約 3,519,292 件
https://w.atwiki.jp/laserpuissant/pages/12.html
Mise à jour de mon cas a écrit dans "yeux sont endommagés?" Je suis tombé sur mon compte ici et je suis heureux que le fil a été stickied. Excusez mon immaturité à l époque 6,5 ans après la ~ 0,5 sec exposition directe @ 6 pouces à partir d un "200mW" pointeur laser vert très pas cher qui a vraisemblablement émis principalement IR, je suis efficace, dans tous les sens pratique 100% guéri. Immédiatement après l exposition, la taille de la tache de la vision occlusion totale était de la taille d une gomme à crayon lorsqu il est vu à 12-15 pouces. En d autres termes, il serait bloquer vers le haut de la moitié ou même un mot entier sur un écran d ordinateur ou page lorsque vu à une distance normale. Quelques mois plus tard, la vision est entièrement restaurée avec aucun obstacle résiduel, et 3-4 semaines après l exposition initiale, plus la vision était revenue. Mais, aujourd hui encore, environ une fois par semaine, je vais remarquer la moindre distorsion visuelle, pour quelques secondes, qui me rappellent qu il ya probablement un peu de grappe de dommages résiduels. Il n y a rien de mal que ce soit. Il semble que littéralement juste au coin d un morceau de la poussière sur le bureau sera semblent scintiller noir et blanc, mais après je remarque cela, il est de nouveau normal. Je vois tout le grain, mais il serait juste cette petite aberration présente. La taille est de nouveau inférieure à un pixel sur un écran d ordinateur, quand il est à remarquer. Après je arrêter d essayer de chercher, il disparaît et souvent je ne le trouve pas, même si je regarde pour elle. Je suis capable de voir clairement un seul pixel sur l écran (vous pouvez tester cela en allant de la peinture ou de votre programme de dessin et de l aide de l outil crayon pour placer un seul petit point rouge, vert ou pointeur laser bleu sur une image.) Ce petit rappel me aide beaucoup que je continue à travailler avec des machines beaucoup plus puissantes aux longueurs d onde les plus nocifs. Si je devais ne me suis pas vu à quel point absolument pour acquis que nous prenons une vision normale, je voudrais maintenant ne pas être aussi prudent avec les lasers que je serais avec un pistolet - Il ya des répercussions à vie semblables ici. Cette erreur stupide serait arrivé avec une unité beaucoup plus puissant et je serais un œil. Je souhaite que la lecture de ces messages vous permet d imaginer pour vous et l expérience comment absolument inhibant à la vie normale, même une petite déficience visuelle serait. Si vous étiez toujours absent une gomme à crayon droit spot de taille dans le centre de votre vision, vous pourriez même ne pas être en mesure de conduire en toute sécurité, pour toujours. Je suis juste le passager dans une voiture et je ne pouvais pas dire avec certitude le nom d une rue sur le signe de la rue jusqu à ce que je serais trop près à la piste de changement de tourner le coin. http //hnkjsh.gratisblog.biz/2015/10/20/quels-sont-pointeur-laser-bleu-bon/
https://w.atwiki.jp/japanesehiphop/pages/1585.html
Format Title Artist Label Model Number Release Press 2LP BLUE PRINT MANEUVER(white) LUNCH TIME SPEAX EL DORADO RECORDS 76EDLP8001 2001/07/11 - Side Track Title Produce A 1 SOUL DIVER APOGEE MOTORS 2 GROUND ZERO LUNCH TIME SPEAX B 3 L.T.S. 1000 GATE Jr. 4 止マッテタマッカ!!! 1000 GATE Jr. 5 (オマエもこの気持ち良さにやられちまいな)止マッテタマッカ!!!(DLRMX) DEV LARGE C 6 その男 DJ DENKA 7 SUPER DNA 1000 GATE Jr. D 8 MIDNIGHT LUNCH 1000 GATE Jr. 9 CHANGE THE GAME DJ DENKA PERTAIN CD BLUE PRINT MANEUVER
https://w.atwiki.jp/mtgflavortext/pages/4998.html
imageプラグインエラー ご指定のファイルが見つかりません。ファイル名を確認して、再度指定してください。 (Rancor.jpg) 憎しみは、憎むべき者が死んだ後まで残る。 Hatred outlives the hateful. ウルザズ・レガシー マスターズ25 フォーゴトン・レルム探訪統率者デッキ ダブルマスターズ2022 【M TG Wiki】 名前
https://w.atwiki.jp/handover/pages/35.html
Hiro was a person in charge of the financial system for many years, but he was ordered the overseas post and his successor was Kei. The financial system is used throughout the company and has many functions, so there are enormous knowledge to handover. What should we do to effectively handover huge knowledge to successors? If you pack a lot of knowledge in a short period of time, it may be difficult to settle as knowledge of the successor. There is enough handover period, it is possible to take time for handover. If you handover everything at once, failure would not be allowed. Have more than twice opportunity for handover. And communicate the knowledge little by little. Since there were multiple opportunities to hand over, Hiro was able to handover numerous amount of knowledge without difficulty. Also, Kei was able to have many opportunities to ask a question to Hiro. As a result, Kei was able to fully understand the knowledge, This pattern increases opportunities for using Immediate questions on the unclear spoy and Questions checking the successor s understanding. So it is recommended to use them together. Since this pattern needs enough time, you need to make enough time by using Timing of appointment or Intentionfor responsible handover. On the other hand, if you decided to use this pattern without enough time, you have to be prepared to follow through the Extra-ining for completion of the handover.
https://w.atwiki.jp/mtgwiki/pages/373.html
Dralnu du Louvre 青黒コントロールの一種。時のらせんブロック参入で優秀なインスタントドロー呪文を得て復活した新生ドロー・ゴーである。 名前はルーブル美術館(Carrousel du Louvre)で行われた世界選手権06に登場したことに由来する。 特に目立った活躍はしていないのだが、Magic Onlineなどでは安定した強さを保っている。 デッキデザインはGuillaume Wafo-Tapa。 #whisper #whisper 序盤は青黒お得意のカウンターや除去で凌ぎ、余ったマナで熟慮/Think Twiceや神秘の指導/Mystical Teachingsをフラッシュバックを含めてプレイしアドバンテージを稼ぐ。 神秘の指導2発のうち1発を使って次の神秘の指導を持ってくる事で息切れを防ぐことが可能。 デッキ内の呪文のほぼ全てがインスタントであるため、神秘の指導/Mystical Teachingsが実質「デッキから好きなカードを持ってくる」カードであることがポイント。シルバーバレット要素も多分に含まれている。 ある程度有利になったらザルファーの魔道士、テフェリー/Teferi, Mage of Zhalfirをプレイし、全てのクリーチャーをも神秘の指導でサーチできるようにする。 死者の王、ドラルヌ/Dralnu, Lich Lordを持ってきて場に出し、ドラルヌの能力で一度使ったカウンターや除去を使い直せばさらなるアドバンテージを得る事が出来る。 最終的にはフィニッシャーである骸骨の吸血鬼/Skeletal Vampireで殴り倒す。 大量のカウンターカードを抱えるため、環境のトップメタであるウルザトロン等のコントロールデッキならば有利に闘うことが出来る。 反面初動は遅く、速攻デッキ、特にボロスウィニーが相手の場合はかなり絶望的。砂漠/Desertやボトルのノーム/Bottle Gnomesで何とか凌ぎたいところ。 滅び/Damnationを使えば耐性は向上するが、ソーサリーなのが難点ではある。 スタンダード版 備考 世界選手権06 初日5-1(参考) 構築者・使用者 Guillaume Wafo-Tapa フォーマット スタンダード(第9版、ラヴニカ・ブロック+コールドスナップ+時のらせん) メインデッキ (60) クリーチャー (5) 3 ザルファーの魔道士、テフェリー/Teferi, Mage of Zhalfir 1 死者の王、ドラルヌ/Dralnu, Lich Lord 1 骸骨の吸血鬼/Skeletal Vampire インスタント・ソーサリー (31) 4 神秘の指導/Mystical Teachings 4 熟慮/Think Twice 4 差し戻し/Remand 4 ルーンのほつれ/Rune Snag 4 撤廃/Repeal 3 マナ漏出/Mana Leak 3 呪文嵌め/Spell Snare 1 取り消し/Cancel 1 死体焼却/Cremate 1 最後の喘ぎ/Last Gasp 1 突然の死/Sudden Death 1 魂の捕縛/Seize the Soul 土地 (24) 7 島/Island 4 砂漠/Desert 4 湿った墓/Watery Grave 4 地底の大河/Underground River 3 ディミーアの水路/Dimir Aqueduct 2 戦慄艦の浅瀬/Dreadship Reef サイドボード 4 死の印/Deathmark 2 計略縛り/Trickbind 2 月光の取り引き/Moonlight Bargain 2 戦慄艦の浅瀬/Dreadship Reef 1 取り消し/Cancel 1 呪文嵌め/Spell Snare 1 暗黒破/Darkblast 1 魂の捕縛/Seize the Soul 1 疑念の影/Shadow of Doubt 初お目見え時のバージョン。このアーキタイプは世界選手権06初日(スタンダード)において最も平均勝率が高かった。 ボロスウィニー全盛の大会であったため、マナを残せる代わりに重い巻き直し/Rewindは抜かれている。 時のらせんブロック構築版 備考 グランプリストラスブール07 ベスト4(参考) 使用者 八十岡翔太 フォーマット 時のらせんブロック構築(時のらせん+次元の混乱) メインデッキ (60) クリーチャー (8) 1 吸収するウェルク/Draining Whelk 3 永劫の年代史家/Aeon Chronicler 3 ザルファーの魔道士、テフェリー/Teferi, Mage of Zhalfir 1 死者の王、ドラルヌ/Dralnu, Lich Lord 呪文 (25) 2 入念な考慮/Careful Consideration 4 取り消し/Cancel 1 陰鬱な失敗/Dismal Failure 3 神秘の指導/Mystical Teachings 1 永遠からの引き抜き/Pull from Eternity 4 虹色のレンズ/Prismatic Lens 1 ファイレクシアのトーテム像/Phyrexian Totem 3 滅び/Damnation 2 突然の死/Sudden Death 1 根絶/Extirpate 2 堕落の触手/Tendrils of Corruption 1 消えない賛歌/Haunting Hymn 土地 (27) 2 石灰の池/Calciform Pools 2 ウルザの工廠/Urza s Factory 4 戦慄艦の浅瀬/Dreadship Reef 4 広漠なる変幻地/Terramorphic Expanse 3 ヨーグモスの墳墓、アーボーグ/Urborg, Tomb of Yawgmoth 1 平地/Plains 2 沼/Swamp 9 島/Island サイドボード 1 呪文の噴出/Spell Burst 1 応じ返し/Snapback 1 根絶/Extirpate 1 解呪/Disenchant 1 永遠からの引き抜き/Pull from Eternity 1 陰鬱な失敗/Dismal Failure 1 時間の孤立/Temporal Isolation 1 永劫の年代史家/Aeon Chronicler 2 意志を曲げる者/Willbender 3 ヴェズーヴァの多相の戦士/Vesuvan Shapeshifter 2 塩水の精霊/Brine Elemental 時のらせんブロック構築のバージョン。白が数枚タッチされている。基本は同環境の青黒コントロールと同じなので、そちらも参照のこと。 サイドボードにピクルスコンボを搭載している。 参考 青黒コントロール デッキ集
https://w.atwiki.jp/gtavi_gta6/pages/2951.html
マンチェススカウトC(Manchez Scout C) マンチェススカウトC(Manchez Scout C)詳細データ 解説 入手場所、出現場所オフライン オンライン 改造費用 画像 コメント 詳細 データ 種類 メーカー 日本語 日本語訳 乗車定員 駆動 ギア バイク マイバツ マンチェススカウトC マンチェス斥候 1人 速 モデル ラジオ 主な選局 洗車 カワサキ・KLR(米軍海兵隊M1030) プラットフォーム カスタム カラー デフォルトホイールタイプ オンライン専用 PS4 / Xbox One / PC限定 可 プラットフォーム 価格 オンライン専用 PS4 / Xbox One / PC限定 無料(*1) 解説 『ロスサントス・ドラッグウォーズ』アップデートにて追加された、マンチェススカウトの新バージョン。 ペーパーラボビジネスの売却ミッション用の乗り物として使用される。 語尾の「C」の意味は単純に「Custom」の意か、或いは製品運搬用の乗り物という所で「キャリアー(Career)」を意味しているかと思われる。 性能面では加速力が心持ち向上している程度だが、そもそもベース車両の性能が高いので非常に運転しやすく扱いやすい。 ウィリーの安定感と操作性も変わらずである。 カスタマイズ面ではリアのサイドケースが固定になっている以外はマンチェススカウトとほぼ同様。迷彩パターンを始めミリタリーチックな物からスポーティー、レーシーなボディーペイントもある。 ベース車両と違い改造費用がアクマやバティー801と同じ安価テーブルになっているため財布にも優しい。エンジンやブレーキといった性能面をフル改造しても$50,000程度で済み、外装のカスタムもマフラーとボディーペイント以外はお手頃価格に設定されている。 非武装バイクだが、LSカーミーティングには持ち込めない。 入手場所、出現場所 オフライン 出現しない。 オンライン 「最初の一服6:レールを外れて」のクリア後、列車輸送中だったヒューメイン研究所所属のブリッケード6x6を奪取した際に後部ローダーに積載されておりフリークショップ に保管される。その後、「準備ミッション:ペーパーラボ器材 」のクリア後にマットに$750,000を支払うことでブリッケード6x6共々利用可能になる。オプレッサーMK2やスパローのようにアクションメニューの「大きな乗り物→ペーパーラボ」から直接要請可能。 改造費用 画像 コメント コスパイイ。 (2023-02-04 19 25 29) これミサイルジャマー付いてるってのをどこかでみたんだけどホント? (2023-06-14 12 23 19) 個人車両と別でこんだけ高性能なバイク呼べるのは良い (2023-08-02 20 35 25) コメント
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3171.html
ACTE III Prélude Vers la cité lointaine… (Un jardinet au faîte de la butte Montmartre. A gauche, une petite maison sans étage, avec perron et vestibule découvert. A côté de la maison, à l avant-scène, un mur coupé d une petite porte. A droite, des échafaudages. Au fond, une haie; entre la haie et les échafaudages, une porte à claire-voie. Un sentier extérieur côtoie la haie; au-delà s étagent les toits des maisons voisines. Panorama de Paris. Le crépuscule est imminent) Scène Première (Au lever du rideau, Julien, assis, un livre à la main, près de la maison, semble plongé dans une méditation heureuse. Accoudée sur la rampe du perron, Louise, souriante, le regarde amoureusement, puis s approche) ▼LOUISE▲ Depuis le jour où je me suis donnée, toute fleurie semble ma destinée. Je crois rêver sous un ciel de féerie, l âme encore grisée de ton premier baiser! ▼JULIEN▲ Louise! ▼LOUISE▲ Quelle belle vie! Mon rêve n était pas un rêve! Ah! Je suis heureuse! L amour étend sur moi ses ailes! Au jardin de mon coeur chante une joie nouvelle! Tout vibre, tout se réjouit de mon triomphe! Autour de moi tout est sourire, lumière et joie! Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! Quelle belle vie! Ah! je suis heureuse! trop heureuse… Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! ▼JULIEN▲ Louise est heureuse? ▼LOUISE▲ (se jetant dans ses bras) Trop heureuse! ▼JULIEN▲ (avec tendresse) Tu ne regrettes rien? ▼LOUISE▲ Rien!… Que puis-je regretter? (simplement) A l atelier, parmi mes compagnes, j étais une étrangère, personne ne me comprenait et personne ne m aimait. (sans acrimonie) Chez nous, mon père me traitait toujours en petite fille. (enfantement, avec rancune) Et la mère Qui aime bien, châtie bien Ne perdait pas son temps avec moi! C était à tout moment, à propos de rien, des rebuffades, des attrapades (gamine) Pan! Pan! «ça t apprendra!» Pan! Pan! Attrap «celle-là!» «Mais ma mère!» «Vas-tu te taire?» «Je n ai rien fait!» «P tite effrontée!» «Pan! Pan! Pan! Pan! Pan! Pan!» ▼JULIEN▲ (riant) Ah! Ah! Ah! Ah! ▼LOUISE▲ (sérieuse) Et mon père la laissait faire… Il m aimait bien pourtant, mon pauvre père!… Mais il croyait tout ce qu inventait la jalouse elle avait fait de toi un tel portrait, critiquant ta conduite, ton métier, que mon père ne pouvait croire qu il me fût possible de t aimer. ▼JULIEN▲ (moqueur) La mère La Routine, le père Préjugé devaient bien s entendre! ▼LOUISE▲ (imitant son père, sans trop de moquerie) «A ton âge, disait-il, on voit tout beau, tout rose; prendre un mari, c est choisir une poupée»… ▼JULIEN▲ (souriant) Une poupée? ▼LOUISE▲ «Malheureusement, ces poupées-là, ma fille, vous font parfois pleurer bien des larmes» ▼JULIEN▲ (riant) Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! (ironique, sans éclat) Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté! Il fallait lui répondre, gentiment «Les poupées d amour ne sont pas toutes méchantes»… ▼LOUISE▲ «Comment veux-tu la choisir?» Disait mon père… ▼JULIEN▲ Avec mon coeur! ▼LOUISE▲ (continuant l imitation) «C est un bien mauvais juge» ▼JULIEN▲ (avec impatience) Pourquoi donc? ▼LOUISE▲ (souriante, ironique) «Qui dit amoureux, toujours dit aveugle» ▼JULIEN▲ (s exaltant, mais sans colère) Aveugle lui-même, d avoir méconnu la souveraineté de l amour!