約 2,976,947 件
https://w.atwiki.jp/2012kidsfuku/pages/15.html
Hystericmini お店のトップページにリンクしています。 「福袋 Hystericmini」等ショップ内検索して下さい。 楽天 Kids online
https://w.atwiki.jp/hardy/pages/25.html
IN ENGLISH (1966) レーベル / カタログ・ナンバー / リリース年 LP Vogue / CLD 699 30 (STEREO) / 1966 FACE 1 FACE 2 1. This Little Heart - Ce petit cœur(More - Hardy) 7. Just Call And I ll Be There - Le Temps des souvenirs(Blackwell) 2. All Over The Wolrd - Dans le monde entier(More - Hardy 8. The Rose - Mon amie la rose(More- Caulier - Lacome) 3. However Much - Et même(More - Hardy) 9. Only You Can Do It - Je veux qu il revienne(Blackwell) 4. It s Getting Late - Il se fait tard(Hardy - Meredith) 10. It s My Heart - Tu peut bien(More - Hardy) 5. Only Freinds - Ton meilleur ami(Miller - Hardy) 11. Another Place - La Nuit est sur la ville(More - Hardy) 6. Say It Now - Dis-lui non(Skelton - Hardy) 12. Autumn Rendezvous - Rendez-vous d automne(Meredith - Rivière - Bourgeois)
https://w.atwiki.jp/fukubukuro/pages/275.html
【鬱袋】 【購入場所】Bleu Bleuet 上野駅アトレ内 【購入金額】¥5k 使えないバッグx2 真紫チェックのストール チャッチイTシャツ ナンダコリャ帽子 その他、靴下、ストラップ、鏡、アルバムみたいなヤツ、便せん、使えないグリーティングカード、チャッチイマスコット人形みたいなヤツ・・・ ¥5000出して、ゴミ買いました。 【評価】欝 【ブランド】ブルーブルーエ(雑貨) 【金額】3K 【購入場所】広島 【中身】 △ブタ柄ポーチ せっかく使えそうなのに変な赤いブタw △紺色小花柄トート まちつきで使えそうなのに変な柄と色 △白T×2 小学生のような絵 ドーナツミーティングってなんだよw ○紙ナフキン 普通に使える △花柄ハンカチ 普通 △羽ペン型プラスチックボールペン 大きくて使いづらい △B5ノート 普通 △グリーティングカード 普通に使える △青ストライプマフラー 肌触りはいいのに・・・模様がおじいさんぽい 【転載】可 書いてて欝になってきた 【評価】普通~やや福 【ブランド】Bleu Bleuet(ブルーブルーエ/雑貨) 【金額】3K 【購入場所】埼玉 【中身】 リフォルム(竹下夢二が残したバラ柄を使った小物) △ミニトートバッグ 1,280円 コンビニ用 ×うぐいすのぬいぐるみ 1,050円 これをどうしろと?w ×うぐいすのマスコット 525円 これをどうしろと?w ○グリーディングカード 420円 普通に使える ○ノートL 525円 母が欲しいと言ったので進呈 ○レターセット 609円 普通に使える ◎クマTシャツ 2,310円 去年も買った福袋にも入ってた。素材裁縫良い。 デザインが可愛すぎるから家用&コンビニ用 ×チェック柄のマフラー 2,100円(掲示板には間違えて1,050円と書いた) 去年の福袋にも入ってたからイラネ △インド綿の青バラ柄のテーブルクロス 値札なし テーブルクロスとしては使わないが、サラッとしてるし大きいから夏用ひざ掛けに決定 ○タイ製茶色のコットンストール 1,050円 巻いてみたら思ったより上品だった。気分は異邦人w ○インド製コットンの大判ハンカチ 472円 普通に使える 【転載】可 http //bbs.avi.jp/photo/451224/17535 Tシャツ目当てで買った。 うぐいすシリーズw以外普通に使える物がかなり多いので良かった。 【評価】鬱 【ブランド】Bleu Bleuet 【金額】3K 【購入場所】大宮ルミネ 【中身】 ×どピンクのバッグ △小さいトート 近所をぶらつくときなら使えるかも △レターセット&グリーティングカード 普段手紙書かないからなぁ ○メモ帳 あっても困らない ×ゾウ&鳥のぬいぐるみ(?) あの鳥うぐいすだったのかw △レースの靴下 △カーキのルームソックス △ラメが入った白のマフラー ×よく分からないビニールのベルト なにこれ? 【転載可】 http //bbs.avi.jp/photo/451223/18081 カウンター: -
https://w.atwiki.jp/ooblkeland/pages/107.html
基本資料 CRose+,成立於2009春 定位為「 二次創作同人遊戲製作小組」 作品以女性向(乙女/BL)為主 亦稱「CRose+ 二次創作遊戲製作組」 小組名稱 是C玫瑰、十字或平方 也可能是薔薇十字,神秘的魔法結社,指引無限的可能性 以原作為軸心,朝著不同方向出發,創造出沒有止境的未來 遊戲製作 目前首推項目為:《結 -One in the World-》 リンク 官方 官方網站:CRose+ 遊戲官方 Blog:CRose+札記 工作人員 Lunar Eclipse/汜羽荃(打麵工) 巽華裡扉/巽華 南瓜仔杏仁/雞絲麵 現實逃避主義/丹妮(丹) 青空の下/水鏡 お絵かき掲示板/Ruby君 棄/夢(mu) ※ 註:此條目僅為興趣關注、情報收集、整理、傳教(?)之用。詳情以官方公告為準,此頁僅集中推廣使用。
https://w.atwiki.jp/taiko_master/pages/88.html
BPM 102〜204 譜面概要 コンボ数 915 表とのコンボ差は僅かだが、コンボの分布が中盤・終盤に偏ったことにより最後まで叩き切る実力が試されるようになった。ラスゴーの密度は秒速10打を超えている。 要素 持久力 クリアを目指す方 フルコンを目指す方 全良を目指す方 小ネタをお求めの方 譜面画像 imageプラグインエラー ご指定のURLはサポートしていません。png, jpg, gif などの画像URLを指定してください。
https://w.atwiki.jp/oper/pages/1564.html
Acte III Premier Tableau L Oasis (Sous les palmiers, un puits. Plus loin, pour les voyageurs, un abri dans la verdure. Plus loin encore, à la lisière du sable, incendié de soleil, les cellules blanches de la retraite d Albine. Le soleil est très haut. Sous les palmiers, une à une, quelques femmes viennent en silence, descendent au puits, en remontent et s éloignent. Thaïs et Athanaël paraissent.) THAÏS (accablée de fatigue, se soutient à peine) L ardent soleil m écrase comme un fardeau trop lourd! Ah! je succombe au poids du jour! Arrêtons-nous! ATHANAËL (avec rudesse) Non! Marche encore! Brise ton corps, anéantis ta chair! THAÏS (humblement) Père, tu dis vrai. Ma torture, je l offre au divin rédempteur. ATHANAËL Seul, le repentir nous épure. Marche! (d une voix sourde et terrible) Ce corps parfait que tu livras aux païens, aux infidèles, (avec une furie soudaine) à Nicias! (puissant et attendri) Dieu l avait pourtant formé pour qu il devint son tabernacle! (changeant de ton, avec rudesse) Et maintenant... que tu connais... la vérité, tu ne peux plus unir tes lèvres, tu ne peux plus joindre tes mains, sans concevoir le dégoût de toi-même. Marche! Expie! THAÏS (humblement) Père, tu dis vrai. ATHANAËL Expie! THAÏS (craintive) Sommes-nous loin encor de la maison de Dieu? ATHANAËL (avec rudesse) Marche! THAÏS (chancelante) Je ne puis! pardon, vénéré père! (Comme elle va défaillir, il la soutient dans ses bras, puis la fait asseoir à l ombre. Il la contemple un instant silencieusement. Tout à coup, alors, l expression de son visage s adoucit.) ATHANAËL Ah! des gouttes de sang coulent de ses pieds blancs. La pitié s émeut en mon âme! Pauvre enfant, pauvre femme! J ai trop prolongé cette épreuve, pardonne-moi! O ma soeur! (Il se prosterne. Il pleure. Il baise les pieds saignants de Thaïs.) O sainte Thaïs! O sainte, (avec adoration) très sainte Thaïs! THAÏS (le regardant longuement) Ta parole a la douceur (caressant) d une aurore! (avec résolution) Marchons maintenant! ATHANAËL (la retenant avec douceur) Pas encore. (calme sans lenteur, avec une affectueuse sollicitude) De l eau fraîche, des fruits, te rendront quelque force... attends... que je descende vers le puits... que j aille vers la halte hospitalière. Vois, là-bas, ces cellules blanches C est le couvent d Albine où nous allons. Le but est proche; Espère, prie! (Il s éloigne lentement, va vers l abri sous le feuillage, rapporte des fruits dans une corbeille, puis descend vers le puits avec une coupe de bois.) THAÏS (seule) O messager de Dieu, si bon dans ta rudesse, Sois béni, toi qui m as ouvert le ciel! Ma chair saigne, et mon âme est pleine d allégresse, Un air léger baigne mon front brûlant. Plus fraîche que l eau de la source, Plus douce qu un rayon de miel, Ta pensée est en moi suave et salutaire et mon esprit, Dégagé de la terre plane déjà dans cette immensité! Très vénéré père, sois béni! (Athanaël revient portant l eau et les fruits.) THAÏS (très soutenu tendre et intime) Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Donne ces fruits, donne ces fruits, Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Ma vie est à toi, Ma vie est à toi, Dieu te la confie. Je t appartiens, Ma vie est à toi, Dieu te la confie. ATHANAËL (près de Thaïs, lui offrant la coupe) Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Goûte à ces fruits, Goûte à ces fruits, Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Ta vie est à moi, Ta vie est à moi, Dieu me le confie. Tu m appartiens, Ta vie est à moi, Dieu me le confie. (Thaïs après avoir bu élève, en souriant, sa coupe vers Athanaël.) THAÏS Bois à ton tour! ATHANAËL (transfiguré et tendrement radieux) Non! à te voir revivre, je goûte une douceur meilleure... Je sens ton mal apaisé... O douceur ineffable! THAÏS Tout m enivre... O divine bonté! THAÏS Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Donne ces fruits, Donne ces fruits, Je t appartiens, ma vie est à toi, Dieu te la confie. Ma vie est à toi! ATHANAËL Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Goûte à ces fruits, Goûte à ces fruits, Tu m appartiens, ta vie est à moi, Dieu me la confie. Ta vie est à moi! DES VOIX (1er et 2e Soprano, au loin) Pater noster, qui es in coelis, Panem nostrum quotidianum da nobis. THAÏS (surprise) Qui vient? ATHANAËL (qui a été regarder et revient) Ah! providence divine! Voici la vénérable Albine et ses soeurs rapportant le pain noir du couvent. Elles viennent vers nous et marchent en priant. LES VOIX (plus proches) Et ne nos inducas in tentationem, sed liberanos a malo. (Albine et ses compagnes paraissent.) ATHANAËL (pieusement) Amen! (à Albine) La paix du Seigneur soit avec toi, sainte Albine. J apporte à ta ruche divine Une abeille que j ai, par la grâce d en haut, Trouvée un jour perdue en un chemin sans fleurs. Dans le creux de ma main, très frêle, je l ai prise. De mon souffle je l ai réchauffée et voici que pour la consacrer à Dieu je te la donne. ALBINE (pieusement) Ainsi soit-il! ATHANAËL (avec une émotion contenue) Je n irai pas plus loin. ALBINE (elle prend Thaïs dans ses bras et la tient un instant maternellement embrassée) Venez, ma fille. ATHTANAËL Mon oeuvre est accomplie! Adieu, chère Thaïs, reste recluse en l étroite cellule, Fais pénitence et prie à chaque heure pour moi! THAÏS (sans lenteur) Je baise tes mains secourables et je pleure à te quitter... (simple) O toi qui m as rendue à Dieu! ATHANAËL O parole touchante! (avec une exaltation croissante) O larmes adorables! Bien heureuse la pécheresse gagnée à l éternel amour! (s attendrissant) Que son visage est beau! Quel rayon d allégresse émane de ses yeux! THAÏS Adieu, pour toujours! ATHANAËL (comme frappé) Pour toujours? THAÏS Dans la cité céleste nous nous retrouverons! ALBINE et LES FILLES BLANCHES Amen! (Elles s éloignent. Athanaël la suite du regard comme dans un rêve.) ATHANAËL (seul) Elle va lentement parmi les fille blanches, Les palmiers inclinent leurs branches Comme pour rafraîchir son front, (peu à peu suffoqué par l émotion) Et les jours, et les ans passeront... Sans qu elle m apparaisse encore! (abattu) Je ne la verrai plus! (avec un cri d angoisse) Je ne la verrai plus! (Appuyé sur son bâton, il regarde encore et toujours ardemment vers le chemin qu a pris Thaïs.) Rideau. Deuxième Tableau La Thébaïde (Les cabanes des Cénobites au bord du Nil. Le Ciel est rouge à l Occident. Il y a dans l air des menaces d orage. Les Cénobites viennent de terminer leur repas du soir et regardent le ciel avec une vague terreur. Rafales lointaines du Simoun.) LES 12 CÉNOBITES Que le ciel est pesant! Quelle torpeur accable les êtres et les choses. SIX CÉNOBITES (basses) On entend au loin le cri du chacal! (ténors) Le vent va déchaîner ses meutes rugissantes LES 12 CÉNOBITES (larges éclairs et grondement de la foudre, au loin) Avec le tonnerre et l éclair! PALÉMON (aux Cénobites qui s empressent au travail selon l indication de Palémon) Rentrons dans nos cabanes et nos grains et nos fruits. Redoutons une nuit d orage qui les disperserait. UN CÉNOBITE Athanaël... Qui l a vu? PALÉMON Depuis vingt jours qu il nous est revenu, mes frères, je crois bien qu il n a mangé, ni bu! Le triomphe qu il a remporté sur l enfer semble l avoir brisé de corps et d âme! (Athanaël paraît les yeux fixes, l air farouche, le corps comme brisé.) LES CÉNOBITES (avec respect) C est lui qui vient! (Athanaël passe au milieu d eux comme s il ne les voyait pas.) UN GROUPE Sa pensée est absente. UN AUTRE GROUPE Elle est auprès de Dieu! 1er GROUPE (en s éloignant) Respectons son silence. 2e GROUPE (en s éloignant) Laissons le seul... 1er GROUPE Laissons le seul... ATHANAEL (à Palémon avec humilité) Demeure auprès de moi; il faut que je confesse le trouble de mon âme à ton âme sereine. Tu sais, Ô Palémon, que j ai reconquis l âme de celle qui fut l impure Thaïs; une orgueilleuse joie a suivi ce triomphe et je suis revenu vers ce désert de paix! Et! (suffoqué) bien, en moi la paix est morte! (frémissant) En vain j ai flagellé ma chair, en vain je l ai meurtrie! Un démon me possède! La beauté de la femme hante mes visions! (bien chanté) Je ne vois que Thaïs, Thaïs! Thaïs! Ou mieux, ce n est pas elle, C est Hélène et Phryné c est Vénus Astarté, toutes les splendeurs et toutes les voluptés en une seule créature! Je ne voix que Thaïs! Thaïs! Thaïs! (Il tombe comme écrasé de honte aux pieds de Palémon.) PALÉMON (doucement et simplement posant la main sur le tête d Athanaël) Ne t avais-je pas dit "Ne nous mêlons jamais, mon fils aux gens du siècle; craignons les pièges de l esprit!" Ah! Pourquoi nous as-tu quittés? Pourquoi? Que Dieu t assiste! (Athanaël se lève. Palémon l embrasse et s éloigne.) Adieu! (Athanaël, seul, s agenouille sur sa natte, étend les bras pour une muette et fervente oraison. Après quoi il s allonge, les mains jointes et s endort. C est la Thébaïde. Athanaël endormi à la même place. Thaïs, près de lui, droite.) THAIS (à Athanaël, avec un grand charme et une séduction provocante) Qui te fait si sévère, et pourquoi démens-tu la flamme de tes yeux?) ATHANAEL (d une voix étouffée, comme en rêvant) Thaïs! THAIS Quelle triste folie te fait manquer à ton destin? Homme fait pour aimer, (avec un sourire) quelle erreur est la tienne! ATHANAEL (haletant, se levant) Ah! Satan! Arrière! Ma chair brûle! THAIS (avec provocation) Ose venir, toi qui braves Vénus! ATHANAEL (éperdu) Je meurs! THAIS (rires stridents) Ah! (à volonté) Ah! ATHANAEL Thaïs! THAIS (de même) Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! ATHANAEL Viens! Viens! Viens! Thaïs! (L image de Thaïs disparaît subitement.) Vision ATHANAEL (Apercevant la Vision avec un cri d épouvante, et reculant) Ah! (Les voix placées assez loin. On doit chanter fort. Effet très doux.) LES VOIX Une Sainte est près de quitter la terre, Thaïs d Alexandrie va mourir! Thaïs va mourir! (La Vision s efface.) ATHANAEL (avec égarement répétant les paroles entendues pendant la vision) Thaïs va mourir! Thaïs va mourir! (avec une passion furieuse) Alors, pourquoi le ciel, les êtres, la lumière? A quoi bon l univers? Thaïs va mourir! Ah! la voir encore! Le revoir, la saisir, la garder! Je la veux! Je la veux (haletant et désespéré) Je vais te reprendre! Je vais te reprendre? (en délirant) Sois à moi! Sois à moi! A moi! A moi! Sois à moi! Sois à moi! (Il s élance et disparaît dans la nuit. Fin de tableau. La musique continue jusqu au changement. Obscurité complète. Nuages envahissants. Éclairs sinistres. Tonnerre.) Troisième Tableau La Mort de Thaïs (Le jardin du monastère d Albine. A l ombre d un grand figuier, Thaïs est étendue, immobile, comme morte. Ses compagnes et Albine sont autour d elle.) LES FILLES BLANCHES (Les Filles blanches à genoux, les mains jointes, autour de Thaïs; presque murmuré) Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! Effacez mon iniquité selon votre miséricorde! ALBINE (à part, contemplant Thaïs) Dieu l appelle et, ce soir, la blancheur du linceul aura voilé ce pur visage! Durant trois mois, elle a veillé, prié, pleuré... Son corps est détruit par la pénitence, mais ses péchés sont effacés! LES FILLES BLANCHES Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! (Athanaël, très pâle, très troublé paraît à l entrée du jardin. Ayant été aperçu par Albine, il contient de suite son émotion et s arrête humblement. Albine est allée au devant de lui avec respect. Les filles blanches forment un groupe qui tout d abord dérobe à Athanaël la vue de Thaïs.) ALBINE (à Athanaël, simplement) Sois le bienvenu dans nos tabernacles, ô père vénéré! Car sans doute tu viens pour bénir cette sainte que tu nous a donnée? ATHANAEL (avec un trouble, un égarement qu il essaie de contenir) Oui, Thaïs! ALBINE Ayant fait ce que ton esprit pur lui commanda de faire, voici qu elle va voir l éternelle lumière! (Les compagnes de Thaïs s étant écartées, Athanaël aperçoit Thaïs.) ATHANAEL (avec angoisse) Thaïs! Thaïs! (Athanaël, écrasé de douleur, est tombé prosterné. Albine et les Filles blanches s éloignent de quelques pas. Les Filles blanches et Albine en s éloignant.) LES FILLES BLANCHES (presque murmuré) Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! (Athanaël s est traîné sur le genoux et se trouve près de Thaïs à laquelle il tend les bras.) ATHANAEL (à voix basse et douloureusement) Thaïs! THAIS (ouvre les yeux et regarde Athanaël avec douceur) C est toi, mon père! (dans l extase et n écoutant pas ce que lui répond Athanaël) Te souvient-il du lumineux voyage lorsque tu m as conduite ici? ATHANAEL (avec attendrissement) J ai le seul souvenir de ta beauté mortelle! THAIS Te souvient-il de ces heures de calme dans la fraîcheur de l oasis! ATHANAEL (avec ardeur) Ah! Je me souviens seulement de cette soif inapaisée dont tu seras l apaisement... THAIS Surtout te souvient-il de tes saintes paroles en ce jour où par toi j ai connu le seul amour! ATHANAEL (avec anxiété) Quand j ai parlé je t ai menti! THAIS (toujours sans l écouter et dans le ravissement) Et la voilà l aurore! ATHANAEL Je t ai menti! THAIS Et les voilà les roses de l éternel matin! ATHANAEL (comme pour la convaincre) Non! Le ciel... Rien n existe... (avec fièvre) Rien n est vrai que la vie et que l amour des être... (avec adoration) Je t aime! THAIS Le ciel s ouvre! Voici les anges et les prophètes... et les saints! Ils viennent avec un sourire, (elle se soulève) les mains toutes pleines de fleurs! ATHANAEL Entends-moi donc... Ma toute aimée! THAIS (elle se lève tout à fait) Deux séraphins aux blanches ailes planent dans l azur, et comme tu l as dit, le doux consolateur posant sur mes yeux ses doigts de lumière! Ah! en essuie à jamais les pleurs! ATHANAEL Viens! tu m appartiens! O ma Thaïs! Je t aime... Je t aime! Thaïs! Ah! Viens! Dis-moi je vivrai! Je vivrai! THAIS Le son des harpes d or m enchante! De suaves parfums me pénètrent! Je sens une exquise béatitude, Ah! Ah! Une béatitude endormir tous mes maux! ATHANAEL O Thaïs! Ma