et ses états. Plusieurs hommes sortent comme pour aller exécuter l'ordre de Priam. CASSANDRE Ah! c'est le dernier coup! CHORÈBE Elle me désespère! N° 7 – Récit ÉNÉE accourant Du peuple et des soldats, ô roi! la foule S'enfuit et roule Comme un torrent; on ne peut l'arrêter! Un prodige inouï vient de l'épouvanter Laocoon, voyant quelque trame perfide Dans l'ouvrage des Grecs, a d'un bras intrépide Lancé son javelot sur ce bois, excitant Le peuple indécis et flottant A le brûler. Alors, gonflés de rage, Deux serpents monstrueux s'avancent vers la plage, S'élancent sur le prêtre, en leurs terribles nœuds L'enlacent, le brûlant de leur haleine ardente, Et le couvrant d'une bave sanglante, Le dévorent à nos yeux. N° 8 – Ottetto et double chœur PRIAM, PANTHÉE, CHORÈBE, ÉNÉE, HELENUS, CASSANDRE, ASCAGNE, HÉCUBE, LE PEUPLE Châtiment effroyable! Mystérieuse horreur! A ce récit cet aspect épouvantable Le sang s'est glacé dans mon cœur. Un frisson de terreur Ébranle tout mon être! Laocoon! un prêtre! Objet de la fureur des dieux, Dévoré palpitant par ces monstres hideux! Horreur! CASSANDRE Ô peuple déplorable! Mystérieuse horreur! A ce récit épouvantable Le sang s'est glacé dans mon cœur. N° 9 – Récitatif et chœur ÉNÉE Que la déesse nous protège, Conjurons ce nouveau danger! Il est trop vrai, Pallas vient de venger Un affreux sacrilège. PRIAM Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard. ÉNÉE Déjà sur des rouleaux disposés avec art, Le cheval est placé, que chacun le conduise, Vers le Palladium en pompe l'introduise! A cet objet sacré formez cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ENSEMBLE A cet objet sacré formez formons cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez couvrons de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos / nos chants! CASSANDRE parcourant la scène avec égarement Malheur! PRIAM, HÉCUBE, ÉNÉE, PANTHÉE, CHORÈBE, HELENUS Pallas, pardonne à Troie! Ils sortent. Cassandre reste seul sur l'avant-scène. Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle rentre brusquement N° 9 – Récitatif et chœur version tenant compte de la scène de Sinon PRIAM Que la déesse nous protège, Conjurons ce nouveau danger ! Sinon dit vrai, Pallas vient de venger Un affreux sacrilège. Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard. Que sur des rouleaux disposés avec art, Le cheval soit placé, que chacun le conduise, Avec solennité le traîne et l'introduise! A cet objet sacré formez cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ENSEMBLE A cet objet sacré formez / formons cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez / couvrons de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos / nos chants! CASSANDRE parcourant la scène avec égarement Malheur! PRIAM, HÉCUBE, ÉNÉE, PANTHÉE, CHORÈBE, HELENUS Pallas, pardonne à Troie! SINON Grande Junon, tu me livres donc Troie! Ils sortent. Cassandre reste seul sur l'avant-scène. Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle rentre brusquement. N° 10 – Air CASSANDRE Non, je ne verrai pas la déplorable fête Où s'enivre, en espoir d'un brillant avenir, Ce peuple condamné, que rien, hélas! n'arrête Sur la pente du gouffre. Ô cruel souvenir! Gloire de la Patrie!… Et voir s'évanouir Du bonheur le plus pur la séduisante image! Ô Chorèbe! Ô Priam!… Vains efforts de courage, Des pleurs d'angoisse inondent mon visage! N° 11 – Final Marche troyenne On entend le cortège dans un grand éloignement. CASSANDRE De mes sens éperdus… est-ce une illusion? Les chœurs sacrés d'Ilion! CHŒUR Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, A nos destins sois favorable, Rends Ilion inébranlable, Belle Pallas, protège-nous. CASSANDRE Quoi, déjà le cortège!… Au loin je l'aperçois! L'ennemi vient et la ville est ouverte!… Ce peuple fou qui se rue à sa perte Semble avoir devancé les ordres de son Roi! On entend le cortège plus près CHŒUR Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, Entends nos voix, vierge sublime, Aux sons des flûtes de Dindyme Se mêler au plus haut des airs. Que la trompette phrygienne Unie à la lyre troyenne Te porte nos pieux concerts! CASSANDRE L'éclat des chants augmente! L'énorme machine roulant S'avance!… la voici! CHŒUR entrant en scène Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, Souriante guirlande, A l'entour de l'offrande Dansez, heureux enfants ! Semez sur la ramée La neige parfumée Des muguets du printemps. Pallas! protège-nous! Les chants cessent brusquement. Le chœur s'agite en divers sens; quelques femmes sortent comme pour aller voir ce qui se passe hors de la scène et reviennent presque aussitôt. QUELQUES HOMMES DU PEUPLE Qu'est-ce donc? et pourquoi ce mouvement d'alarmes? CASSANDRE Jupiter! on hésite! Et la foule s'agite! LES FEMMES Dans les flancs du colosse on entend un bruit d'armes… CASSANDRE On s'arrête… Ô dieux! Si… LES HOMMES Présage heureux! chantez, enfants! Les chants reprennent avec plus d'éclat qu'auparavant. TOUT LE CHŒUR Fiers sommets de Pergame, D'une joyeuse flamme Rayonnez triomphants! Le chœur reprend la suite du cortège et sort. CASSANDRE Arrêtez! arrêtez! Oui, la flamme, la hache! Fouillez le flanc du monstrueux cheval! Laocoon!… les Grecs!… il cache Un piège infernal… Ma voix se perd!… plus d'espérance! Vous êtes sans pitié, grands dieux, Pour ce peuple en démence! Ô digne emploi de la toute-puissance, Le conduire à l'abîme en lui fermant les yeux! Elle écoute les derniers sons de la marche triomphale qu'on distingue encore et qui s'éteignent tout d'un coup. Ils entrent, c'en est fait, le destin tient sa proie! Sœur d'Hector, va mourir sous les débris de Troie! Elle sort. Berlioz,Hector/Les Troyens/II
https://w.atwiki.jp/oper/pages/2834.html
Acte V. Le Theatre change, et represente des Jardins agreables. Scene premiere. Celænus, Cybele, Melisse. CELÆNUS Vous m ôtez Sangaride? inhumaine Cybele; Est-ce le prix du zele Que j ai fait avec soin éclater à vos yeux? Préparez-vous ainsi la douceur éternelle Dont vous devez combler ces lieux? Est-ce ainsi que les Rois sont protegez des Dieux? Divinité cruelle, Descendez - vous des Cieux Pour troubler un amour fidelle? Et pour venir m ôter ce que j aime le mieux? CYBELE J aimois Atys, l Amour a fait mon injustice; Il a pris soin de mon suplice; Et si vous êtes outragé, Bien-tôt vous serez trop vengé, Atys adore Sangaride. CELÆNUS Atys l adore? ah le perfide! CYBELE L Ingrat vous trahissoit, et vouloit me trahir Il s est trompé lui-même en croiant m ébloüir. Les Zephirs l ont laissé seul avec ce qu il aime, Dans ces aimables lieux; Je m y suis cachée à leurs yeux; J y viens d être témoin de leur amour extrêmes, CELÆNUS O Ciel! Atys plairoit aux yeux qui m ont charme? CYBELE Eh pouvez-vous douter qu Atys ne soit aimé? Non, non, jamais amour n eût tant de violence, Ils ont juré cent fois de s aimer malgré nous, Et de braver notre vengeance; Ils nous ont appellés cruels, tyrans, jaloux; Enfin leurs coeurs d intelligence, Tous deux ... ah je frémis au moment que j y pence! Tous deux s abandonnoient à des transports si doux, Que je n ai pû garder plus long-tems le silence, N y retenir l état de mon juste couroux. CELÆNUS La mort est pour leur crime une peine legere. CYBELE Mon coeur à les punir est assez engagé; Je vous l ai déja dit, croiés-en ma colere, Bientôt vous serés trop vengé. Scene II. Atys, Sangaride, Cybele, Celænus, Melisse, Troupe de Prêtresse de Cybele. CYBELE ET CELÆNUS Venés vous livrer au supplice. ATYS ET SANGARIDE Quoi! la Terre et le Ciel contre nous sont armés? Souffrirés-vous qu on nous punisse? CYBELE ET CELÆNUS Oubliés vous votre injustice! ATYS ET SANGARIDE Ne vous souvient-il plus de nous avoir aimés? CYBELE ET CELÆNUS Vous changés mon amour en haine légitime. ATYS ET SANGARIDE Pouvés-vous condamner L Amour qui nous anime? Si c est un crime, Quel crime est plus à pardonner? CYBELE ET CELÆNUS Perfide, deviés-vous me taire Que c étoit vainement que je voulois vous plaire? ATYS ET SANGARIDE Ne pouvant suivre vos desirs, Nous croions ne pouvoir mieux faire Que de vous épargner de mortels déplaisirs. CYBELE D un supplice cruel craignés l horreur extrême. CYBELE ET CELÆNUS Craignez un funeste trépas. ATYS ET SANGARIDE Vangez-vous, s il le faut, ne me pardonnez pas, Mais pardonnez à ce que j aime. CYBELE ET CELÆNUS C est peu de nous trahir, vous nous bravez, Ingrats? ATYS ET SANGARIDE Serés-vous sans pitié? CYBELE ET CELÆNUS Perdés toute esperance. ATYS ET SANGARIDE L Amour nous a forcez à vous faire une offence, Il demande grace pour nous. CYBELE ET CELÆNUS L Amour en courroux Demande vengeance. CYBELE Toi qui porte par tout et la rage et l horreur, Cesse de tourmenter les criminelles Ombres, Vien, cruelle Alecton, sors des Royaumes sombres, Inspire au coeur d Atys ta barbare fureur. Scene III. Alecton, Atys, Sangaride, Cybele, Celænus, Melisse, Idas, Doris, Troupe de Prêtresses de Cybele, Choeur de Phrygiens. Alecton sort des Enfers, tenant à la main un Flambeau qu elle secouë sur la tête d Atys. ATYS Ciel! quelle vapeur m environne! Tous mes sens sont troublez, je frémis, je frissonne, Je tremble, et tout à coup, une infernale ardeur Vient enflammer mon sang, et dévorer mon coeur. Dieux! que vois-je? le Ciel s arme contre la Terre? Quel desordre! quel bruit! quel éclat de tonnerre! Quels abîmes profonds sous mes pas sont ouverts! Que de fantômes vains sont sortis des Enfers! Il parle à Cybele qu il prend pour Sangaride. Sangaride, ah fuiez la mort que vous prépare Une Divinité barbare C est votre seul peril qui cause ma terreur. SANGARIDE Atys, reconnoissés votre funeste erreur. ATYS prenant Sangaride pour un Monstre. Quel Monstre vient à nous! quelle fureur le guide! Ah respecte, cruel, l aimable Sangaride. SANGARIDE Atys, mon cher Atys, ATYS Quels hurlemens affreux! CELÆNUS à Sangaride. Fuiez, sauvez-vous de sa rage. ATYS tenant à la main le Coûteau sacré qui sert aux sacrifices. Il faut combattre; Amour, seconde mon courage. Atys court aprés Sangaride, qui fuit dans un des côtez du theatre. CELÆNUS, et le Choeur. Arrête, arrête malheureux. CELÆNUS court aprés Atys. SANGARIDE dans un des côtez du theatre. Atys! LES CHOEURS O Ciel! SANGARIDE Je meurs. LE CHOEUR Atys, Atys lui-même Fait périr ce qu il aime! CELÆNUS revenant sur le theatre. Je n ai pû retenir ses efforts furieux, Sangaride expire à vos yeux. CYBELE Atys me sacrifie une indigne Rivale. Partagez avec moi la douceur sans égale, Que l on goûte en vengeant un amour outragé. Je vous l avois promis. CELÆNUS O promesse fatale! Sangaride n est plus, et je suis trop vengé. Celænus se retire au côté du theatre, où est Sangaride morte. Scene IV. Atys, Cybele, Melisse, Idas, Choeur de Phrygiens. ATYS Que je viens d immoler une grande victime! Sangaride est sauvée, et c est par ma valeur. CYBELE touchant Atys. Acheve ma vengeance, Atys, connoi ton crime, Et reprend ta raison pour sentir ton malheur. ATYS Un calme heureux succede aux troubles de mon coeur. Sangaride, Nymphe charmante, Qu êtes-vous devenuë, où puis-je avoir recours? Divinité toute-puissante, Cybele, aiez pitié de nos tendres amours, Rendés-moi Sangaride, épargnés ses beaux jours. Cybele montrant à Atys Sangaride morte. Tu la peux voir, regarde. ATYS Ah! quelle barbarie! Sangaride a perdu la vie! Ah! quelle main cruelle! ah quel coeur inhumain! .... CYBELE Les coups dont elle meurt sont de ta propre main. ATYS Moi, j aurois immolé la Beauté qui m enchante? O Ciel! ma main sanglante Est de ce crime horrible un témoin trop certain! LE CHOEUR Atys lui-même, Fait perir ce qu il aime. ATYS Quoi, Sangaride est morte? Atys est son boureau! Quelle vengeance, ô Dieu! quel suplice nouveau! Quelles horreurs sont comparables Aux horreurs que je sens? Dieux cruels, Dieux impitoiables, N êtes-vous tout puissants Que pour faire des miserables? CYBELE Atys, je vous ai trop aimé Cet amour par vous-même en courroux transformé Fait voir encor sa violence Jugez, Ingrat, jugez en ce funeste jour, De la grandeur de mon amour Par la grandeur de ma vengeance. ATYS Barbare! quel amour qui prend soin d inventer Les plus horribles maux que la rage peut faire! Bien-heureux qui peut éviter Le malheur de vous plaire. O Dieux! injustes Dieux! que n êtes-vous mortels? Faut-il que pour vous seul vous gardiez la vengeance? C est trop, c est trop souffrir leur cruelle puissance, Chassons-les d ici bas, renversons leurs Autels. Quoi Sangaride est morte? Atys, Atys lui même Fait perir ce qu il aime. LE CHOEUR Atys, Atys lui-même Fait perir ce qu il aime. CYBELE ordonnant d emporter le Corps de Sangaride morte. Otés ce triste objet. ATYS Ah! ne m arrachez pas Ce qui reste de tant d appas En fussiez-vous jalouse encore, Il faut que je l adore Jusques dans l horreur du trépas. Scene V. Cybele, Melisse. CYBELE Je commence à trouver sa peine trop cruelle, Une tendre pitié r appelle L Amour que mon courroux croioit avoir banni, Ma Rivale n est plus, Atys n est plus coupable, Qu il est aisé d aimer un criminel aimable Aprés l avoir puni. Que son desespoir m épouvente! Ses jours sont en peril, et j en frémis d effroi Je veux d un soin si cher ne me fier qu à moi, Allons ... mais quel spectacle à mes yeux se presente? C est Atys mourant que je voi! Scene VI. Atys, Idas, Cybele, Melisse, Prêtresses de Cybele. IDAS soûtenant Atys. Il s est percé le sein, et mes soins pour sa vie N ont pû prévenir sa fureur. CYBELE Ah! c est ma barbarie, C est moi, qui lui perce le coeur. ATYS Je meurs, l Amour me guide Dans la nuit du trépas; Je vais où sera Sangaride, Inhumaine, je vais où vous ne serez pas. ATYS ET CYBELE Il est doux de mourir Avec ce que l on aime. CYBELE Que mon amour funeste armé contre moi-même, Me peut-il vous venger de toutes mes rigueurs. ATYS Je suis assez vengé, vous m aimez, et je meurs. CYBELE Malgré le destin implacable Qui rend de ton trépas l arrêt irrevocable, Atys, sois à jamais l objet de mes amours; Reprens un sort nouveau, deviens un Arbre aimable Que Cybele aimera toujours. Atys prend la forme de l Arbre aimé de la Déesse Cybele, que l on æpelle Pin. CYBELE Venez furieux Corybantes, Venez joindre à mes cris vos clameurs éclatantes; Venez, Nymphes des Eaux, venez Dieux des Forêts, Par vos plaintes les plus touchantes Secondez mes tristes regrets. Scene VII. Cybele, Troupe de Nymphes des Eaux, troupe de Divinitez des Bois, troupe de Corybantes. CYBELE Atys, l aimable Atys, avec tous ses attraits, Descend dans la nuit éternelle, Mais malgré la mort cruelle, L Amour de Cybele Ne mourra jamais. Sous une nouvelle figure, Atys est ranimé par mon pouvoir divin; Celebrez son nouveau destin, Pleurez sa funeste avanture. CHOEUR DES NYMPHES DES EAUX, ET DES DIVINITEZ DES BOIS Celebrons son nouveau destin, Pleurons sa funeste avanture. CYBELE Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Qu il s éleve au-dessus des arbres les plus beaux; Qu il soit voisin des Cieux, qu il regne sur les eaux Qu il ne puisse brûler que d une flâme pure. Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Le Choeur répéte ces trois derniers Vers. CYBELE Que ces rameaux soient toujours verds Que les plus rigoureux hyvers Ne leur fasse jamais d injure, Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Le Choeur répéte ces trois derniers Vers. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Quelle douleur! CYBELE ET LE CHOEUR DES CORIBANTES Ah! quelle rage! CYBELE ET LES CHOEURS Ah! quel malheur! CYBELE Atys au Printemps de son âge Périt comme une fleur, Qu un soudain orage Renverse et ravage. CYBELE LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Quelle douleur! CYBELE ET LE CHOEUR DES CORIBANTES Ah! quelle rage! CYBELE ET LES CHOEURS Ah! quel malheur! Les Divinitez des Bois et des Eaux, avec les Corybantes, honorent le nouvel arbre, et le consacrent à Cybele. Les regrets des Divinitez des Bois et des Eaux, et les cris des Corybantes sont secondez et terminez par des tremblemens de Terre, par des Eclairs, et par des éclats de Tonnerre. CYBELE, ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Que le malheur d Atys afflige tout le monde. CYBELE ET LE CHOEUR DES CORYBANTES Que tout sente ici bas, L horreur d un si cruel trépas. