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公募落ちのときからこの曲が好きでした。採用本当におめでとう -- (名無しさん) 2015-08-16 20 01 39 近年稀に見る神曲神譜面 -- (名無しさん) 2015-08-17 23 56 42
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Q1.夢風車の『‐情念‐それがしは~』からサビまで教えて。 A1.一番難しい部分とのこと。PV見て研究 (タケチャンネルDVD創刊号でユラ様が1人で踊ってるので、それを見れば確実に覚えられる) Q2.AREAのわかりやすい動画は? A2.DVDマジカルBOXのバイオグラフィーコンテンツ Q3.道の空のフリ教えて A3.ほぼ手扇子
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tout-ensemble Jp. 全体性(島本浣 [1988]), 総体(安西信一) Étymologie et Histoire TLFi, art. ENSEMBLE, subst. masc. Étymol. et Hist. 1669 un Tout-ensemble (MOLIÈRE, Val-de-grâce, éd. M. AD. Régnier, IX, 80); 1694 subst. (CORNEILLE, p. 373). Substantivation de ensemble. Petit Robert, art. ENSEMBLE n. m. 1694; tout-ensemble 1668; subst. de 1 ensemble. André Félibien, Les Conférences de l Académie royale de peinture et sculpture pendant l année 1667, 1668, 7ème conférence, Sébastien Bourdon, Sur Les Aveugles de Jéricho de Poussin, (3 décembre 1667). [éd. par Mérot, 2003, 115]. M. Bourdon voyant la compagnie dans l attente des remarques qu il devait faire sur cet ouvrage, commença son discours par un éloge qu il fit du mérite de M. Poussin et de ses tableaux; et, après avoir montré combien il lui était difficile d expliquer assez dignement six parties principales qu il a remarquées dans celui-ci, qui sont la lumière, la composition, la proportion, l expression, les couleurs et l harmonie du tout ensemble, il dit qu il tâcherait d imiter les abeilles qui, trouvant un parterre émaillé d une infinité de fleurs, en choisissent quelques-unes sur lesquelles elles prennent plaisir d amasser le miel. TLFiの挙げるモリエールより1年早い用例。この講演録にあるtout-ensembleの語が、もととなった67年12月のBourdonの講演に正しく準拠しているとすれば、67年には既に画家の間で用いられていた、ということになる。 André Félibien, IX. Entretien, 1688, 447- 448. [éd. 1725, tome 4, 168- 169]. Combien de fois avons-nous consideré dans Rome le Salon du Palais Barberin, où nous trouvions tant de graces de noblesse dans la disposition des figures, tant d agrément dans leurs attitudes dans leurs airs de têtes; une si belle union dans leurs couleurs, ce que les Italiens nomment Vaguezza? Quoi-que cet ouvrage soit [peint] à fraisque, il n y a pas moins de force de tendresse que s il étoit peint à l huile. Et bien que le dessein n en soit pas d un goût exquis, ni les draperies des figures tout-à-fait bien entenduës naturelles; cependant il se trouve que le tout ensemble a quelque chose de si gracieux de si doux à la vuë, qu il n y a personne qui ne sente beaucoup de plaisir en le regardant. フェリビアンの『対話』の中で、名詞形としてtout-ensembleの語が用いられている(おそらく唯一の)箇所。Pietro da Cortonaの『神の摂理の勝利』の「tout-ensemble」を称賛する。 André Félibien, IX. Entretien, 1688, II, 472- 473. Il [Poussin] disposoit sur une table de petits modelles qu il couvroit de vestemens pour juger de l effet de la disposition de tous les corps ensemble [...]. tout-ensembleの語はないが、同様の事柄を指してl effet de tous les corps ensembleとある。 Roger de Piles Abregé de la vie des peintres avec des réflexions sur leurs ouvrages, 1699, [éd. 1767, 191]. II [Le Giorgion] entendoit très-bien le clair-obscur, l harmonie du tout-ensemble ; il ne se servoit pour ses carnations que de quatre couleurs capitales, dont le judicieux mélange faisoit toute la différence des âges des sexes. Mais dans ces quatre couleurs, on ne doit vraisemblablement y comprendre ni le blanc qui tient lieu de la lumiere, ni le noir qui en est la privation. Abregé de la vie des peintres avec des réflexions sur leurs ouvrages, [éd. 1767, 197f]. Le soin qu il [Titien] prenoit de concerter judicieusement, le tout ensemble de ses ouvrages lui a fait répéter plusieurs fois les mêmes compositions pour éviter de nouvelles peines l on voit de sa main plusieurs tableaux de Magdelaine, de Vénus d Adonis, où il a seulement changé le fond, afin qu on ne put douter qu ils ne fussent tous originaux. Ce n est pas qu il ne soit à présumer qu il se prévaloir du secours de ses éleves, fur tout de trois flamans, qui étoient d excellens Peintres, entre lesquels Diteric Barent étoit le disciple favori du Titien. Après que de tels éleves ont épuisé leurs industries à rendre leurs copies équivoques, que leur maître avec des yeux frais les a rétouchées, y a répandu son esprit? qui doute qu elles ne doivent être estimées de sa propre main, aussi-bien que le premier original? Abregé de la vie des peintres avec des réflexions sur leurs ouvrages, 1699, [éd. 1767, 229]. Si son [Le Bassan] talent n étoit pas pour le genre héroïque ci pour les histoires, qui demandent de la dignité, il a bien traitté les sujets champêtres, ceux qui étoient proportionnés à la mesure de son génie. Car de quelque maniere que fussent ses objets, il les savoit disposer avantageusement; pour l effet du tout ensemble, s il a mal ajusté mal tourné certaines choses particulieres, il les a du moins rendues vraies palpables. Abregé de la vie des peintres avec des réflexions sur leurs ouvrages, 1699, [éd. 1767, 347]. Si ce Peintre [Rubens] a su ingénieusement inventer les objets qu il faisoit entrer dans ses compositions, il avoit encore l art de les disposer si avantageusement, que non seulement chaque objet en particulier fait plaisir à voir mais qu il contribue encore à l effet du tout-ensemble. Cours de peinture par principes, 1708, [éd. 1766, 99- 105]. Du tout-ensemble. La derniere chose qui dépend de la disposition est le tout-ensemble. Le tout-ensemble est un résultat des parties qui composent le tableau, en-sorte néanmoins que ce tout, qui est une liaison de plufleurs objets, ne soit point comme un nombre composé de plusieurs unités indépendantes égales entr elles, mais qu il ressemble à un tout politique ; où les grands ont besoin des petits, comme les petits ont besoin des grands. Tous les objets qui entrent dans le tableau, toutes les lignes toutes les couleurs, toutes les lumieres toutes les ombres ne sont grandes ou petites, fortes ou foibles que par comparaison. Mais quelle que soit la qualité de toutes ces choses, quelque soit l état où elles se trouvent , elles ont une relation dans leur assemblage, dont aucune en particulier ne peut se prévaloir. Car l effet qui en résulte consiste dans une subordination générale où les bruns font valoir les clairs, comme les clairs font valoir les bruns, où le mérite de chaque chose n est fondé que sur une mutuelle dépendance. Ainsi pour définir le tout-ensemble, on peut dire que c est une subordination générale des objets les uns aux autres, qui les fait concourir tous ensemble à n en faire qu un. Or cette subordination qui fait concourir les objets à n en faire qu un, est fondée sur deux choses , sur la satisfaction des yeux, sur l effet que produit la vision. C est ce que je vais expliquer. Les yeux ont cela de commun avec les autres organes des sens, qu ils ne veulent point être interrompus dans leurs fonctions, il faut convenir que plusieurs personnes qui parleroient dans un même lieu, en même tems de même ton, feroient de la peine aux auditeurs qui ne sauroient auquel entendre. Semblable chose arrive dans un tableau, où plusieurs objets séparés, peints de même force, éclairés de pareille lumiere, partageraient inquiéteroient la vue, laquelle , étant attirée de différens côtés seroit en peine sur lequel se porter, ou qui voulant les embrasser tous d un même coup d œil, ne pourroit les voir qu imparfaitement. Pour éviter donc la dissipation des yeux, il faut les fixer agréablement par des liaisons de lumieres d ombre, par des unions de couleurs , par des oppositions d une étendue suffisante, pour soutenir les grouppes, leur servir de repos. Mais si le tableau contient plusieurs grouppes, il faut qu il y en ait un qui domine sur les autres en force en couleur que d ailleurs les objets séparés s unissent à leur fond pour ne faire qu une masse, laquelle serve de repos aux principaux objets. La satisfaction des yeux est donc l un des fondemens de l unité dans les tableaux. L autre fondement de cette même unité, c est l effet que produit la vision la maniere dont elle se fait. L œil a la liberté de voir parfaitement tous les objets quf l environnent, en se fixant succesfivement sur chacun d eux ; mais quand il est une fois fixé, de tous les objets il n y a que celui qui se trouve au centre de la vision, lequel soit va clairement distinctement les autres n étant vus que par des rayons obliques, s obscurcissent se confondent à mesure qu ils s éloignent du rayon direct. C est un fait que nous vérifions à tous les instans que nous portons nos yeux sur quelque objet. Je suppose, par exemple, que mon œií A se porte sur l objet B par la ligne directe A B. II est certain que si je ne remue pas mon œil, qu en même tems je veuille observer les autres objets qui ne font vus que par les lignes obliques à droite à gauche, je trouverai que bien qu ils soient tous sur une même ligne circulaire à la même distance de mon œil, ils s effacent diminuent de force de couleur à mesure qu ils s écartent de la ligne directe, qui est le centre de la vision. D où il s ensuit que la vision est une preuve de l unité d objet dans la nature. Or si la nature, qui est sage, qui en pourvoyant à nos besoins les accompagne de plaisirs, réduit ainsi sous un même coup d œil plusieurs objets pour n en faire qu un, elle donne en cela un avis au Peintre, afin qu il en profite selon que son art la qualité de son sujet le pourront permettre. II me paroît que cette observation n est pas indigne de la réflexion du Peintre, s il veut travailler pour la satisfaction des yeux à l exemple de la nature dont il est imitateur. Je rapporterai encore ici l expérience du miroir convexe, lequel encherit sur la nature pour l unité d objet dans la vision. Tous les objets qui s y voient font un coup d œil de un tout-ensemble plus agréable que ne feroient les mêmes objets dans un miroir ordinaire, j ose dire dans la nature méme. ( Je suppose le miroir convexe d une mesure raisonnable, non pas de ceux qui pour être partie d une petite circonference corrompent trop la forme des objets. ) Je dirai en passant que ces sortes de miroirs qui sont devenus assez rares pourroient être utilement consultés pour les objets particuliers, comme