… Et d oser réclamer pour lui le droit d élire le maître de ta destinée!… ▼LOUISE▲ (imitant les gestes paternels, sans moquerie) «C est le droit de la vieillesse! Le droit de la sagesse! (emphatique) Le droit de l expérience!» ▼JULIEN▲ (impétueux) L expérience! Ha! Ha! Ha! L expérience! C est à dire la Routine, la Tradition, toute l oppression des préjugés stupides! (à Louise, avec âpreté, d une voix sifflante) L expérience qui voudrait Dieu lui-même en servage! L expérience lâche et tyrannique servante de l Envie qui se dresse à l entrée de la vie! (véhément) Les juvéniles chevauchées des passions! Tout l idéal, tout l amour, le vouloir, le génie, honnis, traqués, comme on traque l ignominie! O la misérable! O l odieuse! L infâme, l hypocrite, l inféconde expérience! ▼LOUISE▲ (simplement) Ainsi tout enfant a le droit de choisir lui-même le chemin du bonheur? ▼JULIEN▲ (avec conviction et grandeur, sans emphase) Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! Malheur à celui qui voudrait garrotter l originale et fière volonté d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, sa part d amour! (Le soir tombe. Les dernières lueurs du couchant dorent la ville) ▼LOUISE▲ (avec une émotion grandissante) Les désirs de nos coeurs peuvent-ils sans remords briser d autres coeurs?… ▼JULIEN▲ (farouche) L égoïsme appelle l égoïsme! ▼LOUISE▲ L amour des parents n est-il donc que de l égoïsme? ▼JULIEN▲ Rien qu égoïsme! ▼LOUISE▲ Et mon père lui-même?… ▼JULIEN▲ (s emballant) Un égoïste plus aveugle que les autres! (Louise fait un geste de reproche. Julien, regrettant ses paroles, s approche d elle et l entraîne doucement vers le fond du jardin) ▼JULIEN▲ (caressant) Jolie! Tu regrettes d être venue? (il l attire contre lui, avec tendresse, et lui montre la ville) De Paris tout en fête, entends monter la joyeuse, l attrayante chanson! C est pour toi, petite muse, que la ville cette nuit s amuse! (avec câlinerie) Hors Paris, Louise ne serait pas Louise! Paris sans toi ne serait point Paris! Mignon symbole de la grande cité, je t aime en elle et je l adore en ta beauté! ▼LOUISE▲ (extasiée) O l attirante, la chère musique de la grande Ville! ▼JULIEN▲ (enthousiaste) La Ville m a donné la Fille… ▼LOUISE▲ (gagnée par l enthousiasme) L amour de la Fille te donnera la Ville! ▼JULIEN▲ Oui, tous deux nous marcherons à la conquête de la Cité merveilleuse! ▼LOUISE▲ Ta gloire aura mes yeux pour étoiles! ▼JULIEN▲ Par ton amour, j aurai la victoire! ▼LOUISE▲ Paris! ▼JULIEN▲ Paris! ▼LOUISE▲ Paris! ▼JULIEN▲ Paris! ▼LOUISE, JULIEN▲ Paris! Paris! Cité de force et de lumière! Paris! Paris! Paris! Splendeur première! (Louise et Julien, aux bras l un de l autre, invoquent la Ville immense) Paris! Paris! O Paris! (La nuit est venue, la Ville peu à peu se revêt de lumières) Cité de joie! Cité d amour! Sois douce à nos amours! (ils s agenouillent) Protège tes enfants! (dramatique) Garde-nous!… Défends-nous! (Les amants, enlacés, immobiles, comme sous l enchantement du rêve glorieux d Avenir qui se lève devant eux, tendent les bras vers la ville) ▼LOUISE▲ Julien! ▼JULIEN▲ Louise! ▼LOUISE▲ Vois la ville qui s éclaire… ▼JULIEN▲ C est le firmament sur terre… ▼LOUISE▲ Entends les mille voix… ▼JULIEN▲ Elles répondent à nos voix! ▼LOUISE▲ Regarde les lumières. ▼JULIEN▲ La ville tout entière se lève à ta prière! ▼LOUISE▲ (avec enthousiasme) Ah! (Ils se relèvent lentement. Dans une apothéose de lumière, Paris semble fêter les amants) ▼LOUISE, JULIEN▲ «Libres! Vous êtes libres!» Nous crie la ville immense. ▼VOIX DE LA VILLE▲ (Femmes et Hommes) Libres! ▼LOUISE, JULIEN▲ Libres, soyons libres, selon notre conscience! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres! ▼JULIEN▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres, dans l amour! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼JULIEN▲ Libres, dans la vie! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres, toujours! ▼JULIEN▲ (en interrogation) Toujours? ▼LOUISE▲ (décidée) Toujours! ▼JULIEN▲ (souriant) Toujours! ▼LOUISE▲ (souriante) Toujours! ▼JULIEN▲ (la pressant dans ses bras, avec tendresse) Toujours! ▼LOUISE▲ (se serrant contre lui - avec passion) Toujours! (Feu d artifice, lointain. Les amants, retombés sur le banc de verdure, s étreignent avec extase) ▼LOUISE▲ Vois la belle nuit… ▼JULIEN▲ C est notre nuit de noces! ▼LOUISE▲ Ah! Je t aime!… ▼JULIEN▲ Tu m aimes?… ▼LOUISE▲ Je t aime!… ▼JULIEN▲ Oh! Le doux miracle… Je ne suis plus Julien, tu n es plus Louise! ▼LOUISE▲ (se jetant sur lui passionnément) Des baisers, Julien, des baisers! ▼JULIEN▲ (se levant; calme, avec grandeur) Nous sommes tous les amants fidèles à leurs serments! ▼LOUISE▲ (agenouillée devant lui) Ah! Le divin roman! ▼JULIEN▲ Nous sommes tous les êtres qui veulent vivre sans maîtres! ▼LOUISE▲ (lui tendant les bras) En mes bras sois mon maître! ▼JULIEN▲ Nous sommes toute les âmes que brûle la sainte flamme du désir! (Il prend Louise dans ses bras) ▼LOUISE▲ (éperdue) Suis-je sur terre? Je marche dans une féerie… ▼JULIEN▲ (montrant la ville illuminée) Regarde ton domaine!… ▼LOUISE▲ (pâmée) Vision fleurie!… ▼JULIEN▲ (avec ferveur) Ici loin de la peine, loin de l envie et de la haine, ton clair sourire de bonté rayonnera sur la cité. Et mes baisers, ô tendre soeur, te feront muse du bonheur! ▼LOUISE▲ (éperdue; joyeuse, triomphante, impétueuse) Ah! La parole idéale dont s enivre mon corps tout entier! Dis encore ta chanson de délices! Ta chanson victorieuse, ta chanson de printemps! ▼JULIEN▲ (entraînant) Avec tes baisers clos mes lèvres! Tes baisers valent mieux que mes chants de liesse! Baisers d aurore et de soleil! Baisers de feu! ▼LOUISE▲ (frénétique) Encor des baisers! Toujours des baisers! Mets sur ma lèvre toute leur fièvre! Encor des baisers! ▼JULIEN▲ Depuis le jour où je l ai prise toute, jamais Louise ne parut si belle! ▼LOUISE▲ (pétulante) Ce n est plus la petite fille?… ▼JULIEN▲ C est une femme nouvelle! ▼LOUISE▲ l enfant timide et craintive? ▼JULIEN▲ Non, c est l Amante éternelle! ▼LOUISE▲ C est une femme au coeur de flamme dont l être clame, dont l âme crie éperdument ▼JULIEN▲ Ah! Au souffle du Désir, Louise enfin s éveille! Hosanna! Hosanna! ▼LOUISE▲ Ah! (claironnant, passionnée, juvénile impatiente) Ah prends-moi vite, vite, mon bien-aimé, plus beau que les fiers chevaliers des contes bleus de la Légende! A mon appel hâte-toi d accourir! (souriante) Prince Charmant dont la caresse (triomphante) éveilla la petite Montmartroise au Coeur Dormant! (ardente) Viens dans mes bras, ô mon poète, ne suis-je pas ta conquête? Embrasse-moi… Fais-moi mourir sous tes baisers! ▼JULIEN▲ Ardente ivresse du baiser! O vertige, ô volupté! La chair de l amante a parlé elle appelle son maître… ▼LOUISE▲ A toi tout mon être! ▼JULIEN▲ Ton cher corps me désire? ▼LOUISE▲ Je veux du plaisir! ▼JULIEN▲ Prends-moi! ▼LOUISE▲ Ah! Jadis tu pris la vierge aimante toute naïve en son printemps, mais aujourd hui, l amante-femme veut à son tour prendre l Amant! Viens! O mon poète! Beau chevalier, ah! Sois ma conquête… Fais moi mourir sous tes baisers! ▼JULIEN▲ Ah! Bien aimée! Prends ton poète! Ah! Emporte ta conquête… Fais-moi mourir sous tes baisers! ▼LOUISE▲ (pâmée) C est le paradis! ▼JULIEN▲ Non, c est la vie!… ▼LOUISE▲ C est une féerie… ▼JULIEN▲ Non, c est la vie, l éternelle, la toute-puissante vie! (Appels lointains de trompettes. Les deux amants se dirigent vers la maison. Indifférente à tout ce qui les entoure, les yeux dans les yeux, les lèvres appelant les lèvres, ils montent lentement le perron. Au loin, bouquet de feu d artifice. D un geste passionné, Louise entraîne Julien dans la maison. Après un dernier regard vers la ville, ils disparaissent. Tambours lointains) Scène Deuxième (Un bohème apparaît sur le sentier; il saute la haie, se dirige vers la maison, regarde la fenêtre éclairée, et fait un geste d appel vers la ville. Le premier bohème sonne un appel. Un autre bohème surgit de la même manière; le premier va à sa rencontre) ▼LE DEUXIEME BOHEME▲ (au premier) Ils sont là? (Sonne la trompette. Il lui montre la fenêtre dont la lumière s éteint subitement, puis ouvre la porte à trois camarades porteurs d un paquet volumineux qu ils déballent en hâte. Ils en tirent des oriflammes, des draperies, des lanternes vénitiennes, dont ils décorent la façade, le perron et le vestibule de la maison. Au loin retentissent des clameurs, des chants, des fanfares de fête. Les lumières de la ville semblent s avancer vers la Butte. Roulement lointain de tambours. Rumeurs joyeuses. Chants lointains) ▼OUVRIERS, BOHEMES, GENS DE LA BUTTE▲ (lointains) Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! ▼LA FOULE▲ (Enfants, lointain) N en mangez pas, jeun s fill s, ça fait grossir! ▼GRISETTES ET BOHEMES▲ Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! ▼LA FOULE▲ (Enfants) N en mangez pas, messieurs, ça fait mourir! (Cris lointains) Vivent les Bohèmes! ▼ENFANTS▲ La la la la la… ▼CHOEUR▲ La la la la la… (Peu à peu des badauds, rôdeurs et rôdeuses, se massent à l entrée du jardin. Des gueux apparaissent, grimpés sur les échafaudages des maisons voisines et sur le mur de clôture. Des bandes de gamins traversent le sentier en courant. Dans la rue placée en contrebas, on voit passer des lampions et les bannières des bohèmes. Le premier groupe des gens de la Butte paraît sur le chemin) ▼RODEURS, RODEUSES▲ (à la porte du jardin) Honneur aux bohèmes! Gloire aux faiseurs de poèmes! Gloire aux belles qui les aiment! Hourrah! (Quelques grisettes, précédant la bande, accourent sur le perron, pour mieux voir. Les gens de la Butte les suivent dans un effarement plutôt comique. Rumeurs prolongées) ▼LES MERES ET LES PERES▲ Que vienn nt faire ces gens-là avec tout leur tralala? Regardez ces filles, ah! En ont-ell s des falbalas! ▼LES MERES▲ Quell misère… Si j étais leur mère! ▼LES PERES▲ Quell misère… Si j étais leur père! ▼LES GAMINS▲ (s appelant à l entrée du jardin) Ohé! Ohé! ▼LES GUEUX▲ (assis sur les échafaudages) Ohé! Ohé! ▼LES FILLETTES ET LES GARÇONS▲ C est ici qu ils vont s amuser… ▼LES GAMINS▲ (entrant, telle une nuée de moineaux, marquant un pas sur chaque temps) Le bourgeois voudrait les pendr d un seul coup! La bourgeois voudrait se pendr A leur cou! ▼MERES ET PERES▲ (causant entre eux) Quelle extravagation, quelle dépravation! C est l abomination de la désolation! ▼LES FILLETTES▲ (entre elles) Ils vont chanter, rire et danser… Et peut-être nous embrasser… ▼LES GARÇONS▲ (entre eux) Ils vont chanter, rire et danser… Et nous montrer leurs fiancées… ▼DES GUEUX▲ (rires) Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. ▼LES GAMINS▲ Mais la quille, plus maligne, de son oeil tranquille cligne (ils s arrêtent; avec drôlerie) «O chaleur! Quel malheur!… Attendez-moi tout à l heur !» (Des gardes municipaux paraissent galopant des chevaux fantasques. Ils poursuivent les gamins qui se réfugient sur le perron) ▼FILLETTES, GARÇONS, GUEUX▲ (se montrant les bannières) Ah! (Paraissent les porteurs d oriflammes, de bannières et de lanternes. (Le chansonnier, le peintre, le sculpteur, les philosophes, l étudiant, le jeune poète et les bohèmes du 2e acte sont disséminés dans les différents groupes travestis.) Ils s alignent au fond de la scène. Des grisettes et des bohèmes, bizarrement travestis, entrent en farandole et font plusieurs fois le tour du jardin, gambadant, sautant, et se livrant à mille excentricités) ▼LES BOHEMES, PORTEURS D ORIFLAMMES▲ (criant) Place! Bonn s gens, élargissez-vous! Place! Bonn s gens, élargissez-vous! ▼MERES ET PERES▲ Voyez, voyez, (cris d ahurissement) ah! Voyez, voyez, (riant) ha, ha, ha, ha, ha, ▼FILLETTES ET GARÇONS▲ Voyez ces bannières! Toutes ces lumières ▼LES GUEUX▲ (riant ironiquement) Ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ▼LES BOHEMES, PORTEURS DE LANTERNES▲ Place! Bonn s gens, élargissez-vous! ▼LES GAMINS▲ Les voici, les voici, les voici… ▼LES GRISETTES▲ (riant) Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. ▼GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX▲ Il y a des êtres qui s ennuient… ▼TOUS▲ … y en a d autr s qui n s ennuient pas! ▼GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS▲ Ha! Ha! Ha! ▼GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX▲ Il y a en a qui ont du génie… ▼TOUS▲ … y en a d autr s qui n en ont pas! ▼GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS▲ Ha! Ha! Ha! ▼LES GAMINS▲ (se moquant de la foule) Voyez donc ces têtes, ces binettes! ▼BOHEMES▲ Viv la rigolade! ▼MERES, PERES▲ Voyez ces bannières! ▼LES GUEUX▲ Vivent les artistes! Gloire aux anarchistes! ▼LES GAMINS▲ Voyez donc ces têt s qu ils ont! ▼GRISETTES, BOHEMES▲ Viv la rigolade! ▼FILLETTES, GARÇONS▲ Quelle sérénade! ▼MERES, PERES▲ Toutes ces lumières! ▼LES GAMINS▲ Conspuez! Conspuez! Conspuez! ▼GRISETTES, BOHEMES▲ Dans un royal bacchanal! Loin du flic et du cipal, chantons, chantons, notre hymne triomphal! ▼LES GUEUX▲ En l honneur des étudiants, compagnons, battons un ban. (ils battent bruyamment les mains en cadence) ▼FILLETTES, GARÇONS, MERES, PERES▲ Quel étrange carnaval, quel infernal bacchanal! Ils sont fous, ils sont saouls, ils mett nt tout sens dessus d ssous! (A la porte de l enclos, apparaît le cortège du Plaisir. Sur un char escorté par les Filles de Joie, le Noctambule, costumé en Pape des Fous, entre solennellement) ▼CHOEUR▲ (sauf les Mères et les Pères) Jour d allégresse Et jour d amour Sur la Butte en liesse! (Le cortège se range à l avant-scène, devant la maison) Tout est rose, Tout flamboie, C est la joie, L apothéose! (Deux Bohèmes, travestis en âne et en singe, vont se placer de chaque côté du perron) Voici venir Les divins gueux Aux longs cheveux, Les jeunes dieux! ▼ENFANTS▲ Les chercheurs d absolu, ▼CHOEUR▲ Oyez ces cris. De tous côtés c est la joie de Paris aux pieds de la Beauté! ▼ENFANTS▲ Les épris d inconnu, voici venir les fiers élus de l avenir! ▼CHOEUR▲ Les épris d inconnu, les élus de l avenir! (Louise paraît sur le perron très émue. Ses amies s empressent autour d elle. Julien se joint aux Bohèmes) ▼JULIEN, IRMA, CAMILLE, BLANCHE, ELISE, MADELEINE, GERTRUDE, LA PREMIERE, SUZANNE, MARGUERITE▲ Gloire à la Muse dont la lèvre fleurie jamais rien ne refuse à son poète qui la prie! ▼CHOEUR▲ Riez! Chantez! C est la joie. Riez! Dansez! Tout flamboie! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! Gloire au génie des fils de l harmonie, riches d éternité, quoique vêtus de pauvreté! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! (Bravos prolongés de la foule. Un Bohème, grimpé sur le toit de la maison, s adresse à la Foule) ▼UN BOHEME▲ Bonn s gens! Bonn s gens! Habitants de Paris, venez tous admirer Louise la jolie! C est un gentille p tite ouvrière que les bohèmes, rois de misère, vont sacrer Muse de leur chimère! ▼LA FOULE▲ (surprise) Une Muse? Une Muse à Montmartre! ▼UN BOHEME▲ En l honneur de Louise que la danse commence. (Louise, rougissante d émotion et de plaisir, s assied sur le perron. Ses amies prennent place derrière elle. Les gamins, tenant des roses, s entassent sur les marches du perron. Julien et les bohèmes se groupent à gauche contre la maison. La foule, repoussée contre le mur et les haies de l enceinte, devient peu à peu silencieuse. En une chaîne gracieuse et colorée, des grisettes travesties s adossent au public, et forment, devant Louise, un large demi-cercle au centre duquel apparaît la Danseuse) ▼PREMIER GROUPE▲ Approchons. Holà! Ne poussez pas ainsi! Nous voulons voir! Vous ne passerez pas. ▼DEUXIEME GROUPE▲ Je garde ma place. - C était la mienne. J y étais avant vous! Menteuse. - Imbécile. - Malhonnête. ▼TROISIEME GROUPE▲ Vous m écrasez. - Je m en moque. Aïe, butor. - Abruti. - Malappris. Vieux singe! ▼QUATRIEME GROUPE▲ Laissez-moi passer. - Non, allez ailleurs. Vieux fourneau! - Hein vous dites? Mange, fumier! ▼LES GAMINS▲ (assis sur le perron) Y a d quoi s mordre! Ohé! Les poires! Voyez tableau! ▼LES GUEUX▲ (sur les échafaudages) C est la fête! C est la fête! Ohé!… Rapineurs, pique-assiettes, refileurs de comète, ouvrez l oeil, car pour vous l Opéra va danser! ▼LES BOHÈMES▲ (maintenant la foule) Faites place aux danseuses! Divertissement Scène Troisième Couronnement Dde La muse… ▼LE PAPE DES FOUS▲ (se levant) Par Mercure aux pieds légers, puisque s ouvre ici la Cour d amour, m est avis, messeigneurs, qu il vous sied de céder le verbe au poète superbe et seul idoine à louanger (rires dans la foule) (emphatique) que voici. (Il va vers la foule de droite et s incline ironiquement; puis, vers la foule de gauche, s incline de nouveau, esquisse quelques entrechats, gambade autour des grisettes, et après une pirouette finale, fait un geste mystérieuse à la Danseuse. Surgissent du fond de la scène les ballerines qui s éparpillent, se groupent, font la roue, puis mystérieusement s écartent, découvrant la Danseuse) ▼LE PAPE DES FOUS▲ (à Louise, montrant la Danseuse) O jolie! (Celle-ci, comme suggestionnée, tourne sur elle-même, s avance vers lui) Cette danseuse est une fleur de vie faite d un peu de chacun de nous tous. (Les grisettes prennent part à la danse) Et cette fleur vivante, c est notre âme. Sous la forme d une fleur qui serait une femme, Fleur-femme, dont la grâce, le parfum se traduisent en cadences afin que tes sens aussi bien que ton âme puissent apprécier l hommage suprême! ▼LA FOULE▲ Ah! ▼CHOEUR▲ Ah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! (Les grisettes, en demi-cercle devant Louise, lui envoient d une rapide poussée, la Danseuse et c est comme une flèche lancée d un arc) ▼LE PAPE DES FOUS▲ O jolie! Soeur choisie! Harmonie et beauté! Poème de clarté! (Pendant cette scène, la Danseuse cueille des roses aux mains des grisettes, elle en fait un diadème, le montre à la foule, puis monte lentement les degrés du perron, s incline devant Louise, s incline devant elle et la couronne. Les grisettes drapent sur les épaules de Louise le châle brodé d argent, emblème de sa royauté) Gente fillette de Paris, en qui revient Juliette, Ophélie, ô charmante, Muse clémente! De tes chevaliers reçois l hommage. (Acclamations) ▼LA FOULE▲ Louise! Louise! (Les bohèmes s avancent vers Louise) ▼LES GRISETTES ET LES BOHEMES▲ (nerveux et vivant, entourant Louise) Louise, acceptes-tu d être reine de la Bohème? Louise, acceptes-tu d être Muse de la Butte Sacrée? (Acclamations de la foule) Réponds? (Louise, souriante, fait un timide geste d acquiescement. Un vieux bohème s avance solennellement. Les tambours rythment son chant. Mouvement de curiosité dans la foule) ▼LE VIEUX BOHEME▲ Au nom de la sacrée Bohème je te fais reine! (Louise se lève) Blanche comme une fée d espoir luis dans le soir! Que ton sourire de bonté sur nous épanche sa clarté! Sois accueillante aux affamés de pain et de beauté! Garde ta foi au bien-aimé! Ris-toi des lois! Et des bourgeois! De tous ceux qu importunent le rire et la joie De tous ceux que l envie a ligués contre toi! De tous ceux qui voudraient te refuser le droit de chanter à ta guise et d aimer à ton choix! (Energique) Contre tous, défends ta liberté! (mettant un genou en terre) Sois-nous fidèle. ▼LES GRISETTES▲ (s inclinant de même) Sois-nous fidèle. ▼LES BOHÈMES▲ (les imitant) Sois-nous fidèle! (Julien s approche à son tour) ▼JULIEN▲ O Jolie! Soeur choisie! (Louise prend une rose à son corsage et l offre à l amant) Choeur D apothéose ▼JULIEN▲ Je t aime! Je t aime! Je t aime! Je t aime! (Orgueilleusement, il prend Louise dans ses bras) ▼LOUISE▲ Julien, je t aime! Je t aime! Je t aime! ▼IRMA, CAMILLE▲ Ah! Ah! Fête des poètes! Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie! Les Grisettes (enthousiasmées) Amoureuse beauté! Ton chant de volupté éveille en nous une adorable ivresse, un désir de caresses, car ta félicité, ô Jolie! ▼LES BOHÈMES▲ (avec ferveur) Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée par nos rêves d éternité! Ô Jolie! (avec ferveur) Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée dans de l éternité! Ô Jolie! ▼LES GAMINS▲ (ahuris) C est renversant, épastrouillant, abracadabrant! (Toujours assis, ils se tournent vers Louise) Regardez-les, c qu ils sont chipés! Ah! Y a qu à Montmartr qu on voit ça! J en suis bleu, j en suis baba! C est plus bath qu à l Opéra! Hourrah! Hourrah! ▼LES GUEUX▲ (goguenards) S ils continuent y vont la rendre folle! Tant pis pour elle! Fallait pas qu elle y aille! Ell croit qu la grande vie ça vaut mieux que l travail! Quell folie! ▼JEUNES FILLES▲ (admiratives) Ah! Adorable beauté, chacune de nous t envie; car ta félicité, ô Jolie! ▼MERES▲ (indignées) Ah! Ah! Voyez, quelle effrontée! Dans son immoralité, dans son impudicité, elle oublie! ▼GARÇONS▲ (charmés) Ah! Ah! Quel frisson de volupté sur nos têtes vient de passer? Ô Jolie! ▼PERES▲ (méprisants) Ah! Ah! Admirez l absurdité de cette solennité! La folie est triomphante! ▼IRMA, CAMILLE, GARÇONS, BOHEMES▲ Tendre reine des amantes! ▼GRISETTES, JEUNES FILLES▲ C est le rêve des amantes! ▼BOHEMES▲ Muse clémente! ▼GAMINS▲ Pour la reine de Montmartre! ▼GUEUX▲ Tu n vois donc pas qu ils te mentent? ▼MERES▲ Qu ses parents, là-bas, s tourmentent! ▼LOUISE, JULIEN, IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Non, non, jamais rien ne séparera la Muse du Poète! l Amante de l Amant! Et Julien de Louise! ▼GARÇONS, BOHEMES▲ Salut, salut, salut, salut, salut à toi! ▼PERES▲ Voyez! Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Jamais, jamais, on n a vu ça. ▼GAMINS▲ Hourrah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! ▼GUEUX▲ Ah! Ah! Ah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! ▼JEUNES FILLES▲ Salut, salut, salut, salut à toi! ▼MERES▲ Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Comment peut-on tolérer ça? Comment peut-on tolérer ça? ▼PERES▲ Jamais, jamais, on n a vu ça. ▼GAMINS, GUEUX▲ Y a qu à Montmartre qu on voit ça! (Orgueilleusement enlacés, les deux amants sourient à la foule) ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! Ah! ▼JEUNES FILLES, GARÇONS, BOHEMES▲ À toi! ▼GAMINS, GUEUX▲ Tra la la la, tra la la la! Tra la la la tra la la la! ▼MERES, PERES▲ Holà, holà, holà, holà, Va-t-on fair taire ces gens-là? (La fanfare des Bohèmes, bannière en tête, défile devant Louise) ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Ohé, ohé, ohé, ohé, ohé, ohé! ▼MERES▲ À bas, à bas, à bas, à bas, à bas, à bas! ▼PERES▲ Holà, holà, holà, holà, holà, holà! (Feux De Bengale - Apothéose) ▼GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS, GAMINS, GUEUX▲ (rires) Ha, ha, ha, ha, ha! Ha, ha, ha, ah, ah! ▼MERES▲ À bas, à bas, à bas! ▼PERES▲ Holà, holà, holà! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Hourah! ▼MERES▲ À bas! ▼PERES▲ Holà! (Mais une rumeur vient du fond de l enclos. La foule s écarte avec stupeur. Un grand silence se fait. Sur le seuil du jardin, la mère de Louise, immobile, hésitant à entrer, apparaît comme le fantôme de la souffrance. Les bohèmes se massent devant le perron. Les grisettes entourent Louise défaillante. La foule, surprise s écarte avec pitié) ▼LES GUEUX▲ Ah! ▼LES MERES, LES PERES▲ Regardez! ▼LES BOHÈMES▲ Ah! ▼LES JEUNES FILLES, LES GARÇONS▲ Quelle est cette femme? ▼IRMA, CAMILLE, LES GRISETTES, LES GAMINS▲ Ah! ▼MERES, PERES▲ Que veut-elle? ▼JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Voyez! ▼LE PAPE DES FOUS▲ Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! (Il se sauve en ricanant, suivi des filles de joie) ▼LOUISE▲ (cri) Ah! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! La mère de Louise! ▼GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ Ah! Ah! (Les porteurs d étendards, les musiciens et les danseuses disparaissent) ▼JULIEN▲ (se plaçant devant Louise; sourdement) Je te garde! ▼GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ La mère de la muse! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! (La mère s approche de la maison, s avance avec timidité, comme éblouie par les lumières. Un groupe de bohèmes lui barre la route, mais le regard de la femme, le mystère, la souffrance qui émanent d elle, les font reculer malgré eux) ▼LES GUEUX▲ (ricanant) Ha, ha, ha, ha, ha! ▼LES GAMINS▲ (terrifiés) Allons-nous-en à quatre patt s, c est pas l moment d fair des épates! ▼GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Ah! Quelle affaire! ▼LES GUEUX▲ (goguenards) Adieu cochons, vache et couvée… ▼BOHEMES, MERES, PERES▲ Ah! Quelle affaire! ▼LE BRICOLEUR▲ Encore un rein de dégommée! ▼LES GUEUX▲ Ha, ha, ha, ha, ha! (D autres bohèmes s approchent; d un geste suppliant la mère les écarte) ▼LES GAMINS▲ (s éloignant) Gar les mornifl s et les peignées, y va pleuvoir des giroflées! (ils disparaissent) ▼JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ (s éloignant) Ah! Quelle affaire! Quelle affaire! ▼LES GRISETTES▲ La mère de Louise! Ah! ▼LES GUEUX▲ (descendant les échafaudages) Adieu chansons, adieu chimèr s… ▼BOHEMES▲ La mère de Louise! ▼LE BRICOLEUR▲ Ah! Quel malheur d avoir un mère! (Ils disparaissent. Louise se relève, regarde autour d elle, voit sa mère, fait un geste d épouvante et s élance dans les bras de Julien. Quelques bohèmes s empressent autour d eux. Julien leur fait signe de s éloigner. La foule s éloigne) ▼TOUS▲ (hors du jardin) Ah! Ah! (À l approche de sa mère, Louise, impuissante à surmonter sa frayeur, se réfugie dans le vestibule. Julien, très ému, mais ferme, dans une attitude de défi, barre la route. Roulement lointain de tambours) Scène Quatrième ▼LA MÈRE▲ (humblement, à Julien) Je ne viens pas en ennemie… Je venais dire à Louise que son père est très souffrant et qu elle seule peut le sauver. ▼LOUISE▲ (à part, presque parlé) Mon père! ▼JULIEN▲ (à part) Que veut-elle faire? ▼LA MÈRE▲ (s avance, à Julien, simplement) Nous avions tout accepté, nous étions las de lutter, de chercher… et nous avions fait une croix sur la porte de sa chambre… (fatale) Elle était morte, bien morte pour nous. (suppliante) Mais aujourd hui que son père est au plus mal, je viens vous supplier, monsieur, de permettre à Louise de revenir chez nous… et ce sera la guérison de mon pauvre homme à la maison. ▼LOUISE▲ (se rapprochant, avec une vive émotion) Mon père est très malade? ▼LA MÈRE▲ (à Louise qui s est rapprochée) Il est bien mal depuis hier… (Julien manifeste sa méfiance et se tient à distance) Les premiers jours il versa mille larmes (cherchant à apitoyer Louise) Il allait et venait de la porte à la fenêtre, regardant… écoutant… espérant à chaque minute te voir revenir. La nuit comme le sommeil ne voulait pas de lui, pendant des heur s il se traînait dans l ombre, et gémissait… (Emotion croissante de Louise; elle mime inconsciemment les geste de sa Mère) et sanglotait… Un soir, je le surpris, sur le seuil de ta chambre, à genoux, et criant Louise! Louise! Mon enfant! m entends-tu?