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Penetrons tous les coeurs d une douleur profonde Que les Bois, que les Eaux, perdent tous leurs appas. CYBELE ET LE CHOEUR DES CORYBANTES Que le Tonnerre nous réponde; Que la Terre fremisse, et tremble sous nos pas. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS ET DES EAUX Que le malheur d Atys afflige tout le monde. TOUS ENSEMBLE Que tout sente, ici-bas, L horreur d un si cruel trépas. Fin du cinquième et dernier Acte. Acte V. Le Theatre change, et represente des Jardins agreables. Scene premiere. Celænus, Cybele, Melisse. CELÆNUS Vous m ôtez Sangaride? inhumaine Cybele; Est-ce le prix du zele Que j ai fait avec soin éclater à vos yeux? Préparez-vous ainsi la douceur éternelle Dont vous devez combler ces lieux? Est-ce ainsi que les Rois sont protegez des Dieux? Divinité cruelle, Descendez - vous des Cieux Pour troubler un amour fidelle? Et pour venir m ôter ce que j aime le mieux? CYBELE J aimois Atys, l Amour a fait mon injustice; Il a pris soin de mon suplice; Et si vous êtes outragé, Bien-tôt vous serez trop vengé, Atys adore Sangaride. CELÆNUS Atys l adore? ah le perfide! CYBELE L Ingrat vous trahissoit, et vouloit me trahir Il s est trompé lui-même en croiant m ébloüir. Les Zephirs l ont laissé seul avec ce qu il aime, Dans ces aimables lieux; Je m y suis cachée à leurs yeux; J y viens d être témoin de leur amour extrêmes, CELÆNUS O Ciel! Atys plairoit aux yeux qui m ont charme? CYBELE Eh pouvez-vous douter qu Atys ne soit aimé? Non, non, jamais amour n eût tant de violence, Ils ont juré cent fois de s aimer malgré nous, Et de braver notre vengeance; Ils nous ont appellés cruels, tyrans, jaloux; Enfin leurs coeurs d intelligence, Tous deux ... ah je frémis au moment que j y pence! Tous deux s abandonnoient à des transports si doux, Que je n ai pû garder plus long-tems le silence, N y retenir l état de mon juste couroux. CELÆNUS La mort est pour leur crime une peine legere. CYBELE Mon coeur à les punir est assez engagé; Je vous l ai déja dit, croiés-en ma colere, Bientôt vous serés trop vengé. Scene II. Atys, Sangaride, Cybele, Celænus, Melisse, Troupe de Prêtresse de Cybele. CYBELE ET CELÆNUS Venés vous livrer au supplice. ATYS ET SANGARIDE Quoi! la Terre et le Ciel contre nous sont armés? Souffrirés-vous qu on nous punisse? CYBELE ET CELÆNUS Oubliés vous votre injustice! ATYS ET SANGARIDE Ne vous souvient-il plus de nous avoir aimés? CYBELE ET CELÆNUS Vous changés mon amour en haine légitime. ATYS ET SANGARIDE Pouvés-vous condamner L Amour qui nous anime? Si c est un crime, Quel crime est plus à pardonner? CYBELE ET CELÆNUS Perfide, deviés-vous me taire Que c étoit vainement que je voulois vous plaire? ATYS ET SANGARIDE Ne pouvant suivre vos desirs, Nous croions ne pouvoir mieux faire Que de vous épargner de mortels déplaisirs. CYBELE D un supplice cruel craignés l horreur extrême. CYBELE ET CELÆNUS Craignez un funeste trépas. ATYS ET SANGARIDE Vangez-vous, s il le faut, ne me pardonnez pas, Mais pardonnez à ce que j aime. CYBELE ET CELÆNUS C est peu de nous trahir, vous nous bravez, Ingrats? ATYS ET SANGARIDE Serés-vous sans pitié? CYBELE ET CELÆNUS Perdés toute esperance. ATYS ET SANGARIDE L Amour nous a forcez à vous faire une offence, Il demande grace pour nous. CYBELE ET CELÆNUS L Amour en courroux Demande vengeance. CYBELE Toi qui porte par tout et la rage et l horreur, Cesse de tourmenter les criminelles Ombres, Vien, cruelle Alecton, sors des Royaumes sombres, Inspire au coeur d Atys ta barbare fureur. Scene III. Alecton, Atys, Sangaride, Cybele, Celænus, Melisse, Idas, Doris, Troupe de Prêtresses de Cybele, Choeur de Phrygiens. Alecton sort des Enfers, tenant à la main un Flambeau qu elle secouë sur la tête d Atys. ATYS Ciel! quelle vapeur m environne! Tous mes sens sont troublez, je frémis, je frissonne, Je tremble, et tout à coup, une infernale ardeur Vient enflammer mon sang, et dévorer mon coeur. Dieux! que vois-je? le Ciel s arme contre la Terre? Quel desordre! quel bruit! quel éclat de tonnerre! Quels abîmes profonds sous mes pas sont ouverts! Que de fantômes vains sont sortis des Enfers! Il parle à Cybele qu il prend pour Sangaride. Sangaride, ah fuiez la mort que vous prépare Une Divinité barbare C est votre seul peril qui cause ma terreur. SANGARIDE Atys, reconnoissés votre funeste erreur. ATYS prenant Sangaride pour un Monstre. Quel Monstre vient à nous! quelle fureur le guide! Ah respecte, cruel, l aimable Sangaride. SANGARIDE Atys, mon cher Atys, ATYS Quels hurlemens affreux! CELÆNUS à Sangaride. Fuiez, sauvez-vous de sa rage. ATYS tenant à la main le Coûteau sacré qui sert aux sacrifices. Il faut combattre; Amour, seconde mon courage. Atys court aprés Sangaride, qui fuit dans un des côtez du theatre. CELÆNUS, et le Choeur. Arrête, arrête malheureux. CELÆNUS court aprés Atys. SANGARIDE dans un des côtez du theatre. Atys! LES CHOEURS O Ciel! SANGARIDE Je meurs. LE CHOEUR Atys, Atys lui-même Fait périr ce qu il aime! CELÆNUS revenant sur le theatre. Je n ai pû retenir ses efforts furieux, Sangaride expire à vos yeux. CYBELE Atys me sacrifie une indigne Rivale. Partagez avec moi la douceur sans égale, Que l on goûte en vengeant un amour outragé. Je vous l avois promis. CELÆNUS O promesse fatale! Sangaride n est plus, et je suis trop vengé. Celænus se retire au côté du theatre, où est Sangaride morte. Scene IV. Atys, Cybele, Melisse, Idas, Choeur de Phrygiens. ATYS Que je viens d immoler une grande victime! Sangaride est sauvée, et c est par ma valeur. CYBELE touchant Atys. Acheve ma vengeance, Atys, connoi ton crime, Et reprend ta raison pour sentir ton malheur. ATYS Un calme heureux succede aux troubles de mon coeur. Sangaride, Nymphe charmante, Qu êtes-vous devenuë, où puis-je avoir recours? Divinité toute-puissante, Cybele, aiez pitié de nos tendres amours, Rendés-moi Sangaride, épargnés ses beaux jours. Cybele montrant à Atys Sangaride morte. Tu la peux voir, regarde. ATYS Ah! quelle barbarie! Sangaride a perdu la vie! Ah! quelle main cruelle! ah quel coeur inhumain! .... CYBELE Les coups dont elle meurt sont de ta propre main. ATYS Moi, j aurois immolé la Beauté qui m enchante? O Ciel! ma main sanglante Est de ce crime horrible un témoin trop certain! LE CHOEUR Atys lui-même, Fait perir ce qu il aime. ATYS Quoi, Sangaride est morte? Atys est son boureau! Quelle vengeance, ô Dieu! quel suplice nouveau! Quelles horreurs sont comparables Aux horreurs que je sens? Dieux cruels, Dieux impitoiables, N êtes-vous tout puissants Que pour faire des miserables? CYBELE Atys, je vous ai trop aimé Cet amour par vous-même en courroux transformé Fait voir encor sa violence Jugez, Ingrat, jugez en ce funeste jour, De la grandeur de mon amour Par la grandeur de ma vengeance. ATYS Barbare! quel amour qui prend soin d inventer Les plus horribles maux que la rage peut faire! Bien-heureux qui peut éviter Le malheur de vous plaire. O Dieux! injustes Dieux! que n êtes-vous mortels? Faut-il que pour vous seul vous gardiez la vengeance? C est trop, c est trop souffrir leur cruelle puissance, Chassons-les d ici bas, renversons leurs Autels. Quoi Sangaride est morte? Atys, Atys lui même Fait perir ce qu il aime. LE CHOEUR Atys, Atys lui-même Fait perir ce qu il aime. CYBELE ordonnant d emporter le Corps de Sangaride morte. Otés ce triste objet. ATYS Ah! ne m arrachez pas Ce qui reste de tant d appas En fussiez-vous jalouse encore, Il faut que je l adore Jusques dans l horreur du trépas. Scene V. Cybele, Melisse. CYBELE Je commence à trouver sa peine trop cruelle, Une tendre pitié r appelle L Amour que mon courroux croioit avoir banni, Ma Rivale n est plus, Atys n est plus coupable, Qu il est aisé d aimer un criminel aimable Aprés l avoir puni. Que son desespoir m épouvente! Ses jours sont en peril, et j en frémis d effroi Je veux d un soin si cher ne me fier qu à moi, Allons ... mais quel spectacle à mes yeux se presente? C est Atys mourant que je voi! Scene VI. Atys, Idas, Cybele, Melisse, Prêtresses de Cybele. IDAS soûtenant Atys. Il s est percé le sein, et mes soins pour sa vie N ont pû prévenir sa fureur. CYBELE Ah! c est ma barbarie, C est moi, qui lui perce le coeur. ATYS Je meurs, l Amour me guide Dans la nuit du trépas; Je vais où sera Sangaride, Inhumaine, je vais où vous ne serez pas. ATYS ET CYBELE Il est doux de mourir Avec ce que l on aime. CYBELE Que mon amour funeste armé contre moi-même, Me peut-il vous venger de toutes mes rigueurs. ATYS Je suis assez vengé, vous m aimez, et je meurs. CYBELE Malgré le destin implacable Qui rend de ton trépas l arrêt irrevocable, Atys, sois à jamais l objet de mes amours; Reprens un sort nouveau, deviens un Arbre aimable Que Cybele aimera toujours. Atys prend la forme de l Arbre aimé de la Déesse Cybele, que l on æpelle Pin. CYBELE Venez furieux Corybantes, Venez joindre à mes cris vos clameurs éclatantes; Venez, Nymphes des Eaux, venez Dieux des Forêts, Par vos plaintes les plus touchantes Secondez mes tristes regrets. Scene VII. Cybele, Troupe de Nymphes des Eaux, troupe de Divinitez des Bois, troupe de Corybantes. CYBELE Atys, l aimable Atys, avec tous ses attraits, Descend dans la nuit éternelle, Mais malgré la mort cruelle, L Amour de Cybele Ne mourra jamais. Sous une nouvelle figure, Atys est ranimé par mon pouvoir divin; Celebrez son nouveau destin, Pleurez sa funeste avanture. CHOEUR DES NYMPHES DES EAUX, ET DES DIVINITEZ DES BOIS Celebrons son nouveau destin, Pleurons sa funeste avanture. CYBELE Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Qu il s éleve au-dessus des arbres les plus beaux; Qu il soit voisin des Cieux, qu il regne sur les eaux Qu il ne puisse brûler que d une flâme pure. Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Le Choeur répéte ces trois derniers Vers. CYBELE Que ces rameaux soient toujours verds Que les plus rigoureux hyvers Ne leur fasse jamais d injure, Que cet Arbre sacré Soit reveré De toute la Nature. Le Choeur répéte ces trois derniers Vers. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Quelle douleur! CYBELE ET LE CHOEUR DES CORIBANTES Ah! quelle rage! CYBELE ET LES CHOEURS Ah! quel malheur! CYBELE Atys au Printemps de son âge Périt comme une fleur, Qu un soudain orage Renverse et ravage. CYBELE LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Quelle douleur! CYBELE ET LE CHOEUR DES CORIBANTES Ah! quelle rage! CYBELE ET LES CHOEURS Ah! quel malheur! Les Divinitez des Bois et des Eaux, avec les Corybantes, honorent le nouvel arbre, et le consacrent à Cybele. Les regrets des Divinitez des Bois et des Eaux, et les cris des Corybantes sont secondez et terminez par des tremblemens de Terre, par des Eclairs, et par des éclats de Tonnerre. CYBELE, ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Que le malheur d Atys afflige tout le monde. CYBELE ET LE CHOEUR DES CORYBANTES Que tout sente ici bas, L horreur d un si cruel trépas. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS, ET DES EAUX Penetrons tous les coeurs d une douleur profonde Que les Bois, que les Eaux, perdent tous leurs appas. CYBELE ET LE CHOEUR DES CORYBANTES Que le Tonnerre nous réponde; Que la Terre fremisse, et tremble sous nos pas. CYBELE ET LE CHOEUR DES DIVINITEZ DES BOIS ET DES EAUX Que le malheur d Atys afflige tout le monde. TOUS ENSEMBLE Que tout sente, ici-bas, L horreur d un si cruel trépas. Fin du cinquième et dernier Acte. Lully,Jean-Baptiste/Atys
https://w.atwiki.jp/gtasa-vehicles/pages/145.html
Rancher 概要 車種:SUV 和音:ランチャー ドア:2枚 乗員:2名 駆動:4WD モデル:シボレー・K5ブレイザー 2代目 (1981-1991) 性能 重量:2500kg 最高速:170km/h 加速:20m/s2 解説 VCから登場の大型2ドアSUV。民間仕様と警察仕様の2種がある。 また、FBI Rancherは4ドアだが、民間仕様は存在しないようである。 走行性能はオフロード用としては悪くない。耐久性能もSUVの平均といった所。 性能は田舎の車としては良い上、田舎では常に走っているという位出現率が高いので、乗る機会は多いだろう。 田舎のみの出現かと思いきやRancherに乗っていると、どういう訳かLSの都市地区や田舎でも出現するため、田舎専用の車という訳では無さそう…? GTA4でも続投。5では5ドア化したランチャーXLとして続投。ちなみにこの車のレアバージョンが5で最初に運転する車となっている。後々のオンラインのみのアプデにてヨセミテとこの車の要素が入った「ヨセミテ・ランチャー」という車も実装された。 特別仕様、レアカラー スモークガラス imageプラグインエラー 画像を取得できませんでした。しばらく時間を置いてから再度お試しください。 ミッション「Lure」で使用するはずのスモークガラス仕様のRancher。 設定ミスで、当該ミッションでは普通のRancherが使用される。通常プレイでは出現しないが、幸いチートで出せる。ただし、改造や車集めの際の輸出は不可能。 ノーマル.ver imageプラグインエラー 画像を取得できませんでした。しばらく時間を置いてから再度お試しください。 スモークガラス.ver imageプラグインエラー 画像を取得できませんでした。しばらく時間を置いてから再度お試しください。 シボレー・K5ブレイザー
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3305.html
Un salon bourgeois. Porte au fond. De chaque côté, une porte avec un œil de bœuf. Fenêtre à droite. Un paravent. Scène 1ère Coraline (Elle arrive en courant et va à la fenêtre.) Non! Je m’étais trompée! (Elle revient d’un air désappointé.) J’avais cru entendre la musique du régiment. Rien… la rue est solitaire!… pas un chat!… il n’y a que des bourgeois qui vont et viennent avec une impatience que je partage… Comme c’est triste une rue sans uniformes!… Enfin, c’est donc aujourd’hui que le Royal Berry doit entrer en ville. Quel beau régiment!… Et puis, c’est avec lui que revient Rigobert! mon petit Rigobert! le plus gentil fifre qui ait jamais fifré dans toutes les fifreris de France et de Navarre! Oh! Je me sens toute joyeuse rien que d’y penser! Chanson Ah! pour moi c’était une fête Qu’il était charmant! Quand il défilait à la tête De son régiment. Son gentil fifre à la parade Ainsi qu’aux combats Conduisait toute la brigade Et marquait le pas! Je crois encor l’entendre. Un amant aussi tendre N’aurait pas dû se rendre En d’autres garnisons Au diable le service! Faut-il que je choisisse Les plus jolis garçons! Après tout, j’aime autant qu’il arrive un peu plus tard. Mes maîtres sont encore là, et je n’aurais pas pu le recevoir, ce cher Rigobert. C’est si gênant les maîtres. Oh! mais il faudra bien qu’on me laisse l’épouser! D’abord madame ne pourra guère me refuser son consentement! Je la tiens!… Voilà quinze jours que Mr Popelinet le procureur en est devenu amoureux pour l’avoir vue à sa fenêtre! Il m’a remis au moins une douzaine de billets doux pour elle!… Oh! je dois le dire, madame les a tous déchirés… après les avoir lus, bien entendu!… Jusqu’à présent elle n’a répondu qu’une fois à cette correspondance, mais cela suffit pour la compromettre. De son côté ce bel amoureux n’a pas encore osé parler à madame, mais il y viendra et je serai encore plus indispensable. (On aperçoit au fond Popelinet.) Scène 2e Popelinet, Coraline. Popelinet Psstt!… Coraline Lui!… Je ne croyais pas si bien dire!… Comment, c’est vous, monsieur? Popelinet Puis-je entrer? Coraline C’est selon. Popelinet C’est juste, l’octroi. Je me risque et je veux enfin parler à ta belle maîtresse. Coraline Et vous croyez que je vous laisserai faire!… Popelinet Je le crois. Coraline Et vous croyez que je me tairai… Popelinet Tiens!… Voilà deux écus! Coraline Oh! les hommes! C’est il pervers. Popelinet Où est la chambre de ta maîtresse? Coraline Monsieur, vous m’avez donné six francs pour me taire, je n’ai rien à dire. Popelinet Eh bien tiens!… voilà encore six francs pour parler. Eh bien? Coraline C’est là!… Popelinet Merci!… J’y vole! Ô amour! Coraline Seulement, monsieur est avec madame. Popelinet Aïe!… Et tu ne me dis pas cela tout de suite. Coraline Partez! Qu’est-ce qu’on dirait si l’on me trouvait avec un procureur?… Popelinet Chut!… Veux-tu bien ne jamais prononcer ce motlà! Ta maîtresse doit toujours ignorer que l’auteur de ces petits-doux est un homme de loi. Cela jette du froid sur le sentiment et suffit à dépoétiser un homme!… J’ai signé mes lettres à ta maîtresse de mon prénom – Cyprien… le petit Cyprien… Et je lui ai écrit des vers où je la compare à Cypris! Cypris! Cyprien!! je ne suis, je ne dois être pour elle que le petit Cyprien… tu comprends… Au lieu de cela, le bel effet que produirait au bas d’un billet doux Popelinet, procureur!… avec paraphe! fi! cela aurait l’air d’un exploit!… Tandis que Cyprien… Coraline J’entends la voix de monsieur – partez vite… Popelinet Je disparais. Robin (au dedans) Non madame. Me Robin (id) Si monsieur!!