pour le général du tout-ensemble. Après tout, c est au Peintre à se consulter soi-même sur le travail qu il entreprend. Car si son ouvrage est grand, il peut le composer de plusieurs grouppes qui après le premier coup d œil feroient capables de fixer les yeux du spectateur, par le moïen des répos bien menagés, de devenir à leur tour un centre de vision. Ainsi le Peintre judicieux doit faire en sorte qu après le premier coup d œil, de quelque étendue que soit son ouvrage, les yeux en puissent jouir successivement. II reste encore à parler d un effet merveilleux du tout-ensemble , c est de mettre tous les objets en harmonie. Car l harmonie quelque part qu elle se rencontre, vient de l arangement du bon ordre. II y à de l harmonie dans la morale comme dans la physique ; dans la conduite de la vie des hommes, comme dans le corps des hommes mêmes. Il y en a enfin dans tout ce qui est composé de parties, qui bien que différentes entr elles s accordent néanmoins à faire un seul tout, ou particulier, ou général. Or comme on doit supposer que cet ordre se trouve dans toutes les parties de la Peinture separément, on doit conclure qu elles ont leur harmonie particuliere. Mais ce n est point assez que ces parties ayent leur arangement leur justesse en particulier, il faut encore que dans un tableau elles s accordent toutes ensemble, qu elles ne fassent qu un tout harmonieux ; de même qu il ne suffit pas pour un concert de musique que chaque partie se fasse entendre avec justesse, demeure dans l arangement particulier de ses notes, il faut encore qu elles conviennent d une harmonie qui les rassemble, qui de plusieurs tons particuliers n en fasse qu un général. C est ce que fait la Peinture par la subordination des objets, des grouppes, des couleurs, des lumieres dans le général du tableau. II y a dans la Peinture différens genres d harmonie. II y en a de douce de moderée, comme l ont ordinairement pratiqué le Correge le Guide. II y en a de forte d élevée, comme celle du Giorgion, du Titien du Caravage il y en peut avoir en différens degrés, selon la supposition des lieux, des tems, de la lumiere des heures du jour. La lumiere haute dans un lieu enfermé produit des ombres fortes, celle qui est en pleine campagne demande des couleurs vagues des ombres douces. Enfin l excellent Peintre sait l usage qu il doit faire non seulement des saisons , mais des tems, des accidens qui se rencontrent dans le ciel sur la terre, pour en faire, comme nous avons dit, un tout harmonieux. Voilà l idée que je me suis formée de ce qu on appelle en Peinture tout-ensemble. J ai tâché de la faire concevoir comme une machine dont les roues se prêtent un mutuel secours, comme un corps dont les membres dépendent l un de l autre, enfin comme une œconomie harmonieuse qui arrête le spectateur, qui l entretient, qui le convie à jouir des beautés particulieres qui se trouvent dans le tableau. Si l on veut faire un peu de réflexion sur tout ce que je viens de dire touchant la disposition, on trouvera que cette partie, qui en contient beaucoup d autres, est d une extrême conséquence ; puisqu elle fait valoir tout ce que l invention lui a fourni, tout ce qui est de plus propre à faire impression sur les yeux sur l esprit du spectateur. Les habiles Peintres peuvent connoître par leur propre expérience, que pour bien réussir dans cette partie si spirituelle, il faut s élever au dessus du commun, se transporter, pour ainsi dire , hors de foi même ce qui m a donné occasion de dire ici quelque chose de l enthousiasme, du sublime. author unknown, Encyclopédie, XVI, 1765, 487, art. TOUT-ENSEMBLE. TOUT-ENSEMBLE, (Peinture.) le tout-ensemble d un tableau, est la correspondance convenable, l union générale de toutes les parties d un tableau. M. Watelet vous en instruira au mot Ensemble. *********************
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第4幕 第1景 (ミコクルスの農家(ルー・マス・ジ・ファラベルゴ)農家の中庭 奥にクランの上を見下ろす大きな門 左側は中庭がアーケードの下まで伸びている そこは共用の場所である 右側にはラモンとミレイユの住んでいる屋敷 手前には聖母像の影 左手には長いテーブルが袖に置かれている そこに刈取人たちが幕が上がる前から座っている 聖ジャンの祭の炎が中庭に燃えている それはあたりを照らし 子供たちは楽しげに輪を描いている) 第1場 【刈り取り人たちのコーラス】 みんな 今こそ収穫祭だ! 薪を積め 火を燃やせ! そして皆でこの日を祝え 聖ジャン あの刈取人を 聖ジャン 神の友を! (ラモンとミレイユが戸口のところに現れ 踊りは一旦中断して声は静かになる 刈取人たちは立ち上がって互いを敬意をもって見つめ合う) 第2場 【ラモン】 結構!楽しめ諸君!ここに主がいるぞ! 悩み事など打ち捨て 楽しい時間を過ごせ! 君らの労働は 朝になればすぐに 報われるぞ 結構な給金となってな 【子供たち】 (ミレイユを取り囲み、ブーケを差し出す) 収穫が終わったので あなたにこの祝福された花束を 作りました 麦の穂とお花で! もうすぐ神さまが あなたを愛する方にお与えになるのですから あなた方お二人の心が永遠でありますように…! 収穫が終わったので あなたにこの祝福された花束を 作りました 麦の穂とお花で! (ミレイユは花束を受け取り 捧げてくれた子供に答えることなくキスをする) 【コーラス】 (小声で) 彼女は一体どうしたんだ?どうしてあんなに悲しそうなんだ? 【ラモン】 (小声で刈取人たちに 作り笑いしながら) シーッ!ミレイユはわしに不満なのだ!ミレイユは苛立っておる わしはお前たちに話そう なぜなのかを 明日には (ミレイユは舞台の上をゆっくりと横切り 彼女の部屋に入って行く) さあ グラスを手に取れ 諸君! 【コーラス 繰り返し】 みんな 今こそ収穫祭だ! 薪を積め 火を燃やせ! そして皆でこの日を祝え 聖ジャン あの刈取人を 聖ジャン 神の友を! 【子供たち】 (外で、火の周りで踊っている) 聖ジャン!聖ジャン!聖ジャン! (農場の男たちはテーブルを運び出し 刈取人たちは歌いながら出て行く 農場の奥の扉は閉じて 炎の最後の輝きも消え 声も消え去って行く ラモンは一人残る) 第3場 【ラモン】 ああ!不幸な子よ!ああ!呪われた愛よ! 酷い苦悩が運命からわしらにもたらされ 終ったのだ わしの喜びは そして安らぎも わしの年老いた日々の!… (絶望した口調で 額を地面に落として) 夏の日々の大きな嵐! 夜は暗くする 地平線を 稲妻は雲を引き裂く 風が吹き散らす 収穫を! こうして嘆きが押し寄せる わしの戸口に! こうして不幸がわしの上に来て ぶち壊すのだ わしの抱いていた夢を!… これぞ神の盲目の掟! (ラモンは悲しげに部屋に戻って行く 舞台は暗くなるがミレイユの窓は灯りがついている ミレイユは窓辺(あるいは戸口のところ)に腰掛けて そっと悲しそうにハミングしている) 第4場 【ミレイユ】 (自分の部屋で) おお マガリ わが愛しの人よ 逃げ出しましょう 二人で 木の葉の下を 静かな森の奥深く! 夜は私たちにそのヴェールを広げ そしてあなたの美しい目が 色褪せさせるの 星たちを あの空の!… 第5場 (ミュゼットが聞こえてくる その間に夜が明け始める 羊飼いが最後の小節のところで現れ 歌う) 【羊飼い】 日が昇って そして闇夜が明るくなる 遠くにはもう 燃え立つ日の出が そよ風を掻き立てることもなく 炎を燃え立たせ きらめいている! そして空を 鳥が逃げ去って行く そしておいらは ただ一人 山羊と一緒だ 唇を渇かせた おいらはさすらうのさ 気の向くままにこの焼け付く荒野を そっと ゆっくりと 灰色のトカゲは光を飲み つつましくクリケットは土の中 歌ってる 太陽の下で そしたらおいらは 茂みで横になって もう一度眠ることにしよう (羊飼いの歌の最後の小節でミレイユは彼女の部屋から出てきて羊飼いが遠ざかるのを見る) 第6場 【ミレイユ】 (ステージ上 ひとり) 幸せな小さな羊飼いさん ああ!あなたの運命が私にはとても羨ましいわ! いつでも自由で 心は軽く 生きる悩みが あなたを苦しめることはないのだから 幸せな小さな羊飼いさん! この炎の荒野で たった一人 あなたのヤギたちと一緒に あなたは青空の下で眠るのだから 唇に歌を浮かべて そしてあなたが眠っている間 陽気なセミたちが 鳴りび聞かせているわ 太陽の中で 彼らの騒々しいシンバルを!… 幸せな小さな羊飼いさん あなたの運命が私は羨ましいわ! いつでも自由で 心は軽く 生きる悩みが あなたを苦しめることはないのだから 幸せな小さな羊飼いさん! 第7場 (ヴァンスネットが奥の入口を通って登場し ミレイユに急いで歩み寄る) 【ヴァンスネット】 ミレイユ! 【ミレイユ】 誰が私を呼ぶの?彼かしら? 【ヴァンスネット】 いいえ、ミレイユ、私よ! でも小声で話しましょう!…誰も目を覚まさないように! 【ミレイユ】 何の知らせなの?何が起こったの? 【ヴァンスネット】 不安を鎮めてね 彼は助かったわ! 【ミレイユ】 助かったって 誰が?神さま!私は震えるわ 【ヴァンスネット】 むごい運命があの夜 襲いかかったの 地獄谷への途中 そこで悪人ウーリアスは 狂った怒りに酔いしれて 額に叩きつけたの 鉄の凶器を! 【ミレイユ】 何ですって!…ウーリアスが!…ヴァンサンを! 【ヴァンスネット】 聞いて 気を確かに! タヴェンが私を寄こしたの 私に言ったわ「心配しないで 彼の傷は浅い 彼は眠ってる きっと良くなるでしょう」って 【ミレイユ】 (不安そうに) ああ!話して もう一度!最後まで!震えながら私は聞くわ! あなたは全部話してないわ!多分私を騙してるのね 私を心配させまいとして! ヴァンサンは私を待ってるわ!彼の命が危険なのよ! 【ヴァンスネット】 (優しく彼女の手をとって) いいえ!いいえ!あなたの心は安らかになれるのよ! 私の手がきっと兄の傷を癒すのだから! もう泣かないで ミレイユ!私を信じて 私が兄のために震えてたら あなたの近くに居られると思う? 【ミレイユ】 (高揚してゆく想いと共に) そうね 今日だわ 教会で聖人さまたちが 扉を開けて下さるのは 不幸な人々のために! 神さまは天に居られても 人々の嘆きをお聞き下さるの そして天使たちも人々のために祈るでしょう! 女たち 老人たち 子供たちは このプロヴァンスの地で 裸足で 目には涙をためて 運ぶのでしょう 自分の慎ましい捧げもの 熟れた麦の穂 果物 花を! 私は今度は最初にたどり着きたいわ 聖地の扉の前に そしてその影でひざまずいて 額を石につけて 私のヴァンサンのために 神さまに祈るの! 【ヴァンスネット】 ああ!愛する姉さん!愛しのミレイユ! 天があなたを鼓舞し 神さまが助言を与えて下さるわ! 私は待ちましょう あなたのお父さまが目を覚ますのを 【ミレイユ】 ネックレスとブレスレット 銀と金の指輪 祝福された小枝 聖なる花咲く棕櫚を 私のみすぼらしい宝石を全部 私のわずかな宝物を 私は捧げるわ 聖マリーに! (ひざまずく) おおお守り下さる方たちよ 恋する者たちを! 【ヴァンスネット】 (両手を握りしめ 目を天に向けて) ああ安息の場よ 不幸な人々の! 【ミレイユ】 聖なる殉教者たち! 【ヴァンスネット】 聖なる女性たち! 【ミレイユとヴァンスネット】 その目が私たちの魂を読み取るわ! 【ミレイユ】 その手が私たちの涙を拭き取り… 【ヴァンスネット】 そしてすべての痛みを癒すのよ! 【ミレイユとヴァンスネット】 神さまにだけでなくて あなたさまに私はお願いがあるのです! 【ミレイユ】 愛する人の日々を お守りくださいませ! 【ヴァンスネット】 彼女の愛するヴァンサンの日々を お守りください! 【ミレイユ】 (立ち上がる) 行く時です!行きましょう ためらわないで! 良い天使が導いて下さるでしょう 私たちの歩みを! (父の部屋に向かって) 神様が私を許してくれるでしょう… 私をお許しください お父さま! さようなら… 愛しています!…信じています!…希望を持っています! 【ミレイユとヴァンスネット】 おおお守り下さる方たちよ 恋する者たちを! ああ安息の場よ 不幸な人々の! 神さまにお願いするだけでなくて あなたに私はお願いがあるのです! 【ミレイユ】 愛する人の日々を お守りくださいませ! 【ヴァンスネット】 彼女の愛するヴァンサンの日々を お守りください! (彼女たちは出て行く) 第2景 (クロウの荒れ地 岩だらけで乾燥した巨大な広がり 燃える太陽に照らされている 前景には風でねじれた何本かの木々 右には半分草に埋もれた廃墟の古い水槽 沈黙が破られるのはただセミの単調な鳴き声や空を横切る何羽かの猛禽の鳴き声 そこへミレイユが駆け込んでくる とても蒼ざめ 髪は風になびき胴着は脱げかけている) 【ミレイユ】 ここは広い平原と炎の荒れ地 神さま 果たさせてください ミレイユの願いを! 進みましょう マゲロンネのように! 愛の翼と信仰の風は 燃える空の下に広がって かつて彼女を運び去ったの 私のように!… 海の泡立つ波も 稲妻も 苦悩も 昼間の燃え立つ炎の矢も 立ち止まらせはしないわ この哀れな恋する女を 愛の巡礼を! (彼女は何歩か踏み出す) でも空が私の目を眩ませる!… 太陽が私の目を見えなくするの! (彼女は立ち止まる) 私はどこにいるのかしら? めまいを感じるわ!… (手を地平線に向かって伸ばす) そしてあそこに おお奇跡よ! 空の透き通った青さの中に 約束の地の夢が 突然私の目の前に! (遠く空に蜃気楼が見える 木々に囲まれた大きな湖のほとりにある神秘的な都市である) あれがエルサレムと神聖な教会なのかしら? それとも海の聖人たちのお墓なの? (幻影は少しずつ消えて行く) でも違うわ!…蜃気楼は空に消えて行く 翼のある幻は 飛び去って行くの! (彼女は駆け出そうとして突然倒れ 痛みの叫びを上げて額に手を当てる) ああ!その黄金の矢で太陽が私を傷つける!… 私は死ぬの!…さよならヴァンサン さよなら!…泣いてね あなたの婚約者のこと! (ミレイユは気を失って地面に倒れる 羊飼いのミュゼットが遠くから聞こえてくる 最後のところでミレイユは意識を取り戻す) いいえ いいえ!私は死なないわ! 私は死にたくない!進むのよ もっと 進みましょう マゲロンネのように! 愛の翼と信仰の風は 燃える空の下に広がって かつて彼女を運び去ったのよ 私のように! 海の泡立つ波も 稲妻も 苦悩も 昼間の燃え立つ炎の矢も 立ち止まらせはしないわ この哀れな恋する女を 愛の巡礼を! 進むのよ! …進むのよ! …進むの!… ああ! (彼女は奥に消えて行く この歌を最後まで歌いながら) ACTE IV Premier Tableau (Le mas des Micocoules. (Lou Mas di Falabrego) La cour intérieure du mas. Au fond un grand portail donnant sur la Cran. A gauche, la cour se prolonge sous des arcades, où sont les communs. À droite, la maison d habitation de Ramon et de Mireille. Au premier plan, image ou statue de la Vierge. A gauche, une longue table continuant dans coulisse, où sont assis des moissonneurs au lever du rideau. On devine dans la cour les feux de la Saint-Jean qui éclairent celle-ci et autour desquels les enfants forment une ronde joyeuse.) Scène 1 CHŒUR DES MOISSONNEURS Amis, voici la moisson faite! Entassez les fagots; faites flamber le feu! Et jusqu au jour que chacun fête Saint Jean le moissonneur; saint Jean l ami de Dieu! (Ramon et Mireille paraissent sur le seuil. Les danses s interrompent aussitôt, les voix se taisent. Les moissonneurs se lèvent et se découvrent avec respect) Scène 2 RAMON Bien! Réjouissez vous, amis! Voici le Maître! Au diable les soucis et prenons du bon temps! De vos rudes labeurs, dès que le jour va naître, Vous serez tous payés en beaux écus comptants. LES ENFANTS (entourant Mireille et lui offrant un bouquet) Après la moisson finie, A vous la gerbe bénie, Faite d épis et de fleurs! Que bientôt ainsi Dieu même Vous donnant à qui vous aime, Lie à jamais vos deux coeurs!