Thaïs! O ma Thaïs, tu m appartiens! Thaïs! Thaïs! Je t aime! Viens! Thaïs! Ah! Viens! Viens! THAIS Ah! le ciel! Je voix... Dieu! (Elle meurt.) ATHANAËL Morte! (avec un accent déchirant) pitié ! Acte III Premier Tableau L Oasis (Sous les palmiers, un puits. Plus loin, pour les voyageurs, un abri dans la verdure. Plus loin encore, à la lisière du sable, incendié de soleil, les cellules blanches de la retraite d Albine. Le soleil est très haut. Sous les palmiers, une à une, quelques femmes viennent en silence, descendent au puits, en remontent et s éloignent. Thaïs et Athanaël paraissent.) THAÏS (accablée de fatigue, se soutient à peine) L ardent soleil m écrase comme un fardeau trop lourd! Ah! je succombe au poids du jour! Arrêtons-nous! ATHANAËL (avec rudesse) Non! Marche encore! Brise ton corps, anéantis ta chair! THAÏS (humblement) Père, tu dis vrai. Ma torture, je l offre au divin rédempteur. ATHANAËL Seul, le repentir nous épure. Marche! (d une voix sourde et terrible) Ce corps parfait que tu livras aux païens, aux infidèles, (avec une furie soudaine) à Nicias! (puissant et attendri) Dieu l avait pourtant formé pour qu il devint son tabernacle! (changeant de ton, avec rudesse) Et maintenant... que tu connais... la vérité, tu ne peux plus unir tes lèvres, tu ne peux plus joindre tes mains, sans concevoir le dégoût de toi-même. Marche! Expie! THAÏS (humblement) Père, tu dis vrai. ATHANAËL Expie! THAÏS (craintive) Sommes-nous loin encor de la maison de Dieu? ATHANAËL (avec rudesse) Marche! THAÏS (chancelante) Je ne puis! pardon, vénéré père! (Comme elle va défaillir, il la soutient dans ses bras, puis la fait asseoir à l ombre. Il la contemple un instant silencieusement. Tout à coup, alors, l expression de son visage s adoucit.) ATHANAËL Ah! des gouttes de sang coulent de ses pieds blancs. La pitié s émeut en mon âme! Pauvre enfant, pauvre femme! J ai trop prolongé cette épreuve, pardonne-moi! O ma soeur! (Il se prosterne. Il pleure. Il baise les pieds saignants de Thaïs.) O sainte Thaïs! O sainte, (avec adoration) très sainte Thaïs! THAÏS (le regardant longuement) Ta parole a la douceur (caressant) d une aurore! (avec résolution) Marchons maintenant! ATHANAËL (la retenant avec douceur) Pas encore. (calme sans lenteur, avec une affectueuse sollicitude) De l eau fraîche, des fruits, te rendront quelque force... attends... que je descende vers le puits... que j aille vers la halte hospitalière. Vois, là-bas, ces cellules blanches C est le couvent d Albine où nous allons. Le but est proche; Espère, prie! (Il s éloigne lentement, va vers l abri sous le feuillage, rapporte des fruits dans une corbeille, puis descend vers le puits avec une coupe de bois.) THAÏS (seule) O messager de Dieu, si bon dans ta rudesse, Sois béni, toi qui m as ouvert le ciel! Ma chair saigne, et mon âme est pleine d allégresse, Un air léger baigne mon front brûlant. Plus fraîche que l eau de la source, Plus douce qu un rayon de miel, Ta pensée est en moi suave et salutaire et mon esprit, Dégagé de la terre plane déjà dans cette immensité! Très vénéré père, sois béni! (Athanaël revient portant l eau et les fruits.) THAÏS (très soutenu tendre et intime) Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Donne ces fruits, donne ces fruits, Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Ma vie est à toi, Ma vie est à toi, Dieu te la confie. Je t appartiens, Ma vie est à toi, Dieu te la confie. ATHANAËL (près de Thaïs, lui offrant la coupe) Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Goûte à ces fruits, Goûte à ces fruits, Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Ta vie est à moi, Ta vie est à moi, Dieu me le confie. Tu m appartiens, Ta vie est à moi, Dieu me le confie. (Thaïs après avoir bu élève, en souriant, sa coupe vers Athanaël.) THAÏS Bois à ton tour! ATHANAËL (transfiguré et tendrement radieux) Non! à te voir revivre, je goûte une douceur meilleure... Je sens ton mal apaisé... O douceur ineffable! THAÏS Tout m enivre... O divine bonté! THAÏS Baigne d eau mes mains et mes lèvres, Donne ces fruits, Donne ces fruits, Je t appartiens, ma vie est à toi, Dieu te la confie. Ma vie est à toi! ATHANAËL Baigne d eau tes mains et tes lèvres, Goûte à ces fruits, Goûte à ces fruits, Tu m appartiens, ta vie est à moi, Dieu me la confie. Ta vie est à moi! DES VOIX (1er et 2e Soprano, au loin) Pater noster, qui es in coelis, Panem nostrum quotidianum da nobis. THAÏS (surprise) Qui vient? ATHANAËL (qui a été regarder et revient) Ah! providence divine! Voici la vénérable Albine et ses soeurs rapportant le pain noir du couvent. Elles viennent vers nous et marchent en priant. LES VOIX (plus proches) Et ne nos inducas in tentationem, sed liberanos a malo. (Albine et ses compagnes paraissent.) ATHANAËL (pieusement) Amen! (à Albine) La paix du Seigneur soit avec toi, sainte Albine. J apporte à ta ruche divine Une abeille que j ai, par la grâce d en haut, Trouvée un jour perdue en un chemin sans fleurs. Dans le creux de ma main, très frêle, je l ai prise. De mon souffle je l ai réchauffée et voici que pour la consacrer à Dieu je te la donne. ALBINE (pieusement) Ainsi soit-il! ATHANAËL (avec une émotion contenue) Je n irai pas plus loin. ALBINE (elle prend Thaïs dans ses bras et la tient un instant maternellement embrassée) Venez, ma fille. ATHTANAËL Mon oeuvre est accomplie! Adieu, chère Thaïs, reste recluse en l étroite cellule, Fais pénitence et prie à chaque heure pour moi! THAÏS (sans lenteur) Je baise tes mains secourables et je pleure à te quitter... (simple) O toi qui m as rendue à Dieu! ATHANAËL O parole touchante! (avec une exaltation croissante) O larmes adorables! Bien heureuse la pécheresse gagnée à l éternel amour! (s attendrissant) Que son visage est beau! Quel rayon d allégresse émane de ses yeux! THAÏS Adieu, pour toujours! ATHANAËL (comme frappé) Pour toujours? THAÏS Dans la cité céleste nous nous retrouverons! ALBINE et LES FILLES BLANCHES Amen! (Elles s éloignent. Athanaël la suite du regard comme dans un rêve.) ATHANAËL (seul) Elle va lentement parmi les fille blanches, Les palmiers inclinent leurs branches Comme pour rafraîchir son front, (peu à peu suffoqué par l émotion) Et les jours, et les ans passeront... Sans qu elle m apparaisse encore! (abattu) Je ne la verrai plus! (avec un cri d angoisse) Je ne la verrai plus! (Appuyé sur son bâton, il regarde encore et toujours ardemment vers le chemin qu a pris Thaïs.) Rideau. Deuxième Tableau La Thébaïde (Les cabanes des Cénobites au bord du Nil. Le Ciel est rouge à l Occident. Il y a dans l air des menaces d orage. Les Cénobites viennent de terminer leur repas du soir et regardent le ciel avec une vague terreur. Rafales lointaines du Simoun.) LES 12 CÉNOBITES Que le ciel est pesant! Quelle torpeur accable les êtres et les choses. SIX CÉNOBITES (basses) On entend au loin le cri du chacal! (ténors) Le vent va déchaîner ses meutes rugissantes LES 12 CÉNOBITES (larges éclairs et grondement de la foudre, au loin) Avec le tonnerre et l éclair! PALÉMON (aux Cénobites qui s empressent au travail selon l indication de Palémon) Rentrons dans nos cabanes et nos grains et nos fruits. Redoutons une nuit d orage qui les disperserait. UN CÉNOBITE Athanaël... Qui l a vu? PALÉMON Depuis vingt jours qu il nous est revenu, mes frères, je crois bien qu il n a mangé, ni bu! Le triomphe qu il a remporté sur l enfer semble l avoir brisé de corps et d âme! (Athanaël paraît les yeux fixes, l air farouche, le corps comme brisé.) LES CÉNOBITES (avec respect) C est lui qui vient! (Athanaël passe au milieu d eux comme s il ne les voyait pas.) UN GROUPE Sa pensée est absente. UN AUTRE GROUPE Elle est auprès de Dieu! 1er GROUPE (en s éloignant) Respectons son silence. 2e GROUPE (en s éloignant) Laissons le seul... 1er GROUPE Laissons le seul... ATHANAEL (à Palémon avec humilité) Demeure auprès de moi; il faut que je confesse le trouble de mon âme à ton âme sereine. Tu sais, Ô Palémon, que j ai reconquis l âme de celle qui fut l impure Thaïs; une orgueilleuse joie a suivi ce triomphe et je suis revenu vers ce désert de paix! Et! (suffoqué) bien, en moi la paix est morte! (frémissant) En vain j ai flagellé ma chair, en vain je l ai meurtrie! Un démon me possède! La beauté de la femme hante mes visions! (bien chanté) Je ne vois que Thaïs, Thaïs! Thaïs! Ou mieux, ce n est pas elle, C est Hélène et Phryné c est Vénus Astarté, toutes les splendeurs et toutes les voluptés en une seule créature! Je ne voix que Thaïs! Thaïs! Thaïs! (Il tombe comme écrasé de honte aux pieds de Palémon.) PALÉMON (doucement et simplement posant la main sur le tête d Athanaël) Ne t avais-je pas dit "Ne nous mêlons jamais, mon fils aux gens du siècle; craignons les pièges de l esprit!" Ah! Pourquoi nous as-tu quittés? Pourquoi? Que Dieu t assiste! (Athanaël se lève. Palémon l embrasse et s éloigne.) Adieu! (Athanaël, seul, s agenouille sur sa natte, étend les bras pour une muette et fervente oraison. Après quoi il s allonge, les mains jointes et s endort. C est la Thébaïde. Athanaël endormi à la même place. Thaïs, près de lui, droite.) THAIS (à Athanaël, avec un grand charme et une séduction provocante) Qui te fait si sévère, et pourquoi démens-tu la flamme de tes yeux?) ATHANAEL (d une voix étouffée, comme en rêvant) Thaïs! THAIS Quelle triste folie te fait manquer à ton destin? Homme fait pour aimer, (avec un sourire) quelle erreur est la tienne! ATHANAEL (haletant, se levant) Ah! Satan! Arrière! Ma chair brûle! THAIS (avec provocation) Ose venir, toi qui braves Vénus! ATHANAEL (éperdu) Je meurs! THAIS (rires stridents) Ah! (à volonté) Ah! ATHANAEL Thaïs! THAIS (de même) Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! ATHANAEL Viens! Viens! Viens! Thaïs! (L image de Thaïs disparaît subitement.) Vision ATHANAEL (Apercevant la Vision avec un cri d épouvante, et reculant) Ah! (Les voix placées assez loin. On doit chanter fort. Effet très doux.) LES VOIX Une Sainte est près de quitter la terre, Thaïs d Alexandrie va mourir! Thaïs va mourir! (La Vision s efface.) ATHANAEL (avec égarement répétant les paroles entendues pendant la vision) Thaïs va mourir! Thaïs va mourir! (avec une passion furieuse) Alors, pourquoi le ciel, les êtres, la lumière? A quoi bon l univers? Thaïs va mourir! Ah! la voir encore! Le revoir, la saisir, la garder! Je la veux! Je la veux (haletant et désespéré) Je vais te reprendre! Je vais te reprendre? (en délirant) Sois à moi! Sois à moi! A moi! A moi! Sois à moi! Sois à moi! (Il s élance et disparaît dans la nuit. Fin de tableau. La musique continue jusqu au changement. Obscurité complète. Nuages envahissants. Éclairs sinistres. Tonnerre.) Troisième Tableau La Mort de Thaïs (Le jardin du monastère d Albine. A l ombre d un grand figuier, Thaïs est étendue, immobile, comme morte. Ses compagnes et Albine sont autour d elle.) LES FILLES BLANCHES (Les Filles blanches à genoux, les mains jointes, autour de Thaïs; presque murmuré) Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! Effacez mon iniquité selon votre miséricorde! ALBINE (à part, contemplant Thaïs) Dieu l appelle et, ce soir, la blancheur du linceul aura voilé ce pur visage! Durant trois mois, elle a veillé, prié, pleuré... Son corps est détruit par la pénitence, mais ses péchés sont effacés! LES FILLES BLANCHES Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! (Athanaël, très pâle, très troublé paraît à l entrée du jardin. Ayant été aperçu par Albine, il contient de suite son émotion et s arrête humblement. Albine est allée au devant de lui avec respect. Les filles blanches forment un groupe qui tout d abord dérobe à Athanaël la vue de Thaïs.) ALBINE (à Athanaël, simplement) Sois le bienvenu dans nos tabernacles, ô père vénéré! Car sans doute tu viens pour bénir cette sainte que tu nous a donnée? ATHANAEL (avec un trouble, un égarement qu il essaie de contenir) Oui, Thaïs! ALBINE Ayant fait ce que ton esprit pur lui commanda de faire, voici qu elle va voir l éternelle lumière! (Les compagnes de Thaïs s étant écartées, Athanaël aperçoit Thaïs.) ATHANAEL (avec angoisse) Thaïs! Thaïs! (Athanaël, écrasé de douleur, est tombé prosterné. Albine et les Filles blanches s éloignent de quelques pas. Les Filles blanches et Albine en s éloignant.) LES FILLES BLANCHES (presque murmuré) Seigneur, ayez pitié de moi selon votre mansuétude! (Athanaël s est traîné sur le genoux et se trouve près de Thaïs à laquelle il tend les bras.) ATHANAEL (à voix basse et douloureusement) Thaïs! THAIS (ouvre les yeux et regarde Athanaël avec douceur) C est toi, mon père! (dans l extase et n écoutant pas ce que lui répond Athanaël) Te souvient-il du lumineux voyage lorsque tu m as conduite ici? ATHANAEL (avec attendrissement) J ai le seul souvenir de ta beauté mortelle! THAIS Te souvient-il de ces heures de calme dans la fraîcheur de l oasis! ATHANAEL (avec ardeur) Ah! Je me souviens seulement de cette soif inapaisée dont tu seras l apaisement... THAIS Surtout te souvient-il de tes saintes paroles en ce jour où par toi j ai connu le seul amour! ATHANAEL (avec anxiété) Quand j ai parlé je t ai menti! THAIS (toujours sans l écouter et dans le ravissement) Et la voilà l aurore! ATHANAEL Je t ai menti! THAIS Et les voilà les roses de l éternel matin! ATHANAEL (comme pour la convaincre) Non! Le ciel... Rien n existe... (avec fièvre) Rien n est vrai que la vie et que l amour des être... (avec adoration) Je t aime! THAIS Le ciel s ouvre! Voici les anges et les prophètes... et les saints! Ils viennent avec un sourire, (elle se soulève) les mains toutes pleines de fleurs! ATHANAEL Entends-moi donc... Ma toute aimée! THAIS (elle se lève tout à fait) Deux séraphins aux blanches ailes planent dans l azur, et comme tu l as dit, le doux consolateur posant sur mes yeux ses doigts de lumière! Ah! en essuie à jamais les pleurs! ATHANAEL Viens! tu m appartiens! O ma Thaïs! Je t aime... Je t aime! Thaïs! Ah! Viens! Dis-moi je vivrai! Je vivrai! THAIS Le son des harpes d or m enchante! De suaves parfums me pénètrent! Je sens une exquise béatitude, Ah! Ah! Une béatitude endormir tous mes maux! ATHANAEL O Thaïs! Ma Thaïs! O ma Thaïs, tu m appartiens! Thaïs! Thaïs! Je t aime! Viens! Thaïs! Ah! Viens! Viens! THAIS Ah! le ciel! Je voix... Dieu! (Elle meurt.) ATHANAËL Morte! (avec un accent déchirant) pitié ! (Livret de Louis Gallet) Massenet,Jules/Thaïs
https://w.atwiki.jp/oper/pages/924.html