… Scène 3e Coraline, Mr et Me Robin. M. Robin Oh! les femmes! les femmes! Mme Robin Oh! les hommes! les hommes! (Ils s’asseoient.) Coraline Monsieur a t-il besoin de moi? Robin Non! Sortez! Mme Robin Restez!… Allez chercher ma mante! mon éventail! Coraline On s’en va! tant mieux! Voilà, madame… avezvous besoin d’autre chose? Me Robin Non! Sortez! Robin Restez… Donnez-moi ma canne et mon chapeau. Me Robin Ainsi, c’est bien décidé – vous sortez. Robin Je vous l’ai dit, madame, mon ami d’enfance, Alcibiade de la Trombonnière est à la mort… il m’attend à sa campagne. Me Robin. A d’autres. Robin Coraline était là quand son domestique est venu (il donne de l’argent à Coraline – bas.) Dis comme moi! Coraline. Ah! pour ça! c’est vrai, madame! M. de la Trombonnière réclame monsieur. Me Robin. Allons donc! il se portait à merveille il y a 8 jours… je sais à quoi m’en tenir… Trio. Mme Robin Couplets. 1. Prend-on son habit de dimanche Pour aller soigner un voisin? Met-on une cravatte blanche Quand on n’est pas le médecin? C’est pour quelque intrigue amoureuse. Ah! que je suis donc malheureuse! 2. C’est donc pour un ami d’enfance Que vous vous êtes mis en frais. Vous sentez le musc et l’essence Vous vous êtes rasé de frais. C’est pour quelque intrigue amoureuse Grand Dieu! que je suis malheureuse. Ensemble. M et Mme Robin Ah! l’agréable ménage L’inventeur du mariage Fut quelque sot personnage Qui n’avait plus sa raison Vraiment la chose est bien claire C’est un enfer sur la terre Ah! si c’était à refaire Comme je répondrais non! Coraline Ah! le joli mariage Mon maître dans son ménage Joue un bien sot personnage C’est à perdre la raison Vraiment, la chose est bien claire C’est un enfer sur la terre Et si c’était à refaire Je crois qu’il répondrait non! Robin Mais vous êtes charmante. Me Robin Vous êtes bien bon, Dieu merci. Robin Quoi? Vous prenez votre mante. Mais vous sortez donc aussi? Me Robin A l’instant, oui, je m’absente Je dois faire comme vous. Une visite importante Adieu donc, mon cher époux Je dois sortir comme vous. Robin Partez, si vous le trouvez bon. Me Robin Merci de la permission. Coraline Quel couple aimable et sans façon. Tous Quel enfer que cette maison. Reprise de l’Ensemble. Ah! l’agréable ménage! Etc. Scène 4eme Coraline, Mme Robin. Coraline En voilà un de parti!… A madame à présent. Mme Robin Eh bien! Il part et il veut me faire croire qu’il va à la campagne! un vendredi et un treize! lui, l’homme le plus superstiticieux de la terre! plus souvent, et il ne t’a pas dit de l’attendre, de lui laisser la lumière, lui qui a peur de tout. Coraline Le fait est que ce n’est pas dans ses habitudes! D’ailleurs… si j’osais parler! Me Robin Tu sais quelque chose?… Coraline Tout à l’heure, monsieur m’a glissé deux écus pour me faire dire que j’avais vu le domestique de son pauvre ami, Mr de la Trombonnière. Me Robin J’en étais sûre! oh! je suis furieuse… je me vengerais, je ne suis pas embarrance pour cela… Je m’en vais de ce pas trouver quelqu’un qui me donnera un bon conseil. Coraline. Vous avez raison! (à part) Quel bonheur! Elle s’en va aussi! Me Robin. Si toutefois mon mari rentrait, tu lui diras que je veux plaider en séparation et que j’ai été consulter un procureur. Coraline Un procureur?… Et lequel?… Me Robin Il n’y en a qu’un dans la ville!… C’est maître Popelinet. Coraline Lui!… Mais madame! Me Robin Pas d’observations!… Ah! Mr Robin… Coraline. Si vous saviez… Me Robin Adieu. (Elle sort.) Scène 5e Coraline Eh! bien, le hasard est étrange!… Elle ne se doute pas qu’en allant chez le procureur, c’est chez un amoureux, chez le petit Cyprien qu’elle va! Quel quiproquo! (On entend une marche militaire.) Qu’entends-je? (Elle écoute.) Eh! mais oui… c’est bien cela!… C’est le régiment de Rigobert, le Royal Berri qui entre en ville! Rigobert se dirige de ce côté! les autres fifres le suivent. Eh bien! Est-ce qu’il va les amener? mon Dieu! Qu’est-ce que je vais faire de tout ce monde-là? Scène 6eme Coraline, Rigobert et dix fifres. Les fifres (se précipitant dans la salle.) Nous voilà! (ter) Nous voilà! (ter) Coraline D’où venez-vous, mon prétendu? Parle, dis-moi, d’où reviens-tu? Rigobert D’où je reviens? Coraline Oui, d’où tu viens? Rigobert 1. Nous revenons de Lille en Flandre Où nous fêtions Mars et Vénus Mars pour sa bière bonne à prendre Vénus pour compléter Bacchus! Ah! De mon fifre, de ma rapière L’effet brillant ne fut pas long! Là-bas, les buveuses de bière Vous disent qu’on soit noir ou blond. Turlututu… rrrlututu!… rrrlurutaine! Demandez à mon capitaine Turlututu!… rrrlututu!… rrrlututu!… Pour moi tous les cœurs ont battu! Chœur Turlututu, rlututu taines! Toujours de nouvelles fredaines Turlututu! rlutututu! Ah! quel succès nous avons eu! 2. Mais j’ai fait bonne résistance N’aimant que vous, ô ma beauté! Je suis un clou pour la constance Un chien pour la fidélité… Des preuves vous agréeraient-elles? J’en ai sur moi suffisamment… J’ai vos cheveux et vos bretelles… Est-ce là de l’attachement? Turlututu! rrrlututu! rrrlutututaine! Demandez à mon capitaine Turlututu! rrrlututu! rrrlututu!… Mon cœur pour vous seule a battu!! (Rigobert embrasse Coraline.) Reprise de l’ensemble. Tirlututu! Etc. etc. Coraline Modérez-vous… nous avons du temps à nous… madame est en visite. Rigobert Une femme qui cause… ça durera bien une petite heure. Les fifres Oh! oui! Coraline. Chez son procureur! La Rose. Un procureur! Ça en durera deux! Coraline Et elle lui dit du mal de son mari. La Tulipe Ça en durera trois! La Valeur Et c’est encore trop peu pour nous, ma toute belle! Rigobert Enfin! Voyons profitons de temps et puisque personne ne peut nous déranger… Qu’as-tu à nous offrir? Coraline Oh! mon Dieu rien!… La Rose. Pas de provisions? La Tulipe (ouvrant le buffet.) Le buffet est vide! La Valeur Voilà une maison mal tenue. L’Espérance. Et les clefs de la cave. Coraline C’est madame qui les a. Tous Oh! c’est indigne. La Tulipe Alors, puisqu’il n’y a rien à grignotter (Il embrasse la main de Coraline.) La Rose Puisqu’il n’y a rien à se mettre sous la dent… (Il embrasse l’autre main.) Tous. A la guerre comme à la guerre. Rigobert Eh! Eh! camarades! Pas de ça! La Rose On ne la mangera pas, la belle! Rigobert. Je l’espère bien. 1er fifre (La Rose.) Voyons! Donnez-nous un peu de nouvelles? La Tulipe. Est-ce que le vieil échevin a toujours cette petite servante blonde? Coraline Toujours. La Tulipe Tant mieux! On y retournera! La Rose Et madame la présidente a-t-elle conservé sa camériste? une grande brune? Coraline Sans doute. La Rose O merveille! Ah! comme elle faisait bien les crêpes. La Valeur Marinette la bouquetière est-elle encore au coin de la grande place? Coraline Non! Elle est partie pour Paris! La Valeur C’est dommage! L’Epsérance Louison est-elle restée au service du receveur des Jabelles? Coraline Non! Elle l’a épousé. L’Espérance Tant pis! La Rose Pour le receveur? Coraline Je ne sais pas. Rigobert Ah! ça! voyons, camarades, si vous causez toujours… La Tulipe Bah! Tu as bien le temps! La Valeur Et puis, ce que tu veux dire à Coraline, nous le lui dirons bien nous-mêmes. Elle est charmante! L’Espérance. Elle a le plus joli sourire. Jolicœur Le pied le plus mignon. Fanfan Les yeux les plus agaçants. 7e fifre La taille la plus fine. La Grenade. Le bras le plus rond… Elle est adorable! Tous Adorable! Rigobert. Mais je le sais bien. Un instant, un instant! Mais c’est à moi seul que revient… (On frappe.) Coraline. Ah! mon Dieu… écoutez… Me Robin (au dehors) Allons donc!… Coraline… Dormez-vous? Coraline C’est madame… si l’on me trouvait avec tout un régiment caché ici, c’est pour le coup qu’on me donnerait mon congé… là… là… entrez vite. Rigobert Oh! les bourgeois… ça vous dérange toujours. (Ils entrent à droite.) Scène 7e Me Robin, Coraline. Me Robin. Vous avez mis bien du temps à venir. Coraline Je m’étais endormie… Je croyais rêver que madame frappait et que je courais lui ouvrir! Me Robin Maître Popelinet était sorti. Coraline Ah! tant mieux. Me Robin Pourquoi tant mieux… Coraline Pour rien, madame… Me Robin Mais j’ai laissé à son clerc mon nom et mon adresse, en lui recommandant de lui dire que je l’attendais et que mon mari était absent. Coraline (à part) Voilà un message qui produira de l’effet. Mme Robin Sans doute il ne tardera pas. Coraline. C’est probable. (à part) Pourvu que Rigobert et ses camarades se tiennent tranquilles… de petits diables comme eux… comment vais-je pouvoir les faire évader!… (haut) Madame est fatiguée… elle devrait rentrer dans sa chambre et se reposer… Me Robin. C’est inutile… (On frappe.) On a frappé. Coraline Ah! mon Dieu! madame se trompe. Me Robin Je vous dis qu’on frappe. Coraline. En effet… (revenant) Madame! madame… c’est Mr Popelinet. Me Robin Lui! Qu’il entre vite! Coraline Entrez monsieur. (à part) Ma foi! Ils se débrouilleront comme ils pourront! (Elle sort.) Scène 8e Me Robin, Popelinet. Me Robin Mais monsieur je ne comprends rien à vos procédés. Comment, vous me parlez d’amour. Popelinet Votre lettre ne m’y autorise-elle pas? Me Robin Quelle lettre? Popelinet Eh! bien, mais, votre réponse à mes lettres, ce cri du cœur de six pages, effleuve d’une âme rêveuse et incomprise, victime d’un idiot de mari que je ne qualifierai pas davantage. Ah! quelles émotions! quand je l’ai trouvée comme je vous le demandais dans le creux… Me Robin Quel creux? Popelinet Du quatrième seule… Me Robin Lequel seule? Popelinet Où mon prénom était gravé sur l’écorce à côté du votre Cyprien – Olympe et Cyprien – avec un cœur au-dessous, traversé d’une flèche. Me Robin Quoi! Cyprien! Le petit Cyprien qui m’écrivait c’est vous! Popelinet Sans doute! Je suis le petit Cyprien. Me Robin (à part). Ah! Je me le figurais tout autre. Popelinet Ne le saviez-vous pas quand vous êtes venu chez moi tout-à-l’heure… quand vous m’avez fait demander? J’ai cru que Coraline vous avait dit qui j’étais. Me Robin Du tout… c’est au procureur que je m’adressais… Popelinet Ô désillusion… Me Robin. Mais, n’importe monsieur, je suis bien aise de vous voir… cette lettre imprudente que je vous ai écrite dans un moment d’égarement, de dépit contre mon mari, vous l’avez, n’est-ce pas? Popelinet Si je l’ai! Elle ne me quitte jamais! Me Robin Vous allez me la rendre!… Popelinet Moi… madame… un pareil sacrifice!… Jamais!… Scène 9e Les mêmes, Coraline, puis un traiteur Nègre. Coraline Madame, voci un traiteur qui apporte à souper. Me Robin Il se trompe. Popelinet Non! Quand vous m’avez fait demander, j’ai commandé ce repas… j’espérais que vous consentiriez… Me Robin Moi monsieur! Certes, je ne suis pas folle de mon mari, mais ce n’est pas un motif… Popelinet Oh! ne refusez pas… et en retour, cette lettre, ce trésor de lettre, ce gage épistolaire que vous avez la cruauté de me redemander… Me Robin. Vous me le rendriez? Popelinet. Je ne dis pas non. Me Robin Allons, je consens. Popelinet Servez chaud! Me Robin Il le faut bien – Imprudente. Scène 10e Popelinet Tu n’as rien oublié? La dinde truffée. Le Traiteur La dinde y est. Rigobert Eh bien! J’en vois de belles!… Coraline Tout est prêt! Rigobert Et le fumet des truffes qui vient jusqu’à moi!… Je ne réponds pas de mes camarades. Me Robin (à Coraline). Tu souperas avec nous! Popelinet Quoi vous voulez? Me Robin Je l’exige. Popelinet Un tête à tête à trois… Rigobert Que ne m’invite-t-on aussi?… (Bruit de serrure) Coraline On ouvre la porte en bas! Me Robin Il n’y a que mon mari qui ait un passe-partout. Popelinet Le mari… diantre!… Cachez-moi! Me Robin (à part) Cachons tout ça!… Ah! mon Dieu! me voilà compromise par ma faute… situation cruelle… (Coraline et Mme Robin emportent la table au fond.) Popelinet Mais cachez-moi donc. Coraline Non pas là!… Monsieur vous trouverait tout de suite… (Elle le pousse à droite.) Scène 11e Robin, Rigobert et Popelinet, cachés. Robin (avec une lanterne.) Ouf! quelles angoisses!… ces lueurs sur la route! ce vent dans mes oreilles et les arbres comme des fantômes avec leurs grands bras. Ah! J’ai cru que j’avais le diable à mes trousses… Dieu merci! je suis chez moi, bien chez moi, respirons! C’est égal, je suis furieux! ô Isabelle!… comme elle me trompait. Rigobert Isabelle!! Je connais ce nom-là! Robin Ah! Je ne suis pas près de repasser… rue aux Oies! Popelinet Rue aux oies… c’est mon quartier. Robin A peine avions-nous commencé à souper, et un souper tout aux truffes, que j’entends traîner un grand sabre, on frappe avec fracas. C’était un officier du régiment arrivé ce soir… Rigobert Mon capitaine! parbleu! Robin Arrivé ce soir!… Elle a prétendu que c’était son frère! Popelinet Est-ce qu’il n’a pas bientôt fini de causer tout seul. Robin. Que c’était son frère!… mais je n’en suis pas la dupe… au trouble avec lequel elle m’a fait évader j’ai bien compris… après tout c’était peut-être vrai!… de toutes les façons, je devais disparaître… si je ne m’étais pas sauvé quand j’ai entendu son grand sabre traîner dans le couloir… il m’aurait… ça ne pouvait-on pas manquer, un vendredi!! j’en ai la chair de poule… Dieu merci!… grâce à mes jambes que j’ai bonnes, il a perdu mes traces. Rigobert Oh! voilà qui est bon à savoir. Popelinet Heureusement que personne ne se doute que je suis là… (il aperçoit Rigobert) Oh! Rigobert (l’apercevant) Tiens! Popelinet On m’a vu! (il disparaît.) Robin Voyons, tout le monde est couché ici… Je voudrais pourtant bien manger quelque chose… maintenant que je n’ai plus peur, j’ai très faim! mon petit souper avait si bonne mine là-bas!… et cette volaille truffée était si appétissante!… Ce que c’est que l’illusion!! il me semble que son fumet m’a suivi jusqu’ici – oui, mais mon estomac, je sens que je meure de faim. Holà! quelqu’un! Eh! Coraline!… M’entendez-vous? Olympe aussi! Scène 12e Robin, Coraline, Me Robin. Coraline Mais nous dormons, bonté divine C’est vous, monsieur? Me Robin Vous… vous ici! Robin Ça sent la truffe! Coraline et Me Robin Ça sent la truffe! Tous Ce fumet-là peut [me/nous] trahir. Sachons agir en vrai Tartuffe. Si l’on m’accuse, il faut mentir. Robin Ça sent la truffe! Coraline On sent la truffe! Me Robin Je devine… ma fête approche. Coraline. En mari galant empressé Vous avez quelque dinde en poche; Me Robin A moi, vous auriez donc pensé Robin Pas du tout! Des pieds à la tête On peut me fouiller à l’instant Je n’ai pas sur moi d’autre bête. Ensemble Il n’est pas d’autre bête. Mais ce fumet, vraiment Peut trahir de la fête Le secret à l’instant. Me Robin. C’est positif, mais cependant. Reprise Ça sent la truffe Etc. Me Robin Que je vous flaire La chose est claire Vous arrivez d’un souper fin. Robin. Non! Je t’assure A preuve sûre C’est que j’arrive mort de faim. Sers moi du pain et du fromage Vous allez voir quel appétit Entendez-vous ce que j’ai dit. Me Robin Mais nous vous pensions en voyage. Nous n’avons rien! Robin Comment!… vous n’avez rien! Ça sent la truffe ici… Me Robin Vous plaisantez… Robin Ça sent la truffe ici… Me Robin Vous radotez! Assez flairé j’imagine Votre estomac a beau gémir Allez dormir Ensemble En rêvant cuisine [Vous croirez / Je croirai] manger [Venez / Allons][qui dort dîne / nous consoler!] (Ils vont pour sortir – On entend du bruit.) Robin Qu’est-ce que cela? Coraline Ah! mon Dieu! Popelinet Qu’est-ce qui arrive… Que je voudrais donc m’en aller! Me Robin Je tremble. Robin Il y a donc quelqu’un là… Me Robin Mais… Tous. Un soldat! Scène 13e Les mêmes, Rigobert. Coraline Maladroit! Rigobert C’est exprès! Tu vas voir! Je les tiens tous les deux. Robin Ah! ça, militaire, comment vous trouvez-vous làdedans? Rigobert Pas trop bien!… Robin N’équivoquons pas! Est-ce mademoiselle qui vous a introduit? Rigobert Mademoiselle? Ah! tiens, je n’avais pas remarqué… je vous salue, mesdemoiselles… ce sont vos filles? le lys et la rose, deux fleurs charmantes… Robin Répondez… qui vous a ouvert la porte? Rigobert Est-ce que j’entre par les portes? Robin Par la fenêtre alors? une escalade! Rigobert Moi par les fenêtres!