… Après la moisson finie, A vous la gerbe bénie Faite d épis et de fleurs! (Mireille prend le bouquet et embrasse sans répondre l enfant qui le lui offre.) LE CHŒUR (à demi-voix) Qu a-t-elle donc? Pourquoi cette mine attristée? RAMON (bas aux moissonneurs, en s efforçant de rire) Chut! Mireille m en veut! Mireille est irritée Je vous dirai pourquoi demain. (Mireille traverse lentement de théâtre et se retire dans sa chambre.) Allons, le verre en main, amis! REPRISE DU CHŒUR Amis, voici la moisson faite! Entassez les fagots, faites flamber le feu! Et jusqu au jour que chacun fête Saint Jean le moissonneur, Saint Jean l ami de Dieu! LES ENFANTS (au-dehors, dansant autour du brasier) Saint Jean! Saint Jean! Saint Jean! (Les garçons de ferme ont enlevé la table. Les moissonneurs sortent en chantant. La porte du fond se ferme. Les dernières lueurs du brasier s éteignent et les voix s éloignent. Ramon reste seul.) Scène 3 RAMON Ah! Malheureuse enfant! ah! maudites amours! Cruels soucis qu un sort funeste nous envoie C en est fait de ma joie, Et du repos de mes vieux jours!… (Avec un accent désolé et le front penché vers la terre) Aux jours d été les grands orages! La nuit obscurcit l horizon; L éclair déchire les nuages; Le vent disperse la moisson! Ainsi le deuil frappe à ma porte! Ainsi le malheur fond sur moi, Brisant mon rêve qu il emporte!… Telle est de Dieu l aveugle loi!… (Ramon regagne tristement sa chambre. La scène est obscure, mais la fenêtre de Mireille est éclairée Mireille, accoudée à sa fenêtre (ou à la porte), fredonne doucement et tristement.) Scène 4 MIREILLE (dans sa chambre) Ô Magali, ma bien-aimée, Fuyons tous deux sous la ramée Au fond du bois silencieux! La nuit sur nous étend ses voiles, Et tes beaux yeux Vont faire pâlir les étoiles Au sein des cieux!… Scène 5 (On entend la musette, pendant que le jour commence à poindre. Le berger apparaît sur les dernières mesures et chante) LE BERGER Le jour se lève Et fait pâlir la sombre nuit. Au loin, déjà l ardente grève, Que nulle brise ne soulève, S enflamme et luit! Et dans les airs l oiseau s enfuit. Et moi, tout seul avec mes chèvres, La soif aux lèvres, J erre au hasard dans le désert brûlant, D un pas tranquille et lent. Le lézard gris boit la lumière, L humble grillon, dans la poussière, Chante au soleil, Et moi couché dans la bruyère, Je vais reprendre mon sommeil. (Pendant les dernières mesures de la chanson du berger, Mireille est sortie de sa chambre et regarde le berger s éloigner.) Scène 6 MIREILLE (seule en scène) Heureux petit berger, Ah ! que ton sort me fait envie! Toujours libre, le coeur léger, Les peines de la vie Ne peuvent t affliger, Heureux petit berger! Dans ce désert de feu Tout seul avec tes chèvres, Tu dors sous le ciel bleu, Une chanson aux lèvres. Et pendant ton sommeil Les joyeuses cigales Font tinter au soleil Leurs bruyantes cymbales!… Heureux petit berger, Ton sort me fait envie! Toujours libre, le coeur léger, Les soucis de la vie Ne peuvent t affliger, Heureux petit berger! Scène 7 (Vincenette entre par le portail du fond et s avance rapidement vers Mireille) VINCENETTE Mireille! MIREILLE Qui m appelle? est-ce lui? VINCENETTE Non, Mireille, c est moi! Mais parlons bas!… N éveillons personne! MIREILLE Qu as-tu donc? Qu est-il arrivé. VINCENETTE Calme tes craintes. Il est sauvé! MIREILLE Sauvé, qui donc? Grand Dieu! Je tremble. VINCENETTE Le mauvais sort cette nuit les rassemble Sur le chemin du Val d Enfer, Et le traître Ourrias, ivre de folle rage, Le frappe au front de son trident de fer! MIREILLE Ciel!… Ourrias!… Vincent! VINCENETTE Attends et prends courage! Taven m a fait venir Et m a dit « Ne crains rien. Sa blessure est légère, Il dort, tout ira bien. » MIREILLE (avec anxiété) Ah! parle encore! achève! .. en tremblant je t écoute! Tu ne m as pas tout dit! tu me trompes sans doute De peur de m affliger! Vincent m attend! sa vie est en danger! VINCENETTE (lui prenant doucement les mains) Non! non! que ton coeur se rassure! Ma main guérira sa blessure! Ne pleure plus, ô Mireille! et crois-moi Si je tremblais pour lui, serais-je auprès de toi? MIREILLE (avec une exaltation croissante) Eh bien, c est aujourd hui que l église des Saintes Ouvre sa porte aux malheureux! Dieu même dans le ciel accueillera leurs plaintes, Et les anges prieront pour eux! Femmes, vieillards, enfants du pays de Provence, Les pieds nus et les yeux en pleurs, Iront porter là-bas leur humble redevance D épis mûrs, de fruits et de fleurs! Moi, je veux, cette fois, arriver la première Devant le porche du saint lieu; Et, dans l ombre, à genoux, et, le front sur la pierre, Pour mon Vincent implorer Dieu! VINCENETTE Ah! chère soeur! chère Mireille! C est le ciel qui t inspire et que Dieu te conseille! Moi, j attends là-bas que ton père s éveille. MIREILLE Colliers et bracelets, anneaux d argent et d or, Rameaux de buis bénit, saintes palmes fleuries, Tous mes pauvres bijoux, tout mon petit trésor J en fais don aux Saintes Maries! (S agenouillant.) Ô patronnes des amoureux! VINCENETTE (les mains jointes et les yeux au ciel) Ô refuges des malheureux! MIREILLE Saintes martyres! VINCENETTE Saintes femmes! MIREILLE ET VINCENETTE Dont le regard lit dans nos âmes! MIREILLE Dont la main peut sécher nos pleurs!… VINCENETTE Et guérir toutes nos douleurs! MIREILLE ET VINCENETTE Ainsi qu à Dieu même, A vous j ai recours! MIREILLE De celui que j aime Protégez les jours! VINCENETTE De Vincent qu eiie aime Protégez les jours! MIREILLE (Se relevant) Il est temps de partir!… allons, n hésitons pas! Qu un bon ange guide nos pas! (Se tournant vers la chambre de son père) Dieu me pardonnera… Pardonnez-moi, mon père! Adieu!… j aime!… je crois!… j espère! MIREILLE ET VINCENETTE Ô patronnes des amoureux! Ô refuges des malheureux! Ainsi qu à Dieu même, A vous j ai recours! MIREILLE De celui que j aime Protégez les jours! VINCENETTE De Vincent qu eiie aime Protégez les jours! (Elles sortent.) Deuxième Tableau (Le désert de la Crau. Vaste étendue de terrain pierreux et aride, éclairé par un soleil ardent. Sur le premier plan, quelques arbres tordus par le vent. À droite, une vieille citerne en ruine à demi enfouie sous les herbes. Le silence n est interrompu que par le chant monotone des cigales ou le cri aigu de quelque oiseau de proie traversant l air. Mireille entre en courant, très pâle, les cheveux au vent et le corsage dénoué) MIREILLE Voici la vaste plaine et le désert de feu. Dieu bon, fais que Mireille accomplisse son voeu! En marche, ainsi que Maguelonne! Les ailes de l amour et le vent de la foi, Sous le ciel ardent qui rayonne Jadis l emportaient comme moi!… Ni de la mer l onde écumante, Ni les éclairs, ni la tourmente, Ni les traits enflammés du jour, N ont arrêté la pauvre amante, La pèlerine d amour! (Elle fait quelques pas.) Mais le ciel m éblouit!… le jour m aveugle! (Elle s arrête) Où suis-je ! Je me sens prise de vertige !… (Tendant les mains vers l horizon.) Et là-bas, ô prodige! Dans l azur transparent des cieux, Quel rêve de terre promise Tout à coup surgit à mes yeux! (On voit au loin se dessiner dans le ciel, par un effet de mirage, une ville miraculeuse au bord d un grand lac entouré d arbres.) Est-ce Jérusalem et sa pieuse église, Ou le tombeau des Saintes de la mer? (L image disparaît peu à peu et s efface) Mais non!… la vision s évanouit dans l air, L image ailée S est envolée! (Elle s élance en avant et s affaisse tout à coup et poussant un cri de douleur et en portant ses main à son front.) Ah! de sa flèche d or le soleil m a blessée!… Je meurs!…adieu, Vincent, adieu!…pleur ta fiancée! (Mireille tombe à terre évanouie, cependant qu on entend au loin la musette du berger. Sur les dernière mesures. Mireille revient à elle.) Non, non! Je ne mourrai pas! Je ne veux pas mourir! marchons encor En marche, ainsi que Maguelonne ! Les ailes de l amour et le vent de la foi, Sous le ciel ardent qui rayonne Jadis l emportaient comme moi! Ni de la mer l onde écumante, Ni les éclairs, ni la tourmente, Ni les traits enflammés du jour N arrêteront la pauvre amante, La pèlerine de l amour! En marche! … En marche! … En marche !… Ah! (Elle a disparu au loin en chantant la fin de cet air) この日本語テキストは、 クリエイティブ・コモンズ・ライセンス の下でライセンスされています。@ 藤井宏行 Gounod,Charles/Mireille/V
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このテンプレはポリウト方式で作成されています。 こちらの役名一覧に和訳を記載して管理人までお知らせください。 PREMIER ACTE (Un salon (sorte de "temple d'amour"). Le fond complètement ouvert sur la terrasse du château, où aboutit le haut d'un escalier qui monte du parc. Tous les serviteurs du château, hommes, femmes et la valetaille, entourent Jacoppo, le précepteur de Chérubin (surnommé le Philosophe) qui les harangue) ▼LE PHILOSOPHE▲ (à haute voix) Servantes. ▼3 SERVANTES▲ (3 sopranos) Voilà! ▼LE PHILOSOPHE▲ … bonnes et lingères, ▼3 AUTRE SERVANTES▲ (3 mezzo-sopranos) Voilà! ▼LE PHILOSOPHE▲ Serviteurs, valets, marmitons, ▼3 SERVITEURS▲ (3 basses, en gross voix) Voilà! ▼LE PHILOSOPHE▲ Boulangères et fromagères, ▼6 SERVANTES▲ Voici! Voici! Voici! Voici! ▼LE PHILOSOPHE▲ Cuisiniers à triple menton, Qu'avez-vous préparé pour fêter votre maître, Car Chérubin n'est plus un page aux cheveux blonds. (fièrement) Il porte depuis hier, plus déluré qu'un reître, L'épée en bon acier qui sonne à ses talons. ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ Vivat! Vivat! Vivat! Vivat! ▼LE PHILOSOPHE▲ (galamment) Dans un instant Chérubin va paraître. ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ (entre eux joyeusement) Vivat! Dans un instant Chérubin va paraître! vivat! vivat! vivat! vivat! ▼LE PHILOSOPHE▲ Entendons-nous Entendons-nous avant que de tous les côtés Nous arrivent ses invités. Entendons-nous! ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ (très affaires) Avant que de tous les côtés Nous arrivent ses invités. Voilà! voilà Voilà! voilà! Voilà! voilà! (3 basses, avec volubilité) Dindes, dindons et dindonne aux Gravitent autour de nos broches. (3 ténors, avec volubilité) Et la fournaise des fourneaux Les dore comme des brioches. (6 servantes, répétant avec volubilité) Les dore, dore comme des brioches. ▼LES SERVITEURS▲ Les dore, dore comme des brioches! des brioches! Nous avons fait ratisser Sarcler, émonder, tailler De long en large, de large en long! ▼LES SERVANTES▲ Dans nos cuisines nous glaçâmes Deux cents sorbets… Mille pralines! Deux cents sorbets… Mille pralines! Deux cents sorbets, Mille pralines! ▼LE PHILOSOPHE▲ (qui, depuis un instant, s'est bouchéles oreilles) Chut! vous m'assourdissez! Vous m'assourdissez!! ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ (renchérissant encore) Et le parc est comme un salon! Oui! le parc est comme un salon! Nous avons râtissé, ▼LE PHILOSOPHE▲ Chut! Aie! ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ Nous avons tout taillé, Dindons et dindonneaux sont comme des brioches! des brioches! des brioches! Voilà! voilà! voilà! ▼LE PHILOSOPHE▲ Vous m'assourdissez! Vous m'assourdissez! (essayant de crier plus fort que tousafin d'être écouté) Mes camarades, mes braves camarades. Sachez l'autre motif qui vous rassemble ici. Pour qu'en ce jour vous fêtiez Chérubin, fier de ses premiers grades, Votre jeune seigneur, à tous ici présents, Veut rendre un bienfaisant hommage Aux serviteurs il fait doubler les gages. ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ (avec ravissement) Ah! ▼LE PHILOSOPHE▲ Et fait remise aux paysans D'un an de dîme et de fermages! ▼SERVANTES, SERVITEURS▲ (avec une folie joie) Vivat! vivat! vivat! Chérubin! Chérubin! (la ronde folle s'éloigne en criant) Vive Chérubin! (cris prolongés; au loin, encore fort) Vive Chérubin! (Pendant que les cris s'atténuent etque le Philosophe, sur la terrasse,écoute avec ravissement le nom deChérubin que ces braves gensacclament, le Comte, le Duc et le Baron sont entrés) Vive Chérubin! (Ne pas suivre la déclamation qui se terminera avec le musique) ▼LE DUC▲ (d'un air vexé) Vive Chérubin! Ma parole on n'entend plus que ce cri là! ▼LE COMTE▲ (froidement) Toute la canaille raffole de ce maudit garnement là! ▼LE BARON▲ (ironique, au Philosophe, qui vient et qui salue) Mes compliments, monsieur le Philosophe, ▼LE COMTE▲ Votre élève est un fier vaurien! ▼LE DUC▲ (les bras au ciel) Dilapider ainsi son bien! ▼LE COMTE▲ C'est la ruine! la catastrophe! ▼LE PHILOSOPHE▲ Il est généreux, voilà tout! ▼LE COMTE▲ (sèchement) Il est fou, monsieur, il est fou! (Le Comte hausse les épaules et sort. Le Philosophe reste bouche bée) ▼LE BARON▲ (au Duc, avec mauvaise humeur) Dire que j'ai quitté Grenade Pour faire honneur au nouveau grade… De ce petit hurluberlu. ▼LE DUC▲ (se moquant de lui) C'est ta femme qui l'a voulu. ▼LE BARON▲ (d'un air contrit) C'est ma femme qui l'a voulu! ▼LE DUC▲ (à lui-même, d'un air vexé) Et moi… c'est ma pupille! (à part) Pour ce galopin… ▼LE BARON▲ (à part) Chacune s'enflamme… mais qu'il prenne garde… ▼LE DUC▲ … ce vrai galopin! ▼LE BARON▲ (accentué) Le mari regarde, le mari regarde… ▼LE DUC▲ (avec exagération) … mais qu'il prenne garde… ▼LE BARON▲ (de même) … et s'il se hasarde… ▼LE DUC▲ (légèrement et faisant le geste de pourfendre) … à toi, Chérubin! ▼LE BARON▲ (même geste que le Duc) … à toi, Chérubin! ▼LE DUC▲ … à toi, Chérubin! ▼LE BARON▲ … à toi, Chérubin! ▼LE DUC et LE BARON▲ … à toi, Chérubin! ▼LE PHILOSOPHE▲ (à part) Pauvre Chérubin! Pauvre Chérubin! ▼LE DUC▲ (imitant le ton du Philosophe en le parodiant) Pauvre Chérubin! ▼LE BARON▲ (au Philosophe sournoisement) Mais qu'il prenne garde… ▼LE DUC▲ Ce vrai galopin… Mais qu'il prenne garde! à toi, Chérubin! ▼LE BARON▲ Le mari regarde… le mari regarde… Et s'il se hasarde… à toi, Chérubin! ▼LE PHILOSOPHE▲ Pauvre Chérubin! (avec émotion) Chérubin, quelle sera ta destinée en cette vie… (Le Duc et Le Baron, en sortant au Philosophe, en le lardant de coups d'épée imaginaires) ▼LE DUC, LE BARON▲ … à toi, Chérubin! à toi, Chérubin! à toi, Chérubin! (Ils disparaissent) ▼LE PHILOSOPHE▲ Lorsque la gloire te viendra? Obscur, si déjà l'on t'envie, Hélas! qui plus tard t'aimera? ▼NINA▲ (survenant, joyeuse, et s'annonçant,vivement) C'est moi, Philosophe! ▼LE PHILOSOPHE▲ (ravi, joignant les mains) O destin! (souriant) Eh bien! (avec une joie intime) … la voilà ta réponse. (changeant de ton, à Nina) Où donc allez-vous? ▼NINA▲ (contrite) Je renonce à le retrouver ce matin. ▼LE PHILOSOPHE▲ (malicieusement) Nina, vous cherchez, je parie, Ce Chérubin! (au nom Chérubin,Nina sourit) Ce polisson! (au mot de polisson, Nina a un cride surprise indigné) Ce garnement! ▼NINA▲ (révoltée) Ah! c'est trop fort! ▼LE PHILOSOPHE▲ (faisant l'étonné) Oh! ▼NINA▲ (furieuse, tenant tête au Philosophe) Il est charmant, oui, monsieur! Charmant et très brave. Il n'a pas un front soucieux, Mais faut-il déjà qu'il soit grave, Quand la gaîté rit dans ses yeux! Vous dites c'est un polisson! Mais je sais qu'il n'est que volage. Et d'ailleurs, il aurait raison D'avoir les défauts de son âge. On le hait… insinuez-vous, Prenez garde, c'est par rancune, Car si plus d'un en est jaloux, (avec un peu d'émotion) C'est qu'il plaît sans doute à plus d'une. (très chanté) Il plaît, on ne sait pas pourquoi, Il plaît dès qu'il dit quelque chose, Et quand… timide… il devient coi… Il plaît parce qu'il devient rose. (plus chaleureux) Puis, c'est l'ami que je défends (plus accentué) Et défendrai (plus vibrant) … plus que moi-même… (Elle voit ce brave Philosophe qui, ravi, lui sourit, radieuse) Mais je me fâchais… suis-je enfant! (Nina tombe toute émue dans les brasdu Philosophe qui l'embrasse) Vous l'aimez! ▼LE PHILOSOPHE▲ (avec élan et affection) Oui, je l'aime! ▼NINA▲ Vous l'aimez… autant que je l'aime!… autant! (Les deux amis de Chérubin restant ainsi un instant. Bruyants éclats de rire se rapprochant peu à peu; apeurée) Mon tuteur! (gentil et suppliant) Monsieur, devant lui oubliez ce que j'ai pu dire! (Elle s'enfuit. Nouveau éclats de rire de Duc et du Baron qui arrivent tous deux par l'escalier du parc) ▼LE DUC▲ (au fond) C'est merveilleux! ▼LE BARON▲ C'est inouï! ▼LE DUC▲ (montrant le côté du parc en éclatanttoujours de rire) Vraiment, c'est à mourir de rire! (Les voix, les rires se rapprochent encore, puis tout à fait) ▼LE DUC▲ Non. C'est trop drôle en vérité! ▼LE BARON▲ (s'avance en riant bruyamment;se pâmant) Je pleure, Duc. ▼LE DUC▲ (de même) Baron, j'en crève! (rires) ▼LE PHILOSOPHE▲ (légèrement stupéfié) Pourquoi donc cette hilarité? (Nouveau éclats de rire) ▼LE DUC▲ (au Philosophe) Chérubin, ce fou,… (avec intention) Votre élève… (éclats de rire) Je ris tant que j'en dois m'asseoir… (reprenant son récit) A fait dépêcher hier au soir Vers Madrid, à vitesse extrême, un courrier… (secoué par le rire) pour que ce soir même… Vienne mimer, danser ici, devinez qui? ▼LE DUC et LE BARON▲ (insistant) Devinez qui? ▼LE PHILOSOPHE▲ (tremblant un peu) Mais… j'imagine… Quelque histrion… ▼LE DUC et LE BARON▲ Non. ▼LE DUC▲ La première ballerine Que toute l'Europe admira, ▼LE DUC et LE BARON▲ L'Ensoleillad de l'Opéra! ▼LE PHILOSOPHE▲ (ignorant) L'Ensoleillad? ▼LE DUC et LE BARON▲ Oui! ▼LE BARON▲ (imitant l'Ensoleillad) Celle qui danse comme on vole. ▼LE DUC▲ (de même) Elle, Thaïs, Phyrné, Cypris, venir ici! (bien chanté) Sur ma parole, Chérubin est gris. ▼LE BARON▲ Il est gris. ▼LE DUC▲ Il est gris. ▼CHÉRUBIN▲ (entre et continue joyeusement la phrase du Duc et de Baron, épanoui) Je suis gris. ▼LE DUC et LE BARON▲ (un peu gênés) Lui! ▼LE PHILOSOPHE▲ (ravi) Lui! ▼CHÉRUBIN▲ Je suis gris! (fou de jeunesse) Je suis ivre! C'est le soleil qui m'a grisé, C'est le soleil, je suis ivre! Duc, je suis si content de vivre Que je pourrais… vous embrasser. J'ai dix-sept ans, cela me grise, J'ai dix-sept ans! Plus de tuteur! la liberté! (avec volubilité) Je veux faire tant de bêtises Que vous serez épouvantés! C'est le soleil qui m'a grisé… (avec ravissement) Je suis ivre! (Il éclat de rire; avec aplomb) Enfin, je vous le dis… en toute confidence, Regardez ce billet! Baron! Duc! venez voir… L'Etoile de Madrid, la reine de la Danse, L'Ensoleillad, enfin, (triomphant) nous arrive ce soir! ▼LE DUC▲ (suffoquant de surprise, de dépitet de colère) Non! ce n'est pas vrai! c'est impossible! ▼LE BARON▲ (donnant son avis avec gravité) Et d'abord, c'est inadmissible! grotesque! ▼LE DUC▲ (apoplectique) C'est fou! ▼CHÉRUBIN▲ (affirmant) C'est ainsi. (Il relit avec délices le billet del'Ensoleillad) ▼LE DUC▲ (D'une voix étouffée par la colère, n'osant s'attaquer directement à Chérubin, et s'adressant au Philosophe qui ne sait que répondre) L'Ensoleillad… danser ici… Mais c'est inouï de bêtise! Montrez-moi, monsieur s'il vous plaît, Le rideau… ▼LE BARON▲ (persifleur) La rampe… ▼LE DUC▲ (s'épongeant) La frise… ▼LE BARON▲ Les accessoires du Ballet? ▼LE DUC▲ (Haletant, tirant à lui le Philosopheahuri) Pour danser le grand pas des Alcyons rebelles, Où donc sont les portants, où donc sont les chandelles? ▼LE BARON▲ (sceptique, retournant le Philosophede son côté) Et la trappe, monsieur, pour danser Belphégor, Car il faut une trappe à défaut d'un décor. ▼LE DUC▲ (congestionné, rouge, hors de lui. Même jeu pour le Philosophe qui virevolte et ne sait plus à quel saint se vouer) Et pour mimer l'étoile éclairant les Rois Mages… ▼LE BARON▲ (à Chérubin) Où comptez-vous, monsieur, accrocher vos nuages? ▼CHÉRUBIN▲ (de la meilleure grâce du monde) Oh! rassurez-vous, s'il vous plaît, Nous n'aurons pas d'apothéose, Point de grands pas, point de ballet, (galamment) Nous danserons tout autre chose. (très rythmé; dans le vieux style) Nous danserons, c'est bien mieux, En dépit des modes nouvelles, Les vieilles danses des aïeux. (sans respirer) Je n'en connais pas de plus belles! Nous aurons pour décor mouvant Le feuillage où Phœbé s'égare Et, parmi la plainte du vent, L'alerte chanson des guitares. Point n'est besoin pour ces ballets De portants, de frise ou de toiles. Nous aurons le bois pour palais Et pour chandelles les étoiles! (Les invités de Chérubin arrivent sur la terrasse; on les voit se saluer, sepencher sur la balustrade pour mieuxvoir venir filles et garçonsdu village; on entend au loinle rythme des danses.Chérubin passe dans les groupes,salué par les hommes, regardé par lesfemmes, baisant la main aux plusjolies) ▼LE DUC▲ (le plaignant) Il est fou! ▼LE BARON▲ (avec compassion) Le pauvre garçon! ▼LE PHILOSOPHE▲ (doucement) Comme sa folie a raison! (joyeux, à deux invités, désignant le lointain) Accourez voir, don Sanche! les paysans! Ils ont leurs habits du dimanche! Ils dansent! écoutez! ▼CHÉRUBIN▲ (allant à la Comtesse qui vient deparaître) Comtesse! Enfin! ▼LA COMTESSE▲ Tout