第3幕 (アルトドルフ宮殿の庭に近接した、廃墟と化した古い礼拝堂の内部) 第1場 (アルノール、マティルド) マティルド アルノール、この絶望はどこで生まれたのでしょう これは私が聞くことを期待していた やさしい別れなのでしょうか あなたは去る、しかし、すぐに再会することができますね アルノール いいえ、私は恐ろしい義務につながれた場所に留まるのです 私は父の仇を討つために留まります マティルド あなたは何を願っているのですか? アルノール 私が願っているのは血です 私は運命の加護を捨てる 私は私が愛していたものを全て捨てる 栄光も、あなたも!… マティルド 私を、メルクタール? アルノール 私の父は死にました 彼は殺人者の剣の下に倒れました マティルド 神よ! アルノール 命令したのは誰か分かりますか? マティルド ああ、私は震える、最後まで話してください! アルノール あなたの不安が彼の名を既に明かしている... ジェスレルだ! アリア マティルド 私たちの愛にはもっと希望があって 私の人生は始まったばかりなのに 永遠に私は幸福を失います そう、メルクタール、人でなしの 大罪が私達を別離させました 道に迷う私の理性は 神の裁きを願います 隷属に反抗する運命 私のその信念をあなたに捧げましたが、だめでした 私の心のなんと孤独なことか あなたが私のそばにいることは、もうないのでしょう 最悪にも殺人犯が あなたから父親を奪ったというのに、 私はあなたと一緒に、彼の死を嘆くことすらできない 運命よ、おまえがどんなに怒り狂ったとしても 私の悲しい心には 私の救い主の面影が 永遠に残り続けるでしょう アルノール 何の騒音が私の耳に届いているのか 歌? 叫び? マティルド ジェスレルが目覚めたのです アルノール 太陽は彼を悪事に戻す マティルド ああ、軍の祝祭歌が 準備完了を告げる 帝国代官が宮殿を出た 彼の楽しみはいつも殺人 逃げて下さい、もしこれまで愛していてくれたのだったら アルノール 私が、逃げる! マティルド 異国の岸辺で 私があなたの苦痛に 慰めの心遣いを提供できないとしても 私の魂は全霊であなたについて行きます 私の魂はあなたの災厄に寄り添います アルノール この歌は、あなたの祈りをかき消す やつらの楽しみは、私の痛みを侮辱する マティルド アルノール、私の涙を哀れと思って 逃げて下さい、もしこれまで愛していてくれたのだったら アルノール 私が、逃げる! マティルド 異国の岸辺で 私があなたの苦痛に 慰めの心遣いを提供できないとしても 私の魂は全霊であなたについて行きます 私の魂はあなたの災厄に寄り添います 思い出して下さい アルノール 我が父を思い出す! マティルド 私達の愛を断念するとき 彼が私達に、命より大切なものを与えてくれる さようなら、メルクタール、永遠にさようなら アルノール 私の愛を断念するとき 彼が私に、命より大切なものを与えてくれる さようなら、マディルド、永遠にさようなら 第2場 (祭の準備が進むアルトドルフの大広場。あちこちにリンゴの木とシナノキが見える。背景にジェスレルの城塞。中庭に置かれる演壇を組み上げるため、労働者が忙しく働いている。舞台の奥に1つのトロフィー、帝国代官の家紋がかたどられ、代官頭巾が被せられている) (ジェスレル、ロドルフ、衛兵、兵士、人々) 男声合唱 至上権に栄光を! 法を授けるジェスレル様を畏れよ そう、彼は皇帝に等しい 彼は破門を言い渡す その恐ろしい声で 女声合唱 ひとが愛する力に平和を! ひとはマティルドの法を大切にします! 王冠などどうして必要でしょう? 愛は至上の力 諸王の力に等しい ジェスレル 無駄だ、思い上がって 民衆どもが我が秩序に刃向かっても 民衆どもは我が法に従わなくてはならない (トロフィーを指し) この権力の象徴の御前で 皆、静かに頭を下げよ 我にかしずくのと同じように! 男声合唱 至上権に栄光を! 法を授けるジェスレル様を畏れよ そう、彼は皇帝に等しい 彼は破門を言い渡す その恐ろしい声で 女声合唱 ひとが愛する力に平和を! ひとはマティルドの法を大切にします! 王冠などどうして必要でしょう? 愛は至上の力 諸王の力に等しい (住民は集団ごとに歩かされ、トロフィーの前でお辞儀させられる) ジェスレル (登壇して) ゲルマン人帝国が、 本日、おまえ達の服従の誓約書を受け取る 100年の間、その力は おまえ達のひ弱さに保護を与えている 100年前のこの日、我らの権利は 勝利によってゆるぎないものとなり おまえ達の祖先に及ぶこととなった とても輝かしい日の思い出を おまえ達の歌とゲームで祝いなさい 我はそれを望む (ここで祭が始まる。兵士達はスイス人女性達に、自分と踊るように強制する。住民はこの暴力に対する怒りを行動で表す。小姓にアナウンスされ、トルバドゥール達が兵士達に続く。最後にチロル人男女が声だけに伴われて登場する) チロリエンヌ 女声合唱 鳥もついて行かないあなた! ああ! ああ! 私達の伴奏にのって、あなたの歩幅を調節して! ああ! ああ! 出身でないあなたは ああ! ああ! この地域の ああ! ああ! 私達の寒い土地に ああ! ああ! 戻ってくるでしょう ああ! ああ! 男声伴奏者 私達の歌に、あなたの踊りを合わせに来て! 気まぐれな 異人さん 気に入られたい? ああ、逃げないで 新しい花すら あまり美しくない あなたの足どりが 近づいた時には ああ! ああ! 男声、女声合唱 私達の村では 山の息子たちが 彼らの女友達に あなたの踊りを教えるだろう (バレエは、全体合唱が最後に処刑用の柱の前で全員ひれ伏す場面をもって終了する) 第3場 (同、ギヨーム、ジェミ) ロドルフ 狼藉者、頭が高い! ギヨーム おまえはできる、人の弱さに付け入って その人達の品位を貶めることが だが私は、そんな法は認めない 私に卑屈さを命ずるような ロドルフ 貧乏人め! スイス人の合唱 おお、恐怖の時! 彼のせいで、我らは全てを恐れなくてはならない ロドルフ 帝国代官様、閣下の法に背く者です ジェスレル どんなならず者が法に盾突こうと? ロドルフ お前に立ち上がっております ギヨーム 立ち上がって、権力を私は尊重しただろう それが恥ずべき隷属から我らを解放したのであれば だが、独立という私の頭を下げるのは 神の前だけだ ジェスレル ならず者め、服従するか震え上がれ 私の声とおまえの窮地が、一緒におまえを脅かしている この武器を見よ、この兵士達を見よ ギヨーム 聞く、見る、だが知ったことでない ジェスレル 奴隷が自分の主人に反抗している 自分の運命を予見して震えないのか? ギヨーム 死を恐れていたら、おまえの前に立つだろうか? ロドルフ なんと大胆な、閣下、やつの正体が分かりました やつがギヨーム・テルです、このならず者です 殺人犯ルートルドを、我らの手から奪い去ったのは ジェスレル 引っ捕らえろ! 兵士 (ためらいながら) そこにいるのは、恐ろしい射手だ そこにいるのは、怖れを知らない舟の渡し守だ… ジェスレル 罪悪感で憐憫をかけるのはやめろ そこにいるのは、私の囚人だぞ ギヨーム もうこれで終わりにしよう! 四重唱 ジェスレル あまりの思い上がりにうんざりだ 怒りが積もり積もって おまえの上を通り そしておまえは屈服するだろう ロドルフ なんという狼藉の限り 反抗して威嚇している 慈悲はなしと行きましょう 武器を取り上げてしまいましょう ギヨーム 死に値する不名誉!(息子に小声で) 我が民族の希望よ おお、私が抱擁するおまえよ ここを離れるのだ ジェミ あなたの心痛がなくなる場所 それはここ、わたしのいるべき場所です あなたの腕の中で 恩寵に浴して死なせてください (ギヨームの弓と矢筒が取り上げられる) ギヨーム (低い声で) 母の元へ行きなさい、これは命令だ 山の頂上で火を灯し 3州に戦いの合図を送るのだ ジェスレル (子供を制止して) 止まれ、こやつらの愛情が、私の悪念に火を付ける 応えよ、私にあえて逆らうおまえ これはおまえの子か? ギヨーム 一人息子だ ジェスレル この子を救いたいか? ギヨーム 彼を救うだと? その子が何の罪を? ジェスレル 罪はその生まれだ おまえの演説だ、おまえの企てだ、おまえの罪深い思い上がりだ ギヨーム 逆らったのは私だけだ、咎められるべきは私だ ジェスレル この子の恩赦はおまえの手の中にあり、それを得ることは可能だ おまえは弓の名手として名声を博しているらしいな (近くの木から1つのリンゴをもいでロドルフに) 子供の頭にこのリンゴを置け (テルに) おまえは、一矢でこのリンゴを確実に私の目の前から射飛ばすのだ でなければ、おまえら二人とも死ぬことになる ギヨーム なにを言っているのだ? ジェスレル やってみろ ギヨーム なんと恐ろしい命令、私の息子に! 頭がくらくらする そんな命令ができると思うのか、野蛮人め! 断る、余りにも重大な罪悪だ ジェスレル 従うのだ、 ギヨーム おまえには子供はいないのか 子供は神のような存在だ、ジェスレルよ ジェスレル 支配者に ギヨーム (天に嘆いて) 私の声をお聞き下さい ジェスレル もう遅い、すぐに諦めろ ギヨーム そうはいかない ジェスレル 子供が死ぬことになるぞ ギヨーム 止めろ! 忌まわしい定め おまえは私の弱さに勝利する ジェミの危機とあっては卑屈にならざるを得ない ジェスレルよ、私はおまえの前にひざまずく (ひざまずく) ジェスレル ほうら、恐ろしい射手だ ほうら、怖れを知らない舟頭だ 怖じ気づいて、一言で降参しおったぞ ギヨーム (起き上がって) この懲罰は少なくとも公正ではない おまえは私を罰している、私が身の程を忘れえたことで ジェミ お父さん、あなたの巧みな技を思い出して ギヨーム ああ、私は自分の優しさのすべてを恐れている ジェミ 手を差し伸べて、ぼくの心臓に問いかけて下さい ぼくの心臓はお父さんの矢の下で、怖れを知らず脈打つでしょう (ジェミのアリアは初演の前に取り下げられた) ギヨーム 私はおまえを祝福する、涙をこぼしながら 私はおまえの胸で力を取り戻す おまえの心の落ち着きが、私の手をしっかり安定させた もう弱音は吐かない、もうおずおずしない 私の弓をこの手に返しなさい はてはギヨーム・テル、我ここにあり! (ギヨームに弓が返され、矢筒から矢が地面にあけられる。彼は屈んで矢を選び、気付かれぬよう服の下に1本入れる) ジェスレル ガキを縛りつけろ (この時、マティルドの小姓が舞台を抜け出し、城に向かって走っていくのが見える) ジェミ ぼくを縛るのか? なんたる侮辱! やめろ、やめろ、少なくとも自由な身でぼくは死ぬんだ 恨み言も言わず、ぼくは自分の頭を死の一撃にさらすんだ 青ざめることなくその一撃を待つだろう スイス人 なんと! 無垢な言葉が、 彼の報復を和らげないものか? ジェミ (父が弓を構えるのを見ながら) お父さん、しっかり! ギヨーム 彼の声に 私の手は弓を落としそうになった 私の両眼はおぞましい涙で曇ってしまった (ジェスレルに) 私の息子に! 最期の抱擁をさせてくれ (ジェスレルは同意の指示を出し、ジェミは父の元に戻る) 動くんじゃないぞ、 お祈りをしながら地に跪きなさい 神のご加護を祈るのだ、息子よ、神のみが 御子の中でその父を救うことができる そのまま、ただ天を仰ぎなさい この鋼鉄の矢が、いと愛しきそのこうべを脅かす時 おまえの目を怖がらせるかもしれない そのわずかな動きでも...ジェミよ、母のことを思い浮かべなさい!彼女は我ら2人を待っている (ジェミはきびきびと処刑用の柱に戻る。ギヨームは暗い目で構内を見渡す。彼の視線がジェスレルに止まった時、彼は隠してある2本目の矢に手をやる。彼はついに狙いを定め、弓を引く、そして一瞬でリンゴは子供から飛び去っていく) スイス人 勝利だ! 彼の命は救われた ジェミ お父さん! ギヨーム 神よ! ジェスレル なんということだ!リンゴが射飛ばされた! スイス人 リンゴがふっとんだ ギヨームの大勝利だ ジェスレル 腹立たしい! スイス人 お見事だ! ジェミ 命が助かった お父さんは息子を神のご加護に捧げることができた! ギヨーム もう何も見えない、立っているのがやっとだ そこにいるのはおまえか、我が息子よ? 嬉しくて死にそうだ ジェミ (ギヨームの服が少し開かさる) ああ、お父さんを支えてあげて!… ジェスレル やつは私の憎悪を逃れている (2本目の矢に気付く) 何を見た? ギヨーム ああ、私は私の宝物を救った、ますます愛しい ジェスレル この矢は、誰に放つつもりだったのか? ギヨーム おまえにだ、ジェスレル! ジェスレル 震え上がれ! ギヨーム (息子を抱擁して) 私はもう恐れない ジェスレル ロドルフ、身柄を拘束せよ! 第4場 (同、マティルド、小姓達、ついてきた女性達) フィナーレ マティルド 何ということを私は知らされたのか? 恐ろしい犠牲だ スイス人 彼らにまた震えなければならないのか? 兵士 この二人は地獄に落ちるべきです ジェスレル (マティルドに) あまりに惨めな命でも、わざわざ縮めてやることはないだろう 私は約束しました、だがこの二人は有罪です そして鉄格子の中で死を待つでしょう マティルド 何ですって! 彼の息子? 子供じゃないですか、代官殿、私の話を聞いてもらう必要があります ジェスレル 命令は下されました、何者も止めることはできません このガキもです! マティルド おまえ達はその権限を得ていません。決して! 君主の名において、私はこの子を私の保護下に起きます 怒れる民衆全員がおまえを見ています 力尽くで私の手から奪い取ってみなさい! ロドルフ 譲歩しましょう。我らの元にはギヨームだけを残します。 マティルドの侍女達 幸ある救い! 神の恵み! 兵士 譲歩だ。我らの元にはギヨームは残る スイス人 おお、愛すべきギヨームよ、不幸な運命! 桎梏が彼の徳を処刑するだろう ロドルフ やつらが声を立てている、聞こえますか? ジェスレル 囚人の大胆さがやつらの反感に火を付けた 舟で、今夜やつをキュスナハトに連れて行くぞ ロドルフ 舟ですか、しかし風があります、嵐かもしれません… ジェスレル びくびくするな (鎖につながれたギヨームを指して) 器用な渡し守が一緒にいるではないか 湖に囲まれた城塞で、 最新の拷問がやつを待ち受けているぞ 民衆 恩寵を! ジェスレル ジェスレルがどうやって罪を償わせるか学ぶがよい 蛇蝎の中にうち捨て やつらの恐ろしい空腹が、彼に墓場を保証してくれる ジェミ おお、お父さん! ギヨーム おお、ジェミよ! 民衆 恩寵を! ジェスレル 断じてない! マティルド 人でなし! ジェスレルが用意しているのはギヨームの死 私はギヨームの息子を奪取した ギヨームは我らから遠ざかっていく ジェミ (マティルドに) 人でなしの命令でぼくが 力尽くで引き離されたら あなたは従うのでしょうか ギヨーム 私の死が準備される時 我が息子が、おお、人でなしめ おまえの虐待から逃れられますように ジェスレル 思い上がりがやつらを迷わすとき 彼らの流血をけちるのは 私の怒りを裏切ることだ 兵士 (ジェスレルに) 思い上がりがやつらを迷わすとき 彼らの流血をけちるのは 我らと一緒にあなたを滅ぼしてしまうことになる ロドルフ 思い上がりがやつらを迷わすとき 彼らの流血をけちるのは 我らと一緒にあなたを滅ぼしてしまうことになる ジェスレル 民衆ども、下がれ さもなくば、罪人は死ぬぞ (短剣に触れながら) 我が剣よ照覧あれ! (この言葉に、民衆の中に茫然自失の時間が続く) ジェスレル (小声で) 彼らは沈黙を守っている 私の復讐を恐れて 兵士 彼らは沈黙を守っている 彼の復讐を恐れて スイス人 沈黙を守ろう 復讐の攻撃に. ギヨーム (鎖を振り動かしながらとりわけ大きな声で) ジェスレルに呪いあれ! ロドルフと兵士 こんな無礼な態度に耐えるのは おお、地獄の苦しみだ スイス人 (興奮しながら近づき) 神の神判を聞け ジェスレルに呪いあれ! ジェスレル (スイス人たちを指さし) もし一人でも前に出れば (テルを指して) こいつは、剣の下に倒れることになるぞ 兵士 万歳、ジェスレル様! スイス人 (広場、家々、木々の上から) ジェスレルに呪いあれ! 補遺 第1場 (アルノール、マティルド アルトドルフ宮殿の庭に近接した、廃墟と化した古い礼拝堂の内部) マティルド アルノール、この絶望はどこで生まれたのでしょう これは私が聞くことを期待していた やさしい別れなのでしょうか あなたは去る、しかし、すぐに再会することができますね アルノール いいえ、私は恐ろしい義務につながれた場所に留まるのです 私は父の仇を討つために留まります マティルド あなたは何を願っているのですか? アルノール 私が願っているのは血です 私は運命の加護を捨てる 私は私が愛していたものを全て捨てる 栄光も、あなたも!… マティルド 私を、メルクタール? アルノール 私の父は死にました 彼は殺人者の剣の下に倒れました マティルド 神よ! アルノール 命令したのは誰か分かりますか? マティルド ああ、私は震える、最後まで話してください アルノール あなたの不安が彼の名を既に明かしている... ジェスレルだ マティルド ジェスレル! アリア マティルド 私たちの愛にはもっと希望があって 私の人生は始まったばかりなのに 永遠に私は幸福を失います ああ!不幸の中でマティルドには あなたへの、安らぎはもうない あなたのお父様の、怒りの亡霊は 私達の不幸な愛を妨げる 苛酷な任務があなたを待っている アルノール、あなたの責務を果たして下さい この忌まわしい日、何という不幸! 私は自分が生まれた国が憎い お父様の仇を討たなくてはならない今 マティルドへの想いはもう許されない! あなたと離れて、愛しい人よ 私は苦しみの日々を送るでしょう 私はむなしく響かせるでしょう あなたの名前を国中に そして私の心の中に刻まれた あなたの面影を持ち続けるでしょう 私の命を救ってくれたのはあなた それを忘れられるはずがありません 何の音が私の耳に? 歌? 叫び? ジェスレルが目覚めた ああ、軍の祝祭歌が 準備完了を告げる 帝国代官が宮殿を出た 彼の楽しみはいつも殺人 逃げて下さい、もしこれまで愛して下さっていたのなら ああ! 逃げて下さい! 逃げて下さい、もしこれまで愛して下さっていたのなら さもなくば、私を苦しみで死なせるでしょう 運命があなたをどこに連れて行こうとも 私の悲しみはいつもあなたについて行くでしょう 聞こえますか? あの歌が 私を恐怖で満たします! お願いですから、すぐに逃げて下さい! ああ! あなたのお父様を思い出して下さい... (おお、苦痛の瞬間! 何という心の殉教!) あなたのことは決して忘れません! (アルノール左に、マティルドは右に出る) 第3場 アリア ジェミ ああ、お父さんの心が落ちつきますように 神様が、自然の権利が ぼく達のために、あいつにもの言ってくれるでしょう (ジェスレルに) お父さんの苦しみを見てください、私の年齢を考えて下さい おじさんは子供に向かって矢を打たせたいのですか! あなたは子供に怒りをぶつけましたが お父さんは私の心に勇気をくれました たとえあなたが怒りにまかせて 死がぼくの運命になるとしても きっと、死はお父さんの手で優しく見えるでしょう 的の準備はできたし、試合には自信があります ぼくは膝をついてお願いします ぼくの考える死は ぼくの若さに微笑んでいる ぼくは勇気を持って試合に臨む 膝をついてお願いします ACTE TROISIÈME Intérieur d'une vieille chapelle en ruines, attenante aux jardins du palais d'Altdorf. SCÈNE I Arnold, Mathilde. MATHILDE Arnold, d'où naît ce désespoir? Est-ce là cet adieu si tendre Que j'espérais entendre? Vous partez, mais bientôt nous pourrons nous revoir. ARNOLD Non, je reste où m'enchaîne un terrible devoir; Je reste pour venger mon père. MATHILDE Qu'espérez-vous? ARNOLD C'est du sang que j'espère. Je renonce aux faveurs du sort, Je renonce à tout ce que j'aime, À la gloire, à vous-même!… MATHILDE À moi, Melcthal? ARNOLD Mon père est mort; Il est tombé sous l'homicide glaive. MATHILDE Dieu! ARNOLD Savez-vous qui dirigea le fer? MATHILDE Ah! je frémis, achève! ARNOLD Votre effroi l'a nommé… Gesler! Air MATHILDE Pour notre amour plus d'espérance; Quand ma vie à peine commence, Pour toujours je perds le bonheur. Oui, Melcthal, d'un barbare Le crime nous sépare; Ma raison, qui s'égare, Implore un Dieu vengeur. Du sort bravant la servitude, En vain je t'ai donné ma foi; Dans ma cour quelle solitude! Tu ne seras plus près de moi. Enfin, pour comble de misère, Un crime te prive d'un père, Et je ne puis le pleurer avec toi. Destin, malgré ta rage, Toujours ce triste cœur Conservera l'image De mon libérateur. ARNOLD Quel bruit arrive à mon oreille? Des chants? des cris? MATHILDE Gesler s'éveille. ARNOLD Le jour le rend à ses forfaits. MATHILDE Hélas! d'une fête guerrière Ces chants annoncent les apprêts. Du gouverneur fuis le palais, Toujours sa joie est meurtrière; Fuis, si jamais je te fus chère. ARNOLD Moi, fuir! MATHILDE Sur la rive étrangère, Si je ne puis à ta misère Offrir mes soins consolateurs, Mon âme te suit tout entière; Elle est fidèle à tes malheurs. ARNOLD Ces chants étouffent ta prière, Leur joie insulte à mes douleurs. MATHILDE Arnold, prends pitié de mes pleurs, Fuis, si jamais je te fus chère. ARNOLD Moi fuir! MATHILDE Sur la rive étrangère, Si je ne puis à ta misère Offrir mes soins consolateurs, Mon âme te suit tout entière; Elle est fidèle à tes malheurs. Et songe! ARNOLD Je songe à mon père! MATHILDE En renonçant à nos amours, C'est lui donner plus que nos jours. Adieu, Melchtal, adieu, c'est pour toujours! ARNOLD En renonçant à mes amours, C'est lui donner plus que mes jours. Adieu, Mathilde, adieu, c'est pour toujours! SCÈNE II Grande place d'Altdorf, où l'on fait des préparatifs de fête. On voit çà et là des pommiers et des tilleuls. Le château-fort de Gesler est au fond. Des ouvriers sont occupés à lever une estrade où doit se placer la cour; d'autres plantent, vers le fond du théâtre, un trophée composé des armes du gouverneur et surmonté de son chaperon.Gesler, Rodolphe, gardes, soldats, peuple. CHŒUR D'HOMMES Gloire au pouvoir suprême! Crainte à Gesler qui dispense ses lois! Oui c'est l'empereur même, Qui lance l'anathème Par sa terrible voix. CHŒUR DE FEMMES Paix au pouvoir qu'on aime! De Mathilde on chérit les lois! Qu'est-il besoin de diadème? L'amour est un pouvoir suprême égal à celui des rois. GESLER Vainement dans son insolence, Le peuple brave ma vengeance, Il doit se soumettre à ma loi en montrant le trophée Devant ce signe de puissance Que chacun se courbe en silence, Comme on s'incline devant moi! CHŒUR D'HOMMES Gloire au pouvoir suprême! Crainte à Gesler qui dispense ses lois! Oui c'est l'empereur même, Qui lance l'anathème Par sa terrible voix. CHŒUR DE FEMMES Paix au pouvoir qu'on aime! De Mathilde on chérit les lois! Qu'est-il besoin de diadème? L'amour est un pouvoir suprême égal à celui des rois. On fait passer les habitants par groupe, et on les force à s'incliner devant le trophée. GESLER placé sur l'estrade Que l'empire germain de votre obéissance Reçoive le gage aujourd'hui. Depuis un siècle, sa puissance Daigne à votre faiblesse accorder un appui. À pareil jour, nos droits, scellés par la victoire, S'étendirent sur vos aïeux. D'un jour si glorieux, Par vos chants, par vos jeux Célébrez la mémoire, Je le veux! Ici commence la fête. Des soldats contraignent des femmes suisses à danser avec eux. Les habitants témoignent par leurs gestes leur indignation de cette violence. Des troubadours, annoncés par un page, succèdent aux soldats; enfin paraissent des Tyroliens et des Tyroliennes que des voix seules accompagnent. Tyrolienne CHŒUR DE FEMMES Toi que l'oiseau ne suivrait pas! Ah! ah! etc. Sur nos accords règle tes pas! Ah! ah! etc. Toi qui n'est pas, Ah! ah! etc. De ces climats, Ah! ah! etc. Vers nos frimats, Ah! ah! etc. Tu reviendras. Ah! ah! etc. ACCOMPAGNEMENT D'HOMMES À nos chants viens mêler tes pas! Etrangère Si légère, Veux-tu plaire? Ah! ne fuis pas. Fleur nouvelle Est moins belle, Quand tes pas S'approchent d'elle, Ah! ah! etc. CHŒUR D'HOMMES ET DE FEMMES Dans nos campagnes, Les fils des montagnes À leurs compagnes Apprendront tes pas. Le ballet se termine par un chœur général à la fin du quel tout le monde se prosterne devant le poteau. SCÈNE III Les mêmes, Guillaume, Jemmy. RODOLPHE Audacieux, incline-toi! GUILLAUME Tu peux, t'armant de sa faiblesse, Avilir ce peuple, mais moi, Je ne reconnais pas la loi Qui me prescrit une bassesse. RODOLPHE Misérable! CHŒUR DE SUISSES O moment d'effroi! Pour lui nous avons tout à craindre. RODOLPHE Gouverneur, on brave ta loi. GESLER Quel téméraire ose l'enfreindre? RODOLPHE Il est debout devant toi. GUILLAUME Debout, j'honore la puissance, Quand d'un honteux servage elle nous affranchit; Mais de mon front l'indépendance, Devant Dieu seul fléchit. GESLER Traître, obéis ou tremble! Ma voix et tes périls te menacent ensemble; Vois ces armes, vois ces soldats. GUILLAUME J'écoute, je regarde, et ne te comprends pas. GESLER L'esclave rebelle à son maître. Ne frémit pas en prévoyant son sort? GUILLAUME Serais-je devant toi, si je craignais la mort? RODOLPHE Tant d'audace, seigneur, me le fait reconnaître; C'est Guillaume Tell, c'est ce traître Qui ravit à nos coups Leuthold le meurtrier. GESLER Saisissez-le! SOLDATS hésitant C'est là cet archer redoutable, Cet intrépide nautonier… GESLER Point de pitié coupable; C'est là mon prisonnier. GUILLAUME Puisse-t-il être le dernier! Quatuor GESLER Tant d'orgueil me lasse, La foudre s'amasse, Sur toi qu'elle passe, Et tu fléchiras! RODOLPHE Quel excès d'audace! Il brave, il menace. Allons, point de grâce, Désarmons son bras. GUILLAUME Mortelle disgrâce! bas à son fils Espoir de ma race, O toi que j'embrasse, Porte au loin tes pas! JEMMY Que ta peur s'efface, C'est ici ma place, Laisse-moi par grâce Mourir dans tes bras! On retire des mains de Guillaume son arbalète et son carquois. GUILLAUME à voix basse Rejoins ta mère, je l'ordonne, Qu'aux sommets de nos monts la flamme brille et donne Aux trois cantons le signal des combats! GESLER retenant l'enfant Arrête… leur tendresse éclaire ma vengeance; Réponds, toi qui m'oses braver, C'est ton enfant? GUILLAUME Le seul. GESLER Tu voudrais le sauver? GUILLAUME Le sauver lui, quel est son crime? GESLER Sa naissance, Tes discours, tes projets, ta coupable insolence. GUILLAUME Je t'ai seul offensé, c'est moi qu'il faut punir. GESLER Sa grâce est dans tes mains et tu peux l'obtenir. Pour un habile archer partout on te renomme; à Rodolphe, en détachant une pomme d'un arbre voisin Sur la tête du fils qu'on place cette pomme, à Tell D'un trait, tu vas soudain l'enlever à mes yeux, Ou vous périrez tous les deux. GUILLAUME Que dis-tu? GESLER Je le veux. GUILLAUME Quel horrible décret; sur mon fils!… je m'égare! Tu pourrais ordonner, barbare!… Non, le crime est trop grand. GESLER Obéis, GUILLAUME Tu n'as pas d'enfant!… Il est un Dieu, Gesler! GESLER Un maître. GUILLAUME montrant le ciel Il nous entend! GESLER C'est trop tarder, cède sur l'heure. GUILLAUME Je ne le puis. GESLER Que son fils meure! GUILLAUME Arrête!… Abominable loi! Tu triomphes de ma faiblesse; Le péril de Jemmy m'impose une bassesse, Gesler; et je fléchis le genou devant toi. il s'agenouille GESLER Voilà cet archer redoutable, Cet intrépide nautonier! La peur l'atteint, un mot l'accable. GUILLAUME se relevant Ce châtiment du moins est équitable Tu me punis d'avoir pu m'oublier. JEMMY Mon père, songe à ton adresse. GUILLAUME Ah, je crains tout de ma tendresse. JEMMY Donne ta main, interroge mon cœur Sous ta flèche il battra sans peur. (L'air de Jemmy a été supprimé avant la première.) GUILLAUME Je te bénis en répandant des larmes, Et je reprends ma force sur ton sein Le calme de ton cœur a raffermi ma main. Plus de faiblesse, plus d'alarmes; Qu'on me rende mes armes Je suis Guillaume Tell enfin! On rend à Guillaume son arbalète et son carquois qu'il vide à terre. Il choisit parmi les traits en se tenant baissé, et en place un sous ses vêtements, sans être aperçu. GESLER Qu'on attache l'enfant! En ce moment on voit un des pages de Mathilde quitter la scène et se diriger, en courant, vers le château. JEMMY M'attacher? quelle injure! Non, non, libre au moins je mourrai. J'expose au coup fatal ma tête sans murmure, Et sans pâlir je l'attendrai. SUISSES Quoi! les accents de l'innocence Ne désarment pas sa vengeance? JEMMY en voyant son père préparer ses armes Courage, mon père! GUILLAUME À sa voix Ma main laisse échapper mes armes; Mes yeux sont obscurcis de dangereuses larmes… à Gesler Mon fils!… que je l'embrasse une dernière fois! Gesler fait un signe d 'acquiescement, et Jemmy se rend près de son père. Sois immobile, et vers la terre Incline un genou suppliant. Invoque Dieu c'est lui seul, mon enfant, Qui dans le fils peut épargner le père. Demeure ainsi, mais regarde les cieux. En menaçant une tête si chère, Cette pointe d'acier peut effrayer tes yeux. Le moindre mouvement… Jemmy, songe à ta mère! Elle nous attend tous les deux! Jemmy regagne le poteau avec rapidité; Guillaume parcourt d'un œil morne toute l'enceinte. Lorsque son regard s'arrête sur Gesler, il porte la main sur la place où la seconde flèche est cachée; il vise enfin, tire, et soudain le pomme est loin de l'enfant. SUISSES Victoire! sa vie est sauvée. JEMMY Mon père! GUILLAUME Ciel! GESLER Quoi! la pomme enlevée! SUISSE La pomme est enlevée; Guillaume est triomphant. GESLER O fureur! SUISSES O bonheur! JEMMY Ma vie est conservée Mon père pouvait-il immoler son enfant! GUILLAUME Je ne vois plus, je me soutiens à peine; Est-ce bien toi, mon fils? Je succombe au bonheur. JEMMY entrouvrant les vêtements de Guillaume Ah! secourez mon père!… GESLER Il échappe à ma haine. apercevant la seconde flèche Que vois-je? GUILLAUME Ah! j'ai sauvé mon trésor le plus cher! GESLER À qui destinais-tu ce trait? GUILLAUME À toi, Gesler! GESLER Tremble! GUILLAUME embrassant son fils Je n'ai plus peur. GESLER Rodolphe, qu'on l'enchaîne! SCÈNE IV Les mêmes, Mathilde, pages et femmes de sa suite. Final MATHILDE Qu'ai-je appris? sacrifice affreux! SUISSES Faut-il encor trembler pour eux? SOLDATS Ils doivent périr tous les deux. GESLER à Mathilde Je n'abrégerai point des jours si misérables, Je l'ai promis; mais tous deux sont coupables, Et tous deux dans les fers attendront le trépas. MATHILDE Quoi! son fils?