… pour casser les vitres! pas davantage. Robin Hein! Et par où donc, s’il vous plaît, êtes-vous passé… jeune homme. Rigobert A travers la muraille… comme c’est mon habitude. Robin Allons donc! Rigobert Ça m’est plus commode. Coraline C’est qu’il ne rit pas! Rigobert Vous regardez mon habit. C’est un de mes 36 costumes… je suis un sorcier. Tous Un sorcier! Rigobert Toutes les fois qu’un régiment couche quelque part, je fais ma ronde de nuit d’un bout de la ville à l’autre au travers des cloisons… je me suis trompé de direction, voilà tout… n’est-ce pas mesdemoiselles? Robin Ne m’approchez pas. Popelinet Que je voudrais donc m’en aller? Rigobert Les sorciers vous font peur! Robin Mais certainement… et si vous êtes réellement un sorcier. Coraline Est-il bête? Rigobert Vous en doutez… (Il fait un trait de fifre, les camarades cachés lui répondent sur leurs fifres.) Popelinet Ah! mon Dieu! qu’est-ce que j’ai entendu… Robin Qu’est-ce que c’est que ça? Rigobert Ça c’est un fifre… un fifre enchanté. Robin Enchanté… Quatuor. Rigobert (à part.) Ah! la farce est bonne! Et déjà je voi Que chacun frissonne Tremblant devant moi Pour sortir d’affaire Sans dévoiler rien J’ai trouvé j’espère Le meilleur moyen! Ensemble. Caroline et Me Robin Ah! la farce est bonne Je comprends, ma foi Son aplomb m’étonne Pour moi plus d’effroi Pour sortir d’affaire Sans dévoiler rien Il a pris j’espère Le meilleur moyen Rigobert De peur il frissonne Je vois son effroi Non jamais personne N’eût-un tel émoi! Ici je veux faire Le diable si bien Que lui mon compère N’y comprendra rien Ici que veut faire Ce magicien Comment m’en défaire! Vrai! je n’en sais rien! Robin J’ai peur je frissonne Je tremble d’effroi Non jamais personne N’eut plus peur que moi! Helas comment faire Et par quel moyen Me tirer d’affaire Vrai! je n’en sais rien! Rigobert (à Robin.) Je sais tout, Isabelle à souper vous pria! (à Me Robin.) Ce procureur modèle Cyprien… il est là Reprise de l’ensemble J’ai peur, je frissonne Etc. Rigobert Mon pouvoir incroyable Peut ici vous offrir Un souper que le diable Sur-le-champ va servir Robin Mon Dieu! mon Dieu! serait-ce un vrai sorcier? Me Robin (à part.) Ô ciel! ô ciel! veut-il nous effrayer Reprise de l’ensemble J’ai peur, je frissonne Etc. Rigobert. Acceptez-vous le souper, dites. Robin Un bon souper! c’est bien tentant! Rigobert. C’est l’affaire d’une minute D’un ou deux appels de ma flûte Ne craignez rien, ou faites mieux Soufflez vous même… je le veux Mr Robin ferme les yeux. Rigobert lui fait souffler dans son fifre, fait signe à Mme Robin et à Caroline d’apporter la table. Robin Turlututun m’entendez-vous Turlutu, m’entendez-vous cric! crac! parait Et disparait Vous êtes servi, tout est prêt Mme Robin Nous sommes servis tout est prêt. Robin Ah! le sortilège est complet! Ensemble. Robin Une voix me conseille conseille De fuir ce festin Mais on n’a pas d’oreille d’oreille Alors qu’on meurt de faim! Les autres La frayeur lui D’éviter ce festin Mais on n’a pas Alors qu’on meurt de faim Ensemble. A table! à table! à table! Près [d’une femme / d’un convive] aimable Rien n’est plus agréable Qu’un souper fin Qu’un gai festin! Popelinet Les voilà tous à table Et moi je meurs de faim Rigobert Eh bien! que dites-vous de ce régal Pour un souper du diable, il n’est pas mal. Caroline Mais pour finir la fête Que ce fifre charmant De quelque chansonnette Soit l’accompagnement. Robin (parlé.) Tiens, une chanson de fifre?… ca me va assez. Rigobert Faut-il plus d’un fifre Pour vous divertir Qu’importe le chiffre Faites-vous servir! Et loin d’en rabattre En voulez vous deux, en voulez vous trois En voulez vous quatre Ou cinq ou six, tous à la fois Allons paraissez à ma voix Robin Comment tant de fifres que ça (Traits de fifre, à chaque trait un soldat sort.) Robin Ah! grand Dieux. Qu’est-ce que je vois C’est trop de fifres à la fois. Rigobert Allons, camarades, buvez Tous Buvons Rigobert Et en avant la chanson du fifre. Tous. Oui la chanson du fifre. Scène 12e Les memes. Les fifres. Couplets. Rigobert C’est ce fifre là Ce beau fifre là On peut tout quand on l’a Il est merveilleux Mais les curieux N’y touchent que des yeux 1. Qui gazouille, qui roucoule Mieux que l’oiseau dans les airs? Qui fait attirer la foule Aux endroits les plus déserts? Qui découvre au fond des mers Les secrets les plus cachés? Qui trouble le cœur des femmes Et des mari debauchés Tous Qui, qui, qui Rigobert C’est ce fifre là etc. Tous C’est ce fifre là Etc. 2. Rigobert Qui prévient de nos parades Le bourgeois que ca distrait? Qui prévient les camarades Attardés au cabaret? D’une gamme plus soudaine S’il survient quelques jaloux Qui prévient son capitaine S’oubliant au rendez-vous? Tous Qui, qui, qui qui Rigobert C’est ce fifre là Etc. Tous C’est ce fifre là (Caroline bat aux chmaps sur une assiette. Les fifres sonnent. Mr et Mme Robin défilent d’un air hébété.) Les fifres A table! à table! Robin (retournant le fifre dans ses mains.) C’est merveilleux! ainsi, en soufflant la dedans on obtient tout ce qu’on désire? Rigobert Tout! absolument! Robin Alors, vous croyez que ça pourrait servir à changer le caractère de ma femme? Mme Robin Hein?… Robin Ce serait un véritable bienfait! militaire, l’humeur de ma femme voyez-vous!… Un mélange de salpetre et de soupe au lait… Rigobert Ça doit aigrir! Mme Robin Monsieur!… Robin Et de plus volontaire, acariatre! Mme Robin Vous êtes un sot! Robin Hein? qu’est-ce que je vous disais! Mme Robin Ah! je suis la plus malheureuse des femmes. Robin Et moi le plus ennuyé des maris! Mme Robin Me faire une scène devant tout le monde! Ah! monsieur nous plaiderons! nous nous séparerons! Robin De grand cœur! ah! si j’avais un procureur sous la main. Rigobert (faisant un signe à Caroline) Vous voulez un procureur? Scène 14e Les mêmes, Popelinet (Popelinet paraît, de grandes lunettes sur le nez.) Rigobert. L’animal demandé! Robin C’est merveilleux! quel fifre!… Popelinet (à part) Attends!attends!… Mme Robin (bas.) Quelle imprudence! Popelinet (bas.) Vous allez voir! (nazillant) Eh bien, mon bon Mr Robin?… Robin Il sait mon nom! Popelinet Il s’agit d’une séparation! ça ne va pas être long! Robin Il va arranger mon affaire! Popelinet hein! hein! (il s’appuie sur le dossier d’une chaise.) Dans la cause appelée, je me présente pour Mr Robin! Vous me direz qu’allait faire ce ce soir votre rue aux oies? Robin Hein? Mme Robin Que dit-il? Popelinet Rue aux oies, chez la séduisante Isabelle!… Robin. Ah! ça est-ce qu’il ne va pas se taire? Mme Robin Quoi! Monsieur! Robin C’est faux! Popelinet. Eh bien, oui, messieurs! j’en conviens! j’ajoute qu’il y serait encore si le capitaine ne l’en avait fait fuir avec son grand sabre. Robin Il plaide mon affaire tout de travers! j’aurais pris le fifre du mauvais côté. Popelinet (tirant des papiers de sa poche.) Et maintenant faut-il vous lire cette correspondance… « O Cyprien… (se reprenant) Non! ca n’est pas ça! Mme Robin Ma lettre! Caroline (l’enlevant.) Ja la tiens! Popelinet Ma lettre! rendez-moi ma lettre! Robin Qu’est-ce que c’est? Eh! mais je le reconnais! c’est Mr Popelinet… Comment! chez moi! à une pareille heure. Caroline (bas à Robin.) Ne me perdez pas, Monsieur! il venait pour moi! Mme Robin Elle me sauve! Popelinet Elle nous sauve! Coraline Et maintenant, si Mr voulait consentir à mon mariage? Robin Avec Popelinet. Coraline Non Monsieur! il est trop laid! avec Rigobert. Rigobert Présent! Robin Ah! lui aussi! (à part) pauvre militaire! (à Caroline.) Mais n’auras tu pas peur de lui? Coraline Oh! non! Monsieur! il est bon diable! Robin Allons! allons! (à Mme Robin) Oublions tout cela ma mie, je te promets de ne plus retourner chez Isabelle. Mme Robin Soit! je pardonne! Robin Et moi, Monsieur le militaire, je vous pardonne aussi, car je comprends votre sorcellerie… je me disais aussi… hum! hum! ça sent la truffe! Rigobert (au public.) C’est l’heure de la retraite Nous rentrons tous au quartier Qu’ici grâce nous soit faite Pour ce plat de mon métier Mme Robin Il n’a pas le privilège D’être sorcier blanc ou noir Caroline Et l’unique sortilège Qu’il a cru trouver ce soir. Rigobert C’est ce fifre là Je n’ai que celui-là Quel est son pouvoir? On va le savoir S’il vous a plu ce soir!… Un salon bourgeois. Porte au fond. De chaque côté, une porte avec un œil de bœuf. Fenêtre à droite. Un paravent. Scène 1ère Coraline (Elle arrive en courant et va à la fenêtre.) Non! Je m’étais trompée! (Elle revient d’un air désappointé.) J’avais cru entendre la musique du régiment. Rien… la rue est solitaire!… pas un chat!… il n’y a que des bourgeois qui vont et viennent avec une impatience que je partage… Comme c’est triste une rue sans uniformes!… Enfin, c’est donc aujourd’hui que le Royal Berry doit entrer en ville. Quel beau régiment!… Et puis, c’est avec lui que revient Rigobert! mon petit Rigobert! le plus gentil fifre qui ait jamais fifré dans toutes les fifreris de France et de Navarre! Oh! Je me sens toute joyeuse rien que d’y penser! Chanson Ah! pour moi c’était une fête Qu’il était charmant! Quand il défilait à la tête De son régiment. Son gentil fifre à la parade Ainsi qu’aux combats Conduisait toute la brigade Et marquait le pas! Je crois encor l’entendre. Un amant aussi tendre N’aurait pas dû se rendre En d’autres garnisons Au diable le service! Faut-il que je choisisse Les plus jolis garçons! Après tout, j’aime autant qu’il arrive un peu plus tard. Mes maîtres sont encore là, et je n’aurais pas pu le recevoir, ce cher Rigobert. C’est si gênant les maîtres. Oh! mais il faudra bien qu’on me laisse l’épouser! D’abord madame ne pourra guère me refuser son consentement! Je la tiens!… Voilà quinze jours que Mr Popelinet le procureur en est devenu amoureux pour l’avoir vue à sa fenêtre! Il m’a remis au moins une douzaine de billets doux pour elle!… Oh! je dois le dire, madame les a tous déchirés… après les avoir lus, bien entendu!… Jusqu’à présent elle n’a répondu qu’une fois à cette correspondance, mais cela suffit pour la compromettre. De son côté ce bel amoureux n’a pas encore osé parler à madame, mais il y viendra et je serai encore plus indispensable. (On aperçoit au fond Popelinet.) Scène 2e Popelinet, Coraline. Popelinet Psstt!… Coraline Lui!… Je ne croyais pas si bien dire!… Comment, c’est vous, monsieur? Popelinet Puis-je entrer? Coraline C’est selon. Popelinet C’est juste, l’octroi. Je me risque et je veux enfin parler à ta belle maîtresse. Coraline Et vous croyez que je vous laisserai faire!… Popelinet Je le crois. Coraline Et vous croyez que je me tairai… Popelinet Tiens!… Voilà deux écus! Coraline Oh! les hommes! C’est il pervers. Popelinet Où est la chambre de ta maîtresse? Coraline Monsieur, vous m’avez donné six francs pour me taire, je n’ai rien à dire. Popelinet Eh bien tiens!… voilà encore six francs pour parler. Eh bien? Coraline C’est là!… Popelinet Merci!… J’y vole! Ô amour! Coraline Seulement, monsieur est avec madame. Popelinet Aïe!… Et tu ne me dis pas cela tout de suite. Coraline Partez! Qu’est-ce qu’on dirait si l’on me trouvait avec un procureur?… Popelinet Chut!… Veux-tu bien ne jamais prononcer ce motlà! Ta maîtresse doit toujours ignorer que l’auteur de ces petits-doux est un homme de loi. Cela jette du froid sur le sentiment et suffit à dépoétiser un homme!… J’ai signé mes lettres à ta maîtresse de mon prénom – Cyprien… le petit Cyprien… Et je lui ai écrit des vers où je la compare à Cypris! Cypris! Cyprien!! je ne suis, je ne dois être pour elle que le petit Cyprien… tu comprends… Au lieu de cela, le bel effet que produirait au bas d’un billet doux Popelinet, procureur!… avec paraphe! fi! cela aurait l’air d’un exploit!… Tandis que Cyprien… Coraline J’entends la voix de monsieur – partez vite… Popelinet Je disparais. Robin (au dedans) Non madame. Me Robin (id) Si monsieur!!… Scène 3e Coraline, Mr et Me Robin. M. Robin Oh! les femmes! les femmes! Mme Robin Oh! les hommes! les hommes! (Ils s’asseoient.) Coraline Monsieur a t-il besoin de moi? Robin Non! Sortez! Mme Robin Restez!… Allez chercher ma mante! mon éventail! Coraline On s’en va! tant mieux! Voilà, madame… avezvous besoin d’autre chose? Me Robin Non! Sortez! Robin Restez… Donnez-moi ma canne et mon chapeau. Me Robin Ainsi, c’est bien décidé – vous sortez. Robin Je vous l’ai dit, madame, mon ami d’enfance, Alcibiade de la Trombonnière est à la mort… il m’attend à sa campagne. Me Robin. A d’autres. Robin Coraline était là quand son domestique est venu (il donne de l’argent à Coraline – bas.) Dis comme moi! Coraline. Ah! pour ça! c’est vrai, madame! M. de la Trombonnière réclame monsieur. Me Robin. Allons donc! il se portait à merveille il y a 8 jours… je sais à quoi m’en tenir… Trio. Mme Robin Couplets. 1. Prend-on son habit de dimanche Pour aller soigner un voisin? Met-on une cravatte blanche Quand on n’est pas le médecin? C’est pour quelque intrigue amoureuse. Ah! que je suis donc malheureuse! 2. C’est donc pour un ami d’enfance Que vous vous êtes mis en frais. Vous sentez le musc et l’essence Vous vous êtes rasé de frais. C’est pour quelque intrigue amoureuse Grand Dieu! que je suis malheureuse. Ensemble. M et Mme Robin Ah! l’agréable ménage L’inventeur du mariage Fut quelque sot personnage Qui n’avait plus sa raison Vraiment la chose est bien claire C’est un enfer sur la terre Ah! si c’était à refaire Comme je répondrais non! Coraline Ah! le joli mariage Mon maître dans son ménage Joue un bien sot personnage C’est à perdre la raison Vraiment, la chose est bien claire C’est un enfer sur la terre Et si c’était à refaire Je crois qu’il répondrait non! Robin Mais vous êtes charmante. Me Robin Vous êtes bien bon, Dieu merci. Robin Quoi? Vous prenez votre mante. Mais vous sortez donc aussi? Me Robin A l’instant, oui, je m’absente Je dois faire comme vous. Une visite importante Adieu donc, mon cher époux Je dois sortir comme vous. Robin Partez, si vous le trouvez bon. Me Robin Merci de la permission. Coraline Quel couple aimable et sans façon. Tous Quel enfer que cette maison. Reprise de l’Ensemble. Ah! l’agréable ménage! Etc. Scène 4eme Coraline, Mme Robin. Coraline En voilà un de parti!… A madame à présent. Mme Robin Eh bien! Il part et il veut me faire croire qu’il va à la campagne! un vendredi et un treize! lui, l’homme le plus superstiticieux de la terre! plus souvent, et il ne t’a pas dit de l’attendre, de lui laisser la lumière, lui qui a peur de tout. Coraline Le fait est que ce n’est pas dans ses habitudes! D’ailleurs… si j’osais parler! Me Robin Tu sais quelque chose?… Coraline Tout à l’heure, monsieur m’a glissé deux écus pour me faire dire que j’avais vu le domestique de son pauvre ami, Mr de la Trombonnière. Me Robin J’en étais sûre! oh! je suis furieuse… je me vengerais, je ne suis pas embarrance pour cela… Je m’en vais de ce pas trouver quelqu’un qui me donnera un bon conseil. Coraline. Vous avez raison! (à part) Quel bonheur! Elle s’en va aussi! Me Robin. Si toutefois mon mari rentrait, tu lui diras que je veux plaider en séparation et que j’ai été consulter un procureur. Coraline Un procureur?… Et lequel?… Me Robin Il n’y en a qu’un dans la ville!… C’est maître Popelinet. Coraline Lui!… Mais madame! Me Robin Pas d’observations!… Ah! Mr Robin… Coraline. Si vous saviez… Me Robin Adieu. (Elle sort.) Scène 5e Coraline Eh! bien, le hasard est étrange!… Elle ne se doute pas qu’en allant chez le procureur, c’est chez un amoureux, chez le petit Cyprien qu’elle va! Quel quiproquo! (On entend une marche militaire.) Qu’entends-je? (Elle écoute.) Eh! mais oui… c’est bien cela!… C’est le régiment de Rigobert, le Royal Berri qui entre en ville! Rigobert se dirige de ce côté! les autres fifres le suivent. Eh bien! Est-ce qu’il va les amener? mon Dieu! Qu’est-ce que je vais faire de tout ce monde-là? Scène 6eme Coraline, Rigobert et dix fifres. Les fifres (se précipitant dans la salle.) Nous voilà! (ter) Nous voilà! (ter) Coraline D’où venez-vous, mon prétendu? Parle, dis-moi, d’où reviens-tu? Rigobert D’où je reviens? Coraline Oui, d’où tu viens? Rigobert 1. Nous revenons de Lille en Flandre Où nous fêtions Mars et Vénus Mars pour sa bière bonne à prendre Vénus pour compléter Bacchus! Ah! De mon fifre, de ma rapière L’effet brillant ne fut pas long! Là-bas, les buveuses de bière Vous disent qu’on soit noir ou blond. Turlututu… rrrlututu!