doux! ▼CHÉRUBIN▲ (lui baissant les mains) Ma marraine! je vous adore! ▼LA COMTESSE▲ (troublée) Le Comte arrive! Taisez-vous! ▼CHÉRUBIN▲ (bas et vivement) Non, il ne peut nous voir encore. Tout au fond du jardin, dans le vieux saule creux que la mousse décore j'ai glissé ce matin une lettre où je dis combien je vous adore. ▼LA COMTESSE▲ (émue) Une lettre! (vivement) Mon époux! Taisez-vous! (Le Comte arrive, toise Chérubin qui lui fait un beau salut.La Comtesse s'éloigne avec son mari) ▼LA BARONNE▲ (barrant la route à Chérubin; elle respire des sels pour cacher sonémoi) Ca, venez! ▼CHÉRUBIN▲ (s'inclinant très bas) Quoi, Baronne? ▼LA BARONNE▲ (avec une compassion excessive) O petit imprudent! Vous parlez bas à la Comtesse… Le Comte est fort jaloux pourtant, Je tremble pour votre jeunesse… ▼CHÉRUBIN▲ Trop bonne! (La Baronne s'éloigne en poussant unpetit soupir attendri et laissantChérubin un peu étonné; puis,Chérubin se met à rire et court à Ninaqui paraît) ▼NINA▲ (très petite fille; à Chérubin) Ah! Chérubin, c'est mal, C'est mal… vous m'avez fait hier la promesse De m'accompagner à la messe Et l'on vous a vu à cheval! ▼CHÉRUBIN▲ (très gentil) Hélas! c'est vrai. Je ne puis feindre. Mais puisque j'étais loin de vous J'ai manqué un moment très doux, Je suis par conséquent à plaindre. (Chérubin regarde si on le voit. Comme tous les invités observent l'arrivée des paysans, il en profite pour essayer de prendre un baiser à la fillette, qui l'esquive en riant et se sauve en le menaçant gentiment du doigt) ▼NINA, LA COMTESSE▲ ▼LA BARONNE, LES INVITÉS▲ (avec plaisir) Les paysans! ▼LE PHILOSOPHE, INVITÉS▲ (avec plaisir) Ils vont danser! ▼LE DUC▲ (à part, désignant les paysans qui vont paraître) Des paysans! ▼LE BARON▲ (avec dégoût) Des paysans! ▼LE PHILOSOPHE▲ (avec satisfaction) Les paysans! Ils vont danser! ▼LE DUC et LE BARON▲ (vexés) Ils vont danser! ▼TOUTES sauve CHÉRUBIN▲ Ils vont danser! C'est amusant! (Le Duc et le Baron, ironiques) C'est amusant! ▼CHÉRUBIN▲ (allant vers l'escalier du parc et s'adressant à ses vassaux; alerte, vivant) Venez ici, les belles filles, Venez ici avec les gas, Car de si loin on ne voit pas Briller vos yeux sous vos mantilles. (Les gas et les filles envahissentla terrasse) ▼LE PHILOSOPHE▲ (à part, radieux) O mon Chérubin! O mon Chérubin! ▼LE DUC et LE BARON▲ (à part, même intention) Des paysans! Ils vont danser! ▼NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS▲ Vive Chérubin! Vive Chérubin! ▼LE DUC et LE BARON▲ (à part, levant les épaules) Il est notre hôte, il le faut bien! (lugubres) Vive Chérubin! Fête Pastorale ▼NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS▲ (en admiration, à Chérubin) Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! C'est ravissant! C'est ravissant! ▼NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS▲ C'est exquis! ▼LES INVITÉS▲ Adorable, cher Marquis! C'est ravissant! Adorable! Ravissant! (Les gas et les filles sortent en menantgrand bruit) ▼CHÉRUBIN▲ (à des Dames; galamment) Pour vous on a dressé les tables. (Les femmes remercient) ▼LE DUC et LE BARON▲ (à eux-mêmes, réciproquement, très grognons) Ce jeune homme est insupportable! (Les Invités sortent sur un bruit joyeux de rires et de compliments. Musique au loin) ▼VOIX▲ (sopranos et mezzo-sopranos; au loin) Ah! ah! ah! ah! (De douces musiques jouent dans le parc à l'apparition des Invités sur la terrasse. Chérubin va s'asseoir et s'évente de son mouchoir de dentelle) ▼LE PHILOSOPHE▲ (radieux, à lui-même) On chante, on rit. Tous sont contents. A cette joie, à ce printemps, Il n'est pas d'ennui qui résiste. (Chérubin pousse un gros soupir) Quoi! Chérubin! Te voilà triste. (nouveau soupir) Tout à l'heure encor si joyeux, (affectueux) Pourquoi des larmes dans tes yeux… Et pourquoi, toi, si gai, fais-tu cette grimace? ▼CHÉRUBIN▲ (avec gravité) Ma gaîté, Philosophe. est toute à la surface. ▼LE PHILOSOPHE▲ (stupéfié) Pourquoi, juste ciel! ▼CHÉRUBIN▲ Je ne sais! ▼LE PHILOSOPHE▲ Quoi! l'on fête ton nouveau grade, Tu vas de succès en succès… D'où te vient donc ce sombre accès? ▼CHÉRUBIN▲ Ah! je sens que je suis malade! ▼LE PHILOSOPHE▲ Malade? Je suis interdit! ▼CHÉRUBIN▲ Oui, j'ai peur d'une catastrophe. ▼LE PHILOSOPHE▲ D'où souffres-tu, mon cher petit? ▼CHÉRUBIN▲ (gentiment triste) Du coeur, mon pauvre Philosophe! (câlin, enfantin et tendre) Philosophe, dis-moi pourquoi Mon coeur se dérobe Quand j'entends à côté de moi Le bruit d'une robe. Dis-moi pourquoi je suis troublé Et deviens tout pâle Quand je vois le vent soulever Les franges d'un châle. Dis-moi pourquoi mon pauvre coeur Sans raison qui vaille Pour un ruban, une faveur, S'étonne ou défaille… Comment peut-on pour un chiffon, Pour un bout d'étoffe Etre ému d'un mal si profond… (simplement) Mon cher Philosophe? ▼LE PHILOSOPHE▲ (avec affection et une douce tristesse) Petit, le mal qui te dévore Je l'ai connu, voici longtemps. Je voudrais en souffrir encore, Car on n'en souffre qu'à vingt ans. (avec une infinie tendresse) Aime ton mal, petit. Aime ton mal, petit. Personne ne l'éprouva sans le bénir. (avec une exaltation progressive) Aime ton mal! C'est ta jeunesse qui frissonne, C'est l'amour et c'est l'avenir! ▼CHÉRUBIN▲ (très ému, palpitant et ravi) Ah! Philosophe! quelle chance… quelle chance… ▼LE PHILOSOPHE▲ Aime ton mal, petit, ▼CHÉRUBIN▲ L'amour! c'était là mon tourment C'était là ma démence? ▼LE PHILOSOPHE▲ Aime ton mal, petit. C'est ta jeunesse qui frissonne… C'est l'amour ▼CHÉRUBIN▲ Quelle lumière brusquement! Au diable la mélancolie! Ah! les bonheurs que j'entrevois! (en mêlant un peu de gaminerie à cesélans, à cette fièvre) … et c'est l'avenir… c'est l'avenir!! Je veux aimer, aimer à la folie, Je veux aimer toutes les femmes à la fois!! ▼LE PHILOSOPHE▲ (à Chérubin, essayant de le retenir; avec une sage philosophie) Contente-toi d'en aimer une… C'est déjà d'un choix hasardeux. ▼CHÉRUBIN▲ (se sauvant; gaîment) Mais déjà j'en aime au moins deux! ▼LE PHILOSOPHE▲ (Il lui lance de loin ces dernières paroles et regarde partir Chérubin par la terrasse, en hochant la tête) C'est que tu n'en aimes aucune! (Le Comte entre, furieux, et s'adresse au Philosophe qui vient d'accourir au devant de lui) ▼LE COMTE▲ (d'un ton sec et violent) Où Chérubin se cache-t-il, le savez-vous? ▼LE PHILOSOPHE▲ (interdit et prudent) Quoi? ▼LE COMTE▲ Si vous le savez, parlez. ▼LE PHILOSOPHE▲ Que de courroux! ▼LE COMTE▲ Parlez-vous? ▼LE PHILOSOPHE▲ Calmez, monsieur, votre colère… Qu'a donc fait Chérubin qui puisse vous déplaire? ▼LE COMTE▲ Je veux le voir. ▼LE PHILOSOPHE▲ (hésitant) Le voir? Puis-je à lui me substituer? ▼LE COMTE▲ Impossible, monsieur, je viens pour le tuer! ▼LE PHILOSOPHE▲ (bondissant) Le tuer! ▼LE COMTE▲ Le gredin! Il ose se permettre D'envoyer cette lettre… A la Comtesse! (vivement apercevant la Comtessequi paraît avec Nina) Pas un mot! (Le Philosophe va au-devant de Nina et reste près d'elle un peu à l'écart) ▼LA COMTESSE▲ (au Comte) Je vous cherchais depuis tantôt… Nous avons, nous tenant chacune par l'épaule, Longé le bois le long des chênes… ▼LE COMTE▲ (rageur, bas à la Comtesse) Et des saules… ▼LA COMTESSE▲ (à part) O mon Dieu! ▼LE COMTE▲ (à la Comtesse, brusquement lui montrant les vers de Chérubin) Connaissez-vous ces vers? ▼LA COMTESSE▲ (très troublée) Mais non! (Le Philosophe et Nina se rapprochentet écoutent) ▼LE COMTE▲ (furieux) Mais si! (ironique) Le madrigal commence ainsi «Pour celle qu'en secret j'adore!» ▼NINA▲ (à part, très émue; vivement) Mes vers! ▼LE COMTE▲ (à la Comtesse) Eh bien? ▼LA COMTESSE▲ Je les ignore. ▼LE COMTE▲ (violemment, bas) Perfide, ils sont pour toi! ▼NINA▲ (très simplement) Eh bien! non! ces vers sont pour moi! ▼LE COMTE▲ Pour vous? ▼LA COMTESSE▲ (bas à Nina qui ne comprend pas et la regarde avec de grands yeux étonnes) Vous me sauvez! ▼LE PHILOSOPHE▲ (à part) Cher ange! ▼LE COMTE▲ (à Nina) Vous voulez me donner le change? ▼NINA▲ Mais! ▼LE COMTE▲ Comment me prouver que ces vers sont pour vous? ▼NINA▲ (simple) Pourquoi donc vous mettre en courroux? ▼LA COMTESSE▲ (à part, défaillante) Je suis perdue! ▼LE PHILOSOPHE▲ (à part) Seigneur, ayez pitié de nous! ▼LE COMTE▲ (impératif, à Nina) Eh bien? ▼LE PHILOSOPHE▲ (au Comte, essayant de détourner la colère du Comte) C'est une enfant encore… ▼LE COMTE▲ (furieux) Qui m'abusait… ▼NINA▲ (Ingénument, disant les vers deChérubin) «Pour celle qu'en secret j'adore!» (affectueusement) Ces vers sont faits pour moi, m'a juré Chérubin. ▼LA COMTESSE▲ (à part) Ah! le traître, l'infâme! ▼LE PHILOSOPHE▲ (à part, les yeux au ciel) O satané gredin! ▼NINA▲ (change doucement la chansonde Chérubin) «Lorsque vous n'aurez rien à faire Mandez-moi vite auprès de vous, Le paradis que je préfère, C'est un coussin à vos genoux. Vous me remarquerez à peine, Je me garderai de parler… Et je retiendrai mon haleine Si mon souffle peut vous troubler. Afin que dans mon coeur morose L'hiver fasse place au printemps, Je demande bien peu de chose Un sourire de temps en temps… Et si c'est trop… un regard même Suffira pour me transformer. Car sans rien dire je vous aime Autant qu'un être peut aimer.» (franchement) Vous voyez! je connais par coeur tout le poème! ▼LE COMTE▲ (à Nina, lui remettant le billet) Aussi je vous le rends, Nina, Il est à vous. (à la Comtesse) Et vous, pardonnez-moi! (Nina confuse prend le billet et sort encausant avec le Philosophe qui l'accompagne jusqu'à la terrasse) ▼LA COMTESSE▲ (dépitée, pendant que le Comte s'incline en lui baisant la main; à part) C'est la Nina qu'il aime! ▼LE COMTE▲ Mes soupçons, madame, étaient fous! Je me repens! ▼LA COMTESSE▲ (s'éloigne, le Comte se rapproche) Mais… ▼LE COMTE▲ Soyez bonne! ▼LA COMTESSE▲ (prenant après hésitation le bras du Comte qui sort avec elle) Pour cette fois, je vous pardonne! (en sortant, à la dérobée, avec dépit) C'est la Nina qu'il aime! ▼LE PHILOSOPHE▲ (seul, avec un tendre émoi) C'est la Nina que tu choisis! Ah! Chérubin! j'en suis saisi! Moi qui craignais pour ta jeune âme, Qui tremblais pour ton avenir, Tu rêves d'épouser la femme A qui je rêvais de t'unir! (Entre Chérubin. Il est tout animé) ▼CHÉRUBIN▲ Philosophe! ▼LE PHILOSOPHE▲ Ah! petit, viens vite! Il faut que je te félicite; Viens dans mes bras, je suis heureux! ▼CHÉRUBIN▲ Et moi, Philosophe… amoureux! ▼LE PHILOSOPHE▲ Oui, je sais. ▼CHÉRUBIN▲ (étonné) Tu sais que je l'aime? ▼LE PHILOSOPHE▲ Oui. ▼CHÉRUBIN▲ Tu l'as vue, elle? ▼LE PHILOSOPHE▲ Elle même. ▼CHÉRUBIN▲ Ah! N'est-ce pas que c'est un être merveilleux? ▼LE PHILOSOPHE▲ Son coeur pur apparaît au cristal de ses yeux. ▼CHÉRUBIN▲ (légèrement goguenard) Est-il très pur? ▼LE PHILOSOPHE▲ (croyant avoir mal entendu) Hein, quoi? ▼CHÉRUBIN▲ (ravi) Entends ces airs allègres! Vois, elle fait porter sa chaise par deux nègres. ▼LE PHILOSOPHE▲ Qui de nous deux est fou? ▼CHÉRUBIN▲ Regarde, la voilà! ▼LE PHILOSOPHE▲ Comment, tu n'es donc pas amoureux de Nina? ▼CHÉRUBIN▲ (surpris) Moi? ▼LE PHILOSOPHE▲ De qui donc alors? (Montrant le cortège de l'Ensoleillad, que l'on aperçoit à présent) ▼CHÉRUBIN▲ (fier, enthousiaste) Vois! Cela se devine! J'aime l'Ensoleillad! ▼LE PHILOSOPHE▲ (épouvanté) Non! ▼CHÉRUBIN▲ (triomphant) Si! (Il envoie un baiser à l'Ensoleillad qui passe dans sa chaise à porteurs et qui lui sourit) ▼LE PHILOSOPHE▲ (accablé) Bonté divine! PREMIER ACTE (Un salon (sorte de "temple d'amour"). Le fond complètement ouvert sur la terrasse du château, où aboutit le haut d'un escalier qui monte du parc. Tous les serviteurs du château, hommes, femmes et la valetaille, entourent Jacoppo, le précepteur de Chérubin (surnommé le Philosophe) qui les harangue) LE PHILOSOPHE (à haute voix) Servantes. 