… ne suis-je plus ton père?… (changeant de ton) Puis il sembla se faire une raison et reprit sa vie d autrefois… enfin je crus qu il oubliait en le voyant parfois sourire à mes larmes… (souriant tristement) Hélas! je m étais trompée… Ton père n avait rien oblié… la douleur le minait, et plus il la cachait, plus il souffrait… (Louise et Julien échangent un regard compatissant) ▼LA MÈRE▲ (à Julien, dont la méfiance s est envolée) Seule une joie peut le sauver… Et vous pouvez la lui donner, en conseillant à Louise de revenir chez nous… (voyant une hésitation dans le geste de Julien) Oh! Elle sera libre maintenant! (aimable) Ce que nous voulons, c est l avoir un peu… nous l aimions depuis plus longtemps que vous… elle nous aimait avant de vous connaître… (silence) (suppliante) Oh! Monsieur! Vous ne voudriez pas que son père vous maudisse! (avec grandeur) La malédiction d un mourant vous poursuivrait toute la vie! (Le chiffonnier paraît sur le sentier au fond de la scène. Il fouille le ruisseau en s éclairant de sa lanterne. La douleur de Julien rend Louise indécise. La mère attend avec inquiétude) ▼LE CHIFFONNIER▲ Un père cherche sa fille qui était toute sa famille. (La mère reste figée dans son attitude suppliante) Mais une fille dans la cité, c est une aiguille dans un champ de blé! (Louise et Julien regardent le chiffonnier avec compassion Il s éloigne. L image du père de Louise s évoque devant eux. Leurs dernières hésitations s envolent) Pourquoi chercher et m obstiner. La grande ville a besoin de nos filles… ▼JULIEN▲ (à la mère) Promettez-moi de me rendre Louise? ▼LA MÈRE▲ (sans le regarder) Je le promets! (Lentement elle s éloigne. Louise se jette au cou de Julien) ▼LE CHIFFONNIER▲ (très loin, tristement) Tra la la la la la! Tra la la la la la! Elle est partie dans la nuit! ▼JULIEN▲ (décidé, avec déchirement) Allons, va, messagère de bonheur! Et n oublie pas que dès ce moment je vais compter toutes les heures! (Louise ôte le châle dont on l avait parée et le donne à Julien. La mère est à la porte du jardin. Louise la suit, troublée, s arrêtant à chaque pas. Sur un geste de Julien, elle revient vers lui, se jette dans ses bras. Les deux amants s étreignent avec folie, se séparent, s embrassent encore. Louise s éloigne à reculons, une main sur les lèvres. Au moment de disparaître, elle envoie un suprême baiser à Julien) ▼JULIEN▲ (lui tendant les bras, avec tendresse) Ô Jolie! (Il s élance vers la porte) ACTE III Prélude Vers la cité lointaine…Un jardinet au faîte de la butte Montmartre. A gauche, une petite maison sans étage, avec perron et vestibule découvert. A côté de la maison, à l avant-scène, un mur coupé d une petite porte. A droite, des échafaudages. Au fond, une haie; entre la haie et les échafaudages, une porte à claire-voie. Un sentier extérieur côtoie la haie; au-delà s étagent les toits des maisons voisines. Panorama de Paris. Le crépuscule est imminent Scène PremièreAu lever du rideau, Julien, assis, un livre à la main, près de la maison, semble plongé dans une méditation heureuse. Accoudée sur la rampe du perron, Louise, souriante, le regarde amoureusement, puis s approche LOUISE Depuis le jour où je me suis donnée, toute fleurie semble ma destinée. Je crois rêver sous un ciel de féerie, l âme encore grisée de ton premier baiser! JULIEN Louise! LOUISE Quelle belle vie! Mon rêve n était pas un rêve! Ah! Je suis heureuse! L amour étend sur moi ses ailes! Au jardin de mon coeur chante une joie nouvelle! Tout vibre, tout se réjouit de mon triomphe! Autour de moi tout est sourire, lumière et joie! Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! Quelle belle vie! Ah! je suis heureuse! trop heureuse… Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! JULIEN Louise est heureuse? LOUISE se jetant dans ses bras Trop heureuse! JULIEN avec tendresse Tu ne regrettes rien? LOUISE Rien!… Que puis-je regretter?simplement A l atelier, parmi mes compagnes, j étais une étrangère, personne ne me comprenait et personne ne m aimait.sans acrimonie Chez nous, mon père me traitait toujours en petite fille.enfantement, avec rancune Et la mère Qui aime bien, châtie bien Ne perdait pas son temps avec moi! C était à tout moment, à propos de rien, des rebuffades, des attrapades gamine Pan! Pan! «ça t apprendra!» Pan! Pan! Attrap «celle-là!» «Mais ma mère!» «Vas-tu te taire?» «Je n ai rien fait!» «P tite effrontée!» «Pan! Pan! Pan! Pan! Pan! Pan!» JULIEN riant Ah! Ah! Ah! Ah! LOUISE sérieuse Et mon père la laissait faire… Il m aimait bien pourtant, mon pauvre père!… Mais il croyait tout ce qu inventait la jalouse elle avait fait de toi un tel portrait, critiquant ta conduite, ton métier, que mon père ne pouvait croire qu il me fût possible de t aimer. JULIEN moqueur La mère La Routine, le père Préjugé devaient bien s entendre! LOUISE imitant son père, sans trop de moquerie «A ton âge, disait-il, on voit tout beau, tout rose; prendre un mari, c est choisir une poupée»… JULIEN souriant Une poupée? LOUISE «Malheureusement, ces poupées-là, ma fille, vous font parfois pleurer bien des larmes» JULIEN riant Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!ironique, sans éclat Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté! Il fallait lui répondre, gentiment «Les poupées d amour ne sont pas toutes méchantes»… LOUISE «Comment veux-tu la choisir?» Disait mon père… JULIEN Avec mon coeur! LOUISE continuant l imitation «C est un bien mauvais juge» JULIEN avec impatience Pourquoi donc? LOUISE souriante, ironique «Qui dit amoureux, toujours dit aveugle» JULIEN s exaltant, mais sans colère Aveugle lui-même, d avoir méconnu la souveraineté de l amour!… Et d oser réclamer pour lui le droit d élire le maître de ta destinée!… LOUISE imitant les gestes paternels, sans moquerie «C est le droit de la vieillesse! Le droit de la sagesse!emphatique Le droit de l expérience!» JULIEN impétueux L expérience! Ha! Ha! Ha! L expérience! C est à dire la Routine, la Tradition, toute l oppression des préjugés stupides!à Louise, avec âpreté, d une voix sifflante L expérience qui voudrait Dieu lui-même en servage! L expérience lâche et tyrannique servante de l Envie qui se dresse à l entrée de la vie!véhément Les juvéniles chevauchées des passions! Tout l idéal, tout l amour, le vouloir, le génie, honnis, traqués, comme on traque l ignominie! O la misérable! O l odieuse! L infâme, l hypocrite, l inféconde expérience! LOUISE simplement Ainsi tout enfant a le droit de choisir lui-même le chemin du bonheur? JULIEN avec conviction et grandeur, sans emphase Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! Malheur à celui qui voudrait garrotter l originale et fière volonté d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, sa part d amour!Le soir tombe. Les dernières lueurs du couchant dorent la ville LOUISE avec une émotion grandissante Les désirs de nos coeurs peuvent-ils sans remords briser d autres coeurs?… JULIEN farouche L égoïsme appelle l égoïsme! LOUISE L amour des parents n est-il donc que de l égoïsme? JULIEN Rien qu égoïsme! LOUISE Et mon père lui-même?… JULIEN s emballant Un égoïste plus aveugle que les autres!Louise fait un geste de reproche. Julien, regrettant ses paroles, s approche d elle et l entraîne doucement vers le fond du jardin JULIEN caressant Jolie! Tu regrettes d être venue?il l attire contre lui, avec tendresse, et lui montre la ville De Paris tout en fête, entends monter la joyeuse, l attrayante chanson! C est pour toi, petite muse, que la ville cette nuit s amuse!avec câlinerie Hors Paris, Louise ne serait pas Louise! Paris sans toi ne serait point Paris! Mignon symbole de la grande cité, je t aime en elle et je l adore en ta beauté! LOUISE extasiée O l attirante, la chère musique de la grande Ville! JULIEN enthousiaste La Ville m a donné la Fille… LOUISE gagnée par l enthousiasme L amour de la Fille te donnera la Ville! JULIEN Oui, tous deux nous marcherons à la conquête de la Cité merveilleuse! LOUISE Ta gloire aura mes yeux pour étoiles! JULIEN Par ton amour, j aurai la victoire! LOUISE Paris! JULIEN Paris! LOUISE Paris! JULIEN Paris! LOUISE, JULIEN Paris! Paris! Cité de force et de lumière! Paris! Paris! Paris! Splendeur première!Louise et Julien, aux bras l un de l autre, invoquent la Ville immense Paris! Paris! O Paris!La nuit est venue, la Ville peu à peu se revêt de lumières Cité de joie! Cité d amour! Sois douce à nos amours!ils s agenouillent Protège tes enfants!dramatique Garde-nous!… Défends-nous!Les amants, enlacés, immobiles, comme sous l enchantement du rêve glorieux d Avenir qui se lève devant eux, tendent les bras vers la ville LOUISE Julien! JULIEN Louise! LOUISE Vois la ville qui s éclaire… JULIEN C est le firmament sur terre… LOUISE Entends les mille voix… JULIEN Elles répondent à nos voix! LOUISE Regarde les lumières. JULIEN La ville tout entière se lève à ta prière! LOUISE avec enthousiasme Ah!Ils se relèvent lentement. Dans une apothéose de lumière, Paris semble fêter les amants LOUISE, JULIEN «Libres! Vous êtes libres!» Nous crie la ville immense. VOIX DE LA VILLE Femmes et Hommes Libres! LOUISE, JULIEN Libres, soyons libres, selon notre conscience! VOIX DE LA VILLE Libres! LOUISE Libres! JULIEN Libres! LOUISE Libres, dans l amour! VOIX DE LA VILLE Libres! JULIEN Libres, dans la vie! VOIX DE LA VILLE Libres! LOUISE Libres, toujours! JULIEN en interrogation Toujours? LOUISE décidée Toujours! JULIEN souriant Toujours! LOUISE souriante Toujours! JULIEN la pressant dans ses bras, avec tendresse Toujours! LOUISE se serrant contre lui - avec passion Toujours!Feu d artifice, lointain. Les amants, retombés sur le banc de verdure, s étreignent avec extase LOUISE Vois la belle nuit… JULIEN C est notre nuit de noces! LOUISE Ah! Je t aime!… JULIEN Tu m aimes?… LOUISE Je t aime!… JULIEN Oh! Le doux miracle… Je ne suis plus Julien, tu n es plus Louise! LOUISE se jetant sur lui passionnément Des baisers, Julien, des baisers! JULIEN se levant; calme, avec grandeur Nous sommes tous les amants fidèles à leurs serments! LOUISE agenouillée devant lui Ah! Le divin roman! JULIEN Nous sommes tous les êtres qui veulent vivre sans maîtres! LOUISE lui tendant les bras En mes bras sois mon maître! JULIEN Nous sommes toute les âmes que brûle la sainte flamme du désir!Il prend Louise dans ses bras LOUISE éperdue Suis-je sur terre? Je marche dans une féerie… JULIEN montrant la ville illuminée Regarde ton domaine!… LOUISE pâmée Vision fleurie!… JULIEN avec ferveur Ici loin de la peine, loin de l envie et de la haine, ton clair sourire de bonté rayonnera sur la cité. Et mes baisers, ô tendre soeur, te feront muse du bonheur! LOUISE éperdue; joyeuse, triomphante, impétueuse Ah! La parole idéale dont s enivre mon corps tout entier! Dis encore ta chanson de délices! Ta chanson victorieuse, ta chanson de printemps! JULIEN entraînant Avec tes baisers clos mes lèvres! Tes baisers valent mieux que mes chants de liesse! Baisers d aurore et de soleil! Baisers de feu! LOUISE frénétique Encor des baisers! Toujours des baisers! Mets sur ma lèvre toute leur fièvre! Encor des baisers! JULIEN Depuis le jour où je l ai prise toute, jamais Louise ne parut si belle! LOUISE pétulante Ce n est plus la petite fille?