… rrrlurutaine! Demandez à mon capitaine Turlututu!… rrrlututu!… rrrlututu!… Pour moi tous les cœurs ont battu! Chœur Turlututu, rlututu taines! Toujours de nouvelles fredaines Turlututu! rlutututu! Ah! quel succès nous avons eu! 2. Mais j’ai fait bonne résistance N’aimant que vous, ô ma beauté! Je suis un clou pour la constance Un chien pour la fidélité… Des preuves vous agréeraient-elles? J’en ai sur moi suffisamment… J’ai vos cheveux et vos bretelles… Est-ce là de l’attachement? Turlututu! rrrlututu! rrrlutututaine! Demandez à mon capitaine Turlututu! rrrlututu! rrrlututu!… Mon cœur pour vous seule a battu!! (Rigobert embrasse Coraline.) Reprise de l’ensemble. Tirlututu! Etc. etc. Coraline Modérez-vous… nous avons du temps à nous… madame est en visite. Rigobert Une femme qui cause… ça durera bien une petite heure. Les fifres Oh! oui! Coraline. Chez son procureur! La Rose. Un procureur! Ça en durera deux! Coraline Et elle lui dit du mal de son mari. La Tulipe Ça en durera trois! La Valeur Et c’est encore trop peu pour nous, ma toute belle! Rigobert Enfin! Voyons profitons de temps et puisque personne ne peut nous déranger… Qu’as-tu à nous offrir? Coraline Oh! mon Dieu rien!… La Rose. Pas de provisions? La Tulipe (ouvrant le buffet.) Le buffet est vide! La Valeur Voilà une maison mal tenue. L’Espérance. Et les clefs de la cave. Coraline C’est madame qui les a. Tous Oh! c’est indigne. La Tulipe Alors, puisqu’il n’y a rien à grignotter (Il embrasse la main de Coraline.) La Rose Puisqu’il n’y a rien à se mettre sous la dent… (Il embrasse l’autre main.) Tous. A la guerre comme à la guerre. Rigobert Eh! Eh! camarades! Pas de ça! La Rose On ne la mangera pas, la belle! Rigobert. Je l’espère bien. 1er fifre (La Rose.) Voyons! Donnez-nous un peu de nouvelles? La Tulipe. Est-ce que le vieil échevin a toujours cette petite servante blonde? Coraline Toujours. La Tulipe Tant mieux! On y retournera! La Rose Et madame la présidente a-t-elle conservé sa camériste? une grande brune? Coraline Sans doute. La Rose O merveille! Ah! comme elle faisait bien les crêpes. La Valeur Marinette la bouquetière est-elle encore au coin de la grande place? Coraline Non! Elle est partie pour Paris! La Valeur C’est dommage! L’Epsérance Louison est-elle restée au service du receveur des Jabelles? Coraline Non! Elle l’a épousé. L’Espérance Tant pis! La Rose Pour le receveur? Coraline Je ne sais pas. Rigobert Ah! ça! voyons, camarades, si vous causez toujours… La Tulipe Bah! Tu as bien le temps! La Valeur Et puis, ce que tu veux dire à Coraline, nous le lui dirons bien nous-mêmes. Elle est charmante! L’Espérance. Elle a le plus joli sourire. Jolicœur Le pied le plus mignon. Fanfan Les yeux les plus agaçants. 7e fifre La taille la plus fine. La Grenade. Le bras le plus rond… Elle est adorable! Tous Adorable! Rigobert. Mais je le sais bien. Un instant, un instant! Mais c’est à moi seul que revient… (On frappe.) Coraline. Ah! mon Dieu… écoutez… Me Robin (au dehors) Allons donc!… Coraline… Dormez-vous? Coraline C’est madame… si l’on me trouvait avec tout un régiment caché ici, c’est pour le coup qu’on me donnerait mon congé… là… là… entrez vite. Rigobert Oh! les bourgeois… ça vous dérange toujours. (Ils entrent à droite.) Scène 7e Me Robin, Coraline. Me Robin. Vous avez mis bien du temps à venir. Coraline Je m’étais endormie… Je croyais rêver que madame frappait et que je courais lui ouvrir! Me Robin Maître Popelinet était sorti. Coraline Ah! tant mieux. Me Robin Pourquoi tant mieux… Coraline Pour rien, madame… Me Robin Mais j’ai laissé à son clerc mon nom et mon adresse, en lui recommandant de lui dire que je l’attendais et que mon mari était absent. Coraline (à part) Voilà un message qui produira de l’effet. Mme Robin Sans doute il ne tardera pas. Coraline. C’est probable. (à part) Pourvu que Rigobert et ses camarades se tiennent tranquilles… de petits diables comme eux… comment vais-je pouvoir les faire évader!… (haut) Madame est fatiguée… elle devrait rentrer dans sa chambre et se reposer… Me Robin. C’est inutile… (On frappe.) On a frappé. Coraline Ah! mon Dieu! madame se trompe. Me Robin Je vous dis qu’on frappe. Coraline. En effet… (revenant) Madame! madame… c’est Mr Popelinet. Me Robin Lui! Qu’il entre vite! Coraline Entrez monsieur. (à part) Ma foi! Ils se débrouilleront comme ils pourront! (Elle sort.) Scène 8e Me Robin, Popelinet. Me Robin Mais monsieur je ne comprends rien à vos procédés. Comment, vous me parlez d’amour. Popelinet Votre lettre ne m’y autorise-elle pas? Me Robin Quelle lettre? Popelinet Eh! bien, mais, votre réponse à mes lettres, ce cri du cœur de six pages, effleuve d’une âme rêveuse et incomprise, victime d’un idiot de mari que je ne qualifierai pas davantage. Ah! quelles émotions! quand je l’ai trouvée comme je vous le demandais dans le creux… Me Robin Quel creux? Popelinet Du quatrième seule… Me Robin Lequel seule? Popelinet Où mon prénom était gravé sur l’écorce à côté du votre Cyprien – Olympe et Cyprien – avec un cœur au-dessous, traversé d’une flèche. Me Robin Quoi! Cyprien! Le petit Cyprien qui m’écrivait c’est vous! Popelinet Sans doute! Je suis le petit Cyprien. Me Robin (à part). Ah! Je me le figurais tout autre. Popelinet Ne le saviez-vous pas quand vous êtes venu chez moi tout-à-l’heure… quand vous m’avez fait demander? J’ai cru que Coraline vous avait dit qui j’étais. Me Robin Du tout… c’est au procureur que je m’adressais… Popelinet Ô désillusion… Me Robin. Mais, n’importe monsieur, je suis bien aise de vous voir… cette lettre imprudente que je vous ai écrite dans un moment d’égarement, de dépit contre mon mari, vous l’avez, n’est-ce pas? Popelinet Si je l’ai! Elle ne me quitte jamais! Me Robin Vous allez me la rendre!… Popelinet Moi… madame… un pareil sacrifice!… Jamais!… Scène 9e Les mêmes, Coraline, puis un traiteur Nègre. Coraline Madame, voci un traiteur qui apporte à souper. Me Robin Il se trompe. Popelinet Non! Quand vous m’avez fait demander, j’ai commandé ce repas… j’espérais que vous consentiriez… Me Robin Moi monsieur! Certes, je ne suis pas folle de mon mari, mais ce n’est pas un motif… Popelinet Oh! ne refusez pas… et en retour, cette lettre, ce trésor de lettre, ce gage épistolaire que vous avez la cruauté de me redemander… Me Robin. Vous me le rendriez? Popelinet. Je ne dis pas non. Me Robin Allons, je consens. Popelinet Servez chaud! Me Robin Il le faut bien – Imprudente. Scène 10e Popelinet Tu n’as rien oublié? La dinde truffée. Le Traiteur La dinde y est. Rigobert Eh bien! J’en vois de belles!… Coraline Tout est prêt! Rigobert Et le fumet des truffes qui vient jusqu’à moi!… Je ne réponds pas de mes camarades. Me Robin (à Coraline). Tu souperas avec nous! Popelinet Quoi vous voulez? Me Robin Je l’exige. Popelinet Un tête à tête à trois… Rigobert Que ne m’invite-t-on aussi?… (Bruit de serrure) Coraline On ouvre la porte en bas! Me Robin Il n’y a que mon mari qui ait un passe-partout. Popelinet Le mari… diantre!… Cachez-moi! Me Robin (à part) Cachons tout ça!… Ah! mon Dieu! me voilà compromise par ma faute… situation cruelle… (Coraline et Mme Robin emportent la table au fond.) Popelinet Mais cachez-moi donc. Coraline Non pas là!… Monsieur vous trouverait tout de suite… (Elle le pousse à droite.) Scène 11e Robin, Rigobert et Popelinet, cachés. Robin (avec une lanterne.) Ouf! quelles angoisses!… ces lueurs sur la route! ce vent dans mes oreilles et les arbres comme des fantômes avec leurs grands bras. Ah! J’ai cru que j’avais le diable à mes trousses… Dieu merci! je suis chez moi, bien chez moi, respirons! C’est égal, je suis furieux! ô Isabelle!… comme elle me trompait. Rigobert Isabelle!! Je connais ce nom-là! Robin Ah! Je ne suis pas près de repasser… rue aux Oies! Popelinet Rue aux oies… c’est mon quartier. Robin A peine avions-nous commencé à souper, et un souper tout aux truffes, que j’entends traîner un grand sabre, on frappe avec fracas. C’était un officier du régiment arrivé ce soir… Rigobert Mon capitaine! parbleu! Robin Arrivé ce soir!… Elle a prétendu que c’était son frère! Popelinet Est-ce qu’il n’a pas bientôt fini de causer tout seul. Robin. Que c’était son frère!… mais je n’en suis pas la dupe… au trouble avec lequel elle m’a fait évader j’ai bien compris… après tout c’était peut-être vrai!… de toutes les façons, je devais disparaître… si je ne m’étais pas sauvé quand j’ai entendu son grand sabre traîner dans le couloir… il m’aurait… ça ne pouvait-on pas manquer, un vendredi!! j’en ai la chair de poule… Dieu merci!… grâce à mes jambes que j’ai bonnes, il a perdu mes traces. Rigobert Oh! voilà qui est bon à savoir. Popelinet Heureusement que personne ne se doute que je suis là… (il aperçoit Rigobert) Oh! Rigobert (l’apercevant) Tiens! Popelinet On m’a vu! (il disparaît.) Robin Voyons, tout le monde est couché ici… Je voudrais pourtant bien manger quelque chose… maintenant que je n’ai plus peur, j’ai très faim! mon petit souper avait si bonne mine là-bas!… et cette volaille truffée était si appétissante!… Ce que c’est que l’illusion!! il me semble que son fumet m’a suivi jusqu’ici – oui, mais mon estomac, je sens que je meure de faim. Holà! quelqu’un! Eh! Coraline!… M’entendez-vous? Olympe aussi! Scène 12e Robin, Coraline, Me Robin. Coraline Mais nous dormons, bonté divine C’est vous, monsieur? Me Robin Vous… vous ici! Robin Ça sent la truffe! Coraline et Me Robin Ça sent la truffe! Tous Ce fumet-là peut [me/nous] trahir. Sachons agir en vrai Tartuffe. Si l’on m’accuse, il faut mentir. Robin Ça sent la truffe! Coraline On sent la truffe! Me Robin Je devine… ma fête approche. Coraline. En mari galant empressé Vous avez quelque dinde en poche; Me Robin A moi, vous auriez donc pensé Robin Pas du tout! Des pieds à la tête On peut me fouiller à l’instant Je n’ai pas sur moi d’autre bête. Ensemble Il n’est pas d’autre bête. Mais ce fumet, vraiment Peut trahir de la fête Le secret à l’instant. Me Robin. C’est positif, mais cependant. Reprise Ça sent la truffe Etc. Me Robin Que je vous flaire La chose est claire Vous arrivez d’un souper fin. Robin. Non! Je t’assure A preuve sûre C’est que j’arrive mort de faim. Sers moi du pain et du fromage Vous allez voir quel appétit Entendez-vous ce que j’ai dit. Me Robin Mais nous vous pensions en voyage. Nous n’avons rien! Robin Comment!… vous n’avez rien! Ça sent la truffe ici… Me Robin Vous plaisantez… Robin Ça sent la truffe ici… Me Robin Vous radotez! Assez flairé j’imagine Votre estomac a beau gémir Allez dormir Ensemble En rêvant cuisine [Vous croirez / Je croirai] manger [Venez / Allons][qui dort dîne / nous consoler!] (Ils vont pour sortir – On entend du bruit.) Robin Qu’est-ce que cela? Coraline Ah! mon Dieu! Popelinet Qu’est-ce qui arrive… Que je voudrais donc m’en aller! Me Robin Je tremble. Robin Il y a donc quelqu’un là… Me Robin Mais… Tous. Un soldat! Scène 13e Les mêmes, Rigobert. Coraline Maladroit! Rigobert C’est exprès! Tu vas voir! Je les tiens tous les deux. Robin Ah! ça, militaire, comment vous trouvez-vous làdedans? Rigobert Pas trop bien!… Robin N’équivoquons pas! Est-ce mademoiselle qui vous a introduit? Rigobert Mademoiselle? Ah! tiens, je n’avais pas remarqué… je vous salue, mesdemoiselles… ce sont vos filles? le lys et la rose, deux fleurs charmantes… Robin Répondez… qui vous a ouvert la porte? Rigobert Est-ce que j’entre par les portes? Robin Par la fenêtre alors? une escalade! Rigobert Moi par les fenêtres!… pour casser les vitres! pas davantage. Robin Hein! Et par où donc, s’il vous plaît, êtes-vous passé… jeune homme. Rigobert A travers la muraille… comme c’est mon habitude. Robin Allons donc! Rigobert Ça m’est plus commode. Coraline C’est qu’il ne rit pas! Rigobert Vous regardez mon habit. C’est un de mes 36 costumes… je suis un sorcier. Tous Un sorcier! Rigobert Toutes les fois qu’un régiment couche quelque part, je fais ma ronde de nuit d’un bout de la ville à l’autre au travers des cloisons… je me suis trompé de direction, voilà tout… n’est-ce pas mesdemoiselles? Robin Ne m’approchez pas. Popelinet Que je voudrais donc m’en aller? Rigobert Les sorciers vous font peur! Robin Mais certainement… et si vous êtes réellement un sorcier. Coraline Est-il bête? Rigobert Vous en doutez… (Il fait un trait de fifre, les camarades cachés lui répondent sur leurs fifres.) Popelinet Ah! mon Dieu! qu’est-ce que j’ai entendu… Robin Qu’est-ce que c’est que ça? Rigobert Ça c’est un fifre… un fifre enchanté. Robin Enchanté… Quatuor. Rigobert (à part.) Ah! la farce est bonne! Et déjà je voi Que chacun frissonne Tremblant devant moi Pour sortir d’affaire Sans dévoiler rien J’ai trouvé j’espère Le meilleur moyen! Ensemble. Caroline et Me Robin Ah! la farce est bonne Je comprends, ma foi Son aplomb m’étonne Pour moi plus d’effroi Pour sortir d’affaire Sans dévoiler rien Il a pris j’espère Le meilleur moyen Rigobert De peur il frissonne Je vois son effroi Non jamais personne N’eût-un tel émoi! Ici je veux faire Le diable si bien Que lui mon compère N’y comprendra rien Ici que veut faire Ce magicien Comment m’en défaire! Vrai! je n’en sais rien! Robin J’ai peur je frissonne Je tremble d’effroi Non jamais personne N’eut plus peur que moi! Helas comment faire Et par quel moyen Me tirer d’affaire Vrai! je n’en sais rien! Rigobert (à Robin.) Je sais tout, Isabelle à souper vous pria! (à Me Robin.) Ce procureur modèle Cyprien… il est là Reprise de l’ensemble J’ai peur, je frissonne Etc. Rigobert Mon pouvoir incroyable Peut ici vous offrir Un souper que le diable Sur-le-champ va servir Robin Mon Dieu! mon Dieu! serait-ce un vrai sorcier? Me Robin (à part.) Ô ciel! ô ciel! veut-il nous effrayer Reprise de l’ensemble J’ai peur, je frissonne Etc. Rigobert. Acceptez-vous le souper, dites. Robin Un bon souper! c’est bien tentant! Rigobert. C’est l’affaire d’une minute D’un ou deux appels de ma flûte Ne craignez rien, ou faites mieux Soufflez vous même… je le veux Mr Robin ferme les yeux. Rigobert lui fait souffler dans son fifre, fait signe à Mme Robin et à Caroline d’apporter la table. Robin Turlututun m’entendez-vous Turlutu, m’entendez-vous cric! crac! parait Et disparait Vous êtes servi, tout est prêt Mme Robin Nous sommes servis tout est prêt. Robin Ah! le sortilège est complet! Ensemble. Robin Une voix me conseille conseille De fuir ce festin Mais on n’a pas d’oreille d’oreille Alors qu’on meurt de faim! Les autres La frayeur lui D’éviter ce festin Mais on n’a pas Alors qu’on meurt de faim Ensemble. A table! à table! à table! Près [d’une femme / d’un convive] aimable Rien n’est plus agréable Qu’un souper fin Qu’un gai festin! Popelinet Les voilà tous à table Et moi je meurs de faim Rigobert Eh bien! que dites-vous de ce régal Pour un souper du diable, il n’est pas mal. Caroline Mais pour finir la fête Que ce fifre charmant De quelque chansonnette Soit l’accompagnement. Robin (parlé.) Tiens, une chanson de fifre?… ca me va assez. Rigobert Faut-il plus d’un fifre Pour vous divertir Qu’importe le chiffre Faites-vous servir! Et loin d’en rabattre En voulez vous deux, en voulez vous trois En voulez vous quatre Ou cinq ou six, tous à la fois Allons paraissez à ma voix Robin Comment tant de fifres que ça (Traits de fifre, à chaque trait un soldat sort.) Robin Ah! grand Dieux. Qu’est-ce que je vois C’est trop de fifres à la fois. Rigobert Allons, camarades, buvez Tous Buvons Rigobert Et en avant la chanson du fifre. Tous. Oui la chanson du fifre. Scène 12e Les memes. Les fifres. Couplets. Rigobert C’est ce fifre là Ce beau fifre là On peut tout quand on l’a Il est merveilleux Mais les curieux N’y touchent que des yeux 1. Qui gazouille, qui roucoule Mieux que l’oiseau dans les airs? Qui fait attirer la foule Aux endroits les plus déserts? Qui découvre au fond des mers Les secrets les plus cachés? Qui trouble le cœur des femmes Et des mari debauchés Tous Qui, qui, qui Rigobert C’est ce fifre là etc. Tous C’est ce fifre là Etc. 2. Rigobert Qui prévient de nos parades Le bourgeois que ca distrait? Qui prévient les camarades Attardés au cabaret? D’une gamme plus soudaine S’il survient quelques jaloux Qui prévient son capitaine S’oubliant au rendez-vous? Tous Qui, qui, qui qui Rigobert C’est ce fifre là Etc. Tous C’est ce fifre là (Caroline bat aux chmaps sur une assiette. Les fifres sonnent. Mr et Mme Robin défilent d’un air hébété.) Les fifres A table! à table! Robin (retournant le fifre dans ses mains.) C’est merveilleux! ainsi, en soufflant la dedans on obtient tout ce qu’on désire? Rigobert Tout! absolument! Robin Alors, vous croyez que ça pourrait servir à changer le caractère de ma femme? Mme Robin Hein?