3 SERVANTES (3 sopranos) Voilà! LE PHILOSOPHE … bonnes et lingères, 3 AUTRE SERVANTES (3 mezzo-sopranos) Voilà! LE PHILOSOPHE Serviteurs, valets, marmitons, 3 SERVITEURS (3 basses, en gross voix) Voilà! LE PHILOSOPHE Boulangères et fromagères, 6 SERVANTES Voici! Voici! Voici! Voici! LE PHILOSOPHE Cuisiniers à triple menton, Qu'avez-vous préparé pour fêter votre maître, Car Chérubin n'est plus un page aux cheveux blonds. (fièrement) Il porte depuis hier, plus déluré qu'un reître, L'épée en bon acier qui sonne à ses talons. SERVANTES, SERVITEURS Vivat! Vivat! Vivat! Vivat! LE PHILOSOPHE (galamment) Dans un instant Chérubin va paraître. SERVANTES, SERVITEURS (entre eux joyeusement) Vivat! Dans un instant Chérubin va paraître! vivat! vivat! vivat! vivat! LE PHILOSOPHE Entendons-nous Entendons-nous avant que de tous les côtés Nous arrivent ses invités. Entendons-nous! SERVANTES, SERVITEURS (très affaires) Avant que de tous les côtés Nous arrivent ses invités. Voilà! voilà Voilà! voilà! Voilà! voilà! (3 basses, avec volubilité) Dindes, dindons et dindonne aux Gravitent autour de nos broches. (3 ténors, avec volubilité) Et la fournaise des fourneaux Les dore comme des brioches. (6 servantes, répétant avec volubilité) Les dore, dore comme des brioches. LES SERVITEURS Les dore, dore comme des brioches! des brioches! Nous avons fait ratisser Sarcler, émonder, tailler De long en large, de large en long! LES SERVANTES Dans nos cuisines nous glaçâmes Deux cents sorbets… Mille pralines! Deux cents sorbets… Mille pralines! Deux cents sorbets, Mille pralines! LE PHILOSOPHE (qui, depuis un instant, s'est bouchéles oreilles) Chut! vous m'assourdissez! Vous m'assourdissez!! SERVANTES, SERVITEURS (renchérissant encore) Et le parc est comme un salon! Oui! le parc est comme un salon! Nous avons râtissé, LE PHILOSOPHE Chut! Aie! SERVANTES, SERVITEURS Nous avons tout taillé, Dindons et dindonneaux sont comme des brioches! des brioches! des brioches! Voilà! voilà! voilà! LE PHILOSOPHE Vous m'assourdissez! Vous m'assourdissez! (essayant de crier plus fort que tousafin d'être écouté) Mes camarades, mes braves camarades. Sachez l'autre motif qui vous rassemble ici. Pour qu'en ce jour vous fêtiez Chérubin, fier de ses premiers grades, Votre jeune seigneur, à tous ici présents, Veut rendre un bienfaisant hommage Aux serviteurs il fait doubler les gages. SERVANTES, SERVITEURS (avec ravissement) Ah! LE PHILOSOPHE Et fait remise aux paysans D'un an de dîme et de fermages! SERVANTES, SERVITEURS (avec une folie joie) Vivat! vivat! vivat! Chérubin! Chérubin! (la ronde folle s'éloigne en criant) Vive Chérubin! (cris prolongés; au loin, encore fort) Vive Chérubin! (Pendant que les cris s'atténuent etque le Philosophe, sur la terrasse,écoute avec ravissement le nom deChérubin que ces braves gensacclament, le Comte, le Duc et le Baron sont entrés) Vive Chérubin! (Ne pas suivre la déclamation qui se terminera avec le musique) LE DUC (d'un air vexé) Vive Chérubin! Ma parole on n'entend plus que ce cri là! LE COMTE (froidement) Toute la canaille raffole de ce maudit garnement là! LE BARON (ironique, au Philosophe, qui vient et qui salue) Mes compliments, monsieur le Philosophe, LE COMTE Votre élève est un fier vaurien! LE DUC (les bras au ciel) Dilapider ainsi son bien! LE COMTE C'est la ruine! la catastrophe! LE PHILOSOPHE Il est généreux, voilà tout! LE COMTE (sèchement) Il est fou, monsieur, il est fou! (Le Comte hausse les épaules et sort. Le Philosophe reste bouche bée) LE BARON (au Duc, avec mauvaise humeur) Dire que j'ai quitté Grenade Pour faire honneur au nouveau grade… De ce petit hurluberlu. LE DUC (se moquant de lui) C'est ta femme qui l'a voulu. LE BARON (d'un air contrit) C'est ma femme qui l'a voulu! LE DUC (à lui-même, d'un air vexé) Et moi… c'est ma pupille! (à part) Pour ce galopin… LE BARON (à part) Chacune s'enflamme… mais qu'il prenne garde… LE DUC … ce vrai galopin! LE BARON (accentué) Le mari regarde, le mari regarde… LE DUC (avec exagération) … mais qu'il prenne garde… LE BARON (de même) … et s'il se hasarde… LE DUC (légèrement et faisant le geste de pourfendre) … à toi, Chérubin! LE BARON (même geste que le Duc) … à toi, Chérubin! LE DUC … à toi, Chérubin! LE BARON … à toi, Chérubin! LE DUC et LE BARON … à toi, Chérubin! LE PHILOSOPHE (à part) Pauvre Chérubin! Pauvre Chérubin! LE DUC (imitant le ton du Philosophe en le parodiant) Pauvre Chérubin! LE BARON (au Philosophe sournoisement) Mais qu'il prenne garde… LE DUC Ce vrai galopin… Mais qu'il prenne garde! à toi, Chérubin! LE BARON Le mari regarde… le mari regarde… Et s'il se hasarde… à toi, Chérubin! LE PHILOSOPHE Pauvre Chérubin! (avec émotion) Chérubin, quelle sera ta destinée en cette vie… (Le Duc et Le Baron, en sortant au Philosophe, en le lardant de coups d'épée imaginaires) LE DUC, LE BARON … à toi, Chérubin! à toi, Chérubin! à toi, Chérubin! (Ils disparaissent) LE PHILOSOPHE Lorsque la gloire te viendra? Obscur, si déjà l'on t'envie, Hélas! qui plus tard t'aimera? NINA (survenant, joyeuse, et s'annonçant,vivement) C'est moi, Philosophe! LE PHILOSOPHE (ravi, joignant les mains) O destin! (souriant) Eh bien! (avec une joie intime) … la voilà ta réponse. (changeant de ton, à Nina) Où donc allez-vous? NINA (contrite) Je renonce à le retrouver ce matin. LE PHILOSOPHE (malicieusement) Nina, vous cherchez, je parie, Ce Chérubin! (au nom Chérubin,Nina sourit) Ce polisson! (au mot de polisson, Nina a un cride surprise indigné) Ce garnement! NINA (révoltée) Ah! c'est trop fort! LE PHILOSOPHE (faisant l'étonné) Oh! NINA (furieuse, tenant tête au Philosophe) Il est charmant, oui, monsieur! Charmant et très brave. Il n'a pas un front soucieux, Mais faut-il déjà qu'il soit grave, Quand la gaîté rit dans ses yeux! Vous dites c'est un polisson! Mais je sais qu'il n'est que volage. Et d'ailleurs, il aurait raison D'avoir les défauts de son âge. On le hait… insinuez-vous, Prenez garde, c'est par rancune, Car si plus d'un en est jaloux, (avec un peu d'émotion) C'est qu'il plaît sans doute à plus d'une. (très chanté) Il plaît, on ne sait pas pourquoi, Il plaît dès qu'il dit quelque chose, Et quand… timide… il devient coi… Il plaît parce qu'il devient rose. (plus chaleureux) Puis, c'est l'ami que je défends (plus accentué) Et défendrai (plus vibrant) … plus que moi-même… (Elle voit ce brave Philosophe qui, ravi, lui sourit, radieuse) Mais je me fâchais… suis-je enfant! (Nina tombe toute émue dans les brasdu Philosophe qui l'embrasse) Vous l'aimez! LE PHILOSOPHE (avec élan et affection) Oui, je l'aime! NINA Vous l'aimez… autant que je l'aime!… autant! (Les deux amis de Chérubin restant ainsi un instant. Bruyants éclats de rire se rapprochant peu à peu; apeurée) Mon tuteur! (gentil et suppliant) Monsieur, devant lui oubliez ce que j'ai pu dire! (Elle s'enfuit. Nouveau éclats de rire de Duc et du Baron qui arrivent tous deux par l'escalier du parc) LE DUC (au fond) C'est merveilleux! LE BARON C'est inouï! LE DUC (montrant le côté du parc en éclatanttoujours de rire) Vraiment, c'est à mourir de rire! (Les voix, les rires se rapprochent encore, puis tout à fait) LE DUC Non. C'est trop drôle en vérité! LE BARON (s'avance en riant bruyamment;se pâmant) Je pleure, Duc. LE DUC (de même) Baron, j'en crève! (rires) LE PHILOSOPHE (légèrement stupéfié) Pourquoi donc cette hilarité? (Nouveau éclats de rire) LE DUC (au Philosophe) Chérubin, ce fou,… (avec intention) Votre élève… (éclats de rire) Je ris tant que j'en dois m'asseoir… (reprenant son récit) A fait dépêcher hier au soir Vers Madrid, à vitesse extrême, un courrier… (secoué par le rire) pour que ce soir même… Vienne mimer, danser ici, devinez qui? LE DUC et LE BARON (insistant) Devinez qui? LE PHILOSOPHE (tremblant un peu) Mais… j'imagine… Quelque histrion… LE DUC et LE BARON Non. LE DUC La première ballerine Que toute l'Europe admira, LE DUC et LE BARON L'Ensoleillad de l'Opéra! LE PHILOSOPHE (ignorant) L'Ensoleillad? LE DUC et LE BARON Oui! LE BARON (imitant l'Ensoleillad) Celle qui danse comme on vole. LE DUC (de même) Elle, Thaïs, Phyrné, Cypris, venir ici! (bien chanté) Sur ma parole, Chérubin est gris. LE BARON Il est gris. LE DUC Il est gris. CHÉRUBIN (entre et continue joyeusement la phrase du Duc et de Baron, épanoui) Je suis gris. LE DUC et LE BARON (un peu gênés) Lui! LE PHILOSOPHE (ravi) Lui! CHÉRUBIN Je suis gris! (fou de jeunesse) Je suis ivre! C'est le soleil qui m'a grisé, C'est le soleil, je suis ivre! Duc, je suis si content de vivre Que je pourrais… vous embrasser. J'ai dix-sept ans, cela me grise, J'ai dix-sept ans! Plus de tuteur! la liberté! (avec volubilité) Je veux faire tant de bêtises