… JULIEN C est une femme nouvelle! LOUISE l enfant timide et craintive? JULIEN Non, c est l Amante éternelle! LOUISE C est une femme au coeur de flamme dont l être clame, dont l âme crie éperdument JULIEN Ah! Au souffle du Désir, Louise enfin s éveille! Hosanna! Hosanna! LOUISE Ah!claironnant, passionnée, juvénile impatiente Ah prends-moi vite, vite, mon bien-aimé, plus beau que les fiers chevaliers des contes bleus de la Légende! A mon appel hâte-toi d accourir!souriante Prince Charmant dont la caressetriomphante éveilla la petite Montmartroise au Coeur Dormant!ardente Viens dans mes bras, ô mon poète, ne suis-je pas ta conquête? Embrasse-moi… Fais-moi mourir sous tes baisers! JULIEN Ardente ivresse du baiser! O vertige, ô volupté! La chair de l amante a parlé elle appelle son maître… LOUISE A toi tout mon être! JULIEN Ton cher corps me désire? LOUISE Je veux du plaisir! JULIEN Prends-moi! LOUISE Ah! Jadis tu pris la vierge aimante toute naïve en son printemps, mais aujourd hui, l amante-femme veut à son tour prendre l Amant! Viens! O mon poète! Beau chevalier, ah! Sois ma conquête… Fais moi mourir sous tes baisers! JULIEN Ah! Bien aimée! Prends ton poète! Ah! Emporte ta conquête… Fais-moi mourir sous tes baisers! LOUISE pâmée C est le paradis! JULIEN Non, c est la vie!… LOUISE C est une féerie… JULIEN Non, c est la vie, l éternelle, la toute-puissante vie!Appels lointains de trompettes. Les deux amants se dirigent vers la maison. Indifférente à tout ce qui les entoure, les yeux dans les yeux, les lèvres appelant les lèvres, ils montent lentement le perron. Au loin, bouquet de feu d artifice. D un geste passionné, Louise entraîne Julien dans la maison. Après un dernier regard vers la ville, ils disparaissent. Tambours lointains Scène DeuxièmeUn bohème apparaît sur le sentier; il saute la haie, se dirige vers la maison, regarde la fenêtre éclairée, et fait un geste d appel vers la ville. Le premier bohème sonne un appel. Un autre bohème surgit de la même manière; le premier va à sa rencontre LE DEUXIEME BOHEME au premier Ils sont là?Sonne la trompette. Il lui montre la fenêtre dont la lumière s éteint subitement, puis ouvre la porte à trois camarades porteurs d un paquet volumineux qu ils déballent en hâte. Ils en tirent des oriflammes, des draperies, des lanternes vénitiennes, dont ils décorent la façade, le perron et le vestibule de la maison. Au loin retentissent des clameurs, des chants, des fanfares de fête. Les lumières de la ville semblent s avancer vers la Butte. Roulement lointain de tambours. Rumeurs joyeuses. Chants lointains OUVRIERS, BOHEMES, GENS DE LA BUTTE lointains Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! LA FOULE Enfants, lointain N en mangez pas, jeun s fill s, ça fait grossir! GRISETTES ET BOHEMES Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! LA FOULE Enfants N en mangez pas, messieurs, ça fait mourir!Cris lointains Vivent les Bohèmes! ENFANTS La la la la la… CHOEUR La la la la la…Peu à peu des badauds, rôdeurs et rôdeuses, se massent à l entrée du jardin. Des gueux apparaissent, grimpés sur les échafaudages des maisons voisines et sur le mur de clôture. Des bandes de gamins traversent le sentier en courant. Dans la rue placée en contrebas, on voit passer des lampions et les bannières des bohèmes. Le premier groupe des gens de la Butte paraît sur le chemin RODEURS, RODEUSES à la porte du jardin Honneur aux bohèmes! Gloire aux faiseurs de poèmes! Gloire aux belles qui les aiment! Hourrah!Quelques grisettes, précédant la bande, accourent sur le perron, pour mieux voir. Les gens de la Butte les suivent dans un effarement plutôt comique. Rumeurs prolongées LES MERES ET LES PERES Que vienn nt faire ces gens-là avec tout leur tralala? Regardez ces filles, ah! En ont-ell s des falbalas! LES MERES Quell misère… Si j étais leur mère! LES PERES Quell misère… Si j étais leur père! LES GAMINS s appelant à l entrée du jardin Ohé! Ohé! LES GUEUX assis sur les échafaudages Ohé! Ohé! LES FILLETTES ET LES GARÇONS C est ici qu ils vont s amuser… LES GAMINS entrant, telle une nuée de moineaux, marquant un pas sur chaque temps Le bourgeois voudrait les pendr d un seul coup! La bourgeois voudrait se pendr A leur cou! MERES ET PERES causant entre eux Quelle extravagation, quelle dépravation! C est l abomination de la désolation! LES FILLETTES entre elles Ils vont chanter, rire et danser… Et peut-être nous embrasser… LES GARÇONS entre eux Ils vont chanter, rire et danser… Et nous montrer leurs fiancées… DES GUEUX rires Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. LES GAMINS Mais la quille, plus maligne, de son oeil tranquille cligne ils s arrêtent; avec drôlerie «O chaleur! Quel malheur!… Attendez-moi tout à l heur !»Des gardes municipaux paraissent galopant des chevaux fantasques. Ils poursuivent les gamins qui se réfugient sur le perron FILLETTES, GARÇONS, GUEUX se montrant les bannières Ah!Paraissent les porteurs d oriflammes, de bannières et de lanternes. Le chansonnier, le peintre, le sculpteur, les philosophes, l étudiant, le jeune poète et les bohèmes du 2e acte sont disséminés dans les différents groupes travestis. Ils s alignent au fond de la scène. Des grisettes et des bohèmes, bizarrement travestis, entrent en farandole et font plusieurs fois le tour du jardin, gambadant, sautant, et se livrant à mille excentricités LES BOHEMES, PORTEURS D ORIFLAMMES criant Place! Bonn s gens, élargissez-vous! Place! Bonn s gens, élargissez-vous! MERES ET PERES Voyez, voyez, cris d ahurissement ah! Voyez, voyez,riant ha, ha, ha, ha, ha, FILLETTES ET GARÇONS Voyez ces bannières! Toutes ces lumières LES GUEUX riant ironiquement Ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, LES BOHEMES, PORTEURS DE LANTERNES Place! Bonn s gens, élargissez-vous! LES GAMINS Les voici, les voici, les voici… LES GRISETTES riant Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX Il y a des êtres qui s ennuient… TOUS … y en a d autr s qui n s ennuient pas! GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS Ha! Ha! Ha! GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX Il y a en a qui ont du génie… TOUS … y en a d autr s qui n en ont pas! GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS Ha! Ha! Ha! LES GAMINS se moquant de la foule Voyez donc ces têtes, ces binettes! BOHEMES Viv la rigolade! MERES, PERES Voyez ces bannières! LES GUEUX Vivent les artistes! Gloire aux anarchistes! LES GAMINS Voyez donc ces têt s qu ils ont! GRISETTES, BOHEMES Viv la rigolade! FILLETTES, GARÇONS Quelle sérénade! MERES, PERES Toutes ces lumières! LES GAMINS Conspuez! Conspuez! Conspuez! GRISETTES, BOHEMES Dans un royal bacchanal! Loin du flic et du cipal, chantons, chantons, notre hymne triomphal! LES GUEUX En l honneur des étudiants, compagnons, battons un ban.ils battent bruyamment les mains en cadence FILLETTES, GARÇONS, MERES, PERES Quel étrange carnaval, quel infernal bacchanal! Ils sont fous, ils sont saouls, ils mett nt tout sens dessus d ssous!A la porte de l enclos, apparaît le cortège du Plaisir. Sur un char escorté par les Filles de Joie, le Noctambule, costumé en Pape des Fous, entre solennellement CHOEUR sauf les Mères et les Pères Jour d allégresse Et jour d amour Sur la Butte en liesse!Le cortège se range à l avant-scène, devant la maison Tout est rose, Tout flamboie, C est la joie, L apothéose!Deux Bohèmes, travestis en âne et en singe, vont se placer de chaque côté du perron Voici venir Les divins gueux Aux longs cheveux, Les jeunes dieux! ENFANTS Les chercheurs d absolu, CHOEUR Oyez ces cris. De tous côtés c est la joie de Paris aux pieds de la Beauté! ENFANTS Les épris d inconnu, voici venir les fiers élus de l avenir! CHOEUR Les épris d inconnu, les élus de l avenir!Louise paraît sur le perron très émue. Ses amies s empressent autour d elle. Julien se joint aux Bohèmes JULIEN, IRMA, CAMILLE, BLANCHE, ELISE, MADELEINE, GERTRUDE, LA PREMIERE, SUZANNE, MARGUERITE Gloire à la Muse dont la lèvre fleurie jamais rien ne refuse à son poète qui la prie! CHOEUR Riez! Chantez! C est la joie. Riez! Dansez! Tout flamboie! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! Gloire au génie des fils de l harmonie, riches d éternité, quoique vêtus de pauvreté! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose!Bravos prolongés de la foule. Un Bohème, grimpé sur le toit de la maison, s adresse à la Foule UN BOHEME Bonn s gens! Bonn s gens! Habitants de Paris, venez tous admirer Louise la jolie! C est un gentille p tite ouvrière que les bohèmes, rois de misère, vont sacrer Muse de leur chimère! LA FOULE surprise Une Muse? Une Muse à Montmartre! UN BOHEME En l honneur de Louise que la danse commence.Louise, rougissante d émotion et de plaisir, s assied sur le perron. Ses amies prennent place derrière elle. Les gamins, tenant des roses, s entassent sur les marches du perron. Julien et les bohèmes se groupent à gauche contre la maison. La foule, repoussée contre le mur et les haies de l enceinte, devient peu à peu silencieuse. En une chaîne gracieuse et colorée, des grisettes travesties s adossent au public, et forment, devant Louise, un large demi-cercle au centre duquel apparaît la Danseuse PREMIER GROUPE Approchons. Holà! Ne poussez pas ainsi! Nous voulons voir! Vous ne passerez pas. DEUXIEME GROUPE Je garde ma place. - C était la mienne. J y étais avant vous! Menteuse. - Imbécile. - Malhonnête. TROISIEME GROUPE Vous m écrasez. - Je m en moque. Aïe, butor. - Abruti. - Malappris. Vieux singe! QUATRIEME GROUPE Laissez-moi passer. - Non, allez ailleurs. Vieux fourneau! - Hein vous dites? Mange, fumier! LES GAMINS assis sur le perron Y a d quoi s mordre! Ohé! Les poires! Voyez tableau! LES GUEUX sur les échafaudages C est la fête! C est la fête! Ohé!… Rapineurs, pique-assiettes, refileurs de comète, ouvrez l oeil, car pour vous l Opéra va danser! LES BOHÈMES maintenant la foule Faites place aux danseuses! Divertissement Scène Troisième Couronnement Dde La muse… LE PAPE DES FOUS se levant Par Mercure aux pieds légers, puisque s ouvre ici la Cour d amour, m est avis, messeigneurs, qu il vous sied de céder le verbe au poète superbe et seul idoine à louangerrires dans la fouleemphatique que voici.Il va vers la foule de droite et s incline ironiquement; puis, vers la foule de gauche, s incline de nouveau, esquisse quelques entrechats, gambade autour des grisettes, et après une pirouette finale, fait un geste mystérieuse à la Danseuse. Surgissent du fond de la scène les ballerines qui s éparpillent, se groupent, font la roue, puis mystérieusement s écartent, découvrant la Danseuse LE PAPE DES FOUS à Louise, montrant la Danseuse O jolie!Celle-ci, comme suggestionnée, tourne sur elle-même, s avance vers lui Cette danseuse est une fleur de vie faite d un peu de chacun de nous tous.Les grisettes prennent part à la danse Et cette fleur vivante, c est notre âme. Sous la forme d une fleur qui serait une femme, Fleur-femme, dont la grâce, le parfum se traduisent en cadences afin que tes sens aussi bien que ton âme puissent apprécier l hommage suprême! LA FOULE Ah! CHOEUR Ah! Hourrah! Hourrah! Hourrah!Les grisettes, en demi-cercle devant Louise, lui envoient d une rapide poussée, la Danseuse et c est comme une flèche lancée d un arc LE PAPE DES FOUS O jolie! Soeur choisie! Harmonie et beauté! Poème de clarté!Pendant cette scène, la Danseuse cueille des roses aux mains des grisettes, elle en fait un diadème, le montre à la foule, puis monte lentement les degrés du perron, s incline devant Louise, s incline devant elle et la couronne. Les grisettes drapent sur les épaules de Louise le châle brodé d argent, emblème de sa royauté Gente fillette de Paris, en qui revient Juliette, Ophélie, ô charmante, Muse clémente! De tes chevaliers reçois l hommage.Acclamations LA FOULE Louise! Louise!Les bohèmes s avancent vers Louise LES GRISETTES ET LES BOHEMES nerveux et vivant, entourant Louise Louise, acceptes-tu d être reine de la Bohème? Louise, acceptes-tu d être Muse de la Butte Sacrée?Acclamations de la foule Réponds?Louise, souriante, fait un timide geste d acquiescement. Un vieux bohème s avance solennellement. Les tambours rythment son chant. Mouvement de curiosité dans la foule LE VIEUX BOHEME Au nom de la sacrée Bohème je te fais reine!Louise se lève Blanche comme une fée d espoir luis dans le soir! Que ton sourire de bonté sur nous épanche sa clarté! Sois accueillante aux affamés de pain et de beauté! Garde ta foi au bien-aimé! Ris-toi des lois! Et des bourgeois! De tous ceux qu importunent le rire et la joie De tous ceux que l envie a ligués contre toi! De tous ceux qui voudraient te refuser le droit de chanter à ta guise et d aimer à ton choix!Energique Contre tous, défends ta liberté!mettant un genou en terre Sois-nous fidèle. LES GRISETTES s inclinant de même Sois-nous fidèle. LES BOHÈMES les imitant Sois-nous fidèle!Julien s approche à son tour JULIEN O Jolie! Soeur choisie!Louise prend une rose à son corsage et l offre à l amant Choeur D apothéose JULIEN Je t aime! Je t aime! Je t aime! Je t aime!Orgueilleusement, il prend Louise dans ses bras LOUISE Julien, je t aime! Je t aime! Je t aime! IRMA, CAMILLE Ah! Ah! Fête des poètes! Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie! Les Grisettes enthousiasmées Amoureuse beauté! Ton chant de volupté éveille en nous une adorable ivresse, un désir de caresses, car ta félicité, ô Jolie! LES BOHÈMES avec ferveur Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée par nos rêves d éternité! Ô Jolie!avec ferveur Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée dans de l éternité! Ô Jolie! LES GAMINS ahuris C est renversant, épastrouillant, abracadabrant!Toujours assis, ils se tournent vers Louise Regardez-les, c qu ils sont chipés! Ah! Y a qu à Montmartr qu on voit ça! J en suis bleu, j en suis baba! C est plus bath qu à l Opéra! Hourrah! Hourrah! LES GUEUX goguenards S ils continuent y vont la rendre folle! Tant pis pour elle! Fallait pas qu elle y aille! Ell croit qu la grande vie ça vaut mieux que l travail! Quell folie! JEUNES FILLES admiratives Ah! Adorable beauté, chacune de nous t envie; car ta félicité, ô Jolie! MERES indignées Ah! Ah! Voyez, quelle effrontée! Dans son immoralité, dans son impudicité, elle oublie! GARÇONS charmés Ah! Ah! Quel frisson de volupté sur nos têtes vient de passer? Ô Jolie! PERES méprisants Ah! Ah! Admirez l absurdité de cette solennité! La folie est triomphante! IRMA, CAMILLE, GARÇONS, BOHEMES Tendre reine des amantes! GRISETTES, JEUNES FILLES C est le rêve des amantes! BOHEMES Muse clémente! GAMINS Pour la reine de Montmartre! GUEUX Tu n vois donc pas qu ils te mentent? MERES Qu ses parents, là-bas, s tourmentent! LOUISE, JULIEN, IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Non, non, jamais rien ne séparera la Muse du Poète! l Amante de l Amant! Et Julien de Louise! GARÇONS, BOHEMES Salut, salut, salut, salut, salut à toi! PERES Voyez! Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Jamais, jamais, on n a vu ça. GAMINS Hourrah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! GUEUX Ah! Ah! Ah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! JEUNES FILLES Salut, salut, salut, salut à toi! MERES Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Comment peut-on tolérer ça? Comment peut-on tolérer ça? PERES Jamais, jamais, on n a vu ça. GAMINS, GUEUX Y a qu à Montmartre qu on voit ça!Orgueilleusement enlacés, les deux amants sourient à la foule IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah! Ah! JEUNES FILLES, GARÇONS, BOHEMES À toi! GAMINS, GUEUX Tra la la la, tra la la la! Tra la la la tra la la la! MERES, PERES Holà, holà, holà, holà, Va-t-on fair taire ces gens-là?La fanfare des Bohèmes, bannière en tête, défile devant Louise IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS Ohé, ohé, ohé, ohé, ohé, ohé! MERES À bas, à bas, à bas, à bas, à bas, à bas! PERES Holà, holà, holà, holà, holà, holà!Feux De Bengale - Apothéose GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS, GAMINS, GUEUX rires Ha, ha, ha, ha, ha! Ha, ha, ha, ah, ah! MERES À bas, à bas, à bas! PERES Holà, holà, holà! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS Hourah! MERES À bas! PERES Holà!Mais une rumeur vient du fond de l enclos. La foule s écarte avec stupeur. Un grand silence se fait. Sur le seuil du jardin, la mère de Louise, immobile, hésitant à entrer, apparaît comme le fantôme de la souffrance. Les bohèmes se massent devant le perron. Les grisettes entourent Louise défaillante. La foule, surprise s écarte avec pitié LES GUEUX Ah! LES MERES, LES PERES Regardez! LES BOHÈMES Ah! LES JEUNES FILLES, LES GARÇONS Quelle est cette femme? IRMA, CAMILLE, LES GRISETTES, LES GAMINS Ah! MERES, PERES Que veut-elle? JEUNES FILLES, GARÇONS Voyez! LE PAPE DES FOUS Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!Il se sauve en ricanant, suivi des filles de joie LOUISE cri Ah! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah! La mère de Louise! GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES Ah! Ah!Les porteurs d étendards, les musiciens et les danseuses disparaissent JULIEN se plaçant devant Louise; sourdement Je te garde! GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES La mère de la muse! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah!La mère s approche de la maison, s avance avec timidité, comme éblouie par les lumières. Un groupe de bohèmes lui barre la route, mais le regard de la femme, le mystère, la souffrance qui émanent d elle, les font reculer malgré eux LES GUEUX ricanant Ha, ha, ha, ha, ha! LES GAMINS terrifiés Allons-nous-en à quatre patt s, c est pas l moment d fair des épates! GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS Ah! Quelle affaire! LES GUEUX goguenards Adieu cochons, vache et couvée… BOHEMES, MERES, PERES Ah! Quelle affaire! LE BRICOLEUR Encore un rein de dégommée! LES GUEUX Ha, ha, ha, ha, ha!D autres bohèmes s approchent; d un geste suppliant la mère les écarte LES GAMINS s éloignant Gar les mornifl s et les peignées, y va pleuvoir des giroflées!ils disparaissent JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES s éloignant Ah! Quelle affaire! Quelle affaire! LES GRISETTES La mère de Louise! Ah! LES GUEUX descendant les échafaudages Adieu chansons, adieu chimèr s… BOHEMES La mère de Louise! LE BRICOLEUR Ah! Quel malheur d avoir un mère!Ils disparaissent. Louise se relève, regarde autour d elle, voit sa mère, fait un geste d épouvante et s élance dans les bras de Julien. Quelques bohèmes s empressent autour d eux. Julien leur fait signe de s éloigner. La foule s éloigne TOUS hors du jardin Ah! Ah!À l approche de sa mère, Louise, impuissante à surmonter sa frayeur, se réfugie dans le vestibule. Julien, très ému, mais ferme, dans une attitude de défi, barre la route. Roulement lointain de tambours Scène Quatrième LA MÈRE humblement, à Julien Je ne viens pas en ennemie… Je venais dire à Louise que son père est très souffrant et qu elle seule peut le sauver. LOUISE à part, presque parlé Mon père! JULIEN à part Que veut-elle faire? LA MÈRE s avance, à Julien, simplement Nous avions tout accepté, nous étions las de lutter, de chercher… et nous avions fait une croix sur la porte de sa chambre…fatale Elle était morte, bien morte pour nous.suppliante Mais aujourd hui que son père est au plus mal, je viens vous supplier, monsieur, de permettre à Louise de revenir chez nous… et ce sera la guérison de mon pauvre homme à la maison. LOUISE se rapprochant, avec une vive émotion Mon père est très malade? LA MÈRE à Louise qui s est rapprochée Il est bien mal depuis hier…Julien manifeste sa méfiance et se tient à distance Les premiers jours il versa mille larmes cherchant à apitoyer Louise Il allait et venait de la porte à la fenêtre, regardant… écoutant… espérant à chaque minute te voir revenir. La nuit comme le sommeil ne voulait pas de lui, pendant des heur s il se traînait dans l ombre, et gémissait…Emotion croissante de Louise; elle mime inconsciemment les geste de sa Mère et sanglotait… Un soir, je le surpris, sur le seuil de ta chambre, à genoux, et criant Louise! Louise! Mon enfant! m entends-tu?… ne suis-je plus ton père?…changeant de ton Puis il sembla se faire une raison et reprit sa vie d autrefois… enfin je crus qu il oubliait en le voyant parfois sourire à mes larmes…souriant tristement Hélas! je m étais trompée… Ton père n avait rien oblié… la douleur le minait, et plus il la cachait, plus il souffrait…Louise et Julien échangent un regard compatissant LA MÈRE à Julien, dont la méfiance s est envolée Seule une joie peut le sauver… Et vous pouvez la lui donner, en conseillant à Louise de revenir chez nous…voyant une hésitation dans le geste de Julien Oh! Elle sera libre maintenant!aimable Ce que nous voulons, c est l avoir un peu… nous l aimions depuis plus longtemps que vous… elle nous aimait avant de vous connaître…silencesuppliante Oh! Monsieur! Vous ne voudriez pas que son père vous maudisse!avec grandeur La malédiction d un mourant vous poursuivrait toute la vie!Le chiffonnier paraît sur le sentier au fond de la scène. Il fouille le ruisseau en s éclairant de sa lanterne. La douleur de Julien rend Louise indécise. La mère attend avec inquiétude LE CHIFFONNIER Un père cherche sa fille qui était toute sa famille.La mère reste figée dans son attitude suppliante Mais une fille dans la cité, c est une aiguille dans un champ de blé!Louise et Julien regardent le chiffonnier avec compassion Il s éloigne. L image du père de Louise s évoque devant eux. Leurs dernières hésitations s envolent Pourquoi chercher et m obstiner. La grande ville a besoin de nos filles… JULIEN à la mère Promettez-moi de me rendre Louise? LA MÈRE sans le regarder Je le promets!Lentement elle s éloigne. Louise se jette au cou de Julien LE CHIFFONNIER très loin, tristement Tra la la la la la! Tra la la la la la! Elle est partie dans la nuit! JULIEN décidé, avec déchirement Allons, va, messagère de bonheur! Et n oublie pas que dès ce moment je vais compter toutes les heures!Louise ôte le châle dont on l avait parée et le donne à Julien. La mère est à la porte du jardin. Louise la suit, troublée, s arrêtant à chaque pas. Sur un geste de Julien, elle revient vers lui, se jette dans ses bras. Les deux amants s étreignent avec folie, se séparent, s embrassent encore. Louise s éloigne à reculons, une main sur les lèvres. Au moment de disparaître, elle envoie un suprême baiser à Julien JULIEN lui tendant les bras, avec tendresse Ô Jolie!Il s élance vers la porte Charpentier,Gustave/Louise/IV
https://w.atwiki.jp/kns-wiki/pages/213.html
NW-Kerberos Advanced Combat Shotgun詳細 #ref error :画像URLまたは、画像ファイル名を指定してください。 使用可能パーク #ref error :画像URLまたは、画像ファイル名を指定してください。 アンロックレベル Lv.-- 価格 £ 特徴 [部分編集] Power 08 Head-Shot Power 10 Radius 32 Penetration 0 Pellet 45 Recoil 58 Spread 56 Fire-Speed 4 Reload-Speed 70 Effective-Range 7 Magazine Capacity 4 Carry Ammunition 7 Heal-Power 0 Weight 6 名前 コメント
https://w.atwiki.jp/hakarowa4/pages/181.html
Strange encounter ◆auiI.USnCE かつかつと、日が沈みかけた空に規則正しい足音が響く。 紅に染まり始めた空を、足音の持ち主は物憂げに、見つめて。 何かを口ずさみながら、異端ともいえる薄い桜色の長い髪をなびかせながら。 異端者であり、少女である、ルーシー・マリア・ミソラは誰もいない道を一人で歩いていた。 彼女は戦士であり、狩猟者だった。 生き残る為に戦い、そして命を狩っていくだけの狩猟者。 それが、彼女の誇りであり矜持でもあるのだから。 故に、少女は獲物を狩る為だけに、歩き続けている。 少女がひとまずの目標と定めたのは、天文台だった。 今から向かえばきっと夜になる。 そうすれば、星が見えるだろう。 何となくだが、そう思い至ったら自然に足が其方の方に向かっていた。 ただ、だからといって、戦う事に手を抜いていてる訳ではない。 今もなお、何時襲われていいように、臨戦状態でいる。 戦いに遅れを取れば、敗北し、死に果てるのは目に見えているからだ。 戦士である少女にそんな無様は許されない。 それが彼女の矜持だから。 そして、勇敢にも正々堂々と自分に戦おうとする者が現われるのならば。 少女は全力を尽して、その戦士と戦うだろう。 それこそが勇敢な戦士への礼儀なのだから。 少女は強くそう心に思って、地面を強く踏みしめて歩き続ける。 まるで自分は此処に居ると誇示するように。 なのに、不意を襲う者も、正々堂々と自分に戦う者も現れない。 わざわざ目立つ為に、地図に記された大通りを進んでいるというのに。 けれども、人影など見えるわけがなく、物音すら聞こえない。 聞こえるのは風の音と、自分の足音だけだ。 退屈だなと憮然とした表情をしながら、歩く。 心なしか、歩幅も大きくなってるような気がした。 それでも気にせずひたすら道なりに、長い桜色の髪をなびかせながら歩いて。 そして、ついに、少女は人に遇った。 「oh…………」 全身に深刻なDamageを追っている、funkyな少年に。 ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ 最高に強烈なKickを喰らい、崖に落ちながらもTKはまだ生きていた。 限りなくPinchなのに代わりはないのだが。 それでも、彼は戦い続ける事を選び続けた。 ただ、enemyをHuntするだけでいい。 全てはTeamとFriendsの為なのだ。 だから、TKはfighterであり続けなければならない。 そう思い、仲間を思うと、額に滴る血も痛みももはや、No problem 俄然とBraveがわいてきた彼は歩き続けて。 そして、GirlとEencountする。 「なんだ……?」 それは正しく Strange encounter だった。 ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ ◇ 紅いバンダナを巻いた金髪の少年に少女は若干戸惑う。 明らかに傷をあちこち追っているのに、戦意が凄まじかったからだ。 重傷と呼べる傷はないだろうが、それでもこれだけこっぴどくやられれば少しぐらい折れるだろうに。 だが、この男はそんな事を気にせず戦う姿勢を、自分に見せている。 「うーは何者だ」 堪らず、少女は彼に話しかける。 しかし、少年は闘志を燃やしたまま、 「woo!」 何故か自分の言葉にオウム返しをした。 思いもよらぬ行動に少女は驚き 「うー!」 何故か、彼女も言葉を返す。 「woo!」 そして、少年もまた同じ言葉を返した。 「うー!」 「woo!」 「うー!」 「woo!」 「うー!」 「woo!」 「うー!」 「woo!」 暫く、無意味とも意味不明とも言える応酬が続いて。 ハッとするように少女が気付いて。 「……るーは何をしていたのだ。るーは戦わなければならない」 少女はこほんと一息ついて、戦闘態勢に入る。 その姿に、少年も態勢を整え、拳を少女に向ける。 「うーはその傷でも戦うと言うのか?」 「I'm fighting!」 少女の問いにも、少年はかわらない。 たとえ絶望的な戦いでも戦わなければならないのだ。 少年はもう、理解している。 武装と怪我の状態を見て、少女に勝てるわけがないと。 それでも、戦わなければならないのだ。 仲間と友と自分の誇りのために。 少年の変わらない闘志に、少女は思う。 今、この場で殺す事は可能だろう。 だが、傷ついてる誇り高き戦士を嬲り殺すのは忍びない。 そしてこれほどの誇り高き戦士を此処で失うのはどうだろうかと。 出来る事ならば、傷がいえた正々堂々と戦いたいのだ。 自分の、戦士の血がそう告げていた。 また、彼も同じく生きる為に、命を狩る狩猟者だ。 自分との目的も一致する。 此処に居る人数もまた多い。 共に、誇りと矜持を持って戦える戦士がいるならば、それはまたいい事であろう。 ならば、 「うー、着いてこないか? 共に矜持を持って戦おう」 ここは共に戦う事を選択するのもいいのではないかと思う。 そして、全てが終わった後に、正々堂々戦いあおうと思ったのだ。 「…………」 少年は少し考え。 自分の数多い傷と武装の貧弱さ。 そして、少女の闘志と誇りと矜持。 全てを見据え、考え、そして 「OK! All right!」 少女に握手を求めたのだ。 それは共闘の証ともいえるもので。 少女はそれに応え、握手する。 これをもって、少年と少女は共に戦う事を誓ったのだ。 「ならば、うー。天文台に行くぞ。戦う為に」 「All right let s go!」 そして、奇妙な出会いをした二人は歩き出す。 共に誇りと矜持を持ちながら。 そして、少年と少女は知っていたのだろうか? それとも知らなかったのだろうか? 「woo」 と言う言葉には 求愛という意味がある事を。 真相は闇の中にあり、 少女と少年が歩み続けたその先にあるのかもしれない。 【時間:1日目午後4時ごろ】 【場所:E-3 北部道路上】 ルーシー・マリア・ミソラ 【持ち物:FN ブロウニング・ハイパワー(14/15)、予備マガジン×8、伝説のGペン、水・食料一日分】 【状況:健康】 TK 【持ち物:メリケンサック、水・食料一日分】 【状況:転がり落ちるほどDamage、致命的なまでにBlunder】 076 死と狂いと優しさのセプテット 時系列順 080 白光の中の叫び 077 侍大将は儚き少女の為に 投下順 079 Full Metal Sister 029 Predator ルーシー・マリア・ミソラ 098 Revenge 033 「All right let s go!」 TK