… Robin Ce serait un véritable bienfait! militaire, l’humeur de ma femme voyez-vous!… Un mélange de salpetre et de soupe au lait… Rigobert Ça doit aigrir! Mme Robin Monsieur!… Robin Et de plus volontaire, acariatre! Mme Robin Vous êtes un sot! Robin Hein? qu’est-ce que je vous disais! Mme Robin Ah! je suis la plus malheureuse des femmes. Robin Et moi le plus ennuyé des maris! Mme Robin Me faire une scène devant tout le monde! Ah! monsieur nous plaiderons! nous nous séparerons! Robin De grand cœur! ah! si j’avais un procureur sous la main. Rigobert (faisant un signe à Caroline) Vous voulez un procureur? Scène 14e Les mêmes, Popelinet (Popelinet paraît, de grandes lunettes sur le nez.) Rigobert. L’animal demandé! Robin C’est merveilleux! quel fifre!… Popelinet (à part) Attends!attends!… Mme Robin (bas.) Quelle imprudence! Popelinet (bas.) Vous allez voir! (nazillant) Eh bien, mon bon Mr Robin?… Robin Il sait mon nom! Popelinet Il s’agit d’une séparation! ça ne va pas être long! Robin Il va arranger mon affaire! Popelinet hein! hein! (il s’appuie sur le dossier d’une chaise.) Dans la cause appelée, je me présente pour Mr Robin! Vous me direz qu’allait faire ce ce soir votre rue aux oies? Robin Hein? Mme Robin Que dit-il? Popelinet Rue aux oies, chez la séduisante Isabelle!… Robin. Ah! ça est-ce qu’il ne va pas se taire? Mme Robin Quoi! Monsieur! Robin C’est faux! Popelinet. Eh bien, oui, messieurs! j’en conviens! j’ajoute qu’il y serait encore si le capitaine ne l’en avait fait fuir avec son grand sabre. Robin Il plaide mon affaire tout de travers! j’aurais pris le fifre du mauvais côté. Popelinet (tirant des papiers de sa poche.) Et maintenant faut-il vous lire cette correspondance… « O Cyprien… (se reprenant) Non! ca n’est pas ça! Mme Robin Ma lettre! Caroline (l’enlevant.) Ja la tiens! Popelinet Ma lettre! rendez-moi ma lettre! Robin Qu’est-ce que c’est? Eh! mais je le reconnais! c’est Mr Popelinet… Comment! chez moi! à une pareille heure. Caroline (bas à Robin.) Ne me perdez pas, Monsieur! il venait pour moi! Mme Robin Elle me sauve! Popelinet Elle nous sauve! Coraline Et maintenant, si Mr voulait consentir à mon mariage? Robin Avec Popelinet. Coraline Non Monsieur! il est trop laid! avec Rigobert. Rigobert Présent! Robin Ah! lui aussi! (à part) pauvre militaire! (à Caroline.) Mais n’auras tu pas peur de lui? Coraline Oh! non! Monsieur! il est bon diable! Robin Allons! allons! (à Mme Robin) Oublions tout cela ma mie, je te promets de ne plus retourner chez Isabelle. Mme Robin Soit! je pardonne! Robin Et moi, Monsieur le militaire, je vous pardonne aussi, car je comprends votre sorcellerie… je me disais aussi… hum! hum! ça sent la truffe! Rigobert (au public.) C’est l’heure de la retraite Nous rentrons tous au quartier Qu’ici grâce nous soit faite Pour ce plat de mon métier Mme Robin Il n’a pas le privilège D’être sorcier blanc ou noir Caroline Et l’unique sortilège Qu’il a cru trouver ce soir. Rigobert C’est ce fifre là Je n’ai que celui-là Quel est son pouvoir? On va le savoir S’il vous a plu ce soir!… Offenbach,Jacques/Le fifre enchanté
https://w.atwiki.jp/pathofexile12/pages/25.html
入手方法 詳説・特徴 関連リンク Advancing Fortress Gut RipperClawsQuality +20%Physicalダメージ (44-48)-(116.6-127.2)クリティカル確率 6.30%攻撃速度 1.50武器攻撃範囲 11DPS (120.5-131.4) pDPS (120.5-131.4) ステータス要求値:LEVEL46, 80 DEX, 80 INT +44 Life gained for each Enemy hit by Attacks敵にアタックがヒットするたびにLifeを+44回復 Socketed Gems are Supported by Level 12 Fortifyこの装備にソケットされたGemはレベル12のFortifyでサポートされる 15% Chance to Block Attack Damageアタック攻撃に対するブロック率15%増加 (100-120)% increased Physical DamagePhysicalダメージが(100-120)%増加 +110 to Evasion RatingEvasion Ratingに+110 +35 to maximum Energy Shield最大Energy Shield+35 +(30-50) to maximum Life最大Life+(30-50) Reflects (71-90) Physical Damage to Melee Attackers近接アタックをしてきた相手に (71-90) Physicalダメージを反射 A man cowers behind his walls.A woman carries her fortress with her.In heart, in mind, in hand.- Sekhema Deshret 入手方法 カード等のドロップ以外の入手方法 アイテム 必要数 備考 The Wolverine 4 Atziri s Arsenal 4 Arrogance of the Vaal 8 Jack in the Box 4 詳説・特徴 関連リンク 英wiki https //pathofexile.gamepedia.com/Advancing_Fortress Unique Claws 一覧
https://w.atwiki.jp/wiki7_az/pages/41.html
blancoFixedLength ダウンロード http //hp.vector.co.jp/authors/VA027994/blanco/blancodownload.html#blancoFixedLength インストール blanco.plugin.fixedlength_0.4.2-eclipse3.1.jar を[[Eclipse]]インストールフォルダの「plugins」以下に配置する。 例)C \Program Files\eclipse311\plugins インストールの確認 [Help]-[About Eclipse SDK]-[Plug-in Details]に「BlancoFixedLength Plug-in」が表示されることを確認する。
https://w.atwiki.jp/oper/pages/2507.html
NOUVELLE ENTRÉE Les Sauvages (Le théâtre représente un bosquet d une forêt de l Amérique, voisine des colonies françaises et espagnoles où doit se célébrer la cérémonie du Grand Calumet de la Paix) Scène Première (Adario commandant les guerriers de la nation sauvage. On entend les fanfares des trompettes françaises) ADARIO Nos guerriers, par mon ordre unis à nos vainqueurs, Vont ici de la paix célébrer les douceurs; Mon coeur seul dans ces lieux trouve encore des alarmes. Je vois deux étrangers illustres par les armes, Épris de l objet de mes voeux; Je crains leurs soupirs dangereux, Et que leur sort brillant pour Zima n ait des charmes. Rivaux de mes exploits, rivaux de mes amours, Hélas! dois-je toujours vous céder la victoire? Ne paraissez-vous dans nos bois Que pour triompher à la fois De ma tendresse et de ma gloire? (apercevant ses rivaux) Ciel! Ils cherchent Zima... voudrait-elle changer? Cachons-nous... apprenons ce que je dois en croire! Sachons et si je dois et sur qui me venger! (Il se cache à l entrée de la forêt et les observe) Scène Deuxième ALVAR Damon, quelle vaine espérance Sur les pas de Zima vous attache aujourd hui? Vous outragez l amour, et vous comptez sur lui! Croyez-vous ses faveurs le prix de l inconstance? DAMON L inconstance ne doit blesser Que les attraits qu on abandonne. Non, le fils de Vénus ne peut pas s offenser Lorsque nous recevons tous les traits qu il nous donne. Un coeur qui change chaque jour, Chaque jour fait pour lui des conquêtes nouvelles, Les fidèles amants font la gloire des belles, Mais les amants légers font celle de l amour. Dans ces lieux fortunés c est ainsi que l on pense; De la tyrannique constance Les coeurs n y suivent point les lois. ALVAR (apercevant Zima) Tout les prescrit au mien... C est Zima que je vois! Scène Troisième ALVAR (à Zima) Ne puis-je vous fléchir par ma persévérance? DAMON (à Zima) Ne vous lassez-vous point de votre indifférence? ZIMA Vous aspirez tous deux à mériter mon choix; Apprenez que l amour sait plaire dans nos bois! Nous suivons sur nos bord l innocente nature, Et nous n aimons que d un amour sans art. Notre bouche et nos yeux ignorent l imposture; Sous cette riante verdure, S il éclate un soupir, s il échappe un regard, C est du coeur qu il part. DAMON, ALVAR Vous décidez pour moi; j obtiens votre suffrage. Ah! Quel heureux instant! ALVAR La nature qui seule attire votre hommage Nous dit qu il faut être constant. DAMON Elle prouve à nos yeux qu il faut être volage. La terre, les cieux et les mers Nous offrent tour à tour cent spectacles divers; Les plus beaux jours entr eux ont de la différence; N est-il défendu qu à nos coeurs De goûter les douceurs Que verse partout l inconstance? (à Zima) Voilà vos sentiments... dans vos sages climats L inconstance n est point un crime. ZIMA Non, mais vous oubliez, ou vous ne savez pas Dans quel temps l inconstance est pour nous légitime. Le choeur change à son gré dans cet heureux séjour; Parmi nos amants, c est l usage De ne pas contraindre l amour; Mais dès que l hymen nous engage, Le choeur ne change plus dans cet heureux séjour. ALVAR (montrant Damon) L habitant des bords de la Seine N est jamais moins arrêté Que lorsque l hymen l enchaîne; Il se fait un honneur de sa légèreté; Et pour l épouse la plus belle Il rougirait d être fidèle. DAMON (montrant Alvar) Les époux les plus soupçonneux Du Tage habitent les rives, Là, mille beautés plaintives Reçoivent de l hymen des fers et non des noeuds; Vous ne voyez jamais autour de ces captives Voltiger les Ris et les Jeux. Belle Zima, craignez un si triste esclavage! ALVAR (à Zima) Cédez, cédez enfin à mes soins empressés! ZIMA Je ne veux d un époux ni jaloux ni volage. (à l espagnol) Vous aimez trop, (au français) Et vous, vous n aimez pas assez. ALVAR Que vois-je? Scène Quatrième (Adario sortant avec vivacité de la forêt, Zima, charmée de son transport, lui présente la main) ZIMA C est l amant que mon coeur vous préfère. ALVAR (les apercevant) Osez-vous prononcer un arrêt si fatal! ZIMA Dans nos forêts on est sincère. ALVAR (montrant Adario) Je saurai m immoler un odieux rival. ADARIO (fièrement, à Alvar) Je craignais ton amour, je crains peu ta colère. ALVAR (l arrêtant) C en est trop... DAMON (arrêtant Alvar) Arrêtez... ALVAR (surpris) Damon, y pensez-vous? Quoi, c est vous qui prenez contre moi sa défense? DAMON (à Alvar) J ai trop protégé l inconstance Pour ne pas m opposer à l injuste courroux Qui vous est inspiré par la persévérance. (On entend un prélude qui annonce la fête) DAMON Déjà, dans les bois d alentour, J entends de nos guerriers les bruyantes trompettes. Leur sons n effrayent plus ces aimables retraites; Des charmes de la paix ils marquent le retour. (à Alvar) À vos tristes regrets dérobez ce beau jour! Que le plaisir avec nous vous arrête! ALVAR (s éloignant) Hélas! Je vais chercher un malheureux amour. DAMON (le suivant) Venez plutôt l amuser à la fête! Scène Cinquième ADARIO Je ne vous peindrai point les transports de mon coeur, Belle Zima, jugez-en par le vôtre! En comblant mon bonheur Vous montrez qu une égale ardeur Nous enflamme l un et l autre. ZIMA De l amour le plus tendre éprouvez la douceur! Je vous dois la préférence. De vous à vos rivaux je vois la différence L un s abandonne à la fureur, Et l autre perd mon coeur avec indifférence. Nous ignorons ce calme et cette violence. Sur nos bords l amour vole et prévient nos désirs. Dans notre paisible retraite On n entend murmurer que l onde et les zéphyrs; Jamais l écho n y répète de regrets ni de soupirs. ADARIO Viens, hymen, hâte-toi, suis l amour qui t appelle. ZIMA, ADARIO Hymen, viens nous unir d une chaîne éternelle! Viens encore de la paix embellir les beaux jours! Viens! Je te promets d être fidèle. Tu sais nous enchaîner et nous plaire toujours. Viens! Je te promets d être fidèle. Scène Sixième ADARIO (aux sauvages) Bannissons les tristes alarmes! Nos vainqueurs nous rendent la paix. Partageons leurs plaisirs, ne craignons plus leurs armes! Sur nos tranquilles bords qu Amour seul à jamais Fasse briller ses feux, vienne lancer ses traits! CHOEUR DES SAUVAGES Bannissons les tristes alarmes! Nos vainqueurs nous rendent la paix. Partageons leurs plaisirs, ne craignons plus leurs armes! Sur nos tranquilles bords qu Amour seul à jamais Fasse briller ses feux, vienne lancer ses traits! (Danse du Grand Calumet de la Paix, exécutée par les Sauvages) Rondeau ZIMA, ADARIO Forêts paisibles, Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs. S ils sont sensibles, Fortune, ce n est pas au prix de tes faveurs. CHOEUR DES SAUVAGES Forêts paisibles, Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs. S ils sont sensibles, Fortune, ce n est pas au prix de tes faveurs. ZIMA, ADARIO Dans nos retraites, Grandeur, ne viens jamais Offrir tes faux attraits! Ciel, tu les as faites pour l innocence et pour la paix. Jouissons dans nos asiles, Jouissons des biens tranquilles! Ah! peut-on être heureux, Quand on forme d autres voeux? Premier Menuet pour les Guerriers et les Amazones Second Menuet Prélude ZIMA Régnez, plaisirs et jeux! Triomphez dans nos bois! Nous n y connaissons que vos lois. Tout ce qui blesse la tendresse Est ignoré dans nos ardeurs. La nature qui fit nos coeurs Prend soin de les guider sans cesse. Chaconne NOUVELLE ENTRÉE Les Sauvages (Le théâtre représente un bosquet d une forêt de l Amérique, voisine des colonies françaises et espagnoles où doit se célébrer la cérémonie du Grand Calumet de la Paix) Scène Première (Adario commandant les guerriers de la nation sauvage. On entend les fanfares des trompettes françaises) ADARIO Nos guerriers, par mon ordre unis à nos vainqueurs, Vont ici de la paix célébrer les douceurs; Mon coeur seul dans ces lieux trouve encore des alarmes. Je vois deux étrangers illustres par les armes, Épris de l objet de mes voeux; Je crains leurs soupirs dangereux, Et que leur sort brillant pour Zima n ait des charmes. Rivaux de mes exploits, rivaux de mes amours, Hélas! dois-je toujours vous céder la victoire? Ne paraissez-vous dans nos bois Que pour triompher à la fois De ma tendresse et de ma gloire? (apercevant ses rivaux) Ciel! Ils cherchent Zima... voudrait-elle changer? Cachons-nous... apprenons ce que je dois en croire! Sachons et si je dois et sur qui me venger! (Il se cache à l entrée de la forêt et les observe) Scène Deuxième ALVAR Damon, quelle vaine espérance Sur les pas de Zima vous attache aujourd hui? Vous outragez l amour, et vous comptez sur lui! Croyez-vous ses faveurs le prix de l inconstance? DAMON L inconstance ne doit blesser Que les attraits qu on abandonne. Non, le fils de Vénus ne peut pas s offenser Lorsque nous recevons tous les traits qu il nous donne. Un coeur qui change chaque jour, Chaque jour fait pour lui des conquêtes nouvelles, Les fidèles amants font la gloire des belles, Mais les amants légers font celle de l amour. Dans ces lieux fortunés c est ainsi que l on pense; De la tyrannique constance Les coeurs n y suivent point les lois. ALVAR (apercevant Zima) Tout les prescrit au mien... C est Zima que je vois! Scène Troisième ALVAR (à Zima) Ne puis-je vous fléchir par ma persévérance? DAMON (à Zima) Ne vous lassez-vous point de votre indifférence? ZIMA Vous aspirez tous deux à mériter mon choix; Apprenez que l amour sait plaire dans nos bois! Nous suivons sur nos bord l innocente nature, Et nous n aimons que d un amour sans art. Notre bouche et nos yeux ignorent l imposture; Sous cette riante verdure, S il éclate un soupir, s il échappe un regard, C est du coeur qu il part. DAMON, ALVAR Vous décidez pour moi; j obtiens votre suffrage. Ah! Quel heureux instant! ALVAR La nature qui seule attire votre hommage Nous dit qu il faut être constant. DAMON Elle prouve à nos yeux qu il faut être volage. La terre, les cieux et les mers Nous offrent tour à tour cent spectacles divers; Les plus beaux jours entr eux ont de la différence; N est-il défendu qu à nos coeurs De goûter les douceurs Que verse partout l inconstance? (à Zima) Voilà vos sentiments... dans vos sages climats L inconstance n est point un crime. ZIMA Non, mais vous oubliez, ou vous ne savez pas Dans quel temps l inconstance est pour nous légitime. Le choeur change à son gré dans cet heureux séjour; Parmi nos amants, c est l usage De ne pas contraindre l amour; Mais dès que l hymen nous engage, Le choeur ne change plus dans cet heureux séjour. ALVAR (montrant Damon) L habitant des bords de la Seine N est jamais moins arrêté Que lorsque l hymen l enchaîne; Il se fait un honneur de sa légèreté; Et pour l épouse la