Que vous serez épouvantés! C'est le soleil qui m'a grisé… (avec ravissement) Je suis ivre! (Il éclat de rire; avec aplomb) Enfin, je vous le dis… en toute confidence, Regardez ce billet! Baron! Duc! venez voir… L'Etoile de Madrid, la reine de la Danse, L'Ensoleillad, enfin, (triomphant) nous arrive ce soir! LE DUC (suffoquant de surprise, de dépitet de colère) Non! ce n'est pas vrai! c'est impossible! LE BARON (donnant son avis avec gravité) Et d'abord, c'est inadmissible! grotesque! LE DUC (apoplectique) C'est fou! CHÉRUBIN (affirmant) C'est ainsi. (Il relit avec délices le billet del'Ensoleillad) LE DUC (D'une voix étouffée par la colère, n'osant s'attaquer directement à Chérubin, et s'adressant au Philosophe qui ne sait que répondre) L'Ensoleillad… danser ici… Mais c'est inouï de bêtise! Montrez-moi, monsieur s'il vous plaît, Le rideau… LE BARON (persifleur) La rampe… LE DUC (s'épongeant) La frise… LE BARON Les accessoires du Ballet? LE DUC (Haletant, tirant à lui le Philosopheahuri) Pour danser le grand pas des Alcyons rebelles, Où donc sont les portants, où donc sont les chandelles? LE BARON (sceptique, retournant le Philosophede son côté) Et la trappe, monsieur, pour danser Belphégor, Car il faut une trappe à défaut d'un décor. LE DUC (congestionné, rouge, hors de lui. Même jeu pour le Philosophe qui virevolte et ne sait plus à quel saint se vouer) Et pour mimer l'étoile éclairant les Rois Mages… LE BARON (à Chérubin) Où comptez-vous, monsieur, accrocher vos nuages? CHÉRUBIN (de la meilleure grâce du monde) Oh! rassurez-vous, s'il vous plaît, Nous n'aurons pas d'apothéose, Point de grands pas, point de ballet, (galamment) Nous danserons tout autre chose. (très rythmé; dans le vieux style) Nous danserons, c'est bien mieux, En dépit des modes nouvelles, Les vieilles danses des aïeux. (sans respirer) Je n'en connais pas de plus belles! Nous aurons pour décor mouvant Le feuillage où Phœbé s'égare Et, parmi la plainte du vent, L'alerte chanson des guitares. Point n'est besoin pour ces ballets De portants, de frise ou de toiles. Nous aurons le bois pour palais Et pour chandelles les étoiles! (Les invités de Chérubin arrivent sur la terrasse; on les voit se saluer, sepencher sur la balustrade pour mieuxvoir venir filles et garçonsdu village; on entend au loinle rythme des danses.Chérubin passe dans les groupes,salué par les hommes, regardé par lesfemmes, baisant la main aux plusjolies) LE DUC (le plaignant) Il est fou! LE BARON (avec compassion) Le pauvre garçon! LE PHILOSOPHE (doucement) Comme sa folie a raison! (joyeux, à deux invités, désignant le lointain) Accourez voir, don Sanche! les paysans! Ils ont leurs habits du dimanche! Ils dansent! écoutez! CHÉRUBIN (allant à la Comtesse qui vient deparaître) Comtesse! Enfin! LA COMTESSE Tout doux! CHÉRUBIN (lui baissant les mains) Ma marraine! je vous adore! LA COMTESSE (troublée) Le Comte arrive! Taisez-vous! CHÉRUBIN (bas et vivement) Non, il ne peut nous voir encore. Tout au fond du jardin, dans le vieux saule creux que la mousse décore j'ai glissé ce matin une lettre où je dis combien je vous adore. LA COMTESSE (émue) Une lettre! (vivement) Mon époux! Taisez-vous! (Le Comte arrive, toise Chérubin qui lui fait un beau salut.La Comtesse s'éloigne avec son mari) LA BARONNE (barrant la route à Chérubin; elle respire des sels pour cacher sonémoi) Ca, venez! CHÉRUBIN (s'inclinant très bas) Quoi, Baronne? LA BARONNE (avec une compassion excessive) O petit imprudent! Vous parlez bas à la Comtesse… Le Comte est fort jaloux pourtant, Je tremble pour votre jeunesse… CHÉRUBIN Trop bonne! (La Baronne s'éloigne en poussant unpetit soupir attendri et laissantChérubin un peu étonné; puis,Chérubin se met à rire et court à Ninaqui paraît) NINA (très petite fille; à Chérubin) Ah! Chérubin, c'est mal, C'est mal… vous m'avez fait hier la promesse De m'accompagner à la messe Et l'on vous a vu à cheval! CHÉRUBIN (très gentil) Hélas! c'est vrai. Je ne puis feindre. Mais puisque j'étais loin de vous J'ai manqué un moment très doux, Je suis par conséquent à plaindre. (Chérubin regarde si on le voit. Comme tous les invités observent l'arrivée des paysans, il en profite pour essayer de prendre un baiser à la fillette, qui l'esquive en riant et se sauve en le menaçant gentiment du doigt) NINA, LA COMTESSE LA BARONNE, LES INVITÉS (avec plaisir) Les paysans! LE PHILOSOPHE, INVITÉS (avec plaisir) Ils vont danser! LE DUC (à part, désignant les paysans qui vont paraître) Des paysans! LE BARON (avec dégoût) Des paysans! LE PHILOSOPHE (avec satisfaction) Les paysans! Ils vont danser! LE DUC et LE BARON (vexés) Ils vont danser! TOUTES sauve CHÉRUBIN Ils vont danser! C'est amusant! (Le Duc et le Baron, ironiques) C'est amusant! CHÉRUBIN (allant vers l'escalier du parc et s'adressant à ses vassaux; alerte, vivant) Venez ici, les belles filles, Venez ici avec les gas, Car de si loin on ne voit pas Briller vos yeux sous vos mantilles. (Les gas et les filles envahissentla terrasse) LE PHILOSOPHE (à part, radieux) O mon Chérubin! O mon Chérubin! LE DUC et LE BARON (à part, même intention) Des paysans! Ils vont danser! NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS Vive Chérubin! Vive Chérubin! LE DUC et LE BARON (à part, levant les épaules) Il est notre hôte, il le faut bien! (lugubres) Vive Chérubin! Fête Pastorale NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS (en admiration, à Chérubin) Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! Bravo! C'est ravissant! C'est ravissant! NINA, LA COMTESSE, LA BARONNE, INVITÉS C'est exquis! LES INVITÉS Adorable, cher Marquis! C'est ravissant! Adorable! Ravissant! (Les gas et les filles sortent en menantgrand bruit) CHÉRUBIN (à des Dames; galamment) Pour vous on a dressé les tables. (Les femmes remercient) LE DUC et LE BARON (à eux-mêmes, réciproquement, très grognons) Ce jeune homme est insupportable! (Les Invités sortent sur un bruit joyeux de rires et de compliments. Musique au loin) VOIX (sopranos et mezzo-sopranos; au loin) Ah! ah! ah! ah! (De douces musiques jouent dans le parc à l'apparition des Invités sur la terrasse. Chérubin va s'asseoir et s'évente de son mouchoir de dentelle) LE PHILOSOPHE (radieux, à lui-même) On chante, on rit. Tous sont contents. A cette joie, à ce printemps, Il n'est pas d'ennui qui résiste. (Chérubin pousse un gros soupir) Quoi! Chérubin! Te voilà triste. (nouveau soupir) Tout à l'heure encor si joyeux, (affectueux) Pourquoi des larmes dans tes yeux… Et pourquoi, toi, si gai, fais-tu cette grimace? CHÉRUBIN (avec gravité) Ma gaîté, Philosophe. est toute à la surface. LE PHILOSOPHE (stupéfié) Pourquoi, juste ciel! CHÉRUBIN Je ne sais! LE PHILOSOPHE Quoi! l'on fête ton nouveau grade, Tu vas de succès en succès… D'où te vient donc ce sombre accès? CHÉRUBIN Ah! je sens que je suis malade! LE PHILOSOPHE Malade? Je suis interdit! CHÉRUBIN Oui, j'ai peur d'une catastrophe. LE PHILOSOPHE D'où souffres-tu, mon cher petit? CHÉRUBIN (gentiment triste) Du coeur, mon pauvre Philosophe! (câlin, enfantin et tendre) Philosophe, dis-moi pourquoi Mon coeur se dérobe Quand j'entends à côté de moi Le bruit d'une robe. Dis-moi pourquoi je suis troublé Et deviens tout pâle Quand je vois le vent soulever Les franges d'un châle. Dis-moi pourquoi mon pauvre coeur Sans raison qui vaille Pour un ruban, une faveur, S'étonne ou défaille… Comment peut-on pour un chiffon, Pour un bout d'étoffe Etre ému d'un mal si profond… (simplement) Mon cher Philosophe? LE PHILOSOPHE (avec affection et une douce tristesse) Petit, le mal qui te dévore Je l'ai connu, voici longtemps. Je voudrais en souffrir encore, Car on n'en souffre qu'à vingt ans. (avec une infinie tendresse) Aime ton mal, petit. Aime ton mal, petit. Personne ne l'éprouva sans le bénir. (avec une exaltation progressive) Aime ton mal! C'est ta jeunesse qui frissonne, C'est l'amour et c'est l'avenir! CHÉRUBIN (très ému, palpitant et ravi) Ah! Philosophe! quelle chance… quelle chance… LE PHILOSOPHE Aime ton mal, petit, CHÉRUBIN L'amour! c'était là mon tourment C'était là ma démence? LE PHILOSOPHE Aime ton mal, petit. C'est ta jeunesse qui frissonne… C'est l'amour CHÉRUBIN Quelle lumière brusquement! Au diable la mélancolie! Ah! les bonheurs que j'entrevois! (en mêlant un peu de gaminerie à cesélans, à cette fièvre) … et c'est l'avenir… c'est l'avenir!! Je veux aimer, aimer à la folie, Je veux aimer toutes les femmes à la fois!! LE PHILOSOPHE (à Chérubin, essayant de le retenir; avec une sage philosophie) Contente-toi d'en aimer une… C'est déjà d'un choix hasardeux. CHÉRUBIN (se sauvant; gaîment) Mais déjà j'en aime au moins deux! LE PHILOSOPHE (Il lui lance de loin ces dernières paroles et regarde partir Chérubin par la terrasse, en hochant la tête) C'est que tu n'en aimes aucune! (Le Comte entre, furieux, et s'adresse au Philosophe qui vient d'accourir au devant de lui) LE COMTE (d'un ton sec et violent) Où Chérubin se cache-t-il, le savez-vous? LE PHILOSOPHE (interdit et prudent) Quoi? LE COMTE Si vous le savez, parlez. LE PHILOSOPHE Que de courroux! LE COMTE Parlez-vous? LE PHILOSOPHE Calmez, monsieur, votre colère… Qu'a donc fait Chérubin qui puisse vous déplaire? LE COMTE Je veux le voir. LE PHILOSOPHE (hésitant) Le voir? Puis-je à lui me substituer? LE COMTE Impossible, monsieur, je viens pour le tuer! LE PHILOSOPHE (bondissant) Le tuer! LE COMTE Le gredin! Il ose se permettre D'envoyer cette lettre… A la Comtesse! (vivement apercevant la Comtessequi paraît avec Nina) Pas un mot! (Le Philosophe va au-devant de Nina et reste près d'elle un peu à l'écart) LA COMTESSE (au Comte) Je vous cherchais depuis tantôt… Nous avons, nous tenant chacune par l'épaule, Longé le bois le long des chênes… LE COMTE (rageur, bas à la Comtesse) Et des saules… LA COMTESSE (à part) O mon Dieu! LE COMTE (à la Comtesse, brusquement lui montrant les vers de Chérubin) Connaissez-vous ces vers? LA COMTESSE (très troublée) Mais non! (Le Philosophe et Nina se rapprochentet écoutent) LE COMTE (furieux) Mais si! (ironique) Le madrigal commence ainsi «Pour celle qu'en secret j'adore!» NINA (à part, très émue; vivement) Mes vers! LE