… un enfant! seigneur, il faut m'entendre. GESLER L'ordre est donné, rien ne peut le suspendre! Le fils aussi! MATHILDE Vous ne l'obtiendrez pas. Au nom de l'empereur, je le prends sous ma garde. Quand tout un peuple indigné nous regarde, Osez l'arracher de mes bras! RODOLPHE Cédez; Guillaume au moins nous reste. FEMMES DE MATHILDE Heureux secours! bonté céleste! SOLDATS Cédons Guillaume au moins nous reste. SUISSES Pour toi, Guillaume, ô sort funeste! Des fers puniront ta vertu. RODOLPHE Ils murmurent, les entends-tu? GESLER L'audace du captif a passé dans leur haine. Sur les eaux, cette nuit, vers Kusnac je l'entraîne. RODOLPHE Sur les eaux; mais les vents, l'orage?… GESLER Vain effroi! en montrant Guillaume enchaîné L'habile nautonier n'est-il pas avec moi? Au château-fort, que le lac environne L'attend un supplice nouveau. PEUPLE Grâce! grâce! GESLER Apprenez comment Gesler pardonne Aux reptiles je l'abandonne, Et leur horrible faim lui répond d'un tombeau . JEMMY O mon père! GUILLAUME O Jemmy! PEUPLE Grâce! GESLER Jamais. MATHILDE Barbare! C'est sa mort qu'il prépare De son fils je m'empare, Qu'il s'éloigne avec nous! JEMMY à Mathilde Quand l'ordre d'un barbare D'un père me sépare, Le seconderez-vous? GUILLAUME Quand ma mort se prépare, Que mon fils, ô barbare! Se dérobe à tes coups! GESLER L'audace les égare De leur sang être avare C'est trahir mon courroux. SOLDATS à Gesler L'audace les égare De leur sang être avare, C'est te perdre avec nous. RODOLPHE L'audace les égare De leur sang être avare, C'est te perdre avec nous. GESLER Peuple, qu'on se retire, Ou le coupable expire touchant sa dague J'en atteste ce fer! À ces mots succède un moment de stupeur parmi le peuple. GESLER à demi-voix Ils gardent le silence, Ils craignent ma vengeance. SOLDATS Ils gardent le silence, Ils craignent sa vengeance. SUISSES Assurons en silence Les coups de la vengeance. GUILLAUME d'une voix très forte et secouant ses chaînes Anathème à Gesler. RODOLPHE et SOLDATS Subir tant d'insolence, O tourments de l'enfer! SUISSES s'agitant et se rapprochant Ecoutez la sentence Anathème à Gesler! GESLER montrant les Suisses Si l'un d'entre eux s'avance, désignant Tell Qu'il tombe sous le fer! SOLDATS Vive, vive Gesler! SUISSES sur la place, sur les toits, sur les arbres Anathème à Gesler! Appendices SCÈNE I Arnold, Mathilde.Intérieur d'une vieille chapelle en ruines, attenant aux jardins du palais d'Altdorf. MATHILDE Arnold, d'où naît ce désespoir? Est-ce là cet adieu si tendre Que j'espérais entendre? Vous partez, mais bientôt nous pourrons nous revoir. ARNOLD Non, je reste où m'enchaîne un terrible devoir; Je reste pour venger mon père. MATHILDE Qu'espérez-vous? ARNOLD C'est du sang que j'espère. Je renonce aux faveurs du sort, Je renonce à tout ce que j'aime, À la gloire, à vous-même!… MATHILDE À moi, Arnold? ARNOLD Mon père est mort; Il est tombé sous l'homicide glaive. MATHILDE Ciel! ARNOLD Savez-vous qui dirigea le fer? MATHILDE Ah! je frémis, achève! ARNOLD Votre effroi l'a nommé… Gesler! MATHILDE Gesler! Air MATHILDE Pour notre amour plus d'espérance; Quand ma vie à peine commence, Pour toujours je perds le bonheur Ah! Mathilde, dans le malheur, Pour toi, il n'y a plus de paix! De ton père, l'ombre indignée S'oppose à notre funeste amour. Un devoir cruel t'attend Arnold, fais ton devoir. Quel malheur que cet odieux jour! Je hais le sol où je suis née Maintenant que tu dois venger ton père À Mathilde, il ne t'est plus permis de penser! Loin de toi, mon bien-aimé, Je vivrais des jours de chagrin. Je ferais résonner en vain De ton nom les contrées Et dans mon cœur je porterai Ton image gravée. C'est toi qui me sauvas la vie, Cela ne mérite pas l'oubli! Quel bruit arrive à mon oreille? Des chants? des cris? Gesler s'éveille. Hélas! d'une fête guerrière Ces chants annoncent les apprêts. Du gouverneur fuis le palais, Toujours sa joie est meurtrière; Fuis, si jamais je te fus chère. Ah! fuis! Fuis, si jamais je te fus chère Ou tu me feras périr de douleur. Partout où le sort t'entrainera, Mon chagrin toujours te suivra. Les entends-tu? Ces chants Ils me remplissent de terreur! Par pitié, fuis sans tarder! Ah! songe à ton père… (Oh instants de douleur! Quel martyre pour mon cœur!) Je ne saurai jamais t'oublier! Arnold sort à gauche, Mathilde à droite. SCÈNE III Air JEMMY Ah, que ton âme se rassure; Le Ciel, les droits de la nature Vont lui parler pour nous. à Gesler Vois sa douleur, songe à mon âge, Tu veux contre son fils qu'il dirige ses coups! Sur un enfant tu fais tomber ta rage, Mais dans mon sein il a mis son courage. Si même au gré de ton courroux Le trépas devient mon partage, Va, de sa main il semblera doux. Le but est prêt, l'épreuve est sûre, Et je l'implore à tes jenoux. La mort que j'envisage Sourit à mon jeune âge; J'attends l'épreuve avec courage, Je l'implore à tes genoux. Rossini,Gioachino/Guillaume Tell/IV
https://w.atwiki.jp/chere/pages/13.html
Great Ghost Stories 収録作品(10話) The Phantom Coach (1864) Amelia B.Edwards 幽霊駅馬車 アメリア・エドワーズ To Be Taken with a Grain of Salt (1865) Charles Dickens Dickon the Devil (1872) J.S.Le Fanu The Judge s House (1891) Bram Stoker 判事の家 ブラム・ストーカー A Ghost Story (1892) Jerome K.Jerome The Moonlit Road (1894) Ambrose Bierce アンブローズ・ビアス The Monkey s Paw (1894) W.W.Jacobs 猿の手 W.W.ジェイコブス The Rose Garden (1911) M.R.James ローズガーデン M.R.ジェイムズ Bone to His Bone (1912) E.G.Swain 遺骨の主 E・G・スウェイン The Conffesion of Charles Linkworth (1912) E.F.Benson チャールズ・リンクワースの懺悔 E.F.ベンソン Dover Thrift Editions GREAT GHOST STORIES unabridged Edited by John Grafton Dover Publications, inc. New York このページは未完成です・・・
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3275.html
このテンプレはポリウト方式で作成されています。 こちらの役名一覧に和訳を記載して管理人までお知らせください。 ACTE PREMIER (Une cour de taverne allemande. A gauche, corps de bâtiment dont l'un des côtés fait face au public. Au premier étage, porte vitrée donnant sur le perron d'un escalier extérieur qui descend dans la cour. A droite, un hangar. Table et tonnelles) Scène Première (Bourgeois, puis Lothario. Les bourgeois sont attablés et boivent; quelques garçons de taverne sont occupés a les servir) ▼CHŒUR DES BOURGEOIS▲ Bons bourgeois et notables, Assis autour des tables, Fumons tranquillement, Et buvons en fumant! La bière brune ou blanche, Écume dans les pots! C'est aujourd'hui dimanche; C'est le jour du repos! (Lothario parait au fond sur le seuil de la taverne. Il s'avance lentement, s'arrête au milieu de la cour et chante en s'accompagna sur on luth) ▼LOTHARIO▲ Fugitif et tremblant, je vais de porte en porte, Où le hasard me guide, où l'orage m'emporte! Des misérables Dieu prend soin! Elle vit! Elle vit! Et je cherche sa trace! Je me repose un jour, un seul jour, et je passe!... Je vais plus loin, toujours plus loin! ▼UN BOURGEOIS▲ (à ses voisins) Oui; c'est Lothario, le vieux chanteur nomade. ▼DEUXIÈME BOURGEOIS▲ On dit que le malheur a troublé sa raison. ▼UN BOURGEOIS▲ D'où vient-il? ▼DEUXIÈME BOURGEOIS▲ On l'ignore. ▼CHŒUR▲ Allons, mon camarade! Viens boire, et laisse-là ta plaintive chanson! On fait asseoir Lothario sous la tonnelle, et on lui verse à boire. ▼REPRISE DU CHŒUR▲ Bons bourgeois et notables, Assis autour des tables, Fumons tranquillement, Et buvons en fumant. La bière brune et blanche Écume dans les pots! C'est aujourd'hui dimanche, C'est le jour du repos! (Quelques buveurs remontent au fond et se groupent sur le seuil de taverne) Scène Seconde (Les Mêmes, Jarno, Safari, Zingari, Paysans de la Foret Noire, puis Philine et Laërte sur le balcon, puis Mignon) ▼QUELQUES PAYSANS▲ (entrant) Place, amis! faites place aux enfants de Bohême, Aux tsiganes, aux zingari!... Voici toute la bande avec Jarno lui-même, Et son compère Zafari! (Entrée des Bohémiens. La bande défile autour du théâtre. Un chariot couvert d'une toile grossière et chargé d'oripeaux de toutes sortes, est traîné sur le devant de la scène par deux ou trois zingari en haillons. Jarno est debout sur le chariot. Mignon, enveloppée d'un vieux manteau rayé, dort sur une botte de paille au fond du chariot. Un groupe de danseurs, le tambour de basque en main, s'élance en scène. Zafari saisit son violon et donne le signal de la danse. Un tambourin et un hautbois l’accompagnent) ▼PHILINE▲ (paraissant sur le balcon suivie de Laërte) Laërte, ami Laërte, accourez au plus vite! Voilà qui nous promet un spectacle engageant!... Mais ne vous moquez pas et soyez indulgent! A vous asseoir je vous invite. (Laërte s'asseoit sur le balcon a côté de Philine) Danse bohèmienne ▼CHŒUR▲ Plus vives que l'oiseau des cieux, Plus rapides que l'éclair même, Filles d'Égypte et de Bohême, Frappez le sol d'un pied joyeux!... Ta, la, ralla! ta, la, ralla! O filles de Bohême, Filles au cœur joyeux, Vous aimez, on vous aime, Et tout est pour le mieux!... (Jarno s'avance au milieu du théâtre et salue l'assemblée. Quelques pièces de monnaie tombent à ses pieds. Zafari les ramasse) ▼JARNO▲ Pour gagner maintenant toute votre indulgence, Et vous remercier de vos dons généreux, Mignon va vous montrer sa vive intelligence En dansant devant vous le fameux pas des œufs! ▼LE CHŒUR, PHILINE, LAERTE▲ Vivat! rapprochons-nous d'eux Ma foi! restons-là tous deux Pour voir la danse des oeufs. Pour voir la danse des œufs. ▼JARNO▲ (se tournant vers Zafari) Toi, Zafari, prépare Ton concerto le plus savant!... (Aux autres Zingari) Couvrez le sol d'un tapis rare!... (S'approchant du chariot et réveillant Mignon) Et toi, Mignon, debout! en avant! en avant! (Zafari prélude sur son violon. Une vieille zingara couvre le sol d'un lambeau de tapis. Les œufs y sont déposés par un enfant. Mignon s'éveille a la voix de Jarno et s'avance au milieu du cercle des curieux. Elle tient un bouquet de fleurs sauvages à la main et semble sortir d'un rêve) ▼PHILINE▲ (à Jarno, du haut du balcon) Holà! mon cher monsieur, vous plait-il de nous dire Quel est ce pauvre enfant qui semble vous maudire De l'avoir de la sorte éveillé sans façon?... Est-ce une fille? est-ce un garçon?... ▼UN GROUPE DE VIEUX BOURGEOIS▲ Ces filles de Bohême Ont de fort jolis yeux, Et ma femme elle-même Ne danserait pas mieux!... ▼JARNO▲ Ni l'un ni l'autre, belle dame, Ni garçon, ni fille, ni femme. ▼PHILINE▲ Qu'est-ce donc alors? ▼JARNO▲ (écartant le manteau qui couvre Mignon) C'est Mignon. (Philine et le chœur éclatent de rire) ▼MIGNON▲ (à part) Ces yeux fixés sur moi... Ce rire qui m'outrage!... Retrouve ta fierté, mon cœur et ton courage!... ▼JARNO▲ Allons, saute, Mignon! ▼MIGNON▲ (frappant la terre de son pied nu) Non, non, non, non! Je brave ta menace! De t'obéir à la fin je suis lasse! ▼JARNO▲ Tu refuses! (Se tournant vers les zingari) Holà! vous autres, mon bâton! ▼LAERTE, PHILINE, CHŒUR▲ Danse, Mignon, Gare au bâton! ▼JARNO▲ Danse, Mignon, Méchant démon, Ou mon bâton Saura te mettre à la raison! ▼MIGNON▲ Non, non, non, non, non, non! ▼LOTHARIO▲ (courant à Mignon qu'il étreint dans ses bras) Reprends courage! Viens, pauvre enfant, Contre sa rage Je te défends! ▼JARNO▲ (avec colère) Au diable! au diable! Vil misérable! (Il repousse violemment Lothario) Danse, Mignon! Méchant démon! Ou mon bâton Saura te mettre à la raison! ▼MIGNON▲ Non, non, non, non, non, non! (Jarno lève' son bâton sur Mignon. Entre Wilhelm en habit de voyage, suivi d'un valet qui porte sa valise et son manteau) Scène Troisième (Les Mêmes, Wilhelm) ▼WILHELM▲ (s'élançant an secours de Mignon, et retenant le bras de Jarno) Holà! coquin! arrête, ou ton heure est venue! ▼JARNO▲ Hein? Plait-il? ▼WILHELM▲ (tirant un pistolet de sa poche) Si tu fais un seul pas je te tue! ▼JARNO▲ C'est bon! Je me tiens coi! (D'un ton lamentable) Mais je suis ruiné! Qui de vous me paîra ma recette perdue? ▼PHILINE▲ (sur le balcon, jetant sa bourse à Jarno) Tiens donc! Prends et tais-toi! que tout soit pardonné. ▼MIGNON▲ (partageant son bouquet entre Wilhelm et Lothario) A vous ces fleurs, amis, qui m'avez défendue!... Concertante ▼WILHELM▲ Qui diantre aurait pu prévoir Cette bizarre aventure! Mon cœur, pauvre créature, M'a seul dicté mon devoir! ▼JARNO▲ Messieurs, revenez nous voir, Oubliez cette aventure, Vous serez, je vous le jure, Très contents de nous ce soir. ▼PHILINE▲ (à part) Quel est, je veux le savoir, Ce beau coureur d'aventure? Il nous cache sa figure Et n'a pas l'air de nous voir. ▼LE CHŒUR▲ (à Jarno) Nous reviendrons tous vous voir Tant que le dimanche dure, On chemine à l'aventure Et l'on vient danser le soir. ▼LAERTE▲ (à Philine) Ce beau garçon à l'œil noir, Ce beau coureur d'aventure Quel est-il? ah! je le jure, Vous brûlez de le savoir. ▼MIGNON▲ (priant à l'écart) O Vierge, mon seul espoir, Protège ta créature! Je me courbe sans murmure Devant ton divin pouvoir! ▼LOTHARIO▲ (immobile et l'œil fixe, touchant les cordes de sa harpe) Sous le voile obscur du soir. Et sous la verte ramure, Un homme à la lourde armure Arrête son coursier noir! (Les bourgeois sortent par le fond. arno et les Bohémiens se retirent dans le hangar. Mignon les suit et Lothario s'éloigne lentement. Philine parle bas a Laërte en lui montrant Wilhelm du doigt. Elle rentre chez elle en riant et Laërte descend dans la cour par l'escalier extérieur) Scène Quatrième (Wilhelm, Laërte) ▼WILHELM▲ (parlant au valet qui le suit) Qu'on prenne soin de nos chevaux et qu'on mette ma valise en lieu sûr... quant à moi, je déjeunerai ici, sous lés arbres. (Le valet entre à l'alberge) ▼LAERTE▲ (s'approchant pour saluer Wilhelm) Monsieur... ▼WILHELM▲ (lui rendant son salut) Monsieur... ▼LAERTE▲ Je suis chargé par la jeune dame qui était tout à l'heure avec moi sur ce balcon, de vous faire ses compliments pour la façon vraiment chevaleresque dont vous avez secouru cette petite bohémienne contre les coups de canne de son gracieux maître. ▼WILHELM▲ Ce que j'ai fait, Monsieur, tout autre l'eût fait à ma place. ▼LAERTE▲ J'avoue que j'allais descendre, quand vous avez paru sur le seuil comme un Dieu sauveur; et si je me suis arrêté en chemin, c'est uniquement pour vous laisser la gloire de votre bonne action. ▼WILHELM▲ Je vous en remercie. ▼LAERTE▲ Nos cours sont faits pour se comprendre. (Ils se saluent) Permettez-moi, monsieur, de vous dire maintenant qui nous sommes. Il est bon quelquefois de savoir à qui l'on parle. Je me nomme Laërte et la dame du balcon a nom Philine. Vous voyez en nous les derniers débris d'une troupe de comédiens dont le directeur a, comme on dit, mis la clef sous la porte et décampé sans payer personne. Le fait en soi n'a rien d'extraordinaire, et nos pareils sont habitués de longue main à ces petits accidents de la vie de théâtre. Quelques. uns de nos camarades sont dispersés dans la ville, où ils végètent en attendant une occasion favorable... Philine compte sur sa bonne étoile et épuise gaiement ses dernières ressources sans s'inquiéter de l'avenir; quant à moi, je profite de l'occasion pour jouir de ma liberté, pour désapprendre toutes les sottises dont messieurs les poètes m'ont bourré la cervelle, pour dormir et manger à mes heures, et redevenir un citoyen comme un autre! (Déclamant) Mais un heureux hasard vous met sur mon chemin, Et je me fais honneur de toucher votre main!... (D'un ton naturel) Pardon!... l'habitude!... ▼WILHELM▲ (souriant) ‘Ne vous gênez pas pour moi; les vers ne me font pas peur. ▼LAERTE▲ Seriez-vous poète? ▼WILHELM▲ A mes moments perdus. ▼LAERTE▲ Diable! ▼WILHELM▲ Mais jamais à jeun; rassurez-vous! (une servante vient mettre le couvert) Vous plaît—il, cher monsieur, de partager mon modeste déjeuner? ▼LAERTE▲ Volontiers! ▼WILHELM▲ (à la servante qui prépare la table) Deux couverts... (A Laërte) Nous aurons tout le loisir de causer et de fêter, le verre en main, notre heureuse rencontre. ▼LAERTE▲ Mille grâces, cher monsieur?... ▼WILHELM▲ Wilhelm Meister. Et puisque vous m'avez dit qui vous êtes, je ne puis faire autrement que d'imiter votre franchise jusqu'au bout. Confidence pour confidence je suis le fils d'un honnête bourgeois de Vienne. J'ai quitté, il y a un an à peine, les bancs de l'université pour recueillir l'héritage paternel et faire mes premiers pas dans la vie. Je suis jeune, je suis riche, je suis libre!... amoureux... de l'amour! ami des beaux vers et de toutes les belles choses, curieux de voir le monde, et impatient de rencontrer de folles aventures! ▼LAERTE▲ (déclamant) O jeunesse! ▼WILHELM▲ (se levant) Je veux parcourir notre vieille Allemagne, Je veux voir la France et l'Italie et semer mon argent sur le sable de toutes les grandes routes!... Rondeau Oui, je veux par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaîment Tout m'attire ou m'enchante, Tout est nouveau pour moi ; Et je ris et je chante, et ne suis que ma loi! O maison paternelle! Je te fais mes adieux, Et j'ouvre enfin mon aile Comme un oiseau joyeux!... Oui, je veux par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaîment! Si l'amour sur ma route Ce soir me tend la main. Je m'arrête et l'écoute Sans attendre à demain! Mon cœur n'est point rebelle Au doux, plaisir d'aimer, et la voix d'une belle Est prompte à me charmer! Mais la femme rêvée Qu'on appelle tout bas, Je ne l'ai point trouvée! Je ne