plus belle Il rougirait d être fidèle. DAMON (montrant Alvar) Les époux les plus soupçonneux Du Tage habitent les rives, Là, mille beautés plaintives Reçoivent de l hymen des fers et non des noeuds; Vous ne voyez jamais autour de ces captives Voltiger les Ris et les Jeux. Belle Zima, craignez un si triste esclavage! ALVAR (à Zima) Cédez, cédez enfin à mes soins empressés! ZIMA Je ne veux d un époux ni jaloux ni volage. (à l espagnol) Vous aimez trop, (au français) Et vous, vous n aimez pas assez. ALVAR Que vois-je? Scène Quatrième (Adario sortant avec vivacité de la forêt, Zima, charmée de son transport, lui présente la main) ZIMA C est l amant que mon coeur vous préfère. ALVAR (les apercevant) Osez-vous prononcer un arrêt si fatal! ZIMA Dans nos forêts on est sincère. ALVAR (montrant Adario) Je saurai m immoler un odieux rival. ADARIO (fièrement, à Alvar) Je craignais ton amour, je crains peu ta colère. ALVAR (l arrêtant) C en est trop... DAMON (arrêtant Alvar) Arrêtez... ALVAR (surpris) Damon, y pensez-vous? Quoi, c est vous qui prenez contre moi sa défense? DAMON (à Alvar) J ai trop protégé l inconstance Pour ne pas m opposer à l injuste courroux Qui vous est inspiré par la persévérance. (On entend un prélude qui annonce la fête) DAMON Déjà, dans les bois d alentour, J entends de nos guerriers les bruyantes trompettes. Leur sons n effrayent plus ces aimables retraites; Des charmes de la paix ils marquent le retour. (à Alvar) À vos tristes regrets dérobez ce beau jour! Que le plaisir avec nous vous arrête! ALVAR (s éloignant) Hélas! Je vais chercher un malheureux amour. DAMON (le suivant) Venez plutôt l amuser à la fête! Scène Cinquième ADARIO Je ne vous peindrai point les transports de mon coeur, Belle Zima, jugez-en par le vôtre! En comblant mon bonheur Vous montrez qu une égale ardeur Nous enflamme l un et l autre. ZIMA De l amour le plus tendre éprouvez la douceur! Je vous dois la préférence. De vous à vos rivaux je vois la différence L un s abandonne à la fureur, Et l autre perd mon coeur avec indifférence. Nous ignorons ce calme et cette violence. Sur nos bords l amour vole et prévient nos désirs. Dans notre paisible retraite On n entend murmurer que l onde et les zéphyrs; Jamais l écho n y répète de regrets ni de soupirs. ADARIO Viens, hymen, hâte-toi, suis l amour qui t appelle. ZIMA, ADARIO Hymen, viens nous unir d une chaîne éternelle! Viens encore de la paix embellir les beaux jours! Viens! Je te promets d être fidèle. Tu sais nous enchaîner et nous plaire toujours. Viens! Je te promets d être fidèle. Scène Sixième ADARIO (aux sauvages) Bannissons les tristes alarmes! Nos vainqueurs nous rendent la paix. Partageons leurs plaisirs, ne craignons plus leurs armes! Sur nos tranquilles bords qu Amour seul à jamais Fasse briller ses feux, vienne lancer ses traits! CHOEUR DES SAUVAGES Bannissons les tristes alarmes! Nos vainqueurs nous rendent la paix. Partageons leurs plaisirs, ne craignons plus leurs armes! Sur nos tranquilles bords qu Amour seul à jamais Fasse briller ses feux, vienne lancer ses traits! (Danse du Grand Calumet de la Paix, exécutée par les Sauvages) Rondeau ZIMA, ADARIO Forêts paisibles, Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs. S ils sont sensibles, Fortune, ce n est pas au prix de tes faveurs. CHOEUR DES SAUVAGES Forêts paisibles, Jamais un vain désir ne trouble ici nos coeurs. S ils sont sensibles, Fortune, ce n est pas au prix de tes faveurs. ZIMA, ADARIO Dans nos retraites, Grandeur, ne viens jamais Offrir tes faux attraits! Ciel, tu les as faites pour l innocence et pour la paix. Jouissons dans nos asiles, Jouissons des biens tranquilles! Ah! peut-on être heureux, Quand on forme d autres voeux? Premier Menuet pour les Guerriers et les Amazones Second Menuet Prélude ZIMA Régnez, plaisirs et jeux! Triomphez dans nos bois! Nous n y connaissons que vos lois. Tout ce qui blesse la tendresse Est ignoré dans nos ardeurs. La nature qui fit nos coeurs Prend soin de les guider sans cesse. Chaconne Rameau,Jean-Philippe/Les Indes galantes
https://w.atwiki.jp/oper/pages/1477.html
TROISIÈME ACTE Le boudoir de Pluton (Mélange de sévérité et de confortable. Fauteuil et bureau de Pluton au deuxième plan de face. Au lever du rideau Eurydice est seule, dans l attitude de l ennui et de l impatience.) No. 18 Couplets des Regrets EURYDICE Personne encore Pas de nouvelles. Ah, ça, mais c est intolérable! Je m ennuie épouvantablement ici! Ah! quelle triste destinée me fait ici le dieu Pluton! Me laisser seule abandonnée! Que veut dire cet abandon! Lorsqu avec lui je suis venue, de tendresse il était pétri! Ah! mais si cela continue je vais regretter mon mari! Ah mais oui je vais regretter mon mari! L amour des dieux, disait le traître, contient d ineffables douceurs! Je vais te les faire connaître... Les dieux seraient-ils des lâcheurs? Ou donc est l ivresse inconnue que je devais goûter ici! Ah! mais si cela continue etc. Voilà deux jours que je suis seule, n ayant d autre récréation que la compagnie de ce gros bête de domestique dont on a tait mon geôlier! Ah! Encore lui!… (John Styx s avance.) JOHN (à part) Elle est bien belle! bien belle! bien belle! Ah ! si j osais!… EURYDICE C est encore toi Que me veux-tu ? JOHN Madame n a pas sonné? EURYDICE Moi? Non! JOHN Est-ce que Madame sonnera bientôt? EURYDICE Est-ce que je sais? Pourquoi? JOHN Parce que si Madame sonnait, je m empresserais d accourir… Ah! je suis bien malheureux! EURYDICE Qu est-ce que cela me fait! JOHN Puisque Madame paraît s intéresser à moi, je vais tout lui dire. (Ils s assied près d Eurydice qui se lève indignés et lui fait signe de s éloigner John se lève et époussette son siège.) Figurez-vous, Madame, que je suis la meilleure nature du monde j ai un coeur sensible et une tète faible. (Il se ressied près d Eurydice.) La femme qui m aimerait serait bien heureuse! EURYDICE Ne m approche pas! (à part) Il est affreux! JOHN Madame me repousse après un tel aveu? Ah! c est parce que je ne suis qu un domestique, n est-ce pas? Mais je n étais par mort pour porter cette livrée,Madame! Quand j étais sur terre, j étais le fils d un grand prince de Béotie! N 19 Couplets du Roi de Béotie Quand j étais roi de Béotie, j avais des sujets, des soldats, mais un jour, en perdant la vie, j ai perdu tous ces biens, hélas! Et pourtant, point ne les envie ce que je regrette en ce jour c est de ne point t avoir choisie pour te donner tout mon amour! Quand j étais roi de Béotie, quand j étais roi de Béotie! Si j étais roi de Béotie, tu serais reine sur ma foi, je ne puis plus qu en effigie t offrir ma puissance de roi. La plus belle ombre, ma chérie ne peut donner que ce qu elle a, accepte donc, je t en supplie, sous l enveloppe que voilà le cœur d un roi de Béotie, le cœur d un roi de Béotie. Voyez-vous il est une chose que le n oublierai jamais, c est l image de la femme adorable dont mon maître m a donné la garde depuis deux jours... EURYDICE Insolent! N 19 bis. Mélodrame JOHN Ah ! tenez, Madame… (On entend jouer au dehors la marche du deuxième acte.) De la musique! EURYDICE Et de la musique gaie! JOHN Mon maître… c est mon maître… il amène du monde! EURYDICE Et beaucoup de monde! JOHN Rentrez, Madame, rentrez! EURYDICE Je ne veux t pas! JOHN Ce sont les ordres de Monsieur. Vous me feriez flanquer a la porte! EURYDICE Mon petit John Styx… je t en supplie… JOHN Non, non! Rentrez.. rentrez!... EURYDICE Ah! Pluton! Tu me le paieras! JOHN Allons, allons! (Il fait entrer Eurydice au fond au moment où paraissent Pluton et Jupiter.) Il était temps! (Jupiter et Pluton entrent en se bousculant et tâchant de se devancer l un l autre.) PLUTON (bas à John) Eurydice! JOHN (bas à Pluton) Sous clef! JUPITER Où est-elle? Ou est-elle? JOHN Qui elle? Qui elle! JUPITER Eurydice! Par ma foudre, parle! PLUTON Eurydice? Comment, tu crois encore que j ai enlevé cette petite? JUPITER Parfaitement! Et je verrai bien… j ai saisi la justice! Il y a eu enlèvement et tu vas être juge par les juges des Enfers! (Paraît un huissier, chaîne d argent au cou.) L HUISSIER La Cour! JUPITER Les voici! (Minos, Eaque et Rhademente font leur entrée.) N 20 Septuor du Tribunal MINOS, EAQUE ET RHADAMANTE Minos, Eaque et Rhadamante, Rhadamante, Eaque et Minos, sous les yeux de Thémis clémente, nous présidons les tribuns les tribuns infernaux! MINOS Nul n échappe à notre colère! RHADAMANTE Ceux que Minos ne punit pas... EAQUE Rhadamante en fait son affaire! RHADAMANTE Eaque est la dans tous les cas! TOUS Minos, Eaque et Rhadamante Rhadamante, Eaque et Minos! Sous les yeux de Thémis clémente. Tous trois président - Nous présidons les tribuns, les tribuns infernaux! L HUISSIER La séance est ouverte! MINOS (à l Huissier) Faites entrer le témoin Cerbère. PLUTON (à part) Pourvu qu il! n aille pas me trahir! L HUISSIER (appelant) Le témoin Cerbère! (Aboiements au dehors. Entre Cerbère.) MINOS Témoin Cerbère, dans la soirée des Ides de Mars, le dieu Pluton revenant de la terre, est-il rentré seul ou avec une femme? CERBÈRE (à qui Pluton vient de marcher sur le pied avec intention.) Aou!... aou!... aou!... aou!... MINOS Vous l entendez? Il affirme que Pluton est rentré seul aux Enfers! (Pendant ce temps l Huissier est venu apporter des galettes a Pluton. Pluton, en cachette, donne des galettes à Cerbère.) JUPITER Attendez donc un peu ! Pluton !e bourre de galettes depuis un quart d heure. Je vais vous la montrer la vérité dans la bouche de Cerbère! (Jupiter se jette sur Cerbère et veut lui ouvrir la gueule Cerbère attrape le bras de Jupiter.) N 20 bis Mélodrame JUPITER Ah! mon bras! PLUTON Tiens bon, Cerbère! JUPITER (se dégageant, à John Styx) A moi, ma foudre! Rends-moi ma foudre que je les foudroie tous! PLUTON (à John) Ne rends pas la foudre! LES JUGES (à John) Ne rends pas la foudre! (Mélodrame à l orchestre avec crépitement et roulement de tonnerre jusqu à l apparition de l Amour. Lutte entre John Stix et Jupiter. Jupiter voulant reprendre sa foudre et John Stix ne voulant pas la lâcher.) JUPITER (qui a repris sa foudre) En poudre! En poudre, tous ces gens-là. (Au moment où Jupiter a saisi la foudre, violent coup da tonnerre, nuit complète. Pluton, John, huissiers, greffiers, juges, tout la monde se sauve. Le bureau de Pluton et les fauteuils disparaissant. Sur un fauteuil à gauche, dans un rayon de lumière, paraît Cupidon, Jupiter brandit sa foudre.) Ah! Ah! CUPIDON (riant et se carrant dans la fauteuil) Ah! ah! ah! ah! JUPITER (l apercevant) Tiens, Cupidon! CUPIDON Oh! Papa! Papa! tu me tais de la peine! JUPITER Qu est-ce qu il vient faire là ce méchant galopin? CUPIDON Il vient te sauver, ce méchant galopin! JUPITER Me sauver! CUPIDON Comment, tu cherches une femme et pour la retrouver, tu fais venir ces vieilles perruques? JUPITER Quoi, mon petit chéri, tu te chargerais… CUPIDON Il faut donc que je te la rende, ton Eurydice? JUPITER (avec élan) Oh! oui! CUPIDON (se lavant) Eh bien on va te la retrouver… A moi, ma police! A moi, les policemen de l Amour! (A peine Cupidon at-il dit cela que a paraissent de tous les côtés une vingtaine de petits agents de police de l Amour, bonnets phyrigiens, bâtons de policemen) N 21. Ronde des Policemen CHOEUR DES POLICEMEN Nez au vent oeil au guet, clairvoyant et discret, le limier de l amour doit veiller nuit et jour. Aussi fin qu un renard, très malin, peu bavard sachant tout découvrir et partout se blottir! À l amant au mari, apportant son appui, il surprend tous les jours plus de cent jolis tours. Nez au vent, etc. Doux aveux dans un coeur plein de feux et d ardeur demi-mots, tendre amour frais éclos plat du jour… Trahison, faux serments, abandon des amants, tout ceci sarpejeu, pour bibi n est qu un jeu. Nez au vent, etc. N 22. Récit et Couplets des Baisers CUPIDON Allons, mes fins limiers visitez et fouillez! Ce que de vous l on réclame c est de découvrir la femme! Cherchez bien, cherchez bien! JUPITER Ne voyez-vous rien ? LES POLICEMEN Rien! Rien! Nous ne voyons rien! CUPIDON Vous ne trouvez rien? JUPITER Vous ne trouvez rien? LES POLICEMEN Rien! Nous ne trouvons rien! CUPIDON Attendez, j ai mon moyen! JUPITER ET LES POLICEMEN Voyons, voyons ton moyen! CUPIDON Attendez, attendez! JUPITER, POLICEMEN Voyons, voyons le moyen. CUPIDON Pour attirer du fond de sa retraite une souris qui cache son museau non loin du nez de la petite bête, il faut semer quelque friand morceau. Je sais un autre stratagème qui doit faire de son réduit sortir une femme qu on aime ce stratagème, c est un bruit; mais il faut que ce joli bruit soit bien mignon et bien gentil! Ah! (imitant le bruit des baisers.) Allez-y, la petit bête va répondre au bruit, la petit bête va répondre au bruit! LE CHOEUR (imitent les baisers) Allez-y la petit bête, etc. CUPIDON Lorsque l on veut attirer l alouette, on fait briller un miroir à ses yeux et sans retard on b voit la coquette en voltigeant accourir à ses feux! Une femme, c est tout de même, par ses faiblesses on la séduit; tout ce qu elle veut, c est qu on l aime et c est t ainsi qu on le lui dit, mais il faut que cela soit dit d un air bien mignon bien gentil! Ah! etc. UN POLICEMAN (montrant la porte du fond) Elle est là! DEUXIÈME POLICEMAN Ce n est qu une serrure à faire sauter. JUPITER Halte là! Pas de bêtises! Nous n avons pas le droit, entre dieux de première classe, de nous faire sauter nos serrures. Par ruse, tout est permis, par violence, rien! CUPIDON Il faut donc, ô Papa, trouver un déguisement! PREMIER POLICEMAN Qui vous permettra de passer par le trou de la serrure. CUPIDON Laisse-moi faire, j ai ce qu il te faut! Je vais le métamorphoser séance tenante. Tu connais ça. JUPITER Me métamorphoser en quoi! CUPIDON Je veux que tu en aies la surprise. JUPITER La surprise! La surprise! J ai besoin d être joli, très joli, tu sais! CUPIDON Tu seras joli très joli! Attention au changement papa attention au changement! JUPITER (très inquiet) En quoi va-t-il me mettre, le petit malheureux! CUPIDON Une…deux…trois… (Le changement se fait. Jupiter paraît en mouche.) TOUS Une mouche! CUPIDON Comme çà. on passe partout! N 23. Petite Ronde du Bourdon CHOEUR DES POLICEMEN Le beau bourdon que voilà est-il joli comme çà! Bonne chance papa, passe, passe, passe là et la belle y restera. (Au moment ou le chœur se retire, Jupiter s est rapproche en sautillant de la porte du fond il prend plusieurs fois son élan et finit par piquer une tête dans le trou de la serrure qui s élargit peu à peu. Le fond du décor disparaît et laisse voir un délicieux boudoir. Eurydice est étendue sur un divan. Le meuble s avance jusqu au second plan.) JUPITER C est elle! Qu elle est belle! (Jupiter voltige autour d Eurydice en effleurant son épaule de droite et de gauche.) N 24 Duo de la Mouche EURYDICE Il m a semblé sur mon épaule sentir un doux frémissement!... JUPITER (à part) Il s agit de jouer mon rôle plus un mot! Car dès ce moment je n ai droit qu au bourdonnement! (Imitant b bourdonnement de la mouche) Zi! Zi! EURYDICE Ah! la belle mouche! Le joli frelon JUPITER Zi! Ma chanson la touche, chantons, chantons ma chanson! EURYDICE La belle mouche! JUPITER Ma chanson la touche, chantons ma chanson! EURYDICE Ah, la belle mouche! Le joli frelon! Bel insecte à l aile dorée veux-tu rester mon compagnon? JUPITER (imitent la mouche) Zi! EURYDICE Ces lieux dont du forças l entrée, hélas, me servent de prison. JUPITER Zi! EURYDICE Ne me quitte pas, je t en prie, reste, on prendra bien soin de toi! Ah! je t aimerai, mouche jolie, reste avec moi, reste avec moi! JUPITER Quand on veut se faire adorer il faut se laisser désirer… EURYDICE (courent à lui) Je la tiens par son aile d or! JUPITER Pas encore! Pas encore! EURYDICE Fi, la méchante, la méchante! JUPITER J ai pris des ailes, ma charmante, j ai bien le droit de m en servir! EURYDICE Elle ne cherche qu a me fuir! De cette gaze légère, sans l étouffer, je puis faire un filet à papillon. (Elle s approche sur la pointe des pieds.) JUPITER Attention! Attention! EURYDICE Ah! la voilà prise! plus de