https://w.atwiki.jp/oper/pages/911.html
第4幕 第1場 (王の居間 フィリップは瞑想に浸っている 書類が散らばった机の上にもたれかかりながら 机の上の蜀台はほとんど燃え尽きようとしている 夜明けの光がもうステンドグラスの窓を照らそうとしている) 【フィリップ】 (夢を見ているかのように) 彼女はわしを愛してはくれぬ!違うのだ! あの心はわしには閉じられている 彼女はわしを一度も愛したことがないのだ! 今でもわしには見えるようだ 黙って見つめておったな わしの白髪を 彼女がフランスから着いたその日に だめだ 彼女はわしを愛してはくれぬ! 彼女はわしを愛してはくれぬ! (われに返る) ここはどこだ?灯りが 燃え尽きて...暁が窓を白く輝かせておる もう朝だ!ああ!安らかな眠り 心地よい眠りは永遠にわしのまぶたには訪れぬ! わしが眠れるのは 王室のマントに包まれて わしに最後の時が訪れて 石の丸天井の下で眠る時だけであろう あのエスコリアルの霊廟の! 王位が権力を与えるとは言っても 心の奥を読む力はただ神のみのものなのだ! もしも王が眠れば 裏切りが仕組まれ 王冠と妻が奪われるのだ! わしが眠れるのは 王室のマントに包まれて... ああ!王位が権力を与えるとは言っても 心の奥を読む力は! 彼女はわしを愛してはくれぬ!違う!あの心は閉じられている 彼女はわしを愛してはくれぬ! (彼は再び瞑想に戻る) シェーナ 【レルム伯爵】 (入ってきて) 大審問官にございます! (レルム退場 盲目の90歳の大審問官が 二人のドミニコ修道士に支えられて入ってくる) 【大審問官】 わしは王の前におるのか?... 【フィリップ】 そうだ わしはそなたの力を借りたい 教父よ お知恵を 王子が苦い悲しみでわしの心を満たしておる あの王子は父親に対し武器を向けて逆らいおった 【大審問官】 あなたはそれに対していかが致そうと? 【フィリップ】 罰するか...あるいはせざるか! 【大審問官】 説明されよ! 【フィリップ】 追放するか...あるいは剣で... 【大審問官】 さて? 【フィリップ】 王子を殺しても そなたの手はわしを免罪してくれるか? 【大審問官】 世の平和は 背いた息子の血に値しましょうぞ 【フィリップ】 世のため息子を生贄にできるのか キリスト教徒のわしが? 【大審問官】 神も われらを救うため御子を生贄とされておる 【フィリップ】 そなたはかくも厳しい信仰をどこにあっても築けるのか? 【大審問官】 どこであろうとも あのカルヴァーリオの丘でなされたように 【フィリップ】 自然の情愛がわしを黙らせておくであろうか? 【大審問官】 すべて伏して黙しておかねばならぬ 信仰のために! 【フィリップ】 良く分かった! 【大審問官】 フィリップ二世が他に何も言うことはござらぬのか? 【フィリップ】 ない! 【大審問官】 ではわしから話そう 王よ! この美しい国では これまで異端者が支配したことはない だが一人の男が 神の館を侵そうとしておる そ奴は 王の友にして忠実な腹心であるが 王を深みへと引き込む誘惑の悪魔なのじゃ あなたがなじっておる王子の企みなど そ奴の罪に比べればまるで子供のいたずらじゃ そしてこのわしは 審問官として振り上げてきたのだが 異端の罪人どもの上に この剣を持った手を この世の権力者に対しては わが怒りを忘れて そ奴を のうのうと見逃しておったようだ...そしてあなたもじゃぞ! 【フィリップ】 わしらの過ごす日々を乗り切るために わしは宮廷で あの広大な砂漠の中で求めてきた 信頼のおける男を ...そしてやっと見つけたのじゃ! 【大審問官】 なぜそのような男が要る? ならば何故王という名を持っておられるのか 王よ もし御身に並ぶような者がおるのならば? 【フィリップ】 もう良いではないか 教父殿! 【大審問官】 改革者どもの精神が御身をも侵しかけておるぞ! 御身はその愚かな手で壊そうとしておるのじゃ このローマの聖なる支配を! 務めを果たされよ!教会は良き母として 誠実に悔い改めし者は受け入れるであろう ポーサ侯爵をわれらに引き渡すのじゃ! 【フィリップ】 いや それはできぬ! 【大審問官】 おお王よ もしわしがこの宮殿に来ていなければ 今日 神かけて 明日には御身自身が 大審問官の前に立たされていたはずなのじゃぞ! 【フィリップ】 教父殿!わしはそなたの厳しさには本当に苦しめられるぞ! 【大審問官】 ではなぜ話すのじゃ サミュエルの亡霊のことなど? わしは二人の王にこの強力な帝国を授けたのじゃぞ わしが長年かけて築いたものを 御身は破壊したいのか... わしは何をここでするのか?わしに何を望むのじゃ? (彼は出て行こうとする) 【フィリップ】 教父殿、われらの間に平和がありますよう 【大審問官】 (去って行きながら) 平和じゃと? 【フィリップ】 過ぎたことはお忘れください! 【大審問官】 (扉のところで) 多分な! 【フィリップ】 王の誇りはこうして司祭の誇りに屈するのだ! 情景と四重唱 【エリザベート】 (入ってくるなり王の足元に倒れ伏し) 正義を!陛下!私は信じております 王様の公正さを! 私はこの宮廷で辱めを受けています 誰とも知れぬ敵に侮辱されたのです... 私の小箱が その中には 陛下 宝物が入っておりましたが 私のかけがえのない宝石類が入っていたものが 盗まれたのです!私の所から!正義を!お願いします 陛下! (フィリップの顔が恐ろしい表情をしていることに気づき おののいてエリザベートは話すのをやめる 王はゆっくりと立ち上がりテーブルの上の箱を手に取り 王妃にそれを示す) 【フィリップ】 お前の小箱は 妃よ ここにあるぞ! 【エリザベート】 何ですって! 【フィリップ】 開けてみてはくれぬか? (エリザベートはかぶりを振る) ではわしが開けよう! (彼は箱を壊す) 【エリザベート】 (独白) 神よ!私をお助けください! 【フィリップ】 王子の肖像画だな! 王子の肖像画だな! お前は黙っておるな? 【エリザベート】 はい! 【フィリップ】 お前の宝石の中にだぞ? 【エリザベート】 はい! 【フィリップ】 何!お前はわしの前で白状するのか? 【エリザベート】 あなた様の前に! ご存じでしょう!私は婚約していたのです ドン・カルロス あなたの息子と! 私はあなたに嫁ぎました 神の御意志に従って ユリの花のように純潔に あなたこそ御乱心めされたのですか 王の娘を疑うとは!... フランス王の娘を疑うとは... スペインの王妃です...私は! 【フィリップ】 お前は遠慮なく話し過ぎじゃ! お前はわしの年老いた時しか見てはおらぬ だが 老いの弱さも怒りに変わることはあるのだ だから お前に災いあれ あらゆる者にも! 【エリザベート】 私はどのような罪を犯したのでしょうか? 【フィリップ】 とぼけるでない! 恥知らずも限度を越えて わしを裏切ろうというのなら...全能の神の名にかけて 震えるが良い!わしは血を注ごうぞ! 【エリザベート】 私はあなたを気の毒に思います! 【フィリップ】 お前が!わしを憐れむのか?不倫妻が! 【エリザベート】 (失神する) ああ! 【フィリップ】 (ドアを開けて) 王妃を助けてやれ! (エボリが駆け込んでくる 続いてロドリーグ) 【エボリ】 (王妃が気を失っているのを見て驚き) ああ!私は何ということをしたの?ああ! 【ロドリーグ】 (入ってきてすぐに フィリップに) 陛下...地上の半分を支配されておられながら その広大な地の中にあって ご自分の心のみがどうにもならないということですか? 【フィリップ】 (独白) 呪われよ この悪しき疑念よ 邪悪な悪魔のしわざよ! 違う!この女の誇りは 汚らわしき罪とは無縁なのだ! 【エボリ】 (独白) おお自責よ!おお苦い悲しみよ! 私は気高き王妃さまを裏切ったのだわ 私に赦しが天から来るのでしょうか? 【ロドリーグ】 (独白) 今こそ行動する時だ 天に雷光がきらめいている スペインのため一人の男が死ぬのだ あの方に幸せな日々を残すために! あの方に明るい未来を拓くために! 【エリザベート】 (気がついて) ここはどこ?ああ!私の聖母さま 私の目を焼きつくす涙をご覧ください 私は異国の地にいます! 私の唯一の希望は天にしかありません (少し躊躇した後に王は退出する ロドリーグも毅然とした態度で彼に続く エボリは王妃のもとに残る) 情景とアリア 【エボリ】 (エリザベートの足元に身を投げて) お慈悲を!この罪を犯した女をお許しください! 【エリザベート】 お立ちなさい!罪とは何?... 【エボリ】 ああ!自責の思いが私を押しつぶす! 私の心は後悔でいっぱいです 天国の天使 神聖にして清らかな王妃さま どんな悪魔があなたを地獄に落としたのかをお知りください! あなた様の小箱...それを盗んだのは私です! 【エリザベート】 あなたなの! 【エボリ】 はい、私のせいであなた様は責められたのです! 【エリザベート】 あなたのせいで! 【エボリ】 はい!愛と怒りと あなた様への憎しみのあまりに! 嫉妬だけが私の心に荒れ狂って苦しめたのです 私は王子を愛しました...でも王子は私を拒んだのです! 【エリザベート】 すべて分かりました...私のこの驚いた目が その恐ろしい企みを理解したのです... けれどなお その呪われた心を 私はその惨めな苦しみに情けをかけましょう 【エボリ】 ひどい悔恨が 復讐の地獄の炎が 私の哀れな魂を燃やすのです そして決してこの恐怖は終わらないのです この恐ろしい拷問は 【エリザベート】 (独白) ああ!天はお許し下さいますわ その苦い後悔を 神の善は与えて下さいますわ 希望と安らぎを! 【エボリ】 私の壊れた心は震えます 痛みで 後悔で 神様は決してお許し下さらないでしょう このような罪は (彼女はひざまずく) 【エリザベート】 彼を愛していたのね?お立ちなさい...私はすでに許しています! 【エボリ】 許しなどとんでもありません! まだ恐ろしい告白が 【エリザベート】 まだあるのですか? 【エボリ】 許され難い罪を 私は自ら犯してしまいました あなた様を責めたそのことを... 誘惑されて...王様と! 【エリザベート】 (独白) 恐ろしいわ! 【エボリ】 王妃様も私を非難されました! すべては終わりました 私は天に捨てられた! 【エリザベート】 公女よ、私にあなたの十字架を返してください! 【エボリ】 この高貴なお方と再びお会いできることはあるのでしょうか? 【エリザベート】 あなたが夜明け前までに選びなさい 修道院に入るのでも 亡命するのでも! 幸せに生きるのです! (彼女は出て行く) 【エボリ】 ああ!王妃様にはもうお会いできないわ! おお不吉な忌わしき贈り物 怒りの天が下さった! おおお前 この女をこれほどまでに高慢にした 私はお前を呪います おおわが美貌よ! 流れよ 流れよ 苦い涙! 私の裏切り そして私の企みを 私の穢れを 私の惨めさを お前は洗い流してはくれぬけれど! 私はお前を呪います おおわが美貌よ! さようなら 王妃さま 清らかな犠牲者 私の不実で愚かな愛の! 修道院の中で尼僧の服を着て 私は永遠に身を隠しましょう! そしてカルロスさまは?...ああ!おそらく明日には 聖なる刃に斬られてしまうでしょう! ああ!まだ一日ある!ああ!私は生まれ変わったみたい! 祝福されたこの日...私はあの方をお救いしましょう! 第2場 (ドン・カルロスの牢獄 奥には鉄格子があって牢と番兵たちが行き来している中庭とを隔てている 石の階段がその中庭へと宮殿の上の階から降りてきている) ロドリーグの死 (ドン·カルロスは頭を両手で抱えて物思いにふけりながら座っている。ロドリーグが入ってきて牢番と言葉を交わす その動きは夢想に耽っているドン・カルロスを現実に引き戻す) 【ロドリーグ】 私です カルロス様! 【ドン・カルロス】 (手を差し伸べて) ロドリーグ!有難いことだ 私のためにこんな墓場まで会いに来てくれて 【ロドリーグ】 カルロスさま! 【ドン・カルロス】 お前も分かるであろう 私の力は衰えた! エリザベートへの愛が私を苦しめ 私を殺すのだ... 駄目だ!私は人に尽くすなどもはやできぬ!だがお前は 彼らに与えてくれ 私に求めていた黄金の日々を! 【ロドリーグ】 ああ!もっと分かってください 私の魂と思いのことを あなたはこの陰気な場所から抜け出さねばなりません 私の心の甘い誇りと共にあなた様を抱かせて下さい! 私はあなた様を救ったのですから! 【ドン・カルロス】 どういうことだ? 【ロドリーグ】 お別れを言わねばなりません! (ドン・カルロスはじっと動かずにロドリーグを いぶかしげに見つめる) はい カルロス様!今日は私の最後の日なのです 厳粛なお別れを交わしましょう 神はまだお許し下さいましょう われらが愛し合うことを 神のもとに 人が天に昇るときには あなた様の目には 一杯の涙があふれ 何ゆえにそんなに恐怖して黙っておられるのですか? 誰のことをあなたは嘆かれるのですか?魅惑の死なのです おおカルロス様 あなた様のために死に行くことは! 【ドン・カルロス】 (震えながら) お前はなぜ死のことなど話すのだ? 【ロドリーグ】 お聞き下さい!時は迫っているのです... 私はあなた様から復讐の稲妻を逸らしたのです! 今日...王に逆らった フランドルの裏切りの先導者...それが私なのです! 【ドン・カルロス】 馬鹿な!誰が信じるか? 【ロドリーグ】 十分な証拠が集まりました! あなた様の文書も私のもとにあり 裏切りの証拠を私は故意に残して置いたのです... 私の首には今、おそらく懸賞がかけられていることでしょう! (二人の男が牢の石段を降りてくる ひとりは審問所の服装に身を包み 他のひとりは マスケット銃で武装している 彼らは立ち止まって見る 自分たちに気付いていないドン・カルロスとロドリーグを) 【ドン・カルロス】 私は王の前に行こう... 【ロドリーグ】 フランドルのためにお慎みください! なすべき仕事のためにご自重ください それを守らねば... あなた様の法の下で新しい黄金時代が甦る そう あなたが統治せねば 私はあなたのために死ぬのです! (一発の銃声) 【ドン・カルロス】 何と!死が!誰を狙って? 【ロドリーグ】 (致命傷を負って) 私をです!... 王の復讐は待ってはくれなかった! (彼はドン·カルロスの取り乱したの腕の中に倒れ込む) 【ドン・カルロス】 何ということだ! 【ロドリーグ】 カルロス様 お聞きを...あなた様の母君は 聖ユストで明日 あなたをお待ちしています 彼女はすべてをご存じです!...ああ!大地が 私を飲み込む...おおカルロス様!あなたの手を... ああ!私は幸せな魂のままで死ぬのです あなた様の命をお救いしたのですから... ああ!私には幸福なスペインが見えます! さらばです!カルロス様 ああ!忘れないでください! カルロス様 忘れないで!... そうです あなた様は君臨せねばならぬのです そして、私はあなた様のために死ぬのです! ああ!私は幸せな魂のままで死ぬのです あなた様の命をお救いしたのですから... ああ!私には幸福なスペインが見えます! さらばです!カルロス様 ああ!忘れないでください! ああ!大地が 私を飲み込む...カルロス様 あなたの手を... カルロス様!ああ!フランドルをお救い下さい! さらばです!カルロス様 ああ!さらばです! (彼は死ぬ ドン・カルロスは彼の体に絶望して倒れかかる) 暴動 (フィリップが入ってくる 続いてスペインの大公たちと レルム伯爵 ドン・カルロはロドリーグの遺骸の横にひざまずいている) 【フィリップ】 (ドン·カルロスに しばし沈黙の後で) 息子よ お前の剣を取れ わしの信頼は裏切られた だが謀反人は報いを受けたのだ! (彼はドン·カルロスにその腕を差し出す) さあ! 【ドン・カルロス】 (絶望してロドリーグの亡骸の上に) 下がれ!この死の 血があなたの顔に振りかかったのだ! 神はその怒りの印をあなたの額に刻みつけた! 【フィリップ】 息子よ! 【ドン・カルロス】 もうあなたの息子ではない!選んでください 死刑執行人の中からあなたの気に入った息子を! 【フィリップ】 (彼に続いて出て行かそうと) わしに従うのだ! 【ドン・カルロス】 (荒々しく立ち止まり) 人の心が深くわかっているあなたなら 分かるはず どれほど純粋な血をその手が流したのかを! 彼は私を愛し、私たちは兄弟だった... 私たちの心は永遠の誓いで結ばれていた 彼はあなたの恩賞を軽蔑し あなたの怒りを軽蔑して 私のために死んだのだ! 【フィリップ】 神よ!わしの思った通りであったか! 【ドン・カルロス】 おお人殺しと恐怖の王! 血にまみれたあなたの王冠を探し続けるがいい あなたの最後の時がやってくるまで! (ロドリーグの死体を指して) 私の王国は彼のもとにあるのだ! (彼はロドリーグの体の上に身を投げ出す) 【フィリップ】 誰がわしにこの死者を返してくれるのだ? おお死の深淵よ! 彼だけなのだ...多くの犠牲者の中で! 一人の男 ただ一人だけ 英雄が生まれた 神が与え給うた この支えをわしは壊したのだ! そうだ わしはこの男を愛しておった...彼の崇高な言葉は 心の中に新たな世界を示してくれた! この誇り高き男を...炎のこの心を わしは墓の恐怖の中に投げ入れてしまったのだ! 誰がわしにこの死者を返してくれるのだ? 【廷臣たち】 ああ!生き長らえるのは空しいことだ 彼は王の後悔の心をわれらより奪い去った! スペイン人よ!墓の闇に降りるのだ! 【ドン・カルロス】 おおわが友よ 私にお前の偉大な魂を与えてくれ 私をお前の新しい世界の英雄にしてくれ! この心を神の炎で満たしてくれ 私をお前と一緒に墓の中に居させてくれ (前場と同じ人物 レルム伯爵、エリザベート、合唱 群衆とエボリ 大審問官 半鐘が鳴っている) 【廷臣たちの合唱】 天よ!早鐘だ 【レルム伯爵】 (剣を手に入ってくる) 反逆です おお陛下 身をお守りください... 民衆は叫んでいます... 彼らは宮殿を取り囲み...気勢を上げています! 王子を引き渡せと (ロドリーグの亡骸は運ばれて行く カルロス絶望して あとを追う) 【エリザベート】 (入ってくる とてもおびえて) 王をお救い下さい! 陛下!私は陛下のために震えております! 一緒に逃げましょう! 【フィリップ】 (威厳を持って奥のドアを指さす その向こうには猛り狂った群衆が既にやってきている) 扉を開けよ!それがわしの望みじゃ! 【エリザベート】 天よ! 【レルム伯爵】 民衆が怒っております 【民衆の合唱】 (舞台裏 奥の扉の向こうから) 死だけが俺たちを止められるんだ! 容赦なく派手にぶっ倒せ! 民衆の復讐の前に震えるがいい! ぶっ倒せ ぶっ倒せ ぶっ倒せ! 【レルム伯爵】 大公の方々 王をお救い致しましょう! 【スペインの大公たち】 (剣を手に) 反逆者どもに死を! 万歳 王よ! (民衆が激しく舞台になだれ込む) 【民衆の合唱】 死が 死だけが俺たちを止められるんだ! ぶっ倒せ! 【フィリップ】 (民衆に) 倒すがよい!お前らを止める者を? 【廷臣たち レルム伯爵】 万歳 王様! 【フィリップ】 わしはここにおるぞ!どうした! 【民衆の合唱】 ぶっ倒せ! 【廷臣たち レルム伯爵】 万歳 王様! 【フィリップ】 殺してみよ 殺してみよ この年寄りを 忠実な心の者共よ! そして わしの血にまみれた体の上を 忠誠を捧げに行進してゆくが良い わしの息子に王家のマントを着せてやれ 【民衆の合唱】 ああ!その声は!... 【フィリップ】 倒すがよい! わしはここにおるぞ!どうした! 【民衆の合唱】 あれを見よ!... (このシーンの間にひとりの小姓が入ってきて群衆の間をすり抜けてカルロスに近づき 彼の肩にマントを投げる この小姓はエボリであった 彼から離れると王妃に近づいていく) 【民衆】 神御自らが話された われらの額の上に呪いが下されよう 【エボリ】 (王妃に そっと) 私があの方を愛していたのはご存じでしたね! この騒ぎは 私が民衆を煽ったものです そして私はあの方の命をお救いしました! 修道院が私を待っています!お別れです...王妃さま! 【エリザベート】 神様!ああ!立っているのがやっとだわ! (大審問官が奥に現れる) 【大審問官】 冒涜の民よ! 【民衆 廷臣たち レルム】 (後に下がって) 大審問官様だ!... 【大審問官】 おお冒涜の民よ 神が祝福を与えしお方の前にひれ伏すが良い! (厳粛に) ひざまずくのだ!ひざまずくのだ! 【フィリップ 大審問官】 ひざまずくのだ! 【民衆】 (ひれ伏して) 主よ!われらを許し給え! 【フィリップ 大審問官】 偉大な神よ 御身に栄光あれ! 【レルム、スペインの貴族たち】 (剣を抜いて) 王に栄光あれ! (大審問官はひざまずいた民衆の真っ只中でフィリップ王に会うために降りてくる エボリは王妃の足元に身を投げ出し 王妃は赦しの印としてその手を彼女に差し伸べる) ACTE IV Premier Tableau (Le cabinet du Roi. Philippe, plongé dans une méditation profonde, est appuyé sur une table couverte de papiers, où des flambeaux achèvent de se consumer. Le jour commence à éclairer les vitraux des fenêtres) PHILIPPE (comme en un rêve) Elle ne m aime pas! non! Son coeur m est fermé, Elle ne m a jamais aimé! Je la revois encor, Regardant en silence Mes cheveux blancs, Le jour qu elle arriva de France. Non, elle ne m aime pas! Elle ne m aime pas! (revenant à lui-même) Où suis-je? Ces flambeaux Sont consumés... L aurore argente ces vitraux, Voici le jour! Hélas! Le sommeil salutaire, Le doux sommeil a fui pour jamais ma paupière! Je dormirai dans mon manteau royal, Quand aura lui pour moi l heure dernière, Je dormirai sous les voûtes de pierre Des caveaux de l Escurial! Si la Royauté nous donnait le pouvoir De lire au fond des coeurs où Dieu seul peut tout voir! Si le Roi dort, la trahison se trame, On lui ravit sa couronne et sa femme! Je dormirai dans mon manteau royal, etc. Ah! Si la Royauté nous donnait le pouvoir De lire au fond des coeurs! Elle ne m aime pas! non! son coeur m est fermé, Elle ne m aime pas! (Il retombe dans sa rêverie) Scène LE COMTE DE LERME (entrant) Le Grand Inquisiteur! (Lerme sort. Le Grand Inquisiteur, aveugle, 90 ans, entrant appuyé sur deux Dominicains) L INQUISITEUR Suis-je devant le Roi? PHILIPPE Oui, j ai recours à vous, mon père, éclairez-moi. L Infant remplit mon coeur d une tristesse amère, L Infant est un rebelle armé contre son père. L INQUISITEUR Qu avez-vous décidé contre lui? PHILIPPE Tout... ou rien! L INQUISITEUR Expliquez-vous! PHILIPPE Qu il fuie... ou que le glaive... L INQUISITEUR Eh bien? PHILIPPE Si je frappe l Infant, ta main m absoudrait-elle? L INQUISITEUR La paix du monde vaut le sang d un fils rebelle. PHILIPPE Puis-je immoler mon fils au monde, moi chrétien? L INQUISITEUR Dieu, pour nous sauver tous, sacrifia le sien. PHILIPPE Peux-tu fonder partout une foi si sévère? L INQUISITEUR Partout où le chrétien suit la foi du Calvaire. PHILIPPE La nature et le sang se tairont-ils en moi? L INQUISITEUR Tout s incline et se tait lorsque parle la foi! PHILIPPE C est bien! L INQUISITEUR Philippe deux n a plus rien à me dire? PHILIPPE Non! L INQUISITEUR C est donc moi qui vous parlerai, Sire! Dans ce beau pays, pur d hérétique levain, Un homme ose saper l édifice divin. Il est l ami du Roi, son confident intime, Le démon tentateur qui le pousse à l abîme, Les desseins criminels dont vous chargez l Infant Ne sont auprès des siens que les jeux d un enfant; Et moi, l Inquisiteur, moi, pendant que je lève Sur d obscurs criminels la main qui tient le glaive, Pour les puissants du monde abjurant mon courroux, Je laisse vivre en paix ce grand coupable... et vous! PHILIPPE Pour traverser les jours d épreuves où nous sommes, J ai cherché dans ma cour, ce vaste désert d hommes, Un homme, un ami sûr. .. Je l ai trouvé! L INQUISITEUR Pourquoi un homme? Et de quel droit vous nommez-vous le Roi, Sire, si vous avez des égaux? PHILIPPE Tais-toi, prêtre! L INQUISITEUR L esprit des novateurs chez vous déjà pénètre! Vous voulez secouer de votre faible main Le saint joug étendu sur l univers romain! Rentrez dans le devoir! l Église en bonne mère, Peut encore accueillir un repentir sincère. Livrez-nous le marquis de Posa! PHILIPPE Non, jamais! L INQUISITEUR O Roi, si je n étais ici, dans ce palais Aujourd hui par le Dieu vivant, demain vous-même, Vous seriez devant nous au tribunal suprême! PHILIPPE Prêtre! J ai trop souffert ton orgueil criminel! L INQUISITEUR Pourquoi l évoquiez-vous, l ombre de Samuel? J avais donné deux rois à ce puissant empire, L oeuvre de tous mes jours, vous voulez la détruire... Que viens-je faire