la connais pas!... Est-elle noble et belle? Est-elle brune ou blonde? Peu m'importe vraiment! Moi, je veux, par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaiement! ▼LAERTE▲ Le déjeuner est servi. ▼WILHELM▲ A table donc! ▼LAERTE▲ A table! (Riant) Un vrai déjeuner sous de vrais arbres... en compagnie d'un galant homme... qui n'a jamais joué la comédie!... c'est charmant, sur ma parole! (ils s'attablent) ▼WILHELM▲ Servez-vous sans façon, je vous prie. ▼LAERTE▲ Voilà, pardieu! un poulet qui n'est point en carton peint... permettez-moi de le découper... pour de bon. (il découpe le poulet) ▼WILHELM▲ Diable!... il me paraît dur... ▼LAERTE▲ Bah! avec de la vigueur... et de bonnes dents! ▼WILHELM▲ A votre santé! ▼LAERTE▲ A la vôtre. ▼WILHELM▲ Que dites-vous de ce petit vin du Rhin? ▼LAERTE▲ Du Johannesburg... d'Alsace!... (il boit et mange) Ainsi, cher monsieur... Wilhelm Meister, vous vous proposez de parcourir le mondé entier... Eh bien! prenez garde de vous arrêter à la première étape! ▼WILHELM▲ Comment? ▼LAERTE▲ N'allez pas, veux-je dire, vous empêtrer tout d'abord dans quelque piège amoureux! (Mordant avec rage dans une aile de poulet) Décidément les poulets d'auberge ne valent pas mieux que ceux de théâtre!... Celui-ci n'est pas en carton... non!... il est en bois! ▼WILHELM▲ (riant) C'est un coq. ▼LAERTE▲ Gaulois! ▼WILHELM▲ Oui... Il est un peu vieux. ▼LAERTE▲ Et le vin est jeune! (il boit) Moi qui vous parle, Monsieur, j'étais parti comme vous... de mon village, pour aller... jusqu'à la lune... avec mes vingt ans et les écus de mon oncle défunt!... (Faisant un effort pour avaler) Ah! l'animal! ▼WILHELM▲ (riant) Votre oncle!... ▼LAERTE▲ Non... le coq!... ma foi I j'y renonce!... (il repousse son assiette) A notre première halte, j'entre dans une grange où des histrions de campagne jouaient la comédie. J'avise, à la lueur des chandelles, certaine fille de quinze ans, blonde comme les blés! avec des yeux de myosotis, — c'était l'ingénue de la troupe. J'en deviens amoureux sur l'heure. Je me déclare le lendemain, et je l'épouse huit jours après. Mais le soir même de la noce, monsieur, je surprends un autre... Roméo aux pieds de Juliette! je me bats, je suis blessé, et le vainqueur s e sauve avec ma femme et mon argent! J'avais passe en quelque jours par toutes les émotions de l'amant, du fiancé, du mari et... du veuf!... (il boit) mon désir do voyager était passé, ma soif d'aventures était satisfaite... El le diable finalement me fit comédien!... Vous voyez que je ne suis pas payé pour aimer mon métier, et que j'ai mes raisons pour vous dire de prendre garde aux femmes!... ▼WILHELM▲ (souriant) Vous paraissez pourtant fort bien avec la dame du balcon. ▼LAERTE▲ Qui, Philine? Cela ne tire pas à conséquence, je vous jure. Nous connaissons beaucoup trop pour nous aimer. ▼WILHELM▲ Bah! (Philine entre ouvre la fenêtre et s'avance sur le balcon pour écouter. Elle a remplacé son peignoir du matin par une élégante robe do voyage) ▼LAERTE▲ Nous nous sommes débité de si belles choses en vers devant le public, que nous ne trouvons plus rien à nous dire en prose, quand nous sommes seuls face à face. ▼WILHELM▲ (riant) Vraiment! ▼LAERTE▲ Les loups d'ailleurs ne se dévorent pas entre eux, vous savez? ▼WILHELM▲ On le dit. ▼LAERTE▲ Mais vous, c'est différent! Vous n'êtes pas du métier! Vous êtes jeune, ardent, curieux... et plein d'illusions! Méfiez vous de la dame! Je suis trop son ami et je tiens trop à devenir le vôtre pour ne pas vous donner ce bon avis. ▼WILHELM▲ Mais... ▼LAERTE▲ Vive, coquette, rusée, menteuse et vaine comme toutes ses pareilles; plus légère que le vent, plus perfide que l'onde, plus changeante que la lune ; c’est avec tous ces défauts la plus dangereuse fille que je connaisse! Buvons à sa santé! (Ils trinquent et boivent. Philine descend l'escalier pendant les dernières paroles de Laërte) Scène Cinquième (Les Mêmes, Philine) Terzetto ▼PHILINE▲ Eh! quoi! mon cher Laërte, en vidant votre verre, N'ajouterez-vous rien à ce portrait charmant? ▼WILHELM▲ (saluant Philine) Il vous juge en ami sévère, Et vos beaux yeux disent qu'il ment. ▼PHILINE▲ Je vous sais gré du compliment. Ensemble ▼PHILINE▲ (à part) Essayons de nos charmes Pour nous venger un peu. Me voilà sous les armes, Le reste n'est qu'un jeu! ▼WILHELM▲ (à part) Que de grâces et de charmes! Quels regards pleins de feu! Les soupirs et les larmes Sont ici hors de jeu. ▼LAERTE▲ (riant) La voilà sous les armes, Nous allons voir beau jeu! Devait de pareils charmes Son cœur va prendre feu! ▼PHILINE▲ (s'adressant a Wilhelm) En ce pauvre monde où nous sommes Si toute femme est comme moi Coquette, légère et sans foi. Hélas! Que dirons-nous des hommes? (Montrant Laërte) Combien j'en connais comme lui, Qui traînent chez nous leur ennui, Se vantant de haïr les belles Qu'ils n'ont pas eu l'art de charmer; Et qui nous traitent d'infidèles Sans avoir su se faire aimer. ▼WILHELM▲ (riant) Très bien dit! Vous voilà vengée! ▼LAERTE▲ Bravo! l'affaire est engagée!... Permettez, sans plus de façon, Qu'on vous présente l'un à l autre. (Présentant Wilhelm à Philine) Monsieur Wilhelm Meister, un aimable garçon, Qui vous offre son cœur en échange du vôtre. (Présentant Philine à Wilhelm) La signora Philine, un ange en falbala, Qui vous trouve charmant et voudrait vous le dire. (A Philine) Décochez à monsieur votre plus doux sourire. (A Wilhelm) Offrez votre bouquet à madame... (Il prend le bouquet et le donne à Philine) Voilà! Reprise de l'ensemble ▼WILHELM▲ (à part) Que de grâce et de charmes! Quels regards pleins de feu! Les soupirs et les larmes Sont ici hors de jeu! ▼PHILINE▲ (à part) Essayons de nos charmes Pour nous venger un peu. Me voilà sous les armes, Le reste n'est qu'un jeu! ▼LAERTE▲ (riant) La belle est sous les armes, Nous allons voir beau jeu! Devant de pareils charmes Son coeur va prendre feu! ▼PHILINE▲ (à Wilhelm) Je vous prie, Monsieur, d'excuser les folies de mon ami. (à Laërte) Vous, offrez-moi votre bras, s'il vous plaît. ▼LAERTE▲ Nous sortons? ▼PHILINE▲ Oui, je vous emmène pour soustraire M. Meister à vos mauvais conseils. ▼LAERTE▲ (riant) Et pour fuir comme le Parthe. (Déclamant) " En lui perçant le cœur d'un dard empoisonné" (D'un ton naturel) Où allons-nous? ▼PHILINE▲ A l'aventure. (Bas) Ma bourse est vide... ▼LAERTE▲ Diable I... la mienne aussi! ▼PHILINE▲ Il s'agit de trouver par la ville un honnête joaillier à qui je puisse vendre quelques bijoux. ▼LAERTE▲ (bas) Vous êtes bien heureuse d'avoir encore des bijoux à vendre!... (Haut) Allons. ▼PHILINE▲ (lui prenant le bras) A propos, avez-vous entendu parler de notre ami Frédéric? ▼LAERTE▲ En aucune façon. ▼PHILINE▲ Depuis huit jours qu'il ne m'a pas vue, il doit être mort! ▼LAERTE▲ C'est probable, (a Wilheim) Nous vous retrouverons ici, n'est-ce pas? ▼PHILINE▲ (riant) Certainement! Est-ce qu'on s'en va quand on m'a vue! ▼LAERTE▲ On ferait mieux de s'en aller! ▼PHILINE▲ Insolent! (a Wilheim) A bientôt, Monsieur. (Ils sortent) Scène Sixième (Wilhelm, puis Mignon) ▼WILHELM▲ (gaiement) Voilà, pardieu! une charmante fille!... un peu folle... et très coquette sans doute, mais charmante! (Mignon sort timidement du hangar) ▼MIGNON▲ (a part) Il est seul. ▼WILHELM▲ Laërte a beau dire, ses sages avis ne m'empêcheront pas, je crois, d'en devenir amoureux!... (Apercevant Mignon) Ah! c'est toi, pauvre enfant! ▼MIGNON▲ Le maître s'est endormi et je viens te remercier. ▼WILHELM▲ Bon!... ne m'as-tu pas remercié déjà en me donnant ton bouquet? ▼MIGNON▲ Mon bouquet... ▼WILHELM▲ (à part) Diable! je l'ai laissé prendre par Philine! ▼MIGNON▲ (à part) Qu'en a-t-il fait?... ▼WILHELM▲ Le service que je t'ai rendu ne mérite pas tant de reconnaissance. Ce misérable voulait te battre, je lui ai fait pour en le menaçant et tu as échappé pour cette fois à sa colère. Voilà tout. Demain je ne serai plus là pour te défendre. Musique à l'orchestre ▼MIGNON▲ Demain, dis-tu? Qui sait où nous serons demain? L'avenir est à Dieu! le temps est dans sa main. ▼WILHELH▲ Quel est ton nom? ▼MIGNON▲ Us m'appellent Mignon, Je n'ai pas d'autre nom. ▼WILHELM▲ Quel âge as-tu? ▼MIGNON▲ Les bois ont reverdi, les fleurs se sont fanées, Personne n'a pris soin de compter mes années. ▼WILHELM▲ Quel est ton père? Quelle est ta mère? ▼MIGNON▲ Hélas! ma mère dort, Et le grand diable est mort! ▼WILHELM▲ Le grand diable! Que veux-tu dire? ▼MIGNON▲ C'était mon premier maître. ▼WILHELM▲ Celui qui t'a vendue à cet homme!... (L'examinant avec intérêt) Mais comment étais-tu tombée entre ses mains? Parle! Je puis peut-être venir à ton secours et t'arracher à cette vie misérable! On t'a volée à ta famille, sans doute? N'as-tu pas conservé quelque souvenir de ton enfance? (Mignon le regarde sans répondre) Tu gardes le silence! Tu n'oses te confier à moi! ▼MIGNON▲ (cherchant à rappeler tes souvenirs, et comme se parlant à elle-même) De mon enfance, une seule chose est restée gravée dans mon esprit, précise comme au premier jour. Je m'étais écartée de la maison de mon père et j'errais à l'aventure dalla campagne, quand je me vis entourée par des hommes à figure étrange. Je les suppliai de me ramener chez mon père en leur indiquant le chemin qu'ils devaient suivre; ils me le promirent et m'emmenèrent avec eux. Mais, la nuit, comme ils croyaient que je dormais, j'entendis l'un d'eux qui disait « Elle pourra nous être utile ; il faut lui faire quitter son » pays au plus vite!... » ▼WILHELM▲ Dis-moi donc quelles contrées tu as traversées pour venir jusqu'ici, vers quels lieux lointains tu voudrais être ramenée. ▼MIGNON▲ I. Connais-tu le pays où fleurit l'oranger, Le pays des fruits d'or et des roses vermeilles, Où la brise est plus douce et l'oiseau plus léger, Où dans toute saison butinent les abeilles? Où rayonne et sourit, comme un bienfait de Dieu, Un éternel printemps sous un ciel toujours bleu? Hélas! que ne puis-je te suivre Vers ce rivage heureux d'où le sort m'exila! C'est là que je voudrais vivre, Aimer et mourir I — c'est là! II Connais-tu la maison où l'on m'attend là-bas? La salle aux lambris d'or où des hommes de marbre m'appellent dans la nuit en me tendant les bras, et la cour où l'on danse à l'ombre d'un grand arbre? Et le lac transparent où glissent sur les eaux Mille bateaux légers pareils à des oiseaux?... Hélas! que ne puis-je te suivre Vers ce pays lointain d'où le sort m'exilai C'est là que je voudrais vivre, Aimer et mourir! — c'est là!... ▼WILHELM▲ Ce pays enchanté dont tu parles, cette contrée heureuse dont ton cœur a gardé le souvenir, n'est-ce pas l'Italie, chère petite? ▼MIGNON▲ (rêveuse) L'Italie!... Je ne sais... ▼WILHELM▲ (à part) Étrange créature! (Jarno sort du hangar) Scène Setième (Les Mêmes, Jarno) ▼JARNO▲ Ah! ah! Il parait que l'enfant vous plait... mon prince, vous voulez- me la débaucher!... ▼WILHELM▲ (avec colère, eu saisissant Jarno au collet) Misérable! ne souille pas les oreilles de cette enfant par tes infâmes soupçons! ▼JARNO▲ Non! je me contenterai de les lui frotter ce soir en votre honneur. ▼WILHELM▲ Si tu oses la maltraiter encore, je te dénoncerai à la justice qui saura te faire rendre cette pauvre petite à la famille à laquelle tu l'as sans doute volée! ▼JARNO▲ Volée! tout le monde est témoin que je ne l'ai pas volée, Monsieur, mais nourrie, élevée, comme mon enfant! comme mon propre enfant! ▼WILHELM▲ Quelle est donc son origine? ▼JARNO▲ (d'un ton bourru) Je l'ignore! Tout ce que j'en sais, c'est que j'en ai hérité de mon frère qu'on avait surnommé le Grand diable, à cause de ses merveilleux talents! Au surplus, puisqu'elle vous intéresse si fort, remboursez-moi ce qu'elle m'a coûté en costumes et en nourriture, et vous déciderez de son sort comme vous l'entendrez! ▼WILHELM▲ Soit. — J'accepte ta proposition. ▼JARNO▲ (étonné) Ah! bah! ▼MIGNON▲ (à part) Que dit-il? ▼WILHELM▲ (à Jarno) Viens avec moi... je te donnerai l'argent que tu demandes et, en retour, tu me signeras un écrit qui rende la liberté à Mignon. ▼JARNO▲ Pourvu que je sois payé, je vous signerai tout ce que vous voudrez. ▼WILHELM▲ Viens donc! (a Mignon) Dans un instant tu seras libre. A bientôt, chère enfant. (Il entraîne Jarno dans l'auberge) Scène Huitième (Mignon, puis Lothario) ▼MIGNON▲ Libre! libre! Est-ce vrai'?... L'ai-je entendu? (Apercevant Lothario qui parait an fond) Ah! viens partager ma joie et sois béni comme lui, toi qui as pris ma défense! ▼LOTHARIO▲ Je te cherchais pour te faire mes adieux... J'ai voulu to revoir avant de partir. ▼MIGNON▲ Pourquoi partir déjà? ▼LOTHARIO▲ Il le faut. ▼MIGNON▲ Seul!... sans guide! (a part) Pauvre vieillard privé de raison! (Haut, avec intérêt) Vas-tu au Nord ou au Midi? ▼LOTHARIO▲ Les hirondelles que tu vois glisser dans le ciel s'enfuient vers le Midi; je vais là où elles vont!... ▼MIGNON▲ (tristement) Que ne puis-je comme elles, à travers l'espace, m'envoler vers ma patrie! Donne-moi ton luth!... ▼LOTHARIO▲ Le voici. ▼MIGNON▲ Écoute. (Elle chante en s'accompagnant sur la harpe) Duetto ▼MIGNON▲ Légères hirondelles, Oiseaux bénis de Dieu, Ouvrez, ouvrez vos ailes, Envolez-vous! Adieu ▼LOTHARIO▲ (l'écoutant) Le vieux luter s'éveille Sous ses jeunes doigts Et semble, ô merveille! Répondre à sa voix. ▼MIGNON▲ Fuyez vers la lumière. Fuyez vite là-bas vers l'horizon vermeil! Heureuse la première Qui reverra demain le pays du soleil! ▼ENSEMBLE▲ Légères hirondelles, Oiseaux bénis de Dieu, Ouvrez, ouvrez vos ailes, Envolez-vous! adieu I (On entend dans la coulisse la voix et les éclats de rire de Philine) ▼MIGNON▲ Encore cette femme! Je ne veux pas la voir! Viens!... (Elle entraîne Lothario sous le hangar) Scéne Neuvième (Philine, Frédéric, puis Wilhelm et Jarno. Philine entre en riant aux éclats ; Frédéric la suit on secouant ses habits couverts de poussière) ▼PHILINE▲ Non! Laissez-moi rire, mon cher Frédéric... cette façon de tomber à mes pieds, en passant par-dessus la tète de votre cheval, est tout à fait galante. Je ne vous savais pas de cette force Sûr la voltige!... ▼FRÉDÉRIC▲ Oui, raillez! Quand j'ai crevé cette malheureuse bête pour vous revoir plus vite!... ▼PHILINE▲ No voulez-vous pas que je lui paie un tribut de larmes? Quand je vous le disais, que vous me reviendriez bientôt? Est-ce que vous pouvez vivre loin de moi? (Elle rit) ▼FRÉDÉRIC▲ Ah! cruelle! vous me faites déjà repentir d'être revenu! ▼PHILINE▲ (riant) Qui vous empêche de repartir? (Wilhelm sort de l'auberge suivi de Jarno) ▼WILHELM▲ C'est entendu! Mignon est libre! ▼JARNO▲ C'est entendu! je vais lui donner ses bardes et je vous l'envoie, (a part) Cent ducats! l'affaire est bonne! (Il entre sous le hangar) Scène Dixième (Wilhelm, Philine, Frédéric) ▼PHILINE▲ (s'approchant de Wilhelm) Comment! qu'entends-je là! Vous avez payé la liberté de cette jeune bohémienne! C'est fort généreux à vous. ▼WILHELM▲ Je l'ai interrogée, et elle m'a inspiré un vif intérêt. ▼PHILINE▲ Qu'en voulez-vous faire? ▼WILHELM▲ Je la laisserai ici, en apprentissage chez quelque honnête ouvrière. ▼PHILINE▲ (riant) Donnez-la moi plutôt; je lui apprendrai à jouer la comédie... et elle m'enseignera, en retour, la danse des œufs. ▼WILHELM▲ Ne vous moquez pas de cette malheureuse, ce serait trop cruel de votre part. ▼FRÉDÉRIC▲ (à Philine d'au air furieux) D'où sort celui-là? (Il s'avance entre Wilhelm et Philine pour les séparer) ▼PHILINE▲ (passant devant lui) Otez-vous de là. (a Wilhelm) M. Meister, je vous présente le jeune Frédéric, un petit écolier qui s'est échappé pour moi de l'Université, et que je ferai reconduire un jour chez ses parents, lorsque je les connaîtrai. Pour me suivre, il est capable de tout, il se ferait volontiers souffleur, allumeur de lampes, maître de ballet ou coiffeur de la troupe! Enfin, c'est un de mes adorateurs les plus entêtés et les plus jaloux. Il me quitte régulièrement tous les huit jours et me revient régulièrement huit jours après! (Prenant la main de Frédéric) M. Frédéric... approchez donc!... je vous présente M. Wilhelm Meister, un homme que vous aimerez, j'en suis sûre, car notre ami Laërte lui a fait promettre de ne pas me faire la cour. ▼WILHELM▲ (bas, en souriant) Je n'ai rien promis. ▼FRÉDÉRIC▲ (à part) La coquette! ▼WILHELH▲ (à part) Elle est charmante! ▼PHILINE▲ (à part) Il m'aime déjà! (Haut) Mais où donc est Laërte? ▼LAERTE▲ (du dehors) Philine!... ma chère Philine!... ▼WILHELM▲ Le voici!... Scène Onzième (Les Mêmes, Laërte) ▼LAERTE▲ (entrant vivement une lettre à la main) Victoire! ▼PHILINE▲ Qu'y a-t-il?... ▼LAERTE▲ Tiens, Frédéric! (Lui tendant la main) Bonjour! ▼FRÉDÉRIC▲ (d¡un air désolé) Bonjour. ▼LAERTE▲ Ho! ho! quel air funèbre! ▼PHILINE▲ Il a crevé un cheval pour nous rejoindre! ▼LAERTE▲ (se tournant vers Frederick) Pauvre béte! ▼FRÉDÉRIC▲ Qu'y a-t-il?... ▼LAERTE▲ Je parle du cheval. ▼PHILINE▲ Voyons vos nouvelles? ▼LAERTE▲ Nous triomphons de la mauvaise fortune, ma chère! Nous allons vivre dans les délices de Capoue et exercer nos talents devant une assemblée digne de nous! ▼PHILINE▲ Comment cela? ▼LAERTE▲ Nos