résistance! JUPITER La plus prise des deux n est pas celle qu on pense! EURYDICE Chante, chante! JUPITER Zi! ENSEMBLE Zi! Zi! EURYDICE Ah! je la tiens! Ah! c est charmant! JUPITER Ah! je la tiens! Ah! c est charmant! EURYDICE Ah, je savais bien que je t attraperais, mon joli bijou ailé! Mais voyez donc, qu elle est gracieuse! Quelles belles couleurs! Et quelle taille fine! (Jupiter fait des grâces. Elle embrasse.) JUPITER (tombant à genoux) Eh bien, tout cela est à toi, si tu le veux, mortelle adoré! EURYDICE Ah, grands dieux, elle parle! Au secours! JUPITER Tais-toi! J ai pris ce costume pour tromper les regards jaloux d un tyran qui ne veut que te torturer… EURYDICE Jupiter! Le roi des dieux! JUPITER Oui, c est moi. Ah! si je t avais connue plus tôt, Pluton ne t aurait pas enlevée. Je t aurais emmenée dans l Olympe. EURYDICE Voir! l Olympe et quitter cet affreux séjour! Oh! fuyons, emmène-moi! JUPITER Nous n avons qu un moyen pour ne pas éveiller les soupçons il faut que je retourne à la fête que me donne cet idiot de Pluton! Rejoins-m y! (Eurydice sort à gauche et Jupiter à droite Pluton entre tout bouleversé.) PLUTON Où est elle? La mouche? Où est la mouche? Ah I qu est-ce que c est que çà? N 25 Scène et Ballet des Mouches (Une foule de petits John Styx sort de dessous terre.) PLUTON Trahi, trahi par tout le monde! LES ENFANTS Si j étais roi de Béotie, tu serais reine sur ma foi! Je ne puis plus qu en effigie t offrir ma puissance de roi! La plus belle ombre ma chérie ne peut donner que ce qu elle a, accepte donc, je t en supplie, sous l enveloppe que voilà le coeur d un roi de Béotie, le coeur d un roi de Béotie! (Ils disparaissent dans une trappe) PLUTON (hors de lui) La mouche!... Qui me livrera la mouche! CUPIDON (paraissent à gauche) Tu veux la retrouver? Eh bien, attends! (Il étend la main le théâtre change et représente une serre merveilleuse. Parmi les buns sont groupées des mouches aux corsages dorées et aux aile étincelantes. Elles s élancent, entourent Pluton et l entraînent) Galop TROISIÈME ACTE Le boudoir de Pluton (Mélange de sévérité et de confortable. Fauteuil et bureau de Pluton au deuxième plan de face. Au lever du rideau Eurydice est seule, dans l attitude de l ennui et de l impatience.) No. 18 Couplets des Regrets EURYDICE Personne encore Pas de nouvelles. Ah, ça, mais c est intolérable! Je m ennuie épouvantablement ici! Ah! quelle triste destinée me fait ici le dieu Pluton! Me laisser seule abandonnée! Que veut dire cet abandon! Lorsqu avec lui je suis venue, de tendresse il était pétri! Ah! mais si cela continue je vais regretter mon mari! Ah mais oui je vais regretter mon mari! L amour des dieux, disait le traître, contient d ineffables douceurs! Je vais te les faire connaître... Les dieux seraient-ils des lâcheurs? Ou donc est l ivresse inconnue que je devais goûter ici! Ah! mais si cela continue etc. Voilà deux jours que je suis seule, n ayant d autre récréation que la compagnie de ce gros bête de domestique dont on a tait mon geôlier! Ah! Encore lui!… (John Styx s avance.) JOHN (à part) Elle est bien belle! bien belle! bien belle! Ah ! si j osais!… EURYDICE C est encore toi Que me veux-tu ? JOHN Madame n a pas sonné? EURYDICE Moi? Non! JOHN Est-ce que Madame sonnera bientôt? EURYDICE Est-ce que je sais? Pourquoi? JOHN Parce que si Madame sonnait, je m empresserais d accourir… Ah! je suis bien malheureux! EURYDICE Qu est-ce que cela me fait! JOHN Puisque Madame paraît s intéresser à moi, je vais tout lui dire. (Ils s assied près d Eurydice qui se lève indignés et lui fait signe de s éloigner John se lève et époussette son siège.) Figurez-vous, Madame, que je suis la meilleure nature du monde j ai un coeur sensible et une tète faible. (Il se ressied près d Eurydice.) La femme qui m aimerait serait bien heureuse! EURYDICE Ne m approche pas! (à part) Il est affreux! JOHN Madame me repousse après un tel aveu? Ah! c est parce que je ne suis qu un domestique, n est-ce pas? Mais je n étais par mort pour porter cette livrée,Madame! Quand j étais sur terre, j étais le fils d un grand prince de Béotie! N 19 Couplets du Roi de Béotie Quand j étais roi de Béotie, j avais des sujets, des soldats, mais un jour, en perdant la vie, j ai perdu tous ces biens, hélas! Et pourtant, point ne les envie ce que je regrette en ce jour c est de ne point t avoir choisie pour te donner tout mon amour! Quand j étais roi de Béotie, quand j étais roi de Béotie! Si j étais roi de Béotie, tu serais reine sur ma foi, je ne puis plus qu en effigie t offrir ma puissance de roi. La plus belle ombre, ma chérie ne peut donner que ce qu elle a, accepte donc, je t en supplie, sous l enveloppe que voilà le cœur d un roi de Béotie, le cœur d un roi de Béotie. Voyez-vous il est une chose que le n oublierai jamais, c est l image de la femme adorable dont mon maître m a donné la garde depuis deux jours... EURYDICE Insolent! N 19 bis. Mélodrame JOHN Ah ! tenez, Madame… (On entend jouer au dehors la marche du deuxième acte.) De la musique! EURYDICE Et de la musique gaie! JOHN Mon maître… c est mon maître… il amène du monde! EURYDICE Et beaucoup de monde! JOHN Rentrez, Madame, rentrez! EURYDICE Je ne veux t pas! JOHN Ce sont les ordres de Monsieur. Vous me feriez flanquer a la porte! EURYDICE Mon petit John Styx… je t en supplie… JOHN Non, non! Rentrez.. rentrez!... EURYDICE Ah! Pluton! Tu me le paieras! JOHN Allons, allons! (Il fait entrer Eurydice au fond au moment où paraissent Pluton et Jupiter.) Il était temps! (Jupiter et Pluton entrent en se bousculant et tâchant de se devancer l un l autre.) PLUTON (bas à John) Eurydice! JOHN (bas à Pluton) Sous clef! JUPITER Où est-elle? Ou est-elle? JOHN Qui elle? Qui elle! JUPITER Eurydice! Par ma foudre, parle! PLUTON Eurydice? Comment, tu crois encore que j ai enlevé cette petite? JUPITER Parfaitement! Et je verrai bien… j ai saisi la justice! Il y a eu enlèvement et tu vas être juge par les juges des Enfers! (Paraît un huissier, chaîne d argent au cou.) L HUISSIER La Cour! JUPITER Les voici! (Minos, Eaque et Rhademente font leur entrée.) N 20 Septuor du Tribunal MINOS, EAQUE ET RHADAMANTE Minos, Eaque et Rhadamante, Rhadamante, Eaque et Minos, sous les yeux de Thémis clémente, nous présidons les tribuns les tribuns infernaux! MINOS Nul n échappe à notre colère! RHADAMANTE Ceux que Minos ne punit pas... EAQUE Rhadamante en fait son affaire! RHADAMANTE Eaque est la dans tous les cas! TOUS Minos, Eaque et Rhadamante Rhadamante, Eaque et Minos! Sous les yeux de Thémis clémente. Tous trois président - Nous présidons les tribuns, les tribuns infernaux! L HUISSIER La séance est ouverte! MINOS (à l Huissier) Faites entrer le témoin Cerbère. PLUTON (à part) Pourvu qu il! n aille pas me trahir! L HUISSIER (appelant) Le témoin Cerbère! (Aboiements au dehors. Entre Cerbère.) MINOS Témoin Cerbère, dans la soirée des Ides de Mars, le dieu Pluton revenant de la terre, est-il rentré seul ou avec une femme? CERBÈRE (à qui Pluton vient de marcher sur le pied avec intention.) Aou!... aou!... aou!... aou!... MINOS Vous l entendez? Il affirme que Pluton est rentré seul aux Enfers! (Pendant ce temps l Huissier est venu apporter des galettes a Pluton. Pluton, en cachette, donne des galettes à Cerbère.) JUPITER Attendez donc un peu ! Pluton !e bourre de galettes depuis un quart d heure. Je vais vous la montrer la vérité dans la bouche de Cerbère! (Jupiter se jette sur Cerbère et veut lui ouvrir la gueule Cerbère attrape le bras de Jupiter.) N 20 bis Mélodrame JUPITER Ah! mon bras! PLUTON Tiens bon, Cerbère! JUPITER (se dégageant, à John Styx) A moi, ma foudre! Rends-moi ma foudre que je les foudroie tous! PLUTON (à John) Ne rends pas la foudre! LES JUGES (à John) Ne rends pas la foudre! (Mélodrame à l orchestre avec crépitement et roulement de tonnerre jusqu à l apparition de l Amour. Lutte entre John Stix et Jupiter. Jupiter voulant reprendre sa foudre et John Stix ne voulant pas la lâcher.) JUPITER (qui a repris sa foudre) En poudre! En poudre, tous ces gens-là. (Au moment où Jupiter a saisi la foudre, violent coup da tonnerre, nuit complète. Pluton, John, huissiers, greffiers, juges, tout la monde se sauve. Le bureau de Pluton et les fauteuils disparaissant. Sur un fauteuil à gauche, dans un rayon de lumière, paraît Cupidon, Jupiter brandit sa foudre.) Ah! Ah! CUPIDON (riant et se carrant dans la fauteuil) Ah! ah! ah! ah! JUPITER (l apercevant) Tiens, Cupidon! CUPIDON Oh! Papa! Papa! tu me tais de la peine! JUPITER Qu est-ce qu il vient faire là ce méchant galopin? CUPIDON Il vient te sauver, ce méchant galopin! JUPITER Me sauver! CUPIDON Comment, tu cherches une femme et pour la retrouver, tu fais venir ces vieilles perruques? JUPITER Quoi, mon petit chéri, tu te chargerais… CUPIDON Il faut donc que je te la rende, ton Eurydice? JUPITER (avec élan) Oh! oui! CUPIDON (se lavant) Eh bien on va te la retrouver… A moi, ma police! A moi, les policemen de l Amour! (A peine Cupidon at-il dit cela que a paraissent de tous les côtés une vingtaine de petits agents de police de l Amour, bonnets phyrigiens, bâtons de policemen) N 21. Ronde des Policemen CHOEUR DES POLICEMEN Nez au vent oeil au guet, clairvoyant et discret, le limier de l amour doit veiller nuit et jour. Aussi fin qu un renard, très malin, peu bavard sachant tout découvrir et partout se blottir! À l amant au mari, apportant son appui, il surprend tous les jours plus de cent jolis tours. Nez au vent, etc. Doux aveux dans un coeur plein de feux et d ardeur demi-mots, tendre amour frais éclos plat du jour… Trahison, faux serments, abandon des amants, tout ceci sarpejeu, pour bibi n est qu un jeu. Nez au vent, etc. N 22. Récit et Couplets des Baisers CUPIDON Allons, mes fins limiers visitez et fouillez! Ce que de vous l on réclame c est de découvrir la femme! Cherchez bien, cherchez bien! JUPITER Ne voyez-vous rien ? LES POLICEMEN Rien! Rien! Nous ne voyons rien! CUPIDON Vous ne trouvez rien? JUPITER Vous ne trouvez rien? LES POLICEMEN Rien! Nous ne trouvons rien! CUPIDON Attendez, j ai mon moyen! JUPITER ET LES POLICEMEN Voyons, voyons ton moyen! CUPIDON Attendez, attendez! JUPITER, POLICEMEN Voyons, voyons le moyen. CUPIDON Pour attirer du fond de sa retraite une souris qui cache son museau non loin du nez de la petite bête, il faut semer quelque friand morceau. Je sais un autre stratagème qui doit faire de son réduit sortir une femme qu on aime ce stratagème, c est un bruit; mais il faut que ce joli bruit soit bien mignon et bien gentil! Ah! (imitant le bruit des baisers.) Allez-y, la petit bête va répondre au bruit, la petit bête va répondre au bruit! LE CHOEUR (imitent les baisers) Allez-y la petit bête, etc. CUPIDON Lorsque l on veut attirer l alouette, on fait briller un miroir à ses yeux et sans retard on b voit la coquette en voltigeant accourir à ses feux! Une femme, c est tout de même, par ses faiblesses on la séduit; tout ce qu elle veut, c est qu on l aime et c est t ainsi qu on le lui dit, mais il faut que cela soit dit d un air bien mignon bien gentil! Ah! etc. UN POLICEMAN (montrant la porte du fond) Elle est là! DEUXIÈME POLICEMAN Ce n est qu une serrure à faire sauter. JUPITER Halte là! Pas de bêtises! Nous n avons pas le droit, entre dieux de première classe, de nous faire sauter nos serrures. Par ruse, tout est permis, par violence, rien! CUPIDON Il faut donc, ô Papa, trouver un déguisement! PREMIER POLICEMAN Qui vous permettra de passer par le trou de la serrure. CUPIDON Laisse-moi faire, j ai ce qu il te faut! Je vais le métamorphoser séance tenante. Tu connais ça. JUPITER Me métamorphoser en quoi! CUPIDON Je veux que tu en aies la surprise. JUPITER La surprise! La surprise! J ai besoin d être joli, très joli, tu sais! CUPIDON Tu seras joli très joli! Attention au changement papa attention au changement! JUPITER (très inquiet) En quoi va-t-il me mettre, le petit malheureux! CUPIDON Une…deux…trois… (Le changement se fait. Jupiter paraît en mouche.) TOUS Une mouche! CUPIDON Comme çà. on passe partout! N 23. Petite Ronde du Bourdon CHOEUR DES POLICEMEN Le beau bourdon que voilà est-il joli comme çà! Bonne chance papa, passe, passe, passe là et la belle y restera. (Au moment ou le chœur se retire, Jupiter s est rapproche en sautillant de la porte du fond il prend plusieurs fois son élan et finit par piquer une tête dans le trou de la serrure qui s élargit peu à peu. Le fond du décor disparaît et laisse voir un délicieux boudoir. Eurydice est étendue sur un divan. Le meuble s avance jusqu au second plan.) JUPITER C est elle! Qu elle est belle! (Jupiter voltige autour d Eurydice en effleurant son épaule de droite et de gauche.) N 24 Duo de la Mouche EURYDICE Il m a semblé sur mon épaule sentir un doux frémissement!... JUPITER (à part) Il s agit de jouer mon rôle plus un mot! Car dès ce moment je n ai droit qu au bourdonnement! (Imitant b bourdonnement de la mouche) Zi! Zi! EURYDICE Ah! la belle mouche! Le joli frelon JUPITER Zi! Ma chanson la touche, chantons, chantons ma chanson! EURYDICE La belle mouche! JUPITER Ma chanson la touche, chantons ma chanson! EURYDICE Ah, la belle mouche! Le joli frelon! Bel insecte à l aile dorée veux-tu rester mon compagnon? JUPITER (imitent la mouche) Zi! EURYDICE Ces lieux dont du forças l entrée, hélas, me servent de prison. JUPITER Zi! EURYDICE Ne me quitte pas, je t en prie, reste, on prendra bien soin de toi! Ah! je t aimerai, mouche jolie, reste avec moi, reste avec moi! JUPITER Quand on veut se faire adorer il faut se laisser désirer… EURYDICE (courent à lui) Je la tiens par son aile d or! JUPITER Pas encore! Pas encore! EURYDICE Fi, la méchante, la méchante! JUPITER J ai pris des ailes, ma charmante, j ai bien le droit de m en servir! EURYDICE Elle ne cherche qu a me fuir! De cette gaze légère, sans l étouffer, je puis faire un filet à papillon. (Elle s approche sur la pointe des pieds.) JUPITER Attention! Attention! EURYDICE Ah! la voilà prise! plus de résistance! JUPITER La plus prise des deux n est pas celle qu on pense! EURYDICE Chante, chante! JUPITER Zi! ENSEMBLE Zi! Zi! EURYDICE Ah! je la tiens! Ah! c est charmant! JUPITER Ah! je la tiens! Ah! c est charmant! EURYDICE Ah, je savais bien que je t attraperais, mon joli bijou ailé! Mais voyez donc, qu elle est gracieuse! Quelles belles couleurs! Et quelle taille fine! (Jupiter fait des grâces. Elle embrasse.) JUPITER (tombant à genoux) Eh bien, tout cela est à toi, si tu le veux, mortelle adoré! EURYDICE Ah, grands dieux, elle parle! Au secours! JUPITER Tais-toi! J ai pris ce costume pour tromper les regards jaloux d un tyran qui ne veut que te torturer… EURYDICE Jupiter! Le roi des dieux! JUPITER Oui, c est moi. Ah! si je t avais connue plus tôt, Pluton ne t aurait pas enlevée. Je t aurais emmenée dans l Olympe. EURYDICE Voir! l Olympe et quitter cet affreux séjour! Oh! fuyons, emmène-moi! JUPITER Nous n avons qu un moyen pour ne pas éveiller les soupçons il faut que je retourne à la fête que me donne cet idiot de Pluton! Rejoins-m y! (Eurydice sort à gauche et Jupiter à droite Pluton entre tout bouleversé.) PLUTON Où est elle? La mouche? Où est la mouche? Ah I qu est-ce que c est que çà? N 25 Scène et Ballet des Mouches (Une foule de petits John Styx sort de dessous terre.) PLUTON Trahi, trahi par tout le monde! LES ENFANTS Si j étais roi de Béotie, tu serais reine sur ma foi! Je ne puis plus qu en effigie t offrir ma puissance de roi! La plus belle ombre ma chérie ne peut donner que ce qu elle a, accepte donc, je t en supplie, sous l enveloppe que voilà le coeur d un roi de Béotie, le coeur d un roi de Béotie! (Ils disparaissent dans une trappe) PLUTON (hors de lui) La mouche!... Qui me livrera la mouche! CUPIDON (paraissent à gauche) Tu veux la retrouver? Eh bien, attends! (Il étend la main le théâtre change et représente une serre merveilleuse. Parmi les buns sont groupées des mouches aux corsages dorées et aux aile étincelantes. Elles s élancent, entourent Pluton et l entraînent) Galop Offenbach,Jacques/Orpheé aux Enfers/IV