ici? De moi que vouliez-vous? (Il va pour sortir) PHILIPPE Mon père, que la paix redescende entre nous. L INQUISITEUR (en s éloignant toujours) La paix? PHILIPPE Que le passé soit oublié! L INQUISITEUR (sur la porte en sortant) Peut-être! PHILIPPE L orgueil du Roi fléchit devant l orgueil du prêtre! Scène et Quatuor ÉLISABETH (entrant et se jetant aux pieds du roi) Justice! Sire! J ai foi Dans la loyauté du Roi! Je suis dans votre cour indignement traitée Et par des ennemis inconnus insultée... Mon coffret, il contient, Sire, tout un trésor, Mes bijoux des objets plus précieux encor... On l a volé! chez moi! Justice! je réclame De Votre Majesté! (En voyant l expression terrible du visage de Philippe, Elisabeth s arrête, épouvantée. Le roi se lève lentement, prend un coffret sur la table et le présente à la reine) PHILIPPE Votre coffret, Madame, Le voilà! ÉLISABETH Ciel! PHILIPPE Vous plaît-il de l ouvrir? (Elisabeth refuse du geste) Je l ouvrirai donc, moi! (il brise le coffret) ÉLISABETH (à part) Dieu! viens me secourir! PHILIPPE Un portrait de l Infant! Un portrait de l Infant! Vous gardez le silence? ÉLISABETH Oui! PHILIPPE Parmi vos bijoux? ÉLISABETH Oui! PHILIPPE Quoi! vous l avouez devant moi? ÉLISABETH Devant vous! Vous le savez! J étais promise À Don Carlos, à votre fils! Je vins à vous, à Dieu soumise, Pure comme le sont nos lys. Vous osez, frappé de démence, Douter d une fille de Roi!... Douter d une fille de France... Reine des Espagnes... de moi! PHILIPPE Vous me parlez avec hardiesse! Vous ne m avez connu qu en des jours de faiblesse; Mais la faiblesse un jour peut devenir fureur. Alors, malheur sur vous, sur tous! ÉLISABETH Quel crime ai-je commis? PHILIPPE Parjure! Si l infamie a comblé la mesure, Si vous m avez trahi... par le Dieu tout puissant, Tremblez! Je verserai le sang! ÉLISABETH Je vous plains! PHILIPPE Vous! Me plaindre? Une femme adultère! ÉLISABETH (s évanouissant) Ah! PHILIPPE (ouvrant les portes) Secourez la Reine! (Eboli entre précipitamment, Rodrigue un peu après) EBOLI (Effrayée en voyant la reine évanouie) Ah! Qu ai-je fait? Hélas! RODRIGUE (entrant peu après, à Philippe) Sire!... A vous obéit la moitié de la terre Êtes-vous donc, dans vos vastes États, Le seul à qui vous ne commandiez pas? PHILIPPE (à part) Maudit soit le soupçon infâme, Oeuvre d un démon odieux! Non! La fierté de cette femme N est pas le crime audacieux! EBOLI (à part) Ô remords! Ô amère tristesse! J ai trahi ma noble maîtresse Mon pardon viendra-t-il des cieux? RODRIGUE (à part) Il faut agir et voici l heure. La foudre gronde au sein des cieux. Que pour l Espagne un homme meure En lui léguant des jours heureux! En lui léguant l avenir radieux! ÉLISABETH (revenant elle) Où suis-je? Hélas! Ma pauvre mère, Vois les pleurs qui brûlent mes yeux. Je suis sur la terre étrangère! Mon seul espoir est dans les cieux. (Le Roi sort après un peu d hésitation. Rodrigue le suit avec un geste résolu. Eboli reste seule auprès de la Reine) Scène et Air EBOLI (se jetant aux pieds d Élisabeth) Pitié! Pardon pour la femme coupable! ÉLISABETH Relevez-vous! Quel crime?... EBOLI Ah! Le remords m accable! Mon coeur est désolé. Ange du ciel, Reine auguste et sacrée, Sachez à quel démon l enfer vous a livrée! Votre coffret... c est moi qui l ai volé! ÉLISABETH Vous! EBOLI Oui, par moi vous fûtes accusée! ÉLISABETH Par vous! EBOLI Oui! L amour, la fureur, ma haine contre vous! Tous les tourments jaloux déchaînés dans mon coeur. J aimais l Infant... l Infant m a repoussée! ÉLISABETH J ai tout compris... à mon oeil étonné Se montre la trame effroyable... Mais de ce coeur aussi condamné, Je plains la douleur misérable. EBOLI L affreux remords, enfer au feu vengeur Brûle mon âme misérable, Et rien jamais ne finira l horreur De cette torture effroyable. ÉLISABETH (à part) Ah! Que le ciel pardonne À ses amers regrets, Que sa bonté lui donne L espérance et la paix! EBOLI Mon coeur brisé frissonne, De douleur, de regrets, Dieu jamais ne pardonne À de pareils forfaits. (Elle tombe à genoux) ÉLISABETH Vous l aimiez? Levez-vous... j ai déjà pardonné! EBOLI Point de pardon! Encor un aveu terrible. ÉLISABETH Encor? EBOLI Le crime irrémissible Dont je vous accusais, je l avais commis, moi... Une séduction... le Roi! ÉLISABETH (à part) Horreur! EBOLI Elle m a condamnée! Tout est fini, je suis du ciel abandonnée! ÉLISABETH Princesse, rendez-moi votre croix! EBOLI Se peut-il que je revoie encore ma noble souveraine? ÉLISABETH Vous choisirez avant l aube Prochaine entre un cloître et l exil! Vivez heureuse! (Elle sort) EBOLI Ah! Je ne verrai plus la Reine! Ô don fatal et détesté, Présent du ciel en sa colère! Ô toi qui rends la femme si fière, Je te maudis, ô ma beauté! Tombez, tombez, larmes amères! Mes trahisons et mes forfaits, Mes souillures et mes misères, Vous ne les laverez jamais! Je te maudis, ô ma beauté! Adieu, Reine, victime pure De mes déloyales et folles amours! Dans un couvent et sous la bure, Je m ensevelis pour toujours! Et Carlos?... Oui! demain, peut-être, tombera sous le fer sacré! Ah! Un jour me reste! Ah! Je me sens renaître! Béni ce jour... Je le sauverai! Deuxième Tableau (Prison de Don Carlos. Au fond des grilles de fer séparent la prison d une cour qui la domine, et dans laquelle les gardes vont et viennent. Un escalier de pierre descend dans cette cour des étages supérieurs du palais) Mort de Rodrigue (Don Carlos est assis, la tête dans ses mains, perdu dans ses pensées. Rodrigue entre et parle bas à quelques officiers. Il fait un mouvement qui tire Don Carlos de sa rêverie) RODRIGUE C est moi, Carlos! DON CARLOS (lui donnant la main) Mon Rodrigue! Il est beau À toi de me venir trouver dans ce tombeau! RODRIGUE Carlos! DON CARLOS Tu l as compris, ma force est abattue! L amour d Élisabeth me torture et me tue... Non! Je ne puis plus rien pour les hommes! Mais toi, Donne-leur les jours d or qu ils attendaient de moi! RODRIGUE Ah! Connais mieux mon âme et ma tendresse; Tu vas sortir de ce funèbre lieu. Avec quel doux orgueil sur mon coeur je te presse! Je t ai sauvé! DON CARLOS Comment? RODRIGUE Il faut nous dire adieu! (Don Carlos reste immobile, regardant Rodrigue avec stupeur) Oui, Carlos! C est mon jour suprême, Échangeons l adieu solennel. Dieu permet encore qu on s aime Près de lui, quand on est au ciel. Dans tes yeux tout baignés de larmes, Pourquoi donc ce muet effroi? Qui plains-tu? La mort a des charmes, Ô mon Carlos, à qui meurt pour toi! DON CARLOS (en tremblant) Que parles-tu de mort? RODRIGUE Écoute! Le temps presse... J ai détourné de toi la foudre vengeresse! Aujourd hui... le rival du Roi, Le traître agitateur de la Flandre... c est moi! DON CARLOS Malheureux! Qui croira? RODRIGUE Vingt preuves amassées! Tes papiers chez moi surpris, Preuves de trahison qu à dessein j ai laissées... Ma tête en ce moment sans doute est mise à prix! (Deux hommes descendent l escalier de pierre de la prison; l un d eux vêtu de l habit du Saint-Office, l autre armé d une arquebuse. Ils s arrêtent et se montrent Don Carlos et Rodrigue qui ne les voient pas) DON CARLOS J irai devant le Roi... RODRIGUE Garde-toi pour la Flandre! Garde-toi pour notre oeuvre, il la faudra défendre... Un nouvel âge d or renaîtra sous ta loi, Oui, tu devais régner, et moi mourir pour toi! (un coup de fusil) DON CARLOS Ciel! La mort! Pour qui donc? RODRIGUE (blessé mortellement) Pour moi!... La vengeance du Roi ne se fait pas attendre! (Il tombe dans les bras de Don Carlos éperdu) DON CARLOS Grand Dieu! RODRIGUE Carlos, écoute... Ta mère T attend à Saint-Just demain; Elle sait tout!... Ah! La terre Me manque... Ô Carlos! ta main... Ah! Je meurs l âme joyeuse, Car tu vis sauvé par moi... Ah! Je vois l Espagne heureuse! Adieu! Carlos, ah! souviens-toi! Carlos, souviens-toi!... Oui, tu devais régner, Et moi mourir pour toi! Ah! Je meurs l âme joyeuse, Car tu vis sauvé par moi... Ah! Je vois l Espagne heureuse! Adieu! Carlos, ah! souviens-toi! Ah! La terre Me manque... Carlos, ta main... Carlos! Ah! Sauve la Flandre! Adieu! Carlos, ah! Adieu! (il meurt. Don Carlos tombe désespéré sur son corps) L émeute (Entrent Philippe, sa suite, Grands d Espagne et le comte de Lerme. Don Carlos s agenouille près du cadavre de Rodrigue) PHILIPPE (à Don Carlos, après un silence) Mon fils, reprenez votre épée. Ma confiance fut trompée, Mais le traître a subi son sort! (Il tend les bras à Don Carlos) Venez! DON CARLOS (au désespoir sur le cadavre de Rodrigue) Arrière! De ce mort Le sang a rejailli jusqu à votre visage! Dieu marque votre front du sceau de son courroux! PHILIPPE Mon fils! DON CARLOS Vous n avez plus de fils! Choisissez-vous Parmi ceux des bourreaux un fils à votre image! PHILIPPE (à sa suite, voulant sortir) Suivez-moi! DON CARLOS (l arrêtant avec violence) Connaisseur profond du coeur humain, Vous saurez quel sang pur a versé votre main! Il m aimait et nous étions frères... Nos coeurs étaient liés par d éternels serments ; Méprisant vos bienfaits, méprisant vos colères, C est pour moi qu il est mort! PHILIPPE Dieu! Mes pressentiments! DON CARLOS O Roi de meurtre et d épouvante! Cherche qui portera ta couronne sanglante Quand ta dernière heure aura lui! (montrant le cadavre de Rodrigue) Mes royaumes sont près de lui! (Il se jette sur le corps de Rodrigue) PHILIPPE Qui me rendra ce mort? Ô funèbres abîmes! Celui-là seul... parmi tant de victimes! Un homme, un seul, un héros était né, J ai brisé cet appui que Dieu m avait donné! Oui, je l aimais, .. Sa noble parole A l âme révélait un monde nouveau! Cet homme fier... ce coeur de flamme, C est moi qui l ai jeté dans l horreur du tombeau! Qui me rendra ce mort? LES COURTISANS Ah! C est en vain que nous vivons encore. Il nous ravit le coeur du Roi que le regret dévore! Espagnols! descendons dans la nuit du tombeau! DON CARLOS Ô mon ami, donne-moi ta grande âme, Fais de moi le héros de ton monde nouveau! Remplis mon coeur de la divine flamme, Ou fais moi près de toi place dans le tombeau. (Les mêmes, Comte de Lerme, Elisabeth, choeur du peuple, puis Éboli et le grand Inquisiteur. Le tocsin sonne) CHOEUR DES COURTISANS Ciel! le tocsin. LE COMTE DE LERME (entrant, l épée à la main) Rébellion O Sire, sauvez vos jours... Le peuple est en délire... Il a forcé le palais...triomphant! Il vient pour délivrer l infant. (On emporte le cadavre de Rodrigue. Carlos le suit désespéré) ELISABETH (entrant, très agitée) Sauvez le roi! Sire! je tremble pour Votre Majesté! Fuyons ensemble! PHILIPPE (avec autorité, désignant les portes du fond derrière lesquelles la foule menaçante est déjà parvenue) Ouvrez ces portes! je le veux! ELISABETH Ciel! LE COMTE DE LERME Le peuple est furieux CHOEUR DU PEUPLE (dans les coulisses, derrière les portes du fond) La mort à qui nous arrête! Frappons sans pitié et sans peur! Tremblez devant le peuple vengeur! Frappons, frappons, frappons! LE COMTE DE LERME Grands d Espagne, sauvez le roi! LES GRANDS D ESPAGNE (l épée à la main) Morts aux rebelles! Vive le roi! (Le peuple entre en scène violemment) CHOEUR DU PEUPLE La mort, la mort à qui nous arrête! Frappons! PHILIPPE (au peuple) Frappez! Qui vous arrête? LES COURTISANS, LE COMTE DE LERME Vive le roi! PHILIPPE Me voilà! Du courage! CHOEUR DU PEUPLE Frappons! LES COURTISANS, LE COMTE DE LERME Vive le roi! PHILIPPE Egorgez, égorgez un vieillard, Hommes au coeur loyal! Et sur mon corps sanglant Marchez pour rendre hommage A mon fils vêtu de mon manteau royal. CHOEUR DU PEUPLE Ah! cette voix!... PHILIPPE Frappez! Me voilà! Du courage! CHOEUR DU PEUPLE Ces regards!... (Pendant cette scène, un page est entré, se glissant parmi la foule il s approche de Carlos et lui jette un manteau sur les épaules. Ce page est Eboli, qui avant de sortir, s approche de la Reine) LE PEUPLE Dieu lui-même a parlé. Sur nos fronts va tomber l anathème. EBOLI (à la reine, à part) Voyez su je l aimais! Courant les carrefours, J ai soulevé le peuple Et j ai sauvé ses jours! Le cloître m attend! Adieu...reine! ELISABETH Grands Dieux! Ah! je me soutiens à peine! (Le Grand Inquisiteur paraît au fond) L INQUISITEUR Peuple sacrilège! LE PEUPLE, LES COURTISANS, DE LERME (reculant) Le Grand Inquisiteur!... L INQUISITEUR O peuple sacrilège Prosterne-toi devant celui que Dieu protège! (avec autorité) À genoux! À genoux! PHILIPPE, L INQUISITEUR À genoux! LE PEUPLE (se prosternant) Seigneur! Pardonnez-nous! PHILIPPE, L INQUISITEUR Grand Dieu, gloire à Toi! LERME, LES GRANDS D ESPAGNE (l épée à la main) Vive le Roi! (Le Grand Inquisiteur descend vers Philippe, qui va à sa rencontre au milieu du peuple agenouillé. Eboli se jette aux pieds de la reine, qui lui tend la main en signe de pardon) この日本語テキストは、 クリエイティブ・コモンズ・ライセンス の下でライセンスされています。@ 藤井宏行 Verdi,Giuseppe/Don Carlos/V