camarades se disposent à partir; ils viendront nous rejoindre ici tout à l'heure. (Lui donnant la lettre) Et voici la lettre qui vous concerne. ▼PHILINE▲ Lisez-nous cela, Laërte. ▼LAERTE▲ (à Wilhelm) Vous permettez? (Ouvrant la lettre et lisant) « Ma toute belle, pour fêter dignement le passage du prince de Tiefenbach qui doit s'arrêter quelques jours dans mon château, j'ai pensé à lui donner le plaisir de quelques représentations dramatiques, et j'ai fait mander à vos camarades que je les attendais aujourd'hui même; pour vous, ma toute belle, qui êtes l'étoile de cette compagnie, je vous envoie un carrosse pour faire commodément la route. J'espère que vous accepterez cette invitation et que vous n'aurez pas à vous plaindre de l'hospitalité que vous recevrez chez votre plus dévoué admirateur et ami. Le baron de Rosemberg. » ▼FRÉDÉRIC▲ Mon oncle! ▼PHILINE▲ (éclatant de rire) Votre oncle! Le baron est votre oncle! ▼FRÉDÉRIC▲ Hélas! oui. ▼PHILINE▲ Eh bien! soyez tranquille! Je lui en dirai de belles sur votre compte! ▼FRÉDÉRIC▲ Vous acceptez donc son invitation? ▼PHILINE▲ Avec empressement!... Et son carrosse aussi! ▼FRÉDÉRIC▲ Mais... ▼PHILINE▲ Quoi? ▼FRÉDÉRIC▲ Je le connais, mon oncle!... il est homme à... ▼PHILINE▲ A vous disputer mon cœur!... et à vous déshériter pour mes beaux yeux! nous rirons! ▼FRÉDÉRIC▲ (exaspéré) Morbleu! (Il remonte au fond et va causer avec Laërte) ▼PHILINE▲ (se tournant vers Wilhelm) Quant à vous, cher monsieur, s'il vous prenait fantaisie de nous accompagner, je vous présenterais au baron comme le poète de la troupe... ▼WILHELM▲ (souriant) Moi? ▼PHILINE▲ Pourquoi non? Cette petite fête promet d'être charmante!.. Et l'on n'a pas tous les jours l'occasion de voir de près un prince de Tiefenbach! Si vous venez, d'ailleurs... vous me ferez plaisir. C'est convenu, n'est-ce pas? (Elle remonte tors l'auberge) ▼FRÉDÉRIC▲ Philine! ▼PHILINE▲ Vous!... (Elle monte l'escalier qui conduit à sa chambre) si Vous vous avisez de nous suivre... je vous livre à votre oncle! ▼FRÉDÉRIC▲ Philine!... ▼PHILINE▲ (sur le balcon) Adieu! (Elle entre en riant chez elle et ferme la porta) ▼LAERTE▲ Elle se moque de vous, mon cher. ▼FRÉDÉRIC▲ Si je le croyais! ▼LAERTE▲ Vous pouvez en être sûr. ▼FRÉDÉRIC▲ Maudite coquette! maudit baron!... maudite lettre!... (Tendant la main à Laërte) Au revoir, Laërte. (Tournant le dos à Wilheim) Vous, Monsieur... je ne vous salue pas! ▼WILHELM▲ Plaît-il? (Laërte retient Wilheim; Frédéric sort furieux) Scène Douzième (Laërte, Wilhelm) ▼LAERTE▲ La jalousie lui fait perdre la tête!... Il vous croit déjà dans les bonnes grâces de sa belle! ▼WILHELM▲ Moi! quelle folie! ▼LAERTE▲ Oui, les amoureux sont toujours fous! surtout ceux que Philine a ensorcelés... comme celui-là! Vous savez ce que je vous ai dit là-dessus... Je vais payer ma note et je reviens vous serrer la main si nous devons nous séparer. (Il entre dans l'auberge) ▼WILHELM▲ (rêvant) La suivre dans ce château... pourquoi pas?... Scène Treizième (Wilhelm, Mignon, puis Lothario) ▼MIGNON▲ (accourant vers Wilhelm) Me voici! tu m'as rachetée, A ton gré dispose de moi! ▼WILHELM▲ Je sais en cette ville, où le sort t'a jetée, D'honnêtes gens chez qui tu seras bien traitée. ▼MIGNON▲ (vivement) Pourquoi me séparer de toi! ▼WILHELM▲ (souriant) Je ne puis t'emmener avec moi, pauvre fille! Et m'imposer les soins d'un père de famille. ▼MIGNON▲ Ne peux-tu m'habiller comme un jeune garçon. Et me laisser porter ta livrée. ▼WILHELM▲ (lui prenant les mains) A quoi bon? ▼MIGNON▲ (avec un élan passionné) Envers qui me délivre Je voulais m'acquitter! J'étais prête à te suivre Pour ne plus te quitter! ▼WILHELM▲ Des mains de ce sauvage Libre pour un peu d'or, Quel nouvel esclavage Veux-tu subir encor? ▼MIGNON▲ (tristement) C’est bien!... puisque ta main sans pitié me repousse, (Montrant Lothario qui paraît sur le seuil du hangar) Je pars avec lui!... ▼LOTHARIO▲ (accourant vers Mignon et l’entourant de ses bras) Viens! La libre vie est douce! A l'ombre des grands bois sous le ciel étoile, Nous trouverons un lit de fougère et de mousse Et tu partageras le pain de l'exilé!... (Il veut entraîner Mignon) ▼WILHELM▲ (l'arrêtant) Non! pauvre enfant! pour toi l'avenir m'épouvante! Jeune fille ou garçon, serviteur ou servante, Reste avec moi si tu le veux! Le sort en est jeté! ¡Je me rends à tes vœux! Ensemble ▼MIGNON▲ (baisant la main de Wilhelm avec transport) Envers qui me délivre Je pourrai m'acquitter! Je suis prête à te suivre Pour ne plus te quitter! ▼WILHELM▲ (lui souriant avec bonté) L'ami qui te délivre Ne doit plus te quitter! Libre à toi de me suivre; Il faut te contenter. ▼LOTHARIO▲ (à part, retombant dans son extase habituelle) Dieu bon! laissez-moi vivre Espérer et chanter!... Scène Quatorzième (Les mêmes, comédiens et comédiennes, Philine, Laërte, Jarno, .les bohémiens, bourgeois et paysans. Les comédiens envahissent la cour de l'auberge. Ils sont en habits de voyage et portent sur l'épaule on à la main des paquets et des valises qui contiennent leurs bardes de théâtre. La duègne tient un carlin entre ses bras. L’amoureux de la troupe s'abrite sous un léger parasol vert) ▼WILHELM▲ Ah! voici déjà toute la troupe comique qui se prépare à partir avec Philine! ▼CHŒUR DES COMÉDIENS▲ En route, amis, plions bagage! La chance nous sourit enfin! Que la gaîté soit du voyage, Au diantre la soif et la faim! Oublions nos repas d'auberge, Et saluons, chapeau levé, Ce vieux castel où l'on héberge Les histrions sur le pavé! ▼LES COMÉDIENNES▲ (avec dépit) C’est, je gage, à Philine Que le baron destine Ces laquais élégants Et ces chevaux fringants! (Les bohémiens sortent du hangar. Les bourgeois et les paysans se pressent au fond delà scène; un laquais fend la foule des curieux et vient saluer Philine qui descend l'escalier de sa chambre, au bras de Laërte) ▼PHILINE▲ Qui m'aime, me suive! Et toi, Dieu des amours, Sois notre convive, A ton appel j'accours! ▼LAERTE▲ (au laquais) Nous vous suivons, (Aux garçons d'auberge qui portent colles de Philine) Allez devant, vous autres! (Aux comédiens) Je vous précède, amis, pour vous mieux recevoir! Un splendide festin vous attendra ce soir! ▼LES COMÉDIENS▲ Vivat! ▼PHILINE▲ (bas à Wilhelm, lui tendant la main) Et vous, Monsieur, n'êtes-vous pas des nôtres?... Grâce au galant seigneur Qui, pour nous faire honneur, Nous prête son carrosse, Nous allons voyager, et nous faire héberger, Comme en un jour de noce! ▼WILHELM▲ (portant la main de Philine a ses lèvres) Oui, je veux vous revoir! Je serai de la fête! ▼PHILINE▲ Adieu donc, cher poète! J'emporte cet espoir; Et voilà pour ce soir, Mon seul bouquet de fête! (Elle montre à Wilhelm le bouquet qu'elle a reçu de lui. Mignon qui reparaît, son paquet à la main, s'approche vivement et reconnaît les fleurs qu'elle a données à Wilhelm) ▼MIGNON▲ (à part) Mon bouquet! ▼WILHELM▲ (à Mignon) Qu'as-tu donc? ▼MIGNON▲ Rien. ▼PHILINE▲ (bas à Laërte) Il m'aime! ▼LAERTE▲ (riant) Il est pris! ▼MIGNON▲ (montrant Lothario) Vois, de mes pauvres fleurs il n'a point fait mépris! II n'a pas rejeté mon bouquet, lui... ▼WILHELM▲ (bas en souriant) Pardonne! Je ne l'ai pas offert... on me l'a pris. ▼MIGNON▲ C'est bien!... emmène-moi!... Je t'appartiens!... Ordonne! (Aux bohémiens) Vous dont j'ai partagé La honte et la misère, Adieu!... (A l'enfant en lui passant une médaille au cou) Toi, pauvre enfant, sois un jour protège Par cette humble médaille! (A Jarno) Et toi, dont la colère.! M'a si souvent fait peur... hélas! (Lui tendant la main) Adieu! Mignon ne t'en veut pas! ▼LES COMÉDIENS▲ (au fond) Adieu, Philine, et bon voyage! ▼LES BOURGEOIS▲ (au fond) Adieu, la belle, et bon voyage! ▼LES BOHÉMIENS▲ Adieu, Mignon et bon voyage! ▼LOTHARIO▲ J'entends au loin gronder l'orage. ▼LES COMÉDIENS▲ En route, amis! plions bagage La chance nous sourit enfin! Que la gaîté soit du voyage! Au diantre la soif et la faim! Oublions nos repas d'auberge, Et saluons, chapeau levé, Ce vieux castel où l'on héberge Les histrions sur le pavé! (Wilhelm fait un dernier signe d'adieu à Philine. Les comédiens et les comédiennes se disposent à partir. Lothario s'assoit pensif sur le devant de la scène. Mignon s'arrête an milieu du théâtre, les yeux fixés sur "Wilhelm) ACTE PREMIER (Une cour de taverne allemande. A gauche, corps de bâtiment dont l'un des côtés fait face au public. Au premier étage, porte vitrée donnant sur le perron d'un escalier extérieur qui descend dans la cour. A droite, un hangar. Table et tonnelles) Scène Première (Bourgeois, puis Lothario. Les bourgeois sont attablés et boivent; quelques garçons de taverne sont occupés a les servir) CHŒUR DES BOURGEOISBons bourgeois et notables, Assis autour des tables, Fumons tranquillement, Et buvons en fumant! La bière brune ou blanche, Écume dans les pots! C'est aujourd'hui dimanche; C'est le jour du repos! (Lothario parait au fond sur le seuil de la taverne. Il s'avance lentement, s'arrête au milieu de la cour et chante en s'accompagna sur on luth) LOTHARIOFugitif et tremblant, je vais de porte en porte, Où le hasard me guide, où l'orage m'emporte! Des misérables Dieu prend soin! Elle vit! Elle vit! Et je cherche sa trace! Je me repose un jour, un seul jour, et je passe!... Je vais plus loin, toujours plus loin! UN BOURGEOIS(à ses voisins)Oui; c'est Lothario, le vieux chanteur nomade. DEUXIÈME BOURGEOISOn dit que le malheur a troublé sa raison. UN BOURGEOISD'où vient-il? DEUXIÈME BOURGEOISOn l'ignore. CHŒURAllons, mon camarade! Viens boire, et laisse-là ta plaintive chanson! On fait asseoir Lothario sous la tonnelle, et on lui verse à boire. REPRISE DU CHŒURBons bourgeois et notables, Assis autour des tables, Fumons tranquillement, Et buvons en fumant. La bière brune et blanche Écume dans les pots! C'est aujourd'hui dimanche, C'est le jour du repos! (Quelques buveurs remontent au fond et se groupent sur le seuil de taverne) Scène Seconde (Les Mêmes, Jarno, Safari, Zingari, Paysans de la Foret Noire, puis Philine et Laërte sur le balcon, puis Mignon) QUELQUES PAYSANS(entrant)Place, amis! faites place aux enfants de Bohême, Aux tsiganes, aux zingari!... Voici toute la bande avec Jarno lui-même, Et son compère Zafari! (Entrée des Bohémiens. La bande défile autour du théâtre. Un chariot couvert d'une toile grossière et chargé d'oripeaux de toutes sortes, est traîné sur le devant de la scène par deux ou trois zingari en haillons. Jarno est debout sur le chariot. Mignon, enveloppée d'un vieux manteau rayé, dort sur une botte de paille au fond du chariot. Un groupe de danseurs, le tambour de basque en main, s'élance en scène. Zafari saisit son violon et donne le signal de la danse. Un tambourin et un hautbois l’accompagnent) PHILINE(paraissant sur le balcon suivie de Laërte)Laërte, ami Laërte, accourez au plus vite! Voilà qui nous promet un spectacle engageant!... Mais ne vous moquez pas et soyez indulgent! A vous asseoir je vous invite. (Laërte s'asseoit sur le balcon a côté de Philine) Danse bohèmienne CHŒURPlus vives que l'oiseau des cieux, Plus rapides que l'éclair même, Filles d'Égypte et de Bohême, Frappez le sol d'un pied joyeux!... Ta, la, ralla! ta, la, ralla! O filles de Bohême, Filles au cœur joyeux, Vous aimez, on vous aime, Et tout est pour le mieux!... (Jarno s'avance au milieu du théâtre et salue l'assemblée. Quelques pièces de monnaie tombent à ses pieds. Zafari les ramasse) JARNOPour gagner maintenant toute votre indulgence, Et vous remercier de vos dons généreux, Mignon va vous montrer sa vive intelligence En dansant devant vous le fameux pas des œufs! LE CHŒUR, PHILINE, LAERTEVivat! rapprochons-nous d'eux Ma foi! restons-là tous deux Pour voir la danse des oeufs. Pour voir la danse des œufs. JARNO(se tournant vers Zafari)Toi, Zafari, prépare Ton concerto le plus savant!... (Aux autres Zingari) Couvrez le sol d'un tapis rare!... (S'approchant du chariot et réveillant Mignon) Et toi, Mignon, debout! en avant! en avant! (Zafari prélude sur son violon. Une vieille zingara couvre le sol d'un lambeau de tapis. Les œufs y sont déposés par un enfant. Mignon s'éveille a la voix de Jarno et s'avance au milieu du cercle des curieux. Elle tient un bouquet de fleurs sauvages à la main et semble sortir d'un rêve) PHILINE(à Jarno, du haut du balcon)Holà! mon cher monsieur, vous plait-il de nous dire Quel est ce pauvre enfant qui semble vous maudire De l'avoir de la sorte éveillé sans façon?... Est-ce une fille? est-ce un garçon?... UN GROUPE DE VIEUX BOURGEOISCes filles de Bohême Ont de fort jolis yeux, Et ma femme elle-même Ne danserait pas mieux!... JARNONi l'un ni l'autre, belle dame, Ni garçon, ni fille, ni femme. PHILINEQu'est-ce donc alors? JARNO(écartant le manteau qui couvre Mignon)C'est Mignon. (Philine et le chœur éclatent de rire) MIGNON(à part)Ces yeux fixés sur moi... Ce rire qui m'outrage!... Retrouve ta fierté, mon cœur et ton courage!... JARNOAllons, saute, Mignon! MIGNON(frappant la terre de son pied nu)Non, non, non, non! Je brave ta menace! De t'obéir à la fin je suis lasse! JARNOTu refuses! (Se tournant vers les zingari) Holà! vous autres, mon bâton! LAERTE, PHILINE, CHŒURDanse, Mignon, Gare au bâton! JARNODanse, Mignon, Méchant démon, Ou mon bâton Saura te mettre à la raison! MIGNONNon, non, non, non, non, non! LOTHARIO(courant à Mignon qu'il étreint dans ses bras)Reprends courage! Viens, pauvre enfant, Contre sa rage Je te défends! JARNO(avec colère)Au diable! au diable! Vil misérable! (Il repousse violemment Lothario) Danse, Mignon! Méchant démon! Ou mon bâton Saura te mettre à la raison! MIGNONNon, non, non, non, non, non! (Jarno lève' son bâton sur Mignon. Entre Wilhelm en habit de voyage, suivi d'un valet qui porte sa valise et son manteau) Scène Troisième (Les Mêmes, Wilhelm) WILHELM(s'élançant an secours de Mignon, et retenant le bras de Jarno)Holà! coquin! arrête, ou ton heure est venue! JARNOHein? Plait-il? WILHELM(tirant un pistolet de sa poche)Si tu fais un seul pas je te tue! JARNOC'est bon! Je me tiens coi! (D'un ton lamentable) Mais je suis ruiné! Qui de vous me paîra ma recette perdue? PHILINE(sur le balcon, jetant sa bourse à Jarno)Tiens donc! Prends et tais-toi! que tout soit pardonné. MIGNON(partageant son bouquet entre Wilhelm et Lothario)A vous ces fleurs, amis, qui m'avez défendue!... Concertante WILHELMQui diantre aurait pu prévoir Cette bizarre aventure! Mon cœur, pauvre créature, M'a seul dicté mon devoir! JARNOMessieurs, revenez nous voir, Oubliez cette aventure, Vous serez, je vous le jure, Très contents de nous ce soir. PHILINE(à part)Quel est, je veux le savoir, Ce beau coureur d'aventure? Il nous cache sa figure Et n'a pas l'air de nous voir. LE CHŒUR(à Jarno)Nous reviendrons tous vous voir Tant que le dimanche dure, On chemine à l'aventure Et l'on vient danser le soir. LAERTE(à Philine)Ce beau garçon à l'œil noir, Ce beau coureur d'aventure Quel est-il? ah! je le jure, Vous brûlez de le savoir. MIGNON(priant à l'écart)O Vierge, mon seul espoir, Protège ta créature! Je me courbe sans murmure Devant ton divin pouvoir! LOTHARIO(immobile et l'œil fixe, touchant les cordes de sa harpe)Sous le voile obscur du soir. Et sous la verte ramure, Un homme à la lourde armure Arrête son coursier noir! (Les bourgeois sortent par le fond. arno et les Bohémiens se retirent dans le hangar. Mignon les suit et Lothario s'éloigne lentement. Philine parle bas a Laërte en lui montrant Wilhelm du doigt. Elle rentre chez elle en riant et Laërte descend dans la cour par l'escalier extérieur) Scène Quatrième (Wilhelm, Laërte) WILHELM(parlant au valet qui le suit)Qu'on prenne soin de nos chevaux et qu'on mette ma valise en lieu sûr... quant à moi, je déjeunerai ici, sous lés arbres. (Le valet entre à l'alberge) LAERTE(s'approchant pour saluer Wilhelm)Monsieur... WILHELM(lui rendant son salut)Monsieur... LAERTEJe suis chargé par la jeune dame qui était tout à l'heure avec moi sur ce balcon, de vous faire ses compliments pour la façon vraiment chevaleresque dont vous avez secouru cette petite bohémienne contre les coups de canne de son gracieux maître. WILHELMCe que j'ai fait, Monsieur, tout autre l'eût fait à ma place. LAERTEJ'avoue que j'allais descendre, quand vous avez paru sur le seuil comme un Dieu sauveur; et si je me suis arrêté en chemin, c'est uniquement pour vous laisser la gloire de votre bonne action. WILHELMJe vous en remercie. LAERTENos cours sont faits pour se comprendre. (Ils se saluent) Permettez-moi, monsieur, de vous dire maintenant qui nous sommes. Il est bon quelquefois de savoir à qui l'on parle. Je me nomme Laërte et la dame du balcon a nom Philine. Vous voyez en nous les derniers débris d'une troupe de comédiens dont le directeur a, comme on dit, mis la clef sous la porte et décampé sans payer personne. Le fait en soi n'a rien d'extraordinaire, et nos pareils sont habitués de longue main à ces petits accidents de la vie de théâtre. Quelques. uns de nos camarades sont dispersés dans la ville, où ils végètent en