COMTE (à la Comtesse) Eh bien? LA COMTESSE Je les ignore. LE COMTE (violemment, bas) Perfide, ils sont pour toi! NINA (très simplement) Eh bien! non! ces vers sont pour moi! LE COMTE Pour vous? LA COMTESSE (bas à Nina qui ne comprend pas et la regarde avec de grands yeux étonnes) Vous me sauvez! LE PHILOSOPHE (à part) Cher ange! LE COMTE (à Nina) Vous voulez me donner le change? NINA Mais! LE COMTE Comment me prouver que ces vers sont pour vous? NINA (simple) Pourquoi donc vous mettre en courroux? LA COMTESSE (à part, défaillante) Je suis perdue! LE PHILOSOPHE (à part) Seigneur, ayez pitié de nous! LE COMTE (impératif, à Nina) Eh bien? LE PHILOSOPHE (au Comte, essayant de détourner la colère du Comte) C'est une enfant encore… LE COMTE (furieux) Qui m'abusait… NINA (Ingénument, disant les vers deChérubin) «Pour celle qu'en secret j'adore!» (affectueusement) Ces vers sont faits pour moi, m'a juré Chérubin. LA COMTESSE (à part) Ah! le traître, l'infâme! LE PHILOSOPHE (à part, les yeux au ciel) O satané gredin! NINA (change doucement la chansonde Chérubin) «Lorsque vous n'aurez rien à faire Mandez-moi vite auprès de vous, Le paradis que je préfère, C'est un coussin à vos genoux. Vous me remarquerez à peine, Je me garderai de parler… Et je retiendrai mon haleine Si mon souffle peut vous troubler. Afin que dans mon coeur morose L'hiver fasse place au printemps, Je demande bien peu de chose Un sourire de temps en temps… Et si c'est trop… un regard même Suffira pour me transformer. Car sans rien dire je vous aime Autant qu'un être peut aimer.» (franchement) Vous voyez! je connais par coeur tout le poème! LE COMTE (à Nina, lui remettant le billet) Aussi je vous le rends, Nina, Il est à vous. (à la Comtesse) Et vous, pardonnez-moi! (Nina confuse prend le billet et sort encausant avec le Philosophe qui l'accompagne jusqu'à la terrasse) LA COMTESSE (dépitée, pendant que le Comte s'incline en lui baisant la main; à part) C'est la Nina qu'il aime! LE COMTE Mes soupçons, madame, étaient fous! Je me repens! LA COMTESSE (s'éloigne, le Comte se rapproche) Mais… LE COMTE Soyez bonne! LA COMTESSE (prenant après hésitation le bras du Comte qui sort avec elle) Pour cette fois, je vous pardonne! (en sortant, à la dérobée, avec dépit) C'est la Nina qu'il aime! LE PHILOSOPHE (seul, avec un tendre émoi) C'est la Nina que tu choisis! Ah! Chérubin! j'en suis saisi! Moi qui craignais pour ta jeune âme, Qui tremblais pour ton avenir, Tu rêves d'épouser la femme A qui je rêvais de t'unir! (Entre Chérubin. Il est tout animé) CHÉRUBIN Philosophe! LE PHILOSOPHE Ah! petit, viens vite! Il faut que je te félicite; Viens dans mes bras, je suis heureux! CHÉRUBIN Et moi, Philosophe… amoureux! LE PHILOSOPHE Oui, je sais. CHÉRUBIN (étonné) Tu sais que je l'aime? LE PHILOSOPHE Oui. CHÉRUBIN Tu l'as vue, elle? LE PHILOSOPHE Elle même. CHÉRUBIN Ah! N'est-ce pas que c'est un être merveilleux? LE PHILOSOPHE Son coeur pur apparaît au cristal de ses yeux. CHÉRUBIN (légèrement goguenard) Est-il très pur? LE PHILOSOPHE (croyant avoir mal entendu) Hein, quoi? CHÉRUBIN (ravi) Entends ces airs allègres! Vois, elle fait porter sa chaise par deux nègres. LE PHILOSOPHE Qui de nous deux est fou? CHÉRUBIN Regarde, la voilà! LE PHILOSOPHE Comment, tu n'es donc pas amoureux de Nina? CHÉRUBIN (surpris) Moi? LE PHILOSOPHE De qui donc alors? (Montrant le cortège de l'Ensoleillad, que l'on aperçoit à présent) CHÉRUBIN (fier, enthousiaste) Vois! Cela se devine! J'aime l'Ensoleillad! LE PHILOSOPHE (épouvanté) Non! CHÉRUBIN (triomphant) Si! (Il envoie un baiser à l'Ensoleillad qui passe dans sa chaise à porteurs et qui lui sourit) LE PHILOSOPHE (accablé) Bonté divine! Massenet,Jules/Chérubin/II
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1試合 1/4 .250 H0 R0 K0 S0 E0 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/22(火) 18 06 08 ID yi6I6Fv1O 2試合 1/8 .125 H0 R0 K0 S0 E0 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/23(水) 00 30 33 ID v7RyT5gFO 3試合 1/12 .083 0本2点0振1盗0失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/24(木) 00 23 22 ID S5Ru7qoaO 4試合 1/16 .063 0本4点0振2盗0失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/25(金) 01 14 38 ID rPxSwrY+O 5試合 2/20 .100 0本4点0振3盗0失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/26(土) 00 08 56 ID NxDx1SxAO 6試合 5/24 .208 0本6点0振3盗0失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/27(日) 01 09 31 ID F3Tt73RrO 7試合 7/28 .250 0本6点0振4盗0失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/28(月) 00 18 07 ID O2OiZgGsO 8試合 7/32 .219 0本6点0振4盗1失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/29(火) 00 36 33 ID WDqJEtVDO 9試合 7/36 .194 0本6点0振4盗1失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/30(水) 00 24 18 ID 5Ipq9wOVO 10試合 7/40 .175 0本6点0振4盗1失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/01/31(木) 00 08 51 ID Voj6zINUO 2月分 11試合 10/44 .227 0本6点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/01(金) 00 16 15 ID IVeW31qbO 12試合 10/48 .208 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/02(土) 00 15 11 ID 9/FR/JvTO 13試合 10/52 .192 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/03(日) 00 19 16 ID VQCOwj9ZO 14試合 11/56 .196 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/04(月) 00 51 57 ID 760yh1j/O 15試合 15/60 .250 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/05(火) 00 34 42 ID zDcwT4FtO 16試合 15/64 .234 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/06(水) 00 12 24 ID 5W0yHv8GO 17試合 18/68 .265 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/07(木) 00 23 25 ID 3fm0PtvVO 18試合 21/72 .292 0本7点0振4盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/08(金) 00 11 11 ID 3yWzFcpbO 19試合 25/72 .329 1本8点0振5盗2失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/09(土) 00 13 05 ID ggS4tKHOO 20試合 25/76 .329 1本8点1振5盗3失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/10(日) 00 26 53 ID KMeZJoXEO 21試合 25/80 .313 1本8点1振5盗4失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/11(月) 00 16 09 ID /DmwC9EWO 22試合 26/84 .310 1本9点1振5盗4失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/12(火) 00 38 57 ID hnr17NIeO 23試合 28/88 .318 1本11点2振5盗4失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/13(水) 00 31 23 ID uRQ0L2KRO 24試 28/92 .304 1本11点2振5盗4失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/14(木) 00 49 59 ID ZemJ+A7NO 25試 28/96 .292 1本11点2振5盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/15(金) 00 16 19 ID DMEGPGfhO 26試 28/100 .280 1本11点2振5盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/16(土) 00 58 49 ID Yfld0UWJO 27試 30/104 .288 1本11点2振5盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/17(日) 00 08 09 ID pqQp2OP9O 28試 32/112 .286 1本13点2振6盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/18(月) 01 10 22 ID rP9M+2RSO 29試 33/116 .284 1本13点2振6盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/19(火) 00 14 11 ID I9z1AIv7O 29試 32/116 .276 1本13点3振6盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/20(水) 00 35 35 ID +vlkPnf0O 30試 32/120 .266 1本13点3振6盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/21(木) 01 28 08 ID A+F8ZNGUO 31試 32/124 .258 1本13点3振6盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/22(金) 01 03 27 ID IH+cyjoBO 32試 33/128 .258 1本13点3振7盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/23(土) 00 23 00 ID TdGsnq18O 33試 33/132 .250 1本13点3振7盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/24(日) 00 14 15 ID OPy5yu5WO 34試 33/136 .243 1本14点3振7盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/25(月) 00 10 06 ID arAgmB5JO 34試 33/136 .243 1本14点3振7盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/26(火) 00 13 45 ID 5VDTyOy8O 36試 35/144 .243 1本14点3振8盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/27(水) 00 41 22 ID pnFuPT2SO HR1 RBI13 S8 SO3 E4 猛打賞6 37試 35/148 .236 1本14点3振10盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/28(木) 00 33 19 ID uUS+nmS+O HR1 RBI13 S10 SO3 E4 猛打賞6 39試 36/156 .231 1本14点3振10盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/02/29(金) 00 14 39 ID xCpamMlYO HR1 RBI13 S10 SO3 E4 猛打賞6 40試 37/160 .231 1本14点3振10盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/01(土) 00 30 27 ID Uy01wYajO HR1 RBI13 S10 SO3 E4 猛打賞6 41試 40/164 .244 1本15点3振10盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/02(日) 00 34 36 ID j7513umrO HR1 RBI14 S10 SO3 E4 猛打賞7 42試 40/168 .238 1本15点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/03(月) 00 16 23 ID SQIC8qGHO HR1 RBI14 S11 SO3 E4 猛打賞7 43試 40/172 .233 1本16点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/04(火) 00 59 58 ID wrUmAhBtO HR1 RBI15 S11 SO3 E4 猛打賞7 44試 44/176 .250 1本16点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/05(水) 00 32 59 ID p7q4vXGlO HR1 RBI15 S11 SO3 E4 猛打賞8 45試 44/184 .244 1本16点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/06(木) 23 11 39 ID w5bc80CMO HR1 RBI15 S11 SO3 E4 猛打賞8 46試 44/188 .239 1本17点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/07(金) 02 22 22 ID naqQqGr/O HR1 RBI16 S11 SO3 E4 猛打賞8 47試 44/192 .229 1本18点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/09(日) 10 54 33 ID RhLW7XMlO HR1 RBI17 S11 SO3 E4 猛打賞8 47試 44/192 .229 1本18点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/10(月) 23 58 19 ID 7O2W8PYNO HR1 RBI17 S11 SO3 E4 猛打賞8 49試 50/200 .250 1本19点3振11盗5失 球太くん ◆yoOooo/lE. :2008/03/11(火) 00 02 28 ID AhfrB24yO HR1 RBI18 S11 SO3 E4 猛打賞9
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サイト概要 Ziphil Aleshlas と Shastil Furotis の 2 人が楽しく遊んでいる場所だよ。
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コメント欄 内容の誤りやゲームのTipsなどありましたら、コメントお願いします。 Wild Animalスキル、Piling Onスキルの解釈誤りを修正しました。ゲーム終了後の賞金計算のモレ、その他ゲームプレイからのフィードバックを補足追加しました。 - Flex 2011-02-28 FAQ(Competition Rulesからの抜粋版)を追加しました。 - Flex 2011-03-01 Safe Throwスキルの解釈誤りを修正しました。 - Flex 2011-03-02 スキル関連の文言を若干分かりやすくしたつもり。Tentackleスキルでは相手はダウンしないことがわかったので修正。キックオフイベントテーブルにオリジナルのイベント名を追加。スタープレイヤー一覧を追加。Tipsにゲームプレイからのフィードバックを追加しました。 - Flex 2011-03-04 Competition Rulesの種族一覧と雇用スタープレイヤーの対応が、BBLEの実装と違っていることに気づいた・・・orz - Flex 2011-03-04とりあえずTeam Valueで変わる可能性もあるかもなので現状維持としておきます。 - Flex 2011-03-04 Thick Skullスキルの解釈誤りを修正しました。 - Flex 2011-03-05 アーマーロールの判定について誤解釈があり、該当部分を変更しました。ご指摘ありがとうございます。 - Flex 2011-12-19 01 22 22 名前
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