attendant une occasion favorable... Philine compte sur sa bonne étoile et épuise gaiement ses dernières ressources sans s'inquiéter de l'avenir; quant à moi, je profite de l'occasion pour jouir de ma liberté, pour désapprendre toutes les sottises dont messieurs les poètes m'ont bourré la cervelle, pour dormir et manger à mes heures, et redevenir un citoyen comme un autre! (Déclamant) Mais un heureux hasard vous met sur mon chemin, Et je me fais honneur de toucher votre main!... (D'un ton naturel) Pardon!... l'habitude!... WILHELM(souriant)‘Ne vous gênez pas pour moi; les vers ne me font pas peur. LAERTESeriez-vous poète? WILHELMA mes moments perdus. LAERTEDiable! WILHELMMais jamais à jeun; rassurez-vous! (une servante vient mettre le couvert) Vous plaît—il, cher monsieur, de partager mon modeste déjeuner? LAERTEVolontiers! WILHELM(à la servante qui prépare la table)Deux couverts... (A Laërte) Nous aurons tout le loisir de causer et de fêter, le verre en main, notre heureuse rencontre. LAERTEMille grâces, cher monsieur?... WILHELMWilhelm Meister. Et puisque vous m'avez dit qui vous êtes, je ne puis faire autrement que d'imiter votre franchise jusqu'au bout. Confidence pour confidence je suis le fils d'un honnête bourgeois de Vienne. J'ai quitté, il y a un an à peine, les bancs de l'université pour recueillir l'héritage paternel et faire mes premiers pas dans la vie. Je suis jeune, je suis riche, je suis libre!... amoureux... de l'amour! ami des beaux vers et de toutes les belles choses, curieux de voir le monde, et impatient de rencontrer de folles aventures! LAERTE(déclamant)O jeunesse! WILHELM(se levant)Je veux parcourir notre vieille Allemagne, Je veux voir la France et l'Italie et semer mon argent sur le sable de toutes les grandes routes!... Rondeau Oui, je veux par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaîment Tout m'attire ou m'enchante, Tout est nouveau pour moi ; Et je ris et je chante, et ne suis que ma loi! O maison paternelle! Je te fais mes adieux, Et j'ouvre enfin mon aile Comme un oiseau joyeux!... Oui, je veux par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaîment! Si l'amour sur ma route Ce soir me tend la main. Je m'arrête et l'écoute Sans attendre à demain! Mon cœur n'est point rebelle Au doux, plaisir d'aimer, et la voix d'une belle Est prompte à me charmer! Mais la femme rêvée Qu'on appelle tout bas, Je ne l'ai point trouvée! Je ne la connais pas!... Est-elle noble et belle? Est-elle brune ou blonde? Peu m'importe vraiment! Moi, je veux, par le monde Promener librement Mon humeur vagabonde! Au gré de mes désirs, je veux courir gaiement! LAERTELe déjeuner est servi. WILHELMA table donc! LAERTEA table! (Riant) Un vrai déjeuner sous de vrais arbres... en compagnie d'un galant homme... qui n'a jamais joué la comédie!... c'est charmant, sur ma parole! (ils s'attablent) WILHELMServez-vous sans façon, je vous prie. LAERTEVoilà, pardieu! un poulet qui n'est point en carton peint... permettez-moi de le découper... pour de bon. (il découpe le poulet) WILHELMDiable!... il me paraît dur... LAERTEBah! avec de la vigueur... et de bonnes dents! WILHELMA votre santé! LAERTEA la vôtre. WILHELMQue dites-vous de ce petit vin du Rhin? LAERTEDu Johannesburg... d'Alsace!... (il boit et mange) Ainsi, cher monsieur... Wilhelm Meister, vous vous proposez de parcourir le mondé entier... Eh bien! prenez garde de vous arrêter à la première étape! WILHELMComment? LAERTEN'allez pas, veux-je dire, vous empêtrer tout d'abord dans quelque piège amoureux! (Mordant avec rage dans une aile de poulet) Décidément les poulets d'auberge ne valent pas mieux que ceux de théâtre!... Celui-ci n'est pas en carton... non!... il est en bois! WILHELM(riant)C'est un coq. LAERTEGaulois! WILHELMOui... Il est un peu vieux. LAERTEEt le vin est jeune! (il boit) Moi qui vous parle, Monsieur, j'étais parti comme vous... de mon village, pour aller... jusqu'à la lune... avec mes vingt ans et les écus de mon oncle défunt!... (Faisant un effort pour avaler) Ah! l'animal! WILHELM(riant)Votre oncle!... LAERTENon... le coq!... ma foi I j'y renonce!... (il repousse son assiette) A notre première halte, j'entre dans une grange où des histrions de campagne jouaient la comédie. J'avise, à la lueur des chandelles, certaine fille de quinze ans, blonde comme les blés! avec des yeux de myosotis, — c'était l'ingénue de la troupe. J'en deviens amoureux sur l'heure. Je me déclare le lendemain, et je l'épouse huit jours après. Mais le soir même de la noce, monsieur, je surprends un autre... Roméo aux pieds de Juliette! je me bats, je suis blessé, et le vainqueur s e sauve avec ma femme et mon argent! J'avais passe en quelque jours par toutes les émotions de l'amant, du fiancé, du mari et... du veuf!... (il boit) mon désir do voyager était passé, ma soif d'aventures était satisfaite... El le diable finalement me fit comédien!... Vous voyez que je ne suis pas payé pour aimer mon métier, et que j'ai mes raisons pour vous dire de prendre garde aux femmes!... WILHELM(souriant)Vous paraissez pourtant fort bien avec la dame du balcon. LAERTEQui, Philine? Cela ne tire pas à conséquence, je vous jure. Nous connaissons beaucoup trop pour nous aimer. WILHELMBah! (Philine entre ouvre la fenêtre et s'avance sur le balcon pour écouter. Elle a remplacé son peignoir du matin par une élégante robe do voyage) LAERTENous nous sommes débité de si belles choses en vers devant le public, que nous ne trouvons plus rien à nous dire en prose, quand nous sommes seuls face à face. WILHELM(riant)Vraiment! LAERTELes loups d'ailleurs ne se dévorent pas entre eux, vous savez? WILHELMOn le dit. LAERTEMais vous, c'est différent! Vous n'êtes pas du métier! Vous êtes jeune, ardent, curieux... et plein d'illusions! Méfiez vous de la dame! Je suis trop son ami et je tiens trop à devenir le vôtre pour ne pas vous donner ce bon avis. WILHELMMais... LAERTEVive, coquette, rusée, menteuse et vaine comme toutes ses pareilles; plus légère que le vent, plus perfide que l'onde, plus changeante que la lune ; c’est avec tous ces défauts la plus dangereuse fille que je connaisse! Buvons à sa santé! (Ils trinquent et boivent. Philine descend l'escalier pendant les dernières paroles de Laërte) Scène Cinquième (Les Mêmes, Philine) Terzetto PHILINEEh! quoi! mon cher Laërte, en vidant votre verre, N'ajouterez-vous rien à ce portrait charmant? WILHELM(saluant Philine)Il vous juge en ami sévère, Et vos beaux yeux disent qu'il ment. PHILINEJe vous sais gré du compliment. Ensemble PHILINE(à part)Essayons de nos charmes Pour nous venger un peu. Me voilà sous les armes, Le reste n'est qu'un jeu! WILHELM(à part)Que de grâces et de charmes! Quels regards pleins de feu! Les soupirs et les larmes Sont ici hors de jeu. LAERTE(riant)La voilà sous les armes, Nous allons voir beau jeu! Devait de pareils charmes Son cœur va prendre feu! PHILINE(s'adressant a Wilhelm)En ce pauvre monde où nous sommes Si toute femme est comme moi Coquette, légère et sans foi. Hélas! Que dirons-nous des hommes? (Montrant Laërte) Combien j'en connais comme lui, Qui traînent chez nous leur ennui, Se vantant de haïr les belles Qu'ils n'ont pas eu l'art de charmer; Et qui nous traitent d'infidèles Sans avoir su se faire aimer. WILHELM(riant)Très bien dit! Vous voilà vengée! LAERTEBravo! l'affaire est engagée!... Permettez, sans plus de façon, Qu'on vous présente l'un à l autre. (Présentant Wilhelm à Philine) Monsieur Wilhelm Meister, un aimable garçon, Qui vous offre son cœur en échange du vôtre. (Présentant Philine à Wilhelm) La signora Philine, un ange en falbala, Qui vous trouve charmant et voudrait vous le dire. (A Philine) Décochez à monsieur votre plus doux sourire. (A Wilhelm) Offrez votre bouquet à madame... (Il prend le bouquet et le donne à Philine) Voilà! Reprise de l'ensemble WILHELM(à part)Que de grâce et de charmes! Quels regards pleins de feu! Les soupirs et les larmes Sont ici hors de jeu! PHILINE(à part)Essayons de nos charmes Pour nous venger un peu. Me voilà sous les armes, Le reste n'est qu'un jeu! LAERTE(riant)La belle est sous les armes, Nous allons voir beau jeu! Devant de pareils charmes Son coeur va prendre feu! PHILINE(à Wilhelm)Je vous prie, Monsieur, d'excuser les folies de mon ami. (à Laërte) Vous, offrez-moi votre bras, s'il vous plaît. LAERTENous sortons? PHILINEOui, je vous emmène pour soustraire M. Meister à vos mauvais conseils. LAERTE(riant)Et pour fuir comme le Parthe. (Déclamant) " En lui perçant le cœur d'un dard empoisonné" (D'un ton naturel) Où allons-nous? PHILINEA l'aventure. (Bas) Ma bourse est vide... LAERTEDiable I... la mienne aussi! PHILINEIl s'agit de trouver par la ville un honnête joaillier à qui je puisse vendre quelques bijoux. LAERTE(bas)Vous êtes bien heureuse d'avoir encore des bijoux à vendre!... (Haut) Allons. PHILINE(lui prenant le bras)A propos, avez-vous entendu parler de notre ami Frédéric? LAERTEEn aucune façon. PHILINEDepuis huit jours qu'il ne m'a pas vue, il doit être mort! LAERTEC'est probable, (a Wilheim) Nous vous retrouverons ici, n'est-ce pas? PHILINE(riant)Certainement! Est-ce qu'on s'en va quand on m'a vue! LAERTEOn ferait mieux de s'en aller! PHILINEInsolent! (a Wilheim) A bientôt, Monsieur. (Ils sortent) Scène Sixième (Wilhelm, puis Mignon) WILHELM(gaiement)Voilà, pardieu! une charmante fille!... un peu folle... et très coquette sans doute, mais charmante! (Mignon sort timidement du hangar) MIGNON(a part)Il est seul. WILHELMLaërte a beau dire, ses sages avis ne m'empêcheront pas, je crois, d'en devenir amoureux!... (Apercevant Mignon) Ah! c'est toi, pauvre enfant! MIGNONLe maître s'est endormi et je viens te remercier. WILHELMBon!... ne m'as-tu pas remercié déjà en me donnant ton bouquet? MIGNONMon bouquet... WILHELM(à part)Diable! je l'ai laissé prendre par Philine! MIGNON(à part)Qu'en a-t-il fait?... WILHELMLe service que je t'ai rendu ne mérite pas tant de reconnaissance. Ce misérable voulait te battre, je lui ai fait pour en le menaçant et tu as échappé pour cette fois à sa colère. Voilà tout. Demain je ne serai plus là pour te défendre. Musique à l'orchestre MIGNONDemain, dis-tu? Qui sait où nous serons demain? L'avenir est à Dieu! le temps est dans sa main. WILHELHQuel est ton nom? MIGNONUs m'appellent Mignon, Je n'ai pas d'autre nom. WILHELMQuel âge as-tu? MIGNONLes bois ont reverdi, les fleurs se sont fanées, Personne n'a pris soin de compter mes années. WILHELMQuel est ton père? Quelle est ta mère? MIGNONHélas! ma mère dort, Et le grand diable est mort! WILHELMLe grand diable! Que veux-tu dire? MIGNONC'était mon premier maître. WILHELMCelui qui t'a vendue à cet homme!... (L'examinant avec intérêt) Mais comment étais-tu tombée entre ses mains? Parle! Je puis peut-être venir à ton secours et t'arracher à cette vie misérable! On t'a volée à ta famille, sans doute? N'as-tu pas conservé quelque souvenir de ton enfance? (Mignon le regarde sans répondre) Tu gardes le silence! Tu n'oses te confier à moi! MIGNON(cherchant à rappeler tes souvenirs, et comme se parlant à elle-même)De mon enfance, une seule chose est restée gravée dans mon esprit, précise comme au premier jour. Je m'étais écartée de la maison de mon père et j'errais à l'aventure dalla campagne, quand je me vis entourée par des hommes à figure étrange. Je les suppliai de me ramener chez mon père en leur indiquant le chemin qu'ils devaient suivre; ils me le promirent et m'emmenèrent avec eux. Mais, la nuit, comme ils croyaient que je dormais, j'entendis l'un d'eux qui disait « Elle pourra nous être utile ; il faut lui faire quitter son » pays au plus vite!... » WILHELMDis-moi donc quelles contrées tu as traversées pour venir jusqu'ici, vers quels lieux lointains tu voudrais être ramenée. MIGNON I. Connais-tu le pays où fleurit l'oranger, Le pays des fruits d'or et des roses vermeilles, Où la brise est plus douce et l'oiseau plus léger, Où dans toute saison butinent les abeilles? Où rayonne et sourit, comme un bienfait de Dieu, Un éternel printemps sous un ciel toujours bleu? Hélas! que ne puis-je te suivre Vers ce rivage heureux d'où le sort m'exila! C'est là que je voudrais vivre, Aimer et mourir I — c'est là! II Connais-tu la maison où l'on m'attend là-bas? La salle aux lambris d'or où des hommes de marbre m'appellent dans la nuit en me tendant les bras, et la cour où l'on danse à l'ombre d'un grand arbre? Et le lac transparent où glissent sur les eaux Mille bateaux légers pareils à des oiseaux?... Hélas! que ne puis-je te suivre Vers ce pays lointain d'où le sort m'exilai C'est là que je voudrais vivre, Aimer et mourir! — c'est là!... WILHELMCe pays enchanté dont tu parles, cette contrée heureuse dont ton cœur a gardé le souvenir, n'est-ce pas l'Italie, chère petite? MIGNON(rêveuse)L'Italie!... Je ne sais... WILHELM(à part)Étrange créature! (Jarno sort du hangar) Scène Setième (Les Mêmes, Jarno) JARNOAh! ah! Il parait que l'enfant vous plait... mon prince, vous voulez- me la débaucher!... WILHELM(avec colère, eu saisissant Jarno au collet)Misérable! ne souille pas les oreilles de cette enfant par tes infâmes soupçons! JARNONon! je me contenterai de les lui frotter ce soir en votre honneur. WILHELMSi tu oses la maltraiter encore, je te dénoncerai à la justice qui saura te faire rendre cette pauvre petite à la famille à laquelle tu l'as sans doute volée! JARNOVolée! tout le monde est témoin que je ne l'ai pas volée, Monsieur, mais nourrie, élevée, comme mon enfant! comme mon propre enfant! WILHELMQuelle est donc son origine? JARNO(d'un ton bourru)Je l'ignore! Tout ce que j'en sais, c'est que j'en ai hérité de mon frère qu'on avait surnommé le Grand diable, à cause de ses merveilleux talents! Au surplus, puisqu'elle vous intéresse si fort, remboursez-moi ce qu'elle m'a coûté en costumes et en nourriture, et vous déciderez de son sort comme vous l'entendrez! WILHELMSoit. — J'accepte ta proposition. JARNO(étonné)Ah! bah! MIGNON(à part)Que dit-il? WILHELM(à Jarno)Viens avec moi... je te donnerai l'argent que tu demandes et, en retour, tu me signeras un écrit qui rende la liberté à Mignon. JARNOPourvu que je sois payé, je vous signerai tout ce que vous voudrez. WILHELMViens donc! (a Mignon) Dans un instant tu seras libre. A bientôt, chère enfant. (Il entraîne Jarno dans l'auberge) Scène Huitième (Mignon, puis Lothario) MIGNONLibre! libre! Est-ce vrai'?... L'ai-je entendu? (Apercevant Lothario qui parait an fond) Ah! viens partager ma joie et sois béni comme lui, toi qui as pris ma défense! LOTHARIOJe te cherchais pour te faire mes adieux... J'ai voulu to revoir avant de partir. MIGNONPourquoi partir déjà? LOTHARIOIl le faut. MIGNONSeul!... sans guide! (a part) Pauvre vieillard privé de raison! (Haut, avec intérêt) Vas-tu au Nord ou au Midi? LOTHARIOLes hirondelles que tu vois glisser dans le ciel s'enfuient vers le Midi; je vais là où elles vont!... MIGNON(tristement)Que ne puis-je comme elles, à travers l'espace, m'envoler vers ma patrie! Donne-moi ton luth!... LOTHARIOLe voici. MIGNONÉcoute. (Elle chante en s'accompagnant sur la harpe) Duetto MIGNONLégères hirondelles, Oiseaux bénis de Dieu, Ouvrez, ouvrez vos ailes, Envolez-vous! Adieu LOTHARIO(l'écoutant)Le vieux luter s'éveille Sous ses jeunes doigts Et semble, ô merveille! Répondre à sa voix. MIGNONFuyez vers la lumière. Fuyez vite là-bas vers l'horizon vermeil! Heureuse la première Qui reverra demain le pays du soleil! ENSEMBLELégères hirondelles, Oiseaux bénis de Dieu, Ouvrez, ouvrez vos ailes, Envolez-vous! adieu I (On entend dans la coulisse la voix et les éclats de rire de Philine) MIGNONEncore cette femme! Je ne veux pas la voir! Viens!... (Elle entraîne Lothario sous le hangar) Scéne Neuvième (Philine, Frédéric, puis Wilhelm et Jarno. Philine entre en riant aux éclats ; Frédéric la suit on secouant ses habits couverts de poussière) PHILINENon! Laissez-moi rire, mon cher Frédéric... cette façon de tomber à mes pieds, en passant par-dessus la tète de votre cheval, est tout à fait galante. Je ne vous savais pas de cette force Sûr la voltige!... FRÉDÉRICOui, raillez! Quand j'ai crevé cette malheureuse bête pour vous revoir plus vite!... PHILINENo voulez-vous pas que je lui paie un tribut de larmes? Quand je vous le disais, que vous me reviendriez bientôt? Est-ce que vous pouvez vivre loin de moi? (Elle rit) FRÉDÉRICAh! cruelle! vous me faites déjà repentir d'être revenu! PHILINE(riant)Qui vous empêche de repartir? (Wilhelm sort de l'auberge suivi de Jarno) WILHELMC'est entendu! Mignon est libre! JARNOC'est entendu! je vais lui donner ses bardes et je vous l'envoie, (a part) Cent ducats! l'affaire est bonne! (Il entre sous le hangar) Scène Dixième (Wilhelm, Philine, Frédéric) PHILINE(s'approchant de Wilhelm)Comment! qu'entends-je là! Vous avez payé la liberté de cette jeune bohémienne! C'est fort généreux à vous. WILHELMJe l'ai interrogée, et elle m'a inspiré un vif intérêt. PHILINEQu'en voulez-vous faire? WILHELMJe la laisserai ici, en apprentissage chez quelque honnête ouvrière. PHILINE(riant)Donnez-la moi plutôt; je lui apprendrai à jouer la comédie... et elle m'enseignera, en retour, la danse des œufs. WILHELMNe vous moquez pas de cette malheureuse, ce serait trop cruel de votre part. FRÉDÉRIC(à Philine d'au air furieux)D'où sort celui-là? (Il s'avance entre Wilhelm et Philine pour les séparer) PHILINE(passant devant lui)Otez-vous de là. (a Wilhelm) M. Meister, je vous présente le jeune Frédéric, un petit écolier qui s'est échappé pour moi de l'Université, et que je ferai reconduire un jour chez ses parents, lorsque je les connaîtrai. Pour me suivre, il est capable de tout, il se ferait volontiers souffleur, allumeur de lampes, maître de ballet ou coiffeur de la troupe! Enfin, c'est un de mes adorateurs les plus entêtés et les plus jaloux. Il me quitte régulièrement tous les huit jours et me revient régulièrement huit jours après! (Prenant la main de Frédéric) M. Frédéric... approchez donc!... je vous présente M. Wilhelm Meister, un homme que vous aimerez, j'en suis sûre, car notre ami Laërte lui a fait promettre de ne pas me faire la cour. WILHELM(bas, en souriant)Je n'ai rien promis. FRÉDÉRIC(à part)La coquette! WILHELH(à part)Elle est charmante! PHILINE(à part)Il m'aime déjà! (Haut) Mais où donc est Laërte? LAERTE(du dehors)Philine!... ma chère Philine!... WILHELMLe voici!... Scène Onzième (Les Mêmes, Laërte) LAERTE(entrant vivement une lettre à la main)Victoire! PHILINEQu'y a-t-il?... LAERTETiens, Frédéric! (Lui tendant la main) Bonjour! FRÉDÉRIC(d¡un air désolé)Bonjour. LAERTEHo! ho! quel air funèbre! PHILINEIl a crevé un cheval pour nous rejoindre! LAERTE(se tournant vers Frederick)Pauvre béte! FRÉDÉRICQu'y a-t-il?... LAERTEJe parle du cheval. PHILINEVoyons vos nouvelles? LAERTENous triomphons de la mauvaise fortune, ma chère! Nous allons vivre dans les délices de Capoue et exercer nos talents devant une assemblée digne de nous! PHILINEComment cela? LAERTENos camarades se disposent à partir; ils viendront nous rejoindre ici tout à l'heure. (Lui donnant la lettre) Et voici la lettre qui vous concerne. PHILINELisez-nous cela, Laërte. LAERTE(à Wilhelm)Vous permettez? (Ouvrant la lettre et lisant) « Ma toute belle, pour fêter dignement le passage du prince de Tiefenbach qui doit s'arrêter quelques jours dans mon château, j'ai pensé à lui donner le plaisir de quelques représentations dramatiques, et j'ai fait mander à vos camarades que je les attendais aujourd'hui même; pour vous, ma toute belle, qui êtes l'étoile de cette compagnie, je vous envoie un carrosse pour faire commodément la route. J'espère que vous accepterez cette invitation et que vous n'aurez pas à vous plaindre de l'hospitalité que vous recevrez chez votre plus dévoué admirateur et ami. Le baron de Rosemberg. » FRÉDÉRICMon oncle! PHILINE(éclatant de rire)Votre oncle! Le baron est votre oncle! FRÉDÉRICHélas! oui. PHILINEEh bien! soyez tranquille! Je lui en dirai de belles sur votre compte! FRÉDÉRICVous acceptez donc son invitation? PHILINEAvec empressement!... Et son carrosse aussi! FRÉDÉRICMais... PHILINEQuoi? FRÉDÉRICJe le connais, mon oncle!... il est homme à... PHILINEA vous disputer mon cœur!... et à vous déshériter pour mes beaux yeux! nous rirons! FRÉDÉRIC(exaspéré)Morbleu! (Il remonte au fond et va causer avec Laërte) PHILINE(se tournant vers Wilhelm)Quant à vous, cher monsieur, s'il vous prenait fantaisie de nous accompagner, je vous présenterais au baron comme le poète de la troupe... WILHELM(souriant)Moi? PHILINEPourquoi non? Cette petite fête promet d'être charmante!.. Et l'on n'a pas tous les jours l'occasion de voir de près un prince de Tiefenbach! Si vous venez, d'ailleurs... vous me ferez plaisir. C'est convenu, n'est-ce pas? (Elle remonte tors l'auberge) FRÉDÉRICPhiline! PHILINEVous!... (Elle monte l'escalier qui conduit à sa chambre) si Vous vous avisez de nous suivre... je vous livre à votre oncle! FRÉDÉRICPhiline!... PHILINE(sur le balcon)Adieu! (Elle entre en riant chez elle et ferme la porta) LAERTEElle se moque de vous, mon cher. FRÉDÉRICSi je le croyais! LAERTEVous pouvez en être sûr. FRÉDÉRICMaudite coquette! maudit baron!... maudite lettre!... (Tendant la main à Laërte) Au revoir, Laërte. (Tournant le dos à Wilheim) Vous, Monsieur... je ne vous salue pas! WILHELMPlaît-il? (Laërte retient Wilheim; Frédéric sort furieux) Scène Douzième (Laërte, Wilhelm) LAERTELa jalousie lui fait perdre la tête!... Il vous croit déjà dans les bonnes grâces de sa belle! WILHELMMoi! quelle folie! LAERTEOui, les amoureux sont toujours fous! surtout ceux que Philine a ensorcelés... comme celui-là! Vous savez ce que je vous ai dit là-dessus... Je vais payer ma note et je reviens vous serrer la main si nous devons nous séparer. (Il entre dans l'auberge) WILHELM(rêvant)La suivre dans ce château... pourquoi pas?... Scène Treizième (Wilhelm, Mignon, puis Lothario) MIGNON(accourant vers Wilhelm)Me voici! tu m'as rachetée, A ton gré dispose de moi! WILHELMJe sais en cette ville, où le sort t'a jetée, D'honnêtes gens chez qui tu seras bien traitée. MIGNON(vivement)Pourquoi me séparer de toi! WILHELM(souriant)Je ne puis t'emmener avec moi, pauvre fille! Et m'imposer les soins d'un père de famille. MIGNONNe peux-tu m'habiller comme un jeune garçon. Et me laisser porter ta livrée. WILHELM(lui prenant les mains)A quoi bon? MIGNON(avec un élan passionné)Envers qui me délivre Je voulais m'acquitter! J'étais prête à te suivre Pour ne plus te quitter! WILHELMDes mains de ce sauvage Libre pour un peu d'or, Quel nouvel esclavage Veux-tu subir encor? MIGNON(tristement)C’est bien!... puisque ta main sans pitié me repousse, (Montrant Lothario qui paraît sur le seuil du hangar) Je pars avec lui!... LOTHARIO(accourant vers Mignon et l’entourant de ses bras)Viens! La libre vie est douce! A l'ombre des grands bois sous le ciel étoile, Nous trouverons un lit de fougère et de mousse Et tu partageras le pain de l'exilé!... (Il veut entraîner Mignon) WILHELM(l'arrêtant)Non! pauvre enfant! pour toi l'avenir m'épouvante! Jeune fille ou garçon, serviteur ou servante, Reste avec moi si tu le veux! Le sort en est jeté! ¡Je me rends à tes vœux! Ensemble MIGNON(baisant la main de Wilhelm avec transport)Envers qui me délivre Je pourrai m'acquitter! Je suis prête à te suivre Pour ne plus te quitter! WILHELM(lui souriant avec bonté)L'ami qui te délivre Ne doit plus te quitter! Libre à toi de me suivre; Il faut te contenter. LOTHARIO(à part, retombant dans son extase habituelle)Dieu bon! laissez-moi vivre Espérer et chanter!... Scène Quatorzième (Les mêmes, comédiens et comédiennes, Philine, Laërte, Jarno, .les bohémiens, bourgeois et paysans. Les comédiens envahissent la cour de l'auberge. Ils sont en habits de voyage et portent sur l'épaule on à la main des paquets et des valises qui contiennent leurs bardes de théâtre. La duègne tient un carlin entre ses bras. L’amoureux de la troupe s'abrite sous un léger parasol vert) WILHELMAh! voici déjà toute la troupe comique qui se prépare à partir avec Philine! CHŒUR DES COMÉDIENSEn route, amis, plions bagage! La chance nous sourit enfin! Que la gaîté soit du voyage, Au diantre la soif et la faim! Oublions nos repas d'auberge, Et saluons, chapeau levé, Ce vieux castel où l'on héberge Les histrions sur le pavé! LES COMÉDIENNES(avec dépit)C’est, je gage, à Philine Que le baron destine Ces laquais élégants Et ces chevaux fringants! (Les bohémiens sortent du hangar. Les bourgeois et les paysans se pressent au fond delà scène; un laquais fend la foule des curieux et vient saluer Philine qui descend l'escalier de sa chambre, au bras de Laërte) PHILINEQui m'aime, me suive! Et toi, Dieu des amours, Sois notre convive, A ton appel j'accours! LAERTE(au laquais)Nous vous suivons, (Aux garçons d'auberge qui portent colles de Philine) Allez devant, vous autres! (Aux comédiens) Je vous précède, amis, pour vous mieux recevoir! Un splendide festin vous attendra ce soir! LES COMÉDIENSVivat! PHILINE(bas à Wilhelm, lui tendant la main)Et vous, Monsieur, n'êtes-vous pas des nôtres?... Grâce au galant seigneur Qui, pour nous faire honneur, Nous prête son carrosse, Nous allons voyager, et nous faire héberger, Comme en un jour de noce! WILHELM(portant la main de Philine a ses lèvres)Oui, je veux vous revoir! Je serai de la fête! PHILINEAdieu donc, cher poète! J'emporte cet espoir; Et voilà pour ce soir, Mon seul bouquet de fête! (Elle montre à Wilhelm le bouquet qu'elle a reçu de lui. Mignon qui reparaît, son paquet à la main, s'approche vivement et reconnaît les fleurs qu'elle a données à Wilhelm) MIGNON(à part)Mon bouquet! WILHELM(à Mignon)Qu'as-tu donc? MIGNONRien. PHILINE(bas à Laërte)Il m'aime! LAERTE(riant)Il est pris! MIGNON(montrant Lothario)Vois, de mes pauvres fleurs il n'a point fait mépris! II n'a pas rejeté mon bouquet, lui... WILHELM(bas en souriant)Pardonne! Je ne l'ai pas offert... on me l'a pris. MIGNONC'est bien!... emmène-moi!... Je t'appartiens!... Ordonne! (Aux bohémiens) Vous dont j'ai partagé La honte et la misère, Adieu!... (A l'enfant en lui passant une médaille au cou) Toi, pauvre enfant, sois un jour protège Par cette humble médaille! (A Jarno) Et toi, dont la colère.! M'a si souvent fait peur... hélas! (Lui tendant la main) Adieu! Mignon ne t'en veut pas! LES COMÉDIENS(au fond)Adieu, Philine, et bon voyage! LES BOURGEOIS(au fond)Adieu, la belle, et bon voyage! LES BOHÉMIENSAdieu, Mignon et bon voyage! LOTHARIOJ'entends au loin gronder l'orage. LES COMÉDIENSEn route, amis! plions bagage La chance nous sourit enfin! Que la gaîté soit du voyage! Au diantre la soif et la faim! Oublions nos repas d'auberge, Et saluons, chapeau levé, Ce vieux castel où l'on héberge Les histrions sur le pavé! (Wilhelm fait un dernier signe d'adieu à Philine. Les comédiens et les comédiennes se disposent à partir. Lothario s'assoit pensif sur le devant de la scène. Mignon s'arrête an milieu du théâtre, les yeux fixés sur "Wilhelm) Thomas,Ambroise/Mignon/II
https://w.atwiki.jp/black-rose/pages/119.html
※頑張って全部読んでも時間の無駄にしかならないので注意 ★B6(Battle6)の基本ルール★ 制限時間10分内または片チームが全滅するまでにどれだけ多くのポイントを所持していたかを競うチーム戦(3人以下の場合は個人戦) チームの組み合わせは、部屋に入った順・・・とみせかけてステータスアイコンカラーで決まる。1P(赤)と3P(黄)、2P(緑)と4P(青)がタッグを組む ステージは宇宙船内の一室 アイテムの持ち込みはなし(その場で拾ったアイテムのみ)ただしテクニックは引き継ぎあり(習得していないテクニックは使用できない) LV20からスタート、テクニックレベルはLV5からスタート、HPが0になっても復活が可能 通常冒険時より、テクニックの消費TPが多い 全キャラクターがトラップを使用可能 ダメージトラップ×5個 フリーズトラップ×5個 途中補給はなし 死亡時に装備していたアイテムはその場に落下 復活時に3レベル上昇、テクニックが1レベル上昇、復活は10回まで(LV50で死亡するとそれ以降自力復活不可 リバーサーでの復活は可能) 味方にも攻撃はヒットする(トラップも同様) ポイントの増減 敵を倒す +1000pts 味方を倒す ±0pt 敵に倒される -1000pts 味方に倒される -1000pts 与えたダメージ ×0.01pts加算 与えられたダメージ ×0.01pts減算 2対2のチーム戦がアツい最高の対戦ゲームです。壁やレーザーフェンスなどの 隔たりがあるため、そこに身を隠しながらの撃ち合いがメインとなります。 そのため、ハンドガン系を入手しておかないと、ほぼ一方的に攻撃される ハメになってしまうため、非常に不利になります。ハンドガンは各陣地に1つ ずつ配置されているので、確実に入手しておきましょう。 ★バトルの流れ★ ロード完了後、ルールの確認画面表示 ↓ チームの確認画面表示 ↓ カウントダウン(5秒) ↓ 試合開始(制限時間10分) ↓ 戦う ↓ 残り時間が9分、7分、5分、3分、1分の時に途中経過スコアが表示される ↓ (片チーム全滅または10分経過)試合終了 ↓ スコア、対戦結果表示 ↓ もう一度、同じルールで決闘を行いますか? ↓ はい/いいえ/ロビーへ ★バトルの流れ解説★ 試合開始時のキャラクターは、部屋の4隅に配置されます。 クエストをロードした直後の回では、隣には同じチームメンバーが配置 されるようになっていますが、2回目以降の試合では、キャラクターの配置が ランダムになります。 バトルが始まったら、まずハンドガンを取りにいきます。ハンドガンの位置は 固定で、ステージ真ん中に向かって右側を進むとレーザーフェンスに突き当たる 場所があり、そこにアイテムボックスが2つ並んでいるので、その左側の アイテムボックスの中にハンドガンが入っています。(右側にはスライサー が入っています) そのため、このハンドガンを取りに行くのはロード時に右側に配置 されたキャラクターになります。ロード時に右側に配置されたら、迷わず 取りに行きましょう。 左側に配置されたキャラクターは、周りのアイテムボックスを壊して武器を 回収します。このルールではアイテムボックスからは武器しか出てきませんが、 それ故に杖系も出現します。ハンドガン以外すべて杖だった、なんてことも 珍しくありません。泣いてもいいんだよ。 武器が揃ったら、お互いに武器を分配します。これで初めて戦闘の準備が 整ったことになります。準備が整ったら、ステージ中央にレーザーフェンスが かかっているところがあるので、これを解除するためにスイッチを押します。 場所はステージ中央とは反対側の突き当たりにあります。 あとは全力を尽くして戦うだけです。 ★戦い方(基礎編)★ 敵と戦うにあたって、気をつけるべき点がいくつかあります。 攻撃を与えた直後は1秒間無敵になる 武器でも、テクニックでも、攻撃を与えた直後の1秒間は無敵になります。 これは敵がダウンしなかった場合のみです。この1秒間の無敵中は、 一切の攻撃、トラップが通用しなくなるので要注意です。 ただし、攻撃が回避された場合(回避モーション)は、無敵にはなりません。 ダウン後の起き上がり直後は2秒間無敵になる 起き上がった瞬間から2秒間は無敵になります。こちらも一切の攻撃が通用 しないので注意が必要です。よく攻略サイトなどでは3秒間と書かれていたり しますが、これは「1」から秒数を数えているために3秒だと勘違いされて いるもので、実際は2秒間です。 死亡時に装備していた武器はその場に落下する 武器を装備していないとテクニック発動速度が遅くなる女性キャラクターは 特に注意しなければならないことです。オートガンを落としたらほぼ終わり なので、もう倒されてしまうほどHPが減ったと思ったら、武器を外しておく 癖をつけましょう。 味方を倒す、味方に倒してもらう 基礎編で最も重要な事項です。HPが減ったら速やかに敵から離れて、味方に 倒してもらいましょう。その逆も然りで、味方のHPが減っていたら倒しに 行ってあげましょう。これは敵に倒されたときと、味方に倒されたときの ポイント増減の差によるものです。敵に倒されると、敵チームに+1000pts、 自チームに-1000ptsの増減があり、結果として2000ptsもの差が開いて しまいます。ところが、味方に倒されることによって、ポイント損害を-1000pts に抑えることができます。よって、基礎編で最も重要な事項であると言えます。 必ず身につけましょう。 自殺する 自殺した場合も-1000ptsに損害を抑えられます。方法は、ダメージトラップ での自殺しかないので、場面は限られてきますが、是非とも覚えておきたい 事項です。 ★戦い方(キャラクター編)★ キャラクターについて解説します。 HUmar 攻撃、命中、テクニックのバランスが取れた使いやすいキャラクターです。 というか、このマニュアルではキャラクターがHUmarであることを前提に 解説をしているので、実質HUmarを使うしかないとも言えます… 男性キャラクターなので、素手時のテクニックモーションが速く、 なんていうかもう強いです。 HUnewearl 精神力が高いのでテクニックが強いという点が魅力です。 しかしテクニックが女性モーションなので、素手時のテクニック発動 スピードはかなり遅く、武器を装備しても男性モーションには敵わないので、 せっかくの威力が生かせないことも良くあります。 さらには命中も低いので、補助要員になること請け合いです。 遅いテクニックモーションを活用して、敵の起き上がり時の無敵中に ロックオンテクニック(主にラフォイエ)を発動しておけば、壁の裏に 回られてもヒットさせることができる妙技などもありますが、 微妙なところです。 HUcast 圧倒的な攻撃力で他の追随を許しません。ただしテクニックが使えないので、 テクニックを使われると他の追随を許します。命中も低いのでなんとも 使いづらいキャラクターではありますが、アンドロイドなのでトラップ が見えるという長所もあります。・・・が、あんまり必要ないです。 HUcaseal はい レンジャー全員 B6では話にならないのであきらめましょう フォース全員 テクニックが強いですが、打たれ弱く攻撃も弱いので、B6ではまず 使いません。バトル最強とか言われますが、どう考えてもHUmarの方が 強いです ★戦い方(武器編)★ 武器について解説します。 必要度の高い、強い武器順に解説します。 【オートガン】 間違いなく最強の武器です。B6にはまると通常冒険で出てくるオートガンに さえ喜んでしまうようになr・・・なりません。それ程、出てきた時にはうれしく なるほどの強武器です。レベルが高くなると、Hアタッククリティカルで1/3 程のダメージを与えることができるようになるくらいの威力です。 遠距離でも中距離でも近距離でも活躍できる、万能の最強武器と言えます。 【ハンドガン】 B6の基本となる銃撃戦に必須な武器なので、確実に入手する必要があります。 オートガンが出てくるかは運ですが、ハンドガンは前述の通り各陣地に1つずつ 配置されているので、敵に取られないようにしましょう。ちまちまダメージを 与えるのにも使えるし、相手をダウンさせられる程のダメージを与えることも できます。 【ブランド】 近距離では脅威の威力を発揮する武器です。威力、命中共に高い水準で、 ハンドガン系の割り込みも許さないので、ハンドガン系の攻撃を 横に避け→斬りつけると高確率でダウンまで持ち込めます。 攻撃時の縦への移動が長いので、向こう側に逃げる敵に非常に有効です。 【ナイフ】 近距離武器の次点はナイフです。威力、命中はブランドには敵いませんが、 セイバー系よりも縦への移動が長く、攻撃回数も多いので、当てやすさは こちらのほうが上です。3段目後のモーションが遅いので、外したときの 危険性は高いです。 【ダガー】 出現すること事態が珍しい武器です。基本性能はナイフと同じですが、 威力、命中がナイフより低いです。 【ギガッシュ】 モーションは遅く使いづらいですが、威力はそこそこです。 B6において複数ヒットはまったく必要の無いものなので、あまり活躍の 場面がありません。よって、ダガーより下のランクに位置づけられると 思われます。 【パルチザン】 ソード系とほぼ同じ性能ですが、威力が低いです。ソード系と同じ理由で あまり活躍の場面がありません。 【スライサー】 モーションが非常に遅いため、とても扱いづらい武器です。 女性キャラクターの場合は、武器を装備していないとテクニックが遅く なるので、落ちてもいい武器として使うのがいいでしょう。 ちなみにうまく使うとトラップを壊せるので、自殺にも使えたりしますが 少し難しいです。 【杖系】 装備すると精神力が増えます。ハンターは装備できません。 武器の分配をするときに仲間に押し付けましょう。 たいていその辺に捨てられます。 ★戦い方(テクニック編)★ テクニックについて解説します。 武器による直接攻撃より威力が高く、一撃でダウンにもっていける テクニックがいくつかあるので、これを使いこなすことはB6を戦い抜くに あたって不可欠でしょう。 - 初級テクニック - 【フォイエ】 全テクニックの中で、最も高い威力を持つ初級テクニックです。 テクニックのLVが上昇してくると、一撃で相手のHPを半分ほど減らすことも 可能です。トドメや足止めにも使える優秀なテクニックです。 多少の誘導性能があるので、当てやすいです。テクニックのレベルがあがると これは顕著に現れます。 かなり優秀なテクニックですが、フォイエには、トラップに当たると消滅して しまうという特性があります。これは、自分からは見えていないトラップに対しても 有効です。 例えば、敵が逃げながらトラップを置いたとします。当然、こちらからは そのトラップを目視で確認することはできません。(ただしアンドロイドは 目視が可能。)その状態でフォイエを撃つと、その見えないトラップに かき消されてしまいます。フォイエを警戒してトラップを置いてくる敵には、 後述するバータが有効です。 【ゾンデ】 全方位ロックオンが可能な、使いやすい初級テクニックです。 トドメ、足止めにもっとも有効なテクニックです。(キャラのレベル差が 大きいとダウンしなくなる。) 便利な故に、全テクニックの中でもかなりTPを消費する部類に入ります (通常冒険時の4倍)。アクションパレットには是非とも入れておきたい テクニックです。 【バータ】 その場から直進する初級テクニックです。 直進速度はあまり速くはありませんが、レベルが上昇することで 威力、速度共に上昇します。 威力はフォイエには若干劣りますが、貫通性能があるので、 壁、オブジェクト、トラップを貫通することができます。 特に、貫通性能とトラップを用いたコンボは強力で、戦術の幅を 広げることが出来ます。 しかし、誘導性能が全く無いので、バータ単体で発動した場合 横に避けられやすいという欠点があります。 - 中級テクニック - 【ギフォイエ】 自分を中心に、徐々に範囲が広がっていく中級テクニックです。 威力は中の上程度ですが、詠唱後の硬直が長いです。 ギフォイエ単体で使うには使いづらいテクニックですが、その場に停滞 しつつ範囲を広げていく特性を生かし、トラップと併用することで 大ダメージを与えることができる優秀なテクニックです。 【ギゾンデ】 ロックオンしているターゲットに向かって発動し、発動した瞬間にヒット する中級テクニックです。近~中距離でロックオン可能です。また、ロックオン 対象の近くに他キャラがいる場合は、そのキャラにもヒットします。 威力は弱く、単体で使うには向いていません。しかし、相手がダウンしない ことを利用して、コンボを繋げる事が可能です。 【ギバータ】 前方に凍結効果を持った氷結攻撃を一定時間発動する中級テクニックです。 低確率で、ヒットした相手を凍結させることが出来ます。 しかし、発動してからヒットするまで多少のラグがある、威力がかなり低い、 TP消費が多い、硬直がかなり長いといったように、明らかに長所より短所 が多い、全テクニック中で最弱テクニックです。何かを期待してこの テクニックを使ってもTPの無駄なだけなので、B6では封印推奨です。 - 上級テクニック - 【ラフォイエ】 ロックオン対象を中心に爆発を起こし、周囲を巻き込みつつダメージを 与える上級テクニックです。B6における最重要テクニックの内の一つです。 中~遠距離で使うのに適しています。このテクニックの優秀な点は、 「周囲を巻き込みつつダメージを与える」ことができる点です。 敵同士が密着している状態であれば、片方をロックオンして発動し、 もう一方の敵にもヒットさせることができます。またこれは味方に対しても 有効なので、敵と対峙している味方が瀕死の状態であった場合、その近くに いる敵に向けて発動すれば、味方を巻き込む形で倒してあげることができる ということになります。TP消費量は少ないとは言えないので乱発はできません。 使うタイミングをつかむことが大切でしょう。 【ラゾンデ】 自分を中心として、近距離・全方位に電撃攻撃を発動する上級テクニックです。 対象が近くに居れば、真後ろなどのロックオンできない場所にいても攻撃を 当てることができる点が魅力です。また、ラゾンデは壁などの遮蔽物を貫通する ので、その向こう側に居る敵に対して使うのも有効です。 発動した瞬間に対象にヒットするので、フリーズトラップとの併用はできません。 【ラバータ】 自分を中心として、近距離・全方位に凍結効果のある氷結攻撃を発動する 上級テクニックです。ラゾンデと同じく遮蔽物を貫通しますが、範囲が あまり広くないので、ある程度対象に近づいて発動しないとヒットしません。 威力は低いですが、凍結効果を期待しつつコンボを繋げる事ができるので、 戦略の幅を広げるという意味では取り入れる価値のあるテクニックでしょう。 ★試したかったコンボ、戦略★ 構想はあったのですが、実践に至らなかったコンボや戦略たちです。 実際できるのかどうかは不明です。 ダメージトラップ→ギフォイエ→ラゾンデ→フリーズトラップ→フォイエ まずダメージトラップを置くことによりギフォイエ発動時の硬直消しを行い、 広がるギフォイエが敵にヒットする前にラゾンデとフリーズトラップをヒット させます。高レベル帯であればラゾンデをヒットさせても敵はダウンせず、 更にフリーズトラップで凍っている状態でギフォイエのダメージを与えられ ます。最後にフォイエをぶっ放して完了です。 (フリトラ間に合わなくね?) (瀕死の敵、起き上がり後の無敵時間後に)レスタ→フォイエ ダメージトラップ1発で死にそうな敵にレスタをかけて自殺を阻止しよう という戦略です。大ダメージを受けてダウンした敵の起き上がり時に有効な 気がします。上級者であれば、起き上がり時の無敵時間が終わった瞬間に 自殺を行うので、そこを狙います。敵のギリギリまで近づき、レスタをかけ、 敵がダメージトラップを発動、しかしHPが増えているので自殺は失敗、 自分は敵が発動したダメージトラップのおかげで隙消しに成功、そのまま フォイエを当てて完了です。 (敵がダメトラ使